Place Saint-Étienne (Toulouse)

La place Saint-Étienne (en occitan : plaça de Sant Estèfe) est une place du centre historique de Toulouse, en France. Elle se situe dans le quartier Saint-Étienne, auquel elle donne son nom, dans le secteur 1 de la ville. Elle appartient au secteur sauvegardé de Toulouse.

Pour les articles homonymes, voir Place Saint-Étienne.

Place Saint-Étienne
(oc) Plaça de Sant Estèfe

La Place Saint-Étienne de Toulouse
Situation
Coordonnées 43° 36′ 00″ nord, 1° 26′ 58″ est
Pays France
Région Occitanie
Ville Toulouse
Quartier(s) Saint-Étienne
Morphologie
Type Place
Forme Triangulaire
Superficie 3 990 m2
Histoire
Anciens noms Place Saint-Étienne (milieu du XIIIe siècle)
Géolocalisation sur la carte : France
Géolocalisation sur la carte : Toulouse

Toponymie

Le nom de la place Saint-Étienne est connu depuis le milieu du XIIIe siècle. Il lui vient de l'église cathédrale de Toulouse, dédiée au protomartyr Étienne. À la Révolution, en 1794, la place prit le nom de place de la Raison, car le culte de la Raison, encouragé par les autorités révolutionnaires, était célébré dans la cathédrale Saint-Étienne, transformée en temple de la Raison[1].

Voies rencontrées

La place Saint-Étienne rencontre les voies suivantes, dans l'ordre des numéros croissants :

  1. Rue Pierre-de-Fermat
  2. Rue Croix-Baragnon
  3. Rue Boulbonne
  4. Rue Riguepels
  5. Square du Cardinal-Saliège

Histoire

Antiquité

Le site de l'actuelle place Saint-Étienne se trouve à l'est de la colonie romaine de Tolosa, à proximité du rempart monumental et de la porte est de la ville, et du decumanus maximus. Dans les premiers siècles, c'est un espace non bâti, probablement parce qu'il appartient à l'aire sacrée d'un vaste complexe cultuel qui s'organise autour d'un grand temple (emplacement de l'actuelle chapelle Sainte-Anne, no 11 rue Sainte-Anne). Cet ensemble monumental est peut-être délimité au nord par le decumanus maximus, à l'est par le rempart et à l'ouest par un cardo secondaire (actuelle rue Pierre-de-Fermat)[2].

Le quartier autour de l'actuelle place Saint-Étienne commence à s'urbaniser au IVe siècle. Il est alors divisé par de larges rues de 6 mètres, bordées de vastes demeures (telle une maison équipée de thermes privés), d'ateliers d'artisans et de jardins[3]. Le quartier est alimenté en eau par l'aqueduc de Guilheméry, un des deux aqueducs qui alimentent la ville[4], et un égout souterrain permet d'évacuer les eaux usées[5]. À la fin du IVe siècle, le grand temple est probablement voué au culte chrétien, car les religions païennes sont interdites[5]. Dans le même temps, une église est probablement construite plus au nord (emplacement de l'actuelle cathédrale)[6].

Moyen Âge

Au début du VIe siècle, les Wisigoths sont chassés de Toulouse et la ville est conquise par les Francs. Toulouse connaît un certain déclin et l'habitat dans le quartier Saint-Étienne recule, montrant un visage plus rural qu'urbain[7]. Le site est utilisé comme carrière de pierre et pour l'extraction de limon argileux[3]. Le groupe cathédral subsiste cependant. Au IXe siècle, il s'organise autour de deux églises, Saint-Étienne et Saint-Jacques (emplacement de l'actuelle chapelle Sainte-Anne, no 11 rue Sainte-Anne), d'un baptistère et d'un vaste cloître (emplacement de la cour Sainte-Anne, actuel no 15 rue Sainte-Anne)[8]. La cathédrale est particulièrement ornée, comme en témoigne le chancel carolingien[9]. Un cimetière occupe, à la même époque, l'emplacement de la place Saint-Étienne[3].

Progressivement, la place Saint-Étienne devient une des plus importantes de la ville. Elle est dominée à l'est par le groupe cathédral que fait aménager, à la fin du XIe siècle, l'évêque Isarn (1071-1105). Celui-ci souhaite réformer le chapitre cathédral et il impose en 1073 la vie en communauté aux chanoines[10]. Le quartier canonial, entre la place Saint-Étienne et le rempart, est séparé du reste de la ville par un mur de clôture[11], percé de trois portes, dont une ouvre sur la place[12]. Une nouvelle cathédrale de style roman, plus vaste (environ 85 mètres de long, 20 mètres de large), est élevée à la fin du XIIe siècle[13],[14]. Devant la cathédrale s'étend un cimetière, espace ouvert et fréquenté qui sert de place publique, d'autant plus que c'est le seul espace non bâti du quartier[1]. La cathédrale est d'ailleurs le cadre de grandes cérémonies, particulièrement de processions, comme celle des Rameaux, de Saint-Étienne à la Daurade[15].

En 1216, pendant la croisade des Albigeois, la place est également le théâtre de terribles combats entre les troupes de Simon de Montfort et les Toulousains, décrits dans la Chanson de la croisade albigeoise de Guillaume de Tudèle[16] :

« Les Toulousains vont les [les croisés] bloquer dans l’hôtel du comte de Comminges [près du Château Narbonnais], en sorte qu’ils n’en purent sortir. Le comte de Montfort crie, de façon à se faire entendre : « Barons, allons les tâter d’un autre côté, tout droit à Saint-Étienne, pour voir si nous pourrons leur faire du mal. » Et le comte s’élance avec eux, chargeant avec telle vigueur qu’à l’orme de Saintes-Carbes ils font trembler la terre, ils débouchent par le plan de l’église, mais sans pouvoir atteindre personne de la ville. Les hauberts, les heaumes, les enseignes qu’on agite, les sonneries des cors et des trompes, font retentir le ciel, la terre et l’air. Par la rue droite, juste en venant vers la croix Baragnon, ils les chargent si vigoureusement qu’ils brisent et enfoncent les barrières. De toutes parts viennent, pour soutenir la lutte, chevaliers, bourgeois, sergents, pleins d’ardeur, qui, armés d’épées et de masses, les serrent de si près, que des deux côtés on se prend à se frapper, et à mettre en mouvement dards, lances, flèches, couteaux, épieux, traits, faucilles. Ils viennent en rang si pressés qu’on ne sait plus où se retourner. Là, vous eussiez vu se faire un tel abattis, rompre tant de camails, trouer tant de hauberts, fendre tant de poitrines, fausser tant de heaumes, abattre tant de barons, tuer tant de chevaux, et le sang et les cervelles se répandre par la place ! Ceux de la ville font une résistance si opiniâtre qu’ils leur font abandonner la lutte. [...] Par l’effort des massues, des pierres, des épées, des cognées, des guisarmes, qui rendaient le carnage terrible, ils [les Toulousains] leur firent vider la rue et la place. »[17]

À partir du XIIIe siècle, la place Saint-Étienne devient un espace majeur de la cité et représente le cœur du pouvoir religieux de la ville et de son diocèse. Les travaux se poursuivent dans la cathédrale, particulièrement sous l'épiscopat de l'évêque Foulques de Marseille qui fait construire la nef « raimondine » dans le style gothique méridional dans les années 1210-1250, puis de Bertrand de L'Isle-Jourdain, qui fait élever le chœur dans un style gothique francilien à partir de 1274[18]. À proximité de la cathédrale se trouve le palais épiscopal où loge l'évêque et la chambre des décimes, c'est-à-dire les entrepôts qui reçoivent la dîme et les autres ressources du diocèse. Devant la cathédrale même, le cimetière est abandonné et déplacé près de l'église Saint-Sauveur (emplacement de l'actuelle place Dupuy) et un parvis est aménagé. Le sol de la place est encore en terre battue et graviers, mais elle devient malgré tout un haut lieu du commerce, où sont vendues les richesses du chapitre cathédral[19]. On trouve, au centre de la place, un couvert abritant des mesures en cuivre pour les grains[16]. De plus, la place, une des plus grandes de la ville, profite de sa situation, à proximité de la porte Saint-Étienne, sur le principal axe commercial qui traverse la ville d'est en ouest, par les rues de la Porte-Saint-Étienne et Tirepel (actuelle rue Riguepels), rejoint la place Saint-Étienne et se prolonge jusqu'au Pont-Vieux et jusqu'au pont de la Daurade. La place accueille enfin les grands événements de la ville. En 1303, lorsque le roi Philippe le Bel vient tenir un Parlement à Toulouse à l'occasion des États généraux de la province de Languedoc, une salle en planches est édifiée devant la cathédrale[19]. Plusieurs exécutions ont également lieu sur la place, où on trouve un pilori de pierre où les condamnés étaient attachés à deux carcans. Les hérétiques étaient également condamnés et exécutés sur la place, face à la cathédrale. Enfin, une estrapade est dressée en 1595 pour punir les criminels, qui avaient les mains liées et un poids énorme aux pieds, puis étaient successivement montés et balancés pour disloquer leurs membres[20],[16].

Période moderne

Après la crise de la fin du XIVe siècle et du XVe siècle, marquée particulièrement à Toulouse par la peste et la guerre de Cent Ans, les travaux reprennent. La cathédrale est provisoirement achevée. Dans le même temps, l'archevêque Bernard du Rosier fait reconstruire le palais archiépiscopal. Au début du XVIe siècle, l'archevêque Jean d'Orléans-Longueville fait agrandir et embellir le palais[21].

Sous l'influence des idées de la Renaissance, les capitouls se préoccupent d'hygiène publique et décident d'édifier sur la place la première fontaine publique de la ville. Les capitouls entreprennent de dériver le réseau de l'aqueduc de Guilheméry, qui alimente la fontaine du cloître Saint-Étienne, afin d'acheminer l'eau sur la place devant la cathédrale, mais le chapitre cathédral s'y oppose. Après un long procès jugé au Parlement, les capitouls obtiennent gain de cause le 29 août 1523. Les travaux ne commencent cependant qu'en 1545-1546 et la fontaine Saint-Étienne est achevée en 1549. Dans le même temps, la place est pavée de galets de la Garonne[22]. La place se borde également de belles demeures, tel l'hôtel de la famille Catel (actuel no 6). Les constructions en corondage subsistent cependant, malgré les risques d'incendie et les nombreuses interdictions capitulaires (actuel no 7 et ancien no 10). Pourtant, la place est aussi le lieu d'affrontements, particulièrement lors des troubles religieux qui secouent la ville en 1562, opposant les protestants et les catholiques de la ville. À cette occasion, le portail de la cathédrale est largement mutilé[23].

Au XVIIe siècle, les cérémonies publiques sont encore organisées sur la place, en l'honneur de personnages importants ou lors d'événements historiques (victoires militaires, naissances, mariages ou décès survenus dans la famille royale mais aussi commémorations de l'histoire toulousaine). On chante le Te Deum, en l'honneur du roi, dans la cathédrale, les feux de joie et les feux d'artifice sont tirés depuis la place, on y donne parfois même des bals. D'ailleurs, les visiteurs les plus importants séjournent, depuis le XVIe siècle, dans le palais archiépiscopal, comme Louis XIV en 1658[22],[21]. La cathédrale elle-même est restaurée, à la suite d'un incendie du chœur en 1609, et l'architecte Pierre Levesville en achève le voûtement en 1611[24].

Le côté sud est modifié par la reconstruction du palais archiépiscopal commandée par l'archevêque Jean-Baptiste-Michel Colbert de Saint-Pouange entre 1690 et 1702. Ce prélat, neveu du chancelier Michel Le Tellier et cousin du contrôleur général des finances Jean-Baptiste Colbert, veut un palais dans le goût classique. Il fait pour cela appel à l'architecte de la province de Languedoc, Augustin-Charles d'Aviler[21].

Pourtant, le rôle de la place Saint-Étienne recule à partir du XVIIIe siècle et elle est progressivement délaissée au profit de la place Royale (actuelle place du Capitole) que l'on est en train d'aménager devant l'hôtel de ville et qui s'impose comme le nouveau centre politique et symbolique de la ville. Dans le même temps, de nouveaux immeubles et de nouveaux hôtels particuliers sont élevés sur les côtés de la place, qui prend son aspect actuel[25]. Au milieu du XVIIIe siècle, la famille Anceau fait élever un hôtel particulier dans le même style (actuel no 11).

Révolution et Empire

La Révolution bouleverse profondément le quartier Saint-Étienne. Le 6 mars 1791, dans la cathédrale Saint-Étienne, les prêtres toulousains sont poussés à prêter serment à la Constitution. Le 27 mars, Antoine Pascal Hyacinthe Sermet, favorable aux idées nouvelles, est élu évêque constitutionnel de la Haute-Garonne. Mais en 1794, le culte constitutionnel est également interdit et la cathédrale, qui subit de nombreuses destructions – statues du portail, cloche, mobilier –, est fermée en mars 1794. Elle est transformée en temple de la Raison, où est célébré le culte de la Raison. On connaît ainsi des cérémonies tenues entre les mois de mars et août 1794, menées par le poète Hippolyte Pellet-Desbarreaux. Elle reçoit ensuite le culte de l'Être suprême, puis les cérémonies du culte décadaire. En 1801, le Concordat signé entre le Premier Consul, Napoléon Bonaparte, et le pape, Pie VII, permet de rendre la cathédrale au culte catholique. En signe d'apaisement religieux, la croix qui se dressait sur la place et avait disparu en 1793 est remplacée le 19 mai 1809 par une nouvelle croix en fer forgé, placée au pied du clocher[26],[27].

En novembre 1799, l'administration du directoire du département de la Haute-Garonne, établie dans le palais de l'ancien Premier Président du Parlement, rue Croix-Baragnon (actuel no 6 de cette rue), emménage dans l'ancien palais archiépiscopal, qui accueille déjà depuis 1793 différents services publics[27].

La place Saint-Étienne (par Eugène Trutat
Coll!;MHNT.

Du XIXe siècle à aujourd'hui

En 1830, la municipalité met au concours le projet d'une nouvelle fontaine, pour remplacer l'ancienne fontaine Saint-Étienne, mais les projets présentés sont rejetés. La même année, on décide d'ériger sur la place une statue de Pierre-Paul Riquet, par le sculpteur toulousain Bernard Griffoul-Dorval, mais elle est finalement placée au bout des allées Lafayette (actuelles allées Jean-Jaurès)[13].

En 1864, l'archevêque Florian Desprez obtient une somme de 465 000 francs pour restaurer la cathédrale, mais la somme est jugée insuffisante et placée à intérêts jusqu'en 1914. En 1910, Auguste Sainte-Anne de Louzier, architecte en chef des monuments historiques, fait adopter le plan dit « de Restauration ». Il prévoit l'achèvement de la cathédrale, particulièrement la création d'une nouvelle porte au nord, mais aussi la destruction de tout le moulon de maisons entre la place Saint-Étienne, la rue Riguepels, la rue Sainte-Anne et la rue des Cloches, afin d'y aménager un square (actuel square du Cardinal-Saliège)[16] ,[28].

Au milieu des années 1980, la municipalité décide de rénover profondément la place Saint-Étienne. Il est décidé de fermer les emplacements de parking pour les voitures sur la place et de construire un parking souterrain. Entre 1986 et 1987, des fouilles archéologiques sont menées préventivement par l'INRAP avant le creusement du parking, permettant de mieux connaître ce secteur de la ville antique et médiévale. Les archéologues mettent au jour une vaste demeure antique, ainsi que les vestiges du quartier du Haut-Empire, le cimetière médiéval, ainsi que de nombreuses poteries du IVe siècle au XVIIe siècle. Lors du réaménagement de la place, la fontaine est démontée et légèrement déplacée par rapport à son emplacement initial.

Lieux et monuments remarquables

  • no  1 : palais épiscopal, puis archiépiscopal (XIVe siècle-XVIe siècle ; 1690) ; préfecture de la Haute-Garonne (1808).  Inscrit MH (1990, façades et toitures des bâtiments en U autour de la cour d'honneur, y compris le grand porche d'entrée et ses ailerons latéraux ainsi que la porte Charles de Montchal (1640) fermant l'impasse ; façades sur cour intérieure et sur place Saint-Étienne, et toitures correspondantes de l'ancien hôtel Ducos de Lahitte annexé à la Préfecture au cours du XIXe siècle, ainsi que les deux travées de l'immeuble coiffé en poivrière qui lui est accolé ; façades et toitures des bâtiments des anciens communs (première cour à gauche après la cour d'honneur) ainsi que de l'aile perpendiculaire sur jardin ; porte XVIIe siècle de l'ancien hôtel de Ricard, réédifiée dans le jardin ; à l'intérieur, au fond de la cour d'honneur : grand escalier central et, au rez-de-chaussée : salle des gardes, ancienne salle à manger (salon à miroirs et colonnes), trois grands salons Louis XVI sur jardin)[30],[31].
  • no  2 : immeuble (2e moitié du XVIIIe siècle).
    L'immeuble, de style classique, est construit dans la 2e moitié du XVIIIe siècle à l'angle de la rue Pierre-de-Fermat. La façade sur la place Saint-Étienne est symétrique. Elle se développe sur trois travées et s'élève sur trois étages décroissants. Le rez-de-chaussée est ouvert par deux arcades de boutique en plein-cintre, séparées par une fenêtre. Il est orné de bossages continus. Aux étages, la façade est encadrée par des dosserets monumentaux et des tables rectangulaires en saillie séparent les niveaux et les travées. Les fenêtres sont rectangulaires et ornées de balconnets dotés de garde-corps en fer forgé. Le dernier niveau est traité comme un étage d'attique. L'édifice est couronné par une large corniche moulurée à modillons[32].
  • no  3 : immeuble (fin du XVIIIe siècle-début du XIXe siècle).
    L'immeuble est construit probablement à la fin du XVIIIe siècle, puis remis au goût du jour au début du XIXe siècle. Il s'élève sur quatre niveaux (rez-de-chaussée et trois étages décroissants), séparés par des cordons de brique. La façade, de style néo-classique, est symétrique. Au 1er étage, les fenêtres sont surmontées par une corniche et dotées d'un balcon filant qui repose sur des corniches en pierre et orné d'un garde-corps en fer forgé à motifs géométriques. Au 2e étage, elles sont mises en valeur par un chambranle à ressaut et sont dotées de petits garde-corps en fonte. L'élévation est couronnée par une corniche à modillons[33].
    n°3
  • no  4 : immeuble de Maran (XVIIe siècle ; 1775).
    La parcelle est occupée, à partir du milieu du XVIe siècle par la famille de Maran, une famille de parlementaires. Un premier immeuble, composé de plusieurs corps de bâtiment, est construit, peut-être pour François-Raymond de Maran, conseiller au Parlement, entre la place et deux cours intérieures au XVIIe siècle : une fenêtre à meneau, au 1er étage de l'élévation en fond de cour, témoigne de cette construction. L'ensemble est profondément remanié dans le style néo-classique en 1775, toujours pour un membre de la famille de Maran. La façade sur la place se développe sur cinq travées et six niveaux (sous-sol, rez-de-chaussée, entresol et trois étages décroissants). Le rez-de-chaussée est traité avec un bossage continu. La porte cochère centrale est encadrée par deux ouvertures de boutique rectangulaires. Les étages sont percés de fenêtres rectangulaires, mises en valeur par un encadrement à ressauts, un appui en pierre sculptée et un garde-corps en fer forgé. L'élévation est couronnée d'une corniche moulurée à modillons[13] ,[34].
  • no  5 : immeuble (XVIIe siècle-XVIIIe siècle).
    Un immeuble est construit au XVIIe siècle, peut-être pour Guillaume de Brassac, avocat et notaire, capitoul en 1665-1666, et qui achète la parcelle à la même époque aux héritiers du parlementaires Jean Du Maynial. La façade sur la place a cependant été remaniée au XVIIe siècle. Elle ne compte que deux travées et se développe sur cinq niveaux (sous-sol, rez-de-chaussée et trois étages). Au rez-de-chaussée s'ouvrent une arcade de boutique en plein-cintre et une porte piétonne couronnée d'une large corniche. Au deux premiers étages, les fenêtres sont segmentaires et couronnées d'une fine corniche. Celles du 1er étage sont dotées de garde-corps en fer forgé. Au 3e étage, les fenêtres ont conservé leur forme du XVIIe siècle. Elles sont rectangulaires et portent un motif en pointe de diamant sur leur linteau[35].
  • no  6 : hôtel de Jean Catel (XVIIe siècle-XIXe siècle).  Inscrit MH (1950, façade latérale sur cour, à droite de l'entrée, datant du XVe siècle)[36],[37].
  • no  7 : immeuble en corondage (XVIe siècle ; XVIIIe siècle).
    Un immeuble en corondage est construit au XVIe siècle. La façade s'élève sur deux étages carrés et un étage de comble à surcroît. Le rez-de-chaussée est maçonné en brique. Dans la salle, le plafond est peint vers 1960 par Renée Aspe, inspirée par le plafond de la chapelle Notre-Dame-du-Pont de La Bastide-de-Besplas. Aux étages, le pan de bois est à grille et croix de Saint-André superposées, hourdé de brique. Il semblerait que le pan de bois en encorbellement ait été reculé au XVIIIe siècle[38].
  • no  9-10 : immeuble (1742 ; 1956). Un immeuble de style classique est élevé, à l'angle de la rue Boulbonne, en 1742, pour Charles de Catel, seigneur de Corronsac. En 1956, les deux immeubles sont achetés par la société civile immobilière Saint-Étienne et une demande de permis de construire est déposée pour démolir la façade d'un des deux bâtiments (n°10), de remanier le rez-de-chaussée (création d'arcades) et de surélever l'édifice d'un étage supplémentaire. Les plans sont dressés par l'architecte Guy Rouch. L'immeuble du 10 place Saint-Étienne est alors reconstruit dans le style de l'autre. Ce dernier porte la date de 1742 gravée sur la clé d'arc de la porte cochère ainsi qu'un monogramme. Le certificat de conformité est délivré le 1er août 1959 (A.M.T. : 582W903). Une carte postale conservée aux Archives municipales (9Fi1952) permet de voir que l'immeuble du 10 place Saint-Étienne était un pan de bois à deux travées se développant sur trois étages. Cet édifice à l'angle de l'îlot se développe sur sept travées et cinq niveaux. Sur la place, le rez-de-chaussée se compose d'arcades en plein-cintre accueillant les commerces et la porte d'entrée. Celle-ci, flanquée par des pilastres, est ornée d'une agrafe en pierre ornée de motifs sculptés. Elle ouvre sur un passage couvert menant à la cour située en fond de parcelle. Une baie rectangulaire la jouxte. Les étages de dimensions décroissantes sont séparés par un cordon de brique. Les fenêtres sont segmentaires et possèdent un appui en pierre. Le dernier niveau est ouvert par des fenêtres en plein cintre évoquant les mirandes. L'ensemble est couronné par une large corniche débordante supportant la toiture de tuiles. Sur la rue Boulbonne, l'élévation est plus modeste. Les fenêtres du 3e étage, plus petites, ont vraisemblablement leur taille initiale et devait correspondre à un comble ouvert. Sur cour, la façade postérieure est enduite. Les fenêtres segmentaires ont des niveaux décalés les unes par rapport aux autres. On distingue les deux anciens édifices. Latéralement, un corps de bâtiment est en pan de bois recouvert d'un enduit orné d'un faux appareil de pierre. L'escalier distribuant les étages est accessible depuis le passage couvert. Il est construit en charpente autour d'un vaste jour central bordé d'une rampe à balustres en double poire de plan carré[39],[40].
  • no  11-12 : hôtel Froidour (milieu du XVIIIe siècle ; milieu du XXe siècle).
    L'hôtel particulier est construit dans le style classique, au milieu du XVIIIe siècle, à l'emplacement d'un immeuble qui appartient avant 1685 à Louis de Froidour, grand maître des Eaux et des Forêts de Languedoc et de Gascogne. La construction est cependant attribuée à la famille Anceau, qui occupe l'hôtel au XVIIIe siècle.
    L'hôtel se compose de plusieurs corps de bâtiment qui s'organisent autour d'une grande cour centrale et d'une petite cour. Sur la place Saint-Étienne, l'élévation s'élève sur trois étages, mais elle ne s'étendait à l'origine que sur les cinq travées de gauche. Elle était alors symétrique et s'organisait autour de la porte cochère qui s'ouvre dans la travée centrale, mise en valeur par des pilastres superposés. Les étages sont décroissants et séparés par des cordons de brique. Le rez-de-chaussée est ouvert par des arcades en plein-cintre ornées d'un mascaron en pierre. Aux étages, les fenêtres segmentaires possèdent un appui mouluré en pierre et portent une agrafe en pierre. Un entablement couronné par une corniche à denticules sépare le dernier étage du comble à surcroît, décoré de motifs de tables. Au milieu du XXe siècle, l'immeuble voisin (ancien no 12) est intégré à l'hôtel et sa façade est reconstruite dans le même style.
    L'élévation sur la cour d'honneur est plus simple, mais elle conserve les mêmes caractéristiques, avec la mise en valeur de la travée centrale. L'aile latérale abrite un escalier d'honneur tournant aux marches en pierre et orné d'une rampe en fer forgé en forme de cannes[41],[42].
  • no  14 : hôtel de Cambon (milieu du XVIIIe siècle)[43].
  • au centre de la place : fontaine Saint-Étienne, appelée « griffoul » (1547-1549 ; 1593 ; 1649)[20].  Inscrit MH (1925)[44].
    La fontaine de la place Saint-Étienne date du XVIe siècle et illustre le style de la Renaissance toulousaine. En 1523, le Parlement ordonne que soit établie une fontaine publique, la première de la ville. Les travaux ne commencent en 1545 par la réparation et le prolongement des aqueducs, la nouvelle fontaine est édifiée entre 1547 et 1549 par Jean Rancy. Elle est restaurée et modifiée en 1593. En 1649, le sculpteur Pierre Affre restaure à son tour la fontaine. Malgré les réparations, l'eau reste de médiocre qualité et son débit reste irrégulier, particulièrement en été. En 1825, la fontaine est reliée au nouveau château d'eau afin de recevoir l'eau de la Garonne.
    Trois marches permettent de descendre à la fontaine. Un premier bassin octogonal reçoit l'eau de la bouche de quatre mascarons à tête fantastique qui ornent la vasque supérieure portée par quatre colonnettes – la vasque originale venait de l'ancienne fontaine du cloître Saint-Étienne, les colonnettes de l'église Saint-Pierre-des-Cuisines. Au-dessus se dresse un obélisque de marbre rouge, installé par Antoine Bachelier en 1593, porté par un soubassement à quatre niches et reposant sur quatre boules en bronze. À l'intérieur des niches, des marmousets en bronze, fondus par Pierre Chevenet en 1593 et restaurés par Pierre Affre en 1649, rejettent l'eau par la gueule de poissons qu'ils tiennent dans leur main. L'obélisque est surmonté d’un ornement en bronze[45].

Notes et références

  1. Jules Chalande, 1927, p. 151.
  2. Quitterie Cazes, 1999, p. 16-18.
  3. Quitterie Cazes, 1999, p. 23.
  4. Quitterie Cazes, 1999, p. 19.
  5. « La place - L'Antiquité », dossier sur la Place Saint-Étienne, sur le site des Archives municipales de Toulouse, consulté le 11 mai 2018.
  6. Quitterie Cazes, 1999, p. 21.
  7. Quitterie Cazes, 1998, p. 29.
  8. « La place - Le Haut Moyen Âge », dossier sur la Place Saint-Étienne, sur le site des Archives municipales de Toulouse, consulté le 11 mai 2018.
  9. Quitterie Cazes, 1998, p. 25.
  10. Quitterie Cazes, 1998, p. 32-33.
  11. Quitterie Cazes, 1998, p. 50.
  12. Quitterie Cazes, 1998, p. 52.
  13. Jules Chalande, 1926, p. 153.
  14. Quitterie Cazes, 1998, p. 62.
  15. Quitterie Cazes, 1998, p. 70.
  16. Jules Chalande, 1926, p. 152.
  17. Guillaume de Tudèle, La Chanson de la croisade contre les Albigeois, Paul Meyer (éd. et trad.), tome II, Renouard, Paris, 1875, p. 268-270.
  18. Quitterie Cazes, 1998, p. 71-75.
  19. « La place - Le Moyen Âge central et le Bas Moyen Âge », dossier sur la Place Saint-Étienne, sur le site des Archives municipales de Toulouse, consulté le 11 mai 2018.
  20. Bernad, Jungblut et Monna 2001, p. 16
  21. Jules Chalande, 1926, p. 162.
  22. « La place - La Renaissance », dossier sur la Place Saint-Étienne, sur le site des Archives municipales de Toulouse, consulté le 11 mai 2018.
  23. Jules Chalande, 1926, p. 157.
  24. Jules Chalande, 1926, p. 158.
  25. « La place - Les XVIIe et XVIIIe siècles », dossier sur la Place Saint-Étienne, sur le site des Archives municipales de Toulouse, consulté le 11 mai 2018.
  26. Jules Chalande, 1926, p. 159.
  27. « La cathédrale - Les troubles révolutionnaires », dossier sur la Place Saint-Étienne, sur le site des Archives municipales de Toulouse, consulté le 11 mai 2018.
  28. Jules Chalande, 1926, p. 160-161.
  29. Notice no PA00094498, base Mérimée, ministère français de la Culture
  30. Notice no PA00094678, base Mérimée, ministère français de la Culture
  31. Laure Krispin et Karyn Zimmermann, « Fiche d'information détaillée Patrimoine Architectural: IA31104752 », Inventaire général Région Occitanie, Ville de Toulouse, sur le site Urban-Hist, Archives municipales de Toulouse, 2011, consulté le 11 mai 2018.
  32. Louise-Emmanuelle Friquart et Laure Krispin, « Fiche d'information détaillée Patrimoine Architectural: IA31133114 », Inventaire général Région Occitanie, Ville de Toulouse, sur le site Urban-Hist, Archives municipales de Toulouse, 2011, consulté le 11 mai 2018.
  33. Louise-Emmanuelle Friquart et Laure Krispin, « Fiche d'information détaillée Patrimoine Architectural: IA31132885 », Inventaire général Région Occitanie, Ville de Toulouse, sur le site Urban-Hist, Archives municipales de Toulouse, 2009, consulté le 11 mai 2018.
  34. Louise-Emmanuelle Friquart et Laure Krispin, « Fiche d'information détaillée Patrimoine Architectural: IA31132884 », Inventaire général Région Occitanie, Ville de Toulouse, sur le site Urban-Hist, Archives municipales de Toulouse, 2009, consulté le 11 mai 2018.
  35. Louise-Emmanuelle Friquart et Laure Krispin, « Fiche d'information détaillée Patrimoine Architectural: IA31132883 », Inventaire général Région Occitanie, Ville de Toulouse, sur le site Urban-Hist, Archives municipales de Toulouse, 2009, consulté le 11 mai 2018.
  36. Notice no PA00094552, base Mérimée, ministère français de la Culture
  37. Louise-Emmanuelle Friquart, Laure Krispin et Nathalie Prat, « Fiche d'information détaillée Patrimoine Architectural: IA31116163 », Inventaire général Région Occitanie, Ville de Toulouse, sur le site Urban-Hist, Archives municipales de Toulouse, 1996 et 2009, consulté le 11 mai 2018.
  38. Louise-Emmanuelle Friquart, Laure Krispin et Dany Rullier, « Fiche d'information détaillée Patrimoine Architectural: IA31130670 », Inventaire général Région Occitanie, Ville de Toulouse, sur le site Urban-Hist, Archives municipales de Toulouse, 2004 et 2011, consulté le 11 mai 2018.
  39. Jules Chalande, 1926, p. 153-154.
  40. Louise-Emmanuelle Friquart, « Fiche d'information détaillée Patrimoine Architectural: IA31133000 », Inventaire général Région Occitanie, Ville de Toulouse, sur le site Urban-Hist, Archives municipales de Toulouse, 2010, consulté le 11 mai 2018.
  41. Jules Chalande, 1926, p. 154.
  42. Louise-Emmanuelle Friquart, « Fiche d'information détaillée Patrimoine Architectural: IA31133006 », Inventaire général Région Occitanie, Ville de Toulouse, sur le site Urban-Hist, Archives municipales de Toulouse, 2010, consulté le 11 mai 2018.
  43. Louise-Emmanuelle Friquart, « Fiche d'information détaillée Patrimoine Architectural: IA31133005 », Inventaire général Région Occitanie, Ville de Toulouse, sur le site Urban-Hist, Archives municipales de Toulouse, 2010, consulté le 11 mai 2018.
  44. Notice no PA00094525, base Mérimée, ministère français de la Culture
  45. Laure Krispin et Karyn Zimmermann, « Fiche d'information détaillée Patrimoine Architectural: IA31104732 », Inventaire général Région Occitanie, Ville de Toulouse, sur le site Urban-Hist, Archives municipales de Toulouse, 2011, consulté le 11 mai 2018.

Voir aussi

Bibliographie

  • Jules Chalande, « Histoire des rues de Toulouse », Mémoires de l'Académie des Sciences et Belles-Lettres de Toulouse, 12e série, tome IV, Toulouse, 1926, p. 151-170.
  • Pierre Salies, Dictionnaire des rues de Toulouse, 2 vol., éd. Milan, Toulouse, 1989 (ISBN 978-2867263545).
  • Gilles Bernad, Guy Jungblut et Armand Monna, Toulouse, métamorphoses du siècle, Portet-sur-Garonne, Éditions Empreintes, , 133 p. (ISBN 2-913319-13-0, notice BnF no FRBNF37653922).
  • Quitterie Cazes, Le quartier canonial de la cathédrale Saint-Étienne de Toulouse, dans Archéologie du Midi médiéval, supplément no 2, 1998, p. 1-194.
  • Raphaël De Filippo, Xavier Peixoto et Christine Sauvage, Archéologie et projets urbains : la place Saint-Étienne, Toulouse, Toulouse, 1988.
  • Raphaël De Filippo, « Les fouilles archéologiques de la place Saint-Étienne », L'Auta, no 537, juin 1988, p. 164-171.

Articles connexes

Lien externe

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