Les Amis de la Terre - France
La Fédération des Amis de la Terre - France est une association de protection de l’Homme et de l'environnement, représentant en France le mouvement international des Amis de la Terre (Friends of the Earth International ou FoEI). Il s'agit d'une association loi de 1901 et agréée pour la protection de l’environnement dans le cadre national par arrêté du ministre de l’Environnement[1]. L’association forme un réseau d’une trentaine de groupes locaux et de groupes associés autonomes qui agissent selon leurs priorités locales et relaient les campagnes nationales et internationales.
Forme juridique | Organisation non gouvernementale internationale |
---|---|
But | Protection de l'environnement et des droits humains |
Zone d’influence | France |
Fondation | 1970 (en France) |
---|---|
Fondateur | David Brower, 1969 |
Siège | 47 Avenue Pasteur, 93100 Montreuil - France |
---|---|
Structure | Conseil fédéral, groupes locaux, secrétariat fédéral |
Président | Khaled Gaiji |
Vice-président | Emma Chevalier / Julie Cutillas / Arnaud Faes |
Secrétaire | Catherine Mollière |
Trésorier | Charles de Lacombe |
Affiliation internationale | Friends of the Earth - International |
Site web | Amis de la Terre - France |
Historique
Dans le bouillonnement des idées écologistes qui agite alors les États-Unis depuis la publication du Printemps silencieux de Rachel Carson, David Brower, en 1969, quitte la présidence du Sierra Club américain pour fonder une association qui sache remonter aux causes des atteintes à l’environnement, par exemple la politique de l’énergie, pour les combattre. Il fonde donc une nouvelle association[2], dont le comité de soutien rassemble de nombreux noms illustres.
En France, Les Amis de la Terre déposent quant à eux leurs statuts à la préfecture de Paris le . Les principaux fondateurs sont Edwin Matthews, un avocat américain résidant à Paris, et Alain Hervé, un poète, navigateur et reporter dont l’idée initiale est de faire des Amis de la Terre un grand mouvement de connaissance de la nature. Mais la prise de conscience des grands problèmes écologiques est déjà faite. Le comité de parrainage est composé de Jean Dorst (naturaliste, ancien directeur du muséum d’histoire naturelle), Pierre Fournier (romancier sous le nom de Pierre Gascar), l’ethnologue Claude Lévi-Strauss, le biologiste Konrad Lorenz, l’ethnologue Théodore Monod et le biologiste Jean Rostand.[réf. nécessaire]
Les Amis de la Terre sont parmi les initiateurs des candidatures écologistes aux élections politiques, notamment les présidentielles de 1974 avec René Dumont[3], devenu ensuite Président d’honneur de l’association. Des militants qui ont fait carrière depuis comme Brice Lalonde (ex-ministre de l'Environnement), Pierre Radanne (ex-directeur de l’ADEME) ou Dominique Voynet (ex-ministre de l’Aménagement du territoire et de l’environnement) en font alors partie.
En 1983, les Amis de la Terre décident de se recentrer sur leurs activités associatives. Une grande partie des militants quitte l’association pour participer à la création des Verts, comme Yves Cochet (groupe de Rennes), ou, plus tard, à celle de Génération Écologie, comme Brice Lalonde (groupe de Paris) qui entre au Gouvernement en 1988.
Plusieurs équipes, notamment celles de Pierre Samuel et de Guy Aznar, se succèdent depuis pour maintenir et développer l’action nationale des Amis de la Terre. Leur structure est néanmoins restée fortement décentralisée.
Les groupes locaux se développent et obtiennent une plus grande autonomie à la suite d'actions aux assemblées générales des années 90, tout en gardant la volonté d’unir leur force sur le plan national et global[4]. Début 1976, on comptait 33 groupes, 144 en , 55 en 1986, et une trentaine en 2019.
Organisation
Deux entités structurent l’organisation des Amis de la Terre[1] :
- Le Conseil fédéral rassemble 12 membres élus, principalement issus des groupes locaux. Son rôle est de veiller à la bonne application des orientations prises en Assemblée fédérale et de décider des grandes lignes d’action de l’association.
- Les groupes locaux sont composés d’adhérents bénévoles et de militants. Chaque groupe local est une association autonome financièrement et choisit ses modalités de fonctionnement et ses actions selon ses priorités.
Campagnes d'action
Modes de production et consommation durable
Mise en place depuis 2011 autour du programme Une seule planète, lancé avec le Centre de ressources indépendant sur le développement (CRID), destiné à sensibiliser sur les enjeux d'une gestion durable des ressources naturelles intégrant les limites définies par l'espace écologique. Les Amis de la Terre ont participé activement autour de ce programme.
Dans le cadre de cette thématique, le rapport Surconsommation, une menace sur l'eau a été publié en 2011, il met en lumière l'empreinte d'eau des consommations ; soit le volume d'eau nécessaire à la production des biens que les personnes consomment (un t-shirt nécessite 2 700 litres d'eau).
Un autre rapport « L'Europe, dépendante des terres des autres » s'intéresse à l'utilisation de terres. Le rapport montre de façon inédite que 60 % des terres utilisées pour répondre à la demande européenne en produits agricoles et forestiers sont situés à l'extérieur du continent. Il s'agit aussi bien de terres destinées à l'alimentation, à la production de viande ou de fibres nécessaires au secteur textile, mais aussi pour répondre à la demande croissante pour les agrocarburants[5].
L'obsolescence programmée
Avec le rapport « L'obsolescence programmée » - 2010, Les Amis de la Terre ont mis l'accent sur la réduction du volume des déchets issus des équipements électriques et électroniques. Auprès des producteurs, l'association défend la nécessité de mettre en vente des produits plus solides, réparables, durables et a milité pour un allongement de la garantie de 2 à 10 ans. Les Amis de la Terre ont aussi pris part au groupe de travail de l'ADEME sur la durée de vie des produits[6].
Nucléaire
La lutte contre nucléaire est le combat le plus ancien de l'association. En effet, lors de la première réunion internationale des différents groupes à Rambouillet, un moratoire est demandé sur le fonctionnement des centrales nucléaires. Les Amis de la Terre se rendent en bateau jusqu’à l’atoll de Mururoa pour empêcher les essais nucléaires, alors atmosphériques[7].
L'association demande alors la fermeture immédiate des réacteurs, l’abandon de l’électronucléaire en France en un ou deux quinquennats, l’arrêt de toute utilisation d’uranium dit appauvri dans l’armement et dans les produits de consommation ou d’équipement et une vraie logique de service public et non de spéculation financière sur l’électricité.
Les sables bitumineux
Dans le contexte d'épuisement des réserves de pétrole conventionnel, les Amis de la Terre dénoncent, depuis 2001, les entreprises qui investissent de plus en plus dans la source d'hydrocarbure non conventionnel, comme les sables bitumineux. Les Amis de la Terre dénoncent principalement l'entreprise française TOTAL dont les principales exploitations se trouvent dans la province de l'Alberta au Canada. TOTAL est aussi intéressée par l'exploitation des importants gisements de Madagascar, raison pour laquelle les Amis de la Terre ont publié en le rapport « Madagascar : nouvel eldorado des compagnies minières et pétrolières ».
Les gaz de schistes
Les gaz de schistes ont connu un développement considérable lors de la dernière décennie aux États-Unis et au Canada. En France, Schuepbach Energy[Note 1], GDF Suez, Total et Devon Energy ont obtenu en mars 2010 trois permis d’exploration (les permis dits de « Montélimar », de « Nant » et de « Villeneuve de Berg » ) pour une superficie totale de 9 672 km2, sur les départements de l’Ardèche, de la Drôme, de la Lozère, de l’Hérault, du Gard et du Vaucluse. D’autres permis étaient en cours d’instruction en 2010 en Provence et en Picardie. Pour Les Amis de la Terre, les gaz de schistes sont souvent présentés par les industriels comme faisant partie des « gaz naturels », qui sont qualifiés de « fossiles propres ».
Cependant, en 2017, Nicolas Hulot a mis en place pendant qu'il était ministre de l'Écologie « un projet de loi mettant fin à la recherche et à l'exploration des hydrocarbures ». Ce projet de loi interdit entre autres l'obtention d'un permis pour la recherche d'hydrocarbures sur le territoire français[8].
La justice économique
L'objectif est d'exiger des acteurs financiers qu'ils prennent en compte leur impact dramatique sur l'environnement et les populations.
Les Institutions financières internationales
Les Amis de la Terre relaient la campagne internationale « Libérez-nous des fossiles » contre les soutiens économiques aux projets d'énergies fossiles de la banque mondiale. L'association demande l'arrêt de tout financement de la France aux énergies fossiles et à recentrer ses activités vers le soutien aux énergies renouvelables et à l'efficacité énergétique[9].
Les Amis de la Terre ont aussi poursuivi leur campagne contre la Banque européenne d'investissement (BEI), partie prenante de plusieurs projets miniers en Afrique. L'association présente comme une victoire l'arrêt du financement du projet Mopani, lorsque la BEI annonce qu'elle ne financera plus les projets de l'entreprise Glencore AG tant que les résultats d'une enquête interne n'infirmeront pas les graves accusations portées contre la multinationale suisse[10].
Les banques privées
Cette campagne concerne les banques privées et COFACE, où Les Amis de la Terre questionnent les investissements des banques dans le nucléaire et leurs contributions indirectes à la crise climatique[réf. souhaitée]. Les actions menées ont été la distribution des journaux parodiques Nuclear financial times devant le siège de l'OCDE à Paris, la campagne « À nous les banques! » en partenariat avec ATTAC dans laquelle l'Association interpelle les dix principaux groupes bancaires français afin d'évaluer leurs impacts sociaux, environnementaux et économiques et la publication du rapport "Les banques sous pression citoyenne : l'heure de rendre des comptes".
La responsabilité sociale et environnementale des entreprises
Pour Les Amis de la Terre, les entreprises sont intégralement responsables des actes de tous leurs organes (en particulier de leurs filiales) et des impacts, notamment en termes de droits humains, sanitaires et environnementaux, de la production et de la mise en circulation de leurs produits et services. Face au constat de l’échec des approches volontaires en matière de RSEE, les Amis de la Terre France demandent une approche juridiquement contraignante concernant les impacts sociaux et environnementaux des multinationales, notamment dans les pays du Sud où elles sont souvent présentes et très actives. Dans ce cadre, les Amis de la Terre agissent par biais de la campagne CRAD40 et des Prix Pinocchio.
En 2012 les Amis de la Terre mènent une campagne intitulée « Faisons tomber les masques du Crad 40» en faveur d'une loi qui rendrait les maisons-mères des entreprises juridiquement responsables des activités de leurs filiales à l'étranger. Cette campagne a l’objectif de faire signer une pétition et d’interpeller les députés français pour qu’ils renforcent l’encadrement juridique des entreprises multinationales[11],[12].
De 2008 à 2013, l'association décernait des prix Pinocchio du développement durable, inspirés de la fameuse marionnette en bois et de sa très personnelle conception de la vérité, afin de dénoncer les impacts négatifs de l'action de certaines entreprises françaises, en totale contradiction avec le concept de développement durable qu'elles utilisaient dans leur communication. En 2020, le prix est de nouveau décerné, à l'initiative de la Confédération paysanne, pour dénoncer trois géants de l'agrobusiness, Lactalis, Bigard et le lauréat Yara, leader mondial des engrais chimiques. Cette alliance symbolique vise aussi à montrer que les écologistes et les paysans partagent des objectifs communs et peuvent porter des projets convergents face aux méfaits environnementaux et sociaux du secteur de l’agro-industrie[13].
En , l'ONG publie en collaboration avec Oxfam France un rapport indiquant que les principales banques françaises, à savoir BNP Paribas, le Crédit agricole, la Société générale et la BPCE, ont une empreinte carbone très importante : « en 2018, les émissions de gaz à effet de serre issues des activités de financement des quatre principales banques françaises – BNP Paribas, Crédit agricole, Société générale et BPCE – dans le secteur des énergies fossiles ont atteint plus de 2 milliards de tonnes équivalent CO2, soit 4,5 fois les émissions de la France »[14].
Lobbying
Les Amis de la Terre sont inscrits depuis mai 2018 sur le registre de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique et déclarent exercer des activités de représentation d’intérêts en France pour un montant compris entre 75 000 et 100 000 euros sur l'année 2020[15].
Alliés
Les divers campagnes sont réalisées avec le partenariat de plusieurs autres organisations parmi lesquelles :
- Le Centre de recherche et d’information pour le développement (CRID) ;
- le mouvement Action non-violente COP21, qui mène des actions de désobéissance civile pour lutter contre le dérèglement climatique ;
- le Réseau Action Climat ;
- le Réseau Semences Paysannes ;
- le Réseau Sortir du Nucléaire ;
- Combat Monsanto ;
- Nature et progrès
Financements
En 2015, 66 % du financement de l'association, sur un total de plus de 700 000 €, provenait de fonds publics, 20 % de fonds privés et 14 % de partenaires, dont notamment Friend of the Earth[16].
Notes et références
Notes
- Selon Liberation.fr du 12 juillet 2013, la compagnie américaine Schuepbach Energy a notamment déposé un recours auprès du Conseil d'État ; ce dernier a transmis en juillet 2013 au Conseil constitutionnel une question prioritaire de constitutionnalité qui conteste la loi française de juillet 2011 interdisant la fracturation hydraulique.
Références
- , Statuts des Amis de la Terre - France
- , Sylvie Ollitrault, « Les ONG et l’alerte écologique », La Vie des idées, 8 décembre 2009. (ISSN 2105-3030).
- Vrignon 2012.
- , La Baleine no 125 - 2000. Les Amis de la Terre ont 30 ans au service de l'homme et de l'environnement.] sur amisdelaterre.org
- , Assemblée Nationale. Octobre-2011. L’Initiative sur les matières premières de l’Union européenne.
- , Article sur Management environnemental et éco-produits - ADEME.
- , La Baleine no 125 - 2000. Les Amis de la Terre ont 30 ans au service de l'homme et de l'environnement.
- « Nicolas Hulot enterre définitivement le pétrole et le gaz de schiste en France », lexpress.fr, (lire en ligne, consulté le )
- « Banques : le réseau écologiste Les Amis de la Terre continue le combat contre le financement des mines de charbon », Boursier.com, (lire en ligne, consulté le )
- Zambie: à qui profite le cuivre, France 5, mai-2011.
- , Article de presse, 20minutes. Octobre-2012.Les Amis de la Terre en campagne pour une responsabilité des multinationales envers leurs filiales.
- , Article de presse, Rue 89 Eco, Le Nouvel Observateur. Octobre-2012. Crad40 : pour que Total arrête d’avoir les bénéfices sans les dégâts.
- « Le prix Pinocchio du « greenwashing » décerné au fabricant d’engrais chimiques Yara », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- Nabil Wakim et Véronique Chocron, « L’empreinte carbone « colossale » des banques françaises », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
- « Fiche Les Amis De La Terre » (consulté le )
- « Financements », sur amisdelaterre.org (consulté le ).
Voir aussi
Articles connexes
Sources
- Les archives de l'association sont conservées aux Archives nationales sous la cote 135 AS.
Bibliographie
- Alexis Vrignon, « Écologie et politique dans les années 1970. Les Amis de la Terre en France », Vingtième Siècle : Revue d'histoire, no 113, , p. 179-190 (DOI 10.3917/vin.113.0179, lire en ligne)
- « Réseau des Amis de la Terre », Le Monde, (lire en ligne).
- P. J., « Les Amis de la Terre entendent demeurer une organisation de type associatif », Le Monde, (lire en ligne).
- Hervé Kempf, « Les Amis de la Terre, l'écologie politique », Le Monde, (lire en ligne).
Liens externes
- Site officiel
- Notice du fonds de l'association Les Amis de la Terre en salle des inventaires virtuelle des Archives nationales
- Portail de la conservation de la nature
- Portail de l’altermondialisme
- Portail des associations
- Portail de la France