Invasion de la Martinique (1762)

L'invasion de la Martinique en 1762 est menée lors d'une opération militaire par les Britanniques en janvier 1762, au cours de la guerre de Sept Ans.

Pour l’article homonyme, voir Invasion de la Martinique (1759).
Invasion de la Martinique
La prise de la Martinique, en février 1762.
Informations générales
Date 5 janvier - 12 février 1762
Lieu La Martinique, Indes occidentales
Issue Victoire britannique
Belligérants
 Grande-Bretagne Royaume de France
Commandants
Robert Monckton
George Brydges Rodney
François de Beauharnais
Forces en présence
8 000 militaires et miliciens1 200 militaires
7 000 miliciens
4 000 corsaires

Guerre de Sept Ans

Batailles

Europe

Amérique du Nord
Guerre de la Conquête (1754-1763)

Antilles

Asie
Troisième guerre carnatique (1757-1763)

Afrique de l'Ouest
Coordonnées 14° 40′ nord, 61° 00′ ouest
Géolocalisation sur la carte : Caraïbes
Géolocalisation sur la carte : Martinique

Prélude

Situation géographique de la Martinique et des îles alentour.

Trois ans après une première tentative pour prendre l'île, les Britanniques reviennent à la charge après avoir réussi la prise de la Dominique six mois auparavant. La présence française militaire à la Martinique s'attendant à l'arrivée de la force d'invasion prend des mesures pour organiser la défense. Les forces disponibles sur place se montent à 1 200 militaires plus 7 000 miliciens et 4 000 corsaires. De plus, la nature montagneuse de l'île est un point fort pour sa défense.

De leur côté, les îles britanniques voisines fournissent ce qu'elles peuvent à leur mère-patrie :

  • Antigua envoie des Noirs ainsi qu'une partie de sa vieille garnison, le 38th Regiment of Foot.
  • La Barbade lève 1 000 hommes (dont la moitié de Blancs), qui rejoignent facilement l'escadre, l'île étant le point de départ de l'expédition.

Les premières troupes à arriver dans la baie de Carlisle font partie d'un détachement venu de Belle Isle composé des :

  • 69th Regiment of Foot
  • Rufane’s Regiment of Foot
  • 90th Morgan’s Regiment of Foot
  • 98th Grey’s Regiment of Foot

Le 24 décembre 1761, l'armée principale, venant d'Amérique et commandée par le général Robert Monckton, arrive dans la baie de Carlisle. Elle est alors composée de onze régiments :

  • 15th Amherst's Regiment of Foot
  • 17th Regiment of Foot
  • 22nd Regiment of Foot
  • 27th (Inniskilling) Regiment of Foot
  • 28th Townshend's Regiment of Foot
  • 35th Regiment of Foot
  • 40th Armiger's Regiment of Foot
  • 42nd Royal Highland Regiment of Foot (2 bataillons)
  • 43rd Talbot's Regiment of Foot
  • 46th Thomas Murray's Regiment of Foot
  • 3rd battalion du 60th Royal American Regiment of Foot
  • American rangers (quelques compagnies)

Au total, les forces ralliées à Monckton se montent à 8 000.

L'attaque

L’escadre de Rodney bombardant l’île, le 16 février.
Le bombardement de la citadelle.

Le 5 janvier 1762, les navires de transports britanniques lèvent l'ancre et prennent la mer sous l'escorte de la flotte de l'amiral Rodney, en passant le piton de Sainte-Lucie ainsi que le port de Castries. Deux jours plus tard, ils jettent l'ancre dans la baie de Sainte-Anne, aux environs de l'extrémité sud de la Martinique, sur la côte ouest. Deux brigades sont ensuite déposées aux Anses-d'Arlet, une baie plus haut sur la même côte, d'où elles marchent jusqu'au sud de cette même baie où se trouve le port de la capitale, Fort-Royal. La route étant impraticable pour le transport d'armes, ils sont alors rembarqués.

Le 16 janvier, l'ensemble de l'armée britannique est débarquée à Case Navire, un peu au nord de la pointe des Nègres. Cette pointe forme le promontoire nord du port, et à son aplomb se trouve une route menant vers l'est sur les montagnes de Fort Royal, quelque cinq kilomètres plus loin. Celle-ci est entourée de profonds ravines et ravins, et les Français ont érigé des redoutes à chaque point stratégique, ainsi que des batteries sur la colline surplombant la route, appelée Morne Tortenson. Monckton est donc contraint de mettre en place des batteries pour faire taire les canons français avant d'avancer plus loin.

Le 24 janvier, les batteries britanniques sont achevées et, à l'aube, une attaque générale est lancée sous le feu des canons des défenses françaises de Morne Tortenson. Une partie des assaillants contourne l'ennemi par le flanc droit. Ce mouvement en tenaille est réalisé avec succès et les troupes britanniques prennent d'assaut tous les postes un à un. Avant 9 h ils ont pris possession, non seulement des redoutes isolées, mais surtout de la totalité de la position de Morne Tortenson, de ses canons et de ses tranchées. Les Français se replient dans la plus grande confusion, certains vers Fort Royal, d'autres vers Morne Grenier, une colline encore plus élevée au nord de Morne Tortenson.

Simultanément, deux brigades commandées par les brigadiers Haviland et Walsh attaquent les autres postes français au nord de Morne Tortenson et, au prix de grandes difficultés, en raison de l'inclinaison du chemin, arrivent à les repousser vers Morne Grenier. Les pertes des Britanniques dans cette action se montent à 33 officiers et 350 hommes tués ou blessés.

Le 25 janvier, Monckton, maintenant à portée de Fort Royal, commence à construire des batteries dirigées vers la forteresse de Fort Royal. Cependant, le feu continuel de Morne Grenier le pousse à d'abord s'occuper de cette position. Dans l'après-midi du 27 janvier, avant que Monckton n'ait eu le temps de lancer son assaut, les Français retranchés à Morne Grenier débouchent soudainement sur trois colonnes et attaquent la brigade de Haviland et l'infanterie légère sur la gauche de Monckton. Au cours de cette attaque, une colonne française expose son flanc aux Highlanders qui la mettent en déroute. Les deux colonnes restantes abandonnent alors leur avancée et se replient vers Morne Grenier avec les Britanniques à leurs trousses. Les poursuivants plongent dans la ravine à la suite des Français et escaladent Morne Grenier « par tous les chemins, routes et passages où un homme pouvait courir, marcher ou ramper », pourchassant les fugitifs tête baissée. La nuit commençait à tomber mais les officiers britanniques ne voulaient pas arrêter avant d'avoir vidé la colline de tous les Français et capturé tous les ouvrages et les canons. Monckton envoya immédiatement des renforts afin d'appuyer la chasse. À 1 h le 28 janvier, Morne Grenier est sécurisée au prix d'un peu plus de 100 morts ou blessés britanniques. Les batteries de Morne Tortenson sont ensuite achevées et de nouvelles batteries sont construites à seulement 370 mètres de la forteresse française.

Le 3 février, Fort Royal capitule. Le 12 février, l'ensemble de l'île est sous contrôle britannique.

Les régiments utilisés en Martinique, au complet ou en détachements étaient les 4e, 15e, 17e, 22e, 27e, 28e, 35e, 38e, 40e, 42e, 43e, 48e, 3/60e, 65e, 69e, Rufane's (deux bataillons), Montgomery's Highlanders, Vaughan's, Gray's, Stuart's, Campbell's, deux compagnies des American Rangers et dix compagnies des Barbados Volunteers.

Suites

Du 26 février au 3 mars, Monckton envoya des détachements sur les îles de Sainte-Lucie, la Grenade et Saint-Vincent qui tombèrent chacune sans résistance. Monckton avait déjà organisé la capture de Tobago quand il reçut des ordres demandant la présence de ses troupes pour l'attaque prévue sur La Havane à Cuba.

La Martinique fut rendue à la France après la signature du traité de Paris en 1763.

Notes et références

    Voir aussi

    Sources et bibliographie

    • Rémi Monaque, Une histoire de la marine de guerre française, Paris, éditions Perrin, , 526 p. (ISBN 978-2-262-03715-4)
    • Michel Vergé-Franceschi (dir.), Dictionnaire d'histoire maritime, Paris, éditions Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 1508 p. (ISBN 2-221-08751-8 et 2-221-09744-0, notice BnF no FRBNF38825325)
    • Patrick Villiers, La France sur mer : De Louis XIII à Napoléon Ier, Paris, Fayard, coll. « Pluriel », , 286 p. (ISBN 978-2-8185-0437-6)
    • Patrick Villiers et Jean-Pierre Duteil, L'Europe, la mer et les colonies, XVIIe-XVIIIe siècle, éditions Hachette, coll. « Carré Histoire »,
    • Lucien Bély, Les relations internationales en Europe : XVIIe – XVIIIe siècle, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Thémis », , 731 p. (ISBN 2-13-044355-9)
    • Jonathan Dull, La Guerre de Sept Ans, Bécherel, coll. « Les Perséides »,
    • (en) J. W. Fortescue, A History of the British Army Vol. II, MacMillan, Londres, 1899, p. 538–541.

    Articles connexes

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