Abdel-Ilah Benkiran

Abdel-Ilah Benkiran[1] (généralement orthographié Abdelilah Benkirane dans les médias francophones ; en arabe : عبد الاله بنكيران), né le à Rabat, est un entrepreneur, universitaire et homme d'État marocain, membre du Parti de la justice et du développement. Il est chef du gouvernement du au .

Pour l’article homonyme, voir Benkirane.

Abdel-Ilah Benkirane

Abdel-Ilah Benkiran, en août 2014.
Fonctions
Chef du gouvernement du Maroc

(5 ans, 4 mois et 7 jours)
Monarque Mohammed VI
Gouvernement Benkiran I et II
Législature IXe
Coalition PJD-PI-PPS-MP (2011-2013)
PJD-RNI-PPS-MP (2013-2017)
Prédécesseur Abbas El Fassi
Successeur Saâdeddine El Othmani
Secrétaire général du
Parti de la justice et du développement

(9 ans, 4 mois et 20 jours)
Prédécesseur Saâdeddine El Othmani
Successeur Saâdeddine El Othmani
Président du conseil national du
Parti de la justice et du développement

(4 ans et 19 jours)
Successeur Saâdeddine El Othmani
Député marocain

(19 ans, 4 mois et 29 jours)
Élection
Réélection


Circonscription Salé-Médina
Législature VIe, VIIe, VIIIe, IXe et Xe
Groupe politique Justice et Développement
Successeur Aziz Benbrahim
Biographie
Nom de naissance Abdel-Ilah Benkiran
Date de naissance
Lieu de naissance Rabat (Maroc)
Nationalité Marocaine
Parti politique Parti de la justice et du développement
Diplômé de Université Mohammed V - Agdal
Profession Professeur
Religion Islam sunnite


Chefs du gouvernement du Maroc

Biographie

Formation et carrière professionnelle

Il poursuit ses études au sein du lycée des orangers à Rabat, sa ville natale.

En 1979, il devient assistant de professeur de physique à l'École normale supérieure de l'enseignement technique de Rabat. Par la suite, il se lance dans les affaires et entreprend l'ouverture d'une école primaire privée à Salé[2].

Débuts en politique

Abdel-Ilah Benkiran au forum de Davos, le 28 janvier 2012.

Abdel-Ilah Benkiran adhère à la Chabiba Islamiya en 1976, à la suite de sa lecture d'un livre de Sayed Qotb Mâalim Fi Al Tariq Signes de piste »)[3]. En 1981, il fonde Al Jamaa Al Islamiya qui en 1992 devient officiellement Réforme et Renouveau. La même année avec quelques camarades de la confrérie, ils essaient de créer un « parti du renouveau national », mais l'autorisation leur est refusée. Ils se tournent alors vers le Parti de l'Istiqlal qui les accepte en son sein mais ils demeurent relégués à un rôle marginal. Par la suite, Abdelilah Benkirane rejoint Abdelkrim Al Khatib au sein de son parti, le Mouvement populaire démocratique constitutionnel (MPDC) et décide de réunir autour de lui une nébuleuse associative islamiste regroupant l'association islamique de Ksar el-Kébir d'Ahmed Raïssouni, l'association Achourouk de Rabat et l'association Addaâwa islamique de Fès (créée en 1976 par un ouléma de la Quaraouiyine Abdessalam El Harras). L'ensemble prend le nom de la Ligue de l'avenir islamique. Celle-ci rejoint l'association Réforme et Renouveau, qui devient alors le Mouvement de l'unicité et de la réforme (MUR) regroupant plus de 200 associations. Ce dernier arrimé au MPDC devient en 1998 le Parti de la justice et du développement.

Député

Il est élu député de la circonscription de Salé médina lors des législatives de 1997 puis réélu en 2002, 2007, 2011 et 2016.

Secrétaire général du PJD

Abdel-Ilah Benkiran est élu secrétaire général PJD le , puis réélu le . Lors du Congrès du parti, il obtient 684 voix contre 495 voix pour son adversaire Saâdeddine El Othmani.

Premier gouvernement

À la tête du PJD, Abdel-Ilah Benkiran remporte les élections législatives du 25 novembre 2011 avec 107 sièges sur 395[4]. Conformément à la Constitution, qui prévoit que le chef du gouvernement (anciennement Premier ministre) est choisi au sein du parti arrivé en tête des élections législatives, le roi Mohammed VI le nomme officiellement chef du gouvernement lors d'une brève audience à Midelt le 2011.

Abdel-Ilah Benkiran a l'intention de se concerter avec la coalition de la Koutla, qui regroupe l'Istiqlal du premier ministre sortant, Abbas El Fassi, l'Union socialiste des forces populaires (USFP) et le Parti du progrès et du socialisme (PPS), disposant respectivement de 60, 39 et 18 élus, pour former le nouveau gouvernement. Le suivant, l'USFP décline l'offre et décide de ne pas rejoindre le Gouvernement Benkirane, préférant prendre acte de son échec électoral et regagner une crédibilité dans l'opposition[5]. C'est finalement les deux autres partis de la Koutla, Istiqlal et PPS qui rejoignent les rangs de Benkirane, ainsi que le Mouvement populaire, qui détient 32 sièges au Parlement, après avoir quitté l'Alliance pour la démocratie.

Deuxième gouvernement

Le , le conseil national du parti de l'Istiqlal annonce son retrait de la coalition gouvernementale à la suite d'une réunion extraordinaire tenue à Rabat. Le début de cette crise politique commence en effet en , à la suite de l'élection de Abdelhamid Chabat à la tête du parti, il critique alors publiquement le bilan gouvernemental et appelle au retrait de ses six ministres partisans du gouvernement. Le , cinq des six ministres istiqlaliens remettent officiellement leur démission au chef gouvernement[6], seul Mohamed Louafa refuse de mettre à exécution la décision de retrait du gouvernement prise par son parti et maintient son portefeuille à l'Éducation nationale. Le , le parti déclare son passage à l'opposition rendant de facto le gouvernement Benkiran minoritaire. Le suivant, il forme son deuxième gouvernement, regroupant des membres du PJD, du RNI, du MP et du PPS.

Plaintes des autres partis

Le , l'Union nationale des professions libérales (UNPL) dépose plainte contre le chef du gouvernement auprès de la Cour de cassation, et ce « pour son refus d'entretenir un dialogue avec les représentants des professions libérales, afin de parvenir à une solution qui leur assurera le droit à la couverture médicale et à l'assurance sociale, surtout que la nouvelle constitution a insisté sur le droit des professions libérales à une couverture médicale »[7].

En 2014, le Parti de l'Istiqlal (PI) dépose une plainte, contre le chef du gouvernement, Abdel-Ilah Benkirane, auprès de la Cour de cassation, pour « diffamation » et « non dénonciation de délit commis ». Le PI demande dans cette plainte l'ouverture d'une enquête sur ce qu'il considère « des accusations gratuites » de la part du chef du gouvernement à l'encontre des dirigeants du parti. La plainte invoque les dispositions de l'article 442 et 444 du code pénal marocain et les articles 40, 45, 46, 47 et 48 du code de la presse pour « atteinte à l'honneur et à la personne, et diffamation »[réf. nécessaire].

Bilan de son action

Après cinq ans au pouvoir, les principales réalisations du gouvernement Benkirane concernent la réforme de la caisse de compensation en instaurant l'indexation des prix des produits pétroliers[8] et la publication de la liste des bénéficiaires d’agréments de carrières et de transports[9],[10] ;

Dans le domaine sanitaire et social, l'action gouvernementale a contribué à la baisse du prix de plusieurs médicaments [8], à la création d'une assurance maladie pour tous les étudiants du pays[11] et à l'ouverture du capital des cliniques privées aux investisseurs non-médecins [12].

D'autre part, le code pénal a été amendé afin que l'auteur d'un viol ne puisse plus échapper à la prison en épousant sa victime [13].

Enfin le Parlement a également adopté la loi sur la protection des données personnelles et la création d'un organisme avec le pouvoir d'infliger des sanctions [14], ainsi qu'un projet de loi pour interdire les sacs en plastiques [15].

Élections législatives de 2016 et remplacement

Le PJD sort grand vainqueur des élections législatives du en obtenant 125 sièges. Le , Benkiran est reconduit dans ses fonctions de chef du gouvernement par le roi.

Le , après son incapacité à former un gouvernement, il est remplacé par un autre membre de son parti par le roi Mohammed VI[16] à savoir Saâdeddine El Othmani[17].


Voir aussi

Notes et références

  1. [PDF] « Rectificatif au « Bulletin officiel » no 6000 du 5 moharrem 1433 (1er décembre 2011), page 2508 », Bulletin officiel du Royaume du Maroc, no 6010, , p. 35 (lire en ligne)
    Rectificatif précisant l'orthographe « Abdel-Ilah Benkiran » au lieu de « Abdelilah Benkirane ».
  2. Abdelilah Benkirane, un islamiste modéré au pouvoir, Le Point, 29/11/2011
  3. Abdellah Tourabi, « La grande énigme : D'où viennent nos islamistes ? (1/2) », Zamane, no 15, , p. 29-30
  4. France24.com
  5. RFI, « Maroc : l’USFP ne participera pas au gouvernement Benkirane », Radio France internationale,
  6. Maroc: démission officielle des ministres de l'Istiqlal, rfi.fr, 10/07/2013
  7. Moins d'une année après son investiture : Le chef du gouvernement et quatre ministres traînés en justice, Libération, 30/10/2012
  8. « Bilan du gouvernement Les faiblesses de Benkirane », sur L'Économiste,
  9. « Le gouvernement publie la liste de bénéficiaires d’agréments de carrières », sur lemag.ma,
  10. « Et après la liste des agréments, quoi ? », sur demainonline.com,
  11. « Assurance maladie pour les étudiants au Maroc : Le projet de loi adopté par le gouvernement », sur La Vie Eco, (consulté le )
  12. « Ouverture du capital des cliniques privées: C’est acté », sur Aujourdhui.ma,
  13. « Maroc: loi sur le viol amendée », sur Le Figaro,
  14. « La loi 09-08 relative à la protection des personnes physiques à l’égard du traitement des données à caractère personnel », sur Cabinet Bassamat,
  15. « Le Maroc adopte un projet de loi pour interdire les sacs plastiques », sur Radio France Internationale,
  16. Charlotte Bozonnet, « Le roi du Maroc démet le premier ministre islamiste pour sortir de l’impasse politique », sur Le Monde, (consulté le )
  17. (ar) « سعد الدين العثماني رئيسا للحكومة المغربية », قناة الحرة, (lire en ligne, consulté le )

Articles connexes

Bibliographie

Liens externes

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