Yayoi Kusama

Yayoi Kusama (草間 彌生, Kusama Yayoi, parfois écrit 草間 弥生), née le à Matsumoto (préfecture de Nagano), est une artiste contemporaine japonaise avant-gardiste, peintre, sculptrice et écrivaine.

Elle utilise souvent des pois et des couleurs sur ses œuvres.

Biographie

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Enfance et premiers travaux

Kusama est la benjamine d’une fratrie de quatre enfants d’une famille aisée dont la fortune est issue de la gestion de pépinières et de la vente de graines[1]. Elle fait son éducation à l’école élémentaire Kamata et au collège de fille de sa ville natale.

Le , l’attaque de Pearl Harbor par les Japonais marque leur entrée dans la guerre du pacifique et Yayoi Kusama, ainsi que d’autres enfants de son âge, est mobilisée pour l’effort de guerre. Celle-ci se voit alors forcée de confectionner des parachutes et des uniformes militaires à l’usine Kureha Textile. Cependant, malgré les conditions pénibles dans lesquelles elle travaille, Kusama continue de dessiner comme elle l’a toujours fait depuis son enfance. En effet, Kusama avait très tôt manifesté un intérêt pour l’art et elle peignait et dessinait déjà depuis l’âge de dix ans. L’artiste avait pris pour habitude d’emmener du matériel sur les champs que tenait sa famille et passait des heures à dessiner les fleurs qui s’y trouvaient.

Mais la petite Yayoi Kusama dessine aussi pour s’échapper des hallucinations dont elle est victime. Effectivement, lors d’un diner de famille, la jeune fille fait pour la première fois l’expérience d’une vision qui changera sa vie et qui influencera grandement son œuvre.« Tout a commencé par les hallucinations » affirme Kusama, dont les premiers souvenirs de celles-ci remontent à ses dix ans[2]. « Un jour, après avoir vu, sur la table, la nappe au motif de fleurettes rouges, j'ai porté mon regard vers le plafond. Là, partout, sur la surface de la vitre comme sur celle de la poutre, s'étendaient les formes des fleurettes rouges. Toute la pièce, tout mon corps, tout l'univers en étaient pleins »[2]. Ces taches, ces pois, nourriront son concept de « self obliteration »  et seront dès lors omniprésents dans ses œuvres.

Yayoi Kusama expose déjà ses œuvres à l’âge de 16 ans en gagnant le concours de l’Exposition des Arts Régionaux du Zen-Shinshû en 1945 et 1946. L’artiste poursuit ensuite ses études à Kyôto à l’École secondaire supérieure Hiyoshigaoka et y étudie la peinture japonaise traditionnelle (Nihonga) et moderne.

Ses parents, Kamon et Shigeru Kusama, s’étaient opposés à cette décision, et il était en effet très rare de voir une femme poursuivre une carrière artistique à cette époque. Sa mère en particulier fera tout pour l’empêcher de mener à bien ses projets. Mais il ne s’agit pas là du premier accroc dans cette relation mère-fille plus que conflictuelle. Dans son autobiographie, Kusama raconte le traitement que lui a fait subir sa mère, une femme au tempérament impétueux qui avait pour habitude de se venger de l’attitude volage de son mari sur la fillette. On comprend alors assez bien le besoin d’indépendance et de force de caractère de la jeune artiste. Ses parents ont ainsi, par leur attitude, contribué à l’aspiration révolutionnaire de l’artiste.

« Au beau milieu d’une famille aussi toxique que celle-ci, la seule chose pour laquelle je vivais était mon art. Et comme je manquais de sens commun dans mon rapport aux gens et à la société, les conflits avec mon entourage se sont aggravés plus encore. La pression mentale et mon anxiété naturelle se faisaient de plus en plus présentes à mesure que les critiques me visaient, et l’avenir commença à me paraître sombre et répugnant[3]. »

Kusama ayant grandi dans une société japonaise patriarcale, incomprise de ses proches, réprimandée par sa mère, qui ne comprenait pas le besoin de peindre de sa fille, elle a souvent exprimé dans son travail un message anti-machiste, égalitaire et provocateur.

Mais ses études artistiques se révèlent bien loin de l’idéal qu’elle s’était alors imaginé. Bientôt dégoûtée par l’immuable hiérarchie typiquement japonaise des rapports  de maître à disciple, se sentant étouffée par les méthodes et les règles de la peinture traditionnelle enseignées à l’école, elle commence à se tourner vers l’art occidental et décide d’améliorer sa technique et d’élargir le spectre de ses capacités en autodidacte.

En , Yayoi Kusama organise sa première exposition personnelle à Matsumoto. Couronnée de succès, l’artiste aura l’occasion quelques mois plus tard de produire plusieurs autres expositions personnelles à Tokyo ainsi que dans d’autres grandes villes du Japon. Chacune de ces expositions contenant un nombre d’œuvres considérable (plus de 250). Mais malgré cette notoriété prometteuse, Yayoi Kusama s’était depuis bien longtemps décidée à quitter le Japon et, après avoir hésité à partir pour Paris, elle fait finalement le choix des États-Unis, un pays qui à l’époque était déjà au centre de l’avant-garde artistique.

Les États-Unis 1957 - 1973 : Self-oblitération, accumulations et environnements

En 1957, grâce au généreux soutien de Georgia O'Keeffe, une artiste américaine reconnue à qui elle avait un jour naïvement écrit une lettre, et après avoir trouvé un sponsor américain, Kusama met enfin le pied à Seattle. Cependant c’est à New York que la jeune femme veut s’installer, et celle-ci réalisera son rêve dès l’année suivante, en 1958. Sa vie à New York ne fut pas de tout repos, et comme elle en témoigne dans son autobiographie, elle a longtemps souffert de ses maigres économies qui ne lui permettaient pas de manger ni de se loger décemment tout en s’achetant le matériel artistique dont elle avait besoin.

Après ses Infinity Net Paintings à la Brata Gallery en 1959[4], elle expose des photos, collages, installations, avec Joseph Cornell, Jasper Johns, Yves Klein, Piero Manzoni, Claes Oldenburg, et Andy Warhol.

Ses contacts, son talent et son gout pour la provocation lui permettent bientôt de sortir de l’ombre. Donald Judd notamment, artiste américain alors reconnu en tant que critique, ne tarissait pas d’éloge pour son amie Kusama et l’aida à produire plusieurs expositions. En 1961, Yayoi Kusama déménage dans un nouveau studio juste en dessous de celui où habite Judd, et c’est aussi à peu près à cette époque qu’elle commence à étendre ses créations à la sculpture, et notamment à ses «accumulations».

L’artiste participe indirectement, et à sa façon, aux mouvements du Psychédélisme et du Pop Art. Pouvant contempler sur place les œuvres de contemporains comme Donald Judd et Andy Warhol, mais aussi des artistes de l'École de New York, Mark Rothko, Barnett Newman elle commence à produire des réalisations de grand format[5],[4].

En 1960, elle lance son Manifeste de l'oblitération et déclare : « Ma vie est un pois perdu parmi des milliers d'autres pois… ».

À partir des années 1960, on peut sans nul doute affirmer que Yayoi Kusama était déjà ancrée dans la scène artistique avant-gardiste au même titre que Warhol ou Judd. Vers le milieu des années 1960, alors que Kusama est déjà très populaire aux États-Unis et que la critique est positive, la question de l’autoreprésentation est d’ores et déjà majeure dans le travail de l’artiste et l’on peut sentir dans ses œuvres une transition vers le happening et la performance.

En 1964, elle présente One Thousand Boat Show à la galerie Gertrude Stein[4]. Avec Driving Images, ce sont alors ses deux œuvres les plus célèbres, mêlant bateau, phallus, obsessions, images, sons, vidéos, mannequins et objets, recouverts de pois ou de macaronis.

Happenings et performances

En 1966 à New York se déroule le premier happening de Yayoi Kusama, 14th Street Happening, qui a lieu en bas de son loft sur East 14th Street. L’artiste est allongée au beau milieu du trottoir sur un matelas recouvert de formes phalliques protubérantes elles-mêmes couvertes de pois[6].

En 1966 également, Yayoi Kusama participe à la biennale de Venise sans y être invitée et sans autorisation. Aidée par Lucio Fontana, qui avait mis un atelier à sa disposition pour quelques mois, elle déverse dans les canaux 1 500 boules miroitantes devant le pavillon italien et présente ainsi l’œuvre Narcissus garden. Elle y retournera en 1993, officiellement invitée pour représenter le Japon.

Yayoi Kusama donne plusieurs noms à ces performances : « naked performances », car les participants sont souvent nus, ou les « body festivals » en collaboration avec des danseurs ou des hippies volontaires. Mais l’artiste organisait aussi ce qu’elle appelait des « anatomic explosions » ou des « naked demonstrations ». Celles-ci étaient plus choquantes, étaient menées comme de véritables manifestations à but idéologique ou politique et étaient parfois stoppées par la police car elles avaient lieu le plus souvent dans les lieux touristiques ou des lieux de passage[7].

Parmi les performances les plus célèbres de Yayoi Kusama, on peut citer sa première performance publique incluant du body-painting : Self-Obliteration, an Audio-Visual-Light Performance au Black-Gate Theater à East Village, New York, en , Self-Obliteration Event au Brooklyn Bridge en 1967, les Body Festivals à Tompkins Square et Washington Square, la Naked Demonstration/Anatomic Explosion à Wall Street en 1968, et Grand Orgy to Awaken the Dead at MoMA en 1969.

En 1967, Yayoi Kusama dirige un film de vingt-trois minutes intitulé  Kusama’s Self Obliteration, édité et cinématographié par Jud Yalkut. Cette vidéo combine des footages de divers happenings tenus par Kusama. Cette vidéo sera récompensée de divers prix.

L’apogée de ses œuvres performatives sera l’année 1968, mais cet élan s’essoufflera rapidement à partir du début des années 1970, après que Kusama a brièvement essayé d’exporter ses performances au Japon.

Retour au Japon, de 1973 à nos jours

Fatiguée mentalement, elle rentre définitivement au Japon en 1973[8]. À partir de 1977, elle vit dans l'hôpital psychiatrique Seiwa (清和病院, Seiwa byōin) à Tokyo[4]. Elle dispose d’un atelier en plus de sa chambre au sein de l’hôpital. Son « studio », lieu de travail de son équipe, est situé de l’autre côté de la rue.

Yayoi Kusama a acquis la célébrité par des installations avec miroirs, ballons rouges, jouets, au milieu desquels elle se mettait en scène. Ses œuvres récentes sont des peintures naïves sur carton. En 1986, elle expose au musée des beaux-arts de Calais, en 1993 à la Biennale de Venise, puis en 1998 au Museum of Modern Art (MoMA) de New York avec Love Forever 1958-1968[4]. Le public français la découvre en 2000 lors de l'installation d'Infinity Mirror Room Fireflies on Water au musée des Beaux-Arts de Nancy et en 2001, lors de sa première exposition parisienne à la Maison de la culture du Japon.

Elle expose aux États-Unis à la galerie Gagosian de 2009 à 2012, et est représentée en Angleterre par Victoria Miro (en)[9].

Dernièrement, les rétrospectives se multiplient dans les plus grands musées du monde (parmi elles, celle à la Tate Modern en 2012,  et celle au Whitney Museum of American Art en 2012). Le Centre Pompidou à Paris lui consacre sa première rétrospective française du au [2]. L'exposition présente un choix de cent cinquante œuvres réalisées entre 1949 et 2010. Plusieurs séries majeures de l'artiste y sont mises en avant permettant ainsi une archéologie du célèbre dot : tout part d'un autoportrait de 1950 où Kusama se représente sous la forme d'un gros pois, forme qui la hantera toute sa vie, à travers ses monochromes de la série Infinity net, les œuvres de la self-obliteration, ou encore les fameuses Infinity Mirrored Rooms plongeant le spectateur dans un univers où tous repères s'effondrent[10].

Design et mode

En 1968, l’artiste fonde son entreprise de mode sous le nom de « Kusama Fashion Company Ltd ». Sa première collection, composée de pantalons à pois, de robes psychédéliques et de tuniques aux influences japonisantes, reprend le leitmotiv de sa « self-obliteration », et met en scène la nudité selon les revendications de paix et amour. Rapidement, ses créations vestimentaires, alors adaptées à un public plus large, se vendent dans diverses grands magasins New-Yorkais comme Bloomingdales.

Dès 1969, elle ouvre les portes de son premier magasin à New-York sur la VIe Avenue, dans lequel le tout New-york avant-gardiste fuyant la conformité peut désormais se procurer un vêtement au style assumé, fuyant la « médiocrité en série »[11] ; des robes pour plusieurs personnes comme la « ménages à trois », des vêtements transparents ou découpés laissant entrevoir des zones intimes du corps, des robes de mariage gay… L’Amérique puritaine des années 1960 se heurte à cette monstration gratuite de la nudité autant que de ces revendications excentriques, la presse généraliste parle alors d’une « mode bizarre ».

En deçà d’une volonté d’inonder tous les domaines de la vie par son art, et alors même qu’elle arborait ses propres créations lors de ses happenings, Kusama utilise le vêtement comme un réel outil de communication. Même si elle continue à produire des œuvres peintes, les années 1960 orientent son activité principalement autour du vêtement et des happenings, amplifiant sa singularité au regard d’autres artistes des avant-gardes new-yorkaise comme Warhol. De même que les photos qu’elle prend durant ses performances ou « défilés de mode » façonnent encore davantage son image, celle-ci faisant partie intégrante de son œuvre.

1975 marque l’année de son retour au Japon et d’une retraite médiatique. Elle se concentre sur sa santé mais continue de créer des collections pour sa marque éponyme pour la femme moderne, à la fois libre et captive, stellaire et politique, belle et bizarre. C’est en 2006 qu’elle réapparaît sur la scène médiatique fashion puisque Marc Jacobs, alors directeur artistique de la maison Louis Vuitton lui propose une collaboration qu’elle accepte en apposant ses célèbres pois sur le sac 'Louis Vuitton Ellipse Bag'[12]. Il la sollicite de nouveau en 2012 pour une seconde intervention, cette fois sur toute une collection capsule femme prêt-à-porter composées de vêtements, chaussures, accessoires et maroquinerie, ainsi que pour la décoration de plusieurs boutiques Louis Vuitton éparpillées sur le globe.

Elle collabore également avec Lancôme pour une ligne de rouge à lèvres ainsi que pour la création de tee-shirts pour la griffe Uniqlo.

Kusama s’est également attaqué au domaine du design, notamment avec la création de trois téléphones hybrides, pour la marque « Iida » appartenant au géant japonais de télécommunication KDDI. L’un des produits, le Handbag for Space Travel, prend la forme d’un sac à main, le second, My Doggie Ring-Ring est accompagné d’un petit strap en forme de chien et décoré de pois roses, quant au dernier, Dots obsession, Full Happiness With Dots, il est orné de pois blanc et rouge et inséré dans une boite tapissée de miroirs et recouverte de pois. Chacun des téléphones était limité à 1 000 exemplaires à plus d'un million de yens (7 500 euros)[13].

Regard sur l'œuvre

Pour Kusama, la peinture est une passion, mais créer est aussi pour elle opérer une catharsis des angoisses dont elle est victime. Elle dit faire de « l’art psychosomatique»[14]. Elle crée à partir de sa maladie, de ses névroses. Elle reproduit en des centaines, en des milliers d’exemplaires ce qui l’effraie (les formes phalliques, les pois qui représentent la disparition ou la mort du moi dans l’environnement) pour ainsi se débarrasser de ce sentiment d’effroi. Elle parvient ainsi à exorciser ces angoisses.

Le désir de reconnaissance et le besoin d’exhorter le public à participer à ses œuvres l’incite à passer des simples tableaux aux environnements puis aux œuvres performatives. Kusama était sans nul doute maîtresse de son image[15] et les multiples provocations et les performances interrompues par les autorités sont autant de moyens pour elle de rester sous les projecteurs, mais aussi de faire passer son message d’égalité et d’amour.

Plusieurs symboles se retrouvent dans l'œuvre de Kusama. Le pois, sa marque de fabrique, est venu à elle lors de ses premières hallucinations avant d’être un « outil visuel ». Elle en recouvre tout ce qui l’entoure, même les êtres humains et les animaux dans certaines de ses performances. L’artiste exprime ainsi son concept de « self-obliteration ». Kusama craint la disparition de l’individualité, elle ne veut pas que l’être humain ne soit qu’un pois parmi d’autres pois.

« Nous sommes plus que de misérables insectes dans un univers incroyablement vaste[16]. »

Mais elle insiste aussi sur le fait que ces pois représentent la connexion entre l’Homme et la Nature. L’Homme ne ferait qu’un avec l’univers. Kusama reproduit ces pois, fruits de sa névrose aux sens multiples, pour exprimer, est-on tenté de dire, tantôt l’angoisse de l’oblitération de l’individualité, tantôt le désir d’oblitération afin de ne faire qu’un avec l’univers. Elle explique: « J'avais en moi le désir de mesurer de façon prophétique l'infini de l'univers incommensurable à partir de ma position, en montrant l'accumulation de particules dans les mailles d'un filet où les pois seraient traités comme autant de négatifs. […] C'est en pressentant cela que je puis me rendre compte de ce qu'est ma vie, qui est un pois. Ma vie, c'est-à-dire un point au milieu de ces millions de particules que sont les pois. »[17],[18]

Le phallus et les macaronis, utilisés dans ses installations, sont quant à eux liés au rejet que Kusama a du sexe (et par extension, du machisme et de la position de l’homme dans la société) mais aussi de la société de consommation de masse. L’enfance de l’artiste, la volonté que sa mère avait de la marier, les frasques adultères de son père, ayant sans doute éveillé chez l’artiste une méfiance à l’égard du sexe et des relations intimes[19]. Accumulation #1, par exemple, présente un fauteuil recouvert de protubérances qu’elle a cousu à la machine et rempli de tissus. De nombreux objets connaîtront le même sort, souvent en lien avec un univers caricaturalement féminin.

La notion d'infini est un fil conducteur dans toute l’œuvre de Kusama. Les miroirs démultiplient l’espace, les pois colonisent l’espace sans limites et annihilent les frontières entre l’homme et son environnement, les échelles lumineuses n’ont ni début ni fin. Kusama combat le mal par le mal : les gestes minimaux, qu’elle répète systématiquement dans ses toiles, sont un remède pour soigner les obsessions hallucinatoires qui l’envahissent.

Le féminisme est parfois également présent, de façon critique ou symbolique, dans ses œuvres. Dans certains de ses happenings dont les revendications sont sociales, libertaires, ou pacifistes, elle fait également passer un message pour l’égalité homme-femme. Ces performances étaient aussi l’occasion de distribuer des tracts et de transmettre des idées avant l’arrivée de la police. D’autres happenings, réalisés en intérieur et intitulés « Orgies », traitaient de la liberté sexuelle. « La nudité est la seule chose qui ne coûte rien »[20] selon Kusama. Ce sujet est récurrent, tant pour parler de liberté sexuelle que pour dénoncer une société de surconsommation[21].

Elle est fascinée par la capacité des médias à faire circuler rapidement ses idées, ses images. Elle s’assure de la présence de la presse à ses happenings, et a toujours été consciente de leur pouvoir[22]. L’artiste joue de son image de femme malade, mais elle a en réalité toujours maîtrisé ce que les médias reflétaient d’elle et a toujours été consciente de son image. Les photographies qui présentent ses différents happenings la montrent toujours au premier plan. Elle occupe la première place. Ainsi, Kusama conçoit son corps et son image comme un support artistique, un instrument de dénonciation mais aussi un outil de communication.

Publications

Écrits

Kusama est l’auteur de 19 romans dont le premier, qui s’intitule « Manhatan suicide addict », fut publié en 1978.

Elle est également l’auteur de livres de poésie, de musiques, de paroles de chansons, et d’un magazine, Kusama Orgy, qui retrace ses happenings et expose sa « philosophie ». Parmi ses œuvres, ont été éditées en France :

  • Performance et environnement, Dijon, Les Presses du réel, 2001
  • Manhattan suicide addict, Dijon, Les Presses du réel, 2005 (ISBN 978-2-84066-115-3)
  • Mirrored Years, Dijon, Les presses du réel, 2009 (ISBN 978-2-84066-312-6)

Elle a illustré Les Aventures d'Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll[23].

Catalogues d'expositions

  • Yayoi Kusama : Exposition Le Consortium Dijon, Maison de la culture du Japon Paris, Kunsthalle Brandts Klaeedefabrik Odense (Danemark), Les Abattoirs Toulouse, Artsonje Center Seoul, Artsonje Museum Kyongju (Korea) 2000-2002, Les presses du réel, , 287 p. (ISBN 978-2-913387-03-4)

Œuvres

  • Dots obsessions (obsessions de pois) : Infinity Mirrored Room
  • Flower obsession
  • Pumpkin

Distinctions

Elle a reçu de nombreuses distinctions au Japon et à l'étranger :

Notes et références

  1. Fiac 2019 : Yayoi Kusama, une artiste de pois exposée à Paris, Télérama, 16 octobre 2019 (consulté le 28 décembre 2020)
  2. Yayoi Kusama, le « pois » de l’enfance, L'Œil dans Le Journal des Arts, décembre 2011
  3. Kusama Yayoi, Mugen no ami : Kusama Yayoi jiden (無限の網、草間彌生自伝, « Réseau infini : l’autobiographie de Yayoi Kusama »), Tokyo, Sakuhin Sha, 2002 p. 63.
  4. Valery Bailly Buchet, « Yayoi Kusama, la dame aux petits pois : Bio Express », Figaro Madame, le 9 octobre 2011
  5. Valery Bailly Buchet, « Yayoi Kusama, la dame aux petits pois », Figaro Madame, le 9 octobre 2011
  6. (en)In the Hirshhorn’s Latest Exhibition, Yayoi Kusama Obliterates the Idea of Self, Washington Citypaper, 23 février 2017
  7. Yoshimoto Midori, Into Performance: Japanese Women Artists in New York, New Brunswick, New Jersey, London: Rutgers University Press, 2005.
  8. Cyrille Poy, « Forever Pois », L'Humanité, 7 avril 2001, [lire en ligne]
  9. (en) Charlotte Burns, « Yayoi Kusama also leaves Gagosian », The Art Newspaper, le 14 décembre 2012
  10. Grégory Le Floc'h, « Yayoi Kusama au centre Pompidou », L'Intermède, le 6 décembre 2011
  11. « PressReader.com - Connecting People Through News », sur www.pressreader.com (consulté le )
  12. (it) « Louis Vuitton and Yayoi Kusama », Vogue.it, (lire en ligne, consulté le )
  13. Thomas Bertrand, « Mobiles signés Yayoi Kusama chez AU », sur Le Journal du Geek, (consulté le )
  14. Kusama Yayoi, Mugen no ami : Kusama Yayoi jiden (無限の網、草間彌生自伝, « Réseau infini : l’autobiographie de Yayoi Kusama »), Tokyo, Sakuhin Sha, 2002 p. 40.
  15. Zelevansky, Lynn, Hoptman, Laura, Tatehata Akira, Munroe, Alexandra, Love Forever : Yayoi Kusama, 1958-1968, Los Angeles, California : Los Angeles County Museum of Art, 1998.
  16. Kusama Yayoi, Infinity net : the autobiography of Yayoi Kusama, trad. par McCarthy, Ralph,  Londres, Tate Publishing, 2011, p. 213.
  17. (en) « Yayoi Kusama », sur Centre Pompidou (consulté le )
  18. « Yayoi Kusama au Centre Pompidou, à Paris », sur www.lintermede.com (consulté le ).
  19. Kusama Yayoi, Infinity net : the autobiography of Yayoi Kusama, trad. par McCarthy, Ralph,  Londres, Tate Publishing, 2011, p. 111.
  20. Kusama Yayoi, Infinity net : the autobiography of Yayoi Kusama, trad. par McCarthy, Ralph, Londres, Tate Publishing, 2011, p.123.
  21. Kusama Yayoi, Infinity net : the autobiography of Yayoi Kusama, trad. par McCarthy, Ralph,  Londres, Tate Publishing, 2011, p.45.
  22. Yoshimoto Midori, Into Performance: Japanese Women Artists in New York, New Brunswick, New Jersey, London: Rutgers University Press, 2005.
  23. Lewis Carroll's Alice's Adventures in Wonderland: With Artwork by Yayoi Kusama, Penguin, UK, 2012.

Voir aussi

Liens externes

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