Francesco Crispi

Francesco Crispi (né le à Ribera, près d'Agrigente, dans le royaume des Deux-Siciles et mort le à Naples) est un homme d'État italien du royaume d'Italie, qui fut président du Conseil du au , puis du au . Il est d'origine arberesh.

Francesco Crispi

Portrait de Francesco Crispi.
Fonctions
Président du Conseil des ministres d'Italie
Monarque Humbert Ier
Législature XVIe et XVIIe
Prédécesseur Agostino Depretis
Successeur Antonio di Rudinì
Monarque Humbert Ier
Législature XVIIIe et XIXe
Prédécesseur Giovanni Giolitti
Successeur Antonio di Rudinì
Président de la Chambre des députés
Législature XIIIe
Prédécesseur Giuseppe Branchieri
Successeur Benedetto Cairoli
Ministre de l'Intérieur
Président du Conseil Agostino Depretis
Prédécesseur Giovanni Nicotera
Successeur Agostino Depretis
Président du Conseil Lui-même
Prédécesseur Agostino Depretis
Successeur Giovanni Nicotera
Président du Conseil Lui-même
Prédécesseur Giovanni Giolitti
Successeur Antonio di Rudinì
Ministre des Affaires étrangères
Président du Conseil Lui-même
Prédécesseur Agostino Depretis
Successeur Antonio di Rudinì
Biographie
Nom de naissance Francesco Crispi
Date de naissance
Lieu de naissance Ribera (Royaume des Deux-Siciles)
Date de décès
Lieu de décès Naples
Sépulture Église San Domenico de Palerme
Nationalité Italienne
Parti politique Gauche historique
Conjoint Rosalia Montmasson
Profession Avocat
Religion Catholique


Présidents du Conseil italien

Biographie

Le républicain

Avocat à Naples, Francesco Crispi participe au soulèvement de 1848-1849 dans le royaume des Deux-Siciles. Après l'échec du soulèvement, il se réfugie dans le Piémont. Républicain mazzinien, il est expulsé du Piémont après la tentative de complot de ses amis en 1853. Il se réfugie à Malte, où il se marie, puis à Paris. De nouveau expulsé, il trouve asile à Londres, où il devient le collaborateur de Mazzini. Il rentre en Italie en , au moment de la guerre austro-franco-sarde (la deuxième guerre d'indépendance). Il joue un rôle de premier plan dans la préparation et le déroulement de l'expédition des Mille de Garibaldi contre le royaume des Deux-Siciles. Il débarque à Marsala, en Sicile, en , et après la conquête de l'île devient ministre de l'Intérieur et des Finances dans le nouveau gouvernement sicilien. Il refuse le rattachement de son pays natal au royaume de Sardaigne, c'est un échec.

Le 13 novembre 1860 il est élevé à la Maîtrise dans la Loge de Palerme à l'obédience du Grand Orient d'Italie « I Rigeneratori del 12 gennaio 1848 al 1860 Garibaldini »[1].

Un homme d'influence

Crispi est élu député républicain de Palerme en 1861, et siège à l'extrême gauche dans le premier Parlement italien. Mais en 1864, il décide de rallier la monarchie. « La République nous divise, la Monarchie nous unit », écrit-il alors à Mazzini. En 1866, il refuse de participer au ministère Ricasoli. En 1867, il s'oppose à l'expédition militaire contre Rome que mène, sans succès, son ancien ami Garibaldi. En 1873, à la mort de Rattazzi, il soutient la candidature à la direction de la gauche de Depretis. En 1876, il est élu président de la Chambre des députés. En décembre 1877, Depretis l'appelle dans son ministère au poste de ministre de l'Intérieur. Il y reste jusqu'en mars 1878, date à laquelle il doit démissionner à la suite d'une grave affaire privée où il est accusé de bigamie. Il est aussi connu pour avoir fait usage de la politique du transformisme initié par Depretis et héritière du Connubio de Camille de Cavour.

Dans sa fonction, il mène une action centralisatrice. Il suggère au nouveau roi Humbert de prendre le titre de Humbert Ier, roi d'Italie, et renonce à la continuation savoyarde (Humbert IV de Savoie). Il obtient que le roi Victor-Emmanuel II soit enterré à Rome et non pas en Savoie auprès de ses ancêtres. Le pape Pie IX étant décédé, Crispi convainc le cardinal Pecci, le futur pape Léon XIII, que le conclave pour l'élection du successeur, se tienne à Rome, bien que la position de la papauté soit de se considérer comme « prisonnière » au Vatican. Redevenu député, Crispi critique la politique de Depretis, lui reprochant son manque d'ambition pour redonner à l'Italie le prestige qu'elle avait connu. En 1887, Depretis doit le rappeler au ministère de l'Intérieur.

Président du Conseil

Caricature de 1895 montrant Francesco Crispi sous forme de ballon planant au-dessus de personnages qui représentent le pays, la majorité, la presse, l'opposition, le gouvernement et l'Église. Deux autres ballons, l'anarchisme et le socialisme, semblent le menacer.

En janvier 1887, Crispi est nommé président du Conseil des ministres. Il exerce cette fonction jusqu'au 31 janvier 1891. Après l'intermède des gouvernements di Rudinì et Giolitti, il reprend le la direction du gouvernement, qu'il conserve jusqu'à sa démission le . Il est soutenu par le roi Humbert Ier, mais son autoritarisme lui aliène le soutien des radicaux. Crispi change d'alliance et gouverne avec la droite. Bien souvent, il se passe du contrôle du Parlement ou le dissout par commodité.

Face aux avancées de la gauche en Sicile, Crispi dissout en 1889, le conseil municipal de Catane mené par le socialiste Giuseppe De Felice[2].

En 1893, il met fin par une force extrême à la quasi insurrection provoquée par les fasci de paysans pauvres en Sicile, qu'il présente comme un complot révolutionnaire sécessionniste contre l'union italienne des socialistes et des cléricaux[3]. Pour répondre à ce mouvement agricole, il prévoit une réforme des système latifundiaire sicilien vers le développement de la petite et moyenne propriété agricole, mais Colajanni décline sa proposition de la porter comme ministre de l'Agriculture et le parti agrarien représentant les grands propriétaires charge le député Di Rudini de s'y opposer[3]. Il imagine également une décentralisation régionale inspirée de Luigi Carlo Farini et de Marco Minghetti[3].

À l'extérieur, il vise à renforce le prestige de l'Italie, mais il ne tient pas assez compte de la pauvreté de son pays. Grand admirateur de Bismarck, Crispi renforce les liens d'alliance avec l'Autriche et l'Allemagne initiée par Depretis en 1882.

Il échappe à un attentat anarchiste le , après lequel sont votées une série de lois antianarchistes. Il limite le droit de vote à la capacité de lire et d'écrire, pour affaiblir la gauche, des centaines d'opposants parmi lesquels des professeurs perdent ainsi leurs droits pour illettrisme, et convoque des élections anticipées en 1895[4].

Très hostile à la France qu'il considère alliée au Pape pour la restauration des États pontificaux et porteuse d'instabilité en Europe[3], il supporte mal la tentation de dicter sa politique extérieure à l'Italie et, en plaçant la Tunisie sous son protectorat, prive la péninsule d'une colonie facile d'accès. Crispi rompt les négociations pour le traité de commerce ; il refuse d'ouvrir un pavillon italien à l'exposition universelle qui se tient à Paris en 1889. Mais surtout, Crispi accentue la politique coloniale de l'Italie en Afrique. À la suite de la défaite des Italiens à Dogali en , il fait signer un traité dont la version signée par le négus d'Abyssinie donnant à l'Italie un protectorat sur l'Érythrée est falsifiée. Par suite de la dénonciation du traité par Ménélik II, il lance l'Italie dans une tentative de conquête militaire de l'Abyssinie. Celle-ci se termine par le désastre de la bataille d'Adoua le 3 mars 1896. Crispi est contraint de démissionner. L'essayiste Domenico Margiotta l'attaque violemment dans un de ses pamphlets parus en 1896[5].

Après sa démission, il est inquiété par la justice pour d'éventuelles prévarications. Il démissionne de son poste de député, mais il est réélu à Palerme en 1898.

Crispi a dominé la dernière décennie du XIXe siècle en Italie. Surtout, nombre de ses idées ainsi que son style de gouvernement en font l'un des inspirateurs de Mussolini.

Notes et références

  1. (it) Christopher Duggan, Creare la nazione. Vita di Francesco Crispi,Roma-Bari, Laterza, 2000, pp. 323-325.
  2. Jean-Yves Frétigné, Histoire de la Sicile : des origines à nos jours (ISBN 978-2-8185-0558-8 et 2-8185-0558-5), p. 339
  3. Jean-Yves Frétigné, « La Sicile : un laboratoire politique à l’époque de la Monarchie libérale (1860-1922) », Cahiers de la Méditerranée, no 96, , p. 179–195 (ISSN 0395-9317, DOI 10.4000/cdlm.10800, lire en ligne, consulté le )
  4. John Julius Norwich, Histoire de la Sicile : de l'Antiquité à Cosa Nostra, Tallandier, (ISBN 979-10-210-2876-0), p. 412-413
  5. Domenico Margiotta, Francesco Crispi, son œuvre néfaste, Grenoble, H. Falque, 1896.

Liens externes

  • Portail de la politique en Italie
  • Portail du droit
  • Portail du Risorgimento
  • Portail du XIXe siècle
  • Portail de la Sicile
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.