Empire d'Autriche
L'empire d'Autriche (en allemand : Kaisertum Österreich) est le nom officiel porté par l'ensemble des territoires sous domination autrichienne de 1804 à 1867. L'empire existait auparavant, de facto, comme ensemble des possessions des Habsbourg d'Autriche, mais de jure, la partie occidentale était une composante du Saint-Empire romain germanique tandis que la partie orientale était constituée de plusieurs royaumes, principautés et duchés à part. En 1804, François Ier prend le titre d'empereur d'Autriche et doit en 1806 abandonner celui d'empereur romain germanique. La défaite autrichienne à l'issue de la guerre austro-prussienne de 1866 aboutit l'année suivante à transformer l'empire en une double monarchie, appelée l'Autriche-Hongrie.
Kaisertum Österreich
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(62 ans, 7 mois et 19 jours)
Drapeau de l'empire d'Autriche. |
Armoiries de l'empire d'Autriche. |
Hymne | Gott erhalte |
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Statut | Monarchie absolue, membre du Saint-Empire romain germanique (–) puis de la Confédération germanique (–). |
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Capitale | Vienne |
Langue(s) | Allemand (officiel), latin, français (diplomatique et liturgique), langues slaves, hongrois, italien, roumain, yiddish, romanès et lovari. |
Religion | Catholicisme (dominante), orthodoxie, protestantisme. |
Monnaie | Konventionstaler, Florin |
Population (1804) | 21 200 000 hab. |
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Superficie (1804) | 650 000 km2 |
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Proclamation de l'empire d'Autriche : face à la menace de dissolution du Saint-Empire romain germanique, François II du Saint-Empire joint à son titre d' empereur élu des Romains celui d'empereur héréditaire d'Autriche. | |
1805 | Après la défaite autrichienne, le traité de Presbourg met de facto fin au Saint-Empire. |
1815 | Le congrès de Vienne sanctionne la défaite française et fait de l'empire d'Autriche une grande puissance européenne. |
– | Printemps des peuples : la tourmente révolutionnaire oblige François-Joseph à accorder une constitution, mais il parvient avec l'aide russe à écraser la révolte en Hongrie. |
1859 | Deuxième guerre d'indépendance italienne : défaite décisive face à Victor-Emmanuel II et Napoléon III, incarnée à la bataille de Magenta. Traité de Zurich : la Lombardie revient au Royaume de Sardaigne. |
– | Changements de constitution : adoption du Diplôme d'octobre en 1860 puis de la Patente de février en 1861. |
1864 | Guerre des Duchés : victoire de la Confédération germanique face au Danemark. L'Autriche administre le duché de Holstein, la Prusse le duché de Schleswig. |
Juin – | Guerre austro-prussienne : défaite décisive, incarnée à la Bataille de Sadowa. Dissolution de la Confédération germanique. Traité de Prague : l'Empire autrichien est exclu de l'espace germanique. |
Compromis austro-hongrois : affaiblie, l'Autriche ne peut plus maintenir sa domination sur le Royaume de Hongrie. L'Empire autrichien se transforme en une double monarchie : l’Autriche-Hongrie. |
– | François Ier |
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– | Ferdinand Ier (abdication) |
– | François Joseph Ier |
– | Klemens Wenzel von Metternich |
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(1e) | François Kolowrat |
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(Der) | Friedrich Ferdinand von Beust |
Chambre haute | Herrenhaus |
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Chambre basse | Abgeordnetenhaus |
Entités précédentes :
Entités suivantes :
Histoire
Fondation
Le , François II du Saint-Empire, issu de la maison de Habsbourg-Lorraine, joint à son titre d'« empereur élu des Romains » (en allemand : erwählter römischer Kaiser ; en latin : electus Romanorum Imperator) celui d' « empereur héréditaire d'Autriche » (en allemand : erblicher Kaiser von Österreich ; en latin : haereditarius Austriae Imperator) pour des raisons liées au couronnement de Napoléon Ier comme empereur des Français le . Il signe la patente de 1804, considérée comme l'acte fondateur de l'empire d'Autriche, par laquelle il transforme les terres de la monarchie de Habsbourg en un empire héréditaire. Le dernier empereur des Romains devint ainsi le premier empereur d'Autriche sous le nom de François Ier. Pendant une courte période, il porta les deux titres d'empereur élu et d'empereur héréditaire ; en même temps, il a conservé son titre d'« archiduc d'Autriche ».
En 1805, à la suite de la guerre de la Troisième Coalition et les défaites autrichiennes à Ulm et Austerlitz, les Habsbourg furent contraints de signer le traité de Presbourg : ils perdirent alors le Tyrol, l'Autriche antérieure et la Vénétie ; en outre, François dut renoncer à toutes prétentions sur les États allemands. Lorsque Napoléon proclama la fin du Saint-Empire romain germanique en créant de nouveaux royaumes et principautés, comme les royaumes de Bavière, de Wurtemberg et de Saxe, les grands-duchés de Hesse, de Bade et bien d’autres qu'il regroupa au sein de la confédération du Rhin, les possessions des Habsbourg s'en trouvèrent exclues. Le , François renonça finalement au titre d'empereur des Romains.
Dans la suite des guerres napoléoniennes, les conditions continuèrent à se durcir : par le traité de Schönbrunn, signé le , les Habsbourg durent céder le duché de Salzbourg et les pays du Littoral autrichien, faisant de l'empire un pays enclavé. En 1811, François dut déclarer le défaut souverain. Mais d'un autre côté, il réussit à marier sa fille Marie-Louise à l'empereur des Français ; leur fils Napoléon II, portant le titre de duc de Reichstadt, demeure jusqu'à sa mort en 1832 dans la capitale autrichienne.
Congrès de Vienne
Le congrès de Vienne, en 1815, consacre le titre d'empereur d'Autriche et réalise un compromis entre le nouvel ordre napoléonien en Europe centrale (la simplification des États en Allemagne est notamment conservée), et la restauration de l'ordre antérieur : les Habsbourg renoncent aux Pays-Bas autrichiens et à l'Autriche antérieure ; en contrepartie, ils obtiennent Salzbourg et une bande de terre dans le bassin de l'Inn (Innviertel). En Italie du Nord, l'Autriche règne sur les terres de Milan et de l'ancienne république de Venise jusqu'aux bords du Pô. À la suite du congrès, les territoires de l’empire de comprenaient près de 900 000 kilomètres carrés répartis entre[1] :
- l’archiduché d'Autriche et les autres territoires héréditaires des Habsbourg :
- l’archiduché d'Autriche au-dessous de l'Enns (Erzherzogtum Österreich unter der Enns) ;
- l’archiduché d'Autriche au-dessus de l'Enns (Erzherzogtum Österreich ob der Enns) incluant le futur duché de Salzbourg (Herzogtum Salzburg) ;
- le duché de Styrie (Herzogtum Steiermark) ;
- le comté princier de Tyrol (Gefürstete Grafschaft Tirol) avec le land de Vorarlberg ;
- le royaume d'Illyrie (Königreich Illyrien, reparti en) :
- le duché de Carinthie (Herzogtum Kärnten) ;
- le duché de Carniole (Herzogtum Krain) ;
- le Littoral autrichien (Österreichisches Küstenland) : le comté de Gorizia et Gradisca (Grafschaft Görz und Gradiska), la ville libre impériale de Trieste et le margraviat d'Istrie (Grafschaft Istrien) ;
- les pays de la couronne de Bohême :
- le royaume de Bohême (Königreich Böhmen) ;
- le margraviat de Moravie (Markgrafschaft Mähren) ;
- le duché de Silésie (Herzogtum Schlesien) ;
- les pays de la Couronne de saint Étienne :
- le royaume de Hongrie (Königreich Ungarn) ;
- le royaume de Croatie (Königreich Kroatien) ;
- le royaume de Slavonie (Königreich Slawonien) ;
- des autres royaumes et pays :
- le royaume de Galicie et de Lodomérie (Königreich Galizien und Lodomerien) incluant la Bucovine (Bukowina) ;
- le royaume de Lombardie-Vénétie (Königreich Lombardo-Venetien) ;
- le royaume de Dalmatie (Königreich Dalmatien) ;
- la grande-principauté de Transylvanie (Großfürstentum Siebenbürgen) ;
- les confins militaires (Militärgrenze) :
- la frontière militaire de Croatie (Kroatische Militärgrenze) ;
- la frontière militaire de Slavonie (Slawonische Militärgrenze) ;
- la frontière militaire du Banat (Banater Militärgrenze) ;
- la frontière militaire transylvaine (Siebenbürger Militärgrenze).
En outre, Ferdinand, frère de l'empereur François, règne sur le grand-duché de Toscane, l'archiduc François d'Autriche-Este fut duc souverain de Modène, et l'influence autrichienne sur les royaumes d’Espagne et de Naples est majeure.
Ainsi, une Confédération germanique est créée dans les limites de l'ex-Saint-Empire romain germanique, et François Ier prend la présidence au Bundestag de Francfort. Toutefois, la prééminence autrichienne est rapidement contestée par le royaume de Prusse. Les deux monarchies ont en commun qu'une grande partie de leur territoire se situe hors des limites de la Confédération.
Vormärz et révolution
À sa mort en 1835, François Ier laisse une situation politique stable en apparence, mais basée sur l'absolutisme, et que la montée des idées issues de la Révolution française, va bouleverser. Soutenu par le gouvernement du chancelier Klemens Wenzel von Metternich qui voit en la personne du monarque non un individu mais un principe auquel rien ne doit déroger, le régime féodal était à préserver à tout prix. Son fils Ferdinand Ier, bien que faible d’esprit, monte sur le trône ; néanmoins, la période Biedermeier touche à sa fin et avec les années du Vormärz, des temps difficiles s'annoncèrent.
Le « Printemps des peuples » de 1848 voit les peuples de l'Empire réclamer des libertés civiques et l'autonomie de leurs territoires : c'est ce que feront les Tchèques en Bohême-Moravie, les Polonais en Galicie, les Croates en Croatie-Slavonie, les Roumains au Banat, en Transylvanie et en Bucovine. Les Italiens du Royaume lombard-vénitien et les Hongrois du royaume de Hongrie réclament, pour leur part, l'indépendance et proclament des républiques. La révolution prend de l'ampleur, et les Hongrois sont victorieux, mais, en vertu de la Sainte-Alliance, les Habsbourg font appel aux troupes russes qui défont militairement et écrasent dans le sang la République hongroise dirigée par Kossuth, mais affaiblie par son autoritarisme, qui avait détaché d'elle les révolutionnaires non magyars comme Ávrám Jankó/Avram Iancu.
À Vienne même, la population se soulève contre les aristocrates, obligeant les Habsbourg et Metternich à fuir la ville. Les événements de Vienne et de Budapest font si peur aux dirigeants habsbourgeois, hantés par le sort de Marie-Antoinette d'Autriche lors de la Révolution française, qu'un « complot des Dames » se noue entre l’archiduchesse Sophie (1805-1872), l’impératrice douairière, Augusta, demi-sœur de Sophie, et l’épouse de Ferdinand, née Marie-Anne de Savoie, qui décident qu’il faut donner à l’empire d’Autriche un nouveau souverain, plus jeune et plus énergique.
François-Joseph, fils de l’archiduc François-Charles d'Autriche (1802-1878) et de l’archiduchesse Sophie, neveu et héritier légitime de Ferdinand Ier, monta sur le trône en 1849, après l’abdication de ce dernier et la renonciation de son père. Cette accession n'est toutefois pas admise par la majorité des aristocrates hongrois, qui considèrent Ferdinand Ier comme leur souverain. La prééminence de la Maison d'Autriche est contestée aussi en Allemagne, par le Royaume de Prusse, qui à la suite de la guerre des Duchés et de la bataille de Sadowa, y met fin. La création de l'Empire allemand, à la suite de la défaite de la France à Sedan, consacre la première place des Hohenzollern en Allemagne. Au sud-ouest, l'unité italienne, menée par Victor-Emmanuel II, Cavour et Garibaldi, avec l'aide de Napoléon III, met fin à la présence autrichienne en Italie, à l'exception du Tyrol du Sud et de Trieste. L'Empire doit donc se réorganiser pour survivre.
Après que l'Autriche s'est retirée de la Confédération germanique en 1866, les options fédérales à six (Autriche, Bohême, Galicie, Hongrie, Croatie et Transylvanie), à quatre (Autriche, Bohême, Croatie, Hongrie) ou à trois (Autriche, Hongrie, Croatie) ont été abandonnées.
Après de longues négociations, le compromis austro-hongrois est signé le 18 février 1867. L'Empire devient une « double monarchie » : deux États quasi indépendants sous un seul monarque, en union douanière, monétaire et militaire, avec trois ministères communs : les Affaires étrangères, la Guerre et les Finances[2]. Ce compromis fait accepter François-Joseph et Élisabeth par les aristocrates hongrois, et ils sont solennellement couronnés le roi et reine de Hongrie à Budapest. Mais cela ne satisfait pas vraiment les autres peuples minoritaires, slaves (Tchèques, Slovaques, Polonais, Ukrainiens, Slovènes, Croates, Serbes) ou latins (Italiens, Roumains), ce qui aboutira en 1918, à l'issue de la Première Guerre mondiale, à la dislocation de l'Autriche-Hongrie, conformément au « droit des peuples à disposer d'eux-mêmes » formulé dans le dixième des quatorze points du président américain Woodrow Wilson et discuté au cours de la conférence de Paris en 1919, conclue par la signature du traité de Saint-Germain qui consacre la fin de l'Empire, l'interdiction pour les Habsbourg de résider en Autriche et aussi l'interdiction, pour les Allemands d'Autriche, de s'unir à la république de Weimar, en dépit du fameux « droit des peuples ».
Les empereurs d’Autriche
- 1804-1835 : François Ier
- 1835-1848 : Ferdinand Ier
- 1848-1916 : François-Joseph Ier
- 1916-1918 : Charles Ier
Arbre généalogique :
Les prétendants au trône
- 1961-2007 : archiduc Otto de Habsbourg-Lorraine, prince impérial
- 2007 : archiduc Charles de Habsbourg-Lorraine
Ethnographie
À une date indéterminée du XIXe siècle, la population de l'empire autrichien comprend quatre ethnies principales : les Slaves (16 870 900), les Allemands (6 750 000), les Italiens (2 281 732) et les Magyares (4 850 000). On y compte en outre 1 820 000 Valaques, Bulgares et Morlaques ; 485 000 juifs, 110 000 Bohémiens, 14 000 Arméniens, 4 000 Grecs, etc[3].
L'ethnie slave, la plus forte de toutes, est répandue sur toute la superficie de l'empire en formant six familles principales. Elle compose plus du tiers de la population totale et constitue la grande masse de la population en Bohême, en Moravie, en Illyrie, en Galicie, en Hongrie et dans les contrées adjacentes à ce royaume. L'ethnie allemande, laquelle ne forme guère qu'un cinquième de la population totale (4 300 000 âmes), habite comme population compacte dans les provinces « purement allemandes ». Le reste est dispersé dans les provinces germano-slaves, la Bohême, la Moravie et la Silésie, en Hongrie et en Transylvanie, en Galicie et en Vénétie ; les Italiens sont en bien petit nombre hors de cette dernière province[3]. L'ethnie magyare, qui ne forme qu'un septième de la population totale n'égale même pas en force numérique absolue les Slaves établis en Hongrie ; cependant elle constitue la principale population dans quarante comitats de ce royaume et dans les onze comitats de la Transylvanie. Il y a des Valaques en Hongrie, en Transylvanie, dans la Bukowine et la Dalmatie. Les juifs vivent dispersés dans toute l'étendue de la monarchie, à l'exception de la Basse-Autriche, du pays de Salzbourg, de la Styrie, de la Carinthie, de la Carniole, du Tyrol et de la frontière militaire, où il leur est à peu près interdit de résider. C'est en Galicie qu'ils sont relativement le plus nombreux, car ils y forment presque la dix-septième partie de la population[3].
Notes et références
- Hans-Erich Stier (dir.) : « Westermann Grosser Atlas zur Weltgeschichte », 1985, (ISBN 3-14-100919-8), pp. 130-131 et Onésime Reclus : « Grande Géographie Bong illustrée », tome II, 1912.
- Brigitte Vacha, Die Habsburger, Eine Europäische Familiengeschichte, Sonderausgabe 1996, p.413.
- Dictionnaire de la conversation et de la lecture, 2e édition, tome 2, Paris, Firmin Didot frères, 1861.
Voir aussi
Liens externes
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