Place Saintes-Scarbes
La place Saintes-Scarbes (en occitan : plaça Santas Carbas) est une place du centre historique de Toulouse, en France. Elle se situe dans le quartier Saint-Étienne, dans le secteur 1 de la ville. Elle appartient au secteur sauvegardé de Toulouse.
Place Saintes-Scarbes (oc) Plaça de l'Olm de Santas Carbas | |
La place Saintes-Scarbes et sa fontaine. | |
Situation | |
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Coordonnées | 43° 35′ 54″ nord, 1° 26′ 56″ est |
Pays | France |
Région | Occitanie |
Ville | Toulouse |
Quartier(s) | Saint-Étienne |
Morphologie | |
Type | Place |
Forme | Triangulaire |
Superficie | 1 400 m2 |
Histoire | |
Anciens noms | Place de l'Orme-des-Saintes-Carbes (début du XIIe siècle) Place Saintes-Carbes (milieu du XVIe siècle) Place Saintes-Scarbes (fin du XVIIe siècle) |
Toponymie
Depuis le Moyen Âge, le nom de la place n'a pas changé. Elle est déjà connue, dans la Chanson de la croisade albigeoise, au début du XIIe siècle, comme la place de l'Orme-des-Saintes-Carbes. Ces « carbes » (carbas en occitan) seraient des gerbes ou des brassées de blé qui étaient déposées en offrande devant un oratoire dédié à la Vierge au centre de la place, près d'un orme. À partir du milieu du XVIe siècle, le nom devient simplement place des Saintes-Carbes. Par déformation ou mauvaise transcription de la prononciation occitane en français, les Saintes-Carbes deviennent les Saintes-Scarbes. En 1794, pendant la Révolution française, la place fut quelque temps renommée place de l'Égalité, sans que le nom se conserve[1].
Voies rencontrées
La place Saintes-Scarbes rencontre les voies suivantes, dans l'ordre des numéros croissants :
Lieux et monuments remarquables
- au centre de la place : fontaine Saintes-Scarbes (1989 ; 2006).
Une première fontaine, créée en 1989 par l'architecte André Vernette, est détruite en 2002, à la suite des protestations des riverains de la place. Elle est remplacée en 2006 par la reproduction d'une fontaine qui se trouvait dans le petit cloître des Augustins. La fontaine est constituée d'un bassin circulaire au milieu duquel s'élève une colonne qui soutient une vasque, surmontée d'une sculpture anonyme de Diane du XVIIIe siècle[2],[3].
- Fontaine Saintes-Scarbes.
- Le Petit cloître des Augustins à Toulouse, par Georges Castex (1897, Musée des Augustins).
- no 1 : hôtel de Castelpers (1771) ; hôtel de Murviel ou d'Arquata. Inscrit MH (1927, rampe d'escalier en fer forgé)[4].
En 1752, le marquis de Castelpers achète un vaste hôtel qu'il souhaite remettre au goût du jour : en 1771, il fait reconstruire la façade sur rue. En 1776, il vend sa propriété à Tristan de Caulet, marquis de Gramond, ancien officier supérieur des gardes du roi, capitoul de 1782 à 1785 et de 1787 à 1790. Il revend à son tour l'hôtel en 1783 à Marie-Antoinette de Carrion de Murviel, baronne des États de Languedoc et épouse d'Augustin Spinola, marquis d'Arquata.
L'hôtel se développe sur cinq niveaux : un sous-sol, un rez-de-chaussée, un entresol et deux étages décroissants. Il est rythmé par sept travées, la 1re et la 6e étant mises en valeur par une légère saillie. C'est dans la 1re travée que se trouve justement la porte cochère, dont l'encadrement est en pierre de taille. La corniche du portail est supportée par deux consoles ornées de roses. À l'entresol et aux étages, les fenêtres sont rectangulaires : celles du 1er étage sont dotées d'un garde-corps en fer forgé ; celles du 2e étage possèdent un appui en pierre reposant sur des consoles ornées d'un triglyphe complété par des gouttes. L'élévation est couronnée par une large corniche.
La porte cochère ouvre sur un passage couvert, qui donne accès au hall d'entrée où se trouve un escalier monumental en pierre de taille. L'escalier est suspendu et ses marches reposent d'un côté sur le mur de la cage et de l'autre sur des arcs rampants qui forment le limon. Les croisements d'arc sont ornés d'une retombée pendante en cul-de-lampe. La rampe en fer forgé est attribué au serrurier Joseph Bosc. Elle se compose de panneaux rectangulaires ornés d'un vase antique encadré par une rosace avec des arabesques et des feuilles d'acanthe. La cage d'escalier est décorée de sculptures : Hercule, empereurs romains et lion[5].
- no 2 : immeuble de Jean Nelle (fin du XVIIIe siècle).
L'immeuble est construit à la fin du XVIIIe siècle dans le style néo-classique Louis XVI, peut-être pour l'architecte Jean Nelle, qui y réside à partir de 1770. La façade symétrique est large de trois travées et s'élève sur deux étages. Au rez-de-chaussée, la porte cochère, placée à gauche, est surmontée d'une large imposte en fer forgé. Aux étages, les fenêtres sont rectangulaires, dotées d'appuis en pierre et de garde-corps en fer forgé aux motifs géométriques. Elles sont reliées entre elles par des motifs de tables, mais seules celles du 1er étage sont surmontées d'une corniche. Une large corniche moulurée couronne l'élévation[6].
- no 4 : immeuble (XIXe siècle).
L'immeuble est construit dans un style néo-classique représentatif du XIXe siècle toulousain. Il s'élève sur quatre niveaux. Le rez-de-chaussée en brique est couvert d'un enduit orné d'un bossage. Il se compose d'une porte cochère latérale en plein-cintre et de quatre fenêtres rectangulaires. Aux 1er et 2e étages, l'élévation est encadrée par des pilastres : ceux du 1er étage, de style dorique à bossage, sont simples et supportent des entablements, tandis que ceux du 2e étage, de style dorique, mais sans bossage, sont doubles et supportent une large corniche moulurée. Le dernier étage, percé de petites fenêtres, est traité comme un étage d'attique[7].
- no 6 : hôtel du Bourg (1683).
L'hôtel appartient, dans les années 1570, à Jean de Vézian, conseiller au Parlement de 1573 à 1593, marié en 1569 à Jeanne de Mansencal. En 1595, il est occupé par Pierre du Bourg, greffier criminel au Parlement, marié à la fille de Jean de Vézian, Madeleine. À partir de cette date, l'hôtel reste dans la famille du Bourg. On retrouve vers 1650 Léonard Aymable du Bourg de Cavaignes, seigneur de Lapeyrouse, capitoul en 1656-1657, puis, vers 1676, son fils Gabriel Aymable du Bourg-Cavaignes, seigneur de Lapeyrouse, conseiller au Parlement de 1676 à 1715. En 1683, Léonard du Bourg achète une partie de l'immeuble de Jean Montjuif, sur la rue Fermat (actuel no 2), et fait élever une nouvelle façade.
L'hôtel est composé de quatre corps de bâtiments qui encadrent une cour intérieure. Il s'élève sur deux étages et un étage de comble et, du côté de la place Saintes-Scarbes, il compte six travées. Au rez-de-chaussée s'ouvre une porte cochère en brique et pierre alternées, dont la voûte en plein-cintre est surmontée d'une corniche. Au 1er et au 2e étage, les fenêtres rectangulaires ont également des encadrements en brique et pierre alternées, dont les jambages se prolongent jusqu'au niveau inférieur. Des cordons de briques courent le long de la façade au niveau des appuis et des corniches des fenêtres. Les deux fenêtres du plan coupé entre la place et la rue Fermat possèdent un balcon soutenu par des consoles en pierre et doté d'un garde-corps en fer forgé. L'élévation est surmontée d'une corniche à modillons[8].
- no 7 : immeuble en corondage (XVIIe siècle ?).
L'immeuble en corondage est probablement construit au XVIIe siècle, à l'angle de la rue Ninau. Il s'élève sur quatre niveaux et compte trois travées sur la place Saintes-Scarbes. La structure en pan de bois n'est pas visible, cachée par l'enduit qui la recouvre[9].
- no 8 : immeuble (XVIIIe siècle ; 1885). Inscrit MH (1946, façade et toiture)[10].
L'immeuble est élevé au cours du XVIIIe siècle, mais il est en partie remanié en 1885 pour le compte du propriétaire Nercy, qui installe son entreprise Meubles Nercy Tentures au rez-de-chaussée et fait ajouter le décor de terre cuite qui agrémente les fenêtres. La façade, large de quatre travées, se développe sur trois étages décroissants. Le rez-de-chaussée est ouvert par une porte d'entrée décentrée, une arcade de boutique à droite et une entrée de garage à gauche qui a fait disparaître au XXe siècle une arcade de boutique et une fenêtre. Les étages sont ouverts par des fenêtres segmentaires surmontées d'une corniche. Elles présentent un riche décor en terre cuite : les consoles au niveau des appuis sont ornées de feuillages et le couronnement des fenêtres présente un décor de fleurs, de feuillages, de palmettes et de visages fantastiques. L'élévation est couronnée par une large corniche débordante[11].
- no 11 : immeuble (XVIIIe siècle).
L'immeuble, de style classique, est élevé au XVIIIe siècle. La façade, large de cinq travées et haute de trois étages, est symétrique. Au rez-de-chaussée, toutes les ouvertures sont rectangulaires, sauf l'arcade de boutique de la dernière travée à droite qui est segmentaire. Il est séparé des étages supérieurs par un cordon de brique. Aux 1er et 2e étages, les fenêtres rectangulaires, en brique et pierre alternées, ont des appuis en pierre et sont surmontées de corniches. Celles du 1er étage sont dotées de garde-corps en fer forgé. Un cordon de brique court au niveau des corniches des fenêtres du 2e étage. Le dernier étage à loggia a été ajouté au XIXe siècle : le toit est soutenu par deux pilastres en brique et quatre colonnes en bois de style dorique.
- Escalier de l'hôtel de Castelpers.
- Façade de l'immeuble no 8.
Notes et références
- Jules Chalande, 1925, p. 314.
- Johanna Decorse, « Place Saintes-Scarbes : chic et très chère », La Dépêche du Midi, 21 juin 2011.
- Laure Krispin, « Fiche d'information détaillée Patrimoine Architectural: IA31130858 », Inventaire général Région Midi-Pyrénées, Ville de Toulouse, sur le site Urban-Hist, Archives municipales de Toulouse, 2004 et 2016, consulté le 28 février 2017.
- Notice no PA00094531, base Mérimée, ministère français de la Culture
- Louise-Emmanuelle Friquart, Laure Krispin et Nathalie Prat, « Fiche d'information détaillée Patrimoine Architectural: IA31116324 », Inventaire général Région Midi-Pyrénées, Ville de Toulouse, sur le site Urban-Hist, Archives municipales de Toulouse, 1996, consulté le 28 février 2017.
- Annie Noé-Dufour, « Fiche d'information détaillée Patrimoine Architectural: IA31124792 », Inventaire général Région Midi-Pyrénées, Ville de Toulouse, sur le site Urban-Hist, Archives municipales de Toulouse, 1997, consulté le 28 février 2017.
- Louise-Emmanuelle Friquart et Laure Krispin, « Fiche d'information détaillée Patrimoine Architectural: IA31132825 », Inventaire général Région Midi-Pyrénées, Ville de Toulouse, sur le site Urban-Hist, Archives municipales de Toulouse, 2009, consulté le 28 février 2017.
- Louise-Emmanuelle Friquart et Laure Krispin, « Fiche d'information détaillée Patrimoine Architectural: IA31132903 », Inventaire général Région Midi-Pyrénées, Ville de Toulouse, sur le site Urban-Hist, Archives municipales de Toulouse, 2009, consulté le 28 février 2017.
- Dany Rullier, « Fiche d'information détaillée Patrimoine Architectural: IA31130690 », Inventaire général Région Midi-Pyrénées, Ville de Toulouse, sur le site Urban-Hist, Archives municipales de Toulouse, 2004, consulté le 28 février 2017.
- Notice no PA00094593, base Mérimée, ministère français de la Culture
- Louise-Emmanuelle Friquart, Laure Krispin et Nathalie Prat, « Fiche d'information détaillée Patrimoine Architectural: IA31116164 », Inventaire général Région Midi-Pyrénées, Ville de Toulouse, sur le site Urban-Hist, Archives municipales de Toulouse, 1996, consulté le 28 février 2017.
Voir aussi
Bibliographie
- Jules Chalande, « Histoire des rues de Toulouse », Mémoires de l'Académie des Sciences et Belles-Lettres de Toulouse, 12e série, tome III, Toulouse, 1923, p. 314-319.
- Pierre Salies, Dictionnaire des rues de Toulouse, 2 vol., éd. Milan, Toulouse, 1989 (ISBN 978-2867263545)
- « L'orme de Saintes-Scarbes », La Dépêche du Midi, .
Articles connexes
- Quartier Saint-Étienne
- Liste des voies de Toulouse
- Hôtels particuliers de Toulouse
- Liste des monuments historiques de Toulouse
- Liste des œuvres publiques de Toulouse
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