Mur de l'Atlantique

Le mur de l'Atlantique (Atlantikwall en allemand) est un important système de fortifications côtières, construit par le Troisième Reich pendant la Seconde Guerre mondiale le long de la côte occidentale de l'Europe et destiné à empêcher une invasion du continent par les Alliés depuis la Grande-Bretagne.

Mur de l'Atlantique

Type d’ouvrage Fortifications côtières
Construction 1942-1944
Matériaux utilisés Béton de ciment, bois, acier
Contrôlé par  Reich allemand
Garnison Wehrmacht
Commandant historique Erwin Rommel (1943-1944)
Guerres et batailles Seconde Guerre mondiale
Bataille de Normandie
Événements Débarquement de Normandie
Opération Chariot
Raid de Dieppe
Batterie Lindemann en France.
Erwin Rommel menant une inspection du mur.
Défense sur les côtes de Gironde.
Construction du mur en 1943.
Pose de poteaux anti-débarquement sur une plage.

Ces fortifications s'étendent de la frontière hispano-française jusqu'au nord de la Norvège (Festung Norwegen). Elles sont renforcées sur les côtes françaises, belges et néerlandaises de la Manche et de la mer du Nord.

Historique

Naissance et développement

Le , le IIIe Reich rompt le pacte germano-soviétique en déclenchant l'opération Barbarossa, ce qui ouvre le front de l'Est. Or l'attaque de Pearl Harbor, le , fait entrer les États-Unis dans la Deuxième Guerre mondiale, l'Allemagne lui déclarant la guerre peu de temps après l'attaque japonaise.

En septembre 1941, le Generalfeldmarschall von Witzleben, qui commande les forces allemandes de l'Ouest propose à l'OKW, le haut-commandement allemand, de construire des positions défensives sur le littoral[1].

Avec la guerre sur le front de l'Est moins rapide qu'espérée par les Allemands et l'entrée en guerre des États-Unis, Hitler commence à envisager un possible débarquement anglo-américain à l'ouest, d'autant que Staline presse les Alliés occidentaux pour l'ouverture d'un deuxième front en Europe, la Wehrmacht employant alors l’essentiel de ses ressources en hommes et en matériel sur le front de l'Est.

Le 15 mars 1942, Hitler remplace von Witzleben par le Generalfeldmarschall von Rundstedt. Le 23 mars il publie sa directive de guerre no 40 qui ordonne toute une série de mesures afin de renforcer les côtes des pays occupés ou annexés. En premier lieu, une protection de tous les grands ports, surtout ceux abritant, sur la façade atlantique, les bases pour sous-marins. Les Allemands sont persuadés qu'un débarquement ne peut avoir lieu qu'à proximité d'un port afin d'assurer la logistique des troupes débarquées. Dans cet esprit, il est décidé l'installation de batteries lourdes et moyennes de la Kriegsmarine responsable des objectifs marins, la création de points d'appui renforcés autour des ports tenus par l'armée de terre et à proximité des plages et des digues (les widerstandsnesten), enfin la Luftwaffe doit assurer la protection antiaérienne des lieux. Les objectifs doivent être atteints pour la fin de l'année. L'organisation Todt, le Reichsarbeitsdienst, le service du travail du Reich, ainsi que les unités du génie de l'armée sont chargés conjointement des travaux. Le commandement à l'ouest est également l'objet de modifications des compétences afin de rendre plus homogène la stratégie de défense et de construction du mur[2]. Le se tient à Berlin une réunion avec des représentants de l'OKW et de l'organisation Todt[1].

Quelques jours plus tard, le débarquement de Dieppe conforte les Allemands dans leur idée que les Alliés tenteront de débarquer près d'un port[1]. Hitler demande que l'effort soit porté sur les côtes du Nord de la France et sur les côtes belges[1].

Mais l'intensification des bombardements alliés, des programmes prioritaires comme les bases pour le lancement des V1 ou la construction de ligne de défense sur les autres fronts, font que l'organisation Todt prend beaucoup de retard[1] dans la construction du mur de l'Atlantique.

Renforcement par Rommel

Un débarquement allié étant jugé imminent, en décembre 1943, le maréchal Erwin Rommel se voit confier par Hitler une mission d’inspection du mur. Le 31 décembre, il lui adresse un rapport alarmiste mais réaliste[1].

Si les défenses protégeant les ports sont jugées correctes[1], mais insuffisantes en cas d'attaque par la terre, les plages restent trop accessibles avec des points fortifiés pas assez nombreux et trop vulnérables[1]. Plusieurs batteries côtières ne sont pas protégées par des casemates de béton et l'ensemble du dispositif manque de profondeur[1].

En janvier 1944, Rommel est nommé commandant du groupe d'armées B chargé de la défense du Nord-Ouest de l'Europe, des Pays-Bas jusqu'à la Loire, la zone la plus probable pour le débarquement allié.

Il ordonne immédiatement le renforcement des défenses. Sous sa direction, une ligne d'emplacements de tir abrités en béton renforcé le long des plages est construite, et quelquefois plus à l'intérieur, pour abriter des mitrailleuses, des armes anti-chars et de l'artillerie légère. Des champs de mines et des obstacles anti-chars sont posés sur les plages elles-mêmes et des obstacles sous-marins ainsi que des mines posées juste à la limite de marée. Le but est de détruire les péniches de débarquement avant qu'elles puissent débarquer leurs hommes ou véhicules. À l'arrière du littoral, les zones basses sont inondées et les prairies sont hérissées de pieux (les « asperges de Rommel ») pour éviter les atterrissages de planeurs.

Cet activisme porte ses fruits. Ainsi, entre janvier et , 4 600 ouvrages sont construits contre 8 478 pour les deux années précédentes. L'organisation Todt fait passer sa production de béton armé de 357 000 à 722 000 m3.

La Panzerkontroverse - opposition entre Rommel et von Rundstedt

La stratégie de Rommel vise à repousser les Alliés sur les plages, dès les premières heures du débarquement[1]. Le maréchal von Rundstedt en revanche est lui adepte d'un système de défense plus mobile : des troupes armées et blindées en retrait dans les terres qui, concentrées, livreraient le combat après le débarquement car selon lui, les Alliés ne pourraient combattre longtemps sans disposer d'un port. Von Rundstedt souhaite donc maintenir les Panzerdivisions en retrait alors que Rommel les souhaite au plus près des côtes. Face à cette Panzerkontroverse[1], Hitler ne tranche pas : 3 divisions seront positionnées près des côtes, le reste à l'arrière[1].

Main d'œuvre

L'organisation Todt qui a déjà créé la ligne Siegfried le long de la frontière franco-allemande, est responsable de la supervision de la construction du mur de l'Atlantique et la conception de ses principales fortifications. Au départ, les travailleurs sont volontaires : les Allemands ayant besoin d'une main-d'œuvre spécialisée, ils sont deux à trois fois mieux payés (grâce à des primes de séparation, de logement ou de bombardement pour les ouvriers travaillant dans les ports bombardés[3]) que les ouvriers travaillant dans ce secteur et bénéficient d'une protection sociale supplémentaire. Ensuite, des milliers de travailleurs forcés : prisonniers de guerre comme les tirailleurs sénégalais, 10 000 Juifs, jeunes Français voulant échapper au STO en Allemagne, républicains espagnols réfugiés en France (mais utilisés surtout pour les bases sous-marines) sont réquisitionnés pour construire ce mur le long des côtes néerlandaise, belge et française de la mer du Nord, de la Manche et en Vendée ainsi que dans les îles Anglo-Normandes[4].

Quand Rommel décide de renforcer le mur, les soldats allemands des unités stationnées près des côtes sont également mobilisés, au détriment des exercices[1], pour participer aux travaux de fortifications et surtout au camouflage et à la pose d'obstacles[1].

Collaboration des entreprises françaises

Deux cents grandes entreprises allemandes sous-traitant[5] en partie à 15 000 entreprises françaises, sociétés du BTP et cimenteries[6] principalement (1 000 à 1 500 grosses et moyennes entreprises)[4], collaborent à la réalisation des travaux. Ainsi, la société Sainrapt et Brice, dirigée par Pierre-Louis Brice, qui fait l'objet d'un procès retentissant de l'épuration économique. Pour construire, par exemple les 450 blockhaus de la Festung du Havre, les entreprises locales (Thireau-Morel, Société Française des travaux routiers) travaillent en sous-traitance des sociétés allemandes Brandt, Rittmann ou Stohr[7]. Mais la majorité des entreprises ne sont condamnées qu'à payer les impôts et taxes sur les bénéfices, souvent très importants, réalisés pendant l'occupation[8]. De même, la société des grands travaux de France, dirigée par Jean Gosselin qui est condamné à la Libération[9], Société de construction des Batignolles[10], ou encore Campenon Bernard Construction, Lafarge[8]. Pour les entreprises allemandes citons Grün & Bilfinger, qui aura collaboré avec la Société de construction des Batignolles au titre des réparations allemandes de la Première Guerre mondiale, fournit probablement à l'organisation Todt des informations cruciales sur les capacités de production de la SCB[10], collabore aussi à la construction du mur.

Limites du dispositif

À la veille du débarquement, les défenses du mur de l'Atlantique constituent un important obstacle pour les troupes alliées. Mais même si Rommel a « colmaté » les principales brèches, le mur de l'Atlantique n'offre pas la profondeur que le maréchal allemand aurait souhaitée et la seconde ligne défensive, plus en arrière du rivage, est très incomplète, faute de temps et de moyens[11]. Quelques mois supplémentaires auraient sans doute permis de parfaire les défenses[1] mais la supériorité aérienne et navale écrasante des Alliés, les moyens que ceux-ci allaient engager et, côté allemand, l'absence de réserves immédiatement disponibles, la mauvaise coordination des commandements ne pouvaient permettre au seul mur d'empêcher le débarquement[1].

Le débarquement

Les défenses du mur de l'Atlantique n'ont pas suffi à bloquer le débarquement du (sur cette photo, des soldats britanniques inspectent un blockhaus sur Gold beach)

Les Alliés attaquent les défenses du mur de l'Atlantique lors du débarquement du 6 juin 1944 en Normandie sur les cinq plages différentes. Ils ont alors fait le choix de débarquer loin d'un port, ces derniers étant trop solidement défendus, retenant l'expérience du débarquement de Dieppe de 1942. Ce débarquement a été précédé les mois précédents de multiples bombardements (sur l'ensemble du littoral pour empêcher de faire connaître le lieu de débarquement). La veille du jour J, un intense bombardement des zones de débarquement et des batteries côtières proches précédera le débarquement des troupes. À l'exception d'Omaha Beach (où le bombardement fut fait par erreur plusieurs centaines de mètres en arrière des défenses allemandes) et de quelques batteries plus à l'intérieur des terres, les défenses côtières allemandes ne résistent guère plus d'une heure au débarquement des troupes alliées.

La garnison de Cézembre (photo) , au large de Saint-Malo, résiste pendant trois semaines aux bombardements menés par les Alliés.

Mais les Alliés sont encore confrontés aux défenses du mur de l'Atlantique lors des combats pour la prise des ports la prise de Cherbourg fin , ou du Havre début septembre 1944 ainsi que durant de la bataille de l'Escaut en novembre 1944 pour libérer les accès maritimes du port d'Anvers. La sanglante et longue bataille de Brest entre juillet et septembre 1944 pousse les Alliés à ne pas s'attaquer aux autres forteresses des ports atlantiques – les « poches de l'Atlantique » – dans lesquelles l'armée allemande s'est retranchée :Saint-Nazaire, Lorient, La Rochelle, Royan. Si Saint-Malo est libérée en août 1944, l'île de Cézembre résiste trois semaines aux bombardements alliés au napalm. Les îles Anglo-normandes ne sont libérées que le 9 mai 1945, au lendemain de la capitulation allemande.

Au total, 10 000 soldats alliés ont trouvé la mort face aux fortifications du mur[12].

Composition

Le mur de l'Atlantique peut se décomposer en 5 ensembles :

  • les forteresses protégeant les ports
  • les batteries d'artillerie côtières
  • les stations radars et d'écoute
  • les ouvrages de défense rapprochées des plages
  • les obstacles anti-débarquement des plages et anti-mouvement à l'arrière des défenses

La partie la plus fortifiée et la mieux équipée est le littoral du Pas-de-Calais car la plus proche de la Grande-Bretagne et le lieu de débarquement supposé le plus probable.

On peut aussi ajouter le complexe de Margival dans l'Aisne, comportant 465 ouvrages bétonnés, qui fut construit dans le but de servir de Quartier Général pour le Führer en cas de débarquement allié : le "Wolfsschlucht II".

Standardisation des constructions

L'organisation Todt a normalisé la construction des blockhaus suivant leur usage et leurs contraintes : le Regelbau. Cette normalisation a commencé avant la guerre et on la retrouve sur la ligne Siegfried, avant d'être affinée et adaptée à une défense côtière. Elle doit permettre un gain de temps dans la construction, une optimisation de l'usage des matériaux et une assurance de qualité de fabrication. Mais cette méthode se révèle toutefois en partie inefficace du fait qu'il faut adapter les plans au terrain et aux ressources disponibles.

Les forteresses

Après le raid sur Dieppe, les Allemands renforcent considérablement la protection des ports, les transformant en Festungen, forteresses. Ils sont en effet persuadés que les Alliés chercheront à s'emparer d'un port dès le débarquement ou dans ses tout premiers jours pour acheminer les renforts, l'approvisionnement et le matériel lourd. Les principaux ports de la Manche et de la mer du Nord se voient ainsi protégés par plusieurs batteries lourdes. Le port et la ville attenante sont quadrillés de blockhaus divers. Enfin, la protection du port est renforcée par une ou deux lignes de défense, en arc de cercle à l'arrière, pour les protéger d'une attaque terrestre.

Les batteries d'artillerie côtières

Un des canons de 152 mm de la batterie de Longues-sur-Mer en Normandie.

Les batteries d'artillerie, dans les forteresses ou sur la côte, représentent la raison d'être du mur : empêcher les navires d'approcher et d'appuyer un débarquement de plus petites embarcations. C'est autour d'elles que se développent des défenses plus légères. Sur la zone entre Cherbourg et le Pas-de-Calais, elles couvrent l'ensemble des zones de débarquement possibles. On en compte ainsi 24 entre Cherbourg et Le Havre.

Une batterie se compose généralement d'un — ou plusieurs — canons de marine autour duquel on construit un blockhaus de protection (généralement dans cet ordre pour les canons de marine au vu de leur taille imposante). Ces canons ont une portée de plusieurs dizaines de kilomètres. Certaines batteries lourdes construites dans le Pas-de-Calais, comme la batterie Todt, peuvent tirer leurs obus jusque sur le territoire anglais. Le principe d'implantation d'une batterie moyenne (de la Kriegsmarine ou de la Wehrmacht) est simple : quatre casemates, orientées par deux ce qui permet d'augmenter l'angle de tir. Un poste de direction de tir, placé à l'avant des casemates (comme à Longues) ou décalé (fort de l'Ève à Saint-Nazaire). Les abris pour munitions sont construits à une distance déterminée (ni trop loin afin de maintenir un approvisionnement rapide, ni trop près à cause des risques de bombardements de la zone). Les capacités de stockage sont en fonction du type des casemates. Enfin, les abris pour le personnel servant les pièces d'artillerie, et les abris annexes comme les citernes, puits protégés, abri pour groupes électrogènes, abri sanitaire…

Quelques cuves pour canons de DCA ainsi que des ouvrages de défense rapprochée complètent l'ensemble qui est clôturé et protégé par des champs de mines plus ou moins importants.

Les postes de direction de tir

Ces blockhaus sur plusieurs niveaux abritent les instruments électroniques et optiques (télémètres) nécessaires à l'orientation du tir des canons de la batterie.

Les tobrouks

Un tobrouk avec sa dalle de combat circulaire.

Ces petits blockhaus individuels, appelés Ringstand en allemand, c'est-à-dire abri/emplacement circulaire, prennent le nom de tobrouk, Tobruk en allemand, après le siège de Tobrouk par Rommel. Ils désignent un petit abri ouvert sur l'extérieur dans la partie supérieure par un trou. Les personnels affectés dans les tobrouks sont généralement équipés de mitrailleuses MG 34 ou MG 42. Les tobrouks peuvent également être modifiés, afin de permettre l'installation d'une tourelle de char de modèles anciens, ou de prises de guerre. L'armement de ces dernières est le plus souvent modifié par l'intégration de matériel allemand.

Le tobrouk peut être recouvert d'une cloche d'acier ou comme ici d'une tourelle de char.

Ils peuvent recevoir un ensemble de matériels assez variés, mais c'est la version Vf 58c, pour MG qui est la plus construite. D'autres peuvent abriter un mortier de cm ou cm, un lance-flammes, du matériel de transmission optique… La longue liste des tobrouks est modifiée en Bauform position de montage ») pour une meilleure identification. Chaque Bauform correspond alors à un seul ouvrage. Ainsi, pour chaque type de tourelle de char, tant allemande que de prise de guerre, celui-ci a un numéro.

Les blockhaus

Différents blockhaus abritent les réserves de munitions, les réserves d'eau, le personnel, le poste de secours, etc. Ils sont tous construits sur la base des Regelbau.

Obstacles

Le but des obstacles sur les plages est d'empêcher l'approche des barges de débarquement. On retrouve donc suivant les plages des réseaux de pieux en bois surmontés de mines (en)[1], des trépieds formés de troncs d'arbres équipés de lames d'acier (« casse-noisettes »)[1], des poteaux en acier assemblés ressemblant à des portes d'étables (« portes belges » — ce sont des obstacles anti-chars dénommés « grilles Cointet » que l'armée belge a disposés sur sa ligne de défense Koningshooit-Wavre dès le début de la déclaration de guerre. Ce matériel a été récupéré par les occupants et déménagé vers les plages à défendre), des « hérissons tchèques », des plots en béton et des fils de fer barbelés viennent compléter le dispositif défensif. Plus de 500 000 obstacles sont ainsi répartis sur les plages[1]. Les sorties de plages sont protégées par des dents de dragons, des murs ou des fossés anti-chars[1].

L'arrière des côtes est aussi protégé. Rommel fait inonder les abords bas des rivières. Sur les terrains dégagés pour prévenir l'atterrissage de planeurs, il fait planter des poteaux de 2 à 3 mètres[1] (les Rommelspargel, « asperges de Rommel ») pour éviter l'atterrissage de planeurs. 5 à 6 millions de ces pieux seront ainsi plantés à l'arrière du littoral[1].

Troupes

La vie dans un blockhaus durant le temps de repos entre 2 gardes. Photo prise le 17 février 1944.

Les troupes statiques utilisées pour défendre les plages et les côtes sont de faible valeur combative, souvent des hommes déclarés inaptes au combat des unités mobiles. On y trouve également des étrangers combattant sous l'uniforme allemand, principalement d'anciennes troupes soviétiques.

Les troupes à plus grande valeur combattante se trouvent beaucoup plus à l'intérieur des terres.

Quelques chiffres

Le mur de l'Atlantique ou Atlantikwall, déployé par les Allemands du printemps 1942 au printemps 1944 mesure 4 000 km de long environ.

  • 15 000 ouvrages y sont prévus, échelonnés le long des côtes qui se décomposent en :
    • 4 000 ouvrages dits principaux
    • 1 000 casemates pour canons antichars
    • 10 000 casemates diverses
En
  • 3 670 ouvrages étaient bâtis
  • 2 530 en cours de construction
En
  • 8 000 installations permanentes sont terminées
En en Normandie, le mur est très inégalement terminé. Le long des 500 km de côtes on peut compter
  • 1 643 ouvrages bétonnés terminés
  • 79 en voie d’achèvement
  • 289 en cours de construction

Ce qui correspond, en moyenne, à 4 ouvrages au kilomètre linéaire.

  • La construction du mur mobilise 291 000 travailleurs forcés (nombre maximum au printemps 1943), les soldats allemands du génie civil (correspondant à 10 % de cet effectif) servant de cadres[3].
  • Il nécessite 13 millions de m3 de béton pour construire du Danemark à Bidassoa (frontière espagnole)

Aujourd'hui

De nombreux blockhaus sont encore en place tout le long du tracé du mur. Certains ont été restaurés ou abritent des musées, par exemple Le Grand Blockhaus à Batz-sur-Mer, la batterie Todt dans le Pas-de-Calais ou le poste de direction de tir de Riva-Bella à Ouistreham. Sur les côtes sablonneuses de nombreux « blockhaus » se sont affaissés avec le temps. Sur la côte Aquitaine, on peut ainsi voir de nombreux blockhaus très endommagés au bord des plages, voire dans l'eau, alors qu'ils se trouvaient initialement en haut des dunes. L'exemple le plus célèbre est constitué « blockhaus » de la dune du Pyla près d'Arcachon qui, construits sur la crête des dunes, se retrouvent plus de 60 ans après, 100 mètres plus bas. Une grande majorité des « blockhaus » sont à l'abandon, très dégradés et corrodés par le vent marin et les intempéries, largement tagués. Il est souvent dangereux de se risquer à y pénétrer. Certains « blockhaus » sont utilisés par les services de déminage pour y faire exploser des obus retrouvés sans risque de dommage pour les zones environnantes.

Espaces muséographiques et touristiques

Plusieurs musées racontent l'histoire du mur dans la partie où ils sont installés.

Support artistique

L'abandon de milliers de structures en bétons armés a laissé le champ libre à de nombreux artistes pour utiliser les blockhaus comme support d'art, majoritairement par le graffiti[13]. Certains projets utilisent l'ensemble du blockhaus[14],[15],[16].

Archéologie

En 1975, l'urbaniste et essayiste français Paul Virilio édite un ouvrage intitulé Bunker archéologie, qui impulse des recherches archéologiques au sujet des blockhaus[17].

Écologie

Les blockhaus du mur de l'Atlantique, construits sur la côte, servent désormais de marqueurs d'érosion bien identifiable. En Aquitaine, le trait de côte étant important, de nombreux blockhaus se retrouvent ensablés sur la plage, voire totalement submergés par l'océan. La présence de ces structures en béton permet également à certaines espèces d'y trouver refuge, comme le lézard ocellé[18].

Notes et références

  1. Yann Magdelaine (dir.), Christophe Prime, Benoit Rondeau et Pascal Vannier, Dictionnaire du débarquement, Rennes, éditions Ouest-France, , 6003-01-06-03-11 éd., 725 p. (ISBN 978-2-7373-4826-6), p. 488 à 492.
  2. J.E. Kaufmann, H.W. Kaufmann, Fortress third Reich, DA Capo Press, 2003, pp. 196–197.
  3. Documentaire Le mur de l'Atlantique de Jérôme Prieur en 2010.
  4. « Le mur de l'Atlantique », émission Deux mille ans d'Histoire sur France Inter du 1er novembre 2010.
  5. Le « plan Coudenhove-Kalergi », projet d'union économique européenne de l'entre-deux-guerres, a déjà mis en relation ces entreprises.
  6. Elles livrent 80 % du ciment dans le cadre de cette construction.
  7. Claude Malon, Occupation, épuration, reconstruction. Le monde de l'entreprise au Havre, 1940-1950., Presses universitaires de Rouen et du Havre, , 420 p..
  8. Renaud de Rochebrune et Jean-Claude Hazera, Les Patrons sous l'occupation, Odile Jacob, 1995, chapitre III. (ISBN 2-7381-0328-6).
  9. Benoît Collombat et David Servenay, Histoire secrète du patronat de 1945 à nos jours, La Découverte, Paris, 2009, page 40. (ISBN 9782707157645).
  10. Said Mohamed Pierre, « Histoire d'une Entreprise : la Société de construction des Batignolles de 1940 à 1968 ». Dans Histoire, économie et société. 1995, 14e année, n° 2. Entreprises et entrepreneurs du bâtiment et des travaux publics (XVIIIe – XXe siècles) pp. 317-329. Lire en ligne. Consulté le 06 juillet 2015.
  11. Olivier Wieviorka, Histoire du débarquement en Normandie, éd. du Seuil, 2007, p. 192.
  12. Allemagne IIIe Reich, par Pierre Vallaud et Mathilde Aycard, réédition 2013, p. 720.
  13. Leffrinckoucke Bunkers.
  14. « En Normandie, un blockhaus transformé en vaisseau de Star Wars ».
  15. « Mers-les-Bains : le mystère de la fresque du blockhaus ».
  16. « Leffrincoucke : un artiste recouvre un blockhaus de miroirs cassés ».
  17. « Bunker archéologie », sur editions-galilee.fr (consulté le ).
  18. « Les bunkers du littoral aquitain : entre oubli, patrimoine et… submersion ».

Annexes

Bibliographie

  • Jean-Bernard Wahl, Le Mur de l’Atlantique dans les îles Anglo-Normandes, édition de l’auteur, 1995, 137 p. (ISBN 2-9507681-1-3).
  • Jean-Bernard Wahl, À la recherche du Mur de l’Atlantique en Norvège, tome 1 (2009), 342 p. (ISBN 978-2-9507681-3-1), tome 2 (2013), 303 p. (ISBN 978-2-9507681-4-8), tome 3 (2015), 319 p. (ISBN 978-2-9507681-5-5), édition de l’auteur. www.atlantik-wahl.com.
  • Remy Desquesnes, 1940-1944, l'histoire secrète du mur de l'Atlantique, Éditions des Falaises, 2003.
  • Peter Gaida, Le « Mur de l'Atlantique » en Aquitaine, Bordeaux, Lulu Press 2016.
  • Jérôme Prieur, Le Mur de l'Atlantique - Monument de la Collaboration, Denoël, 2010 ; Seuil, « Points Histoire », 2017 (ISBN 275786713X))
  • Christelle Neveux, Le mur de l'Atlantique : vers une valorisation patrimoniale ?, L'Harmattan, collection : Patrimoines et Sociétés, 2003 (ISBN 2747548090).
  • B. Garnier, Jean Quellien, Collectif, et F. Passera, La main d'œuvre française exploitée par le IIIe Reich : Actes du colloque international, Caen, 13-, Centre de Recherche d'Histoire Quantitative Caen, 2003. (ISBN 2951943806).
  • Yves Barde, La Muraille de Normandie : Le mur de l'Atlantique de Cherbourg au Havre, Citedis, 1999. (ISBN 2911920201).
  • Wiliam Allcorn et Steven J. Zaloga, De la ligne Maginot au mur de l'Atlantique - Les forteresses illusoires, Osprey publishing, 2012.
  • Patrick Fleuridas, Regelbauten der Luftwaffe, les constructions normalisées de l'armée de l'air allemande, 2008. (ISBN 9782746626621)

Documentaires télévisés

  • Le Mur de l'Atlantique : 1er épisode de la série Nazi Mégastructures, sur National Geographic.
  • Le Mur de l'Atlantique, monument de la collaboration, film documentaire de Jérôme Prieur, 70 min, 2010 (France 2-Mélisande films)

Film de fiction

Articles connexes

Liens externes

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