Diacre (christianisme)

Le diacre ou la diaconesse (du grec διάκονος / diakonos, serviteur) est une personne qui assiste le dirigeant d'une église locale chrétienne. Elle est choisie pour sa foi et ses qualités morales. Elle est responsable de certaines activités de l'Église.

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Ordination d'un diacre. Manuscrit du IXe siècle.

Origine

C'est dans les Actes des Apôtres (6:1 et suivants) qu'il est fait mention pour la première fois d'hommes ordonnés pour le service de l’église et des plus démunis[1]. Le diacre est alors choisi par les chrétiens et ordonné par imposition des mains. Rapidement, les diacres seront appelés à gérer les biens matériels de l'Église naissante. Ainsi, furent désignés selon les écritures, les sept premiers diacres de l'Église primitive : Stéphanos de Grèce, premier martyr et premier diacre (traduit en Stéphane ou Étienne), Philippe, Prochore, Nicanor, Timon, Parménas et Nicolas[2].

Dans l'Église chrétienne originelle, il y avait également des diaconesses dont le rôle et le statut aurait été différents de ceux du diacre[3]. Paul de Tarse, dans son Épître aux Romains (16, 1-2) recommande « Phoebé, notre sœur, qui est diaconesse de l'Église de Cenchrées »

Catholicisme

Diacre chantant l'exultet lors de la vigile pascale.

Le diacre est une personne ayant reçu le premier degré du sacrement de l'ordre dans l'Église catholique romaine[4]. Alors que les prêtres, qui ont reçu le second degré du sacrement de l'ordre, sont les collaborateurs de l'évêque dans son caractère sacerdotal, le diacre est collaborateur de l'évêque dans son caractère ministériel.

Les diacres sont choisis, appelés, ordonnés pour une mission précise, de caractère sacramentel et de façon définitive. Ils sont désormais clercs (membres du clergé), non plus laïcs. Selon le canon[5], « Seul un homme baptisé reçoit validement l'ordination sacrée », ce qui exclut les femmes.

Le rôle du diacre dans l'Église catholique romaine est défini par la constitution dogmatique Lumen Gentium : « Selon les dispositions prises par l'autorité qualifiée, il appartient aux diacres d'administrer solennellement le baptême, de conserver et de distribuer l'Eucharistie, d'assister, au nom de l'Église, au mariage et de le bénir, de porter le viatique aux mourants, de donner lecture aux fidèles de la Sainte Écriture, d'instruire et exhorter le peuple, de présider au culte et à la prière des fidèles, d'être ministres des sacramentaux, de présider aux rites funèbres et à la sépulture. Consacrés aux offices de charité et d'administration, les diacres ont à se souvenir de l'avertissement de saint Polycarpe : « Être miséricordieux, zélés, marcher selon la vérité du Seigneur qui s'est fait le serviteur de tous »[6]. »

L'âge minimum requis par le droit canon (CIC §1031-2) est de vingt-cinq ans pour le célibataire. Pour les mariés qui deviennent diacre, l'âge requis est 35 ans (et la conférence des évêques du lieu peut renforcer cette condition, ainsi, en France, au moins dix ans de mariage sont requis). En cas de veuvage, le marié-diacre est alors soumis à la règle du célibat. Le diacre, comme clerc, est astreint à la lecture de l'office divin.

A partir du Ve siècle environ, le diaconat permanent a été en déclin dans l’Église latine, jusqu'à sa disparition totale. Il était resté cependant à l'honneur dans les Églises catholiques orientales. Jusqu'au concile Vatican II, dans l’Église latine, les seuls hommes ordonnés diacres sont des séminaristes qui finissent leurs études en vue de devenir prêtres, et ceci seulement quelques mois ou un an avant leur ordination sacerdotale. Suivant les recommandations du dernier concile (Lumen Gentium, 29), le pape Paul VI promulgue en 1967 le motu proprio Sacrum Diaconatus Ordinem, restaurant l'antique pratique consistant à ordonner au diaconat des hommes qui ne sont pas candidats pour l'ordination sacerdotale. Ces hommes sont nommés diacres permanents par contraste avec ceux qui sont ordonnés diacres seulement dans l'optique de se préparer à l'ordination sacerdotale en passant par une étape intermédiaire. Il n'y a cependant entre ces derniers et les diacres permanents aucune différence canonique, il n'y a qu'un seul ordre des diacres.

La période nécessaire de formation préparatoire à l'ordination diaconale dans l'Église latine, déterminée par l'ordinaire local, varie d'un diocèse à l'autre. En général, elle consiste en une année de préparation par une vie de prière plus intense et de quatre à cinq années d'études, auxquelles s'ajoutent généralement un an de formation l'année suivant l'ordination. Les diacres reçoivent une formation en philosophie et théologie et doivent ainsi acquérir de solides bases en exégèse, homilétique, théologie des sacrements, ecclésiologie, ainsi que de bonnes notions concernant le ministère pastoral qui leur sera dévolu. Bien qu'ils soient assignés à une paroisse par l'évêque diocésain (ce qui la plupart du temps correspond à leur paroisse territoriale, ainsi que parfois d'autres paroisses voisines ou d'autres ministères comme les tribunaux ecclésiastiques, les aumôneries d'hôpitaux ou d'écoles, etc.) toutefois, une fois assignés, ils sont soumis à la supervision du curé ou du recteur de la paroisse ou de l'église, si toutefois ils n'ont eux-mêmes charge de recteurs. Contrairement à la plupart des clercs, les diacres qui ont une profession séculière en plus de leur ministère n'ont pas de droit à recevoir un salaire pour leur ministère, ce qui n'empêche que de nombreux diocèses de les rémunérer.

Pendant la messe, le diacre est le ministre ordinaire de la proclamation de l'évangile (il est d'ailleurs important de noter que le prêtre ou l'évêque doivent laisser cet acte au diacre s'il y en a un présent) et de la communion (spécialement sous le Précieux Sang). Comme clercs ordonnés, et si l'évêque leur en donne la faculté, les diacres peuvent prêcher à la messe, à moins que le prêtre célébrant choisisse de le faire lui-même pour une messe donnée.

Les vêtements du diacre, dans le rite romain, consistent en une aube semblable à celle du prêtre, l'étole et la dalmatique. L'étole du diacre est différente de celle portée par l'évêque ou le prêtre : elle tient sur l'épaule gauche et est croisée jusque sur la droite du corps. La dalmatique, un vêtement associé spécialement à l'office de diacre, est porté pendant la célébration de la messe et des autres célébrations liturgiques. Il est à noter que dans certains pays et malgré les rappels du magistère, la dalmatique est souvent tombée en désuétude.

Avant les réformes occasionnées par le concile Vatican II et la restauration du diaconat permanent, il était habituel de voir un prêtre habillé en diacre et faisant la fonction de diacre pendant une messe solennelle. Il est à noter que cette tradition perdure toujours, de manière habituelle chez les catholiques traditionalistes (pratiquant la forme extraordinaire du rite romain) ainsi qu'au Vatican et dans certains lieux où la messe est célébrée selon la forme ordinaire du rite romain.

Églises orthodoxes et grecques-catholiques

diacre orthodoxe (en vêtements liturgiques bleus).

Le christianisme oriental a conservé les ordres mineurs : chantre, lecteur, sous-diacre, ainsi que le diaconat comme ordre permanent, ou menant à la prêtrise[7]. Un homme marié ou un moine peut être ordonné diacre, mais un diacre non marié ne peut plus se marier. Les diacres participent à la vie de la communauté paroissiale et servent le célébrant pendant la liturgie.

En plus de proclamer l’Évangile et d'aider à la distribution de la communion, (dans la tradition slave, le diacre ne distribue pas lui-même la communion) le diacre encense les icônes et le peuple, appelle le peuple à la prière, conduit les litanies et a un rôle spécial dans la récitation dialoguée de l'anaphore. En accord avec la tradition des Églises d'Orient, il n'a pas la faculté d'être ministre des sacrements, si l'on exclut le baptême qu'il peut administrer comme tout fidèle en cas de danger de mort imminente. Quand il est présent à un baptême d'adulte, c'est souvent lui qui descend dans l'eau avec celui qui est baptisé (Actes des apôtres, 8, 38). Contrairement à la discipline en vigueur dans l’Église catholique romaine, les diacres des Églises orientales, qu'ils soient orthodoxes ou catholiques ne peuvent présider la célébration d'un mariage, puisque dans la théologie orientale le sacrement est opéré non par les époux dans le consentement mais par la bénédiction nuptiale conférée par le prêtre ou l'évêque.

Les vêtements du diacre pendant les célébrations consistent dans le sticharion (correspondant à une aube, mais très ornée et de couleur appropriée au temps liturgique), l'orarion (l'équivalent de l'étole diaconale latine), et les épimanikia (qui se portent autour des poignets) Le diacre porte habituellement un simple orarion qui est placé sur l'épaule gauche, mais s'il est élevé à la dignité d'archidiacre, il porte le "double orarion". Les usages concernant les coiffes liturgiques varient selon le statut du diacre et la tradition à laquelle il appartient.

Pour ce qui concerne le vêtement ecclésiastique pour la vie de tous les jours, le diacre reçoit immédiatement après son ordination une bénédiction pour porter l'exorasson, qui correspond à la soutane latine, et l'antérion, une soutane plus ample portée lorsque le diacre est à l'église. Toutefois, dans certains pays, les diacres ont pris l'habitude de s'habiller en civil pour la vie de tous les jours et de réserver le port de la soutane à la présence à des célébrations ou à des cérémonies où le port de l'habit ecclésiastique semble judicieux. Lorsqu'on s'adresse à un diacre dans l'orthodoxie ou bien chez les grecs-catholiques, on use habituellement du titre de "Père" ou "Père-diacre".

Pendant les premiers siècles du christianisme, les églises d'Orient semblent avoir ordonné des femmes diaconesses. La question reste en suspens de savoir si cette ordination était vraiment le pendant de celle des hommes diacres, à savoir si elle était sacramentelle et donc donnait accès au premier degré du sacrement de l'ordre. Quoi qu'il en soit, la pratique d'ordonner des diaconesses tombe en désuétude pendant le second millénaire, mais elle a été parfois remise au goût du jour dans certaines Églises orthodoxes et orthodoxes orientales. Les diaconesses avaient comme rôle de participer au baptême des catéchumènes femmes et de s'occuper des femmes de la communauté.

Anglicanisme

L'anglicanisme dans plusieurs provinces rétablit le diaconat comme ordre permanent. Un homme (et dans bien des provinces, une femme) peut être ordonné diacre (puis prêtre). Les diacres participent à la vie de la communauté paroissiale et concélèbrent la liturgie (où, entre autres, ils lisent l'Évangile et peuvent prêcher) avec un prêtre. Les diacres ont souvent un ministère particulier (aumônier, etc.) dans la communauté.

Protestantisme

Diacres

Les Églises protestantes connaissent le ministère de diacres, chargés de l'assistance aux pauvres[8]. Ce ministère s'exerce soit à travers des « institutions ou œuvres protestantes », indépendantes des structures ecclésiastiques stricto sensu, soit dans le cadre de diaconats paroissiaux.

Un ministère de diacre paroissial peut également s'exercer à l'égard de certaines parties de la population paroissiale (jeunesse, par exemple), à côté du ministère pastoral plus généraliste.

En France, la gestion des biens de l'Église reste l'affaire de ses organes de gouvernement : assemblées générales et conseils.

Diaconesses

Le protestantisme connaît également des « diaconesses », soit des religieuses consacrées principalement au service des pauvres. On trouve des diaconesses dans la majorité des Églises protestantes. C'est dans le luthéranisme, leur berceau, que ces communautés sont les plus nombreuses, certaines remontant à des communautés fondées avant la Réforme[réf. nécessaire]. Ce mouvement de vie communautaire de femmes s'est surtout développé au début du XIXe siècle sous l'influence du Réveil.

En Allemagne, les Frères moraves avaient rétabli l'ancien ministère des diaconesses en 1745[9]). Au contact des Frères moraves, le pasteur revivaliste Theodor Fliedner et son épouse Frederike fondent en 1836 à Kaiserswerth, petite ville aujourd'hui intégrée à Düsseldorf, une communauté religieuse de femmes gérant un hôpital et un centre de formation, communauté qui essaimera rapidement à travers le monde[9].

En France, l'ordre religieux protestant des Diaconesses de Reuilly a été fondé en 1841 par une laïque Caroline Malvesin (1806-1889) en collaboration avec le pasteur Antoine Vermeil (1799-1864)[10]. Un an plus tard, la congrégation des diaconesses de Strasbourg est fondée par le pasteur François Haerter (1797-1874), qui en devient l’aumônier, avec six sœurs diaconesses[11].

La plupart du temps, l'activité des diaconesses est semblable à celle des ordres de religieuses apostoliques catholiques. Elles sont souvent infirmières ou enseignantes.

Elles sont aussi théologiennes, spécifiquement chez les diaconesses de Buc qui font partie des diaconesses de Reuilly. Certaines sont pasteurs. Les diaconesses de Reuilly sont implantées en France, notamment au Mazet-Saint-Voy (Haute-Loire) et à l'étranger en Norvège, au Cameroun et en Polynésie. D'autres communautés de diaconesses sont implantées en France, notamment les Diaconesses de Strasbourg en Alsace, ou la Communauté de Pomeyrol dans le sud de la France.

Christianisme évangélique

Chez les évangéliques, les diacres sont choisis par l’église pour leur foi et leurs qualités morales[12]. Ils assistent les pasteurs pour les activités de l'Église. Cela peut être pour la gestion financière, la supervision des travaux d'entretien, la responsabilité des actions humanitaires, etc. [13]. Une formation pour le ministère est offerte dans certains collèges bibliques[14].

Notes et références

  1. Mal Couch, A Biblical Theology of the Church, Kregel Publications, USA, 1999, p. 61
  2. Frank Leslie Cross, Elizabeth A. Livingstone, The Oxford Dictionary of the Christian Church, Oxford University Press, UK, 2005, p. 457-458
  3. « Etudier le rôle des «diaconesses»: le pape envisage une commission – ZENIT – Francais », sur fr.zenit.org (consulté le )
  4. William J. Collinge, Historical Dictionary of Catholicism, Scarecrow Press, USA, 2012, p. 122
  5. Code de Droit Canonique : Les ordinands (canon 1024) - Libreria Editrice Vaticana
  6. Lumen Gentium, no 29
  7. Philip Sheldrake, The New Westminster Dictionary of Christian Spirituality, Westminster John Knox Press, USA, 2005, p. 242
  8. J. Gordon Melton, Encyclopedia of Protestantism, Infobase Publishing, USA, 2005, p. 180
  9. (en) Kiefer, « Theodor Fliedner, pastor, founder », Biographical Sketches of Memorable Christians of the Past (consulté le )
  10. Gustave Lagny, Le réveil de 1830 à Paris et les origines des diaconesses de Reuilly: une page d'histoire protestante, Éditions Olivetan, 2007, (ISBN 9782915245929), 207 pages, première parution en 1958, préface du pasteur Marc Boegner, pp. 45-55, version consultable en ligne, accès le 7 octobre 2016
  11. René Frédéric Voeltzel, Service du Seigneur, la vie et les œuvres du pasteur François Haerter, 1797-1874. Oberlin Strasbourg 1983.
  12. Robert Paul Lightner, Handbook of Evangelical Theology, Kregel Academic, USA, 1995, p. 234
  13. Walter A. Elwell, Evangelical Dictionary of Theology, Baker Academic, USA, 2001, p. 1137
  14. « Formations chrétiennes pour tous les goûts », sur christianismeaujourdhui.info,

Voir aussi

Articles connexes

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