Histoire de Palerme

L'histoire de Palerme débute à la préhistoire. La cité, déjà comptoir commercial, est créée vers 878 avant J.C par les Phéniciens, et devient à partir de la conquête arabe la capitale de la Sicile et elle connaît, tout au long de son histoire, de multiples conquérants d'origines très diverses : Carthaginois, Romains, Musulmans, Normands, Angevins, Aragonais, Espagnols.

Carte de Palerme en 1888.

Rivale de Messine au Moyen Âge et à l'époque moderne, son sort comme celui de la Sicile est associé à celui du royaume de Naples dont elle essaie de s'extraire pour obtenir son indépendance et en 1861, elle rejoint le royaume d'Italie alors en formation.

Depuis 1947, Palerme est le siège de la région autonome sicilienne.

Origines

Préhistoire et premiers habitants

Cimetière punique de Palerme.

La présence humaine à Palerme est, depuis la préhistoire, attestée comme l'une des plus anciennes de Sicile.

Des peintures murales de la fin du Paléolithique ont été trouvées dans les grottes de l'Addaura (frazione de Palerme) par l'archéologue Jole Bovio Marconi en 1953. Elles représentent des personnages dansant au cours d'un rite magique, peut-être chamanique. Des découvertes attestent une occupation continue au Néolithique, à l'Âge du cuivre, à l'âge du bronze et à l'âge du fer[1].

Après les Sicanes, les Sicules et les Élymes s'installent à l'est de la Sicile entre les XVe et Xe siècles av. JC[2].

La ville de Palerme, apparaît à une date incertaine sur un emplacement préhistorique de forme différente de la ville actuelle, à la convergence de deux zones naturelles qui s'appelait Sis soit fleur dans la langue originelle d'origine africaine comme ses premiers habitants, les Matabei, peuple provenant de la Jordanie via l'Espagne.

Zyz phénicienne et Panormos grecque

Un mur de Palerme datant de l'époque phénicienne (IIIe siècle).

Selon la tradition, Palerme est fondée vers 858 av. J.-C.[2] par les Phéniciens sous le nom Zyz[3],[Note 1]. Jusqu'à cette période, la ville est un lieu de commerce et une base pour le nord-ouest de la Sicile, ce qui rend possible selon certains chercheurs contemporains que la fondation ait pu bénéficier d'apports indigènes et surtout helléniques[1]. Le nom de la ville n'est pas établi avec certitude, mais de nombreuses pièces de Palerme de l'époque phénicienne comportent le mot Zyz. Comme Palerme était la 3e ville punique en Sicile (selon Thucydide, VI, 1-5), il est probable qu'elle possédait sa propre monnaie. Le nom pourrait dériver de la conformation de la ville qui, coupée par deux rivières, rappelle la forme d'une fleur.

La cité acquiert une certaine importance commerciale grâce à son emplacement mais surtout en raison des deux rivières, le Kemonia et le Papireto. Elle est construite sur la partie la plus élevée du promontoire entre ces deux cours d'eau, à l'emplacement de la partie supérieure de l'actuel corso Vittorio-Emanuele. La nécropole s'étend entre l'actuelle Piazza Indipendenza, et les rues Pisani, Cuba et Danisinni. Dès la fin du VIe siècle, la ville, ceinturée de remparts, occupe tout le promontoire jusqu'à l'actuelle via degli Schioppettieri[1] alors que le trait de côté de la lagune suit la via Roma. Le corso Vittorio-Emanuele hérite son tracé du chemin reliant l'ancienne ville (Paleapoli) à la mer, au croisement duquel naissent plusieurs rues perdendiculaires qui persistent également.

La cité devient un objectif pour les Grecs qui peuplent la partie orientale de la Sicile sans jamais réussir à conquérir la cité qu'ils appellent Panormos[4] (du grec παν-όρμος, tout port, en raison des deux rivières qui l'entourent et créent un immense port naturel, ou hormos, signifiant collier[1]) . Ce nom se répand en raison du renforcement de l'influence grecque dans l'île.

Guerres et invasions

Guerres puniques

Relativement autonome de Carthage, la ville semble imprenable au point que ses ennemis hésitent à l'attaquer et préfèrent piller les campagnes avoisinantes, comme Hermocrate qui défait les Palermitains devant les murs de la ville en 408-408 av JC et obtient un riche butin. Pyrrhus met fin à la réputation d'inexpugnabilité en 278 et maitrise la cité jusqu'à son départ de Sicile[1].

La ville reste sous contrôle phénicien jusqu'à la première guerre punique (264-241 av. J.-C.) durant laquelle Palerme est le centre d'importants combats entre les Carthaginois et les Romains[4]. En 258, le général carthaginois Amilcare résiste à l'attaque du consul romain Aulus Atilius Calatinus[1]. En 254 av. J.-C., l'armée romaine assiège la ville par terre et par mer et s'introduit dans la neapolis par une brèche créée dans le mur par la destruction d'une tour sur le rivage[5]. Réfugiés dans la vieille ville, les habitants négocient la capitulation : 13 000 des 40 à 50 000 habitants sont réduits en esclavage, 14 000 versent un lourd tribut pour retrouver la liberté.

Asdrubale tente de récupérer la ville désormais romaine, mais il est tenu en échec par le consul romain Lucius Caecilius Metellus (deuxième bataille de Panormus) . Une énième tentative pour tenter de récupérer la ville est faite par Hamilcar en 247 av. J.-C.. Son armée s'installe jusqu'en 244 au pied du mont Pellegrino, à l'époque appelé Erecta, pour essayer de reprendre la ville à plusieurs reprises, mais celle-ci reste aux mains des Romains, qui pour sa fidélité lui accordent une préture, l'aigle d'or et le droit de frapper la monnaie. Quoique moins importante que Syracuse et Lilibeo, Palerme est l'une des cinq villes libres de l'île ce qui oblige les Carthaginois qui restent sur l'île à abandonner définitivement le territoire palermitain. L'activité économique, culturelle et religieuse se maintient sous la République[1].

Période impériale, invasions barbares et byzantines

Les édifices de la zone de la place Vittoria sont le témoignage de la prospérité et de la splendeur de la « Panormus[3] » romaine. Parmi ceux-ci le théâtre qui existe encore sous la domination normande et les mosaïques découvertes en 1868, place Vittoria. À l'époque impériale, Palerme devient une colonie romaine et, comme le raconte Strabon, le grenier à blé de Rome, mais elle subit une décadence après Vespasien, subissant les invasions barbares de 445, avec Genséric, roi des Vandales qui met à feu et à sang la ville, et la domination d'Odoacre, Théodoric le Grand, chef des Ostrogoths[4].

En 535, Bélisaire soustrait Palerme aux Ostrogoths[4] en plaçant sa flotte sous les remparts de la ville[5]. La période byzantine débute : « Palerme, derrière ses murs restaurés, avait conservé son extension punico-romaine mais on ignore comment cet espace était habité »[6]. Principale cité byzantine de la Sicile occidentale, elle devient siège épiscopal puis en 592 siège de l'un des deux recteurs gérant en Sicile le patrimoine de la papauté, résidence de riches et puissantes familles, port très sûr protégés par l'une des deux garnisons byzantines de Sicile, lieu d'approvisionnement en céréales pour l'Empire[1]. Au VIIe siècle, les papes Agathon et Serge sont originaires de Palerme.

La domination byzantine dure jusqu'en 831, lorsque les Arabes débarqués à Marsala quatre ans plus tôt, en font la capitale de leur royaume en Sicile[4].

Palerme sous dominations étrangères

Balarm islamique

Au IXe siècle, les musulmans d'Afrique du Nord envahissent la Sicile. Ils débutent la conquête de l'île en 827 et conquièrent Palerme en août-septembre 831, après une année de résistance des Palermitains décimés par la peste. Syracuse, première cité de l'île depuis la période hellénique, tombe près d'un demi-siècle, perdant ainsi sa prédominance sur une île alors Palerme, devenant Balarm, perd son élite politique et religieuse byzantine, mais se repeuple de migrants arabes, syriens, irakiens, iraniens et égyptiens et accueille l'administration du puissant émirat des Kalbites[1].

Durant la période musulmane, Palerme devient une ville importante du commerce et de la culture. C'est une période de prospérité et de tolérance : les chrétiens, essentiellement de rite grecs, et les juifs, arabophones, cohabitent avec les musulmans.

Les dirigeants musulmans aménagent la vieille Palerme, la madina punique puis byzantine, bâtie sur une élévation elliptique de 900 mètres sur 400 et fortifiée (d'où le nom arabe de Qasr européanisé en Cassaro), et construisent un nouveau quartier, la Khalisa (l'Élue), cité politique, administrative et militaire des gouverneurs fatimides, située en bord de la mer, près des arsenaux[7], où s'installe l'émir vers 940 après plusieurs révoltes et complots sanglants. Autour de ces deux noyaux principaux, séparés par les deux fleuves et des jardins[1], divers quartiers s'étendent le long des cours d'eau, animés par les nombreux commerçants et artisans[7] : au nord, au-delà du Papireto, le quartier des Schiavoni (Harat as-Saqaliba), près du port ; au sud le quartier de la mosquée (Harat Masgit), situé entre l'actuel marché Ballaro et la via Lattarini, et le quartier juif (al-Harat al-Giadidah), aujourd'hui quartier de la Magione[1]. La ville compte alors 300 000 habitants et la plus grande mosquée peut accueillir 7000 fidèles[8]. Selon le géographe et voyageur Ibn Hawqal, la ville est célèbre dans le monde arabe car elle dispose de plus de 300 mosquées[7]. Elle est équipée de toutes les structures bureaucratiques et celles destinées aux services nécessaires à la capitale de la Sicile qu'elle devient officiellement en 965[2], et qu'elle demeure depuis lors.

Peu de vestiges demeurent de la Palerme arabe, à cause, selon Henri Bresc, de l'utilisation généralisé du pisé (tabiya), alors que la pierre de taille s'impose par la suite[7].

Les Normands

Notables musulmans offrant les clés de Palerme à Robert Guiscard et Roger de Hauteville.Peinture de Giuseppe Patania, plafond de la Salle d'audience du Palais des Normands, vers 1835.

Après avoir échoué en 1064, les Normands de Roger de Hauteville, aidés par les navires de son frère Robert Guiscard, parviennent à s'emparer de Palerme en 1072[9]. Ils y maintiennent la liberté religieuse et les tribunaux des musulmans[9], et rétablissent le culte chrétien dans la ville, sans bouleversement de la population par le faible nombre de migrants latins : les musulmans restent majoritaires dans la ville jusqu'en 1150, essentiellement marchands même si le commerce extérieur est largement controlé par les Génois, Pisans, Amalfitains et Vénitiens, privilégiés par les monarques siciliens[1].

Les Normands ne fixent pas de capitale officielle dans les premières années, mais confirment à Palerme, dont le nom apparaît pour la première fois en 1086, le statut de premier centre sicilien et de siège du qâdi pour tous les musulmans de l'île. Au début du XIIe siècle, la régente Adélaïde fixe sa résidence et celle de la cour à Palerme. Son fils, Roger II, qui y ceint la couronne de roi de Sicile en 1130, officialise le statut de capitale d'un royaume qui comprend le sud de la botte italienne[1]. Le Palais royal, construit au plus haut de la ville sur les anciennes murailles, comprend, outre la résidence royale, la chapelle palatine, les bureaux de l'administration, le harem royal, la Zecca et le tiraz, atelier produisant les luxueux habits princiers[1].

Roger II comme son petit-fils, l'empereur siculo-normano-germanique Frédéric II de Hohenstaufen, savent recueillir et utiliser l'héritage culturel grec, romain et arabe. Palerme est l'une des plus riches cités d’Occident. Le règne de Roger II de Hauteville est caractérisé par la coexistence de diverses populations et de croyances religieuses, non sans confrontations sanglantes, dans une sorte d'état fédéral avec un premier parlement, créé en 1129, et l'organisation du cadastre selon une conception moderne.

La ville normande s'organise autour des mêmes quartiers : la Galca avec le palais royal, le Cassaro (Qasr) comprenant la cathédrale à l'emplacement de l'ancienne grande mosquée, le quartier de la Khalisa (ou Kalsa), le quartier des Slaves (Seralcadi), le quartier neuf (Hartilgidie, ancien Harat al-Djadida) et le quartier des Juifs (Judayca). De cette période naît l'art arabo-normand qui subsiste par les palais périphériques de la Zisa, le Scibene, la Cuba, la Favara di Maredolce, autrefois entourés de vastes jardins irrigués dans la Conque d'Or, par les cathédrales de Palerme et de Monreale, avec son cloître, et par de nombreuses églises, comme l'église de la Martorana et la Chapelle Palatine[7]. 100 000 habitants environ vivent dans la ville[1].

Le géographe arabe Al Idrissi, dans le livre consacré au roi Roger, a laissé le témoignage de cette période de splendeur et de richesse. À l'époque d'Al-Idrisi, Palerme conserve l'urbanisme de la période arabe, à l'exception de l'emplacement du pouvoir, à l'extrémité orientale du Cassaro, dans le Palais des rois normands autour duquel s'est constitué la Galca (de l'ar. halqa, qui signifie "cercle"), quartier privilégié où habitent les serviteurs de la cour[7]. Peu après, en 1184, Ibn Djubayr décrit une Palerme riche, arborée et pluriethnique, où les chrétiens adoptent des pratiques vestimentaires ou culturelles orientales, et où les musulmans se regroupent dans des faubourgs sans chrétiens, travaillent et achètent aux souks, s'arrêtent dans des fondouks, fréquentent à l'appel d'un muezzin les nombreuses mosquées dans lesquelles la khutba semble interdite le vendredi, mais autorisée lors des fêtes, portent leur conflit auprès d'un cadi, nombreuses mosquées où l'on professe le Coran[7]. Pourtant déjà en 1161, l'aristocratie palermitaine et le clergé massacrent la bourgeoisie administrative et commerciale musulmane qui se replie dans le quartier de Seralcadi (Harat as-Saqaliba) entre le marché Capo et la porte Saint-Georges[1].

Après le règne de Roger succèdent Guillaume Ier (dit le Mauvais) et Guillaume II (dit Le Bon), qui tentent de s'opposer aux ambitions de l'empereur Frédéric Barberousse, décidé à détruire le royaume des Normands en Sicile. Après la mort de Guillaume II, de nombreux musulmans quittent la ville vers l'intérieur de l'île pour échapper à la purge organisée par les élites chrétiennes en devenant paysans[1].

Alors que la langue grecque disparaît à Palerme après la chute de la dynastie normande, la langue arabe perdure jusqu'au XVe siècle, malgré la faiblesse du peuplement arabe grâce à son usage par la population juive locale[1].

Les Souabes

En 1185, le mariage entre Henri VI du Saint-Empire et Constance de Hauteville, fille de Roger II de Sicile ouvre la voie à la conquête de la Sicile aux Souabes après la mort de Guillaume II. C'est ainsi que Palerme est conquise par les souverain allemands et que débute la nouvelle dynastie des Souabes de Sicile qui, avec Frédéric II, le fils de Constance atteint son apogée.

Sous Frédéric II de Hohenstaufen, roi de Sicile entre 1198 et 1250[2], et empereur du Saint-Empire, Palerme perd de son importance. Après avoir vécu à Palerme entre ses trois ans et ses dix-huit ans, le monarque ne revient que très peu par la suite dans cette ville qui passe de capitale du royaume normand à chef-lieu régional, n'accueillant qu'une des vingt-six sessions de la Magna Curia impériale[10]. Économiquement, la ville pâtit du départ des populations musulmanes que ne compense pas l'installation de juifs espagnols et marocains, des luttes pour le pouvoir des XIIe et XIIIe siècles et des absences de la cour souabe. Les marchands italiens (de Pise, Venise et Gênes) obtiennent plus de concessions et de privilèges que les commerçants locaux[1].

Politiquement, le souverain appelé «Stupor mundi» (« merveille du monde ») anticipe, comme l'écrit Santi Correnti, « l'image du prince de la Renaissance » au travers des Constitutions de Melfi (1231). Son règne, cependant, est caractérisé par la lutte contre la papauté et les communes italiennes, sur lesquelles il remporte des victoires ou obtient des compromis, organisant la sixième croisade et en édifiant, sur l'île et le sud de l'Italie, un réseau de châteaux et des fortifications. Face aux musulmans qui attaquent la ville à plusieurs reprises, Frédéric II écrase les dernières résistances et déportent les survivants. En 1233, il déporte les habitants de Centuripe et Capizzi, qui se sont opposés à son pouvoir, à Palerme, dans le quartier qui prend le nom d'Albergheria Capicii et Centurbii, devenue Albergheria au fil des siècles[11].

En 1250, année de sa mort, il est enterré dans la cathédrale de Palerme, alors que débute la guerre de succession entre les deux frères, Conrad et Manfred, et contre la papauté. Palerme se livre au légat du pape, Rufin de Plaisance, et signe un traité d'alliance avec Caltagirone. En réponse, Conrad IV accorde des faveurs aux massari de Palerme en 1254[12]. Les partisans de Manfred, menés par son oncle Frédéric Lancia, reprennent aux Pontificaux Palerme où le prince est couronné roi le 11 août 1258[13], octroyant aux Palermitains le privilège d'être jugés dans leur cité[12].

Manfred est mortellement battu à Bénévent, en 1266, par Charles d'Anjou, frère du roi Louis IX de France. La longue période d'instabilité s'intalle.

Les Angevins

La révolte des Vêpres siciliennes.

Avec Charles d'Anjou commence la domination angevine qui dure jusqu'en 1282. Charles et ses fonctionnaires tentent d'exploiter la Sicile par des taxes[2] tandis que la cour s'installe à Naples et le vicaire de Sicile à Messine, Palerme perdant ses attributs de capitale[1]. De nombreux fiefs sont distribués aux Français[2]. L'élimination et l'exil des grandes familles installées aux époques normande et souabe, non remplacées par les grands nobles français qui préfèrent la nouvelle capitale, laissent la place à la petite noblesse urbaine, aux élites intellectuelles et aux artisans. L'activité se déplace du quartier du Palais royal et du Cassaro vers le port[14]. La classe moyenne administrative, juridique et marchande s’appauvrit[1].

Le mécontentement culmine avec la révolte des Vêpres siciliennes, le 31 mars 1282, quand éclate, en face de l'église du Saint-Esprit une réaction populaire à la suite de la soi-disant offense d'un certain Drouet à l'encontre d'une dame de Palerme. Cet événement est l'occasion de s'affranchir des Angevins, par la création de communes libres jusqu'à ce que Pierre III d'Aragon, qui a épousé en 1262 Constance de Sicile, fille de Manfred, s'empare de l'île et devient roi de Sicile (Pierre Ier) de 1282 à 1285. La Sicile se détache de Naples et de la botte italienne. Une guerre s'engage pour 80 ans et se conclut par trois traités : la paix de Caltabellotta en 1302, la paix de Catane en 1347 et le traité d'Avignon en 1372.

Les Aragonais

La dynastie aragonaise se succède à Palerme : Jacques II, Frédéric III d'Aragon. L'île est déchirée par les rivalités entre les familles nobles telles que les Ventimiglia, les Alagona et les Chiaramonte qui luttent pour le pouvoir sur les terres occidentales de la Sicile. Palerme subit sans tomber deux sièges mais sa campagne environnante est ravagée, puis, sous l'emprise du chef du parti latin, Simone Chiaramonte, ouvre ses portes aux Angevins en 1354. Frédéric IV reprend la ville en 1360[1],

Le commerce avec Gênes et l'Espagne prospère grâce à l'échange de matières premières et des productions des artisans (orfèvres, armuriers, tisserands), immigrés nombreux après les Vêpres depuis l'Italie du Nord, Barcelone ou Majorque, pour compenser la disparition des maîtres musulmans[1].

La population de la ville tombe à 15 000 habitants sous l'effet conjugué de la crise économique due à l'état de guerre permanent, de l'épidémie de peste de 1348 et de l'absence de la cour aragonaise qui préfère les villes orientales de Catane et Messine, et réclame le statut de capitale à partir d'une fausse charte attribuée à Roger II. Une partie des maisons du quartier noble du Cassaro demeurent abandonnées depuis le départ des musulmans et des juïfs. La Kalsa, délaissée sous les Normands, se revitalise, à l'image de Palazzo Chiaramonte qui traduit la nouvelle tendance des aristocrates et des marchands toscans à s'y installer. L'Albergheria, où se dresse le Palais Sclafani également de style « Chiaramonte » s'urbanise à l'exception de la partie basse de la rivière Kemonia, Seralcadi est encore largement occupé par des jardins, alors que près de la Porta di Mare, devenue Porta Patitelli à cause des sabotiers installés à proximité, des rues commerçantes et artisanes sont aménagées à la place de la lagune comblée. Les voies (platea, ruga ou darb selon leur largeur) prennent le noms du corps de métiers ou de la nation dominante. Le Cassaro, platea marniorea, reste l'artère principale[1].

La municipalité est dirigée par le baiulo, appelé prêteur, élu chaque année parmi les petits seigneurs et la classe commerçante, et siège dans le Palazzo Pretorio construit à cet effet entre 1326 et 1329 en utilisant les symboles de l'époque romaine : titre de préteur pour le baiulo à partir de 1320 et de Urbs pour la municipalité, aigle royal sur la façade évoquant la victoire de Lucius Caecilius Metellus sur Asdrubale[1]

Sous la domination aragonaise, les exportations de céréales croissent et redonnent à Palerme une place commerciale centrale en Méditerranée tant sur l'axe traditionnel nord-sud que sur celui est-ouest, le commerce prospérant surtout dans le dernier quart du XIVe siècle grâce à la paix signée en 1372 entre Frédéric IV de Sicile et Jeanne Ire de Naples, l'affaiblissement des barons et la demande anglo-flamande du sucre de canne, dont la culture s'étend après 1360 et plus encore entre 1400 et 1420[1].

Martin Ier, dit le jeune épouse à Barcelone, le 29 novembre 1391, Marie, reine de Sicile, fille de Frédéric III le Simple, et de Constance d'Aragon, avec une dispense du pape Clément VII pour cousinage. Il prend aussitôt le titre de roi, et passe en Sicile avec sa femme. Ils débarquent à Trapani le 25 mars 1392. La Sicile, privée de souverains depuis 1379, est alors en proie aux plus grands désordres, déchirée par plusieurs factions, et tyrannisée par les principaux seigneurs. Martin se présente à la tête d'une armée pour reprendre Palerme que le comte Andrea Chiaramonte, tient en son pouvoir. Il résiste un mois, puis est arrêté le 5 avril lors d'une entrevue avec Martin et Cabrera à Monreale. Ses alliés sont libérés, lui est décapité le 1er juin devant son palais[15]. Ses possessions sont données à Cabrera[15]. Martin et la reine Marie sont couronnés en mai 1392 à Palerme.

En 1442, Alphonse V d’Aragon réunifie les royaumes de Naples et de Sicile[2].

Les Espagnols

Bastion du Spasimo, construit en 1536.

En 1494, la Sicile est annexée à l'Espagne et Palerme devient le siège du palais du vice-roi. Ce sont Les gouverneurs qui se voient confier le pouvoir qu'ils doivent partager avec les barons. Les Juifs sont expulsés, l'inquisition est instaurée, et les privilèges de la noblesse s'accroissent. La ville connaît une relance de l'activité artistique et la construction de bâtiments publics tels que l'église de San Giuseppe, l'Église Santa Maria dello Spasimo et le nouvel accès de la Porta Nuova, financés par de lourds impôts.

Alors que l'architecture chiaramontaine a dominé le XVe siècle sicilien, l'art de la Renaissance apparaît avec Domenico Gagini et Francesco Laurana. Le maniérisme s'exprime dans la Porta Nuova, la Porta Felice et la Fontana Pretoria[16].

À la fin du XVIe siècle, Palerme compte 100 000 habitants[17]. Après Ferdinand d'Aragon, la couronne de Sicile passe à Charles Quint de la dynastie des Habsbourg, et, à sa mort, à la branche principale des Habsbourg, celle d'Espagne, par Philippe II d'Espagne, qui exerce le pouvoir de loin par l'intermédiaire du vice-roi, soutenu par la noblesse locale puissante et despotique. Pourtant la ville s'enrichit particulièrement au profit de la noblesse et de nouvelles constructions voient le jour : le Cassaro est élargi à partir de 1567 et, devenu via Toledo, est prolongé en 1581 par le vice-roi Marcantonio Colonna jusqu'à la Porta Felice, la place Bologna est créée en 1566, la via Maqueda est ouverte en 1600, la place des Quattro Canti avec des statues érigées à l'effigie des rois qui marque le début du baroque à Palerme en 1609, des murs et des bastions défensifs sont élevés[18].

En 1624, un bateau transportant des esclaves chrétiens de Tunis est arraisonné au large du port de Palerme pour suspicion de peste, mais le vice-roi Emmanuel-Philibert de Savoie, attendant des présents de la part du roi de Tunis, contraint les autorités de la ville à laisser entrer le navire. La peste se déclare et se diffuse dans toute la ville, et tue des milliers de Palermitains, dont le vice-roi. Antoine van Dyck, venu pour faire son portrait fuit à temps. Les invocations des saints ne freinent pas l'épidémie jusqu'à l’apparition de sainte Rosalie[19].

Après plusieurs aléas climatiques mettant à mal les récoltes, la population de Palerme se révolte en mai 1647 contre le vice-roi de los Vélez, à l'initiative d'un criminel, Nino La Pilosa. L'hôtel de ville est incendié. L'agitateur est torturé puis publiquement démembré. Le vice-roi, ayant perdu l'appui des nobles, réfugiés dans leurs domaines hors de la ville, quitte Palerme pour Messine, laissant la capitale sans gouvernement. Le 12 août, contre le risque d'anarchie et de famine, les maestranze, notamment les guildes des pêcheurs et des tanneurs, prennent en charge l'administration municipale, taxent les fenêtres et balcons, le vin, le bœuf et le tabac à priser pour renflouer les caisses en urgence. Sous la direction de Giuseppe D'Alesi, orfèvre anciennement associé à La Pilosa, et témoin de la révolte de Masaniello à Naples, le palais royal est attaqué. À peine revenu, Los Vélez doit à nouveau fuir. D'Alesi, fidèle à la couronne espagnole, interdit les pillages et les destructions. Il rouvre la banque municipale et propose des réformes au vice-roi. La révolte prend fin peu après l'assassinat de D'Alesi par des émeutiers, sa tête exposée sur une grille de la ville, et sa maison détruite. L'archevêque de Monreale absout le peuple, les gens sans travail ou habitant Palerme depuis moins de dix ans sont expulsés de la ville afin de réduire la pénurie de blé dont les stocks sont réquisitionnés. Le jeu et le port de masque sont interdits, les travailleurs agricoles autorisés à travailler le dimanche et lors des fêtes religieuses. Le cardinal Giangiacomo Teodoro Trivulzio, nommé président et capitaine général de Sicile, ordonne le couvre-feu, fait saisir tous les poignards, impose le retour des nobles en ville et fait défendre la ville par de nouveaux bastions[20].

Secourant les Messinois rebellés contre les Espagnols, la flotte française du duc de Vivonne détruit les navires hispano-hollandais en 1676 devant le port de Palerme[21].

Une nouvelle insurrection éclate en mai 1708 lorsque, pour défendre l'île des Autrichiens qui ont envahi la Calabre, le nouveau roi Philippe V d'Espagne confie la défense de la ville à des soldats irlandais à la place des maestranze. Elle est réprimée le mois suivant[22].

Les Bourbons

Le duc et la duchesse de Savoie couronnés roi et reine de Sicile.
Le jardin botanique de Palerme (XVIIIe siècle).

Impliqué dans les guerres européennes entre la France, l'Autriche et l'Espagne, en 1713, par le traité d'Utrecht, Sicile passe à Victor-Amédée II de Savoie pour une courte période. En 1734, Charles III de Bourbon choisit Palerme pour son couronnement comme roi de roi de Naples et de Sicile. Tirant profit de l'affaiblissement de sa rivale Messine, la ville s’agrandit et voit se développer la construction de bâtiments, l'industrie et le commerce qui devient florissant. Elle devient la deuxième plus grande ville d'Italie après Naples avec 150000 habitants[23].

Le fils de Charles III, Ferdinand, lui succède. Il est peu apprécié par les Palermitains. Le vice-roi Giovanni Fogliani de Pellegrino, jouit d'une longévité inédite de vingt ans, jusqu'à ce qu'il s'attire l'hostilité de l'aristocratie en supprimant certains avantages fiscaux et en taxant les signes de richesses (fenêtres, balcons). Face à la pénurie de blé, le peuple prend le Parais du vice-roi qui fuit à Messine, et les maestranze reprennent les commandes de la cité en nommant l'archevêque Serafino Filangeri à la tête d'un gouvernement provisoire qui rétablit l'approvisionnement en blé et l'ordre[23].

Devant l'avancée des Français, le roi Ferdinand III de Sicile quitte Naples le et se réfugie à Palerme, dans le Palazzo Colli. En février 1800, la ville connait quelques troubles contre le coût de la nourriture après l'un des hivers les plus froids qu'a connu la Sicile[24]. Début juillet, Ferdinand retourne à Naples, libéré par Fabrizio Dionigi Ruffo, laissant sa famille à Palerme. Il revient le 8 août, accueilli par 21 coups de canon et un Te Deum dans la cathédrale, suivi des trois jours de fête en l'honneur de sainte Rosalie qui avaient été retardés pour attendre la présence royale[25]. Les Siciliens sont satisfaits des assurances données par Ferdinand dans son discours d'ouverture de la session parlementaire de 1802 et de son intention de maintenir la cour à Palerme.

Ferdinand et sa cour retarde au maximum leur retour à Naples, et en juin 1802, à la suite des accords avec Napoléon, ils rejoignent le continent[26]. En 1806, après l'invasion française, Ferdinand est de retour à Palerme. En 1810, Ferdinand réunit le parlement sicilien afin d'obtenir l'aide nécessaire afin de conserver son royaume menacé par les Français.

Lord William Bentinck, le commandant des troupes britanniques en Sicile, impose à Ferdinand de promulguer la Constitution, tandis que son fils François est nommé régent le 16 janvier 1812, et un nouveau gouvernement est instauré auquel prennent part les notables siciliens. À la demande de lord Bentinck, Settimo devient ministre de la Marine (1812-13) puis de la guerre (1813) du royaume de Sicile[27].

Par le traité de Casalanza et le congrès de Vienne en 1815 qui scelle la restauration de monarques européens sur les trônes qu'ils ont perdus durant les guerres napoléoniennes, Ferdinand obtient la restitution du royaume de Naples, qu'il avait perdu en 1806. La loi fondamentale du royaume des Deux-Siciles du 8 décembre 1816 réunit les territoires[28].

Révolte de 1820

Dans la mouvance du coup d'état à Naples, l'île connaît un sentiment de protestation lié à la disparition de royaume de Sicile au profit du nouveau royaume, la perte pour Palerme du statut de capitale (et donc d'emplois administratifs) et de port franc, devenu chef-lieu de province comme six autres cités siciliennes, la suppression de la constitution de 1812 et l'instauration de la conscription en mars 1818[Note 2],[29]. Aussi, le 15 juin 1820, les indépendantistes s'insurgent[30]. Un gouvernement est formé à Palerme par le prince Paternò Castello et Giuseppe Alliata di Villafranca[31] qui déclare l'indépendance envers Naples. Le gouvernement qui comprend aussi, Ruggero Settimo, le père Palermo de l'ordre des Théatins, le colonel Resquens, le marquis Raddusa et Giuseppe Tortorici, ré-instaure la Constitution de 1812, soutenu en cela par les Britanniques. Le 7 novembre 1820, Ferdinand envoie une armée de 6 500 soldats auxquels s'ajoutent les garnisons de la partie orientale de la Sicile qui n'adhèrent pas à la révolte.

L'armée assaillante aux ordres du général Florestano Pepe[32], puis du général Pietro Colletta[33], reconquiert la Sicile à l'issue de combats sanglants[30]. Palerme se rend le 5 octobre 1820[29]. La monarchie et l'autorité du gouvernement de Naples sont rétablis[30].

L'Autriche suit les événements et s'oppose à tout régime constitutionnel, elle organise une expédition commandée par le général Frimont. Le 26 février 1821, Settimo préside la commission composée de sept membres (un par province) qui doit proposer une constitution aux Napolitains et aux Siciliens[30]. Le projet de constitution reconnaît que l'unité politique ne nécessite pas une uniformité des systèmes et des méthodes d'administration[30]. Le document est signé le 14 avril sous le nom de atto di soggezione[34]. Cependant il est trop tard, les Autrichiens entrent dans Naples le 23 mars et dans Palerme le 31 mai réprimant les libéraux[30].

Une nouvelle tentative de soulèvement avorte en 1830[35].

Révolte de 1848

Après des manifestations estudiantines provoquant la fermeture administrative de l'université de Palerme, Une nouvelle révolution populaire éclate à Palerme le 12 janvier 1848 emmenée par Rosolino Pilo et Giuseppe La Masa, et rejointe par la franc-maçonnerie libérale qui combat l'absolutisme monarchique. L'armée bombarde la ville et détruit le mont-de-piété municipal, intensifiant la colère des citadins qui envahissent le palais royal, incendient les archives d’État, libèrent des prisonniers[36]. La révolte reçoit l'appui des Britanniques qui souhaitent étendre son influence sur le bassin méditerranéen.[réf. nécessaire]

Pour contrer le mouvement populaire, Settimo, accompagné de son ami Mariano Stabile, organise une garde nationale composée de bourgeois et de nobles et institue, le 2 février 1848, un comité général révolutionnaire qui tient le rôle de gouvernement provisoire[37]. Settimo occupe le poste de président du comité insurrectionnel, avec Stabile secrétaire général[38]. Le gouvernement est accompagné par Vincenzo Fardella di Torrearsa et Francesco Paolo Perez. Finalement, le parlement choisit d'offrir la couronne de l'île au duc de Gênes Ferdinand de Savoie, qui serait devenu le roi de l'île sous le nom de Albert Amédée Ier de Sicile, ce qu'il refuse.

La Sicile, après le refus du duc de Gênes, forme un gouvernement qui devient rapidement instable. Ferdinand II des Deux-Siciles envoie 16 000 hommes contre l'île afin de la reconquérir et fait bombardé la ville de Messine ce qui lui vaut le surnom de « re Bomba ». L'est est rapidement occupé. Le 15 mai 1849, Palerme tombe et avec elle toute l'île : l'espoir de garder en vie un État indépendant s'évanouit.

Expédition des Mille

1860 voit les premières tentatives de libération de la Sicile. La première révolte débute le 4 avril à Palerme par un épisode immédiatement réprimé[39] qui a pour protagonistes, sur le terrain, Pasquale Riso[40] et, loin du théâtre d'opération, Francesco Crispi, qui coordonne l'action des révoltés depuis Gênes[41]. En dépit de son échec, l'action donne naissance à une série de manifestations et d'insurrections[39], dont la marche de Rosolino Pilo de Messine à Piana dei Greci du 10 au 20 avril.

L'action se poursuit par l'expédition des Mille de Giuseppe Garibaldi. Après son débarquement à Marsala et la bataille de Calatafimi le 15 mai 1860, Garibaldi poursuit vers Palerme par Alcamo, Partinico et Renne. Après quelques escarmouches et quelques manœuvres de diversion vers l'intérieur, les garibaldiens arrivent à Palerme le 27 mai et s'apprêtent à entrer dans la ville, mais ils doivent d'abord traverser le Ponte dell'Ammiraglio, qui est aux mains des militaires bourboniens. Après un affrontement soutenu, les troupes des Bourbons abandonnent le poste et rentrent dans Palerme, une colonne par la Porta Termini et l'autre par la Porta Sant'Antonino[42].

Au cours des affrontements de la Porta Sant'Antonino et de la Porta Termini, le Hongrois Lajos Tüköry tombe alors que Benedetto Cairoli, Stefano Canzio et Nino Bixio sont blessés. Aidés par l'insurrection de Palerme (28-30 mai) à laquelle participent de futurs mafieux, dont Antonino Giammona, les garibaldiens et les insurgés combattent rue après rue et conquièrent toute la ville malgré les bombardements des navires bourboniens. Le 29 mai, les troupes des Bourbons contre-attaquent mais sont stoppées. Le 30 mai, barricadées dans la forteresse, elles demandent un armistice et l'obtiennent le 30 mai. Garibaldi achève la conquête de Palerme et prend possession de l'or de la banque de Sicile. Le 2 juin, il nomme un gouvernement provisoire. Le 6, les troupes bourboniennes capitulent en échange de leur départ, obtenant de rendre les armes avec les honneurs[43]. L'année suivante, la Sicile intègre le Royaume d'Italie.

Après l'unification de l'Italie

L'unification de la Sicile au royaume de Victor-Emmanuel II est suivie de tensions politiques à Palerme, qui n'a que le statut de chef-lieu de l'une des sept provinces de l'île. En août 1861, l'ancien secrétaire d’État garibaldien et futur maire de Palerme Domenico Peranni échappe à un attentat contre lui[44]. Dans la nuit du 2 au 3 octobre 1862, 13 Palermitains sont poignardés en deux heures. Jamais élucidés, ces meurtres pourraient impliquer les princes Giardinelli et Sant'Elia favorables aux Bourbons ou à l'autonomie sicilienne, soit les autorités pour affaiblir l'opposition par un contrôle policier fort. En septembre 1866, les bâtiments publics sont pris par des séditieux venus de Monreale, Bagheria et Misilmeri, rejoints par des Palermitains[45]. Ce mouvement antiunitaire, appelé Sette e mezzo d'après le nombre de jours qu'il a fallu à la Garde nationale pour rétablir l'ordre rassemble partisans des Bourbons, ex-garibaldiens et brigands[46]. La figure d'Antonino Giammona, ancien révolutionnaire devenu capitaine de la Garde nationale qui réprime l'insurrection avant de devenir chef mafieux, illustre la collaboration entre le jeune état italien et une mafia émergente[47].

Trois ans plus tard, le préfet de police de Palerme nommé en 1867, Giuseppe Albanese, est poignardé sur une place de Palerme : il est blessé par un mafieux qu'il avait tenté de faire chanter. En 1871, Albanese est inculpé puis acquitté du meurtre de deux bandits par manque de preuve. Le corps politique s'appuie de plus en plus sur un système de clientélisme et de fraude électorale, tel le conseiller municipal de Palerme et député Raffaele Palizzolo, qui est accusé au tournant du siècle d'avoir commandité le meurtre de l'ex-gouverneur de la banque de Sicile (it), le marquis Emanuele Notarbartolo (it).

L'histoire de Palerme se calque sur les vicissitudes de celle italienne, avec la participation des Siciliens à toutes les guerres de l'expansion italienne. Grâce à un groupe d’entrepreneurs brillants, Palerme connait une grande croissance économique et culturelle. Parmi ces personnes, deux grandes familles de Palerme, les Florio, représentés à partir de 1891 par Ignazio Florio Jr., l'une des plus grosses fortunes d'Italie, et d'autre part les Whitaker, propriétaires de la villa qui va devenir le Grand Hôtel des Palmes, où Wagner composa pendant l'hiver 1881-82 son dernier opéra, Parsifal. L'influence des Florio est telle que la presse désigne Palerme sous le nom de « Floriopolis », tandis que la haute société européenne de la Belle Époque afflue dans la ville admirer son opulence.

Les dirigeants des faisceaux siciliens dans la cage du tribunal lors du procès d'avril 1894.

C'est à Palerme que les faisceaux siciliens (fasci siciliani en italien), mouvement populaire d'inspiration démocratique et socialiste apparu en Sicile, prend son essor avec sa mise en place le [48]. Les ligues irradient alors rapidement dans toute la Sicile[48]. Les 21 et 22 mai 1893, un congrès se tient à Palerme, avec 500 délégués de presque 90 ligues et cercles socialistes. Un comité central est élu, composé de neuf membres : Giacomo Montalto pour la province de Trapani, Nicola Petrina (en) pour la province de Messine, Giuseppe De Felice Giuffrida (it) pour la province de Catane, Luigi Leone pour la province de Syracuse, Antonio Licata pour la province d'Agrigente, Agostino Lo Piano Pomar (it) pour la province de Caltanissetta, Rosario Garibaldi Bosco (it), Nicola Barbato et Bernardino Verro pour la province de Palerme[49]. Le congrès décide que toutes les ligues sont obligées de joindre le Parti des travailleurs italiens[48].

Le mouvement est réprimé par l’État italien, le général Roberto Morra di Lavriano e della Montà (it)étant nommé régent de Palerme doté des pleins pouvoirs.

Se tiennent à Palerme, en avril et mai 1894, les procès contre le comité central des faisceaux qui portent le coup final au mouvement. Malgré une défense éloquente, qui transforme le tribunal en tribune politique, les dirigeants sont condamnés à de lourdes peines de prison[50].

Joe Petrosino, policier américain enquêtant sur la mafia, est assassiné le 12 mars 1909 à Palerme.

Avec la Grande guerre et la période fasciste, la ville est reléguée à un rôle marginale dans le contexte national.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, la ville est victime d'un violent bombardement dès les premiers jours du conflit, réalisé par l'aviation française et anglaise qui visent principalement des cibles militaires. Avec l'intervention des États-Unis, les bombardements sont d'une grande ampleur et sans discernement, détruisant des quartiers entiers, provoquant la mort de centaines de victimes civiles et infligeant de graves dommages au patrimoine artistique de la ville. Après la libération, la ville est touché par un bombardement intense de la Luftwaffe, qui a pour objectif les navires alliés dans le port de Palerme.

L'après-guerre

Palerme après les bombardements de 1943

Le 22 juillet 1943, lorsque les Alliés prennent la ville, ils nomment le colonel Charles Poletti commissaire aux affaires civiles de la ville, et installent une nouvelle administration. La Sicile revient sous la responsabilité du gouvernement italien, avec la nomination d'un préfet, le 29 septembre 1943, et le leader du parti agraire, Lucio Tasca, devient maire de Palerme[51].

La guerre laisse la ville meurtrie : le centre-ville est détruit, les habitants vivent dans la faim et l'insalubrité, les services publics sont à reconstruire, les chantiers navals, principaux employeurs de la ville, mettront quatre ans à rouvrir après leur démantèlement par les Allemands fin 1942[51].

La liberté de la presse et l'activité politique sont autorisées le 11 janvier 1944. Palerme revit peu à peu et retrouve sa place de centre politique et culturel de l'île. La presse reparaît, dont la revue culturelle Chiarezza lancée par Fausto Flaccovio, les fêtes reprennent, et des conflits sociaux réapparaissent[51]. En octobre 1944, une manifestation contre la faim est violemment réprimée par l'armée, faisant au moins 24 morts et 158 blessés.

Le Comité de libération nationale de Palerme obtient le remplacement changement du préfet et du maire, trop proches des forces séparatistes. Le 4 novembre 1944, après l'interrègne d'un commissaire préfectoral, l'avocat Rocco Gullo, socialiste, opposant au fascisme, est nommé maire[51].

Le nouvel archevêque, le cardinal Ernesto Ruffini, nommé en mars 1946, est accueilli le 31 à l'aéroport de Boccadifalco par une foule qui l'applaudit tout au long de son tour de la ville en calèche. Comme lui, l'électorat soutient le maintien de la monarchie lors du référendum du 2 juin[52]. La droite sort gagnante des élections municipales du 10 novembre 1946, et porte, le 27 novembre, le qualunquiste Gennaro Patricolo à la tête de la mairie. L'un des conseillers élus, le monarchiste Marino Settimo, est absent en fuite car poursuivi pour marché noir[51].

En 1947, la Sicile devient une région autonome et Palerme est à nouveau le siège du Parlement. Détruite par trois ans de bombardement, Palerme compte plus de 70 000 pièces d’habitation anéanties ou endommagées. Plutôt que de reconstruire la ville en suivant le plan d’urbanisme (Piano regolatore generale) de 1944, jugé trop rigide, et malgré la taille et le niveau de destruction de la métropole qui n'auraient pas dû le permettre, les autorités préfèrent la procédure exceptionnelle et dérogatoire du plan de reconstruction, plus rapide et permettant de s'affranchir légalement des règles et procédures[52]. Adoptée pour deux années, et pouvant être prorogée au maximum pour dix ans, le plan de reconstruction reste en vigueur jusqu’en 1962[52]. Les périphéries sont rapidement urbanisées, alors que le centre historique est laissé à l'abandon jusque dans les années 1980. La population est rapidement relogée dans des zones résidentielles périphériques livrées aux spéculateurs immobiliers et à la mafia. Le centre historique est lui délaissé, les palais baroques abandonnées, les villas liberty rasées. Transformé en ghetto des plus pauvres et de squatteurs, le centre-ville forme désormais un vivier de petites mains pour la mafia évité par la majorité des Palermitains[53],[52].

Gaspare Cusenza mène une première junte chrétienne-démocrate le 10 novembre 1948, alors que son jeune parti est minoritaire, puis lui succèdent les monarchistes Pivetti et Avolio, suivi d'un commissaire. Aux municipales de 25 mai 1952, la gauche unie sous l'étiquette du Front démocratique populaire obtient 22,50 % des voix, lui permettant de dépasser les monarchistes (22 %) et le MSI (18,8 %) mais se plaçant derrière la DC (25 %) qui inaugure une longue lignée de maires issus de ses rangs avec Gioacchino Scaduto[51].

Le front syndical se divise. La mafia fait son entrée dans le conseil municipal en 1948, et les milieux affairistes (Vaselli, Cassina, Ferruzza) prennent le contrôle des marchés publics, de la construction et de la collecte d'impôts[51].

En 1956, les démocrates-chrétiens remportent 35,7 % des suffrages. Salvo Lima et Vito Ciancimino entrent dans l'exécutif. Adjoint aux travaux publics, Lima est élu maire en 1958[52] et promulgue un nouveau plan d’urbanisme en 1962.

Le développement économique et social de la ville a été freiné par les activités de la Mafia, lors de ce que l'on a appelé le « sac de Palerme ». Salvo Lima et Vito Ciancimino, maires de Palerme dans les années 1960 et 1970, et très proches des Corleonesi (dirigés par Toto Riina), permirent une vaste spéculation immobilière, détruisant de nombreux bâtiments historiques et livrant à l'urbanisation les champs d'agrumes de la Conca d'Oro. Grâce aux soutiens au sein de la municipalité et de l'assemblée régionale qui ne souhaitent pas affaiblir ce secteur économique en plein essor, les normes antisismiques de construction et d'urbanisation n'y sont pas appliquées après le Séisme de janvier 1968 dans la vallée du Belice, qui affecte de manière négligeable Palerme mais met au jour que les risques existent[54].

Palerme fut ensuite le théâtre de multiples règlements de compte entre clans (plus de 1 000 morts entre 1981 et 1983), ainsi que pour les assassinats en série de journalistes (Mauro De Mauro, Mario Francese), politiciens (Piersanti Mattarella, Pio La Torre), policiers (Emanuele Basile, Ninni Cassarà), magistrats, médecins (Paolo Giaccone) ou préfet (Carlo Alberto dalla Chiesa)[55].

Les assassinats du président de la région Piersanti Mattarella et du préfet Carlo Alberto dalla Chiesa amène la Démocratie chrétienne de l'île, menée par le frère du premier, Sergio Mattarella, à prendre ses distances avec les réseaux mafieux, notamment avec Vito Ciancimino[56]. Les catholiques rejoignent peu à peu cette lutte contre la mafia[57].

En parallèle, les aveux de Tommaso Buscetta, premier repenti, mettent au grand jour l'organisation de la Cosa Nostra et les dissensions au sein des familles mafieuses[2]. En septembre 1984, les juges de Palerme envoient 366 mandats d'arrêt visant des crimes politico-mafieux. L'été 1985 est sanglant : le vice-président des industriels de Palerme Roberto Parisi, le commissaire de police de Palerme, Giuseppe Montana et le chef adjoint de la brigade mobile de Palerme Antonio Cassarà sont tués par la Mafia. Les investigations des juges Giovanni Falcone et Paolo Borsellino aboutissent au maxi-Procès d'une centaine de mafiosi qui s'ouvre le 10 février 1986[58] et symbolise le désir de mettre fin de l'omertà.

En 1985, le jeune chrétien-démocrate Leoluca Orlando est élu maire à la tête d'une large coalition du centre (Parti républicain italien, Parti libéral italien), du centre droit (Démocratie chrétienne) et du centre gauche (Parti socialiste italien, Parti socialiste démocratique italien), puis avec les communistes à partir de 1989. Il engage le « Printemps de Palerme » durant lequel la municipalité affirme un discours de reconquête de la ville contre la mafia, soutient le développement d'une programmation artistique, réhabilite le centre historique et améliore l'image de la ville[52].

Quoique largement réélu en 1990, Orlando doit laisser son fauteuil à l'un de ses adjoints, Domenico Lo Vasco, qui démissionne de ses mandats et fonde son propre mouvement : la Rete, le « filet », le 24 janvier 1991, avec Nando Dalla Chiesa, fils du préfet assassiné en 1982, et le jésuite Ennio Pintacuda, fondateur du mouvement Città per l'Uomo[57]. La ville connaît une période d'instabilité politique: Lo Vasco, dernier maire démocrate-chrétien de Palerme, démissionne en juin 1992 et ses successeurs, l'indépendant de gauche Aldo Rizzo puis le socialiste Manlio Orobello, ne restent en poste respectivement que 5 et 4 mois, et les violences mafieuses continuent : exécution de l’industriel refusant de payer le pizzo, Libero Grassi, en août 1991 ; assassinat en pleine rue de l'ancien maire mafieux Salvatore Lima en mars 1992, pour n'avoir pas su protéger la Cosa Nostra du « Maxi-procès » ; attentats meurtriers contre les juges antimafia Falcone à Capaci en juin 1992 et Borsellino, via D'Amelio en juillet suivant ; mort du père Giuseppe Puglisi en septembre 1993, etc. La mort du juge Falcone produit un électrochoc chez les Palermitains qui le jour même se réunissent spontanément au pied de son immeuble ; le ficus du trottoir devient un autel de témoignage et de recueillement surnommé Albero Falcone (l’» Arbre Falcone »), symbole de la mobilisation citoyenne voire lieu de pèlerinage semblable au culte autour de sainte Rosalie[57]. L'omertà et la méfiance vis-à-vis d'un État s'estompent[57]. En mars 1993, une cinquantaine d'associations antimafia se fédèrent autour de Palermo anno uno[57]. Quand le prêtre Giuseppe Puglisi est tué en septembre, à nouveau des milliers de Palermitains lui rendent hommage[57]. Les deux juges martyrs ont donné leur nom à l'aéroport de Punta Raisi (Falcone-Borsellino).

L'arrestation en janvier 1993 de Toto Riina, chef présumé de la Cosa Nostra, met fin à l'une des époques les plus sanglantes de la Sicile[2]. Cette même année, Leoluca Orlando est réélu maire de Palerme en obtenant 75,1 % des suffrages au premier tour de la première élection municipale au suffrage universel direct. Il est réélu en 1997 au second tour avec 58,5 % des voix.

Souhaitant retrouver l'élan du Printemps de Palerme, il porte un discours autour d’’une régénération politique contre la corruption, d'un apurement social, contre la mafia et les règles parallèles, et un assainissement urbain par la restauration du patrimoine palermitain. Des familles bourgeoises, des intellectuels, des artistes et une jeune génération réinvestissent les hôtels particuliers restaurés, et les touristes progressivement reviennent progressivement[53].

Le nouveau maire Orlando developpe aussi une politique culturelle comme le festival “Palermo di scena” et surtout la revitalisation de la fête patronale, le Festino di Santa Rosalia.

La justice poursuit sa pression contre la mafia : procès pour association mafieuse de Giulio Andreotti en 1995, quoiqu'acquitté en 1999, condamnation à la prison à vie de 17 mafieux impliqués dans la mort de Borsellino en 1999, condamnation à perpétuité pour 29 mafiosi, dont Toto Riina, pour le meurtre du juge Falcone[2]. Depuis la fin des années 1990 le taux d'homicide a très largement diminué (moins de 10 crimes mafieux par an)[59]. Par ailleurs fut signé en 2000 la convention de Palerme, sous l'égide de l'ONU contre le crime organisé.

Le maire Leoluca Orlando démissionne en décembre 2000 pour tenter vainement de prendre la tête de la région[52]. Diego Cammarata devient le premier magistrat en 2001 sous les couleurs de Forza Italia[2], qu'a rejoint une partie des membres de la Démocratie chrétienne, dissoute en 1994. Il est reconduit en 2007.

Après la démission de Cammarata en 2012, Orlando retrouve son fauteuil de maire, et est reconduit en 2017.

Aujourd'hui, Palerme compte 680 000 habitants et est un centre de commerce important non seulement pour l'île mais aussi pour l'Afrique et avec le bassin méditerranéen.

Notes et références

Notes

  1. Zyz : le z doit être prononcé comme un s (Zis), ce qui signifie fleur en phénicien.
  2. La conscription est annulée en mai 1821.

Références

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Source

Voir aussi

Bibliographie

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

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    Dans cet ouvrage, peut-être trop surchargé d'érudition hébraïque et grecque, Valguarnera, après avoir réfuté l'opinion de Tommaso Fazello, qui faisait venir les premiers habitants d'Italie de la Syrie, les Araméens, opinion qui est pourtant la plus probable, cherche à établir que ces premiers habitants étaient les géants de la Thrace, dont la langue fut, selon lui, l'éolique. Il raconte merveilles de ces ossements humains d'une grandeur prodigieuse que l'on trouvait, dit-on, si souvent dans les grottes de la Sicile. Un observateur plus éclairé n'y aurait vu que des restes d'animaux.
  • Henri Bresc, "Les rues de Palerme (1070-1460)", in Le Paysage urbain au Moyen Âge, Actes du XIe Congrès des Médiévistes, Lyon, 1981, p. 155-186.
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  • Henri Bresc et Geneviève Bresc-Bautier, Palerme, 1070-1492. Mosaïque de peuples, nation rebelle: la naissance violente de l’identité sicilienne, Paris, Editions Autrement, 1993.
  • Thierry Fabre et Deborah Puccio, Retrouver Palerme, Arles, Actes Sud, (« La Pensée de Midi », 8), 2002.
  • John Julius Norwich, Histoire de la Sicile : de l'Antiquité à Cosa Nostra, Tallandier, (ISBN 979-10-210-2876-0). 

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