Joseph de Villèle

Joseph de Villèle, comte de Villèle, né le à Toulouse et mort le dans la même ville, est un homme politique français qui exerça notamment les fonctions de président du Conseil des ministres entre 1821 et 1828.

Pour les articles homonymes, voir Villèle.

Joseph de Villèle

Joseph, comte de Villèle,
huile sur toile de Jean-Sébastien Rouillard.
Fonctions
Président du Conseil des ministres français
et ministre des Finances
[1]
(5 ans, 3 mois et 29 jours)
Monarque Louis XVIII
Charles X
Gouvernement Villèle
Législature IIe législature
IIIe législature
Prédécesseur Armand Emmanuel du Plessis de Richelieu
Successeur Jean-Baptiste Sylvère Gaye de Martignac
Ministre des Finances

(6 ans et 20 jours)
Monarque Louis XVIII
Charles X
Gouvernement Villèle
Prédécesseur Antoine Roy
Successeur Antoine Roy
Ministre sans portefeuille

(11 mois et 23 jours)
Monarque Louis XVIII
Gouvernement Richelieu (2)
Biographie
Nom de naissance Jean-Baptiste Guillaume Marie Anne Séraphin Joseph de Villèle
Date de naissance
Lieu de naissance Toulouse, Haute-Garonne (France)
Date de décès
Lieu de décès Toulouse, Haute-Garonne (France)
Sépulture Mourvilles-Basses
Nationalité française
Parti politique Ultra-royaliste
Famille Famille de Villèle
Diplômé de École de marine d'Alais
Profession Officier
Religion Catholique

Origine et famille

Jean-Baptiste Guillaume Marie Anne Séraphin Joseph de Villèle est né à Toulouse en 1773 (). Il est l’aîné d’une famille originaire du Lauragais (Castelnaudary) et anoblie par la charge de conseiller secrétaire du roi au XVIIe siècle (1633-1674)[2].

Il entre en 1788 à l’École de marine d’Alais (Alès). En 1790, il est envoyé à l’Île de France (Île Maurice) sous le commandement du Vice-Amiral Armand Philippe de Saint-Félix qui le prend sous sa protection et participe aux combats navals contre l’Angleterre dans l’océan Indien. Il est officier de la marine royale et absent de France quand survient la Révolution. Hostile à la Révolution, il est emprisonné de mai à , puis s’établit dans l’île Bourbon (Réunion). Il y acquiert par son travail un modeste domaine, il s’enrichit dans la culture du café tout en s’opposant à l’abolition de l’esclavage.

Joseph de Villèle est fait comte en 1822[2].

Il regagne la France en 1807 et prend la tête de la vaste propriété familiale de Mourvilles (Haute-Garonne). Hostile au régime napoléonien, il prête néanmoins serment à l’Empire et commence sa carrière politique en acceptant le poste de maire de son village de Mourvilles en 1808 et devient conseiller général en 1811. Dans le même temps, entré dans la résistance royaliste, il s'affilie en 1813 à la société secrète des Chevaliers de la Foi, qui regroupe des royalistes préparant le rétablissement des Bourbons sur le trône de France. Il devient alors l’un des principaux chefs des royalistes toulousains.

Entrée dans la vie politique

Sous la Première Restauration, il prend position contre la monarchie parlementaire et écrit les Observations sur le projet de Constitution dans lesquelles il critique la Charte de 1814 qu’il juge trop libérale. Lors du retour de l'île d'Elbe, il soutient la résistance organisée dans le Midi de la France par le duc d'Angoulême. Après l'échec des royalistes, il participe au mouvement clandestin d'opposition à l'Empire tout au long des Cent-Jours. Au début de la Seconde Restauration, Joseph de Villèle est nommé par Louis XVIII à la tête de la municipalité toulousaine le . Il est alors débordé par les excès des « verdets », c'est-à-dire des groupes d’activistes royalistes arborant une cocarde verte, la couleur du comte d’Artois, qui attaquent les jacobins et assassinent le général Ramel (). Élu de justesse député de la Haute-Garonne (département où il sera constamment réélu jusqu'en 1830), il siège parmi les députés ultraroyalistes dans la « Chambre introuvable » (-). De ce fait, il défend des mesures de répression sévères contre les révolutionnaires et bonapartistes ayant joué un rôle actif lors des Cent-Jours, proteste contre le maintien à des postes administratifs de cadres du régime napoléonien, soutient des projets de décentralisation et diverses mesures rappelant l'Ancien Régime. Il est rapporteur à cette époque d'un projet avorté d'une loi électorale proposée par le ministre de l'Intérieur de l'époque, le comte de Vaublanc. Ses qualités d’orateur, ses compétences financières et son habileté tactique le propulsent rapidement comme chef du groupe ultraroyaliste. Farouche opposant aux politiques centristes conduites par Richelieu puis par Decazes, il soutient paradoxalement un libéralisme de droite, prônant l'extension du droit de suffrage et de la liberté de la presse notamment.

L’arrivée au pouvoir sous Louis XVIII

Au lendemain de l’assassinat du duc de Berry (), il assure pendant quatre jours la présidence de la Chambre (du 8 au ), à la suite de l'indisposition de Ravez, puis entre dans le gouvernement du duc de Richelieu comme ministre sans portefeuille () mais démissionne en , en désaccord avec la politique trop centriste du duc de Richelieu. Il affaiblit ainsi Richelieu en le privant d’une partie de sa base parlementaire.

Les débuts du ministère Villèle

Domaine de Mourvilles
Le comte Joseph de Villèle.

Après la chute de Richelieu, Louis XVIII le rappelle aux affaires comme ministre des Finances (), puis il devient président du Conseil ().

Simultanément, il reçoit par lettres patentes du 19 septembre 1822, le titre de vicomte[3].

Villèle domine la vie politique de 1822 à 1827 par ses mesures conservatrices et dirige l’un des plus longs ministères que la France ait connu. Membre des Chevaliers de la Foi, il s’impose comme un véritable président du Conseil dont le but est d’empêcher toute dérive libérale du pays.

Villèle s’entoure dans son ministère de Corbière à l’Intérieur, de Peyronnet à la Justice, de Montmorency puis de Chateaubriand aux Affaires étrangères, de Monseigneur Frayssinous aux Affaires ecclésiastiques.

Contrôle de l’instruction publique

Villèle lance une politique de reprise en main, à commencer par celle qui toucha l’Université, vigoureusement épurée, par crainte d’y voir un dangereux foyer d’agitation : en 1822, la faculté de médecine est fermée pendant près de trois mois pour avoir conspué le recteur de l’académie de Paris. L’École normale supérieure, rebelle depuis 1815, est un moment supprimée, jusqu’en . Des professeurs sont sanctionnés, Guizot et Victor Cousin, en particulier, et 75 étudiants sont exclus de à .

Par l’intermédiaire de Frayssinous, grand maître de l’Université et président du conseil royal de l’Instruction publique, Villèle souhaite contrôler les différents degrés de l’instruction publique :

  • l’enseignement primaire est sous la surveillance des évêques ;
  • dans l’enseignement secondaire, des prêtres deviennent professeurs de philosophie ;
  • on favorise le développement de petits séminaires.

Les libéraux voient l’intervention de l’Église comme un retour à l’Ancien Régime et cela va contribuer au développement de l’anticléricalisme, qui va aller en s’accentuant.

La presse censurée

La presse est muselée et subit des contrôles de plus en plus stricts. Une loi de 1822 impose une autorisation préalable pour paraître et permet au gouvernement de suspendre des journaux pour délit de tendance contraire aux intérêts de l’État. La presse libérale est touchée de plein fouet. Elle s'était en effet développée et pour certains, mettait en danger la stabilité du Régime. Le comte de Villèle se prononce contre la censure, mais celle-ci est tout de même votée.

La liberté de la presse varia tout au long de la Restauration. Les royalistes ultras voulaient une presse contrôlée mais tout de même libre. Les abus de la presse libérale avaient été estimés de plus en plus nombreux et le sujet fut abordé par Charles X en 1827.

Jusqu'au la chambre disposait de la censure facultative. Ce jour-là, la loi de répression de la presse fut votée par 233 voix contre 134 bien que le comte de Villèle s'y opposât fortement. Il fit d'ailleurs un discours en ce sens[4].

Lutte contre la charbonnerie

Médaille de 1825 par Henrionnet.

À partir de 1821, les opposants libéraux se lancent dans l’action illégale, notamment avec la charbonnerie qui a pour but de faire triompher le libéralisme et donc de renverser les Bourbons. La jeunesse patriote (adversaire au traité de 1815) avait bien tenté depuis 1818 de conspirer en s’organisant, notamment au sein des facultés. Une grande conspiration prévue pour le fut éventée avant même d’avoir commencé ; le manque d’organisation et de discipline était patent. Inspirés par les carbonari italiens qui luttaient pour l’indépendance de leur pays, les charbonniers français se regroupaient en ventes. Le mouvement, mené par Lafayette, Manuel, Barthe s’étendit en provinces, et tenta de nombreux complots entre 1821 et 1822 mais tous échouèrent et les chefs furent exécutés. Villèle entreprend une lutte sans merci contre la charbonnerie. Ayant pris conscience de l’importance de ce mouvement clandestin au sein de l’armée, le gouvernement arrêta de nombreux civils et militaires : la plus célèbre exécution est celles des quatre Sergents de La Rochelle, en 1822. La charbonnerie se dissout d’elle-même à la suite d'échecs répétés, sans avoir réussi à s’imposer réellement dans les classes populaires.

L’intervention en Espagne

La politique étrangère permet au pouvoir de remporter des succès et de renforcer le prestige de la dynastie. L’armée se rallie au régime lorsque celui-ci l’engage dans l'Expédition d’Espagne en avril 1823. Au congrès de Vérone (1822), la Sainte-Alliance avait chargé la France de venir en aide au Roi d’Espagne, Ferdinand VII, en luttant contre les opposants libéraux espagnols qui s’étaient soulevés pour demander l’application de la Constitution de 1812. Le député libéral français, Jacques-Antoine Manuel, s’oppose violemment à l’intervention de la France et est expulsé de la Chambre.

Les combats prennent fin en novembre 1823 et se concluent par un succès. L'expédition vaut au général de Lauriston et au général Molitor d'être élevés à la dignité de maréchal de France.

La campagne est rapide et marquée par la prise victorieuse du fort de Trocadéro. L’armée rentre en France et la France dans le concert des grandes nations européennes. Ferdinand VII, quant à lui, réprime les libéraux espagnols.

Fort de ce succès militaire, Villèle dissout la Chambre en . Les élections de février- se traduisent par un véritable raz-de-marée des ultras : on parle ainsi de « Chambre retrouvée ». Les opposants libéraux ne sont plus qu’une quinzaine sur les 430 députés.

L’apogée de Villèle et des ultras sous Charles X

Le comte de Villèle voulait inscrire l’œuvre de son ministère dans la durée et stabiliser la situation de la France et de la monarchie. Pour cela il fait voter une nouvelle loi fixant la durée de la législature à 7 ans, au terme desquels auraient lieu des élections générales pour renouveler la Chambre. S'appuyant sur les efforts de ses prédécesseurs, il mène en plus de cela une politique budgétaire d’équilibre, voire d’excédent. Les finances ne s'étaient pas portées aussi bien depuis longtemps, la dette est très réduite. Il décide alors d'utiliser les fonds de la Caisse des dépôts et consignations (CDC) pour financer des projets industriels, en commençant par la rénovation du port de Dunkerque. Il s’appuie sur des agents d’État tous dévoués : plus de la moitié des députés étaient fonctionnaires. De plus le comte de Villèle était Chevaliers de la Foi et pouvait compter sur les ultras.

Le comte de Villèle vient à être dégoûté des parlementaires libéraux qui l'entourent, dans une de ses lettres qu'il écrivit le à son fils il déclare : « À ce prix et quelques pots-de-vin en argent pour les instruments et les mangeurs du parti, on nous offre une bonne loi de répression de la presse, appui de la chambre des pairs, retour de la cour Royale et revirement de la Quotidienne et des Débats (deux journaux critiquant le plus vivement le ministère Villèle). Que tout cela me fait honte et pitié. »

En , Louis XVIII meurt et c’est son frère, le comte d’Artois, qui lui succède, sous le nom de Charles X. Plutôt réformateur avant la Révolution, Charles X a tiré des vingt-cinq années passées en exil pendant son émigration un attachement renforcé à la continuité de la monarchie.

Plusieurs de ses proches partagent le même état d'esprit : Mathieu de Montmorency, Sosthène de La Rochefoucauld, Corbière ou Villlèle.

Dans le cadre de la Charte de 1814, Charles X désapprouve le parlementarisme, il favorise le rôle de l’Église dans la société. Dans son discours du trône, le roi évoque la nécessité de « fermer les dernières plaies de la Révolution » et de « réparer les derniers malheurs de mes peuples ».

Pendant le règne de Charles X, le ministère Villèle a organisé deux grandes manifestations publiques : le sacre du Roi, en mai 1825 et son voyage avec le Dauphin à travers le nord de la France, en septembre 1827.

Le sacre de Charles X

À l'instar de Napoléon 1er lui même, de Louis XVIII, qui ne donnera pas suite, pour raison de santé, à son propre souhait de se faire sacrer, Charles X entend marquer son avènement par une cérémonie religieuse. Celle-ci a lieu en la cathédrale de Reims, lieu traditionnel du sacre des Rois de France, le 29 mai 1825, en présence d'une foule importante, car elle constitue aussi un fête populaire.

La cérémonie est organisée par le Ministère de la Maison du Roi comme un compromis entre les traditions de l'ancien régime, en particulier l'onction divine, et la Charte, fondement politique de la Restauration, qui prévoit le Sacre dans son article 74. A la demande des autorités de la ville de Reims, elle a lieu à nouveau dans leur ville [5] .

Des lois controversées

Villèle manifeste son traditionalisme, en cherchant à donner une plus grande place à l’Église dans la société.

Sous l'influence de Monseigneur Frayssinous qui représente l’Église au gouvernement, une loi de 1825 favorise l’établissement des communautés religieuses et punit de la peine de mort le sacrilège. Villèle amende le texte pour alléger les peines, mais tout individu volant avec effraction un objet consacré au culte de la religion catholique est passible d'une peine de prison et d'une amende. La loi ne fut jamais appliquée dans ses dispositions emportant peine de mort, mais un dénommé François Bourquin fût condamné aux travaux forcés à perpétuité pour vol sacrilège[6]. Cette loi réveille un sentiment anticlérical dans la population.

En , est votée une loi d’indemnisation des émigrés : « le milliard des émigrés ». La loi est présentée à la chambre des députés par les députés Vaublanc et Martignac. Ceux qui s’étaient exilés à l’étranger pendant la Révolution et qui s'étaient fait spolier de leurs biens par le pouvoir révolutionnaire, recevraient une indemnité équivalant à vingt fois le montant de leurs revenus en 1790. Les libéraux parlent du milliard des émigrés mais en réalité la somme reversée était de 650 millions de francs.

Le ministère Villèle de 1826 à 1828

Troubles et difficultés

Villèle va connaître quelques difficultés dans l’application de sa politique. Il tente de faire adopter une loi dite « du droit d’aînesse » qui, en cas d’héritage, favorisait l’aîné en lui attribuant une part supplémentaire. Ce projet allait à l’encontre de l’égalité des droits proclamée par la Charte et visait à maintenir les grandes propriétés foncières dont l'égalité des partages amenait le morcèlement.

En 1827, le comte de Villèle veut faire passer une loi sur la presse pour obliger les journaux politiques à déposer leurs articles cinq jours à l’avance et augmenter les droits fiscaux, postaux et pénaux. Le texte est amendé au point d'être dénaturé.

Dans le domaine de la politique étrangère, le comte de Villèle reste prudent. Il engage la France dans le soutien à la Grèce dans sa lutte pour son indépendance contre l'Empire ottoman. Le , la flotte française de Méditerranée se joignit aux escadres russes et britanniques qui écrasèrent la flotte turque à Navarin.

Dans un contexte de funérailles de libéraux célèbres, l’impopularité du ministère Villèle s'accroit. Ces funérailles prennent la tournure de manifestations antigouvernementales : comme celles du général Foy en 1825, de Manuel ou du philanthrope La Rochefoucauld-Liancourt en 1827. Même la Garde nationale, passée en revue par le roi, cria : « À bas les Ministres ! », « À bas Villèle ! ». Ces déclarations montrent à Charles X la mesure de l’impopularité de son ministre au sein de la petite et moyenne bourgeoisie parisienne. Aussitôt une ordonnance royale est publiée et prononça la dissolution de la Garde nationale de Paris. Cet incident élargit le fossé entre le gouvernement et les classes moyennes urbaines.

Voyage de Charles X dans le nord de la France en septembre 1827

En septembre 1827, Charles X renoue avec une pratique monarchique du voyage en province, suivie pour la dernière fois en juin 1786 avec le voyage en Normandie de son frère aîné, Louis XVI. Le ministère Villèle a la charge d'organiser ce déplacement

Le 3 septembre, Charles X quitte Saint-Cloud pour un périple dans le nord de la France qui le mène à Soissons, à Laon, à La Fère, puis à Cambrai. Après des étapes à Bouchain, Denain, Valenciennes, il se fait montrer les Mines d'Anzin par Casimir-Périer. A Douai, il assiste à un exercice de tir, visite l'arsenal, le Musée, la bibliothèque. Arrivé à Lille le 7 septembre, il y est rejoint le lendemain par le Dauphin et par le prince d'Orange, y visite l'hôpital et plusieurs manufactures. Après des étapes à Armentières, Hazebrouck, Bailleul, Cassel, tous trois arrivent le 9 septembre à Saint-Omer. Le 10 septembre, ils y assistent à des manœuvres militaires au lieu dit "Les Bruyères", puis le 11 septembre au Fort d'Enringhen. Les manœuvres sont menées par le lieutenant-général comte Curial, en présence du ministre de la guerre, le marquis de Clermont-Tonnerre. Après la visite de plusieurs sites à Saint-Omer, le Roi assiste le 13 septembre à des manœuvres militaires à Wizernes, puis se déplace à Dunkerque pour y visiter le port, les fortifications et l'arsenal. Revenu à Saint-Omer, il y assiste à de nouvelles manœuvres militaires le 15 septembre et, après un séjour d'une semaine, reprend la route le lendemain pour Saint-Cloud. Il y arrivera le 20 septembre, après des étapes à Arras, Doullens, Amiens, où il inaugure le Canal de la Somme, Breteuil, Beauvais, où il visite notamment la Manufacture de tapisseries. Chaque étape de ce voyage donne lieu à des réceptions et bénéficie d'un important concours de liesse populaire[7].

Démission de Villèle

Malgré tout, Villèle tente encore un effort pour ressaisir la situation en rétablissant la censure en 1827. Il demande aussi au roi une « fournée » de 73 pairs pour lui permettre de retrouver une majorité à la Chambre des pairs et enfin il provoque la dissolution de la Chambre des députés. Des élections ont lieu en novembre 1827 et le résultat des votes donne 180 députés ministériels contre 180 libéraux et 70 ultras anti-Villèle.

Villèle a perdu ainsi la majorité et c'est un désaveu pour sa politique. Le symbole de cette victoire libérale est l’élection de Royer-Collard dans sept départements différents, ce qui porte ce libéral modéré à la tête de la Chambre.

Fait pair de France le , le comte de Villèle peut enfin démissionner après les nombreux refus de Louis XVIII puis de Charles X. Il laisse sa place au libéral modéré Jean-Baptiste Sylvère Gaye, vicomte de Martignac ().

Après la vie politique

Mise en retrait de la politique

Villèle se retire de la vie politique et refuse notamment de donner suite à la proposition, faite par Humann au nom de députés du centre désireux d'éviter tout trouble révolutionnaire, de remplacer le prince de Polignac à la tête d'un gouvernement d'apaisement (). Pourtant il continuera à exercer une très grande influence car beaucoup des parlementaires chercheront ses conseils et son soutien dans leurs actions.

Soutien continu aux Bourbons

Après la révolution de Juillet et l'accession au trône de Louis-Philippe, il reste fidèle à la branche aînée des Bourbons. Résidant dans sa propriété méridionale, il joue un rôle important au sein des instances légitimistes durant les années 1830. Il est le chef de file de la tendance conservatrice, hostile à toute tentative de soulèvement armé ou à l'extension du droit de suffrage. Il laissa d’intéressants Mémoires, interrompus à l’année 1816 et publiés après sa mort (1888-1890, 5 volumes).

Mort et inhumation

Villèle s'éteint le dans son hôtel particulier toulousain de la rue Vélane, à l'âge de 80 ans. Ses obsèques ont lieu à la cathédrale Saint-Étienne. Joseph de Villèle repose dans la chapelle du château de Mourvilles.

Décorations

Armes

Joseph de Villèle († 1854), comte de Villèle par lettres patentes du , baron-pair de France par ordonnance du [8], Président du Conseil des ministres.

D'azur, à trois pointes en fasce mouvantes à dextre d'or[9]. Il épouse, le , Barbe Mélanie Ombeline Panon Desbassayns (1781-1855), fille d’Henri Paulin Panon Desbassayns et de Marie Anne Thérèse Ombline Gonneau de Montbrun, riches colons de l'Isle Bourbon, aujourd'hui Ile de la Réunion. Elle est la sœur de Philippe Panon Desbassayns, comte de Richemont. Ils eurent cinq enfants :

  • Louis Henri de Villèle, magistrat (Saint Paul, 19 août 1800 - Merville, 2 novembre 1882), marié à Toulouse le 25 février 1829 avec Louise Marie René de Laffitte Pelleport (1810-1859), dont postérité ;
  • Louise de Villèle (Saint Paul, 9 octobre 1805 - Livarot, 30 juin 1888), mariée à Paris le 7 avril 1824 avec Alfred Rioult de Neuville, gentilhomme de la Chambre du Roi, conseiller-général et député du Calvados (1802-1894), dont postérité ;
  • Pauline Henriette de Villèle (Saint Paul, 9 octobre 1805 - Saint Paul, 25 mars 1806) ;
  • Henriette de Villèle (Mourville Basses, 13 juin 1811 - Mourville Basses 19 janvier 1879), mariée à Toulouse le 26 avril 1833 avec Louis Honoré Félix de Pons ;
  • Louise de Villèle (Toulouse, 28 décembre 1814 - Marmande, 5 août 1839), mariée à Toulouse le 9 juin 1838 avec Louis Gabriel Drouilhet de Sigalas, officier de cavalerie (1811-1884), fils d'Etienne Sylvestre Drouilhet de Sigalas, député du Lot et Garonne, dont postérité.

Bibliographie

  • Guy Antonetti, Les ministres des finances de la Révolution française au Second Empire : dictionnaire biographique, vol. II : 1814-1848, Paris, Comité pour l'histoire économique et financière de la France, coll. « Histoire économique et financière de la France / Sources », , 617 p. (ISBN 978-2-11-094807-6, lire en ligne), « Villèle (Jean-Baptiste-Guillaume-Marianne-Séraphin-Joseph de) », p. 175-233.
  • Dominique Barjot, Jean-Pierre Chaline et André Encrevé, La France au XIXe siècle 1814-1914, PUF, coll. Premier cycle, Paris, 1995, p. 155-166 (ISBN 2130567878).
  • Guillaume de Bertier de Sauvigny, La Restauration, Flammarion, coll. Champs, 1999.
  • Ph. Boutry, « Villèle », dans Dictionnaire de l’Histoire de France (K-Z) de Sirinelli Jean-François et Couty Daniel (dir.), Armand Colin, 1999, p. 1640.
  • Jean-Claude Caron, La France de 1815 à 1848, Armand Colin, coll. Cursus-Histoire, Paris, 2004, p. 19-26.
  • Francis Demier, La France du XIXe siècle 1814-1914, Seuil, coll. « Points Histoire », 2000, p. 100-105.
  • Nouvel Autodidactique Quillet, Littérature & Histoire, Hachette, 1996, p. 554.
  • Dominique Vallaud, Dictionnaire historique, Fayard, 1995.
  • Benoît Yvert (dir.), Premiers ministres et présidents du Conseil. Histoire et dictionnaire raisonné des chefs du gouvernement en France (1815-2007), Perrin, Paris, 2007, 916 p.
  • Emmanuel de Waresquiel et Benoît Yvert, Histoire de la Restauration 1814-1830, Perrin, 2002.

Articles connexes

Notes et références

  1. De facto à partir du .
  2. Régis Valette, Catalogue de la noblesse française subsistante au XXIe siècle, année 2002, page 189.
  3. Vicomte Albert Réverend, Titres anoblissements et pairies de la Restauration, 1814-1830, tome 6, Paris, Librairie Honoré Champion, (lire en ligne), p. 442-444
  4. Moniteur, 1827, p. 139, 201, 202, 203, 204, 238, 303.
  5. Landric Raillat, Charles X ou le Sacre de la dernière chance, Olivier Orban, , 346 p. (ISBN 2-85565-637-0, lire en ligne).
  6. L'Ami de la religion et du roi: journal ecclésiastique, politique et littéraire, A. Le Clère, (lire en ligne), p. 311.
  7. Voyage du Roi au Camp de Saint-Omer et dans les départements du Nord, Paris, Imprimerie royale, , 237 p. (lire en ligne).
  8. Les familles titrées et anoblies au XIXe siècle : titres, anoblissements et pairies de la Restauration, 1814-1830. Tome 6 / par le Vte A. Révérend.
  9. « Titres et armoiries (1808-1961). Quatrième partie Armoiries - M. le Comte de Villèle », sur siv.archives-nationales.culture.gouv.fr.

Liens externes

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