Bataille de Fort Duquesne

La bataille de Fort Duquesne est un assaut britannique sur la fortification française de Fort Duquesne durant la guerre de la Conquête.

Bataille de Fort Duquesne
Forbes prenant possession du fort partiellement détruit par les Français.
Informations générales
Date
Lieu Pittsburgh
Issue Repli stratégique des français et sabotage du fort
Belligérants
Royaume de France Grande-Bretagne
Commandants
François-Marie Le Marchand de LigneryJohn Forbes
Henri Bouquet
Forces en présence
500 soldats et miliciens400 soldats réguliers et 350 miliciens
Pertes
8 morts
8 blessés
104 morts
220 blessés
18 capturés

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Coordonnées 40° 26′ 30″ nord, 80° 00′ 39″ ouest
Géolocalisation sur la carte : Pennsylvanie
Géolocalisation sur la carte : États-Unis

À l'été 1758, le commandant britannique John Forbes lance une campagne pour la capture du fort Duquesne. Le plan de Forbes est très prudent et consiste en une marche lente et méthodique en construisant des forts et des points de ravitaillement. Son expédition est composée de 6 000 hommes réguliers et irréguliers, elle part de Carlisle en Pennsylvanie. Après la traversée de la chaîne des Alleghenies, à l'approche du fort Duquesne, Forbes envoie le major James Grant faire une reconnaissance à la tête d'une troupe de 800 hommes. Pendant la nuit du au , une attaque surprise des Français et de leurs alliés amérindiens repousse la colonne avec des pertes très sérieuses. Forbes décide alors d'attendre le printemps. Mais, à l'automne 1758, Conrad Weiser, colon et négociateur pennsylvanien, parvient, avec le traité d'Easton, à convaincre les tribus indiennes de la vallée de l'Ohio d'abandonner les Français. N'estimant plus la situation tenable, le commandant de Fort Duquesne décide alors d'abandonner la place. Lorsqu'il apprend cette nouvelle, Forbes décide de repartir à l'attaque immédiatement. Lorsqu'il arrive sur place, le , le fort est détruit et abandonné par les forces françaises. Il décide de reconstruire un fort à cet emplacement appelé Fort Pitt, qui donnera naissance à la ville de Pittsburgh.

Bataille

Le , Grant conduit plus de 800 hommes pour surveiller les environs de Fort Duquesne comme avant-garde de la colonne principale de Forbes[1]. Ce dernier suppose que le fort est tenu par 500 Français et 300 Amérindiens, une force trop forte pour être attaquée par le détachement. Grant, arrivé dans les environs du fort le , estime à 200 hommes la garnison. Il envoie en reconnaissance 50 hommes[2]. Ceux-ci ne détectent aucun ennemi en dehors du fort; mais plusieurs centaines de combattants franco-indiens qui préfèrent dormir dans la forêt n'ont pas été détectés, sont réveillés et prêt au combat en quelques instant. Les anglais brûlent un entrepôt et reviennent à la position principale de Grant située à trois kilomètres du fort[3].

Maquette du fort Duquesne.

Le lendemain matin, Grant divise sa troupe en plusieurs colonnes. Le 77e bataillon, sous les ordres du capitaine McDonald, approche le fort sans discrétion avec battement des tambours son de cornemuses pour attirer les troupes françaises et indiennes dans un piège. Une force de 400 hommes attend les troupes ennemies pour les piéger lors de leur sortie pour attaquer le détachement de Mac Donald. Une autre partie de la troupe est placée près du train de bagages sous le commandant du Virginien, Andrew Lewis.

Les troupes françaises et amérindiennes, dirigées par le capitaine Charles Philippe Aubry[4] sont sous-estimées et se déplacent rapidement. Ils accablent les troupes anglaises de McDonald et débordent les forces censées les piéger. Les hommes de Lewis quittent leurs positions d'embuscade pour soutenir le reste de la force. Les Français et les Amérindiens se positionnent sur un sommet au-dessus d'eux et les forcent à se retirer. Les Amérindiens utilisent la forêt à leur avantage ; « dissimulé par un épais feuillage, leurs feu destructeur ne pouvait être renvoyée sans aucun effet »[5].

Lors de cette bataille dans les bois, la force britannique et américaine subit une perte de 342 hommes, dont 232 du 77e bataillon. Grant est fait prisonnier[6]. Hors des huit dirigeants dans le contingent du Virginian d'Andrew Lewis, 5 ont été tués, 1 était blessé et Lewis lui-même était capturé[7]. Le reste de la troupe parvient à rejoindre l'armée principale de Forbes et de Bouquet. Les pertes des forces franco-amérindiennes sont seulement 8 tués et 8 blessés.

Une plaque sur le tribunal du comté d'Allegheny, érigé en 1901 commémore la bataille. La colline où la bataille s'est déroulée s'appelle aujourd'hui Grant Street, à Pittsburgh[8].

Retraite

Malgré la victoire française, le commandant du fort, François-Marie Le Marchand de Lignery comprend que sa garnison d'environ 600 hommes ne peut tenir le fort Duquesne contre la colonne britannique forte de plus de dix fois ce nombre. Lui et ses hommes occupent le fort Duquesne jusqu'au . À cette date la garnison met le feu au fort, le quitte sous le couvert de l'obscurité et se retire au Fort Machault. Lorsque les Britanniques arrive sur le site du fort, ils sont confrontés à une terrible vision : les Amérindiens ont décapité plusieurs Écossais morts et ont empalé leurs têtes sur les pieux sur les murs du fort, avec leurs kilts montés par-dessous. Les Anglais et les Américains ont reconstruit le fort Duquesne, l'appelant Fort Pitt d'après le premier ministre britannique William Pitt, à l'origine de la capture de cet emplacement stratégique.

Notes et références

  1. Fleming 1922, p. 391
  2. Fleming 1922, p. 391-392
  3. Fleming 1922, p. 392
  4. René Chartrand, Tomahawk and Musket : French and Indian Raids in the Ohio Valley 1758, p. 59.
  5. Stewart, Volume I, p. 312-313
  6. Stewart, vol. I, p. 313
  7. Dolack, 2008
  8. Steele 1994, p. 214

Sources et bibliographie

En français
  • Les écrits d'Henry Bouquet, volume II « L'expédition Forbes » éd. par Donald Kent et al. (1951)
  • Les écrits du Général John Cabot Forbes lors de son service militaire en Amérique du Nord (1938)
  • Les écrits de George Washington, Séries coloniales, volume 5 octobre 1757-septembre 1758 ed par W. W. Abbott et al. (1988)
  • Laurent Veyssière (dir.) et Bertrand Fonck (dir.), La guerre de Sept Ans en Nouvelle-France, Québec, Septentrion (Canada) et PUPS (France), , 360 p. (ISBN 978-2-89448-703-7)
En anglais
  • (en) Fred Anderson, Crucible of war : the Seven Years' War and the fate of empire in British North America, 1754-1766, New York, Alfred A. Knopf, , 862 p. (ISBN 978-0-375-40642-3), p. 267-285
  • (en) René Chartrand, Tomahawk and Musket : French and Indian raids in the Ohio Valley 1758, Oxford, Osprey, coll. « Raid » (no 27), , 80 p. (ISBN 978-1-849-08564-9)
  • (en) Bill Dolack, « Founder’s Son Leads Area Through Wars with French and British », Christian History Society of America, (consulté le )
  • (en) George Thornton Fleming, History of Pittsburgh and Environs : From Prehistoric Days to the Beginning of the American Revolution, vol. 1, New York et Chicago, The American Historical Society, (OCLC 18045743, lire en ligne)
  • (en) Michael Norman McConnell, A country between : the upper Ohio Valley and its peoples, 1724-1774, Lincoln, University of Nebraska Press, , 357 p. (ISBN 978-0-803-23142-9) ;
  • (en) Ian K. Steele, Warpaths : Invasions of North America, New York et Oxford, Oxford University Press, , 282 p. (ISBN 0-19-508222-2)
  • (en) David Stewart, Sketches of the Character, Manners and Present State of the Highlanders of Scotland, 2 volumes, John Donald Publishers Ltd., Édimbourg, 1977 (1re éd. 1822)
  • (en) Richard White, The middle ground : Indians, empires, and republics in the Great Lakes region, 1650-1815, Cambridge New York, Cambridge University Press, coll. « Cambridge studies in North American Indian history », , 544 p. (ISBN 978-0-521-42460-8).

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