Nicola Sirkis
Nicolas Henri Didier Sirchis, dit Nicola Sirkis[alpha 1], né le à Antony (Hauts-de-Seine), est un auteur-compositeur-interprète, chanteur et musicien français.
Nom de naissance | Nicolas Henri Didier Sirchis |
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Naissance |
Antony, France |
Activité principale | |
Genre musical | |
Instruments | |
Années actives | Depuis 1981 |
Labels | Indochine Records |
Site officiel | Site d’Indochine |
Il est le chanteur principal et guitariste du groupe français Indochine.
Biographie
Origines familiales
Nicola Sirkis est le frère jumeau de l'ancien guitariste du groupe Indochine, Stéphane Sirkis, mort le , d'une hépatite C selon Nicola ou d'une overdose à l'hôpital Saint-Antoine selon son frère aîné, le réalisateur Christophe Sirkis[1].
La famille paternelle de Stéphane et Nicolas Sirkis est d'origine juive russe, ayant fui l'antisémitisme de Chișinău[2] (capitale de la Bessarabie puis de la Moldavie) en 1933 pour s'installer modestement à Toulouse, après avoir travaillé quelques années dans un kibboutz en Palestine[3]. Leur père, Jean Sirkis, perd à 12 ans un petit frère encore bébé. Durant la Seconde guerre mondiale, il échappe de peu à une rafle puis en tant que juif, il n’a pas le droit d’entrer à l’École de chimie de Toulouse avant la Libération ; il devient résistant dans le Tarn et communiste mais Nicolas et ses frères n'ont connaissance de ce passé qu'assez tardivement[1].
Leur famille maternelle est d'origine vosgienne catholique, famille de militaires français où l'on vouvoie ses parents[1], marquée politiquement à droite[réf. nécessaire]. Leur mère, Michèle Henry, rencontre Jean Sirkis à Saclay et le couple se marie à l'église en 1956, où une bénédiction est donnée à cette union interreligieuse[3]. Les enfants Sirkis seront baptisés et feront leur communion également à l'église[3].
Jeunesse turbulente
Alors que Nicolas et Stéphane n'ont que deux ans et habitent Igny, leur famille déménage à Bruxelles où leur père est nommé ingénieur chimiste au sein d'Euratom. C'est donc dans une famille plutôt bourgeoise qu'ils seront élevés, bercés par la musique classique qu'écoutaient leurs parents.
Lorsqu'il a 12 ans, ses parents divorcent et placent leurs trois garçons dans un pensionnat près de la frontière franco-belge[4]. Après deux années, sa mère réinstallée en France récupère ses trois enfants dans son logement à Châtillon[5],[4]. Au collège, les résultats de Nicolas sont tels qu'il est placé dans une « classe aménagée » en école privée à Paris et donc, séparé de son frère jumeau[4]. Nicola Sirkis affirme qu'en grandissant, sa jeunesse avait été fortement perturbée par le divorce de ses parents, la drogue et l'alcool, et qu'il a plusieurs fois été renvoyé de ses établissements scolaires (dont le lycée Emmanuel-Mounier de Châtenay-Malabry dans les Hauts-de-Seine et le lycée Jacques-Monod de Clamart) avec son frère Stéphane. Il rate ainsi son baccalauréat à quatre reprises[1].
Le jeune homme est attiré par la musique issue de la vague punk et écoute des groupes britanniques comme The Cure, The Strangler ou Les Clash[4].
Engagement avec Indochine
En 1980, Nicolas rejoint le groupe de musique fondé par son frère Stéphane, Les Espions, qui compte une dizaine de titres à son répertoire. Son premier tour de chant a lieu à Angers lors d’un mariage[4].
En mai 1981, il rencontre Dominique Nicolas, et forme avec lui le groupe Indochine, en référence à l'ouvrage de Marguerite Duras[6], avec comme nom de scène « Nicola Sirkis ». Son frère Stéphane (piano) et Dimitri Bodianski (saxophone) les rejoignent par la suite afin de se produire en concert ; le premier est donné au Rose Bonbon à Paris, le 29 septembre 1981 où Nichola, influencé par le style punk et sa violence, annonce au public les titres sèchement[4]. L'Aventurier, premier album du groupe, est un grand succès. Les albums Le Péril jaune, 3 et 7000 danses vont suivre, enchaînant les tubes : Kao Bang, Canary Bay, 3 nuits par semaine, 3e sexe, Tes yeux noirs, Salômbo, Les Tzars...
Mais dans les années 1990, Indochine est délaissé par la presse qui considère le groupe comme démodé (un article virulent parlera de « sinistre ringardise échappée des années 1980 »[7]). Cette décennie marquera une longue traversée du désert pour Nicola Sirkis et Indochine. Mais le chanteur du groupe ne perd pas espoir, et insiste pour qu'Indochine poursuive sa route sous le même nom, malgré le départ en 1995 de Dominique Nicolas.
Nicola Sirkis perd son frère Stéphane Sirkis le et la sortie de l'album Dancetaria est retardée en conséquence. Cette mort est une tragédie pour la famille Sirkis qui éclate[1]. Pour rendre hommage à son frère, Nicola Sirkis organise « Le Stef concert » durant le Dancetaria Tour, et écrit en 2001 (sur l'album Paradize) la chanson Electrastar composée par Olivier Gérard.
Le groupe renoue avec le succès avec la sortie en 2002 de l'album Paradize, porté notamment par le single J'ai demandé à la lune, qui jouit d'un excellent accueil critique et commercial. Le , Indochine devient le premier groupe de rock français à remplir le Stade de France.
En solo
En 1992, Nicola Sirkis sort son unique album solo, Dans la lune..., réalisé avec Marie Guillard et le groupe Les Valentins.
Participation culturelle
Nicola Sirkis a participé le au marathon des mots de Toulouse où il a fait une lecture de Un jour rêvé pour le poisson banane et autres nouvelles de J. D. Salinger.
Il participe parfois à la rédaction de certains journaux en tant que rédacteur en chef d'un jour, notamment aux Dernières Nouvelles d'Alsace[8], au Soir, à Ouest-France, au Figaroscope[9].
En 2014, il chante Hexagone sur l'album-hommage La Bande à Renaud, qui sort le . Puis sur le volume 2, qui sortit le , il interprète P’tite conne.
En 2015, il interprète L'opportuniste, en duo avec Jacques Dutronc, sur l'album Joyeux Anniversaire M'sieur Dutronc qui paraît le , à l'occasion des 70 ans du chanteur.
Vie personnelle
Il est en couple pendant sept ans avec la graphiste et photographe Marion Bataille[10]. C'est elle qui a conçu les pochettes d'Indochine de 1982 à 1989.
Il épouse ensuite l'actrice Marie Guillard le [réf. nécessaire].
En 1996, il rencontre Gwenaëlle Bouchet - dite Gwen B ou Gwen Blast, bassiste du groupe Madinkà - fan d'Indochine, qui participa en tant que figurante dans les clips Satellite et Drugstar de l'album Wax[11]. Ils ont une fille, Théa, née le , et se marient en 2003 à Paris. Le couple se sépare en 2009[12].
Depuis, Nicola Sirkis a eu deux fils avec deux femmes différentes, Alice-Tom en 2008 et Jules en 2016[13].
Prises de position
Indochine joue le au concert organisé par SOS Racisme place de la Concorde à Paris.
Le groupe a enregistré une reprise de Road to Nowhere, chanson du groupe Talking Heads sur un album en faveur de la liberté de la presse dans le monde en 2002, ainsi qu'une version de You Spin Me Round (Like a Record) du groupe Dead or Alive, en 2008 au profit de Reporters sans frontières, pour le boycott de la cérémonie d'ouverture des JO de Pékin.
Nicola Sirkis est le parrain officiel de plusieurs associations :
- Craniopharyngiome Solidarité, depuis , qui informe et soutient les familles et personnes touchées par cette maladie rare[14] ;
- Les Parents, créée par Willy Pierre à la suite du décès du jeune Matteo (13 ans), cette association vient en aide aux victimes de harcèlement scolaire et lutte contre ce dernier. Le single College Boy (2013), de Nicola Sirkis, dénonce l'homophobie et la violence en milieu scolaire par les élèves. Le clip associé, réalisé par Xavier Dolan, d'une violence assumée, généra une certaine polémique sur la nécessité de montrer ou non les images jugées choquantes, et l'avantage commercial induit par le buzz médiatique[15],[16],[17],[18] ;
- le Refuge, qui lutte contre les discriminations liées aux orientations sexuelles et à la transidentité, notamment au sein des familles[19].
Le site officiel du groupe propose une rubrique « Sites associatifs » qui renvoie à différentes organisations luttant contre les discriminations sexuelles, l'homophobie, le racisme, pour la liberté de la presse, du Tibet, ou la protection de la nature, ainsi que des associations à but caritatif, notamment dans des domaines médicaux[20].
Le chanteur s'est par ailleurs positionné contre le FN, en comparant le parti présidé par Marine Le Pen à un parti néo-nazi[21],[6].
Nicola Sirkis a condamné les propos homophobes tenus par certains membres du groupe de rap Sexion d'assaut dans leurs chansons, changeant au passage de maison de disques[22].
Discographie
En solo
Édition musicale
Le , Nicola Sirkis fonde le label musical KMS Disques[23],[24] rattaché à Sony Music Entertainment France[25]. Après une première compilation (Girls Don’t Cry), ses premières signatures seront le groupe Requin Chagrin en 2018 et Toybloïd en 2020[26].
Publications
- Les Mauvaises nouvelles, Paris : Lattès, 1998, rééd. 2005 (augmentée d’une nouvelle inédite et des illustrations de Valérie Lenoir) et 2007, J'ai lu, (ISBN 9782290003053) (sans illustrations).
- Préface du livre WAZA de Michelle Brun (mère d'un enfant atteint d'un craniopharyngiome)
- Les Petites Notes du Météor Tour, livre racontant la dernière tournée.
- Kissing my Songs, textes et conversations avec Agnès Michaux, Paris, Flammarion, 2011, (ISBN 9782081268142)
- Préface de l'intégrale de Bidouille et Violette, une série de bande dessinée créée par Bernard Hislaire.
Distinctions
Récompense
- Victoire d'honneur des Victoires de la musique le [27].
Décoration
- Officier de l'ordre des Arts et des Lettres D'abord proposé comme Chevalier des arts et des lettres en 2011 mais qu'il a refusé[28] (le ministre (ndlr : Frédéric Mitterrand) et le gouvernement ne lui plaisaient pas)[29], puis officier le [30].
Notes et références
Notes
- Le patronyme Sirkis était à l'origine écrit en alphabet cyrillique avec l'équivalent du « k » de l'alphabet latin, mais la famille Sirkis vivant en Moldavie, région annexée par la Roumanie, dut retranscrire son nom en roumain ; or, le roumain ne connaissant pas le « k » et utilisant la graphie « ch » pour le retranscrire, la famille Sirkis écrivit son nom Sirchis en Roumanie. Quand le père de Nicola Sirkis vint s'installer en France, il conserva l'orthographe avec « ch » bien que celle avec un « k » soit celle d'origine.
Références
- Emmanuel Marolle, « Indochine : Nicola Sirkis, guerre et paix », sur leparisien.fr, (consulté le )
- En 1903 et 1905, l'antisémitisme des civils comme celui du clergé orthodoxe conduisent à deux pogroms notables à Chișinău.
- Guillaume B. Decherf, Indochine : pas de repos pour l'aventurier, Editions Premium, dl 2010 (ISBN 978-2-35636-091-5 et 2-35636-091-3, OCLC 800738444, lire en ligne)
- « Indochine ne fait plus la 1ère partie de Taxi Girl » (consulté le )
- Sébastien Michaud, INDOCHINE Insolence rock, Camion Blanc, , p. 26.
- Prisma Média, « Nicola Sirkis (Indochine) « content d'avoir un président qui est tombé amoureux de sa prof » - Gala », sur Gala.fr, (consulté le )
- « Des fleurs pour Indochine », sur Voir.Ca, .
- http://photos.dna.fr/galerie.php?id=DIAP080310190_864FCA
- Alice Bosio et Armelle de Rocquigny, « Nicola Sirkis, rédacteur en chef du Figaroscope », Le Figaro, (lire en ligne , consulté le ).
- « Indochine : Nicolas Sirkis fête ses 58 ans, voici 15 choses à savoir sur lui », sur virginradio.fr (consulté le )
- L'essentiel Online, article de Ludovic Jaccar.
- Prisma Média, « Gwen Blast - La biographie de Gwen Blast avec Gala.fr », sur Gala.fr (consulté le )
- Emmanuel Marolle, « Indochine : Nicola Sirkis, guerre et paix », sur LeParisien.fr,
- Webmaster, « Dossier de Presse », sur www.craniopharyngiome-solidarite.org (consulté le )
- « ASSOCIATION LES PARENTS », sur ASSOCIATION LES PARENTS (consulté le )
- Mathilde Cesbron, « Indochine: la censure de College Boy révèle «une culture de la lâcheté» », Le Figaro, (ISSN 0182-5852, lire en ligne, consulté le )
- « Polémique autour du clip "College Boy" d’Indochine : "Une hypocrisie", selon Xavier Dolan - France 24 », France 24, (lire en ligne, consulté le )
- « "College Boy" d'Indochine : censurer ce clip magnifique serait une aberration », leplus.nouvelobs.com, (lire en ligne, consulté le )
- « Nos parrains et marraines », sur www.le-refuge.org (consulté le )
- « Liens | Indochine », sur www.indo.fr (consulté le )
- « Quotidien : quand Nicola Sirkis compare le FN à un "parti néo-nazi" », sur Closer, (consulté le ).
- « Nicola Sirkis change de label à cause des Sexion d’Assaut », sur Closer, (consulté le ).
- « Indochine : Nicola Sirkis crée son label de musique KMS Disques », sur On Stage, (consulté le )
- « Nicola Sirkis fonde son propre label », sur OÜI FM (consulté le )
- (en-US) « Nicola Sirkis lance KMS Disques, un label hébergé au sein de Sony Music France par A+LSO », sur Sony Music France, (consulté le )
- « KMS Disques », sur Discogs (consulté le )
- AFP, « Indochine "fier et ému" de recevoir une Victoire d'honneur », sur leparisien.fr,
- Aourell GUIVARCH-TONNARD, « Fête du Bruit. 5 choses que vous ne savez (peut-être) pas sur Indochine », sur ouest-france.fr,
- « Nicola Sirkis : «Je ne crois plus en Dieu depuis la mort de mon frère» », sur leparisien.fr,
- Ministère de la Culture et de la Communication, « Nomination dans l'ordre des Arts et des Lettres septembre 2012 », sur culture.gouv.fr
Annexes
Article connexe
Liens externes
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