Désobéissance civile

La désobéissance civile est le refus assumé et public de se soumettre à une loi, un règlement, une organisation ou un pouvoir jugé inique par ceux qui le contestent, tout en faisant de ce refus une arme de combat pacifique. Le terme fut créé par l'Américain Henry David Thoreau dans son essai La Désobéissance civile, publié en 1849, à la suite de son refus de payer une taxe destinée à financer la guerre contre le Mexique. Si la désobéissance civile est une forme de révolte ou de résistance, elle se distingue pourtant de la révolte au sens classique. La révolte classique tend à opposer la violence à la violence. La désobéissance civile, plus subtile, refuse d'être complice d'un pouvoir jugé illégitime et de nourrir ce pouvoir par sa propre coopération. Le principe même du pouvoir politique pourrait rendre possible l'efficacité de cette action.

Message d'un individu soutenant la « désobéissance » à son initiative personnelle lors d'une manifestation de Gilets jaunes à Lille, en décembre 2018.

L'idée de la résistance à une loi injuste a existé bien avant le XIXe siècle. On peut la faire remonter à la jus resistendi droit de résistance ») du droit romain[1] et, dès les XVIe et XVIIe siècles, à l’œuvre de philosophes comme Francisco Suárez ou Étienne de La Boétie. Ce dernier montre dans le Discours de la servitude volontaire que le pouvoir d'un État repose entièrement sur la coopération de la population. Ainsi, dès l'instant où la population refuse d'obéir, l'État n'a plus de pouvoir. Un peuple peut donc résister sans violence par la désobéissance et provoquer l'effondrement d'un État illégitime, car, disait-il, le pouvoir le plus féroce tire toute sa puissance de son peuple. Encore faut-il une prise de conscience générale et le courage des premiers militants pour que ce principe puisse être efficace. C'est principalement Gandhi en Inde, Martin Luther King aux États-Unis, Mandela en Afrique du Sud, les Grands-Mères de la Place de Mai en Argentine et la contestation du pouvoir soviétique dans les années 1980 qui en ont montré l'efficacité.

Le principe est utilisé aujourd'hui au sein des démocraties pour lutter contre certaines lois lorsque les militants estiment que la légalité, qui dépend de la majorité et / ou d'une certaine inertie, ne parviendra pas à modifier ces lois. La désobéissance est illégale par définition, mais est en principe non violente. Cependant, certaines actions en France ont revendiqué la dégradation de biens privés (par exemple les faucheurs volontaires). Certains ne voient dans ces actions que la dégradation de biens ou la résistance d'individus ou de groupes isolés, mais d'autres y voient un acte salutaire d'action directe de désobéissance civile visant à faire modifier la politique des autorités.

Définition de la désobéissance civile

Il n'y a pas d'unanimité sur la définition de la désobéissance civile. John Rawls et Jürgen Habermas ont chacun une définition de la désobéissance civile.

Selon Rawls : « La désobéissance civile peut être définie comme un acte public, non violent, décidé en conscience, mais politique, contraire à la loi et accompli le plus souvent pour amener un changement dans la loi ou bien dans la politique du gouvernement. En agissant ainsi, on s'adresse au sens de la justice de la majorité de la communauté et on déclare que, selon une opinion mûrement réfléchie, les principes de coopération sociale entre des êtres libres et égaux ne sont pas actuellement respectés[2]. »

Pour Habermas : « La désobéissance civile inclut des actes illégaux, généralement dus à leurs auteurs collectifs, définis à la fois par leur caractère public et symbolique et par le fait d'avoir des principes, actes qui comportent en premier lieu des moyens de protestation non violents et qui appellent à la capacité de raisonner et au sens de la justice du peuple. »

Six éléments sont donc caractéristiques d'un acte de désobéissance civile.

Infraction consciente et intentionnelle

L'acte de désobéissance doit être une infraction consciente et intentionnelle, et il doit ainsi violer une règle de droit positif. Si l'infraction porte sur la norme contestée directement, on parle de désobéissance directe ; ce fut, par exemple, le cas des campagnes de désobéissance civile lancées par Martin Luther King qui visaient à faire occuper par les noirs les espaces légalement réservés aux blancs. Mais, la norme violée peut ne pas être celle contestée, on parle alors de désobéissance civile indirecte, c'est le cas par exemple des sit-in, qui ne visent pas à contester le code de la route.

Bien qu'il ne soit pas possible de constater l'existence d'une infraction a priori (c'est le juge qui détermine l'existence d'une infraction), on considère qu'un acte est constitutif d'un acte de désobéissance civile lorsque ses auteurs prennent le risque de commettre un acte qui est, aux yeux de l'opinion publique et à ceux des autorités, généralement tenu comme une infraction.

Touchant cette question, il est intéressant de rappeler l'expérience réalisée par Stanley Milgram où le sujet de l'expérience consiste à mesurer la proportion des individus capables de démarrer un tel acte de désobéissance malgré la pression sociale ou administrative.

Acte public

L'acte de désobéissance se traduit par une attitude publique, ce qui le différencie de la désobéissance criminelle, qui ne prospère que dans la clandestinité (parfois, avec une revendication).

Dans la désobéissance civile, la publicité vise à écarter tout soupçon sur la « moralité de l'acte » et à lui conférer en outre une valeur symbolique et la plus grande audience possible afin que l'acte ait le plus grand retentissement pour modifier le « sentiment » ou la « conviction » de l'opinion publique. L'acte vise ainsi la plus grande médiatisation possible et peut rentrer dans une stratégie de provocation et d'agitprop.

Certains auteurs vont au-delà ; fidèle à la ligne de Gandhi, ils voient dans la publicité une exigence qui veut qu'on communique à l'avance aux autorités compétentes les actions futures de désobéissance.

Mouvement à vocation collective

L'acte de désobéissance s'inscrit par principe dans un mouvement collectif (son pendant individuel est l'objection de conscience). Elle est l'acte d'un groupe qui se présente comme une minorité agissant et se traduit par l'action concertée de celle-ci. Ainsi, Hannah Arendt relève que « loin de procéder de la philosophie subjective de quelques individus excentriques la désobéissance civile résulte de la coopération délibérée des membres du groupe tirant précisément leur force de leur capacité d'œuvrer en commun ». La désobéissance est donc par nature une action collective, mais rien n'empêche que le sursaut moral d'un individu ne finisse par mobiliser un courant plus large qui pourra alors être qualifié de désobéissance civile.

Action pacifique

Le désobéissant use généralement de moyens pacifiques. La désobéissance civile vise à appeler aux débats publics et, pour ce faire, elle en appelle à la « conscience endormie » de la majorité plutôt qu'à l'action violente. C'est un des traits qui la distingue de la révolution, qui pour arriver à ses fins peut, potentiellement, en appeler à la force. En outre, l'opposition à la loi qui est inhérente à la désobéissance civile se faisant dans une paradoxale fidélité à une loi considérée supérieure, il n'y a donc pas de violence dans l'esprit de la désobéissance civile. Celle-ci étant plutôt le fait de l'État, le seul qui dispose d'une « violence légitime » selon Max Weber, cette violence pouvant être physique mais aussi « symbolique » c'est-à-dire psychique, voire souvent économique ou verbale.

But : modification d'une règle

Selon ses promoteurs, la désobéissance civile poursuit des fins novatrices. Elle vise l'« abrogation » ou tout au moins la modification de la norme contestée.

Principes supérieurs

La désobéissance civile fait appel à des « principes supérieurs » à l'acte contesté. C'est sans doute le trait le plus important de la désobéissance civile puisque c'est lui qui lui donne une certaine légitimité. Ces principes considérés supérieurs peuvent être religieux, et des membres du clergé ont donc souvent été des participants ou des dirigeants dans des actions de désobéissance civile. Aux États-Unis par exemple, les frères Berrigan sont des prêtres qui ont été arrêtés des douzaines de fois pour des actes de désobéissance civile dans des protestations antiguerre.

Les principes supérieurs invoqués peuvent également être « constitutionnels » ou « supra constitutionnels ». Ainsi, des écrivains et cinéastes français, dans leur texte appelant à la désobéissance civile en 1997 contre un projet de loi de Jean-Louis Debré, qui obligeait notamment toute personne hébergeant un étranger en visite privée en France à déclarer à la mairie son départ, faisaient référence aux libertés publiques et au respect de la personne humaine. En lançant cet appel, les désobéissants montrent qu'il existe selon eux une possibilité d'être entendu par les gouvernants. Ce fut d'ailleurs le cas contre ce projet de loi Debré, car, à la suite du débat qui eut lieu, et devant la mobilisation de l'opinion publique, le gouvernement de l'époque n'eut d'autre choix que de renoncer au projet.

Selon ses promoteurs, la désobéissance civile, loin donc d'affaiblir les institutions, pourrait au contraire les renforcer en provoquant une compréhension plus claire de leurs idéaux fondateurs et en faisant participer davantage l'opinion publique au processus normatif.

Légitimité de la désobéissance civile : le cas français

En France, Les Désobéissants proposent des ateliers et formations autour de la non-violence et de la Désobéissance civile, à destination des citoyens et militants souhaitant œuvrer pour le progrès social, les droits de l'homme, l'écologie, etc.

C'est en la rapportant à la « sphère juridique » et non seulement à « sa dimension morale », pourtant généralement bien acceptée, que la justification de la désobéissance civile présente le plus d'intérêt. Mais c'est aussi là qu'elle est la plus controversée. Y a-t-il un droit à la désobéissance civile ?

La désobéissance civile peut être considérée comme une garantie non juridictionnelle des libertés publiques, garantie exercée par les gouvernés eux-mêmes. Elle n'est pas explicitement reconnue juridiquement dans la hiérarchie des normes françaises. Toutefois, l'article 2 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen dispose que :

« Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l'homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l'oppression. »

La constitution « montagnarde » de 1793 ira même jusqu'à mettre en place dans ses articles 33, 34 et 35 un véritable droit à l'insurrection : article 35.

« Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l'insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs. »

Le Préambule de la Constitution de 1958 est très court mais celui-ci renvoie à deux textes fondamentaux dans notre histoire juridique : la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789, et le préambule de la Constitution du .

La valeur de la déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789 fut pendant longtemps discutée, s'agit-il d'une simple déclaration d'intention ou d'une norme du droit positif ? Les deux thèses s'affrontaient au sujet de la valeur juridique de ce préambule et des textes auxquels il renvoie. L'une soutenait qu'elle ne pouvait être que « morale et philosophique » (un guide facultatif pour l'État), tandis que l'autre défendait son caractère normatif et juridique (une obligation de valeur constitutionnelle).

Le Conseil constitutionnel français trancha la question dans sa décision du , relative à la liberté d'association : il s'agit bien d'un texte normatif de la plus haute valeur. Par la suite dans la décision du Conseil constitutionnel du relative à la loi de finances pour 1974, le Conseil constitutionnel s'est référé pour la première fois à la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789. Puis par une décision du sur la loi de nationalisation, le Conseil constitutionnel a indirectement reconnu une valeur constitutionnelle à la résistance à l'oppression : en effet il a réaffirmé la valeur constitutionnelle du droit de propriété en soulignant que la Déclaration de 1789 l'avait « mis au même rang que la liberté, la sûreté et la résistance à l'oppression ».

Il faut ici se demander quels sont les liens entre la résistance à l'oppression et la désobéissance civile. La résistance à l'oppression va très loin, le texte cité en fait un droit, mais aussi « le plus sacré des devoirs », ce qui implique qu'il ne s'agit pas seulement d'un moyen d'action mais d'un but en soi, et que celui qui l'invoque doit agir « immédiatement et très fort ». Cela excède la désobéissance civile, qui reste un mode d'action parmi d'autres, comme la manifestation, le recours au « procès exemplaire », la lutte armée, etc.

Cependant l'affirmation de ce droit reste quelque peu théorique et n'est pas directement utilisée par les magistrats lors de jugement de personne ayant commis un acte de désobéissance. Une autre norme du droit français interprétée a contrario (article 433-6 du code pénal) accorde une certaine protection aux personnes faisant des actes de rébellion à l'égard de fonctionnaires publics qui agiraient sans titre (par exemple dans le cas d'une perquisition sans autorisation du Juge des Libertés et de la Détention). D'autre part, lorsqu'un fonctionnaire reçoit un ordre manifestement illégal, il lui appartient d'y opposer un refus d'obéissance (article 122-4 du code pénal).

La résistance à l'oppression se situe donc entre l'affirmation d'un droit de résistance à l'oppression quelque peu théorique et la reconnaissance d'un droit à la désobéissance très limité. La question de la légalité de la désobéissance civile n'est donc pas clairement affirmée, celle-ci est, en principe, illégale mais ce principe n'empêche pas certaines manifestations de « tolérance administrative » ou de « clémence judiciaire » (le juge dispose de nombreux moyens de droit pour acquitter le prévenu ou modérer la peine : état de nécessité, légitime défense, erreur de droit, circonstances atténuantes, interprétation restrictive de la règle de droit, etc.).

Le problème de la légalité de la désobéissance civile vient du fait que malgré une transgression volontaire de la règle de droit, celle-ci s'effectue paradoxalement dans une fidélité au reste du dispositif légal (y compris, par exemple, à la sanction prévue par la loi contestée), ainsi qu'à une « loi supérieure ». La désobéissance civile peut donc s'analyser comme un « délit politique » et dès lors, le désobéissant civil bénéficiera du régime de protection qui peut être mis en place pour ce type de délit.

Certains proposent aujourd'hui[Quand ?] de constitutionnaliser un « droit à la désobéissance civile ». Puisque la Constitution française intègre les procédures d'exception dans son article 16, elle pourrait aussi admettre un droit à désobéir aux lois jugées injustes. Le droit à la désobéissance civile serait alors l'équivalent par en bas (c'est-à-dire pour le citoyen) de ce qu'est l'état d'exception par en haut (c'est-à-dire pour le président de la République)[3].

Critique de la désobéissance civile

Les arguments contre la désobéissance civile :

  • Certains[Qui ?] disent que l'action de Gandhi a fonctionné parce qu'il avait une image importante dans la société, une image quasi religieuse dans la société indienne qui serait très mystique, croyante, religieuse (la religion est une forme d'idéologie). D'autres[Qui ?] estiment que la société indienne n'est pas plus religieuse qu'une autre et que les leaders charismatiques sont plutôt liés au caractère paysan des sociétés. Les universitaires indiens issus des subaltern studies ont montré que les nationalistes étaient peu en lien avec la masse des gens, à l'exception de Gandhi qui communiquait sur les codes populaires et de ce fait était plus suivi que d'autres. L'exemple de Gandhi serait donc un cas particulier non reproductible dans les luttes actuelles recourant à la désobéissance civile.
  • Le but de Gandhi serait avant tout pacifiste, dont l'idéologie empêcherait le peuple de se révolter.

Formation du concept de désobéissance civile

De l'Antiquité à l'époque moderne

Une forme de désobéissance civile existait déjà dans le mythe d'Antigone, laquelle brave les lois de la cité pour donner à son frère une sépulture décente, et dans la Lysistrata d'Aristophane, où les femmes décident de se refuser à leurs maris tant qu'ils n'auront pas mis un terme à la guerre.

L'histoire romaine a conservé la mémoire de manifestations de femmes, en 195 av. J.-C. contre des restrictions vestimentaires et en 42 av. J.-C. contre une taxe abusive, ce qui montre que déjà l'idée de résistance à une loi jugée inique était déjà présente.

De son côté, la religion chrétienne au Moyen Âge distinguait, sur la base de la théorie des deux épées formulée au Ve siècle par le pape Gélase, la sphère civile et la sphère religieuse. Se référant à la norme de l'Évangile qui veut que l'on « donne à César ce qui appartient à César et à Dieu ce qui est à Dieu », l'Église a ensuite formulé de manière définitive le devoir d'obéissance en se fondant sur la doctrine paulinienne selon laquelle il n'y a d'autre pouvoir que celui qui vient de Dieu. Elle établit en outre que le bras armé de Dieu est plus puissant que celui des hommes, qu'ils soient rois ou empereurs, car ils sont ce qu'ils sont par la seule grâce de Dieu. Cependant, Thomas d'Aquin dans la Somme théologique, ouvrira un début de brèche à l'obéissance aveugle à la loi en acceptant que l'on désobéisse à des lois injustes (plutôt définies comme des actes de violence que des lois) et pour autant que lesdites lois soient contraires au droit divin et que la désobéissance à la loi ne produise pas de maux supérieurs à son accomplissement.

Au XVIe siècle des penseurs comme Étienne de La Boétie et les monarchomaques théorisèrent le refus d'obéir au tyran.

Henry David Thoreau

Henry David Thoreau, 1856.

Le mouvement d'« indépendance des colonies » vis-à-vis de l'absolutisme métropolitain a été à l'origine de l'apparition de nouveaux ordres juridiques. Ces nouveaux systèmes ont été précédés d'une désobéissance de fait qui constitue la base du droit à l'autodétermination des peuples.

Ce mouvement d'indépendance a permis la théorisation de la désobéissance civile qui fut mise en place par Henry David Thoreau dans son essai « Resistance to Civil Government » publié en 1849 à la suite de son refus de payer la part de l'impôt destinée à financer la guerre contre le Mexique en vue de l'annexion du Texas, fait pour lequel Thoreau fut contraint à passer une nuit en prison. Thoreau s'opposait également à la politique esclavagiste des États du Sud, au traitement injuste infligé à la population indigène américaine. Son éditeur refit publier l'ouvrage à titre posthume avec un nouveau nom « Civil Desobedience », inspiré par la correspondance de l'auteur où figurait effectivement le mot. Son ouvrage fut traduit par désobéissance civile bien qu'il aurait été sans doute plus fidèle de traduire le terme par désobéissance civique, cependant l'usage du terme désobéissance civile est devenu courant par la suite.

Thoreau prenait la défense des minorités, il écrivait qu'« un homme qui aurait raison contre ses concitoyens constitue déjà une majorité d'un » et, encourageant cet homme à l'action, il ajoutait qu'« une minorité n'a aucun pouvoir tant qu'elle s'accorde à la volonté de la majorité : dans ce cas, elle n'est même pas une minorité. Mais, lorsqu'elle s'oppose de toutes ses forces, on ne peut plus l'arrêter ». La désobéissance civile serait donc un outil contre la « dictature de la majorité » qui sévit en démocratie selon Tocqueville, un illustre contemporain de Thoreau.

Expérimentations au XIXe siècle

Mohandas Gandhi

Mohandas Gandhi, 1942.

Le XXe siècle fut marqué par deux grandes figures de la désobéissance civile, Mohandas Gandhi et Martin Luther King.

Ainsi le , Gandhi réunit 3 000 personnes au Théâtre Impérial de Johannesburg et obtient, comme dans une sorte de nouveau Serment du Jeu de paume de la Révolution française, de l'assemblée ainsi réunie, le serment de désobéissance. Cela lui vaudra en 1907 ses deux premiers séjours en prison. C'est au cours du deuxième qu'il va découvrir le traité de désobéissance civile de Henry David Thoreau. Par la suite, Gandhi développa l'idée de désobéissance civile à travers le concept de Satyagraha (littéralement la voie de la vérité), qui lui permit de mener sa lutte non violente contre l'apartheid en Afrique du Sud et de s'opposer à la politique coloniale du Royaume-Uni en Inde, puis pour l'indépendance de l'Inde. Le , Gandhi lance une « Marche du sel », vers les marais salants de Jabalpur, distants de 300 km. Le gouvernement britannique détient en effet le monopole du sel qui lui rapporte 15 millions de francs or par an, utilisés pour l'entretien des troupes coloniales. Arrivés sur place le , à 8 h 30 du matin, accompagnés de quelques milliers de sympathisants, il récolte du sel qui sera vendu aux enchères pour la somme de 425 roupies, un montant non négligeable pour l'époque. Les 50 000 marcheurs défient les autorités en récoltant du sel sur la plage, puis investissent les dépôts de sel du gouvernement colonial. Tout au long de la marche, Gandhi a diffusé une liste de règles religieuses du comportement non-violent qui sont scrupuleusement respectées. Les manifestants sont frappés ou arrêtés. Après plusieurs semaines, le gouvernement finalement cède.

Gandhi proposait les règles suivantes dans sa lutte non-violente :

  1. Un résistant civil ne doit pas avoir de colère.
  2. Il supportera la colère de l'opposant, ainsi que ses attaques sans répondre. Il ne se soumettra pas, par peur d'une punition, à un ordre émis par la colère.
  3. Si une personne d'autorité cherche à arrêter un résistant civil, il se soumettra volontairement à l'arrestation, et il ne résistera pas à la confiscation de ses biens.
  4. Si un résistant civil a sous sa responsabilité des biens appartenant à d'autres, il refusera de les remettre, même au péril de sa vie. Mais, il ne répondra pas à la violence.

Après le nazisme : Nuremberg et la désobéissance obligatoire

Après la Seconde Guerre mondiale, lors du procès des anciens nazis à Nuremberg, la question : « jusqu'à quel point le principe de légalité doit prévaloir sur celui de justice ? », fut au cœur des débats. Les anciens nazis se dirent de simples exécutants obligés d'agir face à la rigueur militaire et à la sauvagerie nazie et de punir toute forme de dissidence. Cependant, dans son ouvrage, « Des hommes ordinaires, le 101e bataillon de réserve de la police allemande et la solution finale en Pologne », Christopher Browning démontre que des hommes ordinaires, ni spécialement nazis, ni même obsessionnellement antisémites, ont agi avec un zèle meurtrier pour éradiquer les juifs de Pologne. L'historien relève un passage particulièrement intéressant : « après l'exposé de la mission qui était confiée au bataillon, à savoir l'exécution par les hommes du bataillon des femmes, enfants et vieillards juifs d'un hameau polonais comptant 1 800 juifs, le commandant du bataillon écœuré par l'ordre qui lui avait été donné propose à ceux qui ne s'en sentent pas la force de ne pas participer à la mission ; seulement 12 hommes sur les 500 du bataillon refusèrent d'accomplir la mission ». Browning met au cœur de ces comportements criminels certains facteurs mis également en évidence par Milgram : le conformisme de groupe, la force du lien social, la division et l'organisation du « travail » et surtout la lente déshumanisation des juifs.

Par la suite, à Nuremberg, les juges ne se sont pas bornés à reconnaître le droit de la personne à désobéir aux normes iniques, ils ont aussi condamné ceux qui avaient obéi à ces normes, transformant ainsi le droit de désobéir à un ordre illégal ou inique en un devoir dont l'inaccomplissement mérite la punition correspondante.

Martin Luther King

Martin Luther King, 1964.

La désobéissance civile fut par la suite adoptée par Martin Luther King, le chef de file du mouvement pour les droits civiques des Noirs aux États-Unis. Il fut le meneur du boycott des bus de Montgomery (Alabama) en 1955, qui commence lorsque Rosa Parks refuse de céder sa place à une personne de couleur blanche. King est arrêté durant cette campagne, qui se termine par une décision de la Cour suprême des États-Unis déclarant illégale la ségrégation dans les autobus, restaurants, écoles, et autres lieux publics.

La désobéissance civile a aussi été utilisée par les militants pacifistes qui remettaient en cause l'esprit et les motifs de l'intervention militaire au Viêt Nam ; ils organisaient notamment des sit-in qui paralysaient le centre des grandes villes.

César Chávez

César Chávez est un syndicaliste-paysan en Californie, il appelle à la grève et au boycott pour défendre les droits sociaux des paysans et journaliers de 1965 à 1975.

Aaron Swartz

Aaron Swartz était un militant défendant l'accès libre à des informations protégées en les libérant sur Internet.

Différents cas et formes de désobéissance civile

Les formes matérielles des actions revendiquées de désobéissance civile sont très diverses. On peut distinguer en particulier celles essentiellement passives, celles plus offensives et, parmi celles-ci, celles comportant la destruction de biens matériels (arrachage de plants de maïs OGM par exemple). Ces dernières obéissent à des qualifications juridiques particulières (destruction en réunion dans le cas français).

Exemples en France

Arrachage de plants de maïs transgénique à Menville (Haute-Garonne) le .

La désobéissance civile a été plusieurs fois revendiquée en France.

Manifeste des 343

Il a été utilisée contre l'interdiction de l'avortement. Le , le Nouvel Observateur publie le Manifeste des 343, qui contient une liste de 343 personnalités qui déclarent avoir avorté. Elles revendiquent, symboliquement ou non, avoir commis cet acte contraire à la loi et demandent sa légalisation. En 1972, lors du procès de Bobigny concernant une femme ayant avorté à la suite d'un viol, Gisèle Halimi, avocate, plaide, en accord avec les accusés, la désobéissance légitime. L'accusée s'écrie devant le juge : « ce n'est pas moi qui suis coupable, c'est la loi ! ». De nombreuses personnalités défendent la légitimité de l'avortement malgré son caractère illégal lors d'un procès très médiatisé. En 1973, 331 médecins publient également dans Le Nouvel Observateur, une déclaration dans laquelle ils affirment avoir désobéi à la loi et pratiqué des avortements. En 1975, l'avortement est finalement autorisé. On voit nettement dans ces exemples le caractère civil ou civique de la désobéissance : revendiquer publiquement en justifiant la légitimité, au risque d'être condamné, réunir un grand nombre de personnes en misant sur la justesse de l'action, organiser une campagne d'opinion afin de favoriser un débat public, le tout pour promouvoir une modification de la loi afin que la légitimité coïncide avec la légalité démocratique.

Blocage de plusieurs tours de La Défense

Le , Action non-violente COP21, Greenpeace et Les Amis de la Terre ont organisé une des plus grandes actions de désobéissance citoyenne connues en France, regroupant un total de 2 030 activistes. Durant cette journée de mobilisation, quatre tours du quartier des affaires La Défense à Paris ont été bloquées. Parmi elles, il y avait le siège de Total, de EDF, de la Société Générale et du ministère de la transition écologique et solidaire. Les associations organisatrices pointent du doigt ce qu'elles appellent « La République des pollueurs », et demandent au gouvernement d'Emmanuel Macron un changement de politique radical afin de lutter efficacement contre le réchauffement climatique[4],[5],[6].

Désobéissance des agriculteurs : Orgoloso, Cervières, Larzac, Langogne-Naussac et Clarée

La désobéissance civile a été utilisée à plusieurs reprises par les paysans, en particulier du Larzac dans leur lutte contre l'extension du camp militaire entre 1971 et 1981, mais également un peu plus tôt par les agriculteurs résistant au projet de super-station de Ski à Cervières (Hautes-Alpes), ou les bergers du village sarde d'Orgosolo, dans le secteur de Pratobello qui se voient oibligés de transférer leur bétail à cause d'un champ de tir et parviennent en se mobilisant à y faire échec, ce qui est à l'origine du mouvement de Peinture murale dans une soixantaine de villages où avait lieu la Transhumance en Sardaigne. Le « mouvement muraliste »[7] a été relancé dans les années 1960[7], par cette révolte des bergers sardes et il est devenue une importante attraction pour les visiteurs de la région, contribuant au tourisme en Sardaigne.

Elle domine aussi le mouvement lancé dans les Alpes par Émilie Carles pour protéger la vallée de la Clarée, raconté dans son roman Une soupe aux herbes sauvages et le mouvement de contestation du barrage de Naussac[8],[9] et son importante mobilisation des élus locaux[10],[11], qui culmine avec une manifestation géante autour des agriculteurs à Langogne.

Faucheurs volontaires

De même, les procès médiatisés de paysans du syndicat agricole français Confédération paysanne dont José Bové pour la mise à sac d'un fast food McDonald's en construction à Millau ou l'arrachage de plants transgéniques (OGM) avec les Faucheurs volontaires ont suscité une amorce de débat sur la légitimité de ce type de pratiques, passant par la destruction de biens matériels. Le même lexique a été utilisé par Attac avec ses faucheurs de chaises. Le but : dérober des chaises dans des agences bancaires afin de dénoncer l'évasion fiscale[12]. Des procès contre les « faucheurs de chaises » ont eu lieu à Nancy, Carpentras, Dax[13],[14].

Soutien aux sans-papiers

On peut citer également le « Manifeste des délinquants de la solidarité » écrit le , en soutien à des militants arrêtés pour avoir aidé des étrangers en situation irrégulière, a déjà été signé par plus de 12 000 personnes et 300 organisations[réf. nécessaire]. Ce manifeste s'oppose ainsi à l'application de l'article 21 de l'ordonnance du qui dispose que : « Toute personne qui (…) aura, par aide directe ou indirecte, facilité ou tenté de faciliter l'entrée, la circulation ou le séjour irrégulier, d'un étranger en France ou dans l'espace international précité sera punie d'un emprisonnement de cinq ans et d'une amende de 30 000 . »

Désobéisseurs pédagogiques

À l'Éducation nationale, un mouvement de professeurs qui refusent la réforme de l'école primaire (« désobéisseurs pédagogiques ») pose la question des nouvelles formes de la désobéissance civile[15]. Le mouvement a commencé avec la lettre ouverte d'Alain Refalo envoyée le à son inspecteur pédagogique pour l'informer qu'il entrait en désobéissance[16]. Le mouvement a été suivi par des milliers d'enseignants dès . Alain Refalo a été condamné par la commission disciplinaire pour « incitation à la désobéissance collective », « attaque publique contre un fonctionnaire de la République », « refus d'obéir » et « manquement au devoir de réserve »[17].

Actions des associations

De nombreuses associations pratiquent des actions de désobéissance comme moyen ponctuel ou permanent : ainsi des associations comme Greenpeace luttent contre les transports de déchets nucléaires ; les militants s'enchaînant sur les voies ferrées, d'autres comme l'association Droit au logement occupent de façon illégale des logements vides pour alerter l'opinion et modifier la politique du gouvernement en matière de logement.

L'association de libération animale 269 Libération animale se revendique comme un groupe antispéciste contraint à la désobéissance civile[18]. Les actions de cette association ont conduit les deux présidents  Tiphaine Lagarde et Ceylan Cirik  devant les tribunaux[19].

En vue de la conférence de Paris pour le climat (COP 21), le collectif ANV-COP21 s'est formé afin d'utiliser l'outil de la désobéissance citoyenne contre les politiques climaticides de l’État et grandes entreprises[20]. Ce collectif a entre autres organisé des réquisitions de chaises à la BNB Paribas[21], des re-décorations de stations service[22], ou encore des réquisitions de portraits officiels du président de la République Emmanuel Macron[23].

Cependant, certaines de ces associations ne veulent pas être considérées comme des désobéissants civils par peur d'être accusées lors d'un procès (ce qui serait néfaste à leur image) et le risque de se voir dissoute comme une vulgaire association de malfaiteurs n'est pas négligeable[réf. nécessaire]. La désobéissance est donc une arme efficace mais à manier quand on est vraiment sûr de son fait, car parfois dangereuse pour ceux qui l'utilisent et la revendiquent[réf. nécessaire].

Mais l'utilisation de la répression en tant que stratégie de défense donne lieu à des victoires paradoxales, si le cas du procès de Millau est si célèbre, c'est surtout parce que sa victoire a été de permettre l'emprisonnement de José Bové, ce qui a fait la célébrité et la popularité de la cause, et sa grande répercussion médiatique. La désobéissance civile enclenche alors un renversement de la fonction du tribunal et de l'avocat, la condamnation devenant un objectif politique, la condamnation d'un militant pouvant être un moyen de lui faire gagner sa cause sur le plus long terme[24].

Exemples en Suisse

Exemple de résistance passive : les manifestants se laissent porter.

Au XXe siècle, 12 000 jeunes objecteurs de conscience suisses ont été condamnés pour refus de servir l'armée, avant que le service civil ne soit créé en 1996[25],[26].

Entre 1979 et 1982, des jeunes Biennoises ont boycotté des cours ménagers, demandant qu'ils deviennent mixtes et facultatifs. Elles sont condamnées à une amende pour refus de suivre des cours jusqu'à ce que le canton rende les cours facultatifs en 1982[27].

Au XXIe siècle, plusieurs mouvement pour le climat organisent des actions de désobéissance civile (dont Lausanne action climat et Extinction Rebellion).

Actions au niveau mondial

Blocage d'un pont de Londres, par Extinction Rebellion en 2018.

Les actions de résistance pacifique du mouvement altermondialiste lors de ses « contre-sommets », ou des ateliers de formation à la désobéissance civile sont suivis par les militants de cette mouvance (afin d'apprendre des techniques illégales non-violentes et les attitudes à tenir en cas d'arrestation) démontrent que la désobéissance civile est une stratégie à part entière d'une partie de ce mouvement.

Les anarchistes prônent la désobéissance civile comme moyen d'échapper à l'État, sous la forme de squats politiques, appropriations, actions, etc.

Depuis 2015, des milliers d'activistes se donnent rendez-vous chaque année en Allemagne pour bloquer une mine de charbon[28],[29]. Cette action récurrente est nommée « Ende Gelände ».

Depuis 2018, le mouvement écologiste international de désobéissance civile non violente Extinction Rebellion est actif dans de nombreux pays.

Penseurs et philosophes contemporains

Dans son ouvrage Désobéir, Frédéric Gros s'interroge à l'inverse sur les mécanismes d'obéissance[30].

Désobéissance civique

Une des premières utilisations du terme de désobéissance civique a lieu le avec la publication de l'« Appel à la désobéissance civique » de plusieurs personnalités du cinéma, en refus des lois Debré et de leurs dispositions relatives à l'immigration[31]. Le texte contient ces mots : « Nous appelons nos concitoyens à désobéir et à ne pas se soumettre à des lois inhumaines[32] ».

Dans le livre Pour la désobéissance civique, José Bové et Gilles Luneau préfèrent ce terme à la traduction phonétique de l'anglais « civil disobedience » en « désobéissance civile ». Ils définissent six critères à réunir conjointement pour caractériser ainsi un acte :

  1. c'est un acte personnel et responsable : il faut connaître les risques encourus et ne pas se soustraire aux sanctions judiciaires
  2. c'est un acte désintéressé : on désobéit à une loi contraire à l'intérêt général, non par profit personnel
  3. c'est un acte de résistance collective : on mobilise dans l'optique d'un projet collectif plus large
  4. c'est un acte non violent : on a pour but de convertir à la fois l'opinion et l'adversaire, non de provoquer une répression ou une réponse armée ; toute attaque aux biens ne peut avoir qu'une dimension symbolique
  5. c'est un acte transparent : on agit à visage découvert
  6. c'est un acte ultime : on désobéit après avoir épuisé les recours du dialogue et les actions légales

Jean-Marie Muller, professeur de philosophie, théoricien de la non-violence, auteur du livre De la désobéissance civile, critique l'utilisation du terme « civique »[33]. Il réagit à un dossier de Évelyne Sire-Marin dans la revue Politis consacré au centenaire de la « désobéissance civique » (no 916), et dénonce la définition de la désobéissance civile donnée par Évelyne Sire-Marin. Selon lui, cette définition est « en totale contradiction avec toutes les actions menées depuis un siècle et ayant eu recours à cette appellation ». Civil vient du latin civilis, dans le sens opposé à criminalis. Selon Jean-Marie Muller, « la désobéissance est « civile » en ce sens qu'elle n'est pas « criminelle », c'est-à-dire qu'elle respecte les principes, les règles et les exigences de la « civilité » »[34].

Résistance fiscale

La résistance fiscale est un acte politique consistant à refuser de participer à la fiscalité de son pays au nom de valeurs morales. Cependant, en dehors des anarchistes purs et durs, le « résistant » choisit plutôt de ne réduire sa contribution qu'en proportion des actions du gouvernement qu'il désapprouve. Par exemple, un pacifiste ne retranchera ses impôts qu'au prorata du budget de l'armée (Défense nationale). Cette méthode est limitée aux impôts directs, et se voit plus difficile à réaliser avec les impôts indirects où c'est le commerçant qui fait percepteur et se verrait affecté injustement[réf. nécessaire].

Divers groupes travaillent à légaliser une forme d'objection de conscience à l'impôt militaire qui permettrait aux objecteurs de conscience de désigner leurs impôts pour n'être dépensés que sur les postes non militaires du budget[35].

Artistes dans la résistance civile

Nombre d'intellectuels et d'artistes ont participé à la résistance civile sous diverses formes, ainsi que les y incitait Noam Chomsky dans son discours de 1966[36]. Aux États-Unis, Joan Baez a soutenu les mouvements pour les droits de noirs, les Black Panthers, et les mouvements anti guerre du Viêt Nam, tout comme Bread and Puppet Theatre. Keny Arkana a composé et interprété une chanson intitulée : Désobéissance civile.

Au cinéma

Films de fiction

Dans La Grande Lessive (!) (1968), Jean-Pierre Mocky raconte l'histoire d'un professeur de littérature qui, déplorant les effets de la télévision sur la concentration et le sommeil de ses élèves, décide de saboter la télévision en appliquant un produit chimique sur les antennes de télévision. Sa démarche peut être assimilée à de la désobéissance civile.

Dans Welcome (2009), Philippe Lioret raconte l'histoire de la rencontre à Calais de Simon, maître-nageur, et Bilal, immigré clandestin souhaitant traverser la Manche à la nage pour rejoindre l'Angleterre[37].

Films documentaires

Dans Vita activa, The spirit of Hannah Arendt (titre du 90 minutes : Hannah Arendt : Du devoir de la désobéissance civile) (2015), Ada Ushpiz développe la pensée et explore la vie de la célèbre philosophe à la lumière des événements de la place Tahrir (en Égypte)[38].

Dans La désobéissance civile - Respiration de la démocratie ou l'envol des oiseaux, Louis Campana invite des spécialistes, experts et activistes à définir la notion de désobéissance.

Dans Irrintzina (2017), Sandra Blondel et Pascal Hennequin suivent l'action du collectif Alternatiba, une nouvelle génération de militants climatiques[39].

Bibliographie

Pensée moderne

Pensée contemporaine

  • Dominique Bourg, Clémence Demay et Brian Favre, Désobéir pour la Terre : défense de l'état de nécessité, Presses universitaires de France, , 330 p. (ISBN 978-2-13-083035-1).
  • Chloé di Cintio, Petit traité de désobéissance civile, éditions Res Publica, 2010.
  • Sébastien Porte, Cyril Cavalié, Un nouvel art de militer, Éditions Alternatives, 2009.
  • Erich Fromm, De la désobéissance et autres essais, (1963) 1982.
  • Hannah Arendt, Du mensonge à la violence, Presses Pocket, 1991.
  • José Bové et Gilles Luneau, Pour la désobéissance civique, La Découverte, Paris, 2004.
  • Manuel Cervera-Marzal, Désobéir en démocratie. La pensée désobéissante de Thoreau à Martin Luther King, Aux Forges de Vulcain, 2013.
  • (en) Noam Chomsky, « The Responsability of Intellectuals », dans Theodore Roszak (dir.), The dissenting academy, New York, Pantheon Books, , 304 p. (OCLC 760382168), p. 254-298.
  • Gandhi, Tous les hommes sont frères, textes choisis par Krishna Kripalani, Folio Essai, 1958. Voir notamment chapitre : « Ahimsa ou la voie de la non-violence ».
  • Gagliano Giuseppe, Désinformation, désobéissance civile et guerre cognitive, Va Press, Versailles, 2017 .
  • Les désobéisseurs - entretiens avec des agents du service public, ouvrage collectif par Fabien Grolleau, Camille Burger, Damien Roudeau, Terreur Graphique, Nicolas La Casinière, Pat Ryu, Benjamin Adam, Don Pedro de La Vega Vide Cocagne, coll. « Soudain », 2013.
  • David Hiez et Bruno Villalba (dir.), La désobéissance civile : Approches politique et juridique, Villeneuve d'Ascq, Presses universitaires du Septentrion, coll. « Espaces politiques », , 198 p. (ISBN 978-2-7574-0065-4, lire en ligne).
  • Frédéric Gros, Désobéir, Éditions Albin Michel, 2017 (ISBN 2-226-39528-8).
  • Sandra Laugier, Une autre pensée politique américaine, la démocratie radicale d'Emerson à Cavell, Éditions Michel Houdiard, Paris, 2004.
  • Jean-Marie Muller, L'impératif de désobéissance Fondements philosophiques et stratégiques de la désobéissance civile, Éditions le passager clandestin, 2011.
  • Mario Pedretti, La Figure du désobéissant en politique, L'Harmattan, 2001.
  • Xavier Renou, Désobéir : le petit manuel, Éditions le passager clandestin, (1re éd. 2012), 184 p. (ISBN 978-2-916952-69-7, lire en ligne).
  • Jacques Sémelin, Sans armes face à Hitler. La Résistance civile en Europe (1939–1943), Payot, Paris, 1989 (ISBN 978-2-2288-8202-6).
  • Howard Zinn, Désobéissance civile et démocratie, Agone, coll. « éléments », 2010 (ISBN 978-2-7489-0120-7).
  • (en) Te Miringa Hohaia, Gregory O'Brien, Lara Strongmann, The Art of Passive Resistance, City Gallery Wellington, 2001.

Filmographie

Notes et références

  1. Marie France Renoux-Zagamé, Origines théologiques du concept moderne de propriété, Librairie Droz, , p. 129.
  2. Rawls, J., Théorie de la justice, trad. français de C. Audard, Paris, Seuil, 1987, p. 405.
  3. Cervera-Marzal, Manuel, « Pourquoi il faut constitutionnaliser la désobéissance civile », sur Rue89, .
  4. « Deux mille activistes du climat ont bloqué « la République des pollueurs » », sur Reporterre, le quotidien de l'écologie (consulté le ).
  5. « « Bloquons la République des pollueurs » : Une grande action de désobéissance civile menée à la Défense », sur lavdn.lavoixdunord.fr (consulté le ).
  6. « À la Défense, plus de 2 000 militants du climat bloquent la « République des pollueurs » », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
  7. "La Sardaigne insolite et secrète" par Eric Milet, Routard.com, édition en ligne du Guide du routard
  8. « Voir le témoignage du journal », L'Éveil de la Haute-Loire, (lire en ligne).
  9. « Article du nouvel observateur », Nouvel Observateur, 15/081977 (lire en ligne).
  10. "L'affaire du barrage de Naussac" le 11 mai 1977 dans Le Monde  
  11. " La manifestation de Naussac a relancé le débat sur l'aménagement du monde rural" par Marc Ambroise-Rendu le 9 août 1977 dans Le Monde  
  12. « Faucheurs de Chaises sur le site d'Attac », sur attac.org, 2016-2018 (consulté le ).
  13. « Procès : Nicole, 70 ans, accusée d'avoir volé trois chaises à la BNP », sur nouvelobs.com, (consulté le ).
  14. « Procès d'un « faucheurs de chaises » : « On a la légitimité de notre côté » », sur francetvinfo.fr, (consulté le ).
  15. La Ligue des Droits de l'Homme soutient un professeur « désobéisseur ».
  16. « École : les « désobéisseurs pédagogiques » interpellent Xavier Darcos », sur lemonde.fr, (consulté le ).
  17. « Ces Français qui entrent en désobéissance », sur lepoint.fr, (consulté le ).
  18. « 269 Life Libération Animale : qui sont les ultras de la protection animale ? », sur francetvinfo.fr, (consulté le ).
  19. « Chalon-sur-Saône : deux dirigeants de l'association « 269 Life Libération Animale » condamnés », sur francetvinfo.fr, (consulté le ).
  20. « Le défi climatique », sur Action non-violente COP21 (consulté le ).
  21. « Douze chaises saisies à la BNP Paribas », sur L'Humanité, (consulté le ).
  22. « Des militants de Greenpeace et ANV COP21 redécorent des stations essence Total », sur Europe 1 (consulté le ).
  23. « « Sortons Macron » : des militants écologistes décrochent de nouveaux portraits présidentiels », sur LCI (consulté le ).
  24. « Jean-Jacques de félice, avocat militant des droits de l'homme », sur http://chs.univ-paris1.fr/, (consulté le ).
  25. Andrea Tognina, « Peut-on refuser d’accomplir son service militaire en Suisse ? », Swissinfo, (lire en ligne, consulté le ).
  26. « Objection de conscience » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne.
  27. Raphaèle Tschoumy, « La « grève des casseroles » à Bienne : un pas historique pour l’égalité », Le Temps, (lire en ligne, consulté le ).
  28. (en) « Peaceful climate activists left hospitalised after being beaten by German police », sur The Independent, (consulté le ).
  29. (en) « Eco-activists teargassed as they storm German coal mine », sur RT International (consulté le ).
  30. « Savoir désobéir, par le philosophe Frédéric Gros », sur telerama.fr, (consulté le ).
  31. Collectif, L'État de la France 2009-2010, Paris, La Découverte, 2009, page 367.
  32. « « L'appel des 66 cinéastes », contre les lois Debré » sur le site Fabrique de sens.
  33. « Une manière civilisée de désobéir », une tribune de Jean-Marie Muller.
  34. L'impératif de désobéissance, Paris, Le Passager clandestin, 2011, page 229.
  35. (en) « The Mission of the National Campaign for a Peace Tax Fund » ; Peace Tax Seven ; Netzwerk-Friedenssteuer ; Conscience and Peace Tax International.
  36. Chomsky 1968, p. 254-298.
  37. « Welcome, le film qui dénonce le délit de solidarité », sur ouest-france.fr, (consulté le ).
  38. « TV : Hannah Arendt, la désobéissance en héritage », sur lemonde.fr, (consulté le ).
  39. « « Irrintzina », le film qui fait du bien au mouvement écolo », sur reporterre.net/, (consulté le ).
  40. Romain Blondeau, « Un film de Banksy sur la culture anarchiste disponible en ligne », Les Inrockuptibles, (lire en ligne, consulté le ).

Annexes

Articles connexes

Liens externes

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