Lewis Carroll

Lewis Carroll, nom de plume de Charles Lutwidge Dodgson, est un romancier, essayiste, photographe amateur et professeur de mathématiques britannique, né le à Daresbury (Cheshire) et mort le à Guildford. Il est principalement connu pour son roman Les Aventures d'Alice au pays des merveilles (1865) et sa suite, De l'autre côté du miroir (1871).

Pour les articles homonymes, voir Carroll.

Lewis Carroll
Lewis Carroll (autoportrait) en 1855.
Nom de naissance Charles Lutwidge Dodgson
Alias
Lewis Carroll
Naissance
Daresbury,  Royaume-Uni
Décès (à 65 ans)
Guildford,  Royaume-Uni
Activité principale
écrivain, mathématicien, photographe
Auteur
Langue d’écriture anglais britannique
Genres

Œuvres principales

Issu d'une famille anglicane plutôt conservatrice (liée à la Haute Église), il a fait ses études à la Christ Church d'Oxford, avant d'y enseigner. C'est là qu'il rencontre Alice Liddell, fille du doyen Henry Liddell, avec qui il noue une relation à l'origine de son roman, bien qu'il l'ait toujours nié.

Biographie

Jeunesse

Lieu de naissance de Charles Lutwidge Dodgson alias Lewis Carroll à Daresbury (Cheshire).

Charles Lutwidge Dodgson naît d’un père prêtre anglican d'origine irlandaise, au sein d’une famille de onze enfants dont deux seulement se sont mariés[1]. Une grande partie de sa jeunesse s'est déroulée dans le presbytère de Croft-on-Tees (en), dans le Yorkshire, demeure qui abrite la famille pendant vingt-cinq ans. La plupart de ses ancêtres masculins sont officiers dans l'armée de l'Église d'Angleterre. Toute la fratrie est composée de gauchers et sept d'entre eux (Charles y compris) bégayaient[2],[3]. Son grand-père, également nommé Charles Dodgson, était évêque d'Elphin[4]. Enfant doué dans un cadre familial protecteur, Charles développe une personnalité hors des normes.

Le psychanalyste américain John Skinner estime que la gaucherie est à l’origine de cette obsession du renversement qui constitue l’un des thèmes dominants de Lewis Carroll[5]. Dans De l'autre côté du miroir, le temps aussi bien que l’espace se trouvent inversés.

Charles Dodgson, dans son âge mûr, devait prendre souvent plaisir à mystifier ses jeunes correspondantes en commençant ses lettres par la signature et en les terminant par le commencement[6].

Quant au bégaiement, il serait peut-être à l’origine des fameux « mots-valises » à double signification. La hâte à s’exprimer, combinée avec son défaut d’élocution, aurait amené l’enfant à fondre involontairement deux mots en un seul.

« Tout flivoreux vaguaient les borogoves,
Les verchons fourgus bourniflaient. »

 De l’autre côté du miroir, Bredoulocheux, poème, traduction d’Henri Parisot.

L’explication en est fournie par « L'Œuf Gros Coco » (Humpty-Dumpty) dans De l'autre côté du miroir : « C’est comme une valise, voyez-vous bien : il y a trois significations contenues dans un seul mot… Flivoreux, cela signifie à la fois frivole et malheureux… Le verchon est une sorte de cochon vert ; mais en ce qui concerne fourgus, je n’ai pas d’absolue certitude. Je crois que c’est un condensé des trois participes : fourvoyés, égarés, perdus. »

Le choc sera d’autant plus fort lorsque le garçon affrontera la « normalité »  les autres enfants  à l’école de Richmond puis à la Rugby School en 1845. Il en gardera un souvenir pénible en raison des brimades que lui attiraient sa timidité ou une certaine difficulté de communication.

Revues familiales

Issu d'une famille aimante et bienveillante, Charles reprend la foi, les valeurs et les préjugés de son père, et jusqu’à son goût pour les mathématiques. Son talent littéraire se manifeste très tôt, notamment par les « revues » locales que le jeune Charles s'amuse à publier pendant ses vacances. Manuscrites et réservées aux hôtes du presbytère, ces publications ont eu des durées de vie fort brèves : La Revue du presbytère, La Comète, Le Bouton de rose, L'Étoile, Le Feu follet, et Méli-Mélo. Le Parapluie du presbytère, paru vers 1849, était illustré de dessins rappelant ceux d’Edward Lear dont le Book of Nonsense jouissait alors d’une très grande vogue. Edward Lear y mettait en scène des créatures singulières qui ont pu suggérer à Charles Dodgson l’idée du Snark, créature carrollienne presque invisible et redoutée.

Ces tentatives littéraires juvéniles révèlent la virtuosité de Charles à manier les mots et les événements et sa disposition très originale pour le nonsense. Il fera même construire un théâtre de marionnettes par le menuisier du village et écrira des pièces pour l’animer : Tragédie du roi John, La Guida di Bragia, 1849-1850.

En 1856, il collabore avec le magazine The Train dont le rédacteur, Edmund Yates, choisira parmi quatre pseudonymes proposés par Charles Dodgson celui de Lewis Carroll. Ce nom d'auteur est forgé à partir de ses prénoms traduits en latin  Charles Lutwidge donnant Carolus Ludovicus , inversés et traduits à nouveau  Ludovicus Carolus donnant Lewis Carroll[7].

Arrivée à Oxford (1851)

Professeur de logique au Christ Church College à Oxford, Lewis Carroll est ordonné diacre de l'Église anglicane en 1861 mais il ne devient pas prêtre par la suite[8]. Il publie sous son vrai nom des ouvrages d'algèbre et de logique mathématique ainsi que des recueils d'énigmes et jeux verbaux. Les Aventures d'Alice au pays des merveilles (1865) est à l'origine écrit pour amuser Alice Liddell et ses deux sœurs, filles du doyen du Christ Church College. La suite des aventures d'Alice, De l'autre côté du miroir paraît en 1871, et La Chasse au Snark, long poème parodique, en 1876. Elles sont illustrées par John Tenniel.

Photographe amateur portraitiste (1856-1880)

Photo d'Alice Liddell par Lewis Carroll (1858).
Young Girl Holding a Basket (Fillette portant un panier).

Cette même année 1856, traversé par le pressentiment de ce qui sera plus tard le spectacle cinématographique, il écrit dans son journal :

« Je pense que ce serait une bonne idée que de faire peindre sur les plaques d’une lanterne magique les personnages d’une pièce de théâtre que l’on pourrait lire à haute voix : une espèce de spectacle de marionnettes. »

Il achète son premier appareil photographique à Londres le . Quelques jours plus tard, il se rend dans le jardin du doyen Liddell au Christ Church College pour photographier la cathédrale. Il y trouve les trois fillettes Liddell dont Alice, sa future inspiratrice, et les prend pour modèle.

Rapidement, il excelle dans l’art de la photographie et devient un photographe réputé. Son sujet favori restera les petites filles mais il photographie également des connaissances : peintres, écrivains, scientifiques ainsi que des paysages, statues et même des squelettes, par curiosité anatomique.

En relation avec le portraitiste James Sant (1820-1916) et son frère George (1821–1877), peintre paysagiste, il a fait des portraits photographiques de James, de sa fille Sarah Fanny et de son fils Jemmy [9].

En 1879, il s'adonne de plus en plus à la photographie de petites filles parfois déshabillées ou nues. Il demandait l'autorisation aux parents des fillettes avant de les photographier déshabillées[10]. Dans sa longue correspondance il déclare :

« J’espère que vous m’autoriserez à photographier tout au moins Janet nue ; il paraît absurde d’avoir le moindre scrupule au sujet de la nudité d’une enfant de cet âge[10]. »

En 1880, il abandonne la photographie, ayant peut-être été trop loin dans son goût pour les nus, au regard de la morale à l'époque victorienne.

Cette passion donnera naissance à quelque trois mille clichés dont un millier ont survécu au temps et à la destruction volontaire.

Dans les périodiques

Outre les revues familiales, Charles Dodgson publie dans des périodiques anglais[11] :

  • The Whitby Gazette, un périodique local (deux articles en 1854) ;
  • The Comic Times, un hebdomadaire londonien (1855) ;
  • The Train, un mensuel qui remplace The Comic Times (1856), date à laquelle il adopte son pseudonyme.

Les Aventures d’Alice au pays des merveilles

Le temps du chef-d’œuvre, ce fut « au cœur d’un été tout en or », la journée du . Alice, alors âgée de dix ans, fut l’inspiration de Charles Dodgson. Il la courtisait au moyen de devinettes ou de belles histoires composées à son usage.

L’histoire qu’il racontait par-dessus son épaule à Alice, assise derrière lui dans le canot, fut improvisée avec brio tout en maniant l’aviron. Lorsque la fille lui demanda d’écrire pour elle son histoire, il accomplit son chef-d’œuvre : un manuscrit des « Aventures d’Alice sous terre », précieusement calligraphié et illustré. Il l’offrira à son inspiratrice, Alice Liddell, le .

En 1864, une ombre s'abat sur ses relations avec Mrs. Liddell, qui lui refuse la permission d'inviter ses filles.

Frontispice d’Alice au pays des merveilles, par John Tenniel.

Charles Dodgson rédigera une deuxième version, Les Aventures d'Alice au pays des merveilles, destinée à une publication en librairie. Il se rendra à Londres en pour convaincre John Tenniel de créer les illustrations d’Alice. Leur collaboration ne sera pas sans accrocs : aucun détail n’échappera à la minutieuse critique de Charles Dodgson. Il dédicacera les premiers exemplaires à des amis en . Le succès sera immédiat.

Au Noël 1888, il commencera une troisième version Alice racontée aux petits enfants. Les premiers exemplaires seront distribués à la fin de 1889.

En écrivant Alice, Lewis Carroll s’est placé sous le signe de la féerie mais il n’en conserve que l’apparence. Point de fées mais les personnages de l’univers merveilleux : roi, reine, nain, sorcière, messager, animaux doués d’un comportement et d’un langage humain. À une pléiade de personnages insolites s’ajoutent les pièces d’un jeu d’échecs, des cartes à jouer vivantes. Clin d’œil à ses lecteurs, des personnages charmants empruntés aux chansons enfantines de son enfance : Humpty-Dumpty, les jumeaux Tweedledum et Tweedledee.

Si Lewis Carroll s’inscrit dans une tradition, c’est pour la plier à son inspiration : jeux verbaux, chansons, devinettes jalonnent le récit. À maints égards son œuvre est étonnamment audacieuse. Les personnages ne semblent pas accepter les métamorphoses répondant à une saine logique  comme celle de la citrouille devenant carrosse  et cherchent au contraire à y échapper. La parodie est l’une des clés qui ouvre au lecteur l’univers d’Alice.

Les personnages font en quelque sorte le contraire de ce qu’on attend d’eux. C’est l’inversion, une seconde clé du pays des merveilles. La troisième clé est le non-sens, un genre que Lewis Carroll manipule avec génie. Le nonsense feint de laisser espérer au lecteur une explication logique puis traîtreusement trompe ses habitudes de pensée.

«  Je lui en donne une : ils m’en donnèrent deux,
Vous, vous nous en donnâtes trois ou davantage ;
Mais toutes cependant leur revinrent, à eux,
Bien qu’on ne pût contester l’équité du partage. »

Alice au pays des merveilles, déposition du lapin blanc au procès du valet de cœur.

Alice est en porte-à-faux dans le pays des merveilles comme Charles Dodgson l’était dans la réalité. Elle fait tout à rebours ou à contretemps de ce qui est convenable sur un plan social. Elle est toujours trop grande ou trop petite et a conscience de son inadaptation. La reine blanche l’accuse carrément de vivre à l’envers et lui conseille d’apprendre à croire à l’impossible. Mais au contraire de Charles Dodgson qui subissait la réalité, Alice ose se rebeller contre celui de l’anormalité. Elle est hardie et sereine, la projection idéalisée de son auteur.

Selon une lecture psychanalytique, inspirée par l'Hommage rendu à Lewis Carroll de Jacques Lacan[12], « Alice est une figure profondément contradictoire. Elle donne corps à un idéal fondé sur le désir d'abolir le désir, tandis qu'elle est aussi une incarnation du sujet désirant. Son caractère hybride et ses désirs antinomiques contribuent à indiquer comment le sujet se corrèle à l'impossible. Les contradictions d'Alice ajoutent à celles du texte, entre joie et malaise, entre la défense qu'il opère des thèses conservatrices de l'auteur et son acharnement à en ruiner les fondements, entre une pratique de l'écriture qui vise à la scientificité et le dévoilement du réel ainsi que du sujet de l'inconscient auquel elle procède"[13] ».

Beaucoup des animaux de l'histoire représentent des personnes réelles, ainsi :

  • Dinah est le nom de la chatte d'Alice Liddell et de l'Alice de Carroll ;
  • le Canard évoque un ami de l'auteur, le révérend Duckworth (duck signifie canard en anglais) ;
  • le Dodo (ou le Dronte) évoque l'auteur lui-même (à cause de son bégaiement, quand il se présentait, il disait : « Do-Do-Dodgson ») ;
  • le Lori (petit perroquet malais) évoque Lorina Liddell, sœur d'Alice ;
  • l'Aiglon évoque l'autre sœur, Edith.

De l’autre côté du miroir et ce qu’Alice y trouva

Cette suite d'Alice conte les aventures d’une petite fille qui a réussi à traverser un miroir. Cet objet mystérieux qu’est le miroir a toujours été lié à la magie et joue un rôle assez inquiétant dans les contes. C’est l’image d’une parfaite justesse pour figurer la ligne de démarcation entre les mondes extérieur et intérieur.

Tout comme Alice au pays des merveilles, De l'autre côté du miroir est sinon un pur récit de rêve, du moins une histoire fantastique dont l’atmosphère est intensément onirique. D’autres avant lui avaient confondu dans leurs œuvres l’imaginaire et le réel, mais Lewis Carroll a le mérite d’avoir créé un mélange original d’onirisme et de logique.

« Il a ouvert la voie à un genre littéraire absolument nouveau, dans lequel les faits psychologiques sont traités comme des faits objectifs… Le non-existant, les animaux qui parlent, les êtres humains dans des situations impossibles, tout est considéré comme admis et le rêve n’est pas troublé », dit Florence Becker Lennon.

Le volume paru en 1871 rencontra lui aussi un immense succès. Les compliments eussent suffi à tourner une tête moins solide. Toutefois, Lewis Carroll écrivit à un correspondant : « Je ne lis jamais rien sur moi-même, ni sur mes livres ».

Il serait peut-être excessif de parler d’influence entre Lewis Carroll et les représentants de tel ou tel mouvement littéraire contemporain. Mais il n’est pas impossible qu’Alfred Jarry ait pensé à Humpty-Dumpty lorsqu’il imagina son Ubu. Constamment employé à des fins poétiques, le calembour peut également avoir joué un rôle primordial dans l’élaboration de l’œuvre de Raymond Roussel.

L’invention carrollienne des « mots-valises » a été exploitée à outrance par James Joyce dans Ulysse ou Finnegans Wake. Ce dernier a quelque peu compliqué le jeu en empruntant ses vocables à différentes langues.

Le nonsense aura aussi été l’un des grands ressorts de la poésie dadaïste et surréaliste. L’admirable Grand Jeu de Benjamin Péret, une merveille de l’absurde poétique, est l’un des chefs-d’œuvre de l’époque du surréalisme.

Dans Philosophy of Nonsense, Jean-Jacques Lecercle montre que le nonsense est un genre fondamentalement paradoxal qui soutient la règle et la subvertit en même temps[14]. Alice et La Chasse au Snark peuvent difficilement être tenues pour des fantaisies récréatives et édifiantes à l'usage des enfants. "Leur pouvoir de subversion, écrit Sophie Marret, est inscrit dans le titre même des premières aventures d'Alice. Les différents sens du terme "wonder" que l'on rencontre dans le titre original Alice's Adventures in Wonderland, nous incite d'emblée à une lecture prudente. Le verbe signifie à la fois s'émerveiller, s'étonner de quelque chose et se poser des questions"[15]. Le merveilleux de Carroll est source de doutes ; c'est un univers dérangeant qui porte à s'interroger, notamment sur le langage et les valeurs morales.

La Chasse au Snark

En 1876 paraît La Chasse au Snark qui est l’une des meilleures réussites en vers de Lewis Carroll et l’une de ses œuvres capitales. Les lecteurs voulurent y voir une allégorie, certains de la popularité et d’autres du bonheur, mais il soutint toujours n’avoir voulu y donner aucun sens particulier : « Quant à la signification du Snark, j’ai bien peur de n’avoir voulu dire que des inepties ! », écrivait-il à un ami américain. « Toutefois, voyez-vous, les mots ne signifient pas seulement ce que nous avons l’intention d’exprimer quand nous les employons… Ainsi, toute signification satisfaisante que l’on peut trouver dans mon livre, je l’accepte avec joie comme étant la signification de celui-ci. La meilleure que l’on m’ait donnée est due à une dame… qui affirme que le poème est une allégorie représentant la recherche du bonheur. Je pense que cela tient admirablement à bien des égards — en particulier pour ce qui concerne les cabines de bains : quand les gens sont las de la vie et ne peuvent trouver le bonheur ni dans les villes ni dans les livres, alors ils se ruent vers les plages, afin de voir ce que les cabines de bains pourront faire pour eux ».

Lewis Carroll déclara avoir composé La Chasse au Snark en commençant par le dernier vers qui lui vint à l’esprit lors d’une promenade et en remontant vers le début du poème qui se constitua pièce par pièce au cours des deux années suivantes.

Un thème qui frappe, c’est celui de l’oubli, de la perte du nom et de l’identité. Le personnage du boulanger a oublié sur la grève quarante-deux malles, marquées à son nom, qu’il a également oublié. Lorsqu’il se met à raconter sa triste histoire, l’impatience du capitaine, qui craint une trop longue confidence, l’incite à sauter quarante ans. Ces chiffres évoquent l’âge de Charles Dodgson à cette période.

En dépit du souffle de fantaisie désopilante qui le parcourt d’un bout à l’autre, La Chasse au Snark n’est pas un poème gai. La quête qu’il relate, en fin de compte, tourne mal. L’anéantissement du boulanger, à l’instant de sa rencontre avec le terrible Boujeum, invisible aux autres personnages, laisse une impression de malaise. Rapprochant le poème des premières comédies de Charlie Chaplin, on y voit « une tragédie de la frustration et de l’échec ».

Il y a incontestablement une part de satire sociale dans l’absurde procès du Rêve de l’avocat qui ressemble beaucoup à une parodie de procès réel.

Sylvie et Bruno

Dans la préface de Sylvie et Bruno, publié en 1889, chef-d’œuvre qui témoigne d’une technique entièrement renouvelée par rapport à Alice, Lewis Carroll proclame son désir d’ouvrir une nouvelle voie littéraire.

L’audace est grande, pour l’époque, de la construction de deux intrigues, le rêve constamment accolé à la réalité. L’objectif essentiel du narrateur est de franchir le mur de la réalité pour atteindre le royaume du rêve : il voit l’un des personnages de son rêve pénétrer dans la vie réelle. Lewis Carroll crée l’effet de duplication de ses personnages.

L’intérêt réside également dans la juxtaposition des deux intrigues. L’originalité de Lewis Carroll ne consiste pas à unifier rêve et réalité mais à reconstituer une unité à partir de la multiplicité initiale.

Dans sa préface, ce qu’il nous dit de la construction de son livre : un noyau qui grossit peu à peu, une énorme masse de « litiérature » (litter, ordure) fort peu maniable, un agrégat d’écrits fragmentaires dont rien ne dit qu’ils formeront jamais un tout. Le roman n’est plus cette totalité harmonieuse où s’exprime le souffle de l’inspiration. Le fini romanesque est démystifié d’une façon ironique et pour tout dire sacrilège pour l’époque victorienne.

Ce texte sera sa dernière création.

La vie à Oxford

Le lecteur d’Alice ignore presque tout du comportement de Charles Dodgson dans sa vie quotidienne de citoyen d’Oxford. Il a consacré, entre 1865 et 1896, une douzaine d’écrits touchant à des problèmes ayant agité la vie locale. Ils apportent de savoureuses informations sur la pensée de Charles Dodgson.

The New Method of Evaluation Applied to Pi (1865). Une critique sarcastique de l’augmentation de salaire accordée à un professeur de grec, coupable aux yeux du conservateur Dodgson, de politiser ses cours dans un sens libéral.

Son conformisme s’exprime à travers sa farouche réticence au projet de réforme permettant de délivrer des diplômes universitaires aux femmes sans venir résider à l’université… ce qui bouleversait ses habitudes… Des étudiantes résidentes (1896).

D’une plume trempée dans un humour féroce, il va ridiculiser par l’absurde des projets de transformations architecturales en cours au Christ Church College. Il adressera au doyen Liddell, père d’Alice, un pamphlet anonyme Le Beffroi de Christ Church (1872), une démolition minutieuse, sur papier, du monument.

L’ironie, le sarcasme, le paradoxe se déchaînent dans sept écrits anonymes. L’auteur s’y livre à un véritable bizutage de l’établissement oxfordien s’en prenant à son modernisme et son suivisme des idées à la mode.

Rien ne laissait deviner Lewis Carroll, l’enchanteur. Lui-même ne se dévoilait pas, ne faisant jamais allusion à son œuvre en public. Il finit, dans ses dernières années, par renvoyer avec la mention « inconnu » les lettres qu’on lui adressait au nom de Lewis Carroll.

Les succès remportés au dehors d’Oxford n’avaient aucune chance d’améliorer la maigre estime accordée au mathématicien. La littérature pour enfants, à laquelle ne pouvait échapper Alice, était un genre mineur, vaguement frivole. S’illustrer dans ce genre revenait pour Charles Dodgson à marquer un peu plus sa marginalité. Le regard d’une société victorienne imposait le non-dit sur la dualité Dodgson-Carroll.

Ce pays des merveilles sur lequel il régnait en maître dans sa vie rêvée, tout lui en interdirait le seuil dans sa vie vécue. Peut-être se répétait-il les paroles d’espoir échangées par Alice et le chat du Cheshire :

« — Je ne me soucie pas trop du lieu… pourvu que j’arrive quelque part.
— Vous pouvez être certaine d’y arriver pourvu seulement que vous marchiez
assez longtemps. »

Caractère et apparence

Santé

Photographie de 1863 prise par Oscar G. Rejlander (en).

Le jeune adulte Charles Dodgson mesurait environ 1,83 m de haut et était mince, il avait des cheveux bruns bouclés et des yeux bleu-gris. Il a plus tard été décrit comme un peu asymétrique. Alors qu'il était encore enfant, Charles Dodgson a souffert d'une fièvre qui l'a laissé sourd d'une oreille. À l'âge de 17 ans, il a subi une grave crise de la coqueluche, qui a probablement été responsable de sa faiblesse chronique à la poitrine durant sa vie. Un autre défaut qu'il portait à l'âge adulte a été ce qu'il a appelé son « hésitation », un bégaiement qu'il a acquis dès sa petite enfance et qui l'a tourmenté tout au long de sa vie[16]. Le bégaiement a toujours été une partie importante de l'image de Dodgson. Il est dit qu'il balbutiait seulement en compagnie d'adultes mais parlait librement et avec facilité avec les enfants[17]. Dodgson lui-même semble avoir été beaucoup plus conscient de ce problème que la plupart des gens qu'il rencontrait ; il est dit qu'il s'est lui-même caricaturé à travers le personnage de Dodo présent dans Les Aventures d'Alice au pays des merveilles, se référant à sa difficulté à prononcer son nom de famille, mais cela est l'un des nombreux « faits » souvent répétés pour lesquels aucune preuve n'existe[16].

Le bégaiement de Dodgson l'a troublé, mais n'a jamais été compromettant vis-à-vis de ses autres qualités personnelles. Il vivait dans une époque où le chant et la récitation étaient des compétences sociales nécessaires, et le jeune Dodgson était bien qualifié pour être un artiste attachant. Il aurait pu chanter et n'avait pas peur de le faire en public. Il était réputé assez bon aux charades[16].

Liens sociaux

Dans l'intervalle entre ses premières publications et le succès des livres d'Alice, Dodgson s'est déplacé dans le cercle social préraphaélite. Il a d'abord rencontré John Ruskin en 1857 et est devenu ami avec celui-ci. Il a développé une relation étroite avec Dante Gabriel Rossetti et sa famille et connaissait aussi William Holman Hunt, John Everett Millais et Arthur Hughes, parmi d'autres artistes. Il connaissait bien l'auteur de conte de fées George MacDonald  c'est l'accueil enthousiaste d'Alice par les enfants de MacDonald qui l'ont convaincu de publier ses travaux[16],[18].

Politique, religion et philosophie

Dodgson est considéré comme politiquement, religieusement, et personnellement conservateur. Martin Gardner désigne Dodgson comme un Tory[19]. Le révérend W. Tuckwell (en), dans Reminiscences of Oxford (1900), le considérait comme « austère, timide, précis, absorbé dans la rêverie mathématique, vigilant à sa dignité, conservateur en théorie théologique politique, et sociale, sa vie est tracée comme le paysage d'Alice »[20]. Dans The Life and Letters of Lewis Carroll, l'éditeur déclare que « son Journal est plein de dépréciations modestes envers lui-même et son travail, entrecoupées de prières ferventes (trop sacrées et privées pour être reproduites ici) que Dieu lui pardonne le passé et l'aide à accomplir sa sainte volonté à l'avenir »[21]. Quand un ami l'a interrogé sur ses opinions religieuses, Dodgson a écrit en réponse qu'il était membre de l'Église d'Angleterre.

Dodgson exprimait également de l'intérêt dans d'autres domaines. Il fut un des premiers membres de la Society for Psychical Research et une de ses lettres suggère qu'il croyait à ce qui était alors appelé « lecture de pensée »[22]. Dodgson a écrit quelques études sur divers arguments philosophiques. En 1895, il développa un argument philosophique sur le raisonnement déductif dans son article « What the Tortoise Said to Achilles », qui est apparu dans l'un des premiers volumes de Mind[23]. L'article a été réimprimé dans la même revue une centaine d'années plus tard, en 1995, avec un article ultérieur par Simon Blackburn intitulé « Practical Tortoise Raising »[24].

Dernières années

Autoportrait de Lewis Carroll, 1895.
La tombe de Lewis Carroll au Mount Cemetery.

L'existence de Dodgson n'a que peu varié au cours des vingt dernières années de sa vie, malgré sa richesse et sa renommée croissantes. Il a continué à enseigner à Christ Church jusqu'en 1881, et y a résidé jusqu'à sa mort. Les deux volumes de son dernier roman Sylvie et Bruno ont été publiés en 1889 et 1893, mais la complexité de cette œuvre n'a pas été comprise par ses contemporains ; elle n'a pas eu de succès comme les aventures d'Alice, avec des ventes s'élevant seulement à 13 000 exemplaires[25],[26].

Son seul séjour connu à l'étranger fut un voyage en Russie en 1867 comme ecclésiastique, en collaboration avec le révérend Henry Liddon. Il raconte son voyage dans son Russian Journal, qui a été publié en 1935[27]. Sur son chemin et pendant son retour de Russie, il est passé par différentes villes de Belgique, d'Allemagne, de Pologne, et de France.

Il meurt d'une pneumonie à la suite d'une grippe le à la maison de ses sœurs, « The Chestnuts », à Guildford. Il était à deux semaines d'avoir 66 ans. Il est enterré à Guildford au Mount Cemetery (en)[18].

Travail mathématique

Un portrait posthume de Lewis Carroll par Hubert von Herkomer, à partir de photographies. Ce tableau se trouve maintenant dans la Christ Church, à Oxford.

En mathématiques, Dodgson a principalement travaillé dans les domaines de la géométrie, l'algèbre linéaire, l'algèbre matricielle, la logique mathématique, et les mathématiques récréatives, produisant près d'une douzaine de livres sous son vrai nom. Dodgson a également développé de nouvelles idées en algèbre linéaire (par exemple, la première épreuve du théorème de Rouché-Fontené)[28],[29], en probabilité, et en étude des élections (par exemple, la méthode de Dodgson (en)) et des comités ; certains de ces travaux n'ont pas été publiés jusqu'à bien après sa mort. Son occupation comme professeur de mathématiques à Christ Church lui a donné une certaine sécurité financière[30].

Son travail mathématique a attiré un regain d'intérêt à la fin du XXe siècle. Le livre de Martin Gardner sur les machines et diagrammes logiques et la publication posthume de William Warren Bartley de la seconde partie du livre portant sur la logique symbolique de Carroll ont déclenché une réévaluation des contributions de Carroll à la logique symbolique[31],[32],[33]. Les études de Robbins et Rumsey[34] de la condensation de Dodgson (en), une méthode d'évaluation des déterminants, les a conduits à la conjecture de la matrice à signes alternants, maintenant un théorème. La découverte dans les années 1990 des chiffrements supplémentaires que Carroll avait construits, en plus de son « Memoria Technica », a montré qu'il avait employé des idées mathématiques sophistiquées dans leur création[35].

Correspondance

Dodgson a écrit et reçu plus de 98 721 lettres, selon un registre spécial de lettres qu'il a conçu. Il a documenté ses conseils sur la façon d'écrire des lettres plus satisfaisantes dans une missive intitulée « Eight or Nine Wise Words About Letter-Writing »[36].

Œuvres

Tri par date de publication, ou de rédaction dans le cas de publication posthume.

Œuvres littéraires

  • La Revue du presbytère (The Rectory Magazine) (1948)
  • Poésie instructive et utile (Useful and Instructive Poetry) (1945)
  • La Guida di Bragia, a Ballad Opera for the Marionette Theatre (aux environs de 1850)
  • Le Parapluie du presbytère (The Rectory Umbrella)(1850-1853)
  • Micmac (Mischmasch)(1855-1862)
  • The Train (revue littéraire) - contributions (1856-1857)
  • Les Aventures d'Alice au pays des merveilles (Alice's Adventures in Wonderland) (1865)
  • Voyage en Russie (Russian Journal) avec le docteur Lindon, publié à titre privé en 1928 puis en 1935. (1867)
  • Phantasmagoria et poèmes divers (1869)
  • De l'autre côté du miroir (Through the Looking-Glass, and What Alice Found There) (1872)
  • Le Nouveau Clocher (The New Belfry Of Christ Church)
  • The Vision of the Three T's (1873)
  • La Chasse au Snark (The Hunting of the Snark) (1876)
  • Rime ou Raison ou Sans rime ni raison (Rhyme? and Reason?) (1883)
  • Une histoire embrouillée (A Tangled Tale) (1885)
  • Les Aventures d’Alice sous terre (Alice's Adventures Under Ground) (publiées en 1886)
  • Isa visite Oxford (Isa's visit to Oxford) (1888)
  • Alice racontée aux petits enfants (The Nursery Alice) (1889)
  • Sylvie et Bruno (Sylvie and Bruno) (1889)
  • Sylvie and Bruno Conclude (1893)
  • Bruno's Revenge (1867, publié en 1924)
  • Pillow Problems (1893)
  • What the Tortoise Said to Achilles (1895)
  • Three Sunsets and Other Poems (1898)

Travaux mathématiques

  • Éléments de géométrie plane algébrique (A Syllabus of Plane Algebraic Geometry) (1860)
  • Notes on the First Two Books of Euclid, Designed for Candidates for Responsions(1860)
  • Condensation of Determinants, Being a New and Brief Method for Computing their Arithmetic Values (1866)
  • Le cinquième livre d'Euclide prouvé par l'algèbre(The Fifth Book of Euclid Treated Algebraically) (1858 et 1868)
  • Traité Élémentaire des Déterminants (An Elementary Treatise on Determinants with their Application to Simultaneous Linear Equations and Algebraic Geometry) (1867)
  • The Fifth Book of Euclid Treated Algebraically, so far as it Relates to Commensurable Magnitudes. (1868)
  • The Enunciations of Euclid I-VI, Together with Questions on the Definitions, Postulates, Axioms, &c. (1873)
  • Euclide et ses rivaux modernes (Euclid and His Modern Rivals) (1879)
  • The Alphabet Cipher (en) (1868)
  • Euclid, Books I, II (1882)
  • Supplément à Euclide et ses rivaux modernes (Supplement to Euclid and His Modern Rivals) (1885)
  • Jeu de la Logique (The Game of Logic) (1887)
  • Curiosa Mathematica I (1888)
  • Curiosa Mathematica II (1892)
  • Symbolic Logic Part I
  • Symbolic Logic Part II (publié à titre posthume)
  • The Theory of Committees and Elections, édité, analysé et publié en 1958, par Duncan Black

Autres travaux

Éditions françaises

  • Œuvres, collection Bouquins, éditions Robert Laffont, 1989.
    Édition établie et annotée par Francis Lacassin, traduction de l’anglais par Henri Parisot, Bruno Roy, Simone Lamblin, Jeanne Bouniort, Jocelyne de Pass, Philippe Blanchard, Fanny Deleuze, André Bay, Jeanne Bouniort, Simone Lamblin, Jean Belmas, Jean Gattégno, Ernest Coumet, J.J. Bisson et Alain Gheerbrant. Sans illustrations.
  • Lewis Carroll, œuvres, éd. Gallimard, coll. La Pléiade, 1990.
    Édition publiée sous la direction de Jean Gattégno avec la collaboration de Véronique Béghain, Alexandre Révérend et Jean-Pierre Richard. Traduction de l'anglais par Philippe Blanchard, Fanny Deleuze, Jean Gattégno, Henri Parisot, Alexandre Révérend et Jean-Pierre Richard. Avec les illustrations originales de chaque œuvre.
  • Tout Alice, trad. de Henri Parisot, préface de Jean-Jacques Mayoux, éd. Flammarion, coll. GF, 1979.
  • Une histoire embrouillée, trad. Jean Belmas, ill. Jean-Michel Folon, Bélibaste éditeur, Paris 1974.
  • Logique sans peine, trad. Jean Gattégno et Ernest Coumet, ill. Max Ernst, éd. Hermann, Paris 1966.
  • La Chasse au Snark, traduction, introduction et notes de Normand Baillargeon, ill. de Charlotte Lambert, Éd. Lux, Montréal, 2006.
  • Alice au Pays des Merveilles et De l'autre côté du Miroir, ill. de Pat Andrea, éditions Diane de Selliers, 2006.
  • Lettres inédites à Mabel Amy Burton recueillies par Pierre E. Richard éditions Michel de Maule 2008.
  • Un thé chez les fous, traduction, préface, postface, édition bilingue, ill. de Serge Chamchinov, collection Le plus petit Musée du Livre, 2010.

Théâtre

Jean-Louis Sarthou a écrit et mis en scène une pièce, intitulée Les Éclats du miroir, à partir d'extraits d'Alice, de De l'autre côté du miroir, de Sylvie et Bruno, de La logique sans peine et de quelques autres textes. Elle a été jouée en 1974 au studio d'Ivry et a tourné en Île-de-France. Dany Tayarda y interprétait Alice, et était accompagnée de Michel Brothier et de Marie Hermès. Les décors étaient d'Édouard Berreur.

En 2010, la Cie genevoise Zanco a réalisé un spectacle itinérant À travers le miroir à Carouge[37].

En 2016, Emmanuel Demarcy-Mota et Fabrice Melquiot ont créé une pièce intitulée Alice et autres merveilles[38].

Musique

La compositrice Michèle Reverdy a écrit une pièce de théâtre musical sur des extraits de Through the looking glass et une mélodie pour voix et piano dans le cycle De l'ironie… contre l'absurdité du monde.

Cinéma

Le long-métrage d'animation des studios Walt Disney, Alice au pays des merveilles, est en fait une adaptation des deux romans, incorporant aux aventures d'Alice des extraits de De l'autre côté du miroir.

Un autre long-métrage a adapté les deux romans, Alice in Wonderland, de Tim Burton, datant de 2010.

Jan Švankmajer a réalisé une version onirique, Alice, en 1988.

Jeu vidéo

La toute première adaptation d'Alice au pays des merveilles en jeu vidéo date de 1985 et est développé par Daniel Querol Bures sur ZX Spectrum et publié par DaniSoft[réf. nécessaire]. Ce premier jeu est un jeu textuel uniquement en espagnol.

La même année sort sur Commodore 64 et Apple II une autre adaptation développé par Windham Classics. De cette même adaptation sort une amélioration graphique en 1992 développée par Spinnaker Software sur CD-i.

En 2001, Le studio de développement de jeux vidéo Lexis Numérique développe une adaptation d'Alice au pays des merveilles sur PC et Mac.

Entre temps et depuis, American McGee a travaillé sur une trilogie : American McGee's Alice sorti en 2000, suivi de Alice Madness Returns sorti en 2011, et travaille actuellement sur le troisième volet, Alice : Otherlands, qui est en réalité une préquelle aux deux premiers volets.

Détournement

Les deux originaux ayant servi au détournement (National Portrait Gallery, London).

En 2005, un jeune étudiant en école d'art compose un photomontage, présentant Lewis Carroll et Alice Liddell s'embrassant, à partir de deux images de l'époque de Carroll[39]. L'image devenue virale au fil des ans, telle une légende urbaine, est reprise sur de nombreux sites sans indiquer le détournement, bien que quelques-uns[40] identifiaient le « fake ».

Certains spécialistes de littérature ont cependant présenté ce faux comme authentique, afin d'illustrer leurs soupçons quant à la relation entre Dodgson et Alice[41].

Notes et références

Références

  1. « Portrait de Lewis Carroll, le génie à qui l’on doit Alice au pays des merveilles », sur dailygeekshow.com, (consulté le )
  2. « L'éternelle jeunesse d'Alice au pays des merveilles », sur Télérama (consulté le )
  3. François Buhler, Les grands écrivains bipolaires, Tome 1, Publibook des Écrivains, 2018, page 90 (note de bas de page) (ISBN 9782342164398).
  4. (en) Ann Clark, Lewis Carroll : A Biography, Londres (ISBN 978-0-460-04302-1 et 0-460-04302-1), p. 10
  5. (en) « Lewis Carroll's Adventures in Wonderland »,
  6. (en-US) Morton N. Cohen, « Speaking of Books: Letters from Wonderland », The New York Times, (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  7. Patrick Roegiers, Lewis Carroll, dessinateur et photographe ou le Visage regardé, éditions Créatis, 1982 ; rééd. éd. Complexe, 2003 (ISBN 2870279809), p. 36 (aperçu en ligne sur Google Livres).
  8. Jean-Claude Polet, Patrimoine littéraire européen, vol 11b : « Renaissances nationales et conscience universelle (1832-1885) : Romantismes réfléchis », De Boeck Université, 1992, p. 841. « Aperçu »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?), sur Google Livres (consulté le ).
  9. Portrait de Jemmy sur Getty Images.
  10. Morton N. Cohen, « Death », dans The Selected Letters of Lewis Carroll, Palgrave Macmillan UK, (ISBN 9780333513378, lire en ligne), p. 283–283
  11. Jean Gattégno, « Chronologie », dans Alice au pays des merveilles, suivi de De l'autre côté du miroir, Gallimard, coll. « Folio classique », (ISBN 978-2-07-046660-3), p. 349–350.
  12. Jacques Lacan, « Hommage rendu à Lewis Carroll », Ornicar ? revue du champ freudien., vol. 50, , p. 9-12 (ISBN 2-9519169-3-0)
  13. Sophie Marret, « Lacan sur Lewis Carroll ou “ Tandis qu'il lourmait de suffèches pensées ” », Ornicar ? revue du champ freudien, vol. 50, , p. 359 (ISBN 2-9519169-3-0)
  14. (en) Jean-Jacques Lecercle, The Philosophy of Nonsense, London, Routledge, 1994.
  15. Sophie Marret, Lewis Carroll : De l'autre côté de la logique, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, , 255 p. (ISBN 2-86847-124-2), p. 222
  16. Karoline Leach, In the Shadow of the Dreamchild: A New Understanding of Lewis Carroll. chapitre 2, 1999.
  17. Karoline Leach, In the Shadow of the Dreamchild: A New Understanding of Lewis Carroll, 1999, p. 91.
  18. Cohen, Morton, Lewis Carroll: A Biography, 1996, (ISBN 978-0-679-74562-4), p. 100–4.
  19. (en) Martin Gardner, Introduction to The annotated Alice : Alice's Adventures in Wonderland & Through the Looking Glass, W. W. Norton & Company, (ISBN 0-517-02962-6), xv.
  20. (en) Martin Gardner, Introduction to Alice's Adventures in Wonderland and Through the Looking-Glass, Oxford University Press, (ISBN 978-0-517-02962-6 et 0-517-02962-6), xvi.
  21. Stuart Dodgson Collingwood, The Life and Letters of Lewis Carroll, 1898.
  22. (en) Renée Hayness, The Society for Psychical Research (1882–1982): A History, Londres, Macdonald & Co, , 13–14 p. (ISBN 0-356-07875-2).
  23. (en) L. Carroll, « What the Tortoise Said to Achilles », Mind, no 14, , p. 278 (DOI 10.1093/mind/IV.14.278).
  24. (en) S. Blackburn, « Practical Tortoise Raising », Mind, vol. 104, no 416, , p. 695 (DOI 10.1093/mind/104.416.695).
  25. Angelica Shirley Carpenter, Lewis Carroll: Through the Looking Glass, Lerner, 2002, p. 98 (ISBN 978-0822500735).
  26. Thomas Christensen, Dodgson's Dodges, 1991.
  27. « Chronology of Works of Lewis Carroll » (version du 20 février 2009 sur l'Internet Archive).
  28. (en) Eugene Seneta, « Lewis Carroll as a Probabilist and Mathematician », Mathematical Scientist, vol. 9, , p. 79–84 (lire en ligne).
  29. Francine F. Abeles, Charles L. Dodgson, Mathematician. An Exhibition From the Jon A. Lindseth Collection of C.L. Dodgson and Lewis Carroll, New York, The Grolier Club, 1998, p. 45–54.
  30. Robin Wilson, Lewis Carroll in Numberland: His Fantastical Mathematical Logical Life, 2008, (ISBN 978-0-7139-9757-6).
  31. Martin Gardner, Logic Machines and Diagrams, Brighton, Sussex, Harvester Press, 1958.
  32. William Warren III Bartley, Lewis Carroll's Symbolic Logic, New York, Clarkson N. Potter, 1977, 2e édition 1986.
  33. Amirouche Moktefi, « Lewis Carroll's Logic », British Logic in the Nineteenth Century dans Dov M. Gabbay and John Woods (dir.), Handbook of the History of Logic, vol. 4, Amsterdam, Elsevier, 2008, p. 457–505.
  34. (en) D. P. Robbins et H. Rumsey, « Determinants and Alternating Sign Matrices », Advances in Mathematics, vol. 62, no 2, , p. 169 (DOI 10.1016/0001-8708(86)90099-X).
  35. (en) F. F. Abeles, « Lewis Carroll's Ciphers: The Literary Connections », Advances in Applied Mathematics, vol. 34, no 4, , p. 697 (DOI 10.1016/j.aam.2004.06.006).
  36. (en) Dorothy G. Clark, « The Place of Lewis Carroll in Children's Literature (review) », The Lion and the Unicorn, vol. 34, no 2, , p. 253–258 (DOI 10.1353/uni.0.0495, lire en ligne).
  37. « Alice and Other Wonders », sur theatredelaville-paris.com (consulté le ).
  38. Voir le contexte de l'affaire et les déclarations de David O'Kane (Kissing Carroll : Digital-Collage Simulacra - visible en bas à droite de cette page) dans le livre d'Anna Kérchy, Alice in Transmedia Wonderland : Curiouser and Curiouser New Forms of a Children's Classic, Jefferson, McFarland & Company, 2016, p. 145-148 (ISBN 978-1-4766-6668-6) (en ligne aperçu en ligne).
  39. Comme ici ou ici.
  40. Par exemple, par Philippe Forest dans sa conférence « Autour de Lewis Caroll » de 2013 (après la 24e minute), dans le cadre du cycle littéraire proposé par l'Université permanente de l'université de Nantes.

Annexes

Bibliographie

  • Jean Gattégno, L'Univers de Lewis Carroll, J. Corti, 1990.
  • Jean Gattégno, Album Lewis Carroll, coll. La Pléiade, Gallimard, 1990.
  • Sophie Marret, Lewis Carroll : De l'autre côté de la logique, Presses Universitaires de Rennes, Rennes, 1995.
  • Morton N. Cohen (en), Lewis Carroll, une vie, une légende, éd. Autrement, 1998.
  • Stephanie Lovett Stoffel, Lewis Carroll au pays des merveilles, coll. « Découvertes Gallimard / Littératures » (no 340), Gallimard, 1998.

Articles connexes

Liens externes

  • Portail de la photographie
  • Portail des mathématiques
  • Portail de l’éducation
  • Portail de l'anglicanisme
  • Portail de la littérature britannique
  • Portail de la littérature d'enfance et de jeunesse
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.