Pilori

Un pilori est un poteau ou un dispositif auquel un condamné est attaché temporairement pour être vu du public qui, impressionné, est censé s'efforcer de ne pas se retrouver un jour en pareille situation.

Pilori de la région de la Dalécarlie, Suède (au musée nordique de Stockholm).

Étymologie

L'étymologie incertaine pourrait être en rapport avec la localisation d'un gibet à proximité d'un puits appartenant à un bourgeois nommé Lori mentionnée dans un contrat de 1295 « Puteus dictus Lori »[1]. Son origine plus vraisemblable serait une dérivation du latin « pila », pile, ayant donné en latin médiéval « pelliorium », le suffixe « orium » exprimant un lieu de séjour prolongé[2] .

Présentation

Le pilori est un signe de haute justice qui ne sert pas à mettre à mort. Il est également appelé échelle patibulaire, à ne pas confondre avec les fourches patibulaires et les signes patibulaires[3].

L’exposition publique est une peine afflictive et infamante d’Ancien Régime, plus grave que le blâme et l’amende honorable, mais moins que le fouet, la mutilation, les galères, le bannissement et la question[4].

Histoire

Les piloris proprement dits étaient des structures pivotantes en lanterne pouvant contenir un ou plusieurs hommes généralement agenouillés. Les échelles de justice étaient des simples poteaux ou des échelles de bois munies d'une plateforme d'exposition. Les seigneurs haut-justiciers ne pouvaient avoir de pilori dans les localités où le roi avait le sien. Dans celles-ci, ils ne pouvaient avoir qu'une échelle de justice. Ainsi, il n'existait à Paris qu'un seul pilori, celui du roi au milieu du marché des Halles, à l'exception de celui de l'Abbaye de Saint-Germain qui était à l'origine hors de la capitale.

Le pilori des halles était une tour avec un rez-de-chaussée habitable surmonté d'un étage hexagonal sur une roue mobile en fer, avec la place pour six condamnés. Les parois étaient percées de trous dans lesquels le condamné passait sa tête et ses mains[1].

« Pilori » désigne également le tourment lui-même dont la durée était variable, allant de quelques heures à plusieurs jours. Il pouvait s'assortir de diverses autres peines.

Utilisé depuis le Moyen Âge, il était un droit seigneurial, parfois un simple poteau que le seigneur faisait planter sur la place du village pour signifier qu'il avait le droit de justice sur ce fief.

En Belgique orientale, le pilori donnera naissance au perron, symbole du pouvoir communal.

En France, le pilori porte aussi le nom d'échelle, notamment dans des régions près de Paris, où certaines communes possèdent encore une « rue de l'échelle » perpétuant ce souvenir. Le condamné, pour accéder au plancher où il est exposé au public, devait emprunter une échelle d'où le nom de ce tourment. On le trouve cité dans les coutumiers de Sens, Auxerre, ou dans les Coutumes de Beauvaisis qui relatent : « Cil qui jure vilainement de Dieu et Notre Dame doivent etre mis en lesquel une hore du jour en la présence du commun, parce qu'il ait honte ».

La peine de l'exposition publique était infligée aux commerçants ayant fait usage de faux-poids, aux faux-témoins, aux proxénètes, entremetteuses et aux blasphémateurs.

Par application d'un édit du de Philippe VI de Valois, le blasphémateur avait la lèvre supérieure fendue en cas de récidive, la lèvre inférieure la troisième fois, la langue coupée la cinquième fois. La peine est adoucie par un édit de Louis XIV de qui précise que la langue ne serait coupée qu'à la huitième récidive.

Les piloris et échelles tombés en désuétude (celui des Halles de Paris est supprimé en 1789) sont remplacés en l'an IV par le carcan puis en 1832 par une exposition publique prévue par l'article 22 du code pénal en « peine accessoire » d'une condamnation aux travaux forcés ou à la réclusion. Le condamné était exposé « au regard du peuple » pendant une heure sur une place publique, un écriteau informant les passants sur son nom et le crime commis. Il s'agissait de renforcer l'exemplarité de la peine principale, mais son intérêt de ce point de vue fut l'objet de doutes, particulièrement, dans les grandes villes, cas le plus fréquent, où l'événement, devenu banal, ne retenait plus l'attention et où par ailleurs le condamné était relativement inconnu et plus indifférent à sa réputation. Si bien qu'à partir de 1832, le carcan est laissé à l'appréciation des juges de la cour d'assises, hors les cas de récidive, puis la peine est supprimée par un décret du [5].

Une forme plus simple du pilori était le carcan ou cangue en Extrême-Orient, une planche percée de un à trois trous où on coinçait la tête et parfois les deux mains du condamné de manière à pouvoir le promener. Mais cette utilisation permettait également de tuer ce dernier par strangulation, en maintenant la cangue horizontalement à une hauteur supérieure à celle du condamné, dont les pieds étaient parfois lestés de lourdes pierres.


Le pilori se présente sous plusieurs formes: ça peut être un collier de fer relié à une chaîne, et attaché au poteau ou au mur, mais il peut aussi se présenter sous la forme d'un dispositif en bois, en deux parties, qui est constitué de deux pièces en bois avec dans chacune trois demis cercle, deux petit pour les mains, et un grand pour le cou. l'orsque que l´on ferme le dispositif, cela forme donc trois cercles, assez grand pour qu'on y insère les poignets et le cou du prisonnier, et assez petit pour l'empêcher de bouger et de sortir.

Notes et références

  1. Jacques Hillairet lien auteur1=Jacques Hillairet, Gibets, piloris et cachots du vieux Paris, Paris, éditions de Minuit, , 338 p., p. 48.
  2. Définitions lexicographiques et étymologiques de « pilori » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales.
  3. Denis Diderot et Jean Le Rond d'Alembert, Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers (lire en ligne).
  4. Jean-Sébastien Jolin Gignac, « Les peines et les châtiments », Justice.gouv.qc.ca, (consulté le ).
  5. Annick Tillier, Des criminelles au village : Femmes infanticides en Bretagne (1825-1865), Presses Universitaires de Rennes, p. 139.

Annexes

Articles connexes

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