Attaque de Pearl Harbor

L’attaque de Pearl Harbor est une attaque surprise menée par les forces aéronavales japonaises le contre la base navale américaine de Pearl Harbor située sur l’île d’Oahu, dans le territoire américain d’Hawaï. Autorisée par l'empereur du Japon Hirohito, elle vise à détruire la flotte du Pacifique de l’United States Navy. Cette attaque provoque l'entrée des États-Unis dans le conflit mondial.

Pour les articles homonymes, voir Pearl Harbor (homonymie).

Attaque de Pearl Harbor
Vue aérienne de l'attaque de Pearl Harbor.
Informations générales
Date
Lieu Pearl Harbor, Hawaï
Issue Victoire tactique japonaise
Déclenchement de la guerre du Pacifique et entrée des États-Unis dans la Seconde Guerre mondiale
Belligérants
États-Unis Empire du Japon
Commandants
Amiral Husband Kimmel
Général Walter Short
Amiral Isoroku Yamamoto
Amiral Chuichi Nagumo
Forces en présence
8 cuirassés
6 croiseurs
29 destroyers
9 sous-marins
~390 avions
6 porte-avions
2 cuirassés
3 croiseurs
9 destroyers
441 avions
5 sous-marins de poche
Pertes
2 cuirassés et un bateau cible coulés
6 cuirassés endommagés
5 autres navires diversement endommagés
188 avions détruits
128 avions endommagés
2 403 tués ou disparus
29 avions détruits
55 aviateurs tués
4 sous-marins de poche coulés, un pris par l'ennemi
9 sous-mariniers tués
1 sous-marinier capturé

Seconde Guerre mondiale - Guerre du Pacifique

Batailles

Batailles et opérations de la Guerre du Pacifique
Japon :

Pacifique central :

Pacifique du sud-ouest :

Asie du sud-est :


Guerre sino-japonaise


Front d'Europe de l’Ouest


Front d'Europe de l’Est


Bataille de l'Atlantique


Campagnes d'Afrique, du Moyen-Orient et de Méditerranée


Théâtre américain

Coordonnées 21° 21′ 54″ nord, 157° 57′ 00″ ouest
Géolocalisation sur la carte : Océanie
Géolocalisation sur la carte : Hawaï
Géolocalisation sur la carte : océan Pacifique

L’anéantissement de la principale flotte américaine doit permettre à l’empire du Japon de continuer à établir sa « sphère de coprospérité de la Grande Asie orientale » en privant les Américains des moyens de s'y opposer militairement ; c'est aussi une réponse aux sanctions économiques prises par Washington en , contre sa politique impérialiste, après l'invasion de la Chine et de l'Indochine française dans le cadre de l’expansionnisme du Japon Shōwa.

L'attaque, dirigée par le général Hideki Tōjō, est lancée le dimanche à 7 h 48 par le Service aérien de la Marine impériale japonaise contre la flotte américaine du Pacifique et les forces stationnées sur place. Elle est conduite en deux vagues aériennes parties de six porte-avions impliquant plus de 400 avions. En moins de vingt-quatre heures, l'empire du Japon attaque également les États-Unis aux Philippines et engage les hostilités avec le Royaume-Uni, en envahissant Hong Kong et en débarquant en Malaisie.

Les pertes américaines sont importantes : 2 403 morts et 1 178 blessés. Mais seulement deux cuirassés sont détruits (le troisième n'étant qu'un bateau cible) ainsi que 188 avions. Les seize autres navires endommagés sont remis en état dans les mois qui suivent (dont onze avant la fin de 1942). Parmi les navires endommagés figurent six cuirassés, trois croiseurs, quatre destroyers. Les trois porte-avions du Pacifique, alors absents de Pearl Harbor, demeurent intacts. Les Japonais perdent 64 hommes, 29 avions et cinq sous-marins de poche ; un marin est capturé.

Aux États-Unis, cette attaque reste un des événements les plus marquants de l'histoire du pays et est synonyme de désastre national  chaque année le drapeau est mis en berne le 7 décembre. Les historiens ont mis en évidence l’audace du plan de l’amiral Isoroku Yamamoto, le manque de préparation et les négligences américaines. Le rôle du président Roosevelt reste un sujet de polémique.

Contexte

Pendant l’ère Meiji (1868-1912), l’empire du Japon s’engagea dans une période de croissance économique, politique et militaire afin de rattraper les puissances occidentales. Cet objectif s’appuyait également sur une stratégie d’expansion territoriale en Asie orientale qui devait garantir au Japon son approvisionnement en matières premières indispensables à son développement.

L’expansionnisme nippon se manifesta dès la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle avec l’annexion de l’île de Formose (1895), du Sud de l’île de Sakhaline (1905) et de la Corée (1910). Pendant la Première Guerre mondiale, le Japon s’empara des possessions allemandes d’Extrême-Orient et du Pacifique et gagna des parts de marché au détriment des Européens et des Américains présents dans la région. Après 1920, la croissance économique nipponne ralentit et le chômage augmenta ; l’industrie souffrit du manque de matières premières et de débouchés[1].

Dans l’entre-deux-guerres, l’archipel se dota d’une marine de guerre moderne. La Grande Dépression des années 1930 n’épargna pas l’économie du Japon. Aux effets de la crise économique s’ajouta une montée des nationalistes et des militaires au cours de l'ère Shōwa. L'Armée impériale japonaise envahit la Mandchourie en 1931 et ce territoire devint l'État fantoche du Mandchoukouo. Le Japon prit ensuite progressivement le contrôle d'autres régions de la Chine. En 1937, le Japon envahit le reste de la Chine à partir de Shanghai sans toutefois déclarer officiellement la guerre.

La dégradation des relations entre Tokyo et Washington

Osami Nagano, chef d'état-major de la Marine.

Les conquêtes nipponnes en Asie orientale menaçaient les intérêts américains et Washington intervint contre le Japon, sans aller jusqu’à la confrontation armée. Ainsi, le traité de Washington de 1922 limita le tonnage de la flotte de guerre japonaise au troisième rang mondial. En réponse aux pressions diplomatiques internationales à la suite de l'invasion de la Mandchourie, Tokyo décida de quitter la Société des Nations en 1933. Entre 1935 et 1937, les États-Unis choisirent la non-intervention en promulguant une série de lois sur la neutralité.

Le Japon signa le pacte anti-Komintern en 1936. En 1937, le président des États-Unis Franklin Roosevelt prononça à Chicago le Discours de la quarantaine dans lequel il condamnait les dictatures, y compris celle du Japon. L'année suivante, son discours sur l'état de l'Union propose d'augmenter les dépenses militaires. En , au moment du massacre de Nankin, les avions japonais coulèrent la canonnière américaine Panay sur le Yang-tse-Kiang[2]. Washington obtint des excuses mais la tension monta rapidement entre les deux pays. En 1939, le gouvernement américain mit fin au traité de commerce signé en 1911, prélude à l’embargo commercial.

En 1940, l'Empire rejoignit les forces de l’Axe en signant le Pacte tripartite. La même année, le quartier-général impérial, profitant de la défaite de la France et de l’affaiblissement du Royaume-Uni, autorisa l'implantation de bases militaires en Indochine française. Immédiatement après un accord conclu le avec le gouverneur-général de l'Indochine française, le Japon déclencha une offensive sur Lang Son et bombarda Haiphong.

1941 fut l'année de l’escalade entre les deux pays : en , Washington accorda son soutien à la Chine par l’octroi d’un prêt-bail. À la suite du refus du Japon de se retirer de l'Indochine et de la Chine, à l'exclusion du Mandchoukouo, les États-Unis, le Royaume-Uni et les Pays-Bas décrétèrent à partir du l’embargo complet sur le pétrole et l’acier ainsi que le gel des avoirs japonais sur le sol américain. Cinq mois plus tard, les approvisionnements de pétrole du Japon étaient réduits de 90 %[3]. Le gouvernement japonais, angoissé à l’idée que, tôt ou tard, le pays se retrouverait totalement privé de ces ressources précieuses, réalisa qu’il devait vite trouver une solution pour se sortir de l’impasse.

La conférence impériale tenue le décida qu'une guerre serait entreprise contre les États-Unis et le Royaume-Uni, à moins qu'un accord ne soit trouvé à bref délai avec Washington. Ce compromis reflète les deux courants qui s’opposaient au sein du gouvernement japonais. Fumimaro Konoe, alors Premier ministre du Japon, prit position du côté des négociations avec les États-Unis et, du moins il l’espérait, de la paix. Soutenu entre autres par l’empereur, il chercha à rencontrer le président Roosevelt début , dans l’optique de prouver la bonne foi japonaise, même si la guerre venait à éclater[4]. De l’autre côté, les chefs militaires, comme Osami Nagano, s’opposaient farouchement à tout ce qui pouvait retarder l’entrée en guerre immédiate du Japon[5]. D’après leurs estimations, plus la guerre commencerait tôt et finirait rapidement, plus les chances de victoire du Japon augmentaient[6]. Ainsi, c’est l’opposition de ces deux points de vue qui fit que, au terme de la conférence impériale du , le plan choisi fut le suivant : les défenseurs de la diplomatie avaient quelques semaines pour tenter des négociations pendant que l’on poursuivait les préparatifs pour la guerre, après quoi celle-ci serait déclarée, ce qui déjà à ce stade semblait être l’issue la plus probable. Ainsi, la guerre était probable, mais pas nécessairement inévitable, et à ce stade le renoncement des Japonais à leur politique expansionniste aurait pu l’éviter[7].

L'attaque de Pearl Harbor n'est pas un plan préparé conjointement par l'Allemagne et par le Japon mais une initiative japonaise, les Allemands y ayant vu leur intérêt[8]. Le , le Premier ministre du Japon Fumimaro Konoe démissionna de son poste après avoir pris conscience qu’« [u]n accord avec les États-Unis sur le problème des troupes en Chine était l’unique chose qui pût maintenant arrêter [les préparatifs militaires]. La logique était évidente. Seul un nouveau gouvernement, qui ne serait pas lié par la décision du , pouvait enrayer l’élan vers la guerre[9]. » Il comprit aussi que ses idées ne plaisaient pas, et préférait céder sa place à un militaire[10]. Il manifesta son accord avec le général Tōjō, qui proposa alors le prince Naruhiko Higashikuni, un oncle de l'empereur, pour le remplacer. Hirohito refusa cette candidature, proposée également par les militaires, et choisit plutôt le général Tōjō, un ferme partisan de la guerre mais également un homme renommé pour sa fidélité envers l'institution impériale[11],[12]. Ainsi, malgré sa conviction personnelle, la nomination de Tōjō pouvait au contraire s’avérer être une dernière chance pour la paix : « Homme borné, il était lié à l’empereur par un sens de l'obéissance et du devoir à toute épreuve. « Nous ne sommes encore que des humains ; l’empereur, lui, est divin, observa-t-il. Je m’inclinerai toujours devant la divinité et la grandeur de Son Excellence. »[13] » Après une discussion avec l’empereur, que l’idée de partir en guerre inquiétait, Tōjō accepta de promouvoir autant que possible les négociations, dans un dernier effort pour éviter la guerre et pour satisfaire son souverain.

Toutefois, l'arrivée d'un nouveau Premier ministre ne changea rien au dilemme qui secouait le gouvernement. Lors de la conférence de liaison qui dura du au , les options étaient claires. Le Japon pouvait renoncer à la guerre, acceptant ainsi de devenir une puissance de troisième ordre[14], ou renoncer à la paix, et se lancer dans une guerre dont l’issue était plus qu’incertaine, sachant qu’après deux ans la victoire devenait impossible, par manque de pétrole et d’acier. Ainsi, comme l’explique l’historien Ian Kershaw, « [l]’alternative était entre la paix dans l’austérité au sein d’un monde dominé par l’Amérique ou la guerre assortie d’une défaite probable mais en défendant l’honneur national »[15]. Malgré le compromis auquel parvint le gouvernement, c’est-à-dire préparer la guerre tout en continuant les négociations, la guerre était quasiment assurée[16]. À ce moment, Tōgō, le ministre des Affaires étrangères, proposa deux plans de négociations, le plan A et le plan B. Le premier, à l’image du comportement du Japon depuis le début de l’affaire, était dénué de toute vraie concession. Tōgō lui-même était conscient que le plan A avait peu de chance de convaincre les Américains et n’en attendait donc pas grand-chose. Le plan B, plus engageant, pourrait quant à lui offrir un terrain pour les négociations, quoiqu’une bonne partie du gouvernement japonais était réticente aux compromis qu’il proposait. En effet, il comportait quelques concessions, entre autres concernant la Chine, qui était au cœur des tensions entre Japon et États-Unis, cependant il garantissait la paix, bien qu’elle n’était peut-être pas durable. Ainsi, le gouvernement de Tōjō fut contraint d’accepter le plan B[17].

De son côté, Hull, le secrétaire d’État américain, après avoir intercepté des informations sur la volonté des Japonais d’attaquer les États-Unis, ne souhaita plus trouver un terrain d’entente avec ces derniers. Il repoussa le plan B, qui ne faisait pas assez de concessions selon lui. Roosevelt, quant à lui, cherchait toujours à gagner du temps et ne fermait pas la porte à la négociation. Mais malgré une certaine bonne volonté du président, le gouvernement américain, convaincu de la mauvaise foi des Japonais, renonça finalement aux propositions d’accord, qui pourtant auraient pu fonctionner[18].

Parallèlement à l’échec des négociations avec les États-Unis, les Japonais commencèrent à préparer l'attaque. Le , l'amiral Osami Nagano expliqua en détail à Hirohito la version finale du plan d'attaque contre Pearl Harbor. Le , l'empereur approuva en conférence impériale le plan d'opération pour une guerre contre les États-Unis, le Royaume-Uni et les Pays-Bas prévu pour le début [19],[20]. Le jour même, le quartier-général impérial mit en application la décision adoptée à la conférence et ordonna au commandant en chef de la flotte combinée, l’amiral Isoroku Yamamoto, de mettre en branle la mission sur Pearl Harbor[21]. Les négociations avec les États-Unis demeurant dans l'impasse, Hirohito approuva finalement le en conférence impériale la guerre de la Grande Asie orientale[22], après que Nagano et le ministre de la Marine Shigetaro Shimada, l'eurent rassuré la veille sur les chances de succès de l'entreprise en réfutant l'argument du prince Nobuhito Takamatsu qui jugeait que la Marine impériale ne pourrait tenir plus de deux ans contre les États-Unis[23].

Les forces en présence

À partir du XIXe siècle, la puissance militaire japonaise se renforça et se modernisa grandement. Pour pallier la hausse du chômage provoquée par la Grande Dépression, le gouvernement multiplia les commandes d'armement. Les dépenses militaires augmentèrent fortement. Au total, le Japon possédait en 1941 une quinzaine de cuirassés, une dizaine de porte-avions, 50 croiseurs, 110 destroyers, 80 sous-marins et quelque 1 350 avions[24]. Surtout, le pays comptait 73 millions d'habitants[25],[26] animés d'une fierté patriotique[27] et d'un esprit de sacrifice. Les militaires japonais étaient confiants dans la supériorité de leur armée ; en outre, Tokyo était assuré du soutien allemand en cas de contre-attaque des Américains.

En 1941, les États-Unis n'étaient pas prêts à entrer en guerre[28]. Certes, le pays était une puissance démographique (132 millions d’habitants)[29] et industrielle de premier ordre. En 1941, l'aviation américaine pouvait avancer plusieurs milliers d'avions, mais beaucoup étaient obsolètes[30]. En 1940, face aux trois millions de soldats japonais, l'United States Army était en position d'infériorité numérique (250 000 hommes)[31].

Surtout, l’opinion américaine n'était pas prête à entrer en guerre[32]. Le souvenir de la Première Guerre mondiale et des soldats américains morts en Europe était encore très présent. Les emprunts contractés par les belligérants auprès des États-Unis n'avaient pas été remboursés[33] et beaucoup d'Américains étaient isolationnistes. Le président Franklin Roosevelt (1933-1945) ne voulait pas s'aliéner les Américains d'origine allemande, italienne et japonaise. Le comité America First, une association pacifiste influente, faisait également pression pour maintenir les États-Unis hors de la guerre.

En , Roosevelt promit à Winston Churchill que son pays interviendrait d'abord contre l'Allemagne nazie et non contre le Japon[32]. Pour soulager le Royaume-Uni dans la bataille de l'Atlantique, d' à , trois cuirassés, un porte-avions, quatre croiseurs et deux flottilles de destroyers sont transférés du Pacifique à l'Atlantique (soit 20 % de la flotte du Pacifique) ce qui laisse la supériorité numérique dans la zone à la marine japonaise.

La base de Pearl Harbor

Vue aérienne de Pearl Harbor le . On y aperçoit le porte-avions USS Enterprise (CV-6) et cinq cuirassés.
Localisation des principaux navires.

Pearl Harbor constituait la plus grande base navale américaine dans l'océan Pacifique[34]. Elle se trouvait sur la côte sud de l’île d’Oahu, dans l’archipel d’Hawaï, 15 km à l’ouest d’Honolulu. Elle était relativement isolée dans l'océan Pacifique, à 3 500 km de Los Angeles et à 6 500 km de Tokyo. L'île d'Oahu était la plus peuplée de l'archipel hawaïen et se trouvait sur la route des bases américaines de Guam, Wake et Midway. Au début de la Seconde Guerre mondiale, 140 000 à 180 000 Japonais résidaient à Hawaï[35].

La base de Pearl Harbor s'étendait autour d'une rade peu profonde. L'entrée de cette rade se faisait par un chenal très étroit (400 mètres de large[28]). La plupart des navires de guerre mouillaient à l'intérieur de la rade, à l'est et au nord de l'île de Ford. Trois se trouvaient à l’ouest (l’USS Utah, l'USS Raleigh et l'USS Curtiss). Les bâtiments de guerre étaient amarrés deux par deux, par souci d'économie et par manque de place.

La flotte de guerre américaine du Pacifique, composée alors de la Battle Force, la Scouting Force, la Base Force et de la Amphibious Force[36] avaient, le dimanche 7 décembre, 86 unités dans la base[37] : 28 destroyers, 9 croiseurs, 8 cuirassés, 4 sous-marins, un cuirassé-cible (l’USS Utah) et une trentaine de bâtiments auxiliaires[38]. On comptait enfin 25 000 hommes sur la base[39] et environ 300 avions et hydravions de l'USAAF et de l'aéronavale dans l’île. Le général Walter Short était le commandant des forces terrestres tandis que la flotte du Pacifique était sous les ordres de l'amiral Husband Kimmel. La défense des installations et des ateliers de réparation était assurée par la DCA et les défenses littorales ainsi que 35 B-17[39].

La stratégie et les plans japonais

Le drapeau de la marine impériale.

L'objectif de l'attaque était d'anéantir la flotte américaine stationnée à Pearl Harbor afin de conquérir sans difficulté l'Asie du Sud-Est et les îles de l'océan Pacifique. Le but était de contraindre les forces américaines à quitter Hawaï pour se replier sur les bases de Californie. Il fallait par ailleurs réduire en cendres les docks, les ateliers de réparation et le champ de réservoirs contenant les approvisionnements en mazout pour la flotte du Pacifique, sans oublier les aérodromes de Wheeler Field et d'Hickham Field. Le Japon voulait aussi effacer l’humiliation des sanctions économiques prises par Washington. Les préparatifs de l'attaque furent confiés au commandant en chef de la flotte Isoroku Yamamoto.

Les préparatifs de l'opération

Approuvé officiellement le par Hirohito[19],[20], le plan d’attaque de Pearl Harbor avait quant à lui été élaboré dès le début de l’année 1941[40],[41].

Ce plan devait surmonter deux difficultés. Premièrement, l’isolement relatif d’Hawaï rendait impossible le recours aux navires de guerre classiques. Deuxièmement, les eaux peu profondes de la rade de Pearl Harbor empêchaient l’utilisation de torpilles conventionnelles qui auraient explosé sur le fond marin avant d’atteindre leur cible.

La stratégie japonaise reprenait les éléments décisifs de deux batailles sur mer : le premier était l'effet de surprise de l'attaque japonaise menée par l'amiral Heihachirō Tōgō contre la flotte russe à Port-Arthur en février 1904 ; le second était le lancement de plusieurs bombardiers-torpilleurs Fairey Swordfish depuis un porte-avions de l'escadre menée par l’amiral britannique Andrew Cunningham contre la flotte italienne à la bataille de Tarente en novembre 1940. La bataille devait ainsi être décisive, selon le principe du kantai kessen en vigueur dans la marine japonaise depuis le début du siècle.

En 1941, l’amiral Isoroku Yamamoto envoya des experts japonais en Italie pour recueillir des informations qui permettraient de transposer cette stratégie dans le Pacifique. La délégation revint avec des renseignements sur les torpilles que les ingénieurs de Cunningham avaient imaginées. Les plans japonais ont sans doute été aussi influencés par ceux de l’amiral américain Harry Yarnell qui anticipait une invasion d’Hawaï. Au cours d’un exercice militaire du , ce dernier avait mis en évidence la vulnérabilité d’Oahu en cas d’attaque aérienne par le nord-ouest. La simulation avait montré que des avions ennemis pourraient infliger de sérieux dommages et que la flotte ennemie, restée à l'écart des côtes, serait indétectable pendant 24 heures. À l'académie navale de Tokyo, les jeunes officiers savaient qu’« au cas où le gros de la flotte de l’ennemi serait stationné à Pearl Harbor, l’idée devrait être d’ouvrir les hostilités par une attaque aérienne surprise[42]. »

Le jeune officier Minoru Genda, concepteur du plan d'attaque de Pearl Harbor.

Yamamoto eut du mal à faire accepter son plan d'attaque : par exemple, l’amiral Nagano jugeait l’entreprise particulièrement risquée[43]. Yamamoto s’appuya sur Kameto Kuroshima pour obtenir l’approbation du chef d’état-major de la Marine Sadatoshi Tomioka, un adversaire de Yamamoto et subordonné de Nagano[44]. L’empereur ne souhaitait pas une attaque surprise sans déclaration de guerre[21]. Les réticences de Nagano venaient du fait que l'opération devait engager une grande partie de la marine de guerre, qui devrait parcourir une grande distance sans être repérée. Yamamoto menaça de démissionner pour que son plan soit finalement adopté, en [45]. Cela laissa donc peu de temps à Minoru Genda pour préparer l’expédition, essayer les nouvelles torpilles et entraîner les hommes pour la mission.

Pour que l'attaque ait des chances de réussir, il fallait qu’elle soit précisément définie et menée dans le plus grand secret. Les ingénieurs militaires japonais créèrent des torpilles spéciales (Type 91 (en)) munies d’ailerons pour les stabiliser. Ils produisirent également des bombes capables de percer la coque des navires.

L’observation de la situation sur la base de Pearl Harbor, la configuration des installations et les activités des navires et avions furent confiées à un officier de la marine japonaise envoyé comme espion à Hawaii sous la couverture du consulat du Japon, Takeo Yoshikawa. Sa présence et ses activités ne furent pas détectées par les services de renseignement américain, sauf un message qu’il reçut de Tokyo via le consul du Japon le 24 novembre, dit ‘message 83’, qui lui demandait d’établir un plan du port et des bases avec les positions exactes des navires et avions, et de fournir un certain nombre d’informations sur leur exploitation. Ce message fut décodé et traduit en octobre par les services de renseignement américains, mais ne fut pas communiqué au commandement d’Hawaii. Si ce message avait été transmis à l’amiral Husband E. Kimmel et au général Walter Short, ceux-ci auraient pu être conduits à faire renforcer leurs dispositifs défensifs.

Le , l'amiral Nagano expliqua en détail le plan d'attaque à Hirohito[46]. Le 5 novembre, l'empereur approuva en conférence impériale le plan d’attaque[22]. Les renseignements fournis par des Japonais d’Hawaï furent déterminants dans la réussite de l’opération : il fallait attaquer un dimanche car la flotte américaine n’était pas en manœuvre le week-end et de nombreux équipages n’étaient pas complets. Il n’y avait aucune patrouille ce jour-là. Les espions japonais fournirent également des informations sur la situation de la flotte américaine.

Le départ de la flotte japonaise

Le , la « flotte combinée » se concentra dans la baie d’Hito-Kappu, au sud des îles Kouriles. Elle se composait d'une force de choc avec sa force aéronavale, le Kidô Butai, qui comportait notamment six porte-avions (Akagi, Hiryū, Kaga, Shōkaku, Sōryū, Zuikaku[47]) et plus de 400 avions : des avions de chasse Mitsubishi A6M (les Zéros), des bombardiers-torpilleurs Nakajima B5N (Les Kate) et des bombardiers en piqué Aichi D3A (les Val). Une flotte de reconnaissance comprenait 22 sous-marins[28], cinq sous-marins de poche Ko-hyoteki, emportant chacun deux hommes et deux torpilles de 450 mm et trois croiseurs légers[48]. Huit bateaux de ravitaillement en carburant accompagnaient l’expédition[49].

Le , alors que les deux gouvernements étaient encore en pourparlers, l'armada de la Marine impériale japonaise quitta secrètement le Japon. Elle se dirigea vers l'archipel d'Hawaï par le nord en empruntant une route peu fréquentée.

Le , Hirohito approuva en conférence impériale la guerre de la Grande Asie orientale et autorisa le bombardement de Pearl Harbor[50]. Lorsque la flotte reçut l'ordre officiel d'attaquer le , les pourparlers se poursuivaient encore (voir ci-dessous). Le , la flotte qui se trouvait à 200 milles marins (370 km) au nord de Pearl Harbor, reçut le signal d’attaque : « Grimpez sur le mont Niitaka »[51].

Rupture des négociations et déclaration de guerre

Les négociations entre le Japon et les États-Unis, reprises en , se trouvaient bloquées à la veille de l'attaque : les Japonais exigeaient l'arrêt du soutien américain aux Chinois. Le secrétaire d'État Cordell Hull réclamait quant à lui le retrait des troupes nipponnes de Chine. Le , Roosevelt transmit un télégramme à l’empereur Hirohito afin de reprendre les négociations qui avaient lieu à Washington[52].

Le même jour, le ministère des Affaires étrangères japonais envoya à ses négociateurs et à l'ambassadeur Kichisaburo Nomura en place à Washington un document codé en 14 points, texte diplomatique signifiant la rupture des relations diplomatiques ; ils avaient pour consigne de le remettre au secrétaire d’État américain le lendemain à 13 h, soit 7 h 30, heure d’Hawaï[53]. Mais le message ne fut pas remis à l’heure prévue en raison de retards dans le décryptage de ce texte long et complexe. Les services américains de renseignement réussirent à décoder le message bien avant l’ambassade japonaise : seul le dernier point du mémorandum, c’est-à-dire la déclaration de guerre, n’avait pas été déchiffré par les Américains[52]. Le dimanche à 11 h 58, heure de Washington (6 h 28 à Hawaï), le général George Marshall lut le message ; inquiété par sa teneur, Marshall fut persuadé qu'une attaque se préparait. Il expédia un télégramme pour donner l'alerte aux bases américaines situées aux Philippines, à Panama, à San Diego et à Pearl Harbor. En raison de défaillances techniques, l'alerte arriva trop tard à Hawaï, plusieurs heures après les bombardements. Le message parvint à l’ambassadeur américain au Japon environ dix heures après la fin de l’attaque.

L'attaque

Isoroku Yamamoto et d’autres généraux avaient prévu une attaque en trois vagues, mais le vice-amiral Chuichi Nagumo décida de n’en retenir que deux. Le nombre total d’avions impliqués dans l’attaque était de 350. 91 avions furent engagés dans la protection des porte-avions et des navires.

Ce fut dans la nuit du au que les opérations débutèrent massivement, l'aube permettant de réduire les précautions à prendre pour éviter d'être repéré et accélérer ainsi la vitesse de progression.

L'attaque sur la Malaisie, le , a lieu en fait au même moment, car de l'autre côté de la ligne de changement de date.

Les missions de reconnaissance

Vers minuit, les sous-marins de haute mer lancèrent cinq sous-marins de poche qui se dirigèrent vers l'île d'Oahu.

À 3 h 58, le dragueur de mines USS Condor (en) signala la présence d’un sous-marin dans la rade de Pearl Harbor au destroyer USS Ward. Ce dernier se mit alors à sa recherche sans succès : l'intrus avait rapidement disparu. L'amirauté de Pearl Harbor ne donna pas l'alerte[54]. À 6 h 37, le Ward repéra un autre sous-marin qui était chargé de renseigner la flotte japonaise et le détruisit.

La première vague

Les deux vagues d'attaque aérienne.

C'est entre 6 h et 7 h 15 que la première vague de 183 avions[47], conduite par le capitaine de frégate Mitsuo Fuchida, s'envola vers Pearl Harbor. Elle comprenait :

Leur présence ne fut détectée que vers 7 h par deux soldats américains (George Elliot Jr. et Joseph Lockard) à la station d’Opana Point (un radar SCR-270 situé près de la pointe nord d'Oahu). Ces derniers ne sont pas pris au sérieux par un nouvel officier, le lieutenant Kermit A. Tyler, convaincu qu’il s’agissait de six bombardiers B-17 qui arrivaient de Californie[55] et qui étaient attendus pour se ravitailler avant de rejoindre leur destination finale de Clark Field dans les îles Philippines[56].

Vers 7 h 30, le premier avion japonais fit une reconnaissance dans les alentours et donna le signal : « Pearl Harbor dort. »

Les premiers avions survolèrent la base américaine à 7 h 40[note 2]. Les avions torpilleurs volaient à basse altitude et provenaient de différentes directions. Les bombardiers volaient quant à eux à haute altitude.

À 7 h 53[note 3], les premières bombes nippones furent larguées et les avions se mirent en formation d’attaque[57]. Le contre-amiral Patrick Bellinger donna l'alerte.

Cinq sous-marins Ko-hyoteki torpillèrent les bateaux américains après le début des bombardements. Sur les dix hommes qui se trouvaient à bord des sous-marins, neuf trouvèrent la mort ; le seul survivant, Kazuo Sakamaki, fut capturé[58] et devint le premier prisonnier de guerre japonais fait par les Américains au cours de la Seconde Guerre mondiale. Une étude de l’Institut naval américain conduite en 1999 indique qu’une torpille toucha l'USS West Virginia qui devint la première cible de l’attaque japonaise.

Cette première attaque était menée par six unités dont une avait pour objectif le poste militaire de Wheeler Field (voir le plan). Les Japonais exploitèrent les premiers moments de surprise pour bombarder les navires les plus importants, surtout à l'est de la rade. Chacune des attaques aériennes commençait par les bombardiers et finissait par les unités de combat afin de contrer les poursuites éventuelles. La première attaque engagea le flanc droit de l’ennemi.

La deuxième vague

Un hangar d'avions de l'île Ford brûle.

171 appareils devaient prendre part à la seconde attaque mais deux D3A1 restèrent sur le pont pour ennuis mécaniques et trois autres appareils (1 D3A1 et 2 Zéro) durent retourner apponter pour les mêmes raisons. Aucun avion torpilleur ne fut utilisé car jugé trop vulnérable face à la DCA désormais en alerte[59]. À 8 h 30, la seconde force de frappe de 167 appareils visa le flanc gauche. Elle comprenait :

Elle fut menée par le lieutenant-commandant Shigekazu Shimazaki. Elle était divisée en quatre unités dont l’une fut lancée sur la base de Kānehohe, à l'est de Pearl Harbor. Les différentes formations arrivèrent presque en même temps sur le site depuis plusieurs directions.

Au cours de la deuxième vague, un sous-marin de poche venu en surface fut pris pour cible par le Curtiss et coulé par le destroyer USS Monaghan. La seconde vague s’acheva à 9 h 45[60],[61]. Après l'attaque, des avions survolèrent le site afin d’étudier les dommages et de faire un rapport. Le B5N2 de Fuchida fut probablement le dernier à quitter les lieux. Il prit de nombreuses photos et surveilla le retour des appareils aux porte-avions japonais[62].

Défense américaine

Incendie sur le cuirassé USS Arizona après l'attaque.
Crédit photo : NARA.

Les hommes qui se trouvaient à bord des navires américains furent réveillés par les explosions. Le fameux message « Air raid Pearl Harbor. This is not a drill » (« Attaque aérienne sur Pearl Harbor. Ceci n’est pas un exercice ») fut prononcé par le commandant Logan Ramsey à 7 h 58, cinq minutes après les premières bombes[63]. L'amiral Husband Kimmel alerta Washington quelque temps après.

En dépit du manque de préparation et des scènes de panique, plusieurs militaires se sont illustrés durant la bataille[63]. L’amiral Isaac C. Kidd et le captain Franklin Van Valkenburgh se ruèrent sur le pont de l'USS Arizona afin d’organiser la défense et furent tués par l’explosion d'un dépôt d’armes tout proche. Les deux hommes furent honorés de manière posthume par la médaille d’honneur. L’enseigne de vaisseau Joe Taussig, Jr. dirigea l'artillerie antiaérienne de l'USS Nevada, et fut sévèrement blessé, mais continua néanmoins à servir à son poste. En raison de l'absence du commandant de l'USS Nevada, le lieutenant commander F. J. Thomas en prit le commandement pendant l’attaque, en assura l'appareillage et le manœuvra jusqu'à ce que le bâtiment s'échoue, à 9 h 10. L’un des destroyers, l’USS Aylwin, fit de même avec seulement quatre officiers à son bord, uniquement des enseignes de vaisseau qui avaient peu d’expérience à la mer. Le captain Mervyn Bennion, commandant l'USS West Virginia, dirigea son équipage jusqu’à ce qu'il fut tué par des fragments de bombes. Les premières victimes de l’attaque aérienne se trouvaient sur le sous-marin USS Tautog qui abattit également le premier Japonais. L'Afro-Américain Doris « Dorie » Miller, qui servait comme cuisinier sur l'USS West Virginia, prit le contrôle d’une mitrailleuse de lutte anti-aérienne et s’en servit pour tirer sur des avions japonais : il en toucha au moins un alors que son navire était bombardé dans le même temps. Il reçut la croix de la marine (Navy Cross) après la bataille. Quatorze marins et officiers furent par ailleurs récompensés par la médaille d’honneur. Une distinction militaire spéciale, la Pearl Harbor Commemorative Medal, fut par la suite décernée à tous les vétérans de l’attaque. Dans le ciel, la seule opposition importante vint d’une poignée de Curtiss P-36 Hawk et de Curtiss P-40 Warhawk qui firent vingt-cinq sorties et par les défenses anti-aériennes. Des avions décollèrent pour tenter de repérer la flotte japonaise, en vain[64].

Une troisième vague avortée

Épave du destroyer Shaw à la suite de son explosion.

Certains officiers pressèrent l'amiral Nagumo de lancer une troisième attaque afin d'anéantir les dépôts de carburant et les infrastructures de Pearl Harbor. Certains historiens ont suggéré que la destruction des réserves de carburant et des équipements de réparation aurait fortement handicapé la flotte du Pacifique, bien plus que la perte des navires de ligne. Cependant, Nagumo décida de renoncer à une troisième attaque pour plusieurs raisons : en premier lieu, les défenses antiaériennes eurent plus de succès au cours de la seconde vague et occasionnèrent les 2/3 des dommages nippons. L'effet de surprise avait disparu et une troisième vague risquait d’accroître les pertes japonaises. Ensuite, la préparation d'une troisième attaque aurait pris beaucoup trop de temps, laissant aux Américains la possibilité d'attaquer les forces de Nagumo situées à moins de 400 km au nord d'Oahu. L'armada pouvait rapidement être localisée et prise en chasse par les sous-marins ennemis. En outre, les Japonais ignoraient toujours la position des porte-avions américains et avaient atteint la limite de leurs capacités logistiques : rester plus longtemps augmentait le risque de manquer de carburant. La deuxième vague avait atteint l'objectif initial de la mission, à savoir neutraliser la flotte américaine du Pacifique. On se souvient que les autorités japonaises avaient été réticentes devant cette opération, c'est pourquoi l'expédition devait s'arrêter là. Il était donc temps de partir, d'autant que le Japon avait d'autres objectifs stratégiques dans le Sud-Est asiatique.

Bilan de l'attaque

Du côté américain

Le bilan humain de l'attaque fut lourd : 2 403 Américains sont morts et 1 178 ont été blessés. Les pertes se répartissent ainsi :

  • US Army : 218 morts et 364 blessés ;
  • US Navy : 2 008 morts et 710 blessés ;
  • US Marine Corps : 109 morts et 69 blessés ;
  • civils : 68 morts et 35 blessés, tués ou blessés par les bombes ou les éclats de bombes tombés dans les zones civiles, jusqu'à Honolulu[47].

Près de la moitié des pertes américaines, soit 1 177 hommes, fut provoquée par l'explosion et le naufrage de l'USS Arizona. Celui-ci explosa à cause d'un obus de marine de 406 mm modifié de façon telle qu'il puisse être utilisé comme une bombe de 800 kg, largué par Tadashi Kusumi. La bombe frappa le navire au niveau de la tourelle avant de 356 mm. Le blindage de pont, plus fin dans cette zone, fut traversé par la bombe qui s’arrêta dans la soute à munitions et y explosa[65]. La coque de l'Arizona sert aujourd'hui de mémorial. Il continue d’ailleurs de perdre un peu de carburant, plus de 70 ans après l’attaque.

L'attaque avait visé les cuirassés stationnés dans la rade :

  • l'USS Nevada fut endommagé par une torpille et un incendie ; il fut la cible de nombreuses bombes japonaises lorsqu'il se mit en route pour éviter la submersion dans le chenal et finit par toucher le fond de la rade par l'avant[35]. Il fut renfloué par la suite ;
  • l'USS California fut touché par deux bombes et deux torpilles. L'équipage reçut l'ordre d'évacuer le navire. Il fut renfloué par la suite ;
  • l'USS Utah, ce cuirassé d’un modèle ancien était utilisé comme cible de bombardement mobile. Il constituait une cible facile et fut touché deux fois par des torpilles.
  • l'USS Oklahoma fut frappé par cinq torpilles et chavira ;
  • l'USS Maryland fut atteint par deux obus de marine de 406 mm modifiés sans subir de dommages sérieux ;
  • l'USS Pennsylvania fut touché par une bombe de 250 kg au cours de la deuxième vague d'attaque alors qu'il était en cale sèche sans subir de dommages sérieux ;
  • l'USS West Virginia fut touché par 7 torpilles (la dernière eut pour conséquence de détacher le gouvernail) et 2 bombes de 800 kg. Il fut renfloué par la suite ;
  • l'USS Tennessee fut touché par 2 bombes de 800 kg défectueuses occasionnant seulement des dommages légers.

Même si les Japonais ont concentré leurs tirs sur les navires de ligne, ils n'ont pas épargné les autres cibles. Le croiseur léger USS Helena fut torpillé et le choc provoqua le chavirement du mouilleur de mines USS Oglala situé à côté. Deux destroyers en cale sèche furent détruits lorsque des bombes touchèrent leur réservoir de carburant. L’incendie se propagea à d'autres navires. Le croiseur léger USS Raleigh fut touché par une torpille qui ouvrit une brèche. Le croiseur léger USS Honolulu fut endommagé mais resta en service. Le destroyer USS Cassin chavira et le destroyer USS Downes fut sérieusement endommagé. Le bateau de réparation USS Vestal, rangé bord à bord avec l’Arizona (alors en feu), fut gagné par les flammes qui ravageaient ce dernier et finit par sombrer à son tour. Le navire ravitailleur USS Curtiss fut également endommagé.

La quasi-totalité des 188 avions stationnés à Hawaï furent détruits ou endommagés. Lorsque les Japonais arrivèrent au-dessus des aérodromes américains, ils trouvèrent 155 avions stationnés aile contre aile pour éviter le sabotage (40 % de la population de l'île d'Oahu étant des Américano-Japonais) mais constituant ainsi des cibles idéales. Les attaques sur les casernes tuèrent des pilotes et d’autres membres du personnel[8]. Des tirs amis ont abattu plusieurs avions américains.

L'aéronavale perdit 13 chasseurs, 67 bombardiers, trois avions de transport et quatre forteresses volantes[64] en plus de la moitié des avions de combat qui se sont retrouvés cloués au sol parce qu'ils avaient été disposés aile contre aile, ce qui les empêcha de décoller rapidement. L'aviation de l'armée de terre fut aussi gravement touchée : 12 B-18, 20 A-9, A-20, P-26, 20 P-36 et 32 P-40[66].

Les pertes de l’US Navy classées par durée d’immobilisation des navires[67]
NomTypeMise en serviceTouché parTuésRetour au combatMois d’immobilisation et
commentaires
Navires détruits
1ArizonaCuirassé19162 bombes de 800 kg1 177Définitif
2OklahomaCuirassé19165 torpilles429Définitif
3UtahBateau cible19112 torpilles58Définitif
Navires endommagés
4West VirginiaCuirassé19237 torpilles, 2 bombes de 800 kg (1 défectueuse)106juillet 194431
5OglalaMouilleur de mines19171 torpille (dommages indirects)0février 194426
6CassinDestroyer19362 bombes de 250 kg0février 194426
7CaliforniaCuirassé19212 torpilles, 1 bombe de 250 kg105janvier 194425
8DownesDestroyer19371 bombe de 250 kg12novembre 194323
9NevadaCuirassé19161 torpille, 5 bombes de 250 kg57octobre 194210
Échoué pour éviter la submersion dans le chenal.
10VestalNavire atelier19132 bombes de 250 kg (1 défectueuse)7août 19428
11ShawDestroyer19363 bombes de 250 kg24juin 19426
12HelenaCroiseur léger19391 torpille34juin 19426
13PennsylvaniaCuirassé19161 bombe de 250 kg32mars 19423
14TennesseeCuirassé19202 bombes de 800 kg défectueuses5février 19422
15MarylandCuirassé19212 bombes de 800 kg défectueuses4février 19422
16RaleighCroiseur léger19241 torpille, 1 bombe de 250 kg0février 19422
17CurtissPorte-hydravions19401 bombe de 250 kg21janvier 19421
18HonoluluCroiseur léger19381 bombe de 250 kg (dommages indirects)0janvier 19421
19HelmDestroyer19372 bombes de 250 kg (dommages indirects)0décembre 19410
20New Orleanscroiseur lourd1931Dommages indirects0décembre 19410
Dommages légers

Dans le camp japonais

Du côté japonais, les pertes humaines furent beaucoup moins lourdes : 64 morts (aviateurs et neuf sous-mariniers[47]) ; l'enseigne Kazuo Sakamaki fut capturé, premier prisonnier de guerre japonais du conflit. Le mitrailleur Onishi sauta de son B5N2 en flamme sans parachute ; il sera repêché vivant mais succombera à ses blessures peu de temps après[68]. Fusata iida, commandant de la chasse du Soryu, précipita son Zéro touché par la DCA sur un hangar mais rata sa cible de peu[69]. Le pilote Shigenori Nishikaïchi dont le Zéro était également trop endommagé pour rentrer, se posa sur l'île de Niihau mais fut tué le 13 décembre[70] (voir incident de Niihau).

Le bilan matériel fut aussi limité : les cinq sous-marins de poche engagés furent coulés ou capturés et un sous-marin de croisière a été coulé le (le I-70 avec 121 membres d'équipage fut détruit par des avions de l'USS Enterprise). Sur les 441 avions japonais disponibles, 350 prirent part à l’attaque et 29 furent abattus durant la bataille[47], neuf au cours de la première vague, vingt dans la seconde. 74 autres furent touchés par les défenses antiaériennes et l’artillerie au sol. Peu après que l'escadre nippone eut fait demi tour, les Japonais perdirent également un 30e appareil quand le pilote de Zéro Nomura se tua en manquant son appontage sur le Soryu à la suite d'une mission de reconnaissance[62].

Le plan audacieux de Yamamoto et de Genda avait atteint ses objectifs.

Les pertes aériennes de la Marine impériale[71]
Première vague d'attaque
Porte-avionsAvionsTotal
Akagi1 A6M21
Kaga2 A6M2 + 5 B5N27
Shokaku1 D3A11
Deuxième vague d'attaque
Akagi4 D3A14
Hiryu1 A6M2 + 2 D3A13
Kaga2 A6M2 + 6 D3A18
Soryu3 A6M2 + 2 D3A15

Un succès à relativiser

« Vengez Pearl Harbor ». Plus bas « Nos balles le feront ».

Cependant, l'armada japonaise s'en retourna sans qu'aucun porte-avions américain ne fût détruit car ils ne se trouvaient pas à Pearl Harbor. L'USS Enterprise rentrait au port et se trouvait à 300 km au début de l'attaque (six des dix-huit SBD Dauntless qu'il avait fait décoller à 6 h 20 en direction d'Hawaï ont été détruits), l'USS Lexington livrait des avions aux îles Midway et l'USS Saratoga était à San Diego en train d'embarquer son groupe aérien après une période d'entretien et réparations. D'autre part, presque tous les navires touchés étaient des vieux bâtiments ; 80 % d'entre eux furent remis en état et modernisés après l'attaque[64]. Les destroyers Cassin et Downes furent gravement endommagés mais leurs machines furent sauvées et elles équipèrent d’autres bâtiments portant leur nom d’origine. Les pertes matérielles les plus graves furent celles des 155 avions et des dégâts matériels dans la base.

Finalement, l'attaque japonaise sur Pearl Harbor fut une brillante réussite tactique mais un échec du point de vue stratégique. Malgré les pertes, la base resta opérationnelle (le port, les pistes, les réservoirs de carburant et les ateliers de réparation n'ont pas été détruits ou marginalement). Yamamoto aurait dit : « Je crains que tout ce que nous avons réussi à faire est de réveiller un géant endormi et de le remplir d'une terrible résolution. »

Contrainte de se battre sans cuirassés, la marine américaine développa par la suite de nouvelles tactiques navales reposant sur des Task forces combinant des porte-avions et des sous-marins, reprenant la stratégie japonaise employée à Pearl Harbor. Ces nouvelles méthodes permirent de freiner l'avance japonaise en 1942, délai que l'amiral Yamamoto estimait avoir donné au Japon avant que la capacité industrielle démultipliée des États-Unis ne leur donne une supériorité écrasante. Paradoxalement, la doctrine navale japonaise continuait à ce moment à considérer les cuirassés comme les navires les plus importants.

Conséquences et portée de l'événement

Entrée en guerre des États-Unis

Roosevelt s'adresse au Congrès américain le .

Après l'attaque japonaise sur la base navale américaine, le président Roosevelt engagea son pays dans la Seconde Guerre mondiale aux côtés des Alliés. Les Japonais firent une déclaration de guerre officielle, mais à cause de divers contretemps, elle ne fut présentée qu'après l'attaque.

Le , le président Roosevelt déclare (en) :

« Hier, 7 décembre 1941 — une date qui restera à jamais marquée dans l'Histoire comme un jour d’infamie — les États-Unis d'Amérique ont été attaqués délibérément par les forces navales et aériennes de l'empire du Japon. Les États-Unis étaient en paix avec le Japon et étaient même, à la demande de ce pays, en pourparlers avec son gouvernement et son empereur sur les conditions du maintien de la paix dans le Pacifique. Qui plus est, une heure après que les armées nippones eurent commencé à bombarder Oahu, un représentant de l'ambassade du Japon aux États-Unis a fait au secrétariat d'État une réponse officielle à un récent message américain. Cette réponse semblait prouver la poursuite des négociations diplomatiques, elle ne contenait ni menace, ni déclaration de guerre […]. J'ai demandé […] que le Congrès déclare depuis l'attaque perpétrée par le Japon dimanche 7 décembre, l'état de guerre contre le Japon[65]. »

Le Congrès américain déclara la guerre au Japon (en) à la quasi unanimité ; seule la pacifiste Jeannette Rankin (députée républicaine du Montana) s'opposa à cette décision. Roosevelt signa la déclaration le jour même. Avec la loi sur la conscription du 20 décembre 1941, la mobilisation s'élargit à tous les Américains entre 20 et 40 ans[72]. Le débuta la conférence Arcadia au cours de laquelle Churchill et Roosevelt décidèrent d'unir leurs forces contre l'Allemagne nazie. La Déclaration des Nations unies du prévoyait la création de l'ONU. Enfin, le pays dut convertir son économie pour répondre aux besoins de la guerre, un processus qui commença le avec l'annonce du « programme de la Victoire ». L'entrée en guerre des États-Unis marquait un tournant dans la mondialisation du conflit.

Le lendemain, , le Royaume-Uni déclarait la guerre au Japon et Winston Churchill écrira plus tard dans ses Mémoires :

« Aucun Américain ne m'en voudra de proclamer que j'éprouvai la plus grande joie à voir les États-Unis à nos côtés. Je ne pouvais prévoir le déroulement des événements. Je ne prétends pas avoir mesuré avec précision la puissance guerrière du Japon, mais je compris que, dès cet instant, la grande République américaine était en guerre, jusqu'au cou et à mort. Nous avions donc vaincu, enfin[73] ! »

Réaction du Japon et de ses alliés

Carte des conquêtes japonaises (1937-1942).

Dans les heures qui suivirent, le Royaume-Uni (et son empire colonial, le Canada, l'Australie, l'Afrique du Sud) entrèrent en guerre contre le Japon.

L'Allemagne nazie et l'Italie fasciste déclarèrent la guerre aux États-Unis le , quatre jours après l'attaque de Pearl Harbor. Selon les termes du pacte tripartite, Hitler et Mussolini n'étaient pourtant pas obligés de déclarer la guerre. Cependant, les relations entre les pays européens de l’Axe et Washington s'étaient détériorées depuis 1937.

Les adversaires du New Deal de Roosevelt, notamment le Chicago Tribune, rendirent public le plan de guerre américain pour l’Europe. Hitler estimait qu'un conflit avec les États-Unis était inévitable. Ce sentiment fut renforcé par la publication du plan américain, par l’attaque de Pearl Harbor et par le discours de Roosevelt. Il sous-estima également la puissance productive des États-Unis, leur capacité à combattre sur deux fronts à la fois (en Europe et dans le Pacifique) et les conséquences du prêt-bail sur ses adversaires. Les nazis escomptaient qu'à la suite de la déclaration de guerre contre les États-Unis, le Japon s'engagerait davantage contre l'URSS (avec laquelle il est en paix depuis la conclusion du pacte nippo-soviétique du ) et les possessions européennes en Asie[74]. Toutefois, le front chinois et le théâtre d'opération méridional accaparèrent l'essentiel des forces de l'empire du Japon.

Dans les heures qui ont suivi l'attaque de Pearl Harbor, les Japonais attaquèrent diverses colonies et bases militaires britanniques et américaines en Asie et dans le Pacifique : la Malaisie, Hong Kong, Guam et Wake. Peu après les événements de Pearl Harbor, les bombardiers de la 11e flotte aérienne japonaise s'en prirent à la 7e flotte de l'Air Force américaine basée aux Philippines et à la force « Z » britannique, ce qui ouvrait la voie à la capture des deux premiers objectifs visés. Le , les forces nippones contrôlaient le nord de l'île de Bornéo, Hong Kong capitula le et Singapour tomba en .

L'événement vu par les Japonais

Bien que la propagande antiaméricaine eût préparé l'opinion publique japonaise à la guerre contre les États-Unis, il semble que la plupart des Japonais furent surpris lorsqu'ils apprirent la nouvelle : l'attaque avait en effet été menée dans le plus grand secret. Elle était présentée et ressentie comme un coup d'éclat et finit par rallier les sceptiques face à la guerre[75]. Pour l'état-major et le gouvernement japonais, l'attaque de Pearl Harbor n’était qu’une réponse juste à la politique agressive de Washington. Il considérait que les Alliés, et particulièrement les États-Unis, multipliaient depuis longtemps les provocations à l'égard des Japonais. Aussi, l’attaque de Pearl Harbor ne relèverait pas de la trahison car Washington se préparait depuis longtemps à la guerre. Aujourd'hui encore, un certain nombre de Japonais pensent que leur pays a été poussé à se battre pour protéger la sécurité nationale et leurs intérêts[76]. En 1991, le ministre japonais des affaires étrangères rappela que le Japon avait donné une déclaration de guerre à 13 h (le message en 14 points), heure de Washington DC, 25 minutes avant le début de l’attaque de Pearl Harbor.

Le sentiment anti-japonais aux États-Unis

Un camp d'internement pour les Japonais, Manzanar, Californie, juillet 1942.

Les photographies des bâtiments en flamme et des destructions à Pearl Harbor soulevèrent une émotion certaine dans le monde entier[77]. L'attaque japonaise galvanisa la nation américaine et l'unit pour atteindre un but : celui de faire capituler l'Empire du Soleil levant. Le comité pacifiste America First décida lui-même sa dissolution et les adversaires politiques de Roosevelt cessèrent provisoirement leurs attaques. Le sentiment de trahison et la peur du sabotage ou de l’espionnage rendirent suspects les Japonais vivant sur le sol américain et les Américains d'origine japonaise. Le général John DeWitt et le secrétaire à la Marine Frank Knox évoquèrent l'existence d'une cinquième colonne sur le sol américain.

Dans les jours qui suivirent l’attaque, plusieurs rumeurs circulèrent : les ouvriers nippons de l’île auraient coupé les champs de canne à sucre pour former des flèches indiquant le chemin vers Pearl Harbor[78]. D'autres rumeurs touchèrent le président Roosevelt et Marshall qui auraient été au courant de l’attaque. Enfin, la crainte d'un débarquement japonais à la suite de l'attaque ajouta un élément à la confusion qui régnait à Hawaï.

C'est dans ce contexte que 110 000 Japonais et citoyens américains d'origine japonaise[79] furent rassemblés et surveillés dans des camps d'internement (War Relocation Centers). L'ordre exécutif 9066 du fut signé par Roosevelt et concerna l'ouest du pays où se concentraient les populations japonaises ; des camps furent ouverts dans des régions isolées des États de Washington, de Californie et de l'Oregon. Cependant, les Japonais des îles Hawaï ne furent pas internés car l'armée et la marine avaient besoin de main d'œuvre[80]. Des Américains d'origine japonaise furent incorporés dans l'Armée américaine notamment dans le 442e Regimental Combat Team qui combattit en Europe à partir de 1943 et subit de lourdes pertes. En 1988, le Congrès présenta officiellement ses excuses pour ces arrestations arbitraires en votant une loi qui indemnisait les victimes encore vivantes[81].

Pearl Harbor peut également expliquer la détermination des États-Unis à procéder aux bombardements atomiques d'Hiroshima et Nagasaki.

Portée et signification

Le mémorial de l'USS Arizona, Pearl Harbor.

L'attaque de Pearl Harbor est toujours considérée par les Américains comme l'un des événements les plus importants de leur histoire : c'était en effet la première fois depuis la guerre de 1812 que le sol américain était attaqué par un pays étranger. Soixante ans plus tard, des journalistes et personnalités politiques comparèrent les attentats du 11 septembre 2001 à l'attaque du [82],[83],[84].

De nombreux films japonais et américains ont relaté cet épisode de la Seconde Guerre mondiale. Tant qu'il y aura des hommes réalisé en 1953 par Fred Zinnemann évoque la vie des militaires à Pearl Harbor. Le film Tora! Tora! Tora! de Richard Fleischer en 1970 donne une description assez réaliste des événements, prenant à la fois les points de vue américain et japonais. Le film documente notamment la longue liste d'erreurs et d'accidents qui rendirent cette attaque si destructrice pour les forces américaines. Le titre reprend le mot Tora qui signifie « tigre ». Il s'agit du message radio envoyé par Mitsuo Fuchida, le commandant de la mission. Le film 1941, réalisé par Steven Spielberg et sorti en 1979, évoque le climat de panique après l'attaque. Dans Nimitz, retour vers l'enfer de Don Taylor (1980), un porte-avions nucléaire voyage dans le temps et se retrouve à Pearl Harbor, la veille de l'attaque, avec la possibilité de changer l'Histoire. Pearl Harbor (2001) de Michael Bay reprend des scènes de Tora! Tora! Tora! comme celle du cuisinier-mitrailleur.

Un événement controversé

L'attaque de Pearl Harbor fit l'objet de nombreuses polémiques dès les lendemains des événements : entre décembre 1941 et juillet 1946, sept commissions administratives et une commission spéciale enquêtèrent pour établir les responsabilités et les négligences[85].

Les commissions d'enquête

La première commission, dirigée par Owen Roberts, fut constituée dès le mois de décembre 1941 et rendit ses conclusions au Congrès des États-Unis en . Elle accusa les officiers de la base (Walter Short et Husband Kimmel) de manquement à leur devoir, en particulier dans la défense de Pearl Harbor ; les deux hommes furent relevés de leurs fonctions. Cependant, le Sénat des États-Unis vota leur réhabilitation en mai 1999 (non signée ni par Clinton ni par Bush).

Les négligences et erreurs américaines

Walter Short

L'attaque de Pearl Harbor par les Japonais provoqua un choc immense dans l'opinion publique, à la tête de l'armée et de l'État. Les journalistes et les politiques posèrent rapidement la question des responsabilités. Il paraissait en effet évident que plusieurs erreurs avaient été commises : encore fallait-il déterminer si elles l'avaient été de manière intentionnelle ou non. Plusieurs défaillances se sont accumulées et ont contribué au désastre : l'entrée de la rade n'était pas protégée par des filets anti torpilles ; les navires, alignés côte à côte sur ordre de l'amiral Claude C. Bloch en raison du manque de place, offraient des cibles idéales ; les soldats ont cru lors des premiers bombardements qu'il s'agit d'un exercice, pensant que les avions venaient de Californie[86].

Short estimait que le danger le plus immédiat pour les aérodromes était le sabotage et avait donc ordonné que les avions soient concentrés en des endroits aisés à surveiller, ce qui facilita leur destruction par l'attaque aérienne. Short ne croyait pas à l’efficacité du radar, invention relativement nouvelle. L'équipe de surveillance du radar n'avait pas été remplacée après 7 heures puisqu'aucune patrouille n'était de service le dimanche matin. Les diverses installations militaires n'étaient pas camouflées. La cryptanalyse des codes secrets (Code 97 des purple machines) aurait dû aider Pearl Harbor[47], mais les Japonais pratiquaient la contre-information et ils n’ont pas été transmis à l'heure (George Marshall préféra le télégraphe au téléphone qu'il pensait être écouté par les Japonais), d'autant plus qu'il n'y avait aucun décodeur à Hawaï. Enfin, les divergences entre Short et Kimmel furent une des raisons du manque de coordination et les dysfonctionnements dans le système de défense de Pearl Harbor.

Les révélations d'un agent double

De nombreux signes et avertissements n'ont pas été entendus ou compris. Quatre mois avant l'attaque, l'espion serbe Dušan Popov, à l'instar de Richard Sorge, informe les services secrets britanniques puis américains des intentions nippones. Les actualités de Paramount dès le montraient qu'une attaque pourrait avoir lieu sur Pearl Harbor[86].

Dans un ouvrage publié en 2011, Comment Roosevelt fit entrer les États-Unis dans la guerre, Arnaud Blin indique[87] que l'agent double Dusko Popov avait dévoilé par un questionnaire des services secrets britanniques[88] (MI5) que les amiraux japonais avaient réclamé à l'Abwehr une étude détaillée du bombardement par la RAF de la flotte italienne dans le port de Tarente les et . Bien que le directeur du FBI J. Edgar Hoover ait reçu l'espion Popov le dans son bureau, il ne transmit qu'un échantillon du questionnaire à la Maison Blanche.

L’amiral Harold Rainsford Stark, chef des opérations navales américaines, avait envoyé un message d’alerte au commandant en chef des flottes de l’Asie orientale et du Pacifique à Hawaï[48]. L'état-major américain redoutait donc une attaque japonaise mais il ne l'attendait pas à Pearl Harbor, ayant une confiance aveugle dans l'isolement de l'île, à plusieurs milliers de kilomètres du Japon. Stark était convaincu que l’attaque aurait lieu aux Philippines ou à Singapour, ce qui ne constituait pas un casus belli, selon les déclarations de Roosevelt.

Blin a donc la conviction que la surprise de Roosevelt était bien réelle lorsque Knox l'informa de l'attaque.

Le , lorsqu'il apprend que Pearl Harbor a été attaquée, il s'écria incrédule :

« Mon Dieu, ça ne peut pas être vrai. Il s'agit sûrement des Philippines[89] ! »

Les défenses naturelles de Pearl Harbor semblaient la protéger efficacement. Les Américains craignaient davantage un acte de sabotage ou un débarquement, plutôt qu'une attaque aérienne, qu'ils jugeaient impossible. Les menaces transmises ne furent pas prises au sérieux.

La mise en cause du président Roosevelt

L'amiral Kimmel, déchu de son poste, contributeur de la thèse sur Roosevelt.

Une thèse très controversée[90] affirme que Roosevelt était au courant de l'attaque et qu'il laissa faire pour provoquer l'indignation de la population et faire entrer son pays dans la guerre[91]. Cette théorie fut d'abord avancée par les officiers déchus par les commissions d'enquête : Kimmel se dit victime d'un complot visant à cacher la responsabilité du gouvernement et de l'état-major. Il diffusa cette idée dans ses Mémoires, parus en 1955. Le contre-amiral Robert Alfred Theobald, qui commandait les destroyers à Pearl Harbor[92], écrivit dans un ouvrage traduit en français :

« Notre conclusion principale est que le président Roosevelt contraignit le Japon à faire la guerre en exerçant en permanence sur lui une pression diplomatique et économique, et l'incita à ouvrir les hostilités par une attaque surprise en maintenant la flotte du Pacifique dans les eaux hawaïennes comme appât[93]. »

Cette thèse fut reprise par les adversaires de Roosevelt et de sa politique extérieure[94]. Les négligences furent utilisées par les républicains pour discréditer le camp démocrate après 1945[95]. Plus tard, plusieurs historiens américains, comme Charles Austin Beard et Charles C. Tansill (en)[96] essayèrent de prouver l'implication du président.

Les faits cités à l'appui de cette hypothèse sont notamment l'absence supposée providentielle des trois porte-avions en manœuvre le jour de l'attaque et qui ne furent donc pas touchés, le fait que les nombreux messages d'avertissement furent ignorés et enfin les négligences locales. Certains soupçonnent le gouvernement américain d'avoir tout fait pour ne recevoir la déclaration de guerre japonaise qu'après le bombardement. Les partisans de cette thèse sont convaincus que Roosevelt a poussé les Japonais à la guerre tout au long des années 1930 afin de convaincre le peuple américain, majoritairement isolationniste et partisan de la neutralité[97].

Le président américain Roosevelt signant la déclaration de guerre contre le Japon, une fois son discours prononcé devant le Congrès (en).

Il est, cependant, difficile d'imaginer que Roosevelt ait laissé détruire autant de bâtiments de la Marine uniquement pour engager son pays dans la guerre. En effet, la valeur tactique des porte-avions était méconnue en 1941, même si d'évidence, compte tenu des investissements réalisés, les Japonais et les Américains fondaient de gros espoirs sur cette nouvelle unité marine. C'était encore le cuirassé qui faisait figure de navire principal dans les flottes de guerre, et même l'amiral Yamamoto envisageait la confrontation finale entre les deux pays sous la forme d'un combat entre cuirassés. Dès lors, tout officier au courant de l'attaque aurait fait en sorte de protéger les cuirassés qui seraient alors partis au large en sacrifiant les porte-avions. Ce choix aurait été logique pour les autorités de la Marine et paradoxalement plus néfaste aux Américains dans la poursuite de la guerre. L'amiral Chester Nimitz livra une analyse similaire dès 1945 :

« Si l'amiral Husband Kimmel, alors commandant des forces américaines à Pearl Harbor, avait reçu 24 heures à l'avance la nouvelle de l'attaque, il aurait fait partir toutes nos forces à la rencontre des Japonais. Nous n'avions pas un seul porte-avions capable de s'opposer à la formation des porte-avions de l'amiral Nagumo, et les Japonais auraient coulé chacun de nos bateaux en haute mer. Nous aurions perdu 60 000 hommes et la quasi-totalité de notre flotte du Pacifique. »

Quant au message d’alerte, il arriva trop tard à Pearl Harbor à cause du décalage horaire, du jour (un dimanche), des maladresses et des problèmes techniques[52]. En outre, les services de renseignement américains travaillaient séparément et étaient souvent incompétents[98]. Si la plupart des messages secrets ennemis étaient déchiffrés, ceux de la Marine japonaise restaient souvent mystérieux. De plus, les services japonais pratiquaient le jeu de la désinformation[98].

Par conséquent, rien ne permet d’affirmer que Roosevelt était au courant de l'attaque de Pearl Harbor[99],[100] bien qu'il ait presque certainement accumulé des actes contraires à la neutralité dans les années 1930. Cependant, les sanctions économiques visaient avant tout les Allemands[95], et Roosevelt donnait la priorité au théâtre européen des opérations, comme le montre, par exemple la conférence Arcadia, et la guerre contre le Japon ne fut jamais sa priorité absolue.

Si Roosevelt et son entourage étaient conscients des risques de guerre provoqués par la politique de soutien au Royaume-Uni, à l'URSS et à la Chine, il n'y a pas d'indication qu'il ait souhaité l'attaque de Pearl Harbor. Le désastre fut provoqué par la préparation minutieuse des Japonais, par une série de négligences locales et par des circonstances particulièrement défavorables aux Américains.

Notes et références

Notes

  1. Les Nakajima B5N2 Kate pouvait être employés aussi bien en tant que bombardiers en palier que comme bombardiers torpilleurs, selon qu'ils étaient armés de bombes ou de torpilles.
  2. Il faut du temps aux avions pour parcourir la distance qui sépare la flotte japonaise de Pearl Harbor.
  3. Heure d’Hawaï ; 3 h 23 le heure du Japon.

Références

  1. Bernstein et Milza 1996, p. 225.
  2. Binoche 2003, p. 185.
  3. Worth, Jr. 1995.
  4. Ian Kershaw 2009, p. 478.
  5. Ian Kershaw 2009, p. 480.
  6. Ian Kershaw 2009, p. 486.
  7. Ian Kershaw 2009, p. 536.
  8. Harter 2011.
  9. Ian Kershaw 2009, p. 503.
  10. Ian Kershaw 2009, p. 504.
  11. Peter Wetzler 1998, p. 44.
  12. Paul-Yanic Laquerre, Showa, chroniques d'un dieu déchu, Kindle, 2008, p. 54.
  13. Ian Kershaw 2009, p. 505.
  14. Ian Kershaw 2009, p. 511.
  15. Ian Kershaw 2009, p. 520.
  16. Ian Kershaw 2009, p. 512.
  17. Ian Kershaw 2009, p. 518.
  18. Ian Kershaw 2009, p. 524.
  19. Peter Wetzler 1998, p. 29, 35 et 39.
  20. Paul-Yanic Laquerre Showa, chroniques d'un dieu déchu, Kindle, 2008, p. 55-56.
  21. Michel 2001, p. 334.
  22. Peter Wetzler 1998, p. 39.
  23. Herbert Bix, Hirohito and the Making of Modern Japan, p. 430-431 ; Paul-Yanic Laquerre, Showa, chroniques d'un dieu déchu, Kindle, 2008, p. 57.
  24. Michel 2001, p. 340.
  25. S. Bernstein, P. Milza, Histoire du XXe siècle. […], 1996, p. 414
  26. Michel 2001, p. 323.
  27. Le shintoïsme proclame l'origine divine du Japon.
  28. Michel 2001, p. 337.
  29. Michel 2001, p. 344.
  30. Michel 2001, p. 345.
  31. Abbad 1992, p. 150.
  32. S. Bernstein, P. Milza, Histoire du XXe siècle […], 1996, p. 414.
  33. Jacques Binoche, Histoire des États-Unis, Paris, Ellipses, 2003 (ISBN 2-7298-1451-5), p. 182.
  34. P. Vallaud, Témoins de l’Histoire, 2002, p. 211.
  35. P. Miquel, La Seconde Guerre mondiale, 1986, p. 338.
  36. (en) Administrative Order of Battle : 8 / 7 December 1941 - World War II Armed Forces : Orders of Battle and Organizations.
  37. Jean Trogoff 1993, p. 267.
  38. (en) Ships Present at Pearl Harbor, 0800 7 December 1941 - US Navy (voir archive).
  39. André Kaspi 1997, p. 425.
  40. (en) Japanese Monograph No. 97 - Pearl Harbor Operations : General Outline of Orders and Plans, General Headquarters Far East Command-Foreign Histories Division. 1950 [lire en ligne].
  41. Jean Trogoff 1993, p. 263.
  42. Jeremy R. Hammond, « The day of infamy », dans Yirmeyahu Review, 8 novembre 2002.
  43. Michel 2001, p. 335.
  44. (en) Gordon W. Prangue, Miracle at Midway, Open Road Media, , 488 p. (ISBN 978-1-4804-8945-5, lire en ligne), p60.
  45. Michel 2001, p. 336.
  46. Peter Wetzler 1998, p. 29-35.
  47. P. Vallaud, Témoins de l’Histoire, 2002, p. 216.
  48. Jean Trogoff 1993, p. 265.
  49. « Pearl Harbor, une attaque surprise préméditée de longue date », sur le site du Mémorial de Caen, page consultée le 21/01/2007.
  50. Wetzler, Ibid., p. 39.
  51. Jean Trogoff 1993, p. 266.
  52. Abbad 1992, p. 153.
  53. Jean Trogoff 1993, p. 268.
  54. Jean Trogoff 1993, p. 269.
  55. Jean Trogoff 1993, p. 270.
  56. Edward Jablonski, L'aviation américaine en guerre, Amsterdam, Éditions Time-Life, 1983, p. 17.
  57. H.P. Willmott, La guerre du Pacifique, 1941-1945, 2001, p. 52-53.
  58. Arakaki et Kuborn 1941, p. 159.
  59. Ledet 2006, p. 122.
  60. Jean Trogoff 1993, p. 273.
  61. « 7 décembre 1941 : les Japonais attaquent Pearl Harbor » sur le site d’Hérodote, page consultée le 21/01/2006.
  62. Ledet 2006, p. 129.
  63. André Kaspi 1997, p. 426.
  64. André Kaspi 1997, p. 428.
  65. P. Vallaud, Témoins de l’Histoire, 2002, p. 217.
  66. Abbad 1992, p. 158.
  67. Tableau donné par Pierre Grumberg, magazine Guerres & Histoire, no 4, décembre 2011, p. 49.
  68. Ledet 2006, p. 117.
  69. Ledet 2006, p. 126, 127.
  70. Ledet 2006, p. 127.
  71. Ledet 2006, p. 131.
  72. J.-M. Lacroix, Histoire des États-Unis, 2006, p. 388.
  73. André Castelot, « Il y a trente ans : Pearl Harbor », Historia no 301 décembre 1971, p. 40-49.
  74. J. Pauwels, Le mythe de la bonne guerre, éd. fr. Aden Belgique, 2005 (ISBN 2-9304-0211-3).
  75. Abbad 1992, p. 154.
  76. Haruko Taya & Theodore F. Cook, Japan at War: An Oral History, New Press, Reprint edition, 1993 (ISBN 1-5658-4039-9).
  77. Vidalenc 1970, p. 165.
  78. André Kaspi 1997, p. 446.
  79. J.-M. Lacroix, Histoire des États-Unis, 2006, p. 389.
  80. André Kaspi 1997, p. 449.
  81. André Kaspi, François Durpaire, Hélène Harter, Adrien Lherm, La civilisation américaine, Paris, PUF, collection quadrige, 2004 (ISBN 2-1305-4350-2), p. 68.
  82. « Pearl Harbor and 9/11: A fleeting day of infamy », sur Los Angeles Times,
  83. Clément Chéroux, « Le déjà-vu du 11-Septembre », Études photographiques, no 20, (lire en ligne)
  84. « Bush On 9/11: Moment To Moment : The President Talks In Detail About His Sept. 11 Experience », sur CBS News,  : « The Oval Office speech came at the end of the bloodiest day in American history since the Civil War. Before he walked to the White House residence for the night, Mr. Bush dictated these words for the White House daily log: "The Pearl Harbor of the 21st century took place today. We think it's Osama bin Laden." »
  85. André Kaspi 1997, p. 430.
  86. Marc Ferro, « Les 70 ans de Pearl Harbor », émission Au cœur de l'histoire, 6 décembre 2011.
  87. Arnaud Blin, Comment Roosevelt fit entrer les États-Unis dans la guerre, André Versaille, 2011, pages 29 à 31.
  88. Lire la biographie de John Cecil Masterman.[réf. incomplète]
  89. André Kaspi 1997, p. 434.
  90. La Pearl Harbor advance-knowledge conspiracy theory (en).[réf. incomplète]
  91. (en) « FDR provoked the Japanese attack on Pearl Harbor », rationalrevolution.net.
  92. Castelot, p. 48.
  93. Robert Theobald, Le Secret de Pearl Harbor, Payot, Paris, 1955, p. 151.
  94. A. Kaspi, « Pearl Harbor : une provocation américaine ? », dans L'Histoire, no 101, juin 1987, p. 37.
  95. Michel 2001, p. 339.
  96. André Kaspi 1997, p. 436.
  97. Lire à ce sujet « Roosevelt est-il coupable ? », dans André Kaspi 1997, p. 435-442.
  98. André Kaspi 1997, p. 433.
  99. P. Vallaud, Témoins de l’Histoire, 2002, p. 212.
  100. Howard Zinn, Frédéric Cotton (trad.), Une histoire populaire des États-Unis, de 1492 à nos jours, Paris, Agone, 2002 (ISBN 2-9108-4679-2), p. 466.

Bibliographie

Ouvrages et revues en français

  • Eddy Dufourmont, Histoire politique du Japon, de 1853 à nos jours, Paris, Presses Universitaires de Bordeaux, , 496 p. (ISBN 979-10-300-0104-4, EAN 9791030001044, notice BnF no FRBNF45237499).
  • Jean-Jacques Antier, Pearl Harbor, Paris, Presses de la Cité, .
  • Ernest Arroyo, Pearl Harbor, New York, MetroBooks, , 160 p. (ISBN 1-58663-149-7).
  • A.J. Barker, « Pearl Harbour : un stupéfiant désastre », Histoire illustrée de la Seconde Guerre mondiale, Marabout, no GM 15, .
  • Serge Bernstein et Pierre Milza, Histoire du XXe siècle Tome 1 : 1900-1945 : la fin du « monde européen », Paris, Hatier, (ISBN 2-218-71564-3 et 2-218-71565-1, notice BnF no FRBNF35856649), chapitres 19, 21 et 34 pour le contexte général et l’expansionnisme japonais.
  • Jacques Binoche, Histoire des États-Unis, Paris, Ellipses, , 253 p. (ISBN 2-7298-1451-5, notice BnF no FRBNF39072080).
  • André Castelot, « Il y a trente ans : Pearl Harbor », Historia, no 301, , p. 40-49.
  • Claude Delmas, Pearl Harbor : la guerre devient mondiale, Paris, Complexe, , 253 p. (ISBN 2-87027-884-5, notice BnF no FRBNF39088665, lire en ligne).
  • Patrick Facon, Pearl Harbor - 7 décembre 1941, Vichy, Éditeal, , 104 p. (ISBN 978-2-36450-003-7, EAN 9782364500037, notice BnF no FRBNF42560583, présentation en ligne).
  • Pierre Grumberg et Benoist Bihan, « Dossier Pearl Harbor », Guerres & Histoire, no 4, , p. 30-53.
  • Hélène Harter, Pearl Harbor : 7 décembre 1941, Paris, Tallandier, coll. « L'histoire en batailles », , 194 p. (ISBN 978-2-84734-687-9, EAN 9782847346879, ISSN 2112-9207).
  • André Kaspi, Franklin Roosevelt, Paris, Fayard, , 647 p. (ISBN 2-213-02203-8, notice BnF no FRBNF34961066), chap. 12, p. 423-451.
  • André Kaspi, « Pearl Harbor : une provocation américaine ? », L'Histoire, no 101, , p. 36-44.
  • Ian Kershaw, Choix fatidiques, Paris, Éditions du Seuil, , 813 p. (ISBN 978-0-7139-9712-5).
  • Jean-Michel Lacroix, Histoire des États-Unis, Paris, PUF, coll. « Quadrige. Manuels », , 614 p. (ISBN 2-13-055477-6, EAN 9782130554776, notice BnF no FRBNF40202813).
  • Paul-Yanic Laquerre, Showa, chroniques d'un dieu déchu, Paris, Kindle, (ASIN B00H6T5UM6).
  • Walter Lord (trad. de l'anglais par Bernard Ullmann), Pearl Harbour : ce jour-là (7 décembre 1941), Paris, Robert Laffont, coll. « Ce jour-là », , 245 p. (ISBN 2-221-09493-X, notice BnF no FRBNF37635679).
  • Henri Michel, La Seconde Guerre mondiale, Paris, Omnibus, , 977 p. (ISBN 2-258-05603-9, notice BnF no FRBNF37657107).
  • Pierre Miquel, La Seconde Guerre mondiale, Paris, Fayard, (ISBN 2-213-01822-7).
  • Michel Mourre, « Pearl Harbor », Dictionnaire encyclopédique d'histoire, p. 3578.
  • Robert Alfred Theobald (contre-amiral), Le secret de Pearl Harbor, Paris, Payot, .
  • Jean Trogoff, Les grandes dates de la guerre sur mer : 1939-1945, Rennes, Éditions Ouest-France, , 362 p. (ISBN 2-7373-1395-3, notice BnF no FRBNF35618888).
  • Pierre Vallaud, Témoins de l’Histoire. La Seconde Guerre mondiale, plus de 500 documents inédits, Paris, Éditions Acropole, coll. « Témoins de l'histoire », , 701 p. (ISBN 2-7357-0230-8, notice BnF no FRBNF39058670).
  • Dan van der Vat (trad. de l'anglais par Christophe Dutrône), Pearl Harbor, Paris/Toronto (Canada), Éditions Pierre de Taillac, coll. « Images de guerre », , 176 p. (ISBN 978-2-36445-005-9, EAN 9782364450059, notice BnF no FRBNF43550292, présentation en ligne).
  • Jean Vidalenc, Le second conflit mondial (mai 1939-mai 1945), Paris, SEDES, .
  • H. P. Willmott (trad. de l'anglais par Geneviève Brzustowski), La Guerre du Pacifique, 1941-1945 [« The Second world war in the Far East »], Paris, Autrement, coll. « Atlas des guerres », , 224 p. (ISBN 2-7467-0042-5, notice BnF no FRBNF37204376).
  • Michel Ledet, Samouraï sur porte-avions, Les groupes embarqués japonais et leurs porte-avions 1922-1944, Outreau, Lela Presse, coll. « Collection Histoire de l'aviation » (no 17), , 581 p. (ISBN 2-914017-32-4, EAN 9782914017329, notice BnF no FRBNF40105837).
  • Edward Jablonski (trad. de l'anglais), L'aviation américaine en guerre, Amsterdam, Éditions Time-Life, , 176 p. (ISBN 2-7344-0159-2), p. 17-18

Bibliographie en anglais

  • Leatrice R. Arakaki et John R. Kuborn, 7 December 1941 The Air Force Story, United States. Air Force. Pacific Air Forces. Office of History, (lire en ligne).
  • Sadao Asada, From Mahan to Pearl Harbor: The Imperial Japanese Navy and the United States, US Naval Institute Press, 2006 (ISBN 1-5575-0042-8).
  • Rodney P. Carlisle (dir.), One Day in History: December 7, 1941, HarperCollins Publishers, 2006 (ISBN 0-0611-2034-0).
  • Richard F. Hill, Hitler Attacks Pearl Harbor: Why the United States Declared War on Germany, Lynne Rienner Publishers, 2003.
  • R. H. Kline, Climb Mount Niitaka, Rosedog Press, 2006 (ISBN 0-8059-9943-4).
  • Harry Mead, 20 Was Easy: Memoirs Of A Pearl Harbor Survivor, Booksurge Llc, 2005 (ISBN 1-4196-0094-X).
  • G. W. Prange, At Dawn We Splept. The Untold Story of Pearl Harbor, New York, Mc Graw-Hill, 1981.
  • Rear Admiral Robert Alfred Theobald, The Final Secret of Pearl Harbor, The Devin-Adair Company, New York, 1954.
  • Harry Turtledove, Days of Infamy, Roc, Reprint, 2005 (ISBN 0-4514-6056-1).
  • George Victor, The Pearl Harbor Myth: Rethinking the Unthinkable, Potomac Books, 2006 (ISBN 1-5979-7042-5).
  • Roberta Wohlstetter, Pearl Harbor. Warning and Decision, Palo Alto, California, Stanford University Press, 1962.
  • (en) Roland H. Worth, Jr., No Choice But War : The United States Embargo Against Japan and the Eruption of War in the Pacific, Jefferson, McFarland & Company, , 236 p. (ISBN 0-7864-0141-9).
  • Allan D. Zimm, Attack on Pearl Harbor, Strategy, Combat, Myths, Deceptions, Casemate, 2011.
  • Peter Wetzler, Hirohito and War, .

Filmographie

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

  • Portail de l’aéronautique
  • Portail d’Hawaï
  • Portail de la Seconde Guerre mondiale
  • Portail de l’Empire du Japon
  • Portail des forces armées des États-Unis
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.