Agnès Troublé

Agnès Troublé, née à Versailles le , est une créatrice de mode française. Elle est la créatrice de la marque de vêtements, de cosmétiques et d'accessoires agnès b., marque qu'elle utilise également comme nom d'artiste. Elle est par ailleurs collectionneuse d'art contemporain.

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Biographie

Née « à 150 mètres du château de Versailles », Agnès Troublé descend d’une famille de militaires et de juristes : son père était bâtonnier du barreau de Versailles[1],[2] et son grand-père, général. Elle n'a pas de lien étroit avec sa mère, celle-ci exigeant qu'elle la vouvoie dès l'âge de quatre ans. Adolescente elle subit des attouchements d'un oncle qui la marqueront à jamais : « Je ne peux pas envisager une relation avec une personne d'âge mûr. J'ai besoin d'être très amoureuse pour accepter un truc sexuel. ». Son premier long-métrage, écrit en deux jours, Je m'appelle Hmmm..., évoque l'inceste[3].

Habitant boulevard du Montparnasse en 1968, elle fréquente des milieux intellectuels de gauche radicale[2]. Ancienne élève de l'École du Louvre, rédactrice de mode au journal Elle, Agnès Troublé devient styliste chez Dorothée Bis puis en indépendant pour Co and Co, Cacharel ou encore V de V (notamment auprès de Michèle Rosier)[2] avant de lancer, en 1975, sa propre marque et sa première boutique, dans une ancienne boucherie rue du Jour, dans le quartier des Halles, à Paris. Le « b. » de agnès b. est l'initiale du nom de l'éditeur Christian Bourgois avec qui elle a été mariée pendant trois ans (de 17 à 20 ans), et avec qui elle a eu des jumeaux[4], dont Étienne Bourgois, directeur général d’agnès b.. La marque de fabrique d'agnès b. est son « cardigan-pression », lancé en 1979.

À partir de 1988, la marque vend des écharpes rouges sans marge au profit des malades du SIDA. Par la suite, elle fait réaliser par des amis artistes (Gaspar Noé, Joone, Aurel, Mike Lash ou encore Yayoi Kusama) des emballages de préservatifs, donnés gratuitement. Elle est marraine de la fondation Abbé-Pierre pour le logement des défavorisés[2].

Mécène des arts, Agnès Troublé participe financièrement à la restauration du film Playtime, de Jacques Tati, produit le film Seul contre tous de Gaspar Noé ; elle soutient de nombreuses manifestations artistiques, édite un périodique d'art contemporain (Point d'ironie) et a constitué une importante collection d'art contemporain, dont tout un pan est consacré à la photographie ; cette collection a été montrée pour la première fois au public en à l'Espace des arts de Chalon-sur-Saône[5], puis en 2004 aux Abattoirs de Toulouse. À Paris elle a aussi créé son propre lieu d'exposition, la galerie du jour agnès b[6], située alors 6, rue du Jour, inaugurée en , avant d'ouvrir un deuxième espace quelques années plus tard à Tokyo.

Elle épouse le en secondes noces Jean-René Claret de Fleurieu (beau-fils de Pierre Mendès France) avec qui elle a deux filles. Au début des années 70, elle fut aussi la compagne du publicitaire Philippe Michel.

Agnès Troublé parraine le tribunal Russell sur la Palestine[7], « tribunal populaire international créé par des hommes et des femmes engagés dans la promotion de la paix et de la justice au Moyen-Orient ».

Elle est la sœur de Bruno Troublé, skippeur, fondateur et organisateur de la Coupe Louis-Vuitton. Elle a cinq enfants : les jumeaux Nicolas et Étienne Bourgois, Ariane Michel, et Aurore et Iris de Fleurieu.

En 2009, elle fait partie des « quelques célèbres millionnaires » qui détiennent l'hebdomadaire Les Inrockuptibles[8].

En 2012, elle réalise son premier long métrage, Je m'appelle Hmmm..., sorti en 2013 (en France en 2014)[9].

Elle est également à la tête d'une société de production cinématographique, Love streams productions agnès b. (soutenant notamment Claire Denis et Patrice Chéreau, sous-titrant Mister Lonely de Harmony Korine ou restaurant Playtime de Jacques Tati) et d'une galerie d'art située rue Quincampoix. Elle a lancé des festivals de cinéma à Hong Kong, Sarajevo et Tokyo. Elle possède une collection d'art contemporain de 3000 œuvres. En 2003, elle achète le voilier Tara de Peter Blake. Elle finance des expéditions scientifiques dans les océans[2].

Décrite comme « catholique, de gauche »[10],[2], au point de créer une autre boutique parisienne rue Dieu, à partir de 1994, elle cosigne une tribune, en , avec d'autres personnalités du monde du spectacle pour dénoncer le « Hollande-bashing » rappelant « tout ce qui a été accompli » notamment « la sanctuarisation du budget de la culture »[11],[12].

Le 31 janvier 2020, Agnès b. inaugure La Fab, le premier lieu d’envergure consacré à sa collection d’art contemporain de 5000 pièces.[13]

Réalisatrice

Ouvrages

  • Je chemine avec Agnès b., Seuil, 2019 (Entretiens menés par Sophie Lhuillier)[14]
  • Je crois en l'âme, Bayard, 2019[15]

Prix et distinctions

Notes et références

  1. Agnès, face A et face B, la-croix.com, 19 juin 2016
  2. Sybille Grandchamp, « Initiale b. », Vanity Fair n°12, juin 2014, pages 126-137 et 175-176.
  3. Aurélie Jacques Agnès b. chic et troublante L'Express, 1er septembre 2018
  4. (en) Article de The Observer, 19 février 2006.
  5. Exposition agnès b. Un regard sur l'art contemporain, dans le cadre des Janviers en Bourgogne, présentée du 17 janvier au 29 février 1992, inaugurée le 25 janvier.
  6. Site de la galerie du jour (expositions en cours et archives).
  7. Alice Walker, « Le Tribunal Russell sur la Palestine », (consulté le ).
  8. Matthieu Pigasse rachète les Inrockuptibles, nouvelobs.com, 10 juin 2009
  9. « Toulouse. Agnès b : «J'ai réalisé le film que j'avais en tête» », sur ladepeche.fr (consulté le )
  10. Agnès b., créatrice : Vibrante, challenges.fr, 12 avril 2013
  11. Un syndicat de people pour Hollande, politis.fr, 23 novembre 2016
  12. « Deneuve, Binoche, Biolay… Une soixantaine de personnalités disent "stop au Hollande-bashing!" », sur Le Journal du dimanche (consulté le ).
  13. Marie Briand-Locu, « Agnès b. ouvre La Fab., son écrin d’art contemporain », sur leparisien.fr, (consulté le )
  14. « Je chemine avec Agnès b., Agnès b., Documents - Seuil », sur www.seuil.com (consulté le )
  15. « Je crois en l'âme », sur Bayard Editions (consulté le )
  16. Décret du 25 mars 2016
  17. Décret de promotion
  18. Décret du 14 mai 1997 portant promotion et nomination dans l'Ordre national du Mérite
  19. JORF du 16 mai 1985 page 5495
  20. Nomination ou promotion dans l'ordre des Arts et des Lettres - Cinquantenaire

Voir aussi

Bibliographie

  • Julie Verlaine, « Agnès b. (1941-) : Créatrice de beauté », dans Femmes collectionneuses d'art et mécènes : de 1880 à nos jours, Éditions Hazan, , 287 p. (ISBN 9782754106122), Le temps de l'individualisme : Diversité des comportements et éclatement des références, de 1970 à nos jours, p. 234-243
  • Myriam Chopin et Olivier Faron, Les années Agnès b., Éditions de l'Observatoire, 2018, 213p, (ISBN 9791032903216)

Liens externes

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