Mohammed VI
Mohammed VI (en arabe marocain : محمد السادس, en berbère marocain : ⵎⵓⵃⵎⵎⴷ ⵡⵉⵙⵙ ⵚⴹⵉⵚ), né le à Rabat (Maroc), est le vingt-troisième monarque de la dynastie alaouite, et le troisième à porter le titre de roi du Maroc, depuis le .
Pour les articles homonymes, voir Mohammed VI (homonymie) et M6 (homonymie).
Mohammed VI محمد السادس ⵎⵓⵃⵎⵎⴷ ⵡⵉⵙⵙ ⵚⴹⵉⵚ | |
Mohammed VI en 2015. | |
Titre | |
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Roi du Maroc | |
En fonction depuis le (22 ans, 1 mois et 29 jours) |
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Couronnement | |
Premier ministre | Abderrahman El Youssoufi Driss Jettou Abbas El Fassi |
Chef du gouvernement | Abbas El Fassi Abdel-Ilah Benkiran Saad Dine El Otmani |
Prédécesseur | Hassan II |
Prince héritier du Maroc | |
– (35 ans, 11 mois et 2 jours) |
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Monarque | Hassan II |
Prédécesseur | Moulay Abdellah |
Successeur | Moulay Rachid |
Biographie | |
Hymne royal | Hymne national |
Dynastie | alaouite |
Nom de naissance | Mohammed ben El-Hassan Alaoui |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Rabat (Royaume du Maroc) |
Nationalité | Marocain |
Père | Hassan II |
Mère | Lalla Latifa |
Fratrie | Rachid ben El-Hassan Alaoui |
Conjoint | Lalla Salma |
Enfants | Moulay El-Hassan Lalla Khadija |
Héritier | Moulay El-Hassan |
Diplômé de | Université Mohammed V - Agdal Université Nice-Sophia-Antipolis |
Religion | Islam sunnite |
Résidence | Palais royal de Rabat |
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Monarques du Maroc | |
Situation personnelle
Origines et formation
Il est le fils de Hassan II et de Lalla Latifa, une amazighe d'origine zayane de Khénifra[1], dite « Mère des enfants royaux[N 1] ». Son père le fait entrer, à l'âge de quatre ans, au Collège royal à Rabat. Le , à l'âge de 9 ans, il obtient le certificat d’études primaires et poursuit ses études secondaires au Collège royal où il obtient son baccalauréat marocain en 1981.
En 1985, il obtient sa licence en droit à la faculté des sciences juridiques, économiques et sociales de Rabat. Le sujet de son mémoire porte sur « l'Union arabo-africaine et la stratégie du royaume du Maroc en matière de relations internationales ».
En 1987, il obtient le premier certificat d’études supérieures (CES) en sciences politiques avec mention. En , il réussit, avec mention, ses derniers examens pour l’obtention du DEA en droit public.
Son père décide de l’envoyer, en , à Bruxelles, en vue d’effectuer un stage de quelques mois auprès de Jacques Delors, président de la Commission européenne.
Sa première mission officielle à l’étranger a lieu le quand, âgé de 10 ans, il représente Hassan II lors des obsèques du président français, Georges Pompidou. Du au , il effectue une tournée dans plusieurs pays africains et rencontre les présidents Léopold Sédar Senghor du Sénégal, Ahmed Sékou Touré de Guinée, Félix Houphouët-Boigny de la Côte d’Ivoire, Ahmadou Ahidjo du Cameroun et Shehu Shagari du Nigeria. Il leur remet des messages personnels du roi Hassan II.
Le , il est nommé président du Comité d’organisation des IXes Jeux méditerranéens de Casablanca. Le , il préside la délégation marocaine aux travaux du VIIe sommet des pays non-alignés à New Delhi et prononce un important discours dans lequel il rappelle les positions du Maroc à l’égard de diverses questions arabes, africaines et internationales. Le , le prince héritier préside la délégation marocaine aux travaux du comité de mise en œuvre de l’Organisation de l'unité africaine sur le Sahara à Addis-Abeba.
Le , il est nommé, par le souverain, coordonnateur des bureaux et services de l’état-major général des Forces armées royales.
Du 11 au , le prince héritier effectue une visite officielle en Arabie saoudite. Du au , il se déplace en visite officielle au Japon. Le , il représente le roi Hassan II au Japon aux obsèques de l’empereur Hirohito.
Le , il obtient, à l'université de Nice Sophia-Antipolis en France, le titre de docteur en droit avec la mention « très honorable », à la suite d'une thèse intitulée La Coopération entre la Communauté économique européenne et l’Union du Maghreb arabe.
Le , son père le promeut général de division.
Le , il préside l’ouverture des travaux de la conférence ministérielle du GATT à Marrakech. Le qui suit, il participe aux travaux de la réunion du groupe consultatif, à Genève, en prévision de la célébration du 50e anniversaire de la constitution de l’ONU.
Le , il préside l’ouverture des travaux de la Commission nationale pour la célébration du 50e anniversaire de l’ONU.
Du au , il représente le roi Hassan II aux travaux de la session extraordinaire de l’Assemblée générale des Nations unies sur l’environnement intitulée « le Sommet de la Terre ».
Le , il a été nommé docteur honoris causa par l’université George Washington[2].
Situation familiale
Le [3], après des fiançailles prononcées le [3], Mohammed VI épouse dans l'intimité Salma Bennani, issue de la classe moyenne de Fès, à laquelle il accorde le titre de princesse avec traitement d'altesse royale. Leurs noces sont officiellement célébrées à Rabat les 12, 13 et [4].
Le couple royal a donné naissance à deux enfants, portant la qualification d'altesse royale :
- le prince héritier Moulay El Hassan, né le [5] ;
- la princesse Lalla Khadija, née le [6].
En 2018, plusieurs organes de presse évoquent le divorce du couple royal[7],[8],[9],[10]. Cette information n'est pas officiellement confirmée[11].
Roi du Maroc
Avènement
Le 23 juillet 1999, le roi Hassan II meurt à l'âge de 70 ans, après près de 40 ans de règne. Son fils aîné et héritier, Sidi Mohammed, devient à l'âge de 36 ans le nouveau souverain du Maroc[12], et succède ainsi à son père sous le nom de Mohammed VI.
Son intronisation officielle a lieu le 30 juillet 1999 au palais royal de Rabat[13].
Début de règne et politique intérieure
L'idée d'une « transition à l’espagnole », en référence à l’arrivée au pouvoir de Juan Carlos Ier, peut décrire l’espoir de tout un peuple. Mais les grands problèmes à résoudre (la question des islamistes et celle du Sahara occidental notamment) sont d'une tout autre nature. La dénonciation par le roi de « l’immobilisme » du Makhzen (l’administration) et le limogeage du ministre de l'Intérieur Driss Basri, trois mois après son accession au trône, ont marqué une volonté de changement. Ce message fut renforcé par l’autorisation du retour au Maroc de l’opposant historique au régime, Abraham Serfaty.
Sur le plan des libertés, les espoirs nés de l’arrivée au pouvoir de Mohammed VI, en 1999, se sont progressivement évanouis, mais les tabous ont progressivement reculé ces dernières années[14]. La réforme du Code de la famille, en 2004[15], et l'inscription dans la constitution de l'égalité homme-femme sont à ce jour les seules avancées en matière de droits des femmes.
En , afin de réconcilier le peuple marocain avec son passé, meurtri durant les années de plomb sous le règne de son père, Mohammed VI met en place, un organe de justice transitionnelle, l’Instance Équité et Réconciliation (IER).
Le problème du Sahara occidental est toujours en discussion entre les différents protagonistes après de nouvelles propositions faites par la partie marocaine[16]. En 2006, le Maroc a accordé une autonomie interne, et a confié au Conseil royal consultatif pour les affaires sahariennes (CORCAS) l'étude des possibles statuts d'autonomie dans la région. Dans le discours du 40e anniversaire de la Marche verte, Mohammed VI annonce un plan massif d'investissement pour les provinces du Sud destiné à améliorer les conditions de vie des populations sahraouies.
En , pour ses dix ans de règne, il décide de gracier 25 000 détenus[17].
Le , dans le cadre du plan de régionalisation et des manifestations marocaines du 20 février nées à l'instar des mouvements populaires dans le monde arabe, il annonce une réforme de la Constitution, qui est approuvée par référendum le , visant à renforcer le pluralisme, les droits de l'homme et les libertés individuelles, ainsi que réduire ses pouvoirs au profit du chef du gouvernement et du Parlement. Le nouveau chef du gouvernement devait désormais obligatoirement être choisi parmi les membres du parti majoritaire élu aux élections législatives anticipées[18] qui ont eu lieu le [19]. Néanmoins, le Maroc connaît une crise institutionnelle et gouvernementale lorsque le parti de l'Istiqlal décide de se retirer du gouvernement Benkiran, à la suite de dissensions entre Hamid Chabat, secrétaire général du PI, et le chef du gouvernement Abdel-Ilah Benkiran.
Les indicateurs macroéconomiques entre 2000 et 2013 indiquent une croissance économique moyenne de 5 %, un PIB/hab. qui aurait doublé par rapport au temps du régime d'Hassan II. Le taux de chômage de la population active serait de 8 à 9 % pour la période 2011-2012. Le pays reste relativement pauvre avec des inégalités en constante hausse et une corruption relativement élevée.[réf. nécessaire][20]
L'indice de développement humain du Maroc a évolué légèrement depuis l’accession au pouvoir du roi. Le rapport met en avant des défaillances dans le système d'éducation.
Lors de la Fête du trône de 2013, il gracie un millier de prisonniers, dont un pédophile espagnol nommé Daniel Galván, condamné en 2011 à Kénitra pour avoir violé 11 enfants marocains au Maroc. Sa libération et son extradition vers l'Espagne suscitent la colère du peuple marocain et l'indignation sur les différents réseaux sociaux. Des milliers de Marocains ont manifesté dans les grandes villes du pays comme Rabat[21], Casablanca[22], Agadir[23][réf. souhaitée], Nador[réf. souhaitée], Tanger et Tétouan[24] mais aussi à Bruxelles[25]. Ils réclament des comptes au responsable de cette libération y compris au roi et leur indignation face à ce scandale. Le roi réagit via un communiqué en annonçant qu'il n'était pas au courant de la gravité des actes du pédophile et que des sanctions seront prises à l'encontre des responsables. Le communiqué royal ne suffira pas à calmer les foules qui prévoient d'autres manifestations. Le soir du , la MAP annonce un communiqué royal dans lequel le roi annule la grâce (fait unique dans l’histoire récente du Maroc) et ordonne au ministre de la Justice en collaboration avec son homologue espagnol d'extrader le pédophile au Royaume[26]. Il est finalement arrêté en Espagne, à Murcie. L'accord bilatéral de 2009 entre les deux pays d'un ressortissant espagnol, Daniel Galván pourrait désormais purger sa peine en Espagne, où la plus haute juridiction pénale du pays pourrait le poursuivre. Au Maroc, le responsable de l’administration pénitentiaire a pour sa part démissionné[27],[28].
Trois semaines plus tard, à l'occasion d'un discours prononcé lors de la 60e commémoration de la Révolution du Roi et du Peuple et à la veille de son cinquantième anniversaire, le roi Mohammed VI dénonce la politique du gouvernement islamiste Benkiran en matière d'éducation. Il la juge décevante et promet des réformes dans ce secteur qui doit être une priorité nationale. Il réactive à cette occasion le Conseil national de l'éducation[29].
En 2019, l'Association marocaine des droits humains déplore une « escalade des violations des droits humains et des libertés publiques et individuelles » au Maroc, l’État « se soustrayant à ses engagements internationaux et ignorant recommandations et rapports » sur le sujet. L'ONG fait notamment état « d'actes de torture ou de traitements cruels ou dégradants » en détention, en particulier à la suite du mouvement de protestation Hirak. En 2018, l'ONG avait déjà souligné l'augmentation du nombre de prisonniers politiques dans le royaume[30].
Politique internationale
Le , Mohammed VI a été le premier chef d'État reçu par le président français François Hollande[31], qui venait de succéder à Nicolas Sarkozy.
Le Maroc sous le règne de Mohammed VI a entretenu des relations économiques et politiques très importantes avec la France. La France a été le premier pays par l’intermédiaire de son ancien président Nicolas Sarkozy à soutenir le processus de démocratisation du Royaume. Pour le Sahara occidental, Mohammed VI a proposé un large plan d'autonomie. Depuis le Printemps arabe, les relations économiques et les échanges s'intensifient (échanges gaziers, en électricité…), l'ouverture des frontières est évoquée dans un débat ouvert mais certaines divergences persistent toujours. Mohammed VI ne joue pas un rôle important dans le conflit israélo-arabe comme son père Hassan II, qui œuvrait pour le rapprochement entre Israéliens et Palestiniens. Mohammed VI pourtant, président d'Al Qods, affiche un soutien aux droits légitimes du peuple palestinien. Avec les États-Unis, qui voient dans le Maroc de Mohammed VI un partenaire important contre le terrorisme au Maghreb, les relations sont bonnes. Les États-Unis ont également soutenu les réformes politiques de 2011 annoncées par le souverain chérifien.
Mohammed VI a effectué plusieurs tournées diplomatiques à travers l'Afrique dans le cadre d'une coopération économique et au Moyen-Orient dans le cadre de la possible intégration du Maroc dans le Conseil de coopération du Golfe.
Le Maroc a adopté des positions de soutiens vis-à-vis des pays touchés par le Printemps arabe. Cependant, le Maroc sous le règne de Mohammed VI ne joue plus le même rôle diplomatique que sous son prédécesseur. Il est à noter que le Maroc se rapproche de l'Europe via de nombreux accords de libre-échange et de coopération économique, diplomatique. Certains chefs d'États africains appellent à un retour du Maroc à l'Union africaine comme Alassane Ouattara, Macky Sall et Ali Bongo.
Les problèmes liées à la construction réelle de l'Union du Maghreb sont toujours présents. La visite du roi en Tunisie en marque la volonté du Royaume d'être actif dans une construction de l'Union du Maghreb qui n'est toujours pas aboutie. Il a passé en Tunisie 10 jours au lieu des 3 jours prévus, entre le 30 mai et , visite devenue l'une des plus longues visites officielles de l'époque[32] : il était accompagné de 11 ministres, 4 conseillers ainsi que le prince héritier Moulay El Hassan et son frère le prince Moulay Rachid[33] et 90 hommes d'affaires ; il a aussi prononcé un discours à l'Assemblée nationale constituante[34].
Le roi, en tant que chef suprême des Forces armées royales, prend la décision d'engager les F-16 marocains dans la coalition internationale en Syrie et en Irak dans la lutte contre l'État islamique. L'armée marocaine rejoindra également l'Alliance islamique[35] (alliance militaire contre le terrorisme) qui est composée de pays très important comme la Turquie, l'Arabie saoudite, le Pakistan, l'Égypte et proposée par le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane. Il donne également son accord à une intervention au Yémen à la suite du coup d'État des Houthis financés par l'Iran sur le président légitime du Yémen[36].
Au niveau international, le roi signe de nombreux accords avec la Russie de Vladimir Poutine lors de sa visite à Moscou en 2016[37] et maintient la présence des investisseurs marocains en Afrique (Gabon, Côte d'Ivoire, Guinée-Bissau, Sénégal, Mali). Le Maroc bénéficie également d'un soutien très actif de la part des pays de la Coopération du Golfe dans les investissements et dans le soutien à l'intégrité territoriale du Maroc. Le roi du Maroc continuera dans sa lancée avec le discours de Riyad, et la diversification des partenaires économiques et politiques. Il renforce les liens économiques et diplomatiques avec la Chine du président Xi Jinping autour de 15 conventions socio-économiques ainsi que culturels et judiciaires et d'un partenariat stratégique affirmé lors de sa visite du à Pékin[38].
Le , dans un discours télévisé destiné à la nation, il fustige le fanatisme religieux et lance un appel à « la paix, la concorde et au vivre-ensemble » dans les pays de résidence de la diaspora marocaine à la suite des derniers attentats survenus en France[39], faisant notamment référence à l'assassinat du père Jacques Hamel.
Depuis de nombreuses années[Quand ?], le roi met en avant la politique de coopération Sud-Sud avec l'établissement de relations stratégiques et économiques avec l'Afrique subsaharienne. Dans son bras de fer avec le Polisario et l'axe Alger-Pretoria, Mohammed VI effectue de nombreuses tournées africaines : dans l'Ouest (Côte d'Ivoire, Guinée, Sénégal, Nigeria, Guinée-Bissau, Ghana) et aussi à l'est (Rwanda, Tanzanie, Zambie). Le souverain chérifien obtient le retour du Maroc à l'Union africaine après 33 ans d'absence[40] avec une quasi-majorité d'États votant en faveur de la demande marocaine. La demande avait suscité un refus de l'Algérie et de l'Afrique du Sud. En 2017, le Maroc est le premier investisseur mondial en Côte d'Ivoire et le deuxième investisseur africain avec 70 % des IDE marocains vers l'Afrique subsaharienne.
En , le roi annonce la volonté de son pays de faire partie de la zone CEDEAO face à une Union du Maghreb arabe jugée peu efficace[41].
Le , quelques mois après que le Maroc ait accueilli et organisé la COP 22[42],[43], le roi Mohammed VI reçoit le prix du Visionnaire en efficacité énergétique (« Energy Efficency Visionary Award ») des mains de Gil Quiniones, co-président du Conseil d’administration de l’Alliance de l’efficacité énergétique (ASE), pour son implication en faveur du climat, de la sauvegarde de l'environnement, des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique[44].
Le président américain Donald Trump officialise le 10 décembre la décision du roi Mohammed VI d’établir des relations diplomatiques avec l’État d’Israël. Cette annonce est suivie d’un communiqué royal[45]. En échange, Washington reconnait la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental et décerne à Mohammed VI la légion du Mérite[46]. L'accord de normalisation des relations entre les deux pays est signé officiellement le 22 décembre 2020[47]. La normalisation avec Israël est perçue comme étant une décision solitaire du roi, le Parlement et les partis politiques n'ayant pas été consultés ni même informés préalablement. La plupart de ces derniers sont restés silencieux, ne souhaitant pas s'opposer à une décision du monarque ni aller publiquement à l'encontre de l'opinion publique marocaine, traditionnellement sensible à la cause palestinienne. Seuls le Parti socialiste unifié et La Voie démocratique dénoncent explicitement la décision. Les manifestations de rues hostiles à la normalisation sont interdites par le pouvoir[48].
Activités dans le monde des affaires
Le roi Mohammed VI et sa famille sont actionnaires majoritaires dans la Société nationale d'investissement, une holding, qui investit dans plusieurs domaines d'activité (mines, agroalimentaire, grande distribution et services financiers…). La famille royale détient ainsi une des plus grosses fortunes mondiales[49]. En 2009, le magazine américain Forbes classait le roi à la 7e place parmi les monarques les plus riches de la planète[50], avec une fortune estimée à 2,5 milliards de dollars. En 2015, soit 6 années après, la fortune de Mohammed VI est estimée par Forbes à 5,7 milliards de dollars[51]. Le revenu de ses investissements équivaut à 6 % du produit intérieur brut du Maroc. Le roi peut être d'ailleurs considéré comme le premier opérateur économique privé du Royaume[52].
Mohammed VI possède un yacht de 70 mètres, baptisé El Boughaz I. Il possède également depuis le yacht Badis 1, dont la valeur est de 90 millions d'euros[53]. Au Maroc, il a la jouissance d’une trentaine de palais et de résidences, dont les frais de fonctionnement sont assumés par l'État. Il dispose notamment des palais royaux de Casablanca, Fès, Marrakech, Meknès, Agadir, Ifrane, Oujda, Rabat et Tétouan. Il possède aussi en France le château de Betz dans l'Oise, entouré par un vaste domaine de 70 hectares[54].
Il achète en juillet 2020 un luxueux hôtel particulier à Paris pour 80 millions d’euros[55].
Avec une allocation annuelle de l'ordre de 250 millions d’euros, la monarchie marocaine est la monarchie dans le monde qui s’attribue le plus d’argent public ; en effet le budget alloué à la monarchie marocaine est régulièrement en hausse et dépasse de loin celui de plusieurs grands ministères[56],[57],[58].
Réforme du champ religieux
Mohammed VI souhaite la reformulation[59] du champ religieux de manière à répondre aux changements contemporains que connaît le Maroc, notamment avec la restructuration[60] du Conseil supérieur des Ouléma, le lancement[61] de la radio et de la chaîne Mohammed VI du Saint Coran, la réorganisation[62] de Dar Al-Hadith Al-Hassania pour les études islamiques, la création[63] de l’Institut Mohammed VI de Formation des imams Morchidines et Morchidates, de l'Institut Mohammed VI des lectures et études coraniques[59], de la Fondation Mohammed VI des Ouléma Africains, ainsi que d'autres prix concernant[64] la mémorisation, la psalmodie et l'exégèse du Coran.
Succession
Son fils, le prince héritier Hassan du Maroc, est destiné à lui succéder sur le trône à sa mort, ou s'il venait à abdiquer.
La santé de Mohammed VI semble particulièrement se dégrader à partir de 2018, le souverain subissant plusieurs opérations du cœur pour des troubles persistants du rythme cardiaque, avant d'apparaitre fortement amaigri lors de ses discours courant 2021[65],[66]. Ces problèmes de santé font alors évoquer le sujet — tabou dans le royaume — de sa succession, dans le contexte de l'arrivée à la majorité du prince héritier Hassan en mai 2021. Ce dernier est depuis plusieurs années préparé aux responsabilités de chef de l’État par Mohammed VI, qui le fait régulièrement participer à des événements internationaux[67],[68].
Critiques et controverses
Liberté de la presse
Mohammed VI fait l'objet de critiques quant à sa gouvernance du pays. En 2016, un documentaire français réalisé par Jean-Louis Pérez — expulsé du pays, ainsi que son équipe, durant le tournage — pointe notamment le manque de liberté d'expression au Maroc et l'affairisme du régime[69],[70],[71]. L'association Reporters sans frontières dresse en 2009 un « bilan controversé » de la liberté de la presse sous le règne de Mohammed VI, relevant « de réelles avancées au début de son règne » suivis de « reculs et crispations » à partir de 2002[72]. En 2013, Slate Afrique estime que « le pluralisme des médias marocains n'est qu'un artifice »[73].
Corruption d'État
En 2012, le journaliste et chercheur marocain Ahmed Réda Benchemsi dénonce dans le quotidien français Le Monde « la corruption d’État au Maroc »[74]. Des télégrammes diplomatiques, révélés en 2010 par Wikileaks, indiquent que les diplomates américains présents au Maroc font part d'une corruption « institutionnalisée », y compris dans l'entourage du roi[75],[76],[77].
Titres et décorations
Titulature
- Du au : Son Altesse royale le prince héritier ;
- Depuis le : Sa Majesté le roi.
Ordres dynastiques nationaux
Grand maître des ordres nationaux du Maroc depuis le .
- Collier du Ouissam El Mohammad (en)
- Collier de l'ordre du Trône
- Grand-cordon de l'ordre du Ouissam alaouite
- Grand-cordon de l'ordre de l'Indépendance
- Grand-cordon de l'ordre national du Mérite
Décorations étrangères
- Collier de l'ordre du roi Abdelaziz ()[78]
- Grand collier de l'ordre du Libérateur Général San Martín ()[78]
- Grand collier de l'ordre d'Al-Khalifa ()[78]
- Grand cordon de l'ordre de Léopold Ier ()[78]
- Grand collier de l'ordre national de la Croix du Sud ()[78]
- Grand-croix de l'ordre des Burkinabé ()[78]
- Grand collier de l'ordre de Bernardo O'Higgins ()[78]
- Grand-croix de l'ordre du Mérite congolais ()[78]
- Grand-croix de l'ordre national des Héros ()[78]
- Grand-croix de l'Ordre national de la République de Côte d'Ivoire (2015)
- Grand-croix de l'ordre du Nil ()[78]
- Collier de l'ordre de Zayed ()[79]
- Collier de l'ordre du Mérite civil ()[80]
- Collier de l'ordre d'Isabelle la Catholique ()[81]
- Grand-croix de l'ordre de Charles III ()[82] avec collier ()[83]
- Grand-croix de l'ordre de l'Étoile équatoriale ( ; grand officier le )[78]
- Grand-croix de l'ordre de la République de Gambie ()[78]
- Compagnon de l'ordre de l'Étoile du Ghana ()[84]
- Grand-croix de l'ordre de l'Indépendance ()[78]
- Grand-croix de l'ordre du Mérite de la République italienne ()[85] avec collier ()[86]
- Collier de l'ordre du Chrysanthème ( ; grand cordon le )[78]
- Grand-croix de l'ordre du Mérite du Liban, classe spéciale ()[78]
- Grand commandeur de l'ordre des Trois Étoiles avec collier ()[78]
- Grand-croix de l'ordre national de Madagascar (en) (2016)
- Grand-croix avec collier de l'ordre national du Mali ()[78]
- Grand-cordon de l'ordre du Mérite national de Mauritanie ()[78]
- Grand collier de l'ordre de l'Aigle aztèque ()[78]
- Grand-croix de l'ordre national du Niger ()[78]
- Médaille d'honneur du Congrès du Pérou ()[78]
- Grand collier de l'ordre de Saint-Jacques-de-l'Épée ()[78]
- Grand-croix de l'ordre d'Aviz ()
- Grand-croix de l'ordre de l'Indépendance ()[78]
- Grand-croix de l'ordre royal de Victoria ()[78]
- Grand-croix de l'ordre des Omeyyades ()[78]
- Grand collier de l'ordre de la République tunisienne ( ; grand cordon en )[78]
- Grand collier de l'ordre du 7-Novembre (Tunisie) ()[78]
Autres décorations
- Grand-croix de l'ordre de Siddiq Abu Bakar de la Croix-Rouge internationale et du Croissant-Rouge ()
- Grand-croix de l'ordre de la Pléiade ()[87]
- Ellis Island Medal of Honor (en) (2019)[88].
- Grand-croix de l'ordre du Mérite olympique africain (2019)[89].
Prix
- Prix de la personnalité de l’année 2015 pour la cohésion familiale et le soutien social, décerné par l'Organisation arabe de la famille[90]
- Prix Mandela de la paix pour l'année 2016[91]
- Prix du Visionnaire en efficacité énergétique « Energy Efficency Visionary Award » (2016)[92]
- Prix de la Reconnaissance spéciale du leadership (2017)[93]
Notes et références
Notes
- Les informations à son sujet demeurent confidentielles.
Références
- Stéphanie Pouessel, « La « Révolution royale » de l'amazighité », dans Les Identités amazighes au Maroc, Paris/Casablanca, Non Lieu/La Croisée des chemins, , 204 p. (ISBN 9789954103555, OCLC 825049730), p. 129.
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Annexes
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Articles connexes
Liens externes
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- Ressource relative aux beaux-arts :
- (en) British Museum
- « Mohammed VI : Dix ans de règne », MEDEA, .
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