Louise Bourgeois (plasticienne)

Louise Joséphine Bourgeois, née à Paris le et morte à New York le [1], est une sculptrice et plasticienne française, naturalisée américaine[2].

Pour les articles homonymes, voir Bourgeois et Louise Bourgeois.

Elle est surtout connue pour sa sculpture et ses installations monumentales, mais pratique également la peinture et la gravure. Elle explore des thèmes tels que l'univers domestique, la famille, le corps, notamment les organes sexuels, tout en abordant une approche qui se traduit comme une manifestation des subconscients et la réactivation de souvenirs de son enfance. Elle est proche des mouvements expressionnistes abstraits et du surréalisme, ainsi que du mouvement féministe, mais reste toute sa vie non affiliée à une mouvance particulière.

Bien que née en France, Louise Bourgeois a passé l'essentiel de sa carrière artistique à New York, où elle s'est installée en 1938 après avoir épousé l'historien d'art américain Robert Goldwater (1907-1973).

Son travail d'artiste est reconnu tardivement et elle est considérée comme particulièrement influente sur les générations d'artistes ultérieures, surtout féminines.

Biographie

Enfance

Louise Bourgeois est la deuxième fille de Louis Isidore Bourgeois (1884-1951) et de Joséphine Valérie Fauriaux (1879-1932)[3]. Son prénom Louise selon ses dires est choisi par sa mère en hommage à Louise Michel, personnalité historique de la Commune de Paris[4]. La famille habite à Choisy-le-Roi, dans la banlieue parisienne jusqu'en 1919, date à laquelle elle emménage au 11-13 rue d'Orléans ou Grande rue, aujourd'hui avenue de la Division-Leclerc, à Antony dans les Hauts-de-Seine[5].

Ses parents sont restaurateurs de tapisseries anciennes. Son père Louis Bourgeois tient une galerie au 174, boulevard Saint Germain à côté du Flore. Il y vend des tapisseries d'Aubusson et des Gobelins. Dans leur atelier de la maison familiale de Choisy, la mère de Louise Bourgeois, Joséphine, dirige la restauration et le retissage des tapisseries abîmées[3]. Dès l'âge de dix ans, Louise commence à aider ses parents pour les dessins des tapisseries et à faire les pieds manquants ainsi que d'autres motifs lorsque le dessinateur M. Richard Guino était absent. Ce travail de dessin est son premier contact avec l'art : « Quand mes parents m'ont demandé de remplacer M. Richard Guino, cela a donné de la dignité à mon art. C'est tout ce que je demandais. » Louise a le sentiment d'être utile.

Les grands-parents paternels vivent dans une ferme à Clamart, et la famille y passe les dimanches. Les grands-parents maternels sont originaires d'Aubusson et la grand-mère de Louise avait son atelier de tapisserie. Ils sont adeptes des philosophes des Lumières, ainsi que de Louise Michel et des communards[6].

En 1982, elle publiera dans le magazine d'art américain Artforum un récit illustré de photographies de son enfance et intitulé Child's Abuse, dont l'esthétique est proche de celle des revues surréalistes des années 1930. Elle évoque dans ce texte un épisode aujourd'hui devenu fondateur dans la critique qui se déploie autour de Louise Bourgeois : au cours de son adolescence, Sadie Gordon Richmond qui est l'enseignante privée d'anglais des enfants devient la maîtresse de son père. Elle vit dix ans durant dans la maison familiale et la mère ferme les yeux sur cette relation[6],[7]. C'est ainsi seulement à partir des années 1980 que les lectures à la fois biographiques et psychanalytiques vont profondément orienter la lecture de l'œuvre de Louise Bourgeois, elle-même parlant de son travail sur le modèle de l'association libre.

Formation

Elle est élève au lycée Fénelon, et selon Xavier Girard elle accumule les prix d'excellence et les zéros de conduite et est « douée pour les maths et la géométrie descriptive, grande lectrice, passionnée de peinture et musique, sportive[8]. » Après avoir obtenu son baccalauréat en 1932 au lycée Fénelon[9], elle étudie les mathématiques supérieures à la Sorbonne en géométrie, espérant trouver ainsi un ordre et une logique dans sa vie. Bourgeois s'écarte des mathématiques, trop théoriques à son goût :

« Pour exprimer des tensions familiales insupportables, il fallait que mon anxiété s'exerce sur des formes que je pouvais changer, détruire et reconstruire. »

Elle commence des études d'art à Paris, d'abord aux Beaux-Arts. Après 1932 elle se forme dans les académies libres de Montparnasse et de Montmartre: Colarossi, Ranson, Julian, La Grande-Chaumière et dans les ateliers de Lhote, Fernand Léger Paul Colin et Cassandre et dès 1936 à l'École du Louvre.

Plus tard aux États-Unis elle s'inscrit aux cours du soir à l'Art Student League, et fréquente l'atelier de Vaclav Vytlacil[10].

Vie familiale

Après la guerre elle accompagne sa mère Joséphine en cure thermale, car celle-ci, qui a contracté la grippe espagnole en 1918 souffre d'emphysème[8]. En hiver la famille habite à Nice de 1929 à 1932, dans la villa Pompeiana sur la colline de Cimiez. Elles ont pour voisin le peintre Pierre Bonnard qui a acheté en 1926 la villa « Le Bosquet » au Cannet. Louise soigne sa mère mourante et passe son bac par correspondance[11]. Joséphine meurt des suites de sa maladie en 1932.

De 1936 à 1938 elle habite à Paris au 31 rue de Seine, juste à côté de la galerie d'André Breton[8]. Elle ouvre une galerie vendant des tableaux de Eugène Delacroix, Matisse, Odilon Redon et Bonnard[8]. En 1937, elle rencontre l'historien d'art américain Robert Goldwater. Elle l'épouse et s'installe avec lui à New York dès l'année suivante. C'est là qu'elle entre en relation avec le milieu des surréalistes, dont la plupart ont quitté la France pour les États-Unis pendant la Seconde Guerre mondiale et présente sa première exposition personnelle en 1945.

Elle participe activement dans les années 1960 aux revendications du mouvement féministe[4].

Elle a trois fils : Michel qu'elle adopte en France en 1939 à l'âge de 3 ans, Jean-Louis né en 1940 et Alain né en 1941[8]. À cette époque elle souffre du mal du pays, ce qui a des répercussions dans son œuvre. Elle déménage avec sa famille au 142 East 18th street dans le Stuyvesant's Folly. Cet immeuble accueille des artistes ainsi que leurs familles et dispose d'ateliers sur son toit. Le couple achète une maison dans le Connecticut pour les vacances d'été.

Psychanalyse

En 1951, à la mort de son père, elle entame une psychanalyse qui dure près de 30 ans, tout d'abord avec Leonard Camer, puis avec Henry Lowenfeld[12],[8]. Elle tente notamment de surmonter la souffrance qu'a causée en elle le fait de découvrir que son père trompait sa mère avec sa gouvernante et enseignante d'anglais. Elle voit son psychanalyste quatre fois par semaine, ce qui ne sera révélé qu'en 2007 avant sa rétrospective au Tate Modern. À la mort de son analyste, après 30 années de cure psychanalytique, elle est très au fait des théories psychanalytiques et elle écrira même un essai, en 1990, intitulé Freud's Toy[13].

« La vérité c'est que Freud ne fit rien pour les artistes, ou pour le problème des artistes, le tourment des artistes (…) être artiste implique une forme de souffrance. Voilà pourquoi les artistes se répètent — parce qu'ils n'ont pas accès à un remède[12],[14]. »

Elle vivait à New York dans le quartier de Chelsea[15].

Elle meurt le 31 mai 2010, à l'âge de 98 ans.

Féminisme

Dans les années 1970, elle soutient de jeunes artistes femmes et participe à des expositions militantes organisées par le Mouvement de libération des femmes (MLF). Pour autant, Louise Bourgeois ne se revendique pas comme féministe : « Je suis une femme, je n'ai donc pas besoin d'être féministe » déclare-t-elle à Jacqueline Caux.

Sa dernière installation majeure, le Mémorial de Steilneset, commémore les femmes persécutées et exécutées durant les chasses aux sorcières (procès des sorcières de Vardø (en)).

Décoration

Œuvre

Louise Bourgeois a travaillé particulièrement sur les thèmes de l'universalité, des relations entre les êtres, de l'amour et de la frustration entre des amants ou les membres d'une même famille, ainsi que l'érotisme[7].

Les débuts : les « femmes maisons »

C'est à New-York, dès les années 1940, que Louise Bourgeois commence sa carrière d'artiste[16].

Depuis ses premiers dessins, peintures et gravures, son œuvre se centre sur le sujet de la procréation, de la naissance et de la maternité, et de l'autoportrait[4]. Le thème prédominant de cette période prend la forme de « femmes-maisons », mêlant le corps à l'architecture, l'organique au géométrique : buste en brique, maison à colonnes sur les épaules, cage thoracique en forme d'escaliers et de portes. Mais le fil rouge de son œuvre est le phallus (le père), qu'elle baptise « fillette » et l'araignée (la mère). Selon Louise Bourgeois elle-même, l'araignée représente la mère, « parce que ma meilleure amie était ma mère, et qu'elle était aussi intelligente, patiente, propre et utile, raisonnable, indispensable qu'une araignée ». L'araignée est pour elle le symbole des tapisseries que réparait sa mère (toile de l'araignée) et de tout ce qui s'y rapporte : aiguilles, fils.

Dans cette série de peintures l'artiste explore la relation qu'une femme peut entretenir avec son espace domestique. Les têtes des femmes sont remplacées par des maisons, ce qui isole leur corps du monde extérieur et instaure la prééminence de la sphère domestique[17].

Les totems : années 1950

Dès 1947 Louise Bourgeois se met à sculpter des figures longitudinales en bois qu'elle appelle des personnages[18]. Ils ont l'aspect de totems sinueux et lisses[7],[18], d'inspiration surréaliste. Ils s'inscrivent dans la verticalité et la fragilité, mais aussi dans l'interactivité, renvoyant à la difficulté que les humains ont à rester. À cette époque, Louise Bourgeois souffre du mal du pays[19] sa famille et ses amis lui manquent depuis son déménagement à New York. Ses totems mis en scène groupés lui permettent d'exorciser cette souffrance, son œuvre s'inscrivant dans une relation des personnages mis en scène dans le groupe et dans l'environnement. L'artiste aborde son travail aussi dans une dimension quasi thérapeutique. Elle s'intéresse à la psychanalyse et a lu les ouvrages de Charcot[20].

Le corps

Entre 1967 et 1968 Louise Bourgeois met en scène des organes sexuels féminins et masculins dans son œuvre : des pénis dans sa sculpture de 1968 intitulée Fillette et immortalisée en 1982 par Robert Mapplethorpe dans une photographie de l'artiste avec son œuvre qu'elle porte sous le bras[21] et dans Janus in Leather Jacket, 1968, ou encore des clitoris dans Femmes Couteau de 1970. Les matières utilisées pour commencer, sont le marbre et le bronze, matières qu'elle délaisse par la suite pour le plâtre qu'elle recouvre de latex ou de plastique, de cire, ou de résine.

Destruction du père

Destruction of the Father (en français Destruction du père) (1974) est une exploration biographique et psychologique de la domination du père. La pièce est une installation dans une pièce ressemblant à un utérus. Faite de latex, bois tissus avec une lumière rouge, Destruction of the Father est la première œuvre dans laquelle elle utilise des matières malléables à grande échelle. En entrant dans l'installation, le public captif se tient devant une scène de crime. Mis en scène dans une salle à manger stylisée (avec une chambre à coucher) les enfants figurés de manières abstraite d'un père omnipotent se sont rebellés et l'ont assassiné puis mangé.

L'artiste exorcise et recrée son passé[19] dans son œuvre pour pourvoir, en quelque sorte, régler ses comptes avec les humiliations subies pendant son enfance. Son père moqueur et humiliant est transformé en sphinx géant doté de deux seins à qui l'on coupe la tête dans une cave qui est remplie de phallus et de mamelles[22]. Dans une interview au New York Times, elle déclare que la chose la plus importante qu'elle ait dite est : « L'art nous permet de rester sains d'esprit »[23]. « En tant qu artiste, je suis quelqu'un de puissant. Dans la vie réelle, j'ai l'impression d'être une souris derrière un radiateur »[24]

Cells

Domestic Incidents by Louise Bourgeois Tate Modern Turbine Hall 2006.

Dans les dernières années de sa vie Louise Bourgeois produit deux séries d'installations qu'elle intitule Cells. Beaucoup de ces installations sont des enceintes dans lesquelles le public est invité à regarder un arrangement d'objets symboliques; d'autres sont de petites pièces dans lesquelles le public est invité à pénétrer. Dans ces œuvres, Louise Bourgeois utilise des formes sculpturale reprises de formes antérieures de son œuvre, ainsi que des objets trouvés et des effets personnels détenteurs d'une forte charge émotionnelle pour l'artiste.

Les Cells reproduisent des états psychologiques et intellectuels, principalement la peur et la douleur. Louise Bourgeois y représente une multitude de thématiques et problématiques rattachées à son vécu. Cela est le cas pour l'une d'elles notamment, installation sculpturale incluant une maquette de la maison familiale et une guillotine, au sujet de laquelle l'artiste a dit que « ce sont les gens qui se guillotinent dans leur propre famille »[22]

Gravure

Louise Bourgeois s'intéresse à la gravure pendant la première et la dernière phase de sa carrière d'artiste: dans les années 1930 et les années 1940, quand elle arrive à New-York et plus tard quand son travail commence à être reconnu. Au début, elle produit des gravures sur une petite presse chez elle, ou dans le célèbre Atelier 17. Cette période est suivie d'une longue pause, pendant laquelle Louise Bourgeois tourne son attention en direction de la sculpture. Ce n'est qu'à partir de ses soixante dix ans qu'elle commence à refaire de la gravure, encouragée par des maisons d'éditions spécialisée dans le domaine de la gravure. Elle réinstalle alors sa vieille presse, et en ajoute une deuxième, tout en travaillant en collaboration avec des graveurs et graveuses qui venaient chez elle. Une phase active commence alors pour elle dans le domaine de la gravure, qui dure jusqu'à la fin de sa vie. Elle crée environ 1500 estampes au total.

En 1990, Louise Bourgeois décide de faire don des archives de son œuvre gravé au Museum of Modern Art (MoMA). En 2013, le musée lance un catalogue raisonné en ligne de ses gravures[25]. Le site se concentre sur le processus créatif et place les estampes et livres illustrés de l'artiste dans le contexte de sa production globale en incluant des travaux associés sur d'autres supports mais avec des thèmes identiques. En 2014-2015, l'institution organise la première exposition de gravures de l'artiste, The Prints of Louise Bourgeois[26].

En 1997, dans le cadre d'une commande publique, elle a réalisé pour la Chalcographie du Louvre une gravure au burin, pointe sèche, eau-forte et aquatinte intitulée Lacs de Montagne[27].

La consécration dans les années 1970

Travaillant à l'écart de la scène artistique, elle présente peu d'expositions personnelles jusqu'à ce qu'un vif intérêt se manifeste pour son travail dans les années 1970. Le développement de son œuvre prend alors un tour entièrement nouveau. Non seulement des thèmes jusqu'alors latents — la féminité, la sexualité, la famille, l'adolescence, la solitude — deviennent omniprésents, mais la manière de les traiter est entièrement renouvelée, avec des sculptures-installations réalisées avec des matériaux et des objets très variés, parfois personnels.

Elle imprègne ses œuvres, notamment sculpturales, de cette veine psychique, issue de ses traumas personnels. Pleinement consciente de cette dimension de son œuvre, elle est toutefois très éloignée des représentations littérales qui caractérisaient, en particulier, le surréalisme dans leur rapport à l'inconscient, et a ouvert en ce sens une voie très avant-gardiste de l'art contemporain. Ses sculptures monumentales d'araignées, constructions oniriques, en sont un des exemples les plus connus.[réf. nécessaire]

Expositions

En 1982-1983, le MoMA lui consacre une première exposition rétrospective[23].

Le Centre Pompidou organise, du 5 mars au 2 juin 2008[28], en collaboration avec la Tate Modern de Londres, une exposition de plus de 200 œuvres (peintures, sculptures, dessins, gravures, objets), rétrospective de l'œuvre de Bourgeois[29],[30]. À la même époque, le photographe Jean-François Jaussaud prend des photos de l'artiste pour publication dans le magazine Connaissance des arts[15].

En 1990-91, elle est exposée à la fondation Antoni Tàpies[31].

La rencontre avec Tracey Emin peu avant sa mort assura l'achèvement des 16 œuvres inachevées. Le résultat de ses travaux est présenté actuellement à la Hauser & Wirth Gallery de Londres[32].

En 2016 (18 mars-4 septembre), le musée Guggenheim de Bilbao présente l'exposition la plus complète jamais réalisée des cells, intitulée « Structures de l'existence: les cellules ».

Les livres d'artiste en textile

L'artiste entretenait un rapport privilégié avec le textile et les travaux d'aiguille, en rapport avec son enfance, durant laquelle elle était chargée de réparer les tapisseries pour aider ses parents tapissiers (voir ci-dessus, Biographie). Adulte, l'artiste cristallisa cette notion de « réparation » et continua à l'associer à la couture. Pour elle, ce fut également un moyen d'exprimer dans son travail artistique la manière dont les membres d'une même famille (et notamment de sa propre famille) tissent des liens, les défont, et tentent de les réparer.

C'est à la fin de sa vie, à partir des années 1990, que l'utilisation de matériaux textiles va occuper une place prépondérante dans l’œuvre de l'artiste. Notamment avec son installation Pink Days and Blue Days, suspension de vieux vêtements chinés d'adulte et d'enfant sur une structure en acier, sur des os faisant office de cintres[33]. Ce qui la conduira, dès 2001, à entreprendre des projets de livres d'artistes textiles.

Le site du MomA répertorie très précisément cette partie du travail de l'artiste. On peut y consulter les planches scannées des livres textiles illustrés et imaginés par Louise Bourgeois, parfois en collaboration avec d'autres artistes, poètes, écrivains[34].

Louise Bourgeois collabore avec Paulo Herkenhoff, qui écrit le texte pour son livre The Laws of Nature[35], et avec l'artiste et écrivain Gary Indiana pour To Whom it may concern[36] qui écrit des poèmes en prose, des méditations sur la sexualité, les relations, la corporéité, mis en lien avec des gravures de Bourgeois.

Figurent également dans le catalogue du MomA, le nombre d'exemplaires édités de chaque ouvrage, ainsi que leur mode d'impression et de fabrication. En effet, en fonction du propos de chacun de ses livres, l'artiste a utilisé le medium textile d'une manière différente.

Penchons nous par exemple sur le procédé de réalisation de son livre Ode à l'oubli[37].

Page 30/ 34, Ode à l'oubli, 2002.

C'est le premier livre que Louise Bourgeois a créé avec la technique de collage de textiles. Les pages sont faites à partir d'essuies mains en lin que l'artiste avait conservés de son trousseau de mariage.

Ces serviettes sont brodées du monogramme « LBG » pour « Louise Bourgeois Goldwater » (Goldwater était le nom de son mari), qui fait ici office de signature de l’œuvre.

Quant aux textiles ayant servi à la réalisation des collages, ce sont de vieux vêtements et des articles de ménages qui appartenaient à Louise et qu'elle a découpés. Notons que l'artiste avait engagé une couturière, Mercedes Katz, qui l'a aidée à relier son livre.

En 2003-2004, la maison d'édition Peter Blum Edition, NY, publia 25 exemplaires (+14 « hors circuit ») de ce livre. Cette fois-ci, l’exemplaire original n'a pas été scanné. Le processus de réalisation est différent.

Pour réaliser ces exemplaires et faire en sorte qu'ils soient les plus fidèles possibles à l'original, de multiples stratagèmes ont été mis en place. Pour reproduire les tissus de l'original, il a été nécessaire de procéder à des impressions sur d'autres tissus en employant la technique de la lithographie, de l'impression digitale, de la teinture, de la couture, de la broderie. Parfois même, il a fallu chiner des tissus qui ressemblaient le plus possible aux textiles de l'original.

Sélection d'œuvres

Il existe un catalogue raisonné des œuvres de gravure de Louise Bourgeois au Museum of Modern Art (MomA)[25].

  • 1964 : The Red Room
  • 1968 : Fillette, sculpture
  • 1969 : Cumul I.
  • 1974 : La Destruction du père, qui marque une rupture dans sa vie et son œuvre.
  • Années 1990 : série Red Rooms.
  • 1992 : Precious Liquids, Centre Pompidou, espace cylindrique obscur reconstituant un ancien réservoir de toit.
  • 1993 : L'Arc de l'hystérie, sculpture en bronze avec patine au nitrate d'argent, au Centre Pompidou, à Paris.
  • 1996 : Les Bienvenus, Choisy-le-Roi, sculpture composée de deux éléments suspendus dans un tilleul, dans le parc de la mairie[38].
  • 1997 : Spider.
  • 1997 : Toi et moi, sculpture murale en aluminium poli, à la BNF François Mitterrand, Paris.
  • 1998 : Sans Titre, encre rouge et crayon sur papier, à la Kunsthalle de Bielefeld.
  • 1999 : Maman, sculpture en bronze avec platine au nitrate d'argent.
  • 2001 : The Trauma of Abandonment[39], livre textile, impressions digitales sur textile de photographies anciennes de familles récupérées, addition de broderies au fil rouge, collages de tissus, texte brodé au fil rouge, édition unique.
  • 2001-2004 : mobilier du couvent d'O (des Récollets) à Bonnieux (Lubéron, Vaucluse) : bénitier 2001, Vierge à l'Enfant 2001, The Cross la croix 2002, confessionnal…
  • 2002 : Ode à la Bièvre[40], livre textile, Lithographie, collages, autres, collection MomA
  • 2002 : Ode à l'oubli[37], collages de tissus, encre, lithographie, couture, collection MomA
  • 2005 : Maman, série de sculptures géantes d'araignées que l'on peut trouver à Ottawa, Bilbao, Tokyo, Séoul, Saint-Pétersbourg, Paris, Château La Coste en provence et La Havane[41].
  • 2006 : Hours of the Day[42], livre textile, Impression digitale, collection MomA
  • 2006 : The laws of Nature[43], livre textile, Pointe sèche, collection MomA
  • 2009-2010 : To Whom it may concern[36], livre textile illustré par l'artiste, impression digitale, collection MomA

Prix et récompenses

Hommages

  • En 2011, la rue Louise-Bourgeois est créée dans le 13e arrondissement de Paris.
  • Durant quelques mois, en 2010 et 2011, une rue d'Antony, ville où elle a vécu, a porté son nom[44].
  • Une résidence universitaire du CROUS de Versailles située à Antony porte son nom (résidence Louise Bourgeois).
  • Le 7 octobre 2016, le conseil municipal de Nantes attribue son nom à l'une des allées desservant la future École supérieure des beaux-arts, sur l'île de Nantes[45].
  • Le 15 mars 2019, l'université Bordeaux-Montaigne renomme un amphithéâtre à son nom[46].
  • Une rue porte son nom dans le quartier de Château-Malo à Saint-Malo.
  • Pour son 10ème album, l'artiste Kanye West utilise une peinture tirée de la série d'oeuvres Les têtes bleues et les femmes rouges pour la couverture de celui-ci, nommé d'après le nom de feu sa mère: Donda

Publications

  • Destruction du père, reconstruction du père. Écrits et entretiens 1923-2000, éd. Daniel Lelong (ISBN 978-2-86882-046-4)[47]
  • He Disappeared into Complete Silence, éd. Dilecta, 1947, rééd. 2008 (ISBN 978-2-916275-36-9)[48]
  • Moi, Eugénie Grandet, précédé d'un essai de Jean Frémon « Cabinet des Lettrés », éd. Gallimard, 2010 (ISBN 978-2-07013-101-3)[49]

Notes et références

Notes

  1. (en) Holland Cotter, « Louise Bourgeois, Artist and Sculptor, Is Dead », sur The New York Times, .
  2. Elle a acquis la nationalité américaine en 1955 (cf. http://www.cheimread.com/artists/louise-bourgeois/?view=bio).
  3. Xavier Girard, Louise Bourgeois face à face : récit, Paris, Seuil, , 160 p. (ISBN 978-2-02-128675-5), pp 18-19.
  4. « Louise Bourgeois: la sculpture de la révolte », sur Slate.fr (consulté le ).
  5. Alexis Douchin, dépliant Le Patrimoine gens de lettres et artistes, édité par la Ville d'Antony, septembre 2012.
  6. Xavier Girard, Louise Bourgeois face à face, Seuil, , p. 20.
  7. « Louise Bourgeois, le tour d'une œuvre », sur telerama.fr (consulté le ).
  8. Xavier Girard, Louise Bourgeois face à face, Seuil, .
  9. Voir sur cheimread.com.
  10. Xavier Girard, Louise Bourgeois face à face, Seuil, , p 27.
  11. Xavier Girard, Louise Bourgeois, Seuil, , p 28.
  12. (en-GB) Christopher Turner, « Analysing Louise Bourgeois: art, therapy and Freud », The Guardian, (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consulté le ).
  13. « January 1990 », sur artforum.com (consulté le ).
  14. « May 2012: Louise Bourgeois at Freud Museum », sur whitehotmagazine.com, Whitehot Magazine of Contemporary Art (consulté le ).
  15. (en-GB) Sarah Moroz, « 'Louise Bourgeois interrogated me': an artist unmasked », The Guardian, (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consulté le ).
  16. Bernadac, Marie-Laure et Storsve, Jonas (direction) (trad. de l'anglais), Louise Bourgeois : [exposition, Paris, Centre Pompidou, 5 mars 2008-2 juin 2008…], Paris, Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou, , 319 p. (ISBN 978-2-84426-355-1).
  17. (en) Brittany Makufka, « Louise Bourgeois », sur philandfem.com (consulté le ).
  18. « Louise Bourgeois », sur mediation.centrepompidou.fr (consulté le ).
  19. (en-GB) Rachel Cooke, « 'My art is a form of restoration' », The Guardian, (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consulté le ).
  20. « L’hystérie en boucle », sur Le Courrier (consulté le ).
  21. Catherine Gonnard et Elisabeth Lebovici, Femmes artistes artistes femmes, Paris de 1880 à nos jours, Paris, éditions Hazan, , 479 p. (ISBN 978-2-7541-0206-3), pp 344 - 345.
  22. Psychologies.com, « Louise Bourgeois, revisiter son enfance sans tabou », sur psychologies.com (consulté le ).
  23. Amei Wallach, « Louise Bourgeois At 90, Weaving Complexities », The New York Times, (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le ).
  24. christiane meyer thoss, 1992. citée dans destruction du père, p. 230, Louise bourgeois.
  25. « Louise Bourgeois: The Complete Prints & Books », sur moma.org (consulté le ).
  26. (en) « The Prints of Louise Bourgeois », sur Museum of Modern Art (consulté le ).
  27. « Catalogue en ligne des gravures de la Chalcographie du Louvre », sur ateliersartmuseesnationaux.fr (consulté le )
  28. « Louise Bourgeois », exposition au Centre Pompidou, 2008.
  29. Voir sur centrepompidou.fr.
  30. Présentation de l'exposition.
  31. « Louise Bourgeois », exposition à la fondation Antoni Tàpies, 1990-91
  32. « Emin donne un écho aux derniers travaux de Louise Bourgeois » sur fr.artinfo.com.
  33. « Louise Bourgeois: The Complete Prints & Books | Fabric Works », sur moma.org (consulté le ).
  34. « Louise Bourgeois: The Complete Prints & Books | Illustrated Books », sur MoMA.org (consulté le ).
  35. « Louise Bourgeois. The Laws of Nature (2006) », sur MoMA.org (consulté le ).
  36. « Louise Bourgeois. To Whom It May Concern (2009-2010) », sur MoMA.org (consulté le ).
  37. « Louise Bourgeois. Ode à l'oubli (2002) », sur MoMA.org (consulté le ).
  38. Catalogue de la BNF
  39. « Louise Bourgeois. The Trauma of Abandonment (2001) », sur MoMA.org (consulté le ).
  40. « Louise Bourgeois. Ode à la Bièvre (2002) », sur MoMA.org (consulté le ).
  41. Article sur la série Maman sur Google Sightseeing
  42. « Louise Bourgeois. Hours of the Day (2006) », sur MoMA.org (consulté le ).
  43. « Louise Bourgeois. The Laws of Nature (2003) », sur MoMA.org (consulté le ).
  44. Voir sur ville-antony.fr.
  45. « Compte-rendu du Conseil municipal de Nantes », sur nantes.fr, .
  46. « Relevé de délibérations du conseil d'administration », sur université Bordeaux Montaigne, (consulté le ).
  47. Site des éd. Lelong.
  48. Site des éd. Dilecta.
  49. Site des éd. Gallimard

Annexes

Ouvrages

  • Jerry Gorovoy, Drawings éd. R. Miller, 1988 (OCLC 17829308)
  • Marie-Laure Bernadac, Louise Bourgeois, éd. Flammarion, 2006 (ISBN 978-2-08011-654-3).
  • Mâkhi Xenakis, Louise Bourgeois, l'aveugle guidant l'aveugle, éd. Actes Sud/Galerie Lelong, 1998 (ISBN 978-2-74271-665-4)
  • Marie-Jo Bonnet, Les Femmes artistes dans les avant-gardes, éd. Odile Jacob
  • Jean Frémon, Louise Bourgeois, femme maison éd. L'Echoppe, 2008 (ISBN 978-2-84068-202-8)
  • (en) Peter Lodermeyer, Karlyn De Jongh et Sarah Gold, Personal Structures: Time Space Existence, éd. DuMont Verlag, 2009
  • Marie-Laure Bernadac, « Louise Bourgeois + kiki Smith, Jana Sternak, Berlinde de Bruyckere et Camille Claudel » in Les Papesses, éd. Actes Sud, 2013 (ISBN 978-2-330-01928-0)
  • Amy Novesky et Isabelle Arsenault (trad. de l'anglais), Une berceuse en chiffon : La vie tissée de Louise Bourgeois, Montréal, La Pastèque, (ISBN 978-2-923841-91-5), album illustré pour la jeunesse
  • Christine Bard, Sylvie Chaperon (dir.), notice « Louise Bourgeois » in Le Dictionnaire des féministes, Paris, PUF, 2017

Articles

  • (en) Robert Storr, « Louise Bourgeois:Gender and Possession », Art in America, vol. LXXI, , p. 128-137
  • (en) Lucy Lippard, « Louise Bourgeois:From the inside out », Artforum, vol. XIII, , p. 26-33

Autres

  • Louise Bourgeois, film de Camille Guichard avec la participation de Jerry Gorovoy et Bernard Marcadé, 52 min, 1993, produit par Terra Luna Films et le Centre Georges Pompidou, édité en DVD par Arte vidéo.
  • Louise Bourgeois - Otte CD 2 titres. Mélodie, texte et voix : Louise Bourgeois. 1995, Brigitte Cornand/Les films du Siamois - UN prod. Delabel. Diffusé de manière confidentielle, notamment sur Radio Nova

Article connexe

Liens externes


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