Lamoral (comte d'Egmont)

Lamoral, comte d'Egmont, prince de Gavre[1], né le à Lahamaide en Hainaut, décapité le à Bruxelles, est un général et un homme d’État des anciens Pays-Bas.

Pour les articles homonymes, voir Maison d'Egmont.

Lamoral d'Egmont

Portrait de Lamoral comte d'Egmont

Naissance
Lahamaide en Hainaut
Décès  45 ans)
Bruxelles
Origine  Pays-Bas bourguignons
Arme cuirassiers
Grade stathouder
Années de service 1538 – 1568
Commandement gouverneur de la Flandre et de l'Artois
Conflits Onzième guerre d’Italie
Faits d'armes Bataille de Saint-Quentin (1557), Bataille de Gravelines (1558)
Distinctions Ordre de la Toison d'or
Autres fonctions membre du conseil d'État des Pays-Bas
Famille Maison d'Egmond

Vainqueur des Français aux batailles de Saint-Quentin et de Gravelines, il est, sous le règne de Philippe II d'Espagne, gouverneur de la Flandre et de l'Artois et membre du conseil d'état des Pays-Bas. Son exécution publique sur la grande place de Bruxelles est l'une des dates clés du déclenchement de la guerre de Quatre-Vingts Ans (guerre de soulèvement contre le roi d'Espagne).

Biographie

Origines et jeunesse

Lamoral est né dans une des familles les plus riches et nobles des Pays-Bas. La maison d'Egmont à laquelle il appartient a régné sur le duché de Gueldre jusqu'en 1538. Son père Jean, issu d'une branche cadette de la maison d'Egmont, est un chevalier de l'Ordre de la Toison d'or, conseiller et chambellan de l'empereur Charles Quint. Il est mort à l'âge de 29 ans, quand Lamoral avait 5 ans. Sa mère, Françoise de Luxembourg, † 1557, est issue d'une branche cadette de la maison de Luxembourg, les Ligny-Brienne-St-Pol-Fiennes. Charles Quint l'avait créée princesse de Gavre en 1535. En effet, Jean de Laval-Châteaubriant reçut à la mort de son père François de Laval en 1503 le domaine de Gavre hérité de leur ancêtre Béatrix de Gavre, comme aîné de ceux des fils qui étaient alors vivants, en vertu de la coutume de Flandre (non-représentation). En 1515, dit-on, pour une somme de trente-quatre mille écus, il le vendit à Jacques II de Luxembourg, dont le fils, nommé Jacques (III) lui aussi, mourut en 1532 sans autre héritier que sa sœur, Françoise de Luxembourg, laquelle, en épousant Jean d'Egmont, fit passer Gavre dans le patrimoine de la Maison d'Egmond. La Maison d'Egmont est suffisamment renommée et puissante pour qu'en 1549, Marguerite d'Egmont, sœur de Lamoral, épouse Nicolas de Lorraine, comte de Vaudémont, co-régent puis seul régent des duchés de Bar et de Lorraine : leur fille Louise de Lorraine-Vaudémont sera reine de France.

Lamoral est né au château de Lahamaide, près d'Ellezelles dans le Hainaut. Il a un frère aîné, Charles, et une sœur, Marguerite (1517-1554).

En 1538, il suit en Espagne son frère aîné Charles, devenu chambellan de l'empereur en succession de leur père. Ils participent tous les deux à la campagne désastreuse d'Alger. Lamoral a alors 19 ans. Un an après, en décembre 1542, son frère Charles meurt à Carthagène des suites d'une blessure reçue à Alger. Il laisse à son cadet le titre de comte d'Egmont, ainsi que de nombreux fiefs et domaines en Hollande et en Flandre.

Le , Lamoral épousa une princesse richissime mais protestante, Sabine de Palatinat-Simmern (maison de Bavière). Sa mère Françoise de Luxembourg et lui firent construire le Palais d'Egmont.

Fidèle serviteur de la maison de Habsbourg, il est élu à l'âge de 24 ans, chevalier de l'Ordre de la Toison d'or (1546). En 1553, il est envoyé en Angleterre comme chef d'ambassade pour demander au nom du prince Philippe d'Espagne la main de Marie Tudor, reine d'Angleterre.

Les batailles de Saint-Quentin et Gravelines

Le comte d'Egmont

Durant toute sa carrière militaire, le comte d'Egmont sert les Habsbourg. Il connait la consécration à l'occasion de la dernière guerre d'Italie et contribue à la victoire espagnole en vainquant les Français à la bataille de Saint-Quentin en 1557, et à celle de Gravelines en 1558.

Dans son obsession de briser la suprématie des Habsbourg, Henri II de France avait cru utile de rompre la trêve de Vaucelles, qui lui était pourtant très favorable et envahit l'Artois. À la tête de 60 000 hommes, Emmanuel-Philibert de Savoie, lieutenant-général des Pays-Bas espagnols, marche sur la forteresse de Mariembourg, occupée par les Français. Par pure tactique, il laisse entrer les renforts et, de nuit, décide de filer vers Saint-Quentin. L'armée du connétable Anne de Montmorency y est écrasée par la cavalerie de Lamoral d'Egmont le . La voie de Paris est ouverte. La prise de Noyon est de bon augure mais la résolution politique de Philippe II manque. À court d'argent, l'armée espagnole est contrainte de s'arrêter à Chauny et est incapable de profiter de son avantage.

Six mois plus tard, le valeureux Lamoral arrête le maréchal de Thermes dans les dunes de Gravelines. Le soulagement est général tant l'armée française s'était rendue coupable d'exactions multiples dans le comté de Flandre après la prise de Calais et de Dunkerque. Calais avait été reprise aux Anglais en grâce à l'armée du duc François de Guise, après 210 ans d'occupation.

Grâce à ces victoires, Lamoral monte dans l'estime du roi Philippe II qui le nomme stathouder (gouverneur) de Flandre et d'Artois.

Gouverneur de Flandre

Lamoral

Dans l'opposition nobiliaire

En 1559, Philippe II, avant de retourner en Espagne, nomme sa sœur Marguerite de Parme, régente des Pays Bas. Il lui donne pour conseiller le cardinal de Granvelle, qui petit à petit accapare le pouvoir sans mettre au courant des affaires les autres membres du conseil, dont Lamoral d'Egmont[2].

Lamoral fait alors partie du Conseil d'État, aux côtés de Guillaume, prince d'Orange et du comte de Hornes. Ils s'unirent tous les trois en protestation contre le cardinal Granvelle, perçu comme un étranger, et en demandent le rappel (ils l'obtinrent seulement en 1564). Ils sont également sceptiques quant à l'efficacité de la politique religieuse du roi, qui leur semble difficile à appliquer et contraire aux traditions locales. En 1565, Egmont se rend à Madrid, envoyé par Marguerite, pour rendre compte des difficultés rencontrées face aux progrès de la religion réformée[2] et réclamer un moratoire ou du moins une modération dans la lutte contre l'hérésie, l'application du concile de Trente et la création des nouveaux diocèses. Le roi lui fait une réponse évasive qui lui semble satisfaisante, mais il se sent trahi lorsqu'il apprend de la régente Marguerite de Parme la teneur des lettres du bois de Ségovie.

De retour aux Provinces, il est confronté à la crise iconoclaste de l'été 1566. Dans son gouvernement de Flandre, il tente de faire appliquer les lois et édits du roi, signe de sa fidélité, mais se rend vite compte qu'il est difficile de les faire respecter par les tribunaux locaux.

La crise iconoclaste de 1566

Château de Lamoral comte d'Egmont à Zottegem

C'est dans ce contexte de tension politique intense, qu'intervient une vague de destruction massive des églises catholiques. Parti de Flandre, le mouvement iconoclaste de 1566 se répand en quelques semaines dans un grand nombre de provinces des Pays-Bas. En tant que gouverneur du comté de Flandre, le comte d'Egmont s'efforça avec peine de rétablir l'ordre social et tenta de rétablir l'autorité royale à laquelle il restait fidèle. En tant que catholique, il déplorait la violence avec laquelle l'iconoclasme était appliqué. Par réalisme politique et par souci de préserver la paix publique, il préconisait cependant la modération dans la politique religieuse, ce qui augmenta la réprobation de Philippe II d'Espagne à son égard.

L’exécution

Statue des Comtes de Hornes et d'Egmont sur le petit sablon à Bruxelles vers 1873.

En 1567, alors que le duc d'Albe fait route vers les provinces des Pays-Bas, Guillaume d'Orange s'échappe de Bruxelles et conseille au comte d'Egmont et au comte de Hornes de faire de même, mais ils ne le font pas. Lorsque le duc d'Albe met en place le Conseil des troubles, il fait arrêter les deux comtes. Ils sont jugés et condamnés à mort, bien qu'ils ne soient pas protestants. Ils sont tous deux décapités le à Bruxelles, sur la Grand-Place. Cet événement marque le début de la guerre de Quatre-Vingts Ans, celle qui permet aux Provinces du Nord (les Pays-Bas actuels) d'accéder à l'indépendance.

Il est inhumé le lendemain de son exécution à Zottegem (ville où se trouvent aussi ses deux statues, son château et son musée), dans la propriété de sa femme, dans une crypte où tous deux reposent. Sa veuve se réfugie alors avec ses enfants à l'Abbaye de la Cambre et plus tard au château de Westerlo au sein de la Maison de Merode.

Crypte de Lamoral à Zottegem

L'ensemble du patrimoine familial est saisi au profit du roi à la suite de cette condamnation. En 1570, une amnistie restitue le comté d'Egmont, la principauté de Gavre et les autres fiefs familiaux à Philippe d'Egmont, qui prend alors la succession de son père.

Le comte d'Egmont dans les arts

Lamoral d'Egmont est aussi le sujet et le personnage principal d'une pièce de théâtre homonyme de Goethe, pour laquelle Beethoven composa en 1810 une musique de scène dont les morceaux les plus célèbres sont l'ouverture, le lied Die Trommel gerühret, le lied Freudvoll und Leidvoll et la Mort de Klärchen (Egmont). Le compositeur tenant à ce sujet correspondant à ses propres convictions politiques et à son idéal de liberté héroïque. En 2019, Eric-Emmanuel Schmitt, à la demande de l'Orchestre national de Belgique, réécrit la tragédie de Goethe pour deux représentations exceptionnelles d'Egmont dans son intégralité au Palais des beaux-arts de Bruxelles sous la direction de Hugh Wolff[3].

Le comte d'Egmont est aussi le sujet de plusieurs peintures de Louis Gallait, dont Derniers honneurs rendus aux comtes d'Egmont et de Hornes qui se trouve au Musée des Beaux-Arts de Tournai et à l'hôtel de ville de Zottegem.

En 2018 plusieurs événements ont eu lieu à l’occasion des commémorations marquant les 450 ans de l’exécution des Comtes d’Egmont et de Hornes. Amandine et le Gueux, une pièce de théâtre au Palais du Coudenberg qui retrace les grandes lignes des épisodes dont il fut victime, fut créée Viviane Decuypere. Des gerbes ont été déposées le sous les statues d'Egmont à Zottegem et à Egmond aan den Hoef, et aussi sous la plaque commémorative apposée sur la Maison du Roi devant laquelle s'élevait la statue qui se trouve maintenant au Sablon. Des "tableaux vivants" ont été joués le également à l'initiative de l'historien conférencier M. Roel Jacobs et du grand Serment Royal et de saint Georges des Arbalétriers de Bruxelles en collaboration avec L'Ancien Grand Serment Royal et Noble de ND au Sablon et des Archers de Saint Sébastien. Un musée d'Egmont (Egmontkamer) fut inauguré à l'hôtel de ville de Zottegem, lieu où se trouvent la crypte d'Egmont, deux statues d'Egmont et son château [4].

Armoiries

Figure Blasonnement

Écartelé : aux 1 et 4 parti d'Egmond et d'Arkel ; au 2 et 3, parti de Gueldre et de Juliers. Sur le tout, écartelé de Luxembourg et des Baux.[5]

Ascendance[6]

Bibliographie

Articles connexes

Notes et références

  1. Gavere est une commune de Flandre-Orientale liée au comté d'Alost, à ne pas confondre avec Le Gâvre, près de Nantes.
  2. Mémoire de la Société dunkerquoise pour l'encouragement des sciences, des lettres et des arts Année 1853 pages 31-32 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6465647v
  3. BOZAR - Le site officiel.
  4. Zottegem Ville d'Egmont
  5. « http://www.heraldique-europeenne.org », Armorial des chevaliers de la Toison d'or (consulté le )
  6. Cette ascendance temporairement incomplète n'est que le travail de la remontée des filiations trouvées sur le domaine WP français. La branche paternelle a été élaborée à partir des filiations issues du domaine WP néerlandais.

Liens externes

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