Barrage de Naussac

Le barrage de Naussac est un barrage construit sur un affluent de l'Allier, situé près de Langogne, dans le département de la Lozère. Sa construction, entre 1976 et 1980, a généré le lac de Naussac, mettant sous l'eau le village du même nom.

Présentation

La première tranche a été mise en service en 1983, la construction du barrage engloutissant le vieux Naussac qui fut reconstruit plus haut, juste à côté de Langogne. La seconde tranche, destinée à améliorer la capacité de la première, a été mise en service en 1998.

Rôle du barrage

Le barrage de Naussac permet d'assurer durant l'été, grâce à des lâchers, un débit minimum de la Loire au niveau de Gien, dont la station de mesure sert de référence pour les centrales nucléaires de Belleville (Cher) et de Dampierre (Loiret) : les lâchers d'eau doivent permettre le refroidissement de ces centrales en été. Diverses associations écologistes ont dénoncé la construction de ce barrage (ainsi que de celui de Villerest) au profit du parc nucléaire[1]. L'eau retenue sert aussi dans une moindre mesure en cas de sécheresse pour l'agriculture locale.

Contestation

L'affaire du barrage-réservoir de Naussac, contemporaine de celle du chantier nucléaire de Super-Phénix, démarre avec ce projet visant à créer une retenue d'eau d'environ 190 millions de mètres cubes en Lozère[2], pour assurer à la Loire un débit plus régulier[2], a été sévèrement contesté par les agriculteurs du comité de défense de la vallée de Naussac[2]. Il avait été lancé par EDF au début des années 1950[2], puis repris en 1968 par l'agence de l'eau Loire-Bretagne et finalement déclaré d'utilité publique en février 1976[2]. Mais à partir de juin 1976, l'opposition des élus locaux et des agriculteurs ne cesse de grandir,[2] car la cuvette prévue pour faire un lac derrière le barrage est occupée par cinquante exploitations agricoles et nourrit huit cents bovins et mille moutons[2]. Dès juin 1976, cinq conseils municipaux du secteur des travaux ont démissionné et effectué des recours en Conseil d'État[2]. Un premier point culminant de la mobilisation anti-barrage est atteint au cours du week-end des 7 et 8 août 1976 quand environ huit mille personnes y participent[3]. Aux élections municipales du printemps 1977, des municipalités anti-barrage sont élues à Langogne et à Naussac[3]. Les manifestants sont ensuite, l'été suivant, trente à quarante mille le 31 juillet 1977 puis environ cinq mille. Une messe en plein air est organisée à « point de rassemblement situé en plein champ, loin des villages et du chantier » rallié par de nombreux « jeunes campeurs »[4]. Ils multiplient les manifestations et occupations du site[2], avec tracteurs et élus, « écharpe tricolore en bandoulière »[4]. Parmi la dizaine de maires mobilisés[4], ceux de Langogne, Marvejols et Florac[4], ainsi que plusieurs dizaines de conseillers municipaux, autour de banderoles "Non au barrage !", "Non à l'exode !", "Nous voulons vivre au pays !"[4]. Ils demandent alors un autre choix pour réguler la Loire, celui d'une succession de barrages dans les gorges de l'Allier, à édifier dans le secteur entre Langogne et Brioude[2]. Deux fois de suite le train express Paris-Nîmes a est stoppé en rase campagne[2], un incendie non revendiqué vise une pelle mécanique, tandis que le siège de l'entreprise chargée de mener à bien ce grand projet est plastiqué[2].

Voir aussi

Notes et références

  1. GAZETTE NUCLEAIRE.
  2. "L'affaire du barrage de Naussac" le 11 mai 1977 dans Le Monde .
  3. "La Loire en sursis : croisade pour le dernier fleuve sauvage d'Europe" par Laurent Courtet, Pascal Gateaud et Bernard Stéphan, Editions du Sang de la terre, en 1991.
  4. " La manifestation de Naussac a relancé le débat sur l'aménagement du monde rural" par Marc Ambroise-Rendu le 9 août 1977 dans Le Monde
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