Autant en emporte le vent (film)
Autant en emporte le vent (Gone with the Wind) est un film américain de Victor Fleming réalisé en 1939[1], adapté du roman du même nom de Margaret Mitchell paru en 1936[2]. Il sort en salles en 1939 aux États-Unis, et au cours des deux décennies suivantes dans le reste du monde, sa sortie en Europe ayant été retardée par la Seconde Guerre mondiale.
Pour les articles homonymes, voir Autant en emporte le vent.
Titre original | Gone with the Wind |
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Réalisation | Victor Fleming (ainsi que George Cukor et Sam Wood, non crédités) |
Scénario |
Sidney Howard d'après le roman de Margaret Mitchell |
Acteurs principaux | |
Sociétés de production |
Selznick International Pictures Metro-Goldwyn-Mayer |
Pays d’origine | États-Unis |
Genre |
Drame Guerre Romance |
Durée | 243 minutes |
Sortie | 1939 |
Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution
Avec pour acteurs principaux Clark Gable et Vivien Leigh, le film raconte l'histoire de la jeune Scarlett O'Hara et de Rhett Butler, des sudistes, sur fond de guerre de Sécession. Il met également en vedette les acteurs Leslie Howard et Olivia de Havilland.
Écrit par le scénariste Sidney Howard et réécrit dans l'urgence, notamment par Ben Hecht, le film a reçu huit Oscars dont celui du meilleur film et du meilleur réalisateur. Il permet également à l’actrice Hattie McDaniel d’être la première interprète afro-américaine à recevoir un Oscar, celui de la meilleure actrice dans un second rôle.
En 1998, Autant en emporte le vent est considéré par l'American Film Institute comme le quatrième meilleur film américain de l'histoire du cinéma[3] dans la catégorie « films épiques ». Considéré comme l'un des meilleurs films de tous les temps, il est élu film préféré des Américains dans un sondage de 2 279 adultes entrepris par Harris Interactive en 2008[4], et de nouveau dans un autre de 2 276 adultes en 2014[5]. En France, il figure en sixième position au palmarès des films les plus vus.
Le film est considéré comme un des plus gros succès de l'histoire du cinéma ; en 2020, ses recettes sont estimées à plus de 3,44 milliards de dollars en tenant compte de l'inflation[6],[7].
Synopsis
Géorgie, 1861. Scarlett O'Hara est une jeune fille de la haute société sudiste. Sa famille possède une grande plantation de coton appelée « Tara ». Âgée de 16 ans, elle est courtisée par tous les bons partis du pays, mais n'a d'yeux que pour Ashley Wilkes. Scarlett a un caractère bien trempé, obstiné, rusé et capricieux qui fera sa force et sa faiblesse, et donnera à Autant en emporte le vent un dynamisme particulier. Ashley, cependant, est promis à sa cousine, la vertueuse Melanie Hamilton. Scarlett cherche à tout prix à le séduire, mais à la réception des Douze Chênes, c'est du cynique et controversé Rhett Butler qu'elle retient l'attention. Ce dernier l'a surprise alors qu'elle avouait son amour à Ashley. Fasciné par l'énergie et la force de caractère de l’héroïne, il n'aura d'yeux que pour elle, malgré son indépendance d'esprit.
Pendant ce temps, la guerre de Sécession éclate, Ashley avance son mariage avec Mélanie, et Scarlett, pour le rendre jaloux, épouse Charles Hamilton, le frère de Mélanie. À la suite du décès de son mari à la guerre, elle se rend à Atlanta chez Mélanie et sa tante. Elle défraie la chronique en valsant, toute de noir vêtue, avec Rhett Butler lors d'un bal de charité. La guerre fait rage, les Sudistes reculent, les blessés affluent à Atlanta. Mélanie accouche avec l'aide de Scarlett et Rhett Butler les aide à fuir la ville menacée par les Nordistes. Rhett les abandonne en chemin, Scarlett mène seule leur voiture jusqu'à Tara. La mère de Scarlett est morte, son père a perdu la raison, ses deux sœurs cadettes sont affaiblies, les esclaves se sont enfuis. Elle prend alors à 19 ans le rôle de chef de famille, en connaissant la misère, la peur, le travail dans les champs pendant plusieurs années. Quand un soldat nordiste vient chaparder et s'avance vers elle d'un air vicieux, elle prend son courage à deux mains et l'abat d'un coup de revolver.
La guerre de Sécession prend fin, Ashley rentre de captivité et s'installe à Tara entre deux femmes amoureuses. Les impôts de Tara sont augmentés et Scarlett n'est pas à même d'y faire face. Elle cherche qui pourrait l'aider. Elle pense alors à Rhett Butler. Elle retourne à Atlanta, et le trouve en prison (accusé du meurtre d'un noir qu'il a bel et bien commis). Elle lui propose contre les 300 dollars (d'impôt) de devenir sa maîtresse, mais, blessé, il refuse. Elle le quitte furieuse, puis rencontre le fiancé de sa sœur Suellen, Frank Kennedy, et apprend qu'il a réussi à constituer quelques économies. Lui faisant croire que sa sœur va en épouser un autre, elle l'épouse et arrive à payer les impôts de Tara.
Une fois installée à Atlanta, elle se met au commerce du bois (activité florissante liée à la reconstruction), et fait même revenir à Atlanta Mélanie et Ashley Wilkes qu'elle associe à son affaire. Ses affaires prospèrent. Agressée en allant, seule, à une de ses scieries, elle est sauvée par son ancien esclave Big Sam. Son mari et d'anciens sudistes, liés au Ku Klux Klan, tuent plusieurs personnes ; son mari décède lors de cet incident, tandis que d'autres sudistes comme Wilkes et le docteur Meade doivent le salut à Butler, qui est connu des soldats venus les arrêter, et leur fournit un alibi.
Le lendemain de l'enterrement de son mari, Butler demande à Scarlett de l'épouser. Elle accepte. S'ensuivra une union pleine d'incompréhension, avec la naissance d'une fille, Eugénie Victoria[8], surnommée Bonnie, que Rhett chérira plus que tout, et une fausse couche au cours de laquelle Scarlett manquera de perdre la vie. Les époux s'éloignent, la petite fille meurt dans un accident de poney, en voulant sauter la barrière, laissant Rhett inconsolable. Il perçoit que l'amour de Scarlett pour Ashley ne faiblira pas.
Mélanie Hamilton, tente, malgré les recommandations des médecins, de donner la vie à un second enfant. Elle n'y résistera pas, et meurt. Voilà Ashley Wilkes libre, mais la vérité se fait jour dans l'esprit de Scarlett : c'est Rhett qu'elle aime et depuis toujours. Mais trop tard, quand elle lui annonce qu'elle a compris qu'elle l'aimait, il lui répond que son amour pour elle est mort. Scarlett lui demande alors : « Que vais-je devenir ? », et Rhett lui répond : « Frankly, my dear, I don't give a damn »[alpha 1] (dans la version française : « Franchement, ma chère, c'est le cadet de mes soucis »).
Le film se termine sur Scarlett O'Hara, résolue à reconquérir Rhett. Elle décide de retourner à Tara afin d'y trouver les forces pour mener à bien cette reconquête. Pendant tout le film chacun aime l'autre à contre temps, et chacun se trompe sur soi-même et sur la vraie nature de ses sentiments.
Fiche technique
Sauf indication contraire ou complémentaire, les informations mentionnées dans cette section peuvent être confirmées par la base de données IMDb.
- Titre original : Gone with the Wind
- Titre français : Autant en emporte le vent
- Réalisation : Victor Fleming ; (Sam Wood et George Cukor non crédités)
- Scénario : Sidney Howard, d'après l'œuvre de Margaret Mitchell
- Direction artistique : William Cameron Menzies
- Décors : Lyle Wheeler
- Décoration intérieure : Edward G. Boyle
- Constructeur des décors : Howard Bristol (en)
- Costumes : Walter Plunkett, John Frederics
- Maquillage et coiffure : Monty Westmore (en)
- Photographie : Ernest Haller, Ray Rennahan ; Wilfred M. Cline (associé, Technicolor), Lee Garmes (non crédité)
- Photographie de seconde équipe : Paul Ivano (non crédité)
- Supervision pour Technicolor : Natalie Kalmus
- Effets photographiques spéciaux : Jack Cosgrove (en), Lee Zavitz (effets pyrotechniques)
- Son : Frank Maher
- Montage : Hal C. Kern, James Newcom
- Musique : Max Steiner, Lou Forbes
- Chorégraphie des danses : Frank Lloyd, Eddie Prinz
- Conseiller historique : Wilbur G. Kurtz
- Producteur : David O. Selznick
- Sociétés de production[9] : Selznick International Pictures et Metro-Goldwyn-Mayer (MGM)
- Sociétés de distribution : Metro-Goldwyn-Mayer (MGM), Home Box Office (HBO), New Line Cinema, MGM/UA Home Entertainment, Warner Home Video
- Budget de production : 3 977 000 $
- Pays d'origine : États-Unis
- Langue originale : anglais
- Format[10] : 35 mm - Couleurs Technicolor (procédé tri-chrome) - ratio : 1,37:1 - Mono -
- Genre : drame, guerre, romance
- Durée : 243 minutes
- Dates de sorties en salles[11] :
- États-Unis : (première mondiale à Atlanta) ; (première à New York) ; (première à Los Angeles) ; (sortie nationale)
- Royaume-Uni : (première à Londres)
- Belgique : (première à Bruxelles) ; (sortie nationale)
- France : (première au cinéma Le Berlitz à Paris en version originale sous-titrée) ; (première au cinéma Le Rex à Paris en version française)
- Box-office :
Distribution
- Vivien Leigh (V.F : Claire Guibert) : Scarlett O'Hara
- Clark Gable (V.F : Robert Dalban) : Rhett Butler
- Leslie Howard (V.F : Pierre Asso) : Ashley Wilkes
- Olivia de Havilland (V.F : Nelly Benedetti) : Melanie Hamilton
- Hattie McDaniel (V.F : Mona Dol) : Mamma
- Thomas Mitchell (V.F : Serge Nadaud) : Gerald O'Hara
- Barbara O'Neil (V.F : Jacqueline Morane) : Ellen O'Hara
- Evelyn Keyes (V.F : Rolande Forest) : Suellen O'Hara
- Ann Rutherford (V.F : Nicole Riche) : Carreen O'Hara
- Oscar Polk : Pork
- Butterfly McQueen (V.F : Liane Daydé) : Prissy
- Everett Brown (V.F : Lud Germain) : Grand Sam, le contremaître
- Victor Jory (V.F : Jacques Erwin) : Jonas Wilkerson, le régisseur
- George Reeves (V.F : Michel André) : Stuart Tarleton
- Fred Crane (V.F : Yves Furet) : Brent Tarleton
- Howard C. Hickman (V.F : Paul Ville) : John Wilkes
- Alicia Rhett (V.F : Sylvie Deniau) : India Wilkes
- Rand Brooks (V.F : Hubert Noël) : Charles Hamilton
- Carroll Nye (V.F : René Blancard) : Frank Kennedy
- Laura Hope Crews : Tante « Pittypat » Hamilton
- Eddie Anderson (V.F : Harry-Max) : Oncle Peter, le cocher de Tante Pittypat
- Harry Davenport (V.F : Jacques de Féraudy) : Dr. Harry Meade
- Leona Roberts (V.F : Cécile Didier) : Mme Caroline Meade
- Jane Darwell (V.F : Germaine Michel) : Mme Dolly Merriwether
- Ona Munson (V.F : Lita Recio) : Belle Watling
- Isabel Jewell : Emmy Slattery
- Ward Bond (V.F : Pierre Morin) : Tom, le capitaine Yankee
- Cammie King (V.F : Francette Vernillat) : Bonnie Blue Butler
- Mickey Kuhn : Beau Wilkes
- J. M. Kerrigan (V.F : Paul Bonifas) : Johnny Gallegher
- Marcella Martin : Cathleen Calvert
- Mary Anderson : Maybelle Merriwether
- Jackie Moran : Phil Meade
- Robert Elliott (V.F : Emile Duard) : le commandant Yankee jouant au poker avec Rhett
- Irving Bacon : un caporal
- Olin Howland : un profiteur de guerre
- Cliff Edwards : le soldat qui se souvient
- Eric Linden : le soldat couché amputé
- Louis Jean Heydt : le soldat affamé avec Beau Wilkes
- William Bakewell : le soldat monté
- Lillian Kemble-Cooper (V.F : Héléna Manson) : la nurse anglaise
- Yakima Canutt : le renégat qui attaque Scarlett
- Paul Hurst (V.F : Antoine Balpêtré) : le déserteur yankee abattu dans l’escalier par Scarlett
Et, parmi les acteurs non crédités :
- Horace B. Carpenter : un citoyen d’Atlanta
- Louise Carter : l'épouse du chef de fanfare
- Shirley Chambers : une fille de Belle Watling
- Wallis Clark : un capitaine joueur de poker
- Yola d'Avril : une fille de Belle Watling
- George Hackathorne : un soldat blessé souffrant
- Emmett King : un invité de la fête
- George Meeker : un capitaine joueur de poker
- Alberto Morin : Rene Picard
- Tom Seidel : Tony Fontaine
- Terry Shero : Fanny Elsing
- E. Alyn Warren : un employé de Frank Kennedy
- Ernest Whitman : l'associé du profiteur
- Zack Williams : Elijah
- John Wray : un surveillant de prison
- Hattie McDaniel (Mamma).
Production
Scénario
Le producteur David O. Selznick acheta les droits du roman Autant en emporte le vent de Margaret Mitchell pour 50 000 dollars et engagea un scénariste Sidney Howard[14].
David O. Selznick, lui-même juif, refusa toute allusion racialiste envers les Noirs dans la mesure du possible, donnant comme raison les lois anti-juives qui sévissaient en Europe à cette époque[réf. souhaitée].
Afin de capter les premières impressions du public, David O. Selznick fit organiser une avant-première qui eut lieu dans un petit cinéma à la suite de la projection du film Beau Geste, séance dans le secret le plus total, avant même que la musique fût composée. Le film fit un triomphe.
Choix des acteurs
Les personnages de Rhett, Melanie et Ashley ont été distribués rapidement, notamment celui de Rhett, pour lequel Clark Gable a été très vite réclamé par le public. Celui de Scarlett a en revanche posé problème très longtemps, si bien que le tournage du film a commencé sans héroïne. Tous les grands noms de l'époque ont auditionné pour le rôle (Katharine Hepburn, Bette Davis, Susan Hayward, Lana Turner, Paulette Goddard…), mais c'est finalement une relative inconnue, Vivien Leigh, qui emporte la mise au dernier moment. Le public est au début réfractaire à l'idée qu'une britannique incarne la sudiste Scarlett, mais les habitants du Sud finissent par accepter ce choix car, disent certains, « mieux vaut une Anglaise qu'une Yankee ! »[15],[16].
Afin de conserver l'image de jeune fille prude de l'héroïne, la production interdit à l'actrice Vivien Leigh de rencontrer son compagnon Laurence Olivier durant le tournage et ce jusqu'à la première. Ils durent user de divers stratagèmes pour se voir[17].
L'actrice jouant la mère de Scarlett avait au moment du tournage 28 ans, soit deux ans de plus que sa « fille » Vivien Leigh[18].
- Vivien Leigh (Scarlett O'Hara).
- Olivia de Havilland (Melanie Hamilton).
- Ona Munson (Belle Watling).
- Olivia de Havilland.
- Hattie McDaniel (Mamma), Olivia de Havilland et Vivien Leigh.
- Alicia Rhett (India Wilkes).
- Clark Gable (Rhett Butler) et Cammie King (Bonnie Blue).
Tournage
Pressé par le temps, David O. Selznick commença le tournage du film alors que l'actrice principale pour interpréter le personnage de Scarlett n'était pas encore choisie : aussi, un figurant fut embauché pour tourner la scène de la prise d'Atlanta par l'armée du général Sherman. En effet, le visage de Scarlett n’apparaît pas dans ces scènes du film.[réf. souhaitée]
D'autre part, le réalisateur utilisa les décors du film de D. W. Griffith, Intolérance, notamment les remparts de Babylone, pour y mettre le feu, ce qui arrangea les assureurs, qui ne voulaient pas risquer la vie de l'actrice à un moment dangereux.[réf. souhaitée]
Distinctions
Récompenses et nominations
Lors de la cérémonie des Oscars 1940, attribués le , avec 13 nominations lui permettant de remporter 8 trophées[19], Autant en emporte le vent remporta les prix suivants :
- Oscar du meilleur film ;
- Oscar du meilleur réalisateur pour Victor Fleming ;
- Oscar du meilleur scénario adapté pour Sidney Howard (récompense posthume) ;
- Oscar de la meilleure actrice pour Vivien Leigh ;
- Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle pour Hattie McDaniel (premier Oscar attribué à un acteur ou une actrice noire) ;
- Oscar de la meilleure photographie pour un film en couleur pour Ernest Haller et Ray Rennahan (Oscar scindé en deux catégories, couleur et noir et blanc, à partir de 1939 jusqu'en 1967) ;
- Oscar du meilleur montage pour Hal C. Kern et James E. Newcom ;
- Oscar de la meilleure direction artistique pour Lyle Wheeler.
Le film avait également été nommé dans les catégories meilleur acteur pour Clark Gable, meilleure actrice dans un second rôle pour Olivia de Havilland, meilleure musique de film, meilleur son et meilleurs effets spéciaux.
Il remporta également deux prix spéciaux :
- Récompense technique spéciale pour le décorateur William Cameron Menzies ;
- Récompense scientifique ou technique collective, pour d'importantes contributions en faveur du développement de nouveaux matériels et procédés d'éclairage.
Réplique culte
La dernière réplique de Rhett Butler, « Franchement, ma chère, c'est le cadet de mes soucis » (Frankly, my dear, I don't give a damn ; littéralement : « Franchement, ma chère, je m'en fous ») à la question de Scarlett O'Hara, « Mais Rhett, que vais-je devenir ? » est devenue culte.
En 2005, celle-ci est élue plus grande réplique du cinéma américain dans le classement AFI's 100 Years... 100 Movie Quotes. Elle avait pourtant été menacée d'être censurée au moment du tournage, car le code Hays déconseillait l'usage du mot « damn », considéré à l'époque comme grossier.
Analyse
Les époques du film
Ce film est analysé par bien des cinéphiles comme la plus grande histoire d'amour de toute l'histoire du cinéma. Il ne faut cependant pas négliger la place donnée au temps qui passe et à la nostalgie d'une époque perdue, souvent évoqué par Ashley et Scarlett elle-même. Le titre d'ailleurs en justifie l'importance : Gone with the wind (emporté par le vent) désigne une glorieuse époque pour les sudistes, lumineuse, optimiste… « une civilisation emportée par le vent » (A Civilization gone with the wind)[20]. Les époques ont une place primordiale, d’où la division des quatre heures de film en quatre parties.[réf. souhaitée]
Une partie à dominante verte évoque la fertilité d'une civilisation à son apogée. La seconde partie est en rouge ; elle est empreinte de sang, de rage et de colère, de la jalousie de Scarlett et de feu destructeur. La troisième période est faite de couleur terne : marron, brun, les couleurs de la sécheresse et de l'infertilité de l’après-guerre. Enfin, la dernière période est baignée de noir, celui de la mort.[réf. souhaitée]
L'arbre de Tara évoque également ces changements de période : il est tantôt fleuri, tantôt nu. Le choix du procédé Technicolor par David O. Selznick est déterminant pour rendre à la photo la flamboyance voulue par le producteur afin de traduire les différentes époques du récit et leurs atmosphères parfois ternes ou sombres, mais le plus souvent saturées.[réf. souhaitée]
Évolution des protagonistes
Scarlett traverse ces époques et reste obstinée, manipulatrice, sans scrupules, aveuglée et mue par ses deux passions : Tara et son amour d'adolescente pour Ashley[20]. Son caractère s'oppose à celui d'Ashley, droit, lucide, attiré par la sensualité de Scarlett mais las de tous, immobile et incertain. Il présente cependant deux intérêts dans le film : sa poésie et sa nostalgie, qui évoquent les jours heureux des planteurs du Sud avant la guerre civile.
Le caractère de Scarlett s'oppose à celui de Melanie, mais pas autant que certains critiques voudraient le faire croire[21] : Melanie est un peu bas-bleu, certes, mais elle sait braver les interdits. Courageuse, elle est droite et bienveillante, elle est la gardienne de toute la dignité élégante d'une époque et d'une aristocratie de gens d'honneur. Si elles sont rivales dans leur amour pour Ashley, les deux belles-sœurs s'estiment. Melanie est à jamais reconnaissante à Scarlett de les avoir sauvés, son bébé et elle, lors du siège d'Atlanta.
La reine du bon sens reste cependant Mama, nounou de Scarlett, la seule qui connaisse Scarlett mieux que quiconque (avec Rhett), elle la comprend, la juge parfois mais la soutient dans les épreuves.
Rhett est quant à lui le personnage qui dit ressembler le plus à Scarlett, il le lui fait d'ailleurs remarquer (« nous ne sommes pas des gentlemen, Scarlett »). Il comprend très tôt que Scarlett est la femme de sa vie. Le drame de celle-ci va être de découvrir trop tard son amour pour Rhett, le seul qui la comprenne et lui ait révélé le plaisir sexuel (assez osée, cette scène pour le Hollywood de 1939)[20].
La musique de Steiner est en parfait accord avec à la fois la nostalgie du Sud et la force de caractère de Scarlett, l'espoir, l'énergie, la volonté de survivre, le désir, la rage de vaincre.
Différences avec le roman
De nombreux personnages non essentiels à l'intrigue ont été supprimés dans le film : la famille Fontaine, Cade Calvert, le grand-père Merriwether, tous les Tarleton à l'exception de Brent et Stuart, etc.
Toutefois, certains personnages relativement importants n'ont pas obtenu non plus leur ticket pour Hollywood :
- dans le roman, Scarlett O'Hara donne naissance à trois enfants, un avec chacun de ses maris, alors que seule Bonnie, la fille qu'elle a avec Rhett, apparaît dans le film. Des deux autres enfants, seul Wade Hampton Hamilton, son fils aîné, tient une place importante dans le roman. Ella Lorena, fille de Frank Kennedy, est peu évoquée dans le livre, si ce n'est pour dire qu'elle n'est pas très jolie. Cependant, le nom de Wade Hampton apparaît dans le film : c'est le lieutenant qui annonce par lettre à Scarlett que son premier mari, Charles Hamilton, est mort ;
- les personnages d'India et Honey Wilkes, sœurs d'Ashley, sont fusionnés en un seul, celui d'India, dans le film ;
- le vieux et répugnant Archie, qui accompagne India Wilkes au moment où ils découvrent Scarlett et Ashley enlacés, n'apparaît pas non plus dans le film. À l'écran, c'est Mme Meade qui est avec India à ce moment crucial de l'intrigue ;
- Dilcey, épouse du majordome Pork et mère de Prissy, très attachée aux O'Hara et aide précieuse à la plantation pour Scarlett pendant les années de disette, disparaît à l'écran ;
- le vieil oncle Henry Hamilton, personnage pittoresque, ne figure pas au générique du film ;
- le personnage le plus important du roman à ne pas apparaître à l'écran est toutefois celui de Will Benteen, ex-soldat recueilli à Tara après la guerre et qui finit par s'y fixer en épousant Suellen ;
- Gérald O'Hara meurt à la suite d'une chute de cheval lors d'une course poursuite avec la voiture des Slattery. Pourtant, dans le livre, il meurt bien plus tard, au cours d'une crise de folie.
Autres différences :
- le drame personnel de Carreen, benjamine des sœurs O'Hara, est lui aussi passé sous silence ;
- dans la scène de la réunion d'Atlanta, lorsque le soldat demande aux deux jeunes femmes de lui remettre leurs bijoux, ce n'est pas Mélanie qui donne son alliance en premier mais bien Scarlett qui, d'après le livre, jette son alliance « d'un geste de défi ».
Autour du film
Accusations de racisme
Selon plusieurs universitaires, Autant en emporte le vent populariserait une vision révisionniste de l’histoire des États-Unis[22], proche de celle de la Cause perdue (« Lost Cause »), présentant la cause de la Confédération comme noble (combat pour l'indépendance politique et économique des États du Sud, menacée par le Nord, et non pour le maintien de l'esclavage)[22], ce qui constitue une contre-vérité historique[22], et que la plupart de ses chefs étaient des modèles d'une chevalerie démodée. Selon cette thèse, le Sud aurait ainsi succombé à la force numérique et industrielle de l'Union, surpassant le courage et la supériorité militaire de la Confédération. Par ailleurs, le film présentait une version romantique du Sud et une vision très édulcorée de l'esclavage, avec notamment du personnel de maison montré comme satisfait de son sort et traité comme des employés ordinaires[22], ou bien incapable de se débrouiller par lui-même.
Cette approche est à remettre dans le contexte de l'époque dans les années 1930, dans le Sud des États-Unis où la ségrégation raciale est à son paroxysme. En effet, les lois raciales de l'époque en vigueur aux États-Unis empêchèrent l'actrice Hattie McDaniel, l'interprète du rôle de Mama, d'assister à l'avant-première du film à Atlanta en Géorgie, le . Ne voulant pas mettre son producteur dans l'embarras, elle lui signala qu'elle n'était pas disponible pour s'y rendre. Clark Gable refusa dans un premier temps de se rendre à la première du film si McDaniel en était exclue, mais cette dernière le convainquit d'y participer. Cependant, l'esprit ségrégationniste de l'époque n'empêcha pas l’actrice de recevoir l'Oscar du meilleur second rôle féminin. Elle fut d'ailleurs la première artiste noire à recevoir cette récompense, mais dut se contenter de rester au fond de la salle, avec son agent, à l'écart des autres[23],[24],[25].
En , à la suite des évènements de Charlottesville, un cinéma de Memphis suspend sa projection annuelle du film de Victor Fleming, estimant que cette œuvre, qui plonge dans la guerre de Sécession, est maladroite à l'égard du public afro-américain[26],[27].
En , en réaction à la mort de George Floyd, le film est temporairement retiré du catalogue d'HBO Max, le temps de lui ajouter une contextualisation écrite pour resituer l’œuvre dans son époque[22],[28]. Selon un porte-parole de HBO Max interrogé par l'Agence France-Presse : « Autant en emporte le vent est le produit de son époque et dépeint des préjugés racistes qui étaient communs dans la société américaine », ajoutant que maintenir ce film dans leur catalogue « sans explication et dénonciation de cette représentation aurait été irresponsable »[22]. HBO compte, après cette contextualisation, présenter le film dans son intégralité, car procéder autrement reviendrait à « faire comme si ces préjugés n’avaient jamais existé »[22].
Dans la culture populaire
Cinéma
- Dans L'Armée des ombres (1969) de Jean-Pierre Melville, les acteurs Paul Meurisse et Lino Ventura sortent d'un cinéma londonien après avoir vu Autant en emporte le vent et le personnage de Meurisse dit : « Pour les Français, la guerre sera finie quand ils pourront lire Le Canard enchaîné et voir ce film merveilleux. »
- Dans The Outsiders (1983), on compte de nombreuses références au film et au roman Autant en emporte le vent, que les deux fugitifs du film lisent en cavale.
- Dans The Mask (1994), l'acteur Jim Carrey fait un clin d'œil au film après s'être pris une balle au Coco Bongo : « Dis à Scarlett que ce n'est pas l'cadet de mes soucis. »
- Dans Les Noces funèbres (2005) de Tim Burton, le personnage de Butler en squelette entonne la réplique finale à sa femme qu'il retrouve dans le monde des vivants.
- Avec Australia (2008), le réalisateur Baz Luhrmann déclare avoir réalisé « son » Autant en emporte le vent[29].
- La scène d'ouverture de BlacKkKlansman : J'ai infiltré le Ku Klux Klan (2018) de Spike Lee reprend le plan où Scarlett marche parmi les soldats blessés, avant que le zoom arrière de la caméra de Lee ne montre le drapeau des États confédéré en gros plan. Par cette manœuvre, Spike Lee affirme déconstruire les idéaux sudistes de Autant en emporte le vent[30]. Il affirme d’ailleurs que Autant en emporte le vent a « entretenu la mentalité raciste en Amérique »[31].
Télévision
- De nombreuses références au film apparaissent dans divers épisodes de la série Les Simpson, notamment autour de la fin du film[32].
- Dans la série Dead Like Me (2003), le personnage de Daisy affirme avoir été une des actrices du film.
Bande dessinée et manga
- L'auteur de manga Osamu Tezuka a fait un pastiche d’Autant en emporte le vent dans son manga Astro, le petit robot (1952). Dans une des histoires, Astro se retrouve coincé au Japon de 1969 avec « Scara », une femme extra-terrestre immature et superficielle qui a fui son mari « Ohara » et son rival « Butler ».
Notes et références
Notes
- « Franchement, ma chère, je m'en fous » (traduction littérale).
Références
- (en) « Gone with the Wind », sur IMDb.
- Salomé De Véra, « Autant en emporte le vent : un exemplaire aux enchères », sur lefigaro.fr, .
- (en) « AFI'S 100 Years...100 Movies », sur ADI.com, American Film Institute.
- (en) Regina A. Corso, « Frankly My Dear, The Force is With Them as Gone With the Wind and Star Wars are the Top Two All Time Favorite Movies » [archive du ] [PDF], sur harrisinteractive.com, Harris Interactive, (consulté le ).
- (en) Larry Shannon-Missal, « Gone but Not Forgotten: "Gone with the Wind" is Still America's Favorite Movie » [archive du ], sur harrisinteractive.cil, (consulté le ).
- Guinness World Records, Highest-grossing film at the global box office (inflation-adjusted).
- Frank Miller et Jeff Stafford, « Gone with the Wind (1939) – Articles » [archive du ], sur TCM database, Turner Classic Movies.
- Margaret Mitchell, Autant en emporte le vent , Gallimard, 1980, p. 259.
- (en)« Company Credits », sur IMDb.
- (en)« Technical », sur IMDb.
- (en)« Release dates », sur IMDb.
- (en) « All-Time Charts - Top Lifetime Adjusted Grosses », boxofficemojo.com (consulté le 10 juin 2020).
- Boxofficestar2.eklablog.com ; "box-office annuel France 1950" Consulté le 6 août 2019.
- (en) Steve Wilson, The Making of Gone With The Wind, University of Texas Press, , p. 281.
- (en) The Instant Expert: Vivien Leigh - Kevin McIndoe, The National, 5 novembre 2011
- (en) Chrystopher J. Spicer, Clark Gable : Biography, Filmography, Bibliography, McFarland, 2002 (ISBN 978-0-7864-1124-5), p. 172 [lire en ligne].
- Laurence Olivier, Confession d'un acteur, Paris, Buchet-Chastel, , 292 p..
- (en) Gavin Lambert, GWTW : The Making of Gone with the Wind, Little Brown & Co, , 238 p. (ISBN 978-0-316-51284-8), p. 53.
- (en)« Awards », sur IMDb.
- Autant en emporte le vieux monde - Alexandre Devecchio, Le Figaro, 1er septembre 2017.
- (en) Peiyu Guo (Information sur les différences entre Scarlett et Mélanie : Chapitre 1.2 Literature Review), « Analysis of the Character of Scarlett in Gone with the Wind », Open journal of social sciences, (ISSN 2327-5952, lire en ligne)
- « La plateforme HBO Max retire le film "Autant en emporte le vent", jugé raciste », sur Le Point.fr, .
- Marc Fourny, « Quand "Autant en emporte le vent" consacrait la première actrice noire à Hollywood », sur Le Point.fr, .
- (en) Annette Witheridge, « 'I'd rather make $700 a week playing a maid than working as one': how the first black Oscar winner dealt with being segregated from white "Gone with the Wind" co-stars at Academy Awards », sur Daily Mail, .
- Marie Monier, « Oscars 2016 : le 29 février 1940, la première actrice noire a été récompensée », sur RTL.fr, .
- « Accusé de racisme, Autant en emporte le vent dans la tourmente aux États-Unis », Alexis Feertchak, Le Figaro, 30 août 2017.
- (en-US) Andrew R. Chow, « Memphis Theater Cancels ‘Gone With the Wind’ Screening », The New York Times, (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le ).
- « "Autant en emporte le vent" retiré du catalogue de HBO Max pour ses « préjugés racistes » », sur Le Monde.fr, .
- Laurence Aiach, « Nicole Kidman et Hugh Jackman… Autant en emporte Australia », sur Gala.fr, .
- Madmasko, « Blackkklansman - Autant en emporte la haine », sur underlined.fr, .
- « Spike Lee : "Autant en emporte le vent a entretenu la mentalité raciste en Amérique" », sur Premiere.fr, .
- « Références › Films › Autant en emporte le vent », sur The Simpsons Park, .
Annexes
Articles connexes
- AFI's 100 Years...100 Movies
- « Franchement, ma chère, c'est le cadet de mes soucis »
- Scarlett, série télévisée diffusée en 1994
Bibliographie
- Jacques Zimmer, Autant en emporte le vent, J'ai lu Cinéma, 1988
- Adrian Turner, Authentiques images d'un film - Autant en emporte le vent, Vent d'Ouest, 1989
- Judy Cameron et Paul Christman, La fabuleuse histoire d'un film - Autant en emporte le vent, Nathan Image, 1989
- Roland Flamini, Le Fabuleux tournage d'Autant en emporte le vent, L'Étincelle, 1990
- Aljean Harmetz, Autant en emporte le vent : les coulisses du film, Plume, 2000
- « Portrait no 3 : Autant en emporte le vent », Cinémania, 1978
- « Histoire d'une légende : Autant en emporte le vent », Studio magazine no 55, 1991
Liens externes
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- (en) Oscars du cinéma
- (en) Rotten Tomatoes
- (mul) The Movie Database
- (en) Autant en emporte le vent sur Box Office Mojo
- (en) TCM Cinéma, « Autant en emporte le vent : la Première à Atlanta » [vidéo], sur YouTube.com, chaîne de Turner Classic Movies, 13 août 2014 (mise en ligne).
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