Les Incorruptibles (film)

Les Incorruptibles (The Untouchables) est un film policier américain réalisé par Brian De Palma, sorti en 1987.

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Les Incorruptibles
Logo original du film.
Titre original The Untouchables
Réalisation Brian De Palma
Scénario David Mamet
Musique Ennio Morricone
Acteurs principaux
Sociétés de production Paramount Pictures
Pays d’origine États-Unis
Genre Policier
Film de gangsters
Durée 115 minutes
Sortie 1987


Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

Le scénario s'inspire librement de la traque du célèbre mafieux Al Capone par l'agent Eliot Ness et ses « Incorruptibles », retranscrite par ce dernier dans ses mémoires, The Untouchables, publiés en 1957.

Synopsis

Au début des années 1930, durant la Prohibition, Al Capone, puissant parrain de la pègre, règne en maître sur la ville de Chicago. Soudoyant élus municipaux et forces de l'ordre, il contrôle en toute impunité le trafic et la vente d'alcool. Un agent fédéral déterminé et intègre, Eliot Ness, est dépêché sur place avec pour mission d'arrêter ses agissements illégaux. Pris à la gorge par la corruption ambiante, Ness recrute alors trois hommes de confiance, dont l'officier de police Jim Malone, afin de monter une brigade d'incorruptibles désireux de nettoyer Chicago du crime...

Fiche technique

Producteur associé : Ray Hartwick

Distribution

Le véritable Eliot Ness, chef des Incorruptibles.
Sources et légende : Version française (VF) sur AlloDoublage[4] et Voxofilm [5]

Production

Distribution

Photos d'Al Capone prises lors de son arrestation par la police de Chicago

Brian De Palma avait fait débuter Robert De Niro dans The Wedding Party (tourné en 1969) puis l'avait dirigé de nouveau dans Greetings (1968) et Hi, Mom! (1970). Il voulait absolument le comédien pour le rôle de Capone. Mais à cette période, De Niro s'est plus ou moins éloigné du cinéma et se concentre sur le théâtre. En outre, De Niro demandait une somme très importante (1 million de dollars) pour un rôle qui ne demandait que deux semaines de tournage. Les producteurs poussent alors le réalisateur à choisir un autre comédien. Bob Hoskins est alors engagé. Mais Brian De Palma insiste durant un entretien avec les producteurs : il veut absolument De Niro pour le rôle, quitte à augmenter le budget en conséquence, sinon il quitte tout simplement le projet. Il remplace alors Bob Hoskins, qui reçoit un dédommagement de 200 000 dollars[2].

Le comédien s’implique ensuite de tout cœur dans son personnage : il se rend en Italie, se nourrit uniquement de plats locaux, prend douze kilos en cinq semaines, ne fait appel à aucun maquillage, se rase le front pour lui ressembler, retrouve les tailleurs de costumes de Capone et leur commande des vêtements sur mesure identiques à ceux du truand[2].

Si l'ultimatum de De Palma pour avoir De Niro sur le film a été vu d'un mauvais œil par les producteurs, ces derniers ont pu constater par la suite que la performance de Robert De Niro en Al Capone valait finalement ce qu'elle avait coûté. Elle apportait un plus au film avec une « star » venant grossir le casting, ce qui ne manquerait pas d'attirer encore plus de monde, casting alors seulement constitué de Sean Connery (dont la carrière vient d'être relancée par Le Nom de la rose), et de Kevin Costner (qui n'a alors qu'un seul rôle principal à son actif, dans Silverado).

Ce film révèle au grand public Andy Garcia et est considéré comme le premier blockbuster de Kevin Costner. Le rôle d'Eliot Ness avait pourtant été proposé d'abord à Tom Berenger, Jeff Bridges, Michael Douglas, Don Johnson, Mel Gibson, Harrison Ford, William Hurt, Jack Nicholson, Nick Nolte et Mickey Rourke, qui ont refusé[2]. Quant au personnage de Malone, le premier choix était Gene Hackman.

Tournage

Le tournage s'est déroulé du à [6].

Lieux de tournage[7]
Hardy Creek Bridge (scène interception de la cargaison de whisky avec les Canadiens)
Blackstone Hotel - 636 S. Michigan Avenue, Downtown (scène de la batte de baseball)
Chicago Cultural Center - 78 E. Washington Street, Downtown (poursuite entre Ness et Nitti)
Université Roosevelt - 430 S. Michigan Avenue, Downtown
Union Station - Canal St. & Jackson Blvd., Near West Side (scène du landau qui dévale les escaliers)
Chicago Board of Trade Building - 141 W. Jackson Boulevard, Loop (scène de fin).

Musique

The Untouchables
Original Motion Picture Soundtrack

Bande originale de Ennio Morricone
Sortie 1987
Durée 39:20
Genre musique de film
Compositeur Ennio Morricone
Critique

La musique du film est composée par Ennio Morricone.

Liste des titres
  1. Untouchables (End Title) - 3:10
  2. Al Capone - 2:55
  3. Waiting at the Border - 3:46
  4. Death Theme - 2:41
  5. On the Rooftops - 2:33
  6. Victorious - 2:09
  7. The Man with the Matches - 2:46
  8. The Strength of the Righteous (Main Title) - 2:26
  9. Ness and His Family - 2:45
  10. False Alarm - 1:12
  11. The Untouchables - 3:04
  12. Four Friends - 2:51
  13. Machine Gun Lullaby - 7:02

L'opéra auquel assiste Al Capone est Pagliacci de Ruggero Leoncavallo, l'extrait entendu est Vesti la giubba.

Accueil critique et box-office

Le film a connu un grand succès commercial, rapportant environ 186 270 000 $ au box-office mondial, dont 76 270 000 $ en Amérique du Nord, pour un budget de 25 000 000 $. En France, il a réalisé 2 459 380 entrées[9].

Il a reçu un accueil critique favorable, recueillant 80 % de critiques positives, avec une note moyenne de 7,3/10 et sur la base de 54 critiques collectées, sur le site agrégateur de critiques Rotten Tomatoes[10].

Distinctions

Source : Internet Movie Database[11]

Récompenses

Nominations

Analyse et commentaires

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Brian De Palma traduit cinématographiquement le potentiel littéraire du scénario. Il utilise tout au long du film une alternance de plongées / contre-plongées. Ce système traduit habituellement un rapport bien-mal ou dominant-dominé mais le cinéaste s'amuse à l'inverser pour brouiller notre vision des personnages. Il utilise également un système particulier nommé demi-bonnette (ou double focale), qui permet de faire le point sur deux endroits de l'image en même temps, en général à l'arrière et au premier plan. Ici De Palma l'utilise dans des plans qui permettent de voir l'expression de deux personnages qui s'affrontent dans les scènes de choix décisifs (exemples : Malone et Ness à l'église, le ténor à l'Opéra chantant sur scène Vesti la giubba tandis qu'à l'arrière plan dans une loge Al Capone laisse libre cours à ses émotions de spectateur).

Une analyse figurative du film peut aussi s'intéresser à l'utilisation que De Palma fait du sang et de la couleur rouge qui va de la simple trace à la flaque.

Références et clins d’œil

Dans le réseau de citations que tisse le film, la plus célèbre est la scène où un landau descend en roue libre le grand escalier de la gare de Chicago, allusion évidente à une scène du Cuirassé Potemkine de Eisenstein. De Palma cite également le Scarface d'Howard Hawks (1932), à travers le plan subjectif du malfrat qui pénètre chez Malone et qui ressemble au plan-séquence d'ouverture du film de Hawks. La scène du banquet des mafieux évoque plusieurs films, dont Lucky Luciano de Francesco Rosi. Au travers de ce trajet de citations qui partent de plusieurs horizons, on peut distinguer un des aspects du cinéma de Brian De Palma, celui de revoir le cinéma américain à l'aune du cinéma européen.

Les Incorruptibles est certes une relecture du film de gangsters, mais Brian De Palma en fait plus que cela. Il aime l'excès et la surcharge. C'est un cinéaste baroque et maniériste. La lutte du bien contre le mal devient vertigineuse et les choix moraux des personnages abyssaux. Malone (figure du père dans le film) résume cela en demandant à Ness : « Jusqu'où êtes-vous prêt à aller ? On ne coince pas un homme comme Capone en respectant les règles. » De Palma est particulièrement bien servi par le scénario de David Mamet, qui exploite avec finesse un des thèmes centraux de l'univers du cinéaste : la figure du père (Malone), qui devient ici un modèle (problématique ?) pour le héros (Ness) lorsque celui-ci doit tracer la limite entre le bien et le mal.

Trame narrative confrontée aux faits historiques

La brigade des Incorruptibles a réellement existé, tout comme les personnages d'Eliot Ness, le chef de cette équipe de choc, et les dangereux truands Al Capone et Frank Nitti. En revanche, ceux de Jim Malone et Giuseppe Stone ont totalement été inventés lors de l'écriture du script. Quant au personnage d'Oscar Wallace, lui aussi fictif, il est néanmoins librement inspiré de Frank J. Wilson, un ex-comptable devenu agent du service des impôts qui fut un élément décisif dans la chute de Capone en parvenant à le traduire en justice pour fraude fiscale.

Ces célèbres policiers « untouchables » de la ville de Chicago furent plus nombreux que ceux du film : l'équipe compta au moins onze membres, et non seulement quatre.

La scène où Malone et Ness discutent dans l'église, devait, dans le scénario, se dérouler dans la rue. L'église est une idée de Sean Connery, pour renforcer le côté manichéen de l'histoire, et surtout pour souligner la très grande corruption qui régnait à Chicago, y compris dans la rue. En discutant ainsi, n'importe qui aurait pu les entendre et rapporter les faits à Capone. En transposant la scène dans une église, il y avait donc un lieu où Malone (fervent catholique irlandais qui porte une médaille de saint Jude, saint patron des causes perdues et des policiers[12]) se sentait en sécurité, qui plus est dans le fait de presque chuchoter les dialogues. Dernier point, le pacte qu'ils scellent tous deux se fait dans la maison de Dieu, ce qui donne plus de force dans les liens que vont tisser les deux personnages.

Le film présente Al Capone assister à l'opéra Pagliacci interprété par le ténor Enrico Caruso. Or ce dernier est mort en 1921, soit neuf ans avant l'action du film.[réf. nécessaire]

Le tout dernier plan du film devait, à l'origine, être comme le tout premier, mais inversé. Au début du film, c'est un plan large d'Al Capone qui se fait raser entouré de reporters, puis la caméra descend sur le visage de Capone. Dans le plan de fin, finalement abandonné par le réalisateur, c'est un gros plan visage sur Al Capone qui se fait raser une fois de plus. Puis la caméra s'élève pour laisser voir des reporters autour de lui, mais cette fois-ci dans le décor d'une cellule de prison.

Lors de la scène du procès final d'Al Capone, le juge décide au dernier moment d'intervertir les membres du jury désignés pour statuer sur ce cas, soupçonnés d'avoir été achetés, avec ceux d'une autre affaire se déroulant au même moment dans une salle adjacente du tribunal. Ce fait complètement rocambolesque a toutefois véritablement eu lieu lors du jugement de Capone le . Le mafieux fut alors condamné à 17 ans de prison, dont 11 ferme.

Contrairement à ce que Brian De Palma met ici en scène, Frank Nitti, l'homme de main de Capone, n'est pas mort en tombant d'un immeuble à la suite d'une rixe contre Eliot Ness. Devenu chef de l'Outfit de Chicago durant la détention de Capone, il se suicide d'une balle dans la tête en tout près de sa résidence principale, le jour où il doit comparaître devant le tribunal pour une affaire d'extorsion.

Projet de suite

En 2005, il est révélé que Brian De Palma réalisera une suite sous forme de préquelle, intitulée The Untouchables: Capone rising[13]. En 2007, alors que Nicolas Cage avait été évoqué, c'est Gerard Butler qui est choisi pour incarner Al Capone[14]. Le projet ne s'est cependant pas concrétisé.

Notes et références

  1. Les costumes des principaux personnages ont été réalisés par Giorgio Armani, sauf celui de Sean Connery pour lequel ce dernier a choisi lui-même son costume.
  2. Secrets de tournage - Allociné
  3. (en) Dates de sortie sur l’Internet Movie Database
  4. « Fiche du doublage français du film » sur AlloDoublage, consulté le 26 novembre 2014
  5. « Fiche du doublage français du film » sur Voxofilm
  6. (en) Business sur l’Internet Movie Database
  7. (en) Locations sur l’Internet Movie Database
  8. (en) « Ennio Morricone The Untouchables (Original Motion Picture Soundtrack) », sur AllMusic.com (consulté le ).
  9. Les Incorruptibles sur JP‘s Box-Office.
  10. (en) Les Incorruptibles sur Rotten Tomatoes.
  11. (en) Awards sur l’Internet Movie Database
  12. Saint Jude n'est pas le patron de tous les policiers, mais il est le saint protecteur spécifique du Chicago Police Department ((en) Robert A. Orsi, Thank you, St. Jude women's devotion to the patron saint of hopeless causes, New Haven, Conn., Yale University Press, , 303 p. (ISBN 978-0-300-16269-1, lire en ligne)).
  13. « De Palma retrouve Al Capone », sur Allociné, (consulté le ).
  14. « Gerard Butler, l'après 300 ... », sur Allociné, (consulté le ).

Annexes

Articles connexes

Liens externes

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