Raid sur Berlin
Le raid sur Berlin se déroule en 1760 au cours de la guerre de Sept Ans. Les forces autrichiennes et russes occupent la ville de Berlin pendant quatre jours. Après avoir pillé les caisses de la ville, et à l'annonce de nouveaux renforts prussiens en approche, les occupants décident de se replier et quittent la ville. Il y eut plus tard des allégations sur le fait que le commandant russe, le comte Tottleben, ait reçu de l'argent de la part des Prussiens pour épargner Berlin. Il est donc jugé et condamné pour trahison.
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Date | du 9 au 12 octobre 1760 |
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Lieu | Berlin, Prusse |
Issue | Berlin occupé durant 4 jours |
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- Friedrich Wilhelm von Seydlitz - Frédéric-Eugène de Wurtemberg - Johann Dietrich von Hülsen (de) | - François Maurice de Lacy - Gottlob Curt Heinrich von Tottleben |
28 000 hommes | 35 600 hommes au total 18 000 Autrichiens 17 600 Russes |
Inconnues | Inconnues |
Batailles
- Minorque (navale) (1756)
- Pirna (1756)
- Lobositz (1756)
- Reichenberg (1757)
- Prague (1757)
- Kolin (1757)
- Hastenbeck (1757)
- Gross-Jägersdorf (1757)
- Moys (1757)
- Rochefort (1757)
- Rossbach (1757)
- Breslau (1757)
- Leuthen (1757)
- Carthagène (navale) (1758)
- Olomouc (1758)
- Saint-Malo (1758)
- Rheinberg (1758)
- Krefeld (1758)
- Domstadl (1758)
- Cherbourg (1758)
- Zorndorf (1758)
- Saint-Cast (1758)
- Tornow (1758)
- Lutzelberg (1758)
- Hochkirch (1758)
- Bergen (1759)
- Kay (1759)
- Minden (1759)
- Kunersdorf (1759)
- Neuwarp (navale) (1759)
- Hoyerswerda (1759)
- Baie de Quiberon (navale) (1759)
- Maxen (1759)
- Meissen (1759)
- Glatz (1760)
- Landshut (1760)
- Corbach (1760)
- Emsdorf (1760)
- Dresde (1760)
- Warburg (1760)
- Liegnitz (1760)
- Rhadern (1760)
- Berlin (1760)
- Kloster Kampen (1760)
- Torgau (1760)
- Belle-Île (1761)
- Langensalza (1761)
- Cassel (1761)
- Grünberg (1761)
- Villinghausen (1761)
- Ölper (1761)
- Kolberg (1761)
- Wilhelmsthal (1762)
- Burkersdorf (1762)
- Lutterberg (1762)
- Almeida (1762)
- Valencia de Alcántara (1762)
- Nauheim (1762)
- Vila Velha de Ródão (1762)
- Cassel (1762)
- Freiberg (1762)
- Jumonville Glen (1754)
- Fort Necessity (1754)
- Fort Beauséjour (1755)
- 8 juin 1755
- Monongahela (1755)
- Petitcoudiac (1755)
- Lac George (1755)
- Fort Bull (1756)
- Fort Oswego (1756)
- Kittanning (1756)
- En raquettes (1757)
- Pointe du Jour du Sabbat (1757)
- Fort William Henry (1757)
- German Flatts (1757)
- Lac Saint-Sacrement (1758)
- Louisbourg (1758)
- Le Cran (1758)
- Fort Carillon (1758)
- Fort Frontenac (1758)
- Fort Duquesne (1758)
- Fort Ligonier (1758)
- Québec (1759)
- Fort Niagara (1759)
- Beauport (1759)
- Plaines d'Abraham (1759)
- Sainte-Foy (1760)
- Neuville (1760)
- Ristigouche (navale) (1760)
- Mille-Îles (1760)
- Signal Hill (1762)
- Saint-Louis (1758)
- Gorée (1758)
- Gambie
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Contexte
Après une série de victoires sur les forces prussiennes en 1759, l'année suivante s'avère infructueuse pour la coalition franco-russo-autrichienne. Les Autrichiens n'ont pas fait de progrès dans la reconquête de la Silésie en dépit d'une supériorité numérique écrasante et ils subissent une défaite à la bataille de Legnica en . La fin de l'été se passe en marches et contre-marches autour de Schweidnitz (Świdnica) que les Autrichiens ne sont pas en mesure d'assiéger tant que l'armée principale de Frédéric II est déployée dans cette région. Le maréchal Piotr Saltykov, qui campe près de l'Oder avec une armée russe de 60 000 hommes, ne souhaite pas engager la bataille contre Frédéric II, craignant de subir l'essentiel des pertes pour le seul profit des Autrichiens. L'envoyé militaire français, le comte de Montalembert, suggère alors un raid combiné austro-russe sur Berlin qui obligerait Frédéric II à quitter la Silésie. Ce projet est retardé par la maladie de Saltykov, remplacé provisoirement par Villim Fermor[1]. Un raid autrichien de faible ampleur avait déjà permis l'occupation de la ville en 1757 : un corps de 4 000 hommes commandé par le général hongrois Andreas Hadik von Futak avait fait irruption dans la ville non fortifiée, mal défendue par une palissade et 5 bataillons de milice provinciale, et lui avait imposé une contribution de 200 000 thalers [2]. Le plan envisagé par les assaillants cette fois prévoit de feindre une attaque autrichienne sur la ville de Guben, ce qui doit permettre ensuite à une force russe menée par Gottlob Curt Heinrich von Tottleben de se détacher et de fondre sur Berlin au nord. Ensuite une force autrichienne conduite par François Maurice de Lacy doit venir les appuyer pour la capture de la ville[3]. Une force importante de cosaques et de cavalerie légère doit prendre part au raid afin de l'accélérer.
Raid
Attaque
Tottleben mène une avant-garde de 5 600 Russes qui traverse l'Oder et tente de prendre la ville grâce à la technique militaire du coup de main le . Cette tentative échoue face à une résistance inattendue. Le gouverneur de la ville, le général Hans Friedrich von Rochow (de), veut battre en retraite face à la menace russe, mais le commandant de cavalerie prussien, Friedrich Wilhelm von Seydlitz, se remettant de ses blessures, rallie les 2 000 défenseurs de la ville et réussi à repousser l'assaut jusqu'à la porte de la ville[4].
Ayant été averti du danger pesant sur Berlin, Frédéric-Eugène de Wurtemberg revient avec ses troupes d'un combat contre les Suédois en Poméranie, tandis qu'un contingent de Saxe les rejoint aussi, portant le nombre de défenseurs de la ville à 18 000[3]. L'arrivée des troupes autrichiennes, menées par Lacy, cependant, font pencher la balance des forces du côté austro-russe. Les Autrichiens occupent Potsdam et Berlin-Charlottenburg. Face à cette supériorité numérique, les défenseurs prussiens sont contraints d'abandonner la ville et de battre en retraite près de Spandau.
Occupation
Le , le conseil municipal décide de livrer la ville aux Russes plutôt qu'aux Autrichiens, ennemis jurés de la Prusse. Les Russes demandent immédiatement 4 millions de thalers en échange de leur protection des propriétés privées. Un commerçant prussien renommé, Johann Ernst Gotzkowsky (en), négocie et obtient la réduction de la taxe à 1,5 million de thalers[5]. Pendant ce temps les Autrichiens pénètrent dans la ville malgré les termes de la capitulation et en occupent rapidement une grande partie[6].
Les Autrichiens et les Saxons sont plus enclins à se venger sur la ville du comportement des Prussiens dans les territoires occupés de Saxe et d'Autriche. Les Russes eux, soucieux d'améliorer leur réputation internationale, agissent généralement avec plus de retenue et de respect envers les habitants ; Tottleben fait même fusiller quelques pillards autrichiens et saxons.
Plusieurs zones de la ville sont saccagées par les occupants, et différents palais royaux brûlés. Environ 18 000 mousquets et 143 canons sont saisis. Des drapeaux de guerre autrichiens et russes, capturés au cours des combats, sont récupérés et environ 1 200 prisonniers de guerre sont libérés[5].
Retrait
La rumeur que Frédéric le Grand marche au secours de Berlin avec des forces en grand nombre pousse les assaillants à se retirer de la ville, tout en ayant atteint leurs objectifs principaux. Les occupants quittent la cité le , les deux alliés partant chacun dans une direction différente. Les Autrichiens commandés par Lacy partent vers la Saxe tandis que les Russes rejoignent leur armée principale dans les environs de Francfort-sur-l'Oder[5].
Après avoir appris le départ des forces ennemies de Berlin, Frédéric fait faire demi-tour à son armée pour se concentrer sur la Silésie et la Saxe.
Conséquences
Frédéric est furieux que ses forces locales ainsi que les habitants de la ville n'aient pas su résister plus activement aux assaillants. Cependant, malgré cette baisse de prestige, le raid n'est pas suffisamment significatif du point de vue militaire. Après l'occupation, les Prussiens combattant sous les ordres de Frédéric, remportent de justesse la bataille de Torgau. Tottleben sera plus tard accusé d'être un espion à la solde des Prussiens et condamné à mort, avant de recevoir le pardon de Catherine II.
En 1762, Berlin se retrouve sous la menace d'une occupation plus décisive et permanente, mais les Prussiens sont épargnés grâce à ce que l'on appellera le miracle de la maison de Brandebourg[7].
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Raid on Berlin » (voir la liste des auteurs).
- Friedrich August von Retzow, Nouveaux mémoires historiques sur la Guerre de Sept Ans, Volume 2, 1803, p. 316 à 325.</Stone p.74
- Jean Charles Thibault de La Veaux, Vie De Frederic II., Roi De Prusse, Volume 2, 1787, p.43. Dull p.101.
- Szabo 2007, p. 292
- Lawley p.105
- Szabo 2007, p. 293
- Henderson, p. 17.
- Anderson p.492-93
Bibliographie
- Guy Frégault, La Guerre de la Conquête, Montréal et Paris, Fides, 1955, 1966, 1970, 2009, 514 p.
- Jonathan R. Dull, La Guerre de Sept Ans : Histoire navale, politique et diplomatique, Les Perséides, 2009, 536 p.
- (en) Fred Anderson, Crucible of War: The Seven Years' War and the Fate of Empire in British North America, 1754-1766. Faber and Faber, 2001
- (en) W. O. Henderson, Studies in the Economic Policy of Frederick the Great. Routledge, 1963.
- (en) Robert Neville Lawley, General Seydlitz, a military biography. W. Clowes and Sons, 1852.
- (en) David R. Stone, A military history of Russia: from Ivan the Terrible to the war in Chechnya. Praeger, 2006.
- (en) Franz A.J. Szabo, The Seven Years War in Europe, 1757-1763, Harlow/New York, Pearson, , 536 p. (ISBN 978-0-582-29272-7, lire en ligne)
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