Raid sur Berlin

Le raid sur Berlin se déroule en 1760 au cours de la guerre de Sept Ans. Les forces autrichiennes et russes occupent la ville de Berlin pendant quatre jours. Après avoir pillé les caisses de la ville, et à l'annonce de nouveaux renforts prussiens en approche, les occupants décident de se replier et quittent la ville. Il y eut plus tard des allégations sur le fait que le commandant russe, le comte Tottleben, ait reçu de l'argent de la part des Prussiens pour épargner Berlin. Il est donc jugé et condamné pour trahison.

Raid sur Berlin
Le marchand Gotzkowsky demande au général russe Tottleben (qui se trouve sur le canapé) d'épargner la ville.
Informations générales
Date du 9 au 12 octobre 1760
Lieu Berlin, Prusse
Issue Berlin occupé durant 4 jours
Belligérants
Royaume de Prusse Saint-Empire
Empire russe
Commandants
- Friedrich Wilhelm von Seydlitz
- Frédéric-Eugène de Wurtemberg
- Johann Dietrich von Hülsen (de)
- François Maurice de Lacy
- Gottlob Curt Heinrich von Tottleben
Forces en présence
28 000 hommes35 600 hommes au total
18 000 Autrichiens
17 600 Russes
Pertes
InconnuesInconnues

Guerre de Sept Ans

Batailles

Europe

Amérique du Nord
Guerre de la Conquête (1754-1763)

Antilles

Asie
Troisième guerre carnatique (1757-1763)

Afrique de l'Ouest
Coordonnées 52° 31′ 07″ nord, 13° 24′ 29″ est
Géolocalisation sur la carte : Allemagne

Contexte

Après une série de victoires sur les forces prussiennes en 1759, l'année suivante s'avère infructueuse pour la coalition franco-russo-autrichienne. Les Autrichiens n'ont pas fait de progrès dans la reconquête de la Silésie en dépit d'une supériorité numérique écrasante et ils subissent une défaite à la bataille de Legnica en . La fin de l'été se passe en marches et contre-marches autour de Schweidnitz (Świdnica) que les Autrichiens ne sont pas en mesure d'assiéger tant que l'armée principale de Frédéric II est déployée dans cette région. Le maréchal Piotr Saltykov, qui campe près de l'Oder avec une armée russe de 60 000 hommes, ne souhaite pas engager la bataille contre Frédéric II, craignant de subir l'essentiel des pertes pour le seul profit des Autrichiens. L'envoyé militaire français, le comte de Montalembert, suggère alors un raid combiné austro-russe sur Berlin qui obligerait Frédéric II à quitter la Silésie. Ce projet est retardé par la maladie de Saltykov, remplacé provisoirement par Villim Fermor[1]. Un raid autrichien de faible ampleur avait déjà permis l'occupation de la ville en 1757 : un corps de 4 000 hommes commandé par le général hongrois Andreas Hadik von Futak avait fait irruption dans la ville non fortifiée, mal défendue par une palissade et 5 bataillons de milice provinciale, et lui avait imposé une contribution de 200 000 thalers [2]. Le plan envisagé par les assaillants cette fois prévoit de feindre une attaque autrichienne sur la ville de Guben, ce qui doit permettre ensuite à une force russe menée par Gottlob Curt Heinrich von Tottleben de se détacher et de fondre sur Berlin au nord. Ensuite une force autrichienne conduite par François Maurice de Lacy doit venir les appuyer pour la capture de la ville[3]. Une force importante de cosaques et de cavalerie légère doit prendre part au raid afin de l'accélérer.

Raid

Attaque

Tottleben mène une avant-garde de 5 600 Russes qui traverse l'Oder et tente de prendre la ville grâce à la technique militaire du coup de main le . Cette tentative échoue face à une résistance inattendue. Le gouverneur de la ville, le général Hans Friedrich von Rochow (de), veut battre en retraite face à la menace russe, mais le commandant de cavalerie prussien, Friedrich Wilhelm von Seydlitz, se remettant de ses blessures, rallie les 2 000 défenseurs de la ville et réussi à repousser l'assaut jusqu'à la porte de la ville[4].

Ayant été averti du danger pesant sur Berlin, Frédéric-Eugène de Wurtemberg revient avec ses troupes d'un combat contre les Suédois en Poméranie, tandis qu'un contingent de Saxe les rejoint aussi, portant le nombre de défenseurs de la ville à 18 000[3]. L'arrivée des troupes autrichiennes, menées par Lacy, cependant, font pencher la balance des forces du côté austro-russe. Les Autrichiens occupent Potsdam et Berlin-Charlottenburg. Face à cette supériorité numérique, les défenseurs prussiens sont contraints d'abandonner la ville et de battre en retraite près de Spandau.

Occupation

Le , le conseil municipal décide de livrer la ville aux Russes plutôt qu'aux Autrichiens, ennemis jurés de la Prusse. Les Russes demandent immédiatement 4 millions de thalers en échange de leur protection des propriétés privées. Un commerçant prussien renommé, Johann Ernst Gotzkowsky (en), négocie et obtient la réduction de la taxe à 1,5 million de thalers[5]. Pendant ce temps les Autrichiens pénètrent dans la ville malgré les termes de la capitulation et en occupent rapidement une grande partie[6].

Les Autrichiens et les Saxons sont plus enclins à se venger sur la ville du comportement des Prussiens dans les territoires occupés de Saxe et d'Autriche. Les Russes eux, soucieux d'améliorer leur réputation internationale, agissent généralement avec plus de retenue et de respect envers les habitants ; Tottleben fait même fusiller quelques pillards autrichiens et saxons.

Plusieurs zones de la ville sont saccagées par les occupants, et différents palais royaux brûlés. Environ 18 000 mousquets et 143 canons sont saisis. Des drapeaux de guerre autrichiens et russes, capturés au cours des combats, sont récupérés et environ 1 200 prisonniers de guerre sont libérés[5].

Retrait

La rumeur que Frédéric le Grand marche au secours de Berlin avec des forces en grand nombre pousse les assaillants à se retirer de la ville, tout en ayant atteint leurs objectifs principaux. Les occupants quittent la cité le , les deux alliés partant chacun dans une direction différente. Les Autrichiens commandés par Lacy partent vers la Saxe tandis que les Russes rejoignent leur armée principale dans les environs de Francfort-sur-l'Oder[5].

Après avoir appris le départ des forces ennemies de Berlin, Frédéric fait faire demi-tour à son armée pour se concentrer sur la Silésie et la Saxe.

Conséquences

Frédéric est furieux que ses forces locales ainsi que les habitants de la ville n'aient pas su résister plus activement aux assaillants. Cependant, malgré cette baisse de prestige, le raid n'est pas suffisamment significatif du point de vue militaire. Après l'occupation, les Prussiens combattant sous les ordres de Frédéric, remportent de justesse la bataille de Torgau. Tottleben sera plus tard accusé d'être un espion à la solde des Prussiens et condamné à mort, avant de recevoir le pardon de Catherine II.

En 1762, Berlin se retrouve sous la menace d'une occupation plus décisive et permanente, mais les Prussiens sont épargnés grâce à ce que l'on appellera le miracle de la maison de Brandebourg[7].

Notes et références

  1. Friedrich August von Retzow, Nouveaux mémoires historiques sur la Guerre de Sept Ans, Volume 2, 1803, p. 316 à 325.</Stone p.74
  2. Jean Charles Thibault de La Veaux, Vie De Frederic II., Roi De Prusse, Volume 2, 1787, p.43. Dull p.101.
  3. Szabo 2007, p. 292
  4. Lawley p.105
  5. Szabo 2007, p. 293
  6. Henderson, p. 17.
  7. Anderson p.492-93

Bibliographie

  • Guy Frégault, La Guerre de la Conquête, Montréal et Paris, Fides, 1955, 1966, 1970, 2009, 514 p.
  • Jonathan R. Dull, La Guerre de Sept Ans : Histoire navale, politique et diplomatique, Les Perséides, 2009, 536 p.
  • (en) Fred Anderson, Crucible of War: The Seven Years' War and the Fate of Empire in British North America, 1754-1766. Faber and Faber, 2001
  • (en) W. O. Henderson, Studies in the Economic Policy of Frederick the Great. Routledge, 1963.
  • (en) Robert Neville Lawley, General Seydlitz, a military biography. W. Clowes and Sons, 1852.
  • (en) David R. Stone, A military history of Russia: from Ivan the Terrible to the war in Chechnya. Praeger, 2006.
  • (en) Franz A.J. Szabo, The Seven Years War in Europe, 1757-1763, Harlow/New York, Pearson, , 536 p. (ISBN 978-0-582-29272-7, lire en ligne)
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