Manufacture de Beauvais
La manufacture de tapisserie de Beauvais, est une manufacture royale fondée en 1664 par Colbert, à Beauvais, dont la qualité de la production de basse-lisse était équivalente à la production de la manufacture des Gobelins. Elle est toujours en activité.
Pour les articles homonymes, voir Beauvais.
Histoire
Fondation
La manufacture de Beauvais a été créée en 1664 par Jean-Baptiste Colbert pour concurrencer les manufactures de tapisseries des Flandres afin de répondre aux exigences de sa politique mercantiliste et réduire les importations en réalisant des tapisseries de basse-lisse sur des métiers à tisser horizontaux. Contrairement à la manufacture des Gobelins dont la production était essentiellement destinée au roi, la manufacture de Beauvais, fut à l'origine une entreprise orientée vers le marché privé. Elle est d’abord confiée à Louis Hinart, marchand, maître tapissier et entrepreneur, puis en 1678, à son fils Jean-Baptiste Hinart. En 1688, celui-ci criblé de dettes, dut se retirer. La production se limite alors à des sujets simples comme les verdures. Philippe Béhagle, marchand-tapissier du roi, originaire des Flandres et formé aux Gobelins, prit sa succession[1]. À sa mort en 1705, les difficultés de la manufacture s’accroissent. La manufacture continue d'être gérée par la famille Béhagle (sa veuve et son fils) jusqu'en 1711, puis les frères Filleul prennent la suite jusqu'en 1722, avant que Noël-Antoine Mérou en assure la direction jusqu'en 1733, date à laquelle il est démis de ses fonctions pour avoir falsifié les comptes.
Depuis Béhagle, la manufacture fait appel à des artistes reconnus pour fournir des cartons, comme Jean-Baptiste Monnoyer ou Jacques Duplessis, dont le travail laisse à désirer et qui est remplacé par Jean-Baptiste Oudry en 1726. C'est à ce dernier que la direction est confiée, selon la volonté de l'intendant des finances Louis Fagon, après que Mérou est remercié. La contribution d'Oudry, jusqu'à sa mort en 1755, correspond à la période la plus remarquable de l'histoire de la manufacture.
Apogée de la manufacture au XVIIIe siècle
Sous la direction artistique de Jean-Baptiste Oudry, Beauvais s'appuya sur un réseau international de magasins d'exposition implantés à Paris, Leipzig ou Ratisbonne par les précédents directeurs pour développer ses exportations à l’Europe entière, créant d'immenses tentures relatant par exemple l'histoire de Don Quichotte. La collaboration entre les peintres Oudry et François Boucher contribua pour une large part à cette réussite. À cette époque furent réalisées d'importantes productions de tapisseries pour sièges assorties aux motifs des tentures créant ainsi des ensembles décoratifs très homogènes. Malgré son succès auprès de la clientèle privée, la manufacture de Beauvais dut son maintien aux commandes annuelles du garde-meuble royal.
La manufacture employait à la Révolution française plusieurs centaines d’ouvriers et le , Napoléon Bonaparte décida d'en faire une manufacture d'État.
Les tissages de Beauvais étaient d'une qualité exceptionnelle, comparable à ceux des Gobelins. La manufacture était particulièrement renommée pour les garnitures de sièges.
Au cours du XIXe siècle, la manufacture déclina.
Le renouveau de l'entre-deux-guerres
Les années 1920-1930 sonnent le renouveau de la manufacture, sous l'impulsion de son directeur, Jean Ajalbert, académicien Goncourt, qui fit préparer de nouveaux cartons à partir d’œuvres de grands peintres de son temps, notamment Raoul Dufy. La manufacture, rattachée au Mobilier national en 1935, prit alors une part active au renouveau de la tapisserie qui caractérise le XXe siècle (Le Corbusier, Henri Matisse, Pablo Picasso) et se poursuit aujourd’hui avec la contribution d’artistes contemporains (Raymond Hains, Jean-Michel Othoniel, Eduardo Chillida, Roberto Matta, Pierre Buraglio, David Tremlett, Vincent Bioulès, Paul-Armand Gette, Martine Aballéa, Louise Bourgeois…)[2].
L'épreuve de la Seconde Guerre mondiale
Les ateliers installés à Beauvais depuis le XVIIe siècle furent détruits par des bombardements en 1940. La manufacture de Beauvais fut alors transférée à Paris sur le site des Gobelins. Ces ateliers fonctionnent toujours aujourd'hui.
En 1989, les ateliers reviennent à Beauvais et sont installés dans des bâtiments de caractère, du XIXe, en brique, anciens abattoirs entièrement transformés et spécialement aménagés, à proximité du centre-ville. La manufacture de Beauvais est aujourd'hui rattachée à l'administration générale du Mobilier national et des manufactures nationales de tapisseries, qui dépend du ministère de la culture (Délégation aux Arts plastiques).
La Galerie nationale de la tapisserie
Édifiée à l’initiative d’André Malraux, près de la cathédrale de Beauvais, sur les plans de l'architecte André Hermant, la galerie est assise sur les contreforts des remparts gallo-romains.
Ouverte en 1976, la Galerie nationale de la Tapisserie présente des expositions permanentes et temporaires de tapisseries tissées dans les manufactures nationales, du Moyen Âge à nos jours[1], ainsi que du mobilier et des textiles appartenant aux collections du Mobilier National.
Elle rend hommage à la célèbre Manufacture royale de tapisserie que fut Beauvais autrefois. Elle abrite et sert de présentation aux collections du Mobilier National.
Devenue la propriété de la ville de Beauvais, la Galerie nationale de la tapisserie est devenue Le Quadrilatère en 2016[3]. Accueillant à la fois des expositions temporaires et le futur centre d'interprétation de l'architecture et du patrimoine, le projet du lieu est d'articuler dans un ensemble cohérent patrimoine et création contemporaine.
Technique
La Manufacture de Beauvais abandonne la pratique de la haute-lisse pour n’utiliser que la seule technique de la basse-lisse dès le premier tiers du XVIIIe siècle.
La basse-lisse se caractérise par l'utilisation d'un métier horizontal. Tous les fils de chaîne sont embarrés dans une série de lisses paires et impaires qui s'entrecroisent au moyen de pédales. Le lissier tisse à l'envers en suivant le dessin du modèle transcrit sur un papier blanc placé sous la chaîne du métier. Les fils non encore tissés se présentent enroulés autour de flutes.
- Flutes utilisées pour le tissage à la manufacture de Beauvais
- Les fils de chaîne sur un métier à l'horizontale
Liste des dirigeants
- Jean-Baptiste Huet, administrateur (Almanach impérial 1812, ; 1816, )
- Dourches, administrateur (Almanach royal 1829 )
- Grau de Saint-Vincent, administrateur (Almanach royal 1841 ; 1847 )
- 1848-1850 : Pierre-Adolphe Badin (1805-1876), peintre, administrateur des manufactures des Gobelins et de Beauvais
- 1860-1870 : Pierre-Adolphe Badin, de nouveau administrateur des manufactures des Gobelins et de Beauvais,
- 1871-1913 : puis son fils, Jules Badin (1843-1919), lui a succédé à la manufacture de Beauvais (Almanach impérial 1868, )
- 1913 ?-1917 ? : Gilbert Peycelon
- 1913?-1935? : Jean Ajalbert
- Puis voir les dirigeants du Mobilier national et des manufactures des Gobelins, Beauvais, la Savonnerie
Notes et références
- http://www.beauvais.fr/pages/aimerbvs/beauvaisvilledarts.php
- « Manufacture de Beauvais | Mobilier National », sur www.mobiliernational.culture.gouv.fr (consulté le )
- « Beauvais is Culture », sur culture.beauvais.fr (consulté le )
Annexes
Bibliographie
- VIII-Beauvais, dans Jean-Jacques Marquet de Vasselot, Roger-Armand Weigert, Bibliographie de la tapisserie, des tapis et de la broderie en France, dans Revue de l'art français ancien et moderne, 1933-1934, tome 18, p. 96-108 (lire en ligne)
Liens internes
Liens externes
- Galerie nationale de la Tapisserie
- Tapisserie de Beauvais
- Tapisseries de Beauvais dans les collections du Mobilier national
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