Popeck

Judka Herpstu, dit Popeck, est un humoriste et acteur français né le à Paris.

Ne doit pas être confondu avec Popek.

Popeck
Popeck à Honfleur, lors de la cérémonie du prix Alphonse-Allais, en .
Nom de naissance Judka Herpstu
Surnom Popeck
Naissance
Paris, France
Nationalité Français
Profession Humoriste
Acteur
Entourage Charley Marouani (son agent de 1990 à 2017)
Site internet Site officiel

Signature de Popeck.

Fils d'immigrés juifs d'Europe de l'Est, enfant caché pendant la guerre, il s'oriente d'abord vers une carrière d'acteur dramatique sous le pseudonyme de Jean Herbert.

Au milieu des années 1960, inspiré par la personnalité de son père, il crée le personnage de Popeck, vieux grognon râleur, reconnaissable à son accent yiddish, son costume trois-pièces et son chapeau melon, vendeur de caleçons molletonnés de son état, qui ne cesse de répéter à son auditoire : « On n'est pas des sauvages, tout de même ! ». Ses nouveaux succès d'humoriste le poussent progressivement à abandonner le répertoire classique au profit de spectacles comiques et de sketchs qu'il joue d'abord dans de petits théâtres, puis sur des scènes plus importantes, comme l'Olympia ou le palais des congrès. Certains d'entre eux sont devenus des classiques, à l'instar du Tribunal, du Dîner chez Maxim's ou du Bois de Boulogne[1].

En parallèle de ses spectacles, Popeck a aussi participé à une vingtaine de films, au cinéma ou à la télévision, dont Les Aventures de Rabbi Jacob de Gérard Oury (1973), Le Pianiste du réalisateur oscarisé Roman Polanski (2002) ou, plus récemment, Ils sont partout d’Yvan Attal (2016).

Souvent considéré comme « le doyen de l'humour » en France[2],[3], Popeck continue de se produire régulièrement sur scène, à Paris ou en province.

Biographie

Enfance, formation et débuts

Né le à Paris, Judka Herpstu est le cadet d'une famille juive émigrée d'Europe de l'Est. Son père, arrivé en France en 1912[4], est un ancien combattant de la Première Guerre mondiale venu de Poméranie qui a épousé en secondes noces sa mère Esther, venue de Pologne et plus jeune que lui de vingt-deux ans. Ils vivent pauvrement dans une chambre de bonne[5].

L’enfant apparaît à trois ans dans le film La Charrette fantôme de Julien Duvivier (1939)[4]. Grandissant en France dans une famille où l’on parle le yiddish, il le comprend peu ou prou mais a honte de l’accent de son père[6].

La Seconde Guerre mondiale s’abat sur la France et l’enfant doit porter l'étoile jaune ; alors qu'il est élevé par des fermiers à Viarmes, ses parents sont déportés[4]. Il est alors confié à l'Œuvre de secours aux enfants (OSE) et placé dans un foyer pour enfants juifs laïcs sis au château de Chaumont, à Mainsat dans la Creuse. Protégés par les habitants, les enfants y grandissent dans une relative tranquillité. Sa mère, dont il est alors trop jeune pour en garder un souvenir bien précis, est morte à Auschwitz.

L’enfant timide, qui préfèrera longtemps se faire appeler Jean plutôt que Judka, poursuit sa scolarité à l'OSE jusqu'à ses 18 ans. Il y développe l'accent yiddish qui le fera connaître en pastichant, comme la plupart des enfants recueillis, celui de ses parents.

Désintéressé de l'école, il apprend l’ébénisterie et exerce plusieurs métiers dont celui de vendeur de lingerie masculine, clerc d'huissier, livreur de fleurs et employé des pompes funèbres, s'inscrivant parallèlement au cours Simon. Il y obtient un premier prix sous le pseudonyme de Jean Herbert et se destine à une carrière dramatique, obtenant des petits rôles au théâtre, à la télévision et au cinéma, notamment dans Les Compagnons de Baal de Pierre Prévert par l’entremise de son ami Charles Denner, et dans Chéri-Bibi de Jean Pignol[7].

Carrière

Le personnage de Popeck est créé en 1968, alors que Judka Herpstu joue un rôle de valet russe dans l’Idiot de Dostoïevski aux côtés de son ami le comédien Marie-Pierre de Gérando ; à l'entracte, revêtu de son costume de scène trois-pièces, il divertit l’assistance en imitant son père, ainsi que l'un de ses anciens patrons. Poursuivant sa carrière, il rode ses sketchs dans de petits cabarets et, tandis que « Jean Herbert » n'est connu que d'un petit nombre d'intermittents du spectacle, « Popeck » se fait un nom au café-théâtre, notamment au Café d'Edgar de Montparnasse.

Il décroche cinq ans plus tard le rôle de Moïshe Schmoll dans Les Aventures de Rabbi Jacob dirigé par Gérard Oury. Bien que mineur, ce rôle le fait connaître du grand public, et Gérard Oury ainsi que Louis de Funès l'encouragent fortement à poursuivre dans cette veine humoristique.

Il abandonne progressivement Jean Herbert pour imposer son personnage de Juif ashkénaze à la télévision comme à la scène. L'Olympia en 1990, le festival Juste pour rire de Montréal et le Palais des congrès, où il fait salle comble en 1992, lui ouvrent leurs portes. Pierre Chesnot lui écrit une pièce sur mesure, Drôles d'oiseaux, dans laquelle il triomphe également. Son talent d’humoriste mais aussi de comédien désormais reconnu, il se voit offrir de plus grands rôles dont Harpagon dans l'Avare ou Toussaint dans Bas les cœurs. Cependant, dans ces rôles et d’autres, qu’ils soient comiques (comme dans l’Amour Foot de Robert Lamoureux) ou dramatiques, qu’ils soient liés ou non au monde juif (comme son personnage de patriarche dans Simon Konianski), c’est le nom de Popeck (ou Popek) qui figure à l’affiche ou au générique.

En plus de son travail sur scène, Popeck a notamment joué en 2002 un petit rôle dans Le Pianiste de Roman Polanski[8].

Le comique, devenu le doyen de l'humour français, poursuit ses tournées et pense faire ses adieux au public en 2011, à l’âge de 75 ans. Sa tournée, intitulée C'est la dernière fois !, l’emmène à travers la France, la Belgique et la Suisse mais aussi, pour la première fois de sa carrière, en Israël[9]. En raison de son succès, le spectacle est prolongé et des représentations sont encore données en 2014, Popeck déclarant sur son site officiel : « J'ai l'impression de rajeunir, quand je suis sur scène »[10]. Fin 2017, il présente encore un nouveau spectacle, Même pas mort, dans la salle de L'Archipel à Paris[11].

Violences conjugales

Le , dans l'émission L'instant de Luxe, sur Non Stop People, Popeck déclare avoir été un homme battu, ainsi que s'être marié avec son épouse suite au viol qu'elle lui aurait fait subir[12]. Il affirme que les policiers qui ont reçu sa plainte se sont moqués de lui[12],[13]. Marié deux fois, il ne précise pas si l'épouse en question est la première ou la seconde[12]. En , il affirmait dans un entretien avoir été contraint de se marier avec sa première épouse tombée enceinte : « j'avais 19 ans et la fille en avait 17. Elle est tombée enceinte et c'est la directrice du foyer, que je considérais comme ma mère adoptive, qui a décidé que je devais l'épouser »[12],[14].

Popeck

Popeck en spectacle à Bures-sur-Yvette en .

Popeck (du polonais : Popek, « [Le] petit Paul »)[8] est principalement inspiré du vécu de Judka (yiddish : יודקא Yodke, « [Le] petit Juda » ou « petit juif ») Herpstu et de son père. Comme ce dernier, Popeck est un Français originaire d'un petit village d'Europe centrale, qui s'est tant bien que mal adapté à la culture du pays d'accueil mais n'a pu perdre son accent, que le comédien a obtenu en faisant une « salade grecque » des accents yiddish de ces contrées. Son costume agrémenté d'un chapeau melon (qu'il aura gardé toute sa carrière)[9] évoque Charlot, sa valise flanquée des étiquettes « Varsovie », « Bucarest » et « Chalom (sic)-sur-Marne » ses origines et son parcours.

Judka Herpstu, étant d'un naturel timide, son double à l'accent aura tendance à compenser ce trait par une certaine pugnacité : c’est un râleur (Popeck rapproche son pseudonyme du skrzypek polonais, un individu grinçant comme un violon[15]) qui bougonne voire engueule son public. Son apostrophe la plus fréquente, « On n’est pas des sauvages, tout de même !… » a, elle aussi, été puisée dans l'enfance de l’interprète qui, parlant sans accent étranger et gêné par celui de son père, tentait de limiter ses interventions en public et s'entendait pour cette raison traité de « sauvage ! »[6].

Les premiers sketchs de Popeck sont pour la plupart tirés de diverses expériences, notamment professionnelles, de l'auteur. Le personnage est indubitablement juif, mais son humour ne l'est pas[8] ; Judka Herpstu se verra critiqué à ses débuts de caricaturer l’accent yiddish alors qu’il est incapable de le parler[15] et de promouvoir l’incarnation des préjugés entretenus à l’égard des Juifs. Cependant, il se verra loué plus tard pour l'universalité de son humour « qui n'a pas besoin de rappeler son origine pour être drôle »[réf. nécessaire].

Œuvres

Spectacles

One Man Shows
Participations

Théâtre

Note : sauf mention contraire, les informations ci-dessous sont issues des Mémoires de Popeck[17].

Cinéma

Télévision

Discographie

Note : sauf mention contraire, les informations ci-dessous sont issues des Mémoires de Popeck[18].

Publications

  • Popeck, Popeck raconte … les meilleures histoires de l'humour juif, Paris, Mengès, , 221 p. (ISBN 978-2-253-02486-6).
  • Popeck, Je veux bien qu'on rie, mais pas qu'on se moque : une drôle de vie, Paris, JC Lattès, , 249 p. (ISBN 978-2-7096-0422-2).
  • Popeck, On n'est pas des sauvages : Sketches, histoires et anecdotes, Paris, Le Cherche midi, , 187 p. (ISBN 978-2-86274-798-9).
  • Popeck, Le meilleur de l'humour juif : Dieu soit loué ! Et toujours à prix raisonnable, Paris, Le Cherche midi, , 270 p. (ISBN 978-2-7491-2100-0).
  • Popeck, De qui tu tiens ce don-là ? : Mémoires, Paris, Éditions de l'Archipel, , 249 p. (ISBN 978-2-8098-2302-8).

Distinctions

Notes et références

  1. N. Simon, « Popeck, chapeau melon et brosse à reluire », Le Figaro, .
  2. Présentation de Popeck sur le site Les éternels du rire (2014).
  3. V. Batailler, « Popeck : "Je suis bien vivant !" », La Provence, (lire en ligne, consulté le ).
  4. Eric de Goutel, « portrait et interview de Popeck », Télé 7 Jours, vol. no 1138, semaine du 20 au , p. 119.
  5. « D’où viens-tu, Popeck ? », sur Youtube (consulté le ).
  6. « KioSQ - Popeck », sur youtube.
  7. Fiche sur imdb.com.
  8. Nicole Clodi, « Popeck à la Comédie de Toulouse : "Je n'ai jamais eu peur" », sur La Dépêche du Midi.fr, .
  9. « Popeck : "J’ai échappé à l’Holocauste" », Philippe Vandel, émission Tout et son contraire, France Info.fr, (consulté le ).
  10. Site officiel de Popeck.
  11. « Popeck – Même pas mort – Théâtre l’Archipel », sur artistikreso.com, .
  12. Stacie Arena, « Popeck violé et battu par sa femme : son témoignage édifiant », sur Femme Actuelle, (consulté le ).
  13. « Popeck déclare avoir été violé », sur JForum, (consulté le ).
  14. « Popeck : "Je susi en super forme : le confinement a du bon !" - France Dimanche », sur www.francedimanche.fr (consulté le ).
  15. « Popeck - De qui tu tiens ce don là ? » (consulté le ).
  16. Popeck 2017, p. 140.
  17. Popeck 2017, p. 247-248.
  18. Popeck 2017, p. 241.
  19. Y'en aura pas pour tout le monde (Bibliothèques de Paris).
  20. Popeck 2017, p. 247.
  21. N. Larqué, « Popeck a fêté son anniversaire », Sud Ouest, (lire en ligne, consulté le ).
  22. Les membres de l'Académie sur le site officiel des Amis d'Alphonse Allais.

Voir aussi

Article connexe

Liens externes

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