Napoleone Colajanni

Napoleone Colajanni, né à Castrogiovanni le , mort à Enna le , est un homme politique et intellectuel italien.

Biographie

Fils d'un médecin libéral et d'une propriétaire de mines de soufre, il est élevé dans l'idéologie patriotique de Mazzini. À 13 ans, il s'enfuit pour rejoindre les Mille de Garibaldi[1].

Il étudie par la suite la médecine à Gênes et à Naples en 1869. Son activité au sein de l'Alliance républicaine universelle de Mazzini lui vaut une arrestation avec Nicotera et Pantano[1].

Il voyage en Argentine puis s'installe comme médecin à Castrogiovanni et gère les mines familiales[1]. Il collabore à La Lettera della democrazia d'Alberto Mario et de la Rivista repubblicana d'Arcangelo Ghisleri[1].

Par son ouvrage Il socialismo paru en 1884, il influence les principaux dirigeants des Faisceaux siciliens des travailleurs qu'il défend dans le journal L'Isola et dont il est nommé président d'honneur de plusieurs[2].

Il est élu député de Caltanissetta de 1890 à sa mort en 1921 et siège à l'extrême-gauche. Il soutient les premières actions du conservateur Antonio di Rudinì dirigées vers une moralisation de la politique et une plus large autonomie de la Sicile. Mais, avec les socialistes palermitains, Colajanni aspire à une autonomie démocratique au sein de l’Italie unifiée, s'appuyant sur de nouvelles ligues, une relation plus juste entre exploitants agricoles et grands propriétaires et le Suffrage universel[3]. Il voit dans la centralisation piémontaise une forme de colonisation de la Sicile par les Italiens du Nord, sans pour autant adhérer au courant sicilianisme ni au séparatisme. Il analyse l'émergence des faisceaux siciliens par l'abandon de la modernisation de l'île souhaitée par Garibaldi, le refus du régionalisme et la faiblesse de l’État sur l'île, accusant ainsi l'élite sicilien et l’État italien d'être à l'origine du retard économique et social de la Sicile. Patriote, républicain et démocrate, il invoque le self-government construit autour d'une décentralisation régionale, d’une autonomie des communes et la concession de libertés politiques[3].

Il s'oppose aux théories de Lombroso sur l'infériorité héréditaire des Méridionaux mais prend position en faveur du protectionnisme décrié par la majorité des méridionalistes[4].

Au Parlement, il dénonce le scandale de la Banca Romana, s'oppose au transformisme politique, est à l'initiative d'une enquête parlementaire sur la campagne en Érythrée[1].

Il fonde en 1896 et dirige jusqu'à sa mort La Rivista popolare di politica, lettere e scienze sociali[1]. Il est nommé professeur de statistique et à la faculté de Droit à l'Université de Naples en 1901[1].

Membre fondateur du Parti Républicain en 1895, il est partisan de l'interventionnisme démocratique durant la Première Guerre mondiale[1]. Adversaire de la révolution bolchévique et du maximalisme, il flirte avec le fascisme naissant à la veille de sa mort[1].

Ouvrages

  • Il socialismo, 1884.
  • Les événements de Sicile et leurs causes (Gli avvenimenti di Sicilia e le loro cause), 1894

Notes et références

  1. Société d'histoire moderne et contemporaine (France) Auteur du texte, « Revue d'histoire moderne et contemporaine / Société d'histoire moderne », sur Gallica, (consulté le )
  2. Frétigné, Jean-Yves, (1966- ...), Histoire de la Sicile : des origines à nos jours (ISBN 978-2-8185-0558-8 et 2-8185-0558-5, OCLC 1028640691, lire en ligne), p. 344
  3. Jean-Yves Frétigné, « La Sicile : un laboratoire politique à l’époque de la Monarchie libérale (1860-1922) », Cahiers de la Méditerranée, no 96, , p. 179–195 (ISSN 0395-9317, DOI 10.4000/cdlm.10800, lire en ligne, consulté le )
  4. Frétigné, Jean-Yves, (1966- ...), Histoire de la Sicile : des origines à nos jours (ISBN 978-2-8185-0558-8 et 2-8185-0558-5, OCLC 1028640691, lire en ligne), p. 341

Voir aussi

Articles connexes

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