Bombardement de Cézembre

Le bombardement de Cézembre par les Alliés a lieu lors de la libération de Saint-Malo en août 1944.

Bombardement de Cézembre
Photo aérienne de Cézembre, avec Saint-Malo en arrière plan, prise par un avion de l'USAAF depuis le nord-ouest de l'île après un bombardement [note 1].
Informations générales
Date -
Lieu Cézembre (France)
Issue Reddition de la garnison italo-allemande
Belligérants
États-Unis
Royaume-Uni
 Reich allemand
 République sociale italienne
Commandants
Robert MaconRichard Seuss
Forces en présence
83e division d'infanterie (États-Unis)
HMS Warspite
HMS Malaya
Kriegsmarine (400)
Première division Atlantique de fusiliers marins (200)

Seconde Guerre mondiale

Coordonnées 48° 40′ 37″ nord, 2° 04′ 17″ ouest
Géolocalisation sur la carte : France
Géolocalisation sur la carte : Bretagne
Géolocalisation sur la carte : Ille-et-Vilaine

La petite île côtière de Cézembre, située au large de Saint-Malo dans le nord-est de la Bretagne, fait partie de la défense du port de Saint-Malo. Elle est fortifiée par les Allemands pendant la Seconde Guerre mondiale à partir de 1942. La garnison est composée d'environ 400 soldats allemands de la Kriegsmarine, rejoints par des soldats italiens de la Première division Atlantique de fusiliers marins en juillet 1944.

Les premiers raids sur Cézembre débutent le mais ce n'est qu'à partir de la reddition de la forteresse de Saint-Malo, le 17 août, que les bombardements maritimes, terrestres et aériens s'intensifient véritablement. Cézembre est alors la dernière poche de résistance allemande dans la région. Les Américains larguent de nombreuses bombes au napalm et au phosphore, mais n'arrivent pas à obtenir la reddition de la garnison malgré plusieurs négociations. L'île est sous la responsabilité de l'amiral Hüffmeier, qui parvient à l'approvisionner le 19 août depuis les îles Anglo-Normandes et enjoint au Kapitänleutnant Richard Seuss de résister coûte que coûte avec ses hommes.

L'attaque finale est déclenchée le 31 août : pendant deux jours, Cézembre est pilonnée par deux cuirassés britanniques et massivement bombardée par les avions alliés. Privée d'eau potable, comptant de nombreux blessés, la garnison italo-allemande est à bout et Richard Seuss obtient de son supérieur l'autorisation de se rendre. La reddition est effective le au matin.

Depuis cet événement, le relief tourmenté de l'île  plus de 2 000 cratères d'impact  témoigne de l'intensité du bombardement. Malgré plusieurs campagnes de déminage et exceptée sa plage et ses abords immédiats, la majeure partie de Cézembre est demeurée longtemps interdite d'accès, classée zone militaire, en raison du risque présenté par les munitions non explosées. Début 2018, l'île a été transférée au Conservatoire du littoral et un sentier déminé, balisé et clôturé parcourant Cézembre a été ouvert au public.

Fortifications

Longue de 650 mètres et large au maximum de 250 mètres[1], Cézembre culmine à 38 mètres d'altitude. L'île est située à 3,8 km au nord de la plage de Saint-Énogat (Dinard) et à km au nord-ouest de Saint-Malo intramuros[1]. Les divers chenaux pour accéder au port malouin passent non loin de l'île[1]. Sa côte nord-ouest, face au large, est très découpée avec des falaises alors que sa côte sud-est s'abaisse plus progressivement vers la mer avec une double plage face à Saint-Malo. Les forts courants rendent un débarquement sur l'île difficile[1].

Premières fortifications

L'île, inhabitée, ne fut fortifiée qu'à la fin du XVIIe par Vauban, puis à plusieurs reprises dans les siècles suivants[1]. Au milieu du XIXe siècle, la Marine française construisit deux réduits pour abriter une centaine d'hommes pour servir plusieurs pièces d'artillerie côtières à faible portée[1]. Au milieu des années 1880, avec l'apparition des obus Paixhans et les tensions avec le Royaume-Uni dont la Marine s'en était équipé[1], les défenses de Cézembre furent profondément modifiées et renforcées. Une batterie comprenant 4 pièces d'artillerie de 240 mm et 3 mortiers pour la défense rapprochée fut installée au sud-ouest de l'île, couvrant l'ouest de l'île[1]. Des galeries souterraines et des soutes à munitions, creusées dans le rocher, desservaient cette batterie[1]. Une voie ferrée fut installée pour les approvisionner depuis la cale du sud de l'île, seul point d'accès par bateau. Deux autres batteries plus légères, équipées avec 4 canons de 95 mm et 4 autres de 90 mm, installées aux nord-est couvraient le nord et l'est[1]. Avec l'entente cordiale avec les Britanniques au début du XXe siècle, la vocation défensive de l'île disparaît[2].

Fortifications par les Allemands durant l'Occupation

Durant la Seconde Guerre mondiale, Saint-Malo est occupée par les Allemands à partir de 1940. Pour faire face au risque d'un débarquement allié en Europe du Nord-ouest, les Allemands commencèrent à fortifier Cézembre dès juillet 1942[3], fortifications connues sous le nom de Ostwall[4],[1]. L'île constituait un des principaux points de défense de la Festung Saint-Malo, la « forteresse Saint-Malo », nom que donnaient les Allemands à l'ensemble des fortifications dans et autour de la cité malouine (incluant Dinard et la rive gauche de la Rance, la pointe de la Varde et diverses lignes de fortifications plus à l'intérieur des terres). Les grands ports de la Manche et de la mer du Nord constituaient les points les plus défendus du mur de l'Atlantique, le commandement allemand pensant que les Alliés seraient obligés de rapidement essayer de prendre un port dans les jours suivant leur débarquement.

Les Allemands rasèrent ce qui restait des fortifications précédentes datant de la fin du XIXe siècle pour y construire plusieurs blockhaus, casemates et autres protections d'artillerie. Le but était d'installer des canons assez puissants pour contrôler l'accès au port de Saint-Malo et à l'estuaire de la Rance, mais également l'accès à la baie du Mont-Saint-Michel, en croisant ses tirs avec la batterie Lothringen (en) installée sur l'île de Jersey occupée, et appuyer les premières lignes de défense à l'intérieur des terres. Ils vont utiliser principalement un armement de récupération.

Armements

Les restes d'un canon de 194 mm détruit par les bombardements alliés.

L'île comprenait six canons de 194 mm protégés chacun dans une cuve de béton. Cette protection était moindre qu'un bunker, mais permettait un champ de tir à 360°. Les canons de 194 mm étaient d'anciens canons de marine français, utilisés comme canons terrestres pendant la Première Guerre mondiale et saisis par les Allemands lors de l'Occupation. Certains de ces canons furent également installés à la batterie de la Crêche à Boulogne-sur-Mer. Un plan H686 fut même conçu par l'organisation Todt pour abriter ce type d'artillerie. D'une portée de près de 18 km[5], ces canons de 194 permettaient d'atteindre les abords de la pointe du Grouin à Cancale à l'est, ceux du cap Fréhel à l'ouest et à l'intérieur des terres, au sud, jusqu'à Chateauneuf[1]. Les 6 canons permettaient une cadence de tir de quatre coups par minute[1]. Un poste de direction de tir dominait la pointe sud-est de l'île.

La défense antiaérienne de l'île était assurée par plusieurs canons français de 75, modèles de 1932. Au centre de l'île, un canon allemand de 1917 pouvait tirer des obus éclairants. Deux projecteurs de 150 cm étaient installés aux extrémités de l'île. Quelques canons de moindre calibre, des mitrailleuses et des bunkers assuraient la défense à courte et moyenne portée et protégeaient l'accès de l'île. Différentes casemates abritaient la garnison allemande.

Celle-ci était forte d'environ 400 hommes, principalement issus de la Kriegsmarine, les marins allemands opérant souvent dans les batteries côtières du mur de l'Atlantique, mais également à compter de juillet 1944 quelques troupes rescapées de la bataille de Normandie ainsi que deux officiers et environ 200 Italiens[6],[note 2] de la Première division Atlantique de fusiliers marins[7], en provenance de la base sous-marine de Bordeaux[6]. La garnison était dirigée par l'Oberleutnant Richard Seuss.

Bombardements

Photographies de l'armée américaine sur le bombardement au napalm de Cézembre.

Premiers bombardements

Dès les premiers jours de la bataille de Saint-Malo, les batteries de Cézembre font feu sur les troupes américaines qui approchent de la ligne de défense principale[8] fermant le Clos Poulet, la région entourant Saint-Malo. L'artillerie terrestre américaine est alors de trop courte portée pour répliquer.

Un premier bombardement aérien sur l'île a lieu le 6 août et, 3 jours plus tard, le 9 août, la prise par les Américains (83e division d'infanterie) de la montagne Saint-Joseph, une hauteur de Paramé, permet à leur artillerie d'atteindre Cézembre[8],[2]. Mais les Américains la concentrent alors principalement sur le fort d'Aleth, autre fortification allemande importante et où se trouve le commandement allemand de la Festung Saint-Malo. Leur artillerie appuie aussi d'autres combats aux alentours (Pleurtuit, La Garde Guérin...)[8]. Les artilleurs américains sur la montagne Saint-Joseph ne procèdent qu'à des tirs de contre-batterie sur l'île quand les tirs des canons de 194 allemands deviennent trop précis[8]. Le 13 août, les batteries de Cézembre visent les troupes américaines attaquant la pointe de la Varde et progressant sur le sillon[8]. Les Américains demandent alors un appui aérien et vers 15 heures[2], 69 bombardiers B-24 Liberator larguent 275 tonnes de bombes sur l'île en plusieurs vagues[2]. Mais ces bombardements massifs restent imprécis et l'artillerie de Cézembre continue de tirer pour protéger la cité d'Aleth et la pointe de la Garde-Guérin[8], à Saint-Briac, à l'ouest de la Rance. Les soldats allemands et italiens parviennent à abattre quelques avions alliés, mais subissent leurs premières pertes (une cinquantaine de morts)[6].

Intensification des bombardements

L'île de Cézembre après une salve de bombardements par des bombardiers du 9th AF (photo prise par un avion de reconnaissance américain).

Le 17 août, avec la reddition d'Aleth et du colonel Von Aulock, commandant la Festung Saint-Malo, un raid de bombardiers en route pour bombarder le fort est détourné au dernier moment sur Cézembre[8]. 35 chasseurs-bombardiers P-38[2] larguent 68 bombes au napalm[2] transformant l'île en un gigantesque brasier[8]. Contrairement à ce qui est parfois affirmé, le bombardement de Cézembre ne fut pas la première utilisation du napalm pendant la guerre, il avait, quelques semaines plus tôt, été employé ponctuellement en Normandie et dans le Pacifique[note 3]. Mais son utilisation sur Cézembre fut massive et a pu être largement documentée par les Américains (nombre et types de bombes employées, photographies aériennes des explosions, constats des dégâts après la reddition de l'île, interrogatoire des prisonniers allemands, etc.). Avec la chute du commandement allemand de Saint-Malo, la garnison de Cézembre se place sous le commandement de l'amiral Hüffmeier, commandant de la marine allemande des îles Anglo-Normandes à Guernesey[8],[2]. Elle lui demande de lui fournir du ravitaillement, des munitions, des pièces de rechange et un médecin[8]. Le 18 août, le général américain Robert Macon envoie le major Alexander à bord d'une vedette avec drapeau blanc pour demander la reddition de l'île mais il reçoit une réponse négative du Kapitänleutnant Richard Seuss[8], commandant la garnison, qui indique ne pas avoir reçu d'ordre l'autorisant à se rendre. Le major Alexander reste moins d'un quart d'heure sur Cézembre mais, impressionné par les dégâts visibles, pense que la reddition de l'île est proche[8].

Ravitaillement et refus de la reddition

Dans la nuit du 19 au 20 août, l'amiral Hüffmeier envoie, depuis Jersey, deux patrouilleurs pour approvisionner l'île et évacuer les blessés[8]. Les Américains ne réagissent pas, mais un des patrouilleurs s'échoue avec la marée descendante et est détruit par l'artillerie américaine le lendemain[8],[2]. L'amiral Donitz, commandant en chef de la Kriegsmarine, souhaitait l'évacuation de la garnison de Cézembre vers les îles Anglo-Normandes mais décide finalement de laisser Hüffmeier apprécier au mieux la situation[4].

Bombardement au napalm sur Cézembre le 31 août 1944.

Le 20 août, un soldat italien parvient à s'enfuir à la nage et rejoint Saint-Malo, où il est interrogé par les Américains[9].

Les Américains commencent alors à préparer une opération amphibie qui serait menée par le 330e bataillon commandé par le commandant Foster[8]. Le 21, une autre proposition de reddition est rejetée. La nuit suivante connaît un bombardement aérien suivi d'un lâcher de tracts invitant les combattants à se rendre, expliquant que leur lutte est perdue d'avance et ne se justifie plus[8]. Mais la plupart des blockhaus ont résisté[8] malgré l'aspect lunaire qu'a pris l'île. Les bombardements restent trop imprécis et plusieurs bombes n'explosent pas (les Allemands la nuit les font rouler jusqu'à la mer[8]). Il reste un canon de 194 et d'autres plus petits calibres opérationnels. La garnison italo-allemande dispose encore à ce moment-là de 300 pièces de munitions, 24 jours de vivres et 12 jours d'eau potable[2]. De très nombreux soldats ont été blessés ou tués. Les survivants s'abritent dans des « galeries creusées par les Français avant la guerre de 14/18 »[10].

L'île reçoit un nouveau ravitaillement des îles Anglo-Normandes, mais si le commandement allemand de Guernesey peut fournir en munitions de 150, il ne dispose pas d'obus pour les principales pièces de Cézembre, les canons de 194[2] (les seuls obus en réserve pour ce calibre se trouvent à la batterie de la Crèche[11] à Boulogne-sur-Mer). Le 26 dans l'après-midi, un bombardement provoque de gros dégâts, faisant exploser un dépôt de munitions[2], malgré son toit de plus de trois mètres de béton armé[8] et détruisant trois canons de 194[8],[2]. L'officier allemand en second, l'Oberleutnant-zur-See Eckert, est grièvement blessé[8].

Des soldats américains tirent sur Cézembre depuis Dinard.

Attaque finale

En dépit des nombreuses frappes, l'île résiste toujours même si ses tirs se font plus sporadiques. Le commandement suprême allié veut en finir avec cette situation car elle mobilise de manière non prévue des troupes depuis un mois à Saint-Malo. Le 30 août, 75 bombardiers lourds[8] B-26[2] pilonnent l'île en quatre vagues. Le lendemain, ce sont 24 P-38[2] qui larguent 76 bombes au napalm[2] avec également un bombardement « classique » par des bombardiers lourds. Toutes les pièces d'artillerie, installées à Saint-Malo, à Dinard et à Saint-Lunaire, tirent désormais régulièrement sur Cézembre. Deux cuirassés britanniques sont aussi appelés en renfort, le HMS Warspite et son sister-ship le HMS Malaya[note 4], apportant une puissance de feu avec leurs canons de 380[8] (soit des obus de 1,75 m de long pour 875 kg). Les navires britanniques tirent pendant plus de 2 h 30, avec efficacité, détruisant la triple citerne d'eau de la garnison et ébranlant plusieurs blockhaus[8]. Ensuite, un nouveau raid aérien largue des bombes au napalm et des bombes au phosphore[8]. Cette attaque est suivie par la population malouine rassemblée sur la digue[12].

La plupart des soldats allemands de la garnison sont blessés. Le lendemain[12], l'amiral Hüffmeier envoie depuis Saint-Hélier un navire-hôpital, le Bordeaux, et un chaland pour le transbordement, mais ils sont interceptés par les Alliés qui craignent un réapprovisionnement de la garnison[8]. Le 1er septembre, Cézembre subit un bombardement aérien au napalm par 30 bombardiers P-38[2] américains et britanniques[12], puis de nouveaux tirs depuis le Warspite ainsi que de toutes les pièces d'artillerie disponibles à terre[8].

Reddition

Cézembre photographiée depuis Saint-Malo au matin du 2 septembre 1944, peu avant la reddition.

Après ce bombardement, le capitaine Seuss sollicite du commandement allemand des îles Anglo-Normandes l'autorisation de se rendre. Mais l'amiral Hüffmeier lui annonce l'arrivée imminente de secours. Cependant, le commandant de la flottille allemande des îles Anglo-Normandes chargé de cette mission, Grohne, doit faire demi-tour et retourner sur Jersey à cause du mauvais temps[8]. Hüffmeier autorise alors la garnison de Cézembre à se rendre[8]. Elle ne dispose plus d'eau potable (le réservoir a été détruit par les bombardements)[13] et ne serait plus en mesure de repousser l'assaut amphibie que les Américains préparent. Seuss détruit alors les documents et codes de communications, fait mettre hors d'usage les derniers canons encore fonctionnels et jeter à la mer le petit armement[8]. Le lendemain matin à 7h30[8], des drapeaux blancs sont hissés sur l'île alors que les Américains s'apprêtaient à donner l'assaut le jour même depuis la plage de la Richardais[12]à bord d'une quinzaine de LCVP[14], des petits chalands de débarquement spécialement acheminés en camion depuis Utah Beach[15]. Les Américains débarquent sur l'île et la reddition intervient officiellement le 2 septembre à 9 h 30[14] : le lieutenant J.K French reçoit la reddition du lieutenant Seuss[12].

Le capitaine Richard Seuss au moment de sa reddition le 2 septembre 1944.

À midi, les 322 soldats allemands encore survivants[14], dont 90 % sont blessés, ainsi que 67 soldats italiens[14], se rendent au général américain Robert Macon et aux hommes du 330e bataillon d'infanterie[2]. Les prisonniers sont amenés ensuite à Saint-Malo[12].

Bilan et conséquences

Traces d'explosions sur un blockhaus de Cézembre (photo prise en 2018).

Les soldats allemands sont envoyés à Southampton via Cherbourg, puis internés dans le Midwest américain après avoir débarqué à Boston[8]. Ils rentrent en Allemagne en 1946[8].

Les bombardements ont duré 24 jours avec six grands bombardements aériens et un bombardement d'artillerie quasi continu[8]. L'île a reçu 19 729 bombes entre le 28 août et le 2 septembre créant plus de 2 000 cratères de six mètres de diamètre en moyenne[8].

Pour son acte de résistance, le commandant allemand de la garnison, Richard Seuss, est décoré de la Croix de chevalier de la croix de fer et cité deux fois, le 1er et le 3 septembre, dans le Wehrmachtbericht, le bulletin radiophonique quotidien diffusé par le Haut commandement de la Wehrmacht[réf. souhaitée]. Après guerre, il devient capitaine de corvette de réserve de la nouvelle Bundesmarine de la République fédérale allemande. Il meurt en 1963, à 66 ans, à Münster[16].

Après cette reddition, « l'intégralité de l'agglomération malouine et de la Côte d’Émeraude est désormais libre »[12].

Après guerre

Zone interdite

Une grande partie de Cézembre est interdite au public en raison de la présence de munitions non explosées.

L'île est devenue un site classé en 1945[2]. La marine nationale française fut alors chargée du déminage[2] et le terrain est devenu site militaire. L'île connaît deux grandes campagnes de déminage[17] puis des déminages réguliers les années suivantes lors des marées d'équinoxe. L'île est interdite d'accès pendant plusieurs années, la plage redevient accessible au public dans les années 1950, mais de nouveau interdite entre 1981 et 1984 en raison des risques[2]. Un arrêté du 9 juin 1989 en réglemente l'accès[2]. À partir de 1984, il est prévu que le site soit confié au Conservatoire du littoral[18] mais le projet, principalement pour des raisons de sécurité, prend du retard.

De mars à mai 2008, l'île et les eaux environnantes ont été de nouveau entièrement interdites d'accès au public pour permettre à la Marine nationale de mener une minutieuse opération de déminage[18]. La plage principale a ainsi été déminée sur plus de trois mètres de profondeur, ce qui n'avait jamais été fait. Plus de 80 obus ont été retrouvés en sondant seulement un tiers de la plage. Mais comme auparavant, seuls la plage et ses abords immédiats restent accessibles au public.

Déminage et ouverture au public

En février et mars 2017[19], la Marine nationale a mené un déminage sur plusieurs mètres de profondeur sur le tracé d'un futur sentier ornithologique[19], long de 800 mètres et qui permet aux visiteurs de parcourir l'île et de voir les vestiges des fortifications, mais aussi la réserve ornithologique. En effet, l'interdiction de circuler sur la majeure partie de l'île a permis le développement de l'avifaune[19]: l'île abrite ainsi des guillemots de troïl[19], des pingouins torda[19], des cormorans huppés[19], des goélands argentés, bruns ou marins[19] mais aussi quelques chouettes et des faucons[19]. Les démineurs ont retiré plus de 10 tonnes de métaux divers dont de nombreux éclats de bombes et d'obus et différentes munitions non explosées, dont huit obus de 75, quatre obus de mortier de 88 et deux obus de 155[19], mais aucune bombe[20]. Ils ont également mis au jour des objets du quotidien de la vie de la garnison dont les plus intéressants ont été donnés au musée d'Aleth. Initialement, ce sentier balisé devait ouvrir au public mi-octobre 2017[21] lorsque l'île aurait été acquise par le Conservatoire du littoral[19] et que celui-ci aurait pu faire le terrassement du sentier[19]. Le sentier est finalement ouvert en avril 2018[22]. Le déminage du reste de l'île ne sera probablement jamais réalisé, tant pour des raisons de coût, que de préservation de la réserve ornithologique qu'elle est devenue[20].

Notes et références

Notes

  1. On remarque la surface criblée de cratères de bombes. Sur le côté nord-ouest (à droite), on distingue 2 cercles, correspondant à 2 des 3 cuves abritant les canons de 194 et présentes de ce côté de l'île (les 3 autres cuves se trouvent sur le côté opposé). Entre les deux, se dresse le bunker à étages servant de poste de tir
  2. Les Italiens venaient de Bordeaux où ils devaient protéger la base sous-marine italo-allemande et ont été affectés à la défense de Saint-Malo juste avant ou juste après le débarquement de Normandie. Ils assurèrent d'abord la prise en charge d'une batterie anti-aérienne à Paramé avant d'être affectés à Cézembre. Leur nombre exact reste imprécis. Un rapport américain écrit après la reddition mentionne 67 Italiens faits prisonniers sur l'île.
  3. Inventé en 1942, le napalm avait déjà été employé par les Américains quelques semaines plus tôt en juin 1944 dans le Pacifique, pour la prise de l'île de Tinian (Norman Polmar et Thomas B. Allen, « Napalm », dans World War II, The Encyclopedia of the War Years, New York, Random House, , p. 572)
  4. L'arrivée simultanée des deux cuirassés n'est pas certaine, en raison d'informations contradictoires : il est possible que le Malaya ait été présent dès le début des combats pour la libération de Saint-Malo, Le lieutenant allemand Franz Küster dans son récit sur le siège de Saint-Malo mentionne le bombardement par des obus de très gros calibre, des obus de marine, dès le 12 août et en trouve un non explosé d'un diamètre de plus de 40 cm à Aleth. Il a également été évoqué que le Malaya ait du retourner en Angleterre à la suite d'une avarie de moteurs, il aurait alors été remplacé par le Warspite, mais il est possible que le Malaya soit resté et donc que les deux aient été présents ensemble au large de Saint-Malo.
  5. Le commentaire de la vidéo est trompeur : il fait croire que la reddition de Cézembre a pris peu de temps, or il a fallu plus de trois semaines aux Alliés pour venir à bout de la garnison.

Références

  1. Dominique Monsaingeon, Aout 1944 – La Bataille de Saint-Malo, Saint-Jacut-de-la-Mer, éditions J-P Bihr, , 150 p. (ISBN 2-902923-36-8), « L'île de Cézembre », p. 29-32.
  2. Gilles Foucqueron, Saint-Malo, 2000 ans d'histoire, t. 1, Saint-Malo, G. Foucqueron, , 831 p. (ISBN 2-9500304-5-9), « Cézembre », p. 276 à 277.
  3. Kornicker et 2008 36.
  4. Patrick Beroul, Saint-Malo sous l'occupation, éditions Oues-France, , 123 p. (ISBN 2-85882-477-0), p. 101.
  5. (en) Marc Romanych & Greg Heuer, Railway Guns of World War I, Oxsford, UK, Osprey Publishing, , 49 p. (ISBN 978-1472816399), p. 14
  6. (it) Alessandro Brignole, « Agosto 1944: i Marò Italiani a Cézembre », Il Giornale d'Italia, , p. 8-9
  7. (it) Simone Guidorzi, « 1944: un sermidese in Normandia », SERMIDIANA MAGAZINE STORIA’, Museo della Seconda Guerra Mondiale del fiume Po - Felonica, (lire en ligne)
  8. Dominique Monsaingeon, ibid, « La dernière bataille », p. 78 à 81
  9. Kornicker 2008, p. ...
  10. AFP, « Face à Saint-Malo, l'île de Cézembre attend son sentier au milieu des bombes », sur ladepeche.fr, (consulté le ).
  11. Kornicker et 2008 ...
  12. Gilles Foucqueron, Saint-Malo occupée, Saint-Malo libérée, Combourg, ATIMCO, , 174 p. (ISBN 2-9500304-0-8), p. 144.
  13. (en) Martin Blumenson, U.S. Army in World War II - European Theater of Operations : Breakout and Pursuit (lire en ligne), chap. 21 (« St. Malo and the North Shore »), p. 410-413
  14. (en) James E. Arnold, Rep of Reduction & Surrender of the Island of Cezembre, off the Coast of Normandy, France, 9/2/44 (rapport de l'armée américaine), , 3 p. (lire en ligne)
  15. Saint-Malo sous l'Occupation de Patrick Beroul, page 100, éditions Ouest-France, 1982.
  16. « Richard Seuss », sur www.deutsches-marinearchiv.de (consulté le )
  17. Kornicker et 2008 122
  18. « Cézembre sous haute surveillance », Le Pays Malouin, , p. 3.
  19. Carole Le Bechec,, « L'île bombardée entre dans l'ère civile », Le Télégramme, .
  20. Le Télégramme, « L'île bombardée entre dans l'ère civile », sur dailymotion.com, .
  21. « La deuxième vie de l'île de Cézembre », sur Le zoom de la rédaction, FranceInfo, .
  22. Gérard Debailly, « Saint-Malo. Le sentier de l'île de Cézembre s'ouvrira à Pâques », Ouest-France, (lire en ligne).

Bibliographie

  • Véra Kornicker, Cézembre, l'Île interdite, La Rochelle, la Découvrance, , 142 p. (ISBN 978-2-84265-578-5)
    Nouvelle éd. revue et augmentée. Postface par Thierry Chauvin, chargé de mission au Conservatoire de l'espace littoral et des rivages lacustres.
  • Dominique Monsaingeon, Aout 1944 – La Bataille de Saint-Malo : De Cancale à Fréhel, la libération de la Côte d'Émeraude, Saint-Jacut-de-la-Mer, éditions J-P Bihr, , 150 p. (ISBN 2-902923-36-8), p. 78-82
  • Gilles Foucqueron, Saint-Malo, 2000 ans d'Histoire, t. I, Foucqueron, , 831 p. (ISBN 2-9500304-3-2), « Cézembre », p. 274 à 277

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

  • Portail de Saint-Malo et de sa région
  • Portail de la Seconde Guerre mondiale
  • Portail de l'histoire de Bretagne
  • Portail des forces armées des États-Unis
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.