Exultet

L’Exsultet ou Exultet selon la graphie en usage dans les éditions antérieures à 1920 (en latin Praeconium Paschale) est le premier mot d'un chant latin en usage dans la liturgie de la nuit de Pâques. Il se traduit en français par "Qu'exulte (maintenant la foule des anges du ciel...)" ou, plus littéralement, "Que saute de joie (la foule des anges du ciel...)[1], soit, en latin : (Exultet iam angelica turba caelorum !. Il peut être chanté également dans une traduction ou adaptation en langues vernaculaires.

L'Exultet chanté par un diacre.

Présentation

Dans le Missel romain, il est prévu de le chanter pendant la célébration nocturne de la Vigile pascale, le soir du Samedi saint, dans le chœur de l'église, avant le commencement de la liturgie de la parole, au pied du cierge pascal qui a été allumé au feu nouveau béni à l'extérieur de l'église. Ce n'est pas un hymne, mais un chant récitatif orné, normalement cantilé sur un mode très solennel par un diacre, ou, en l'absence de diacre, par le célébrant qui peut être éventuellement remplacé par un chantre du chœur. Par sa fonction liturgique et sa forme musicale, il est analogue à la fois à la préface de la messe et au psaume invitatoire des matines, qui rappellent tous deux à leur manière les raisons pour lesquelles l'Église se réjouit en ce jour. Par le chant de l'Exsultet l'Église catholique, durant la veillée pascale, proclame spécialement l'irruption de la lumière dans les ténèbres (symbolisée par celle du cierge pascal)[1] et, après un rappel de tous les hauts-faits de Dieu mentionnés dans l'Écriture, annonce la Résurrection du Christ.

Les églises anglicanes et un certain nombre d'églises luthériennes ont maintenu l'Exultet dans leur liturgie.

Le texte de l'Exultet remonte aux sacramentaires ou livres liturgiques carolingiens ( VIIIe siècle - Xe siècle). Il comprend deux parties : un prologue, toujours identique, et une préface, qui a parfois varié (version romaine, milanaise ou bénéventaine).

Ce chant évoque la traversée de la mer Rouge lors de l'Exode et célèbre la Pâque du Christ[2]. Le chant célèbre et explique la signification du cierge pascal. Un passage du chant est particulièrement célèbre, le Felix culpa : « Ô heureuse faute qui nous a mérité un tel et un si grand Rédempteur ! » (Ô felix culpa, quae talem ac tantum meruit habere redemptorem !).

Texte en latin et en français

Exultet en latin et en français
Version en latin[3] Texte en français[4],[2]

Exsúltet iam angélica turba cælórum:
exsúltent divína mystéria:
et pro tanti Regis victória tuba ínsonet salutáris.

Gáudeat et tellus, tantis irradiáta fulgóribus:
et ætérni Regis splendóre illustráta,
tótius orbis se séntiat amisísse calíginem.

Lætétur et mater Ecclésia,
tanti lúminis adornáta fulgóribus:
et magnis populórum vócibus hæc aula resúltet.

[Quaprópter astántes vos, fratres caríssimi,
ad tam miram huius sancti lúminis claritátem,
una mecum, quæso,
Dei omnipoténtis misericórdiam invocáte.
Ut, qui me non meis méritis
intra Levitárum númerum dignátus est aggregáre,
lúminis sui claritátem infúndens,
cérei huius laudem implére perfíciat.]

[V/ Dóminus vobíscum.
R/ Et cum spíritu tuo.]
V/ Sursum corda.
R/ Habémus ad Dóminum.
V/ Grátias agámus Dómino Deo nostro.
R/ Dignum et iustum est.

Vere dignum et iustum est,
invisíbilem Deum Patrem omnipoténtem
Filiúmque eius unigénitum,
Dóminum nostrum Iesum Christum,
toto cordis ac mentis afféctu et vocis ministério personáre.

Qui pro nobis ætérno Patri Adæ débitum solvit,
et véteris piáculi cautiónem pio cruóre detérsit.

Hæc sunt enim festa paschália,
in quibus verus ille Agnus occíditur,
cuius sánguine postes fidélium consecrántur.

Hæc nox est,
in qua primum patres nostros, fílios Israel
edúctos de Ægypto,
Mare Rubrum sicco vestígio transíre fecísti.

Hæc ígitur nox est,
quæ peccatórum ténebras colúmnæ illuminatióne purgávit.

Hæc nox est,
quæ hódie per univérsum mundum in Christo credéntes,
a vítiis sæculi et calígine peccatórum segregátos,
reddit grátiæ, sóciat sanctitáti.

Hæc nox est,
in qua, destrúctis vínculis mortis,
Christus ab ínferis victor ascéndit.

Nihil enim nobis nasci prófuit,
nisi rédimi profuísset.
Ô mira circa nos tuæ pietátis dignátio!
Ô inæstimábilis diléctio caritátis:
ut servum redímeres, Fílium tradidísti!

Ô certe necessárium Adæ peccátum,
quod Christi morte delétum est!
Ô felix culpa,
quæ talem ac tantum méruit habére Redemptórem!

Ô vere beáta nox,
quæ sola méruit scire tempus et horam,
in qua Christus ab ínferis resurréxit!

Hæc nox est, de qua scriptum est:
Et nox sicut dies illuminábitur:
et nox illuminátio mea in delíciis meis.

Huius ígitur sanctificátio noctis fugat scélera, culpas lavat:
et reddit innocéntiam lapsis
et mæstis lætítiam.
Fugat ódia, concórdiam parat
et curvat impéria.

In huius ígitur noctis grátia, súscipe, sancte Pater,
laudis huius sacrifícium vespertínum,
quod tibi in hac cérei oblatióne solémni,
per ministrórum manus
de opéribus apum, sacrosáncta reddit Ecclésia.

Sed iam colúmnæ huius præcónia nóvimus,
quam in honórem Dei rútilans ignis accéndit.
Qui, lícet sit divísus in partes,
mutuáti tamen lúminis detrimenta non novit.

Alitur enim liquántibus ceris,
quas in substántiam pretiósæ huius lámpadis
apis mater edúxit.²

Ô vere beáta nox,
in qua terrénis cæléstia, humánis divína iungúntur!¹

Orámus ergo te, Dómine,
ut céreus iste in honórem tui nóminis consecrátus,
ad noctis huius calíginem destruéndam,
indefíciens persevéret.
Et in odórem suavitátis accéptus,
supérnis lumináribus misceátur.

Flammas eius lúcifer matutínus invéniat:
ille, inquam, lúcifer, qui nescit occásum.
Christus Fílius tuus,
qui, regréssus ab ínferis, humáno géneri serénus illúxit,
et vivit et regnat in sæcula sæculórum.

R/ Amen.

Qu'exulte de joie la multitude des anges,

Célébrez dans la joie, serviteurs de Dieu.
Que sonne la trompette triomphale
Pour la victoire d'un si grand Roi.

Que notre terre se réjouisse,
Resplendissante d'une telle lumière.
Éclairée par la splendeur du roi éternel, Car il l'a prise dans sa clarté,
Et son Royaume a dissipé la nuit !

Réjouis-toi, Église notre Mère,
Toute parée de sa splendeur.
Que retentisse dans ce lieu saint
L'accamation unanime du peuple des Fils de Dieu !

Et vous mes frères bien-aimés,
A la lumière de cette flamme,
Unissez votre voix à la mienne
Pour invoquer la bonté du Tout-Puissant.

Que sa clarté me pénètre et m'illumine,
Il m'a choisi, indigne serviteur,
Afin que je chante en votre nom
La merveilleuse lumière du Christ ressuscité !

Célébrant :
Le Seigneur soit avec vous !
Assemblée :
Et avec votre esprit !
Célébrant :
Élevons notre cœur.
Assemblée :
Nous le tournons vers le Seigneur.
Célébrant :
Rendons grâce au Seigneur, notre Dieu !
Assemblée :
Cela est juste et bon !

Soliste :
Vraiment il est juste et bon de te louer à pleine voix,
Dieu invisible, Père tout-puissant,
Et de chanter ton Fils unique,
Jésus-Christ, notre Seigneur.

C'est lui qui a remis pour nous au Père éternel
Le prix de la dette encourue par le premier Adam,
Et qui a écarté par son sang
La condamnation de l'ancien péché.

Car voici maintenant la fête de la Pâque
Où l'Agneau véritable est immolé pour nous,
Lui, dont le sang consacre les portes des croyants,
Pour les protéger de la mort et leur donner sa vie.

Voici la nuit où tu tiras d'Égypte nos pères, les enfants d'Israël,
Nuit où tu leur as fait traverser la Mer Rouge à pied sec.
Voici la nuit où le feu de la Nuée lumineuse
A repoussé les ténèbres du péché.

Voici la nuit, qui aujourd'hui et dans tout l'univers,
Arrache au monde aveuglé par le péché
Ceux qui ont mis leur fois dans le Christ,
Nuit, qui nous rend la grâce et nous ouvre la communion des saints.

Voici la nuit où le Christ, brisant les liens de la mort,
S'est relevé victorieux des enfers.
Car il ne nous servirait à rien de naître
Si nous n'avions pas le bonheur d'être sauvés !

Ô merveilleuse bonté déployée envers nous, Dieu, notre Père,
Inestimable choix de ton amour !
Car pour racheter l'esclave de la mort,
Tu n'as pas hésité à livrer pour nous ton Fils, le Bien-Aimé.

Car il fallait mystérieusement le péché d'Adam
Que le Christ devait abolir en sa mort,
Heureuse faute d'Adam
Qui nous a valu un tel et si grand Rédempteur !

Ô Nuit bienheureuse, qui seule a pu connaître
Le temps et l'heure où le Christ victorieux a surgi des enfers,
C'est de toi qu'il est écrit : "La nuit illuminera comme le jour,
La nuit est ma lumière et ma joie !"

Car le pouvoir sanctifiant de cette nuit chasse les crimes, lave les fautes,
Rend l'innocence aux coupables et la joie aux affligés,
Dissipe la haine, unit les cœurs,
Et brise tout orgueil.

Dans la grâce de cette nuit, accueille, Père très Saint
Le sacrifice du soir de cette flamme que l'Église t'offre par nos mains,
Elle qui brille en l'honneur de notre Dieu,
Flamme qui se transmet sans jamais perdre sa clarté.

Ô Nuit bienheureuse
Où se rencontrent le ciel et la terre
Et où s'unissent l'homme et Dieu !

Aussi nous t'en prions, Dieu, notre Père,
Permets que ce Cierge Pascal consacré à ton nom
Brûle sans déclin pour dissiper les ténèbres
De cette nuit où nous veillons dans la joie !

Que sa flamme monte jusqu'à toi et te soit agréable, qu'il joigne sa clarté à celle des étoiles,
Qu'il brûle encore quand se lèvera l'Astre du matin,
Celui qui ne connaît pas de couchant : le Christ ressuscité, revenu des enfers
Qui répand sur les hommes sa lumière et sa paix.

Nous t'en supplions maintenant, Seigneur, garde ton Église dans la joie de ces fêtes pascales,
Par Jésus-Christ, ton Fils, notre Seigneur,
Ressuscité d'entre les morts dans la puissance de l'Esprit,
Qui règne avec toi pour les siècles des siècles.

Assemblée :
Amen !

Référence

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