Bismarck (cuirassé)

Le Bismarck était le premier cuirassé de la classe Bismarck construit pour la Kriegsmarine sous l'Allemagne nazie. Nommé d'après le chancelier allemand Otto von Bismarck qui fut l'un des architectes de l'unification allemande au XIXe siècle, il fut, avec son navire-jumeau le Tirpitz, le plus grand navire de guerre utilisé par l'Allemagne.

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Bismarck

Le Bismarck à Hambourg en 1940.
Type Cuirassé
Classe Bismarck
Histoire
A servi dans  Kriegsmarine
Commanditaire  Reich allemand
Constructeur Blohm + Voss
Chantier naval Blohm & Voss (Hambourg)
Quille posée
Lancement
Armé
Statut Sabordé le
Équipage
Commandant Ernst Lindemann
Équipage 103 officiers
1 962 marins
Caractéristiques techniques
Longueur 251 m (hors tout)
241,6 m (flottaison)
Maître-bau 36 m
Tirant d'eau 8,63 m (à vide)
9,90 m (en charge)
Déplacement 41 700 t
Port en lourd 50 300 t
Propulsion 12 chaudières
turbines à vapeur
hélices
Puissance 111,98 MW
Vitesse 30,01 nœuds (55,6 km/h)[1]
31,1 nœuds (57,6 km/h)[2]
Caractéristiques militaires
Blindage 320 mm (ceinture)
50−120 mm (pont principal)
130−360 mm (tourelles)
Armement (4 × 2) × 380 mm
(6 × 2) × 150 mm
(8 × 2) × 105 mm
(8 × 2) 37 mm (SK C/30)
(12 × 1) × 20 mm
Rayon d'action 16 430 km à 19 nœuds (35 km/h)
Aéronefs Arado Ar 196
Localisation
Coordonnées 48° 10′ 00″ nord, 16° 12′ 00″ ouest
Géolocalisation sur la carte : océan Atlantique
Bismarck

Le Bismarck fut construit dans le chantier naval Blohm & Voss de Hambourg entre et  ; après son entrée en service en , il passa plusieurs mois à réaliser des essais en mer Baltique avant de participer à l'opération Rheinübung sous le commandement du capitaine de vaisseau Ernst Lindemann en . Accompagné du croiseur lourd Prinz Eugen, il devait attaquer les convois alliés entre l'Amérique du Nord et le Royaume-Uni. Durant leur trajet vers l'Atlantique nord, les deux navires furent repérés à plusieurs reprises et l'Amirauté britannique déploya des unités de la Royal Navy pour les intercepter. Lors de la bataille du détroit de Danemark le , le Bismarck détruisit le croiseur de bataille Hood, l'un des plus puissants navires britanniques, et obligea le cuirassé Prince of Wales à se replier. Ayant été touché à plusieurs reprises et perdant du combustible, le Bismarck mit le cap vers la France occupée pour y être réparé tandis que le Prinz Eugen poursuivait sa mission.

Après la destruction du Hood, la Royal Navy mobilisa des dizaines de navires pour intercepter le cuirassé avant qu'il ne rejoigne la protection de l'aviation et des sous-marins allemands. Le , le Bismarck fut attaqué par des bombardiers-torpilleurs Fairey Swordfish lancés par le porte-avions Ark Royal ; l'une des torpilles toucha sa poupe et rendit inopérant son gouvernail. Dans l'impossibilité de manœuvrer, il fut rattrapé le lendemain par les cuirassés Rodney et King George V. Le Bismarck fut neutralisé par l'intense bombardement britannique et il coula après avoir été sabordé par son équipage ; seuls 114 marins et un chat survécurent sur un effectif de plus de 2 200. Son épave fut localisée en par l'océanographe américain Robert Ballard à 650 kilomètres au large de la côte française, à pratiquement 4 800 mètres de profondeur.

Construction et caractéristiques

Représentation en 3D du Bismarck.

Le Bismarck fut commandé sous le nom d'Ersatz Hannover pour remplacer le vieux pré-dreadnought SMS Hannover lancé en 1905[1]. Le contrat pour sa construction fut accordé au chantier naval Blohm & Voss de Hambourg où la quille fut posée le [3],[4]. Le navire fut lancé le en présence d'Adolf Hitler et il fut baptisé par Dorothee von Löwenfeld, la petite-fille de l'ancien chancelier Otto von Bismarck qui avait donné son nom au cuirassé[4]. Il fut achevé durant l'été 1940 et il entra en service le [5],[6].

Le Bismarck avait une longueur hors-tout de 251 mètres, une longueur de flottaison de 241,6 mètres, un maître-bau de 36 mètres et un tirant d'eau en charge de 9,9 mètres[1]. Avec son navire-jumeau le Tirpitz, il était le plus grand navire construit par l'Allemagne (mais non du monde : au tout premier rang se trouvaient le Yamato (1937) et le Musashi (1938), cuirassés japonais). Son déplacement à pleine charge de 50 300 tonnes surpassait celui de tous les autres cuirassés européens. Seul le HMS Vanguard, mis en service après la Seconde Guerre mondiale[7], le dépassera.

Le Bismarck était propulsé par trois hélices mues par trois turbines à vapeur Brown-Boveri (Blohm & Voss) alimentées par douze chaudières à mazout Wagner développant une puissance de 111,98 MW et qui procurait au bâtiment une vitesse maximale de 29 nœuds (53,7 km/h). Aux essais, la vitesse maximale atteinte fut, selon les sources, de 30,01 nœuds (55,6 km/h)[1] ou de 31,1 nœuds (57,6 km/h)[2].

L'armement principal se composait de huit canons de 380 mm disposés en quatre tourelles doubles, deux à l'avant (« Anton » et « Bruno ») et deux à l'arrière (« Caesar » et « Dora »)[8]. Chacune de ces tourelles pouvait tirer un obus de 800 kilogrammes à 36 520 mètres à un rythme optimal de trois par minute[9]. L'artillerie secondaire comprenait douze canons de 150 mm ainsi que respectivement seize, seize et douze canons antiaériens de 105, 37 mm et 20 mm[1]. La ceinture blindée avait une épaisseur de 320 mm et elle était surmontée par des ponts de 50 à 120 mm. Les tourelles principales étaient protégées par 360 mm de blindage à l'avant, 220 mm sur les flancs et 130 mm sur le dessus[1].

L'équipage normal se composait de 103 officiers et de 1 962 marins[5] mais il pouvait dépasser les 2 200 en comptant l'équipage de prise, l'état-major de la flotte et les correspondants de guerre[10]. Le Bismarck emportait également quatre hydravions Arado Ar 196[5].

Carrière opérationnelle

Le Bismarck juste après son lancement en février 1939.
Photographie du Bismarck en septembre 1940.

Le , trois semaines après sa mise en service, le Bismarck quitta Hambourg pour des essais en mer dans la baie de Kiel[11]. Le dragueur de mines Sperrbrecher 13 l'escorta ensuite jusqu'au cap Arcona puis à Gotenhafen pour des essais dans le golfe de Dantzig[12]. Lors des tests, la capacité du navire à virer en utilisant uniquement ses hélices se révéla médiocre et l'équipage nota que même en faisant fonctionner à pleine vitesse et en sens contraire les hélices extérieures, cela ne changeait que légèrement le cap du cuirassé[13]. À l'inverse, les essais de vitesse démontrèrent le bon fonctionnement des machines tandis que les tests d'artillerie à la fin du mois de novembre furent très satisfaisants[14]. Le Bismarck resta en mer jusqu'à son retour à Hambourg le où il subit quelques modifications mineures[11].

Il était prévu que le navire se rende à Kiel le mais le naufrage d'un navire marchand dans le canal de Kiel bloquait son utilisation. Le mauvais temps empêcha le retrait de l'épave et le Bismarck ne remonta le chenal qu'en mars[11]. Ce retard irrita Lindemann qui remarqua que « le Bismarck a été immobilisé à Hambourg durant cinq semaines… la perte d'un précieux temps en mer qui en a résulté ne peut être compensée et un retard significatif dans le déploiement final du navire est donc inévitable[15] ». Alors qu'il se trouvait à Hambourg, le cuirassé fut visité par le capitaine de vaisseau Anders Forshell, l'attaché militaire suédois en Allemagne, qui rédigea une description détaillée du navire à son retour en Suède. Le document fut transmis secrètement au Royaume-Uni par des éléments pro-britanniques de la marine suédoise, ce qui permit à la Royal Navy d'obtenir ses premiers renseignements sur le navire même si des éléments importants comme le rayon d'action, la vitesse maximale et le déplacement restaient inconnus[16].

Le , le Bismarck prit finalement la mer pour Kiel avec une escorte de chasseurs Messerschmitt Bf 109, deux croiseurs auxiliaires et un brise-glace. Le matin du , il s'échoua pendant une heure sur la rive sud du canal. À son arrivée au port le lendemain, son équipage embarqua des munitions, du ravitaillement et du combustible et peignit des motifs Dazzle sur la coque. Des bombardiers britanniques attaquèrent sans succès le port le [17]. Le , le vieux cuirassé Schlesien, utilisé comme brise-glace, escorta le Bismarck jusqu'à Gotenhafen pour de nouveaux essais[18].

L'Oberkommando der Marine Haut commandement de la flotte » ; OKM) commandé par l'amiral Erich Raeder, comptait poursuivre ses opérations d'attaque des convois alliés à l'aide de ses navires de surface. Les deux cuirassés de la classe Scharnhorst se trouvaient alors dans le port français de Brest qu'ils avaient rejoint à la fin de l'opération Berlin au cours de laquelle ils avaient coulé 22 navires alliés. Le navire-jumeau du Bismarck, le Tirpitz étant quasiment terminé, il était envisagé que les quatre cuirassés se retrouvent dans l'Atlantique et la date fut fixée au lors de la nouvelle lune pour éviter que les Britanniques ne les repèrent[19].

Ce plan se révéla irréalisable car les travaux d'achèvement du Tirpitz furent plus longs que prévu et il ne fut pas prêt au combat avant la fin de l'année 1941. Dans le même temps, le Gneisenau fut torpillé dans le port de Brest le puis bombardé trois jours plus tard alors qu'il subissait des réparations en cale sèche. Les dégâts étaient limités mais le navire resta indisponible pendant plusieurs mois tandis que les chaudières du Scharnhorst devaient être remplacées ; les deux cuirassés de la classe Scharnhorst n'étaient donc pas disponibles pour l'opération prévue[20]. Pour ne rien arranger, les bombardements britanniques sur les arsenaux de Kiel ralentirent les réparations sur les croiseurs lourds Admiral Scheer et Admiral Hipper qui ne seraient pas disponibles avant le milieu de l'été[21]. Devant ces difficultés, l'amiral Günther Lütjens, choisi pour diriger la sortie, suggéra de la repousser jusqu'à ce que le Scharnhorst ou le Tirpitz puisse y participer[22] mais l'OKM décida de lancer l'opération Rheinübung avec seulement deux navires : le Bismarck et le croiseur lourd Prinz Eugen[20]. Lors d'une réunion avec l'amiral Raeder à Paris le , Lütjens décida finalement de lancer l'opération le plus rapidement possible afin de ne pas laisser de répit à l'ennemi[23].

Opération Rheinübung

Le , Adolf Hitler et Wilhelm Keitel visitèrent le Bismarck à Gotenhafen et Hitler échangea avec Lütjens sur la mission à venir[24]. Le , ce dernier rapporta que ses deux navires étaient prêts pour l'opération Rheinübung et il fut autorisé à prendre la mer dans la soirée du [25]. Dans le cadre de l'opération, une dizaine de pétroliers furent déployés dans l'Atlantique pour ravitailler le Bismarck et le Prinz Eugen tandis que quatre sous-marins furent positionnés entre la Nouvelle-Écosse et les îles Britanniques pour repérer les convois alliés[26].

Au début de sa mission, le Bismarck comptait 2 221 officiers et marins dont un équipage de prise de 80 hommes pouvant être utilisé pour manœuvrer les navires capturés durant l'opération. Le cuirassé quitta Gotenhafen le à 2 h du matin en direction des détroits danois (en) ; il fut rejoint à 11 h 25 par le Prinz Eugen qui avait quitté le cap Arcona la veille[27]. Les deux navires furent escortés par trois destroyers  le Z10, le Z16 et le Z23 (en)  ainsi que par plusieurs dragueurs de mines tandis que la Luftwaffe assura la protection aérienne[28],[29]. Le vers midi, Lindemann informa les équipages de leur mission[30].

À peu près au moment de la communication du commandant, une dizaine d'appareils de reconnaissance suédois repéra les navires et rapporta leur cap sans qu'ils soient repérés par les Allemands[30]. Une heure plus tard, la flottille croisa le croiseur suédois HMS Gotland et ce dernier la suivit discrètement pendant deux heures dans le Cattégat[31]. Il informa alors l'état-major suédois que « deux grands navires, trois destroyers, cinq navires d'escorte et 10-12 avions ont dépassé Marstrand[29] ». Lütjens et Lindemann estimèrent que le secret de l'opération avait été éventé et effectivement, le rapport suédois fut transmis à l'attaché militaire britannique qui en informa à son tour l'Amirauté[32]. Les casseurs de code de Bletchley Park confirmèrent qu'un raid dans l'Atlantique était imminent car ils avaient décrypté les rapports allemands selon lesquels le Bismarck et le Prinz Eugen embarquaient des équipages de prise et avaient demandé des cartes marines supplémentaires. Deux chasseurs Supermarine Spitfire furent envoyés en reconnaissance le long de la côte norvégienne pour repérer la flottille allemande[33].

Dans le même temps, les vols de reconnaissance allemands notèrent qu'un porte-avions, trois cuirassés et quatre croiseurs restaient à l'ancre dans la principale base navale britannique à Scapa Flow en Écosse ; cela poussa Lütjens à considérer que les Britanniques n'étaient finalement pas au courant de sa sortie. Le soir du , le Bismarck et le reste de la flottille atteignirent la côte norvégienne et les dragueurs de mines furent renvoyés en Allemagne. Le lendemain, les opérateurs radio du Prinz Eugen captèrent des messages radio britanniques demandant des vols de reconnaissance pour localiser deux cuirassés et trois croiseurs remontant la côte norvégienne[34]. À 7 h du matin, les marins allemands repérèrent quatre appareils non identifiés qui s'éloignèrent rapidement. En début d'après-midi, la flottille arriva à Bergen et mouilla dans le Grimstadfjord[35].

Photographie aérienne montrant le Bismarck (à droite) dans le Grimstadfjord de Bergen en Norvège.

Alors que le Bismarck était en Norvège, deux chasseurs Bf 109 volaient autour du fjord pour empêcher les attaques aériennes britanniques mais un pilote de Spitfire parvint à survoler la flottille et à la photographier depuis une altitude de 8 000 mètres[36]. Ayant reçu cette information, l'amiral John Tovey ordonna au vieux croiseur de bataille HMS Hood, au nouveau cuirassé HMS Prince of Wales et à six destroyers de rejoindre les deux croiseurs patrouillant dans le détroit de Danemark tandis que le reste de la Home Fleet fut placé en état d'alerte. 18 bombardiers furent envoyés attaquer les navires allemands mais le mauvais temps empêcha la réussite de la mission[37].

Le Bismarck ne fut pas ravitaillé en combustible durant son mouillage en Norvège car cela n'était pas imposé par ses ordres[38]. Le à 19 h 30, le Bismarck, le Prinz Eugen et les trois destroyers d'escorte quittèrent Bergen[39]. Ces derniers firent demi-tour à 4 h 14 le alors que la flottille se trouvait au niveau de Trondheim et vers midi, Lütjens ordonna à ses deux navires de se diriger vers le détroit du Danemark[40]. Décidant de franchir le passage le plus rapidement possible, il demanda le lendemain matin d'accroître la vitesse à 27 nœuds (50 km/h)[41]. Le brouillard réduisait la visibilité à quelques kilomètres et les deux navires activèrent leurs systèmes radar[42]; le Bismarck précédait le Prinz Eugen d'environ 700 mètres. La présence de glace obligea à une réduction de la vitesse à 24 nœuds (44 km/h) et les deux navires durent manœuvrer pour éviter les blocs les plus importants. À 19 h 22, les opérateurs des radars et des hydrophones détectèrent le croiseur lourd britannique HMS Suffolk à environ 12 kilomètres[41] et le Prinz Eugen intercepta une communication du navire adverse qui alertait la flotte britannique de leur présence[43].

Lütjens autorisa le Prinz Eugen à engager le Suffolk mais les artilleurs ne parvinrent pas à ajuster précisément leur cible en raison du brouillard et ils ne tirèrent pas[44]. Se sachant en mauvaise posture, le Suffolk s'éloigna rapidement mais continua à suivre les navires allemands à la limite de portée de son radar, installé récemment, qui était de 12 milles (22 km)[45]. À 20 h 30, son navire-jumeau, le HMS Norfolk arriva sur place mais il s'approcha à moins de 10 kilomètres et il fut pris pour cible par le Bismarck qui tira cinq salves ; plusieurs obus tombèrent non loin du croiseur britannique qui créa un écran de fumée et s'éloigna rapidement. L'onde de choc produite par les tirs mit cependant hors service le radar du Bismarck qui dut laisser le Prinz Eugen ouvrir la voie[46].

Vers 22 h, Lütjens ordonna au Bismarck de faire demi-tour pour essayer de surprendre les deux croiseurs qui le suivaient. Même s'il était dissimulé par la pluie, la manœuvre du cuirassé allemand fut repérée par le radar du Suffolk qui se retira à distance de sécurité[47]. Le mauvais temps prit fin à l'aube du laissant apparaître un ciel dégagé et à 5 h 7, les opérateurs des hydrophones du Prinz Eugen détectèrent deux navires inconnus approchant à environ 30 kilomètres depuis le sud-ouest[48].

Bataille du détroit du Danemark

Le Bismarck tirant durant la bataille du détroit du Danemark.

À 5 h 45, les vigies allemandes repérèrent de la fumée à l'horizon ; il s'agissait du Hood et du Prince of Wales commandés par le vice-amiral Lancelot Holland. Lütjens ordonna le branlebas de combat et à 5 h 52 alors que la distance entre les deux groupes était tombée à 26 000 mètres, le Hood ouvrit le feu suivi par le Prince of Wales une minute plus tard[49]. Le premier engagea le Prinz Eugen qu'il pensait être le Bismarck étant donné que les premiers rapports des deux croiseurs britanniques indiquaient qu'il se trouvait en tête[50]. Adalbert Schneider, le chef-artilleur du Bismarck demanda à deux reprises l'autorisation de répliquer mais Lütjens hésita à engager deux des plus puissants navires de la Royal Navy sachant qu'il avait l'avantage de la vitesse ; Lindemann intervint et déclara : « je ne vais pas me laisser canonner mon bateau sous mon cul sans rien faire[51] ». Il sollicita à nouveau Lütjens qui accepta finalement de laisser ses navires répliquer[52],[51].

Lors de l'engagement, les navires allemands barraient le T à leurs adversaires ; cela leur permettait d'utiliser toute leur bordée tandis que les Britanniques ne pouvaient utiliser que leurs tourelles avant. Après plusieurs minutes, Holland ordonna à ses navires de virer de 20° sur bâbord afin de pouvoir engager l'ennemi avec les tourelles arrière. Le Bismarck et le Prinz Eugen concentrèrent leurs tirs sur le Hood et à 5 h 56, un obus de 8 pouces (203 mm) de ce dernier toucha un stock de munitions disposées autour des canons antiaériens de 4 pouces du Hood ; cela provoqua un incendie mais il fut rapidement éteint[53]. Après avoir tiré trois salves de quatre canons, Schneider avait ajusté son tir et il ordonna aux huit canons de 380 mm du Bismarck d'ouvrir le feu sur le croiseur de bataille britannique tandis que son artillerie secondaire de 150 mm fut orientée sur le Prince of Wales. Holland fit à nouveau virer ses navires de 20° sur bâbord sur un cap parallèle aux navires allemands[54]. De son côté, Lütjens demanda au Prinz Eugen de tirer sur le Prince of Wales pour que les deux navires britanniques soient ciblés et en quelques minutes, les obus allemands provoquèrent un petit incendie[55].

À 6 h, le Hood achevait son second virage quand le Bismarck tira sa cinquième bordée. Deux des obus tombèrent à proximité mais au moins un des obus de 380 mm traversa son pont faiblement blindé et explosa dans la soute arrière qui contenait 112 tonnes de cordite[56]. L'énorme explosion qui suivit brisa en deux le croiseur de bataille britannique qui coula en seulement trois minutes ne laissant que trois survivants sur un équipage de 1 419 hommes[57],[58]. Le Bismarck se tourna alors vers le Prince of Wales. Bien que le cuirassé allemand ait été touché par la sixième salve de ce dernier, l'un de ses obus traversa sans exploser la passerelle britannique ; presque tous ceux qui s'y trouvaient furent tués et le capitaine de vaisseau John Leach fut l'un des rares à survivre[59]. Pilonné par les deux navires allemands, le Prince of Wales avait subi d'importants dégâts et pouvait difficilement riposter car plusieurs de ses canons, dont c'était la première utilisation au combat, fonctionnaient mal[60]. Malgré cela, il parvint à toucher le Bismarck à trois reprises. Le premier obus toucha le gaillard d'avant au-dessus de la ligne de flottaison mais suffisamment bas pour que les vagues inondent la coque. Le second obus explosa au niveau de la cloison anti-torpille sans faire de gros dégâts. Le troisième projectile percuta sans exploser la catapulte à hydravion[61].

Le Bismarck photographié depuis le Prinz Eugen après la bataille du détroit de Danemark.

À 6 h 13, le Prince of Wales vira de bord et créa un écran de fumée pour couvrir sa retraite. Alors que ses navires étaient plus rapides et malgré l'insistance de Lindemann, Lütjens respecta scrupuleusement ses ordres qui étaient d'éviter toute confrontation tant qu'un convoi ne serait pas en vue et il refusa de poursuivre le cuirassé britannique[62],[63]. Les deux navires poursuivirent donc leur route dans l'Atlantique nord[64]. Durant l'engagement qui avait duré une vingtaine de minutes, le Bismarck avait tiré 93 obus et en avait reçu trois[58]. Le gaillard d'avant endommagé embarqua entre 1 000 et 2 000 tonnes d'eau dans une soute de combustible (mazout) de la proue. Lütjens refusa de réduire la vitesse pour permettre des réparations, ce qui accrut la quantité d'eau entrante et provoqua une gîte de 9° sur bâbord et de 3° vers l'avant[65].

Poursuite

Trajectoire du Bismarck et des navires britanniques lancés à sa poursuite.

Après l'engagement, Lütjens rapporta : « Croiseur de bataille, probablement Hood, coulé. Un autre cuirassé, King George V ou Renown, avarié, viré de bord. Deux croiseurs lourds tiennent le contact[66] ». À 8 h 1 le , il transmit le rapport d'avarie à l'OKM et exposa son intention de laisser le Prinz Eugen qui n'avait pas été endommagé poursuivre seul la mission d'attaque de convois, tandis que le Bismarck rejoindrait Saint-Nazaire pour y être réparé[67]. Peu après 10 h, il demanda au Prinz Eugen de passer derrière le cuirassé pour évaluer la gravité de la fuite de combustible provoquée par l'impact sur la proue. Après avoir rapporté la présence de « larges nappes de mazout des deux côtés du sillage[68] », le Prinz Eugen reprit sa position avant[68]. Une heure plus tard, un hydravion britannique Short Sunderland informa le Suffolk et le Norfolk de la présence d'une nappe de mazout. Malgré ses avaries, le Prince of Wales avait rejoint les deux croiseurs mais le contre-amiral Frederic Wake-Walker qui commandait les navires lui demanda de rester légèrement en retrait[69].

À la suite de la bataille du détroit du Danemark, la Royal Navy ordonna à tous les cuirassés présents dans la région de participer à l'interception de la flottille allemande. La Home Fleet de Tovey était le groupe le plus important mais le matin du , elle se trouvait encore à 650 kilomètres des navires allemands. Le cuirassé Rodney qui escortait le paquebot Britannic utilisé comme transport de troupes et devait subir des modifications au Boston Navy Yard rejoignit également Tovey. Par ailleurs, deux vieux cuirassés de la classe Revenge participèrent à la traque : le Revenge venant de Halifax au Canada et le Ramillies qui accompagnait le convoi HX 127[70]. Au total, six cuirassés et croiseurs de bataille, deux porte-avions, treize croiseurs et 21 destroyers furent mobilisés[71]. Dans le même temps, l'Amirauté ordonna aux croiseurs légers Manchester, Birmingham et Arethusa de surveiller le détroit du Danemark dans l'éventualité où Lütjens déciderait de rebrousser chemin. Vers 17 h, l'équipage du Prince of Wales remit en service neuf des dix canons de son artillerie principale et Wake-Walker décida de le laisser passer en tête de sa formation dans le cas d'une rencontre avec le Bismarck[72].

Avec le retour du mauvais temps, Lütjens demanda à 16 h 40 au Prinz Eugen d'en profiter pour s'éloigner mais la manœuvre n'échappa pas à Wake-Walker et le navire allemand revint provisoirement aux côtés du Bismarck[73]. À 18 h 14, le Bismarck fit demi-tour pour faire face à ses poursuivants. Le Suffolk s'éloigna rapidement et le Prince of Wales tira douze salves sur le cuirassé allemand qui répondit avec neuf ; aucun obus ne toucha sa cible. L'affrontement détourna l'attention des navires britanniques et permit au Prinz Eugen de s'éloigner. Ce dernier poursuivit vers le sud mais des problèmes de propulsion l'obligèrent à abandonner sa mission le  ; il arriva à Brest le 1er juin sans avoir coulé aucun navire adverse. De son côté, le Bismarck reprit sa route toujours suivi sur bâbord par la flottille de Wake-Walker[74].

Même si ses avaries l'avaient obligé à réduire sa vitesse, le Bismarck continuait à naviguer à 27 ou 28 nœuds (52 km/h), soit autant que le King George V de la Home Fleet. À moins de pouvoir ralentir le cuirassé, les Britanniques seraient incapables de l'intercepter avant son arrivée en France. Peu avant 16 h le , Tovey détacha le porte-avions Victorious et quatre croiseurs légers afin qu'il puisse lancer ses bombardier-torpilleurs[75]. À 22 h, six chasseurs Fairey Fulmar et neuf torpilleurs Fairey Swordfish décollèrent du pont d'envol. Les pilotes inexpérimentés faillirent attaquer le Norfolk et la confusion permit aux défenses anti-aériennes du Bismarck de se préparer[76]. Aucun des appareils ne fut abattu et le cuirassé fut touché par l'une des neuf torpilles qui le visaient[76]. L'impact au milieu du navire au niveau de la ceinture blindée ne perça pas la coque mais l'onde de choc tua un marin et en blessa cinq autres[77].

L'explosion endommagea légèrement les équipements électriques, mais des dégâts bien plus importants furent causés par la grande vitesse et les manœuvres violentes destinées à échapper aux torpilles. Les réparations de la voie d'eau à la proue furent affaiblies et l'inondation obligea à l'abandon de la salle des machines no 2 sur bâbord. La perte de deux chaudières, la baisse de la réserve de combustible et l'accroissement de la gîte vers l'avant obligèrent le navire à réduire sa vitesse à 16 nœuds (30 km/h). Après des travaux de colmatage de la brèche avant réalisés par des plongeurs, la vitesse passa à 20 nœuds (37 km/h)[78]. Peu après le départ des bombardiers, le Bismarck et le Prince of Wales s'engagèrent dans un bref duel d'artillerie mais aucun des deux ne parvint à mettre au but[79].

Le porte-avions Ark Royal et ses bombardiers-torpilleurs Fairey Swordfish vers 1939.

Alors que la poursuite continuait au milieu de l'Atlantique, la formation de Wake-Walker fut contrainte de zigzaguer pour éviter d'éventuels sous-marins allemands présents dans la zone. Cela obligeait les navires à naviguer sur bâbord pendant dix minutes puis sur tribord pendant la même durée pour maintenir le même cap. À 3 h le , Lütjens profita du changement de cap du Suffolk pour pousser son navire à sa vitesse maximale, soit à ce moment 28 nœuds (52 km/h), et à virer à l'est puis au nord pour semer ses poursuivants[80]. La manœuvre fonctionna parfaitement et le Bismarck se retrouva à l'arrière de la flottille britannique qui continuait de naviguer vers le sud tandis que le cuirassé allemand se dirigeait vers la France à l'est[80]. Après une demi-heure, le commandant du Suffolk informa Wake-Walker qu'il avait perdu la trace du navire allemand et ce dernier ordonna à ses navires de se disperser pour tenter de le repérer visuellement à l'aube[81].

Après la perte de contact avec le Bismarck, la Royal Navy lança ses navires dans toutes les directions pour essayer de le retrouver. Le Victorious et son escorte furent envoyés à l'ouest, la flottille de Wake-Walker continua vers le sud et l'ouest tandis que les navires de Tovey naviguaient vers l'Atlantique centre. La Force H composée du porte-avions Ark Royal, du croiseur de bataille Renown et du croiseur léger Sheffield avait quitté sa base de Gibraltar après la bataille du détroit du Danemark mais elle se trouvait encore à au moins une journée de navigation de la zone[82]. N'ayant pas réalisé qu'il avait semé ses poursuivants, Lütjens envoya plusieurs messages radio au quartier-général de la flotte à Paris et ces derniers furent interceptés par les Britanniques. La détermination de la localisation de l'émetteur réalisée à bord du King George V fut cependant incorrecte et elle poussa Tovey à croire que le Bismarck avait fait demi-tour et tentait de rejoindre l'Allemagne par le détroit entre l'Islande et les îles Féroé. Lorsque l'erreur fut découverte sept heures plus tard, le cuirassé allemand s'était considérablement éloigné[83].

Swordfish revenant sur l'Ark Royal après son attaque contre le Bismarck.

Les casseurs de code britanniques parvinrent cependant à décrypter des communications dont une demande de couverture aérienne pour le Bismarck jusqu'à Brest tandis que la résistance française confirma que des appareils allemands se redéployaient dans la zone. Tovey ordonna donc à ses forces de converger au large de la Bretagne sur la route que devrait emprunter le cuirassé allemand[84]. Un escadron de Consolidated PBY Catalinas basé en Irlande du Nord fut envoyé en patrouille et le à 10 h 30, l'un des appareils localisa le Bismarck à 1 280 kilomètres à l'ouest de Brest[85]. Étant donné sa vitesse, le cuirassé rejoindrait la protection des avions et des sous-marins allemands en moins d'une journée et aucun des navires britanniques n'était en mesure de le rattraper[86].

La situation de la Royal Navy était en effet délicate car le Victorious, le Prince of Wales, le Suffolk et le Repulse avaient été obligés de cesser la poursuite en raison du manque de combustible tandis que le King George V et le Rodney étaient trop éloignés. La seule possibilité était l'aviation embarquée du porte-avions Ark Royal commandé par l'amiral James Somerville[87]. Ses appareils participaient aux recherches quand le Bismarck fut localisé à 110 kilomètres du porte-avions et Sommerville ordonna immédiatement que les Swordfish soient équipés de torpilles pour une attaque immédiate. Il demanda également au croiseur Sheffield de suivre le Bismarck mais les aviateurs n'en furent pas informés[88]. Le résultat fut que les appareils attaquèrent le croiseur britannique, mais leurs torpilles équipées d'un nouveau détonateur magnétique explosèrent lors de l'impact avec l'eau et le Sheffield en réchappa indemne[89].

Après le retour des Swordfish, une seconde vague de quinze appareils, équipés de torpilles à détonateurs à contact plus fiables, fut lancée à 19 h 10 et l'attaque commença à 20 h 47[90]. Durant l'approche des appareils britanniques, le Bismarck ouvrit le feu sur le Sheffield qui s'éloigna rapidement sous la protection d'un écran de fumée[91]. Dissimulés par la couverture nuageuse, les Swordfish surprirent le cuirassé allemand qui vira brusquement[92]. Une torpille l'atteignit sous la ceinture blindée sur bâbord au milieu du navire. Les effets de l'explosion furent contenus par le blindage, mais elle causa quelques dégâts structurels et une légère voie d'eau[93]. Une seconde torpille frappa le côté bâbord de la poupe du Bismarck. L'axe du gouvernail bâbord fut gravement endommagé et bloqué à un angle de 12° tandis que l'explosion causa d'importants dommages[94]. Les tentatives de réparation échouèrent et Lütjens rejeta l'idée de débloquer la barre à l'aide d'explosifs car cela risquait d'endommager les hélices[95],[96].

Naufrage

Le gouvernail bâbord étant bloqué, le Bismarck décrivit un large cercle qui l'éloigna de Brest et le rapprocha de la flottille de Tovey. Même si le manque de combustible avait réduit le nombre de navires disponibles, les Britanniques disposaient encore des cuirassés King George V et Rodney et des croiseurs Dorsetshire et Norfolk[97]. À 21 h 40 le , Lütjens rapporta à son état-major : « Navire incontrôlable. Nous combattrons jusqu'au dernier obus. Longue vie au Führer[98] ». Le moral de l'équipage, au plus haut après la destruction du Hood, s'effondra et les messages du quartier général, destinés à encourager les marins, ne firent que souligner la situation désespérée du cuirassé[99]. Alors que la nuit tombait, le Bismarck tira brièvement sur le Sheffield qui s'éloigna rapidement, et dans l'obscurité le commandant Philip Vian perdit de vue le navire allemand. Accompagné de cinq destroyers, il reçut l'ordre de maintenir le contact avec le Bismarck durant la nuit[100].

La flottille retrouva le Bismarck à 22 h 38 et ce dernier lui tira immédiatement dessus avec son artillerie principale[101]. Tout au long de la nuit et jusqu'à l'aube, les destroyers de Vian harcelèrent le cuirassé allemand avec des fusées éclairantes et des dizaines de torpilles mais aucune ne toucha sa cible. Entre 5 et 6 h, l'équipage allemand tenta de lancer l'un des hydravions Arado Ar 196 afin d'emmener le livre de bord, des images de la bataille avec le Hood et d'autres documents importants. Le troisième obus du Prince of Wales avait cependant endommagé la catapulte et tout lancement était impossible ; l'appareil risquant de prendre feu durant l'affrontement à venir, il fut jeté à la mer[102].

Photographie prise depuis le King George V montrant le Rodney tirant sur le Bismarck en feu à l'horizon.

À l'aube du , le King George V accompagné sur bâbord par le Rodney lancèrent leur attaque. Tovey avait l'intention d'avancer directement sur le Bismarck avant de virer au sud à 15 kilomètres de la cible pour progresser parallèlement au navire allemand[103]. À 8 h 43, les vigies du King George V repérèrent le Bismarck à environ 23 000 mètres. Quatre minutes plus tard, le Rodney ouvrit le feu avec ses deux tourelles triples avant de 16 pouces (406 mm), le plus gros calibre en vigueur dans la Royal Navy, et il fut imité par le King George V et ses six canons de 14 pouces (356 mm) quatre minutes plus tard. Le Bismarck répliqua à 8 h 50 avec ses canons avant et dès la seconde salve, il ajusta le Rodney[104].

Alors que les navires se rapprochaient, leurs artilleries secondaires entrèrent en action tandis que le Norfolk et le Dorsetshire commencèrent à utiliser leurs canons de 8 pouces (203 mm). À 9 h 2, un obus de 16 pouces du Rodney pulvérisa la superstructure avant du Bismarck tuant des centaines de marins et endommageant gravement les tourelles avant. Selon les survivants, le tir tua probablement Lindemann, Lütjens et le reste du commandement[105]. Bien qu'atteintes, les tourelles avant tirèrent une dernière salve à 9 h 27 et l'un des obus tomba à quelques mètres de la proue du Rodney, et mit hors service le tube lance-torpilles tribord du cuirassé britannique ; ce fut le meilleur tir des artilleurs allemands durant l'affrontement[106],[107]. Les tourelles arrière tirèrent trois autres salves avant qu'un obus ne détruise le système de télémétrie. Les canons reçurent l'ordre de tirer indépendamment mais à 9 h 31, les quatre tourelles principales avaient été mises hors service[108].

À 10 h, les deux cuirassés de Tovey avaient tiré plus de 700 obus avec leur artillerie principale. Le Bismarck n'était alors plus qu'une épave en feu avec une gîte de 20° sur bâbord et la poupe presque submergée. Le Rodney s'approcha à seulement 2 700 mètres, soit à bout portant pour des canons de 16 pouces, et continua à tirer. Tovey ne pouvait en effet pas cesser le combat avant que les Allemands n'abaissent leurs couleurs ou commencent à abandonner le navire[109]. Le cuirassé britannique tira deux torpilles depuis son tube bâbord et l'une d'elles toucha sa cible. Selon le journaliste Ludovic Kennedy, « il s'agit de la seule fois au cours de l'histoire où un cuirassé en a torpillé un autre[107] ».

Survivants allemands recueillis par le Dorsetshire.

Alors que la bataille tournait en défaveur du cuirassé allemand, le commandant en second, Hans Oels, ordonna aux hommes se trouvant dans les ponts inférieurs d'abandonner le navire ; il demanda également aux mécaniciens machinistes d'ouvrir les portes des compartiments étanches et de préparer les charges de démolition[110]. Le chef machine, Gerhard Junack, amorça les charges avec une mèche de neuf minutes et il entendit les explosions alors qu'il remontait[111],[112]. Courant en long et en large pour ordonner l'abandon du navire, Oels et une centaine de marins furent tués par une explosion sur le pont principal[113].

Les quatre navires britanniques avaient tiré plus de 2 800 obus de tout calibre sur le Bismarck, dont 400 au but, mais le cuirassé allemand restait à flot. Vers 10 h 20, Tovey, dont la flottille était presque à court de combustible, décida d'en finir et il demanda au Dorsetshire de torpiller le Bismarck tandis que les cuirassés étaient renvoyés au port[114]. Le croiseur tira deux torpilles sur tribord, dont l'une toucha au but, puis se positionna sur bâbord et lança une troisième torpille qui percuta également le cuirassé. Au moment de ces attaques, le navire gîtait tellement qu'une partie du pont était submergé[112] ; il est ainsi possible que la dernière torpille ait explosé sur la superstructure bâbord du Bismarck qui était déjà sous l'eau[115]. Vers 10 h 35, le navire chavira et coula par la poupe avant de disparaître cinq minutes plus tard[116]. Certains survivants rapportèrent avoir vu Lindemann au garde à vous alors que son vaisseau sombrait[117]. Junack, qui avait abandonné le navire avant son chavirage, ne vit aucun dégât sous la ligne de flottaison du côté tribord[111]. Le lieutenant de vaisseau Von Müllenheim-Rechberg, adjoint en quatrième du service artillerie, nota la même chose, mais supposa que le flanc bâbord, déjà submergé, était bien plus endommagé[117]. Environ 400 marins étaient naufragés[111] et ils furent secourus par le Dorsetshire et le destroyer Maori qui les hissèrent à bord avec des cordes. À 11 h 40, des vigies du Dorsetshire repérèrent ce qui semblait être un sous-marin et le commandant ordonna l'arrêt des opérations de secours. Ayant recueilli respectivement 85 et 25 hommes, le Dorsetshire et le Maori quittèrent les lieux[118]. Quelques heures plus tard, le sous-marin U-74 et le navire météorologique Sachsenwald récupérèrent respectivement trois survivants et deux survivants supplémentaires, dans deux radeaux (Herzog, Höntzsch, et Manthey dans le premier ; Lorenzen et Maus dans le second). L'un des marins secourus par les Britanniques succomba à ses blessures le lendemain ; finalement, il n'y eut que 114 survivants sur un équipage de plus de 2 200 hommes[116].

En 1959, l'écrivain britannique C. S. Forester publia le roman Last Nine Days of the Bismarck Les Neuf derniers jours du Bismarck ») qui fut adapté au cinéma l'année suivante ; pour des raisons scénaristiques, le film montre le cuirassé allemand détruire un croiseur britannique et deux appareils, ce qui ne fut pas le cas dans la réalité[119]. La même année, le chanteur américain Johnny Horton enregistra la chanson Sink the Bismarck Coulez le Bismarck »), qui connut un grand succès aux États-Unis et au Canada[120].

Redécouverte de l'épave

Maquette du Bismarck.

L'épave du Bismarck fut découverte le par l'océanographe Robert Ballard qui avait retrouvé le paquebot Titanic quatre ans plus tôt. Le navire avait sombré à environ 650 kilomètres à l'ouest de Brest et reposait à une profondeur de 4 790 mètres[121]. Lors de sa descente, le cuirassé heurta un volcan sous-marin éteint dépassant d'un millier de mètres au-dessus de la plaine abyssale et il glissa sur son flanc sur près de deux kilomètres[122]. Lors de son exploration, Ballard n'identifia aucune pénétration de la citadelle blindée protégeant les magasins et les éléments les plus sensibles du navire. Il découvrit huit trous dans la coque dont sept se trouvaient à bâbord et le dernier à tribord, tous au-dessus de la ligne de flottaison[123]. La coque portait également les traces de nombreux impacts indiquant que les obus de 14 pouces du King George V avaient rebondi sur la ceinture blindée du cuirassé allemand[124]. Une large portion de la poupe ne fut pas retrouvée et il est probable qu'elle se soit brisée avant le naufrage. Le fait que le début de la section manquante coïncide avec le point d'impact de la torpille ayant détruit le gouvernail suggère une faiblesse structurelle du navire[125]. En 1942, la poupe du Prinz Eugen très endommagée après un impact à la torpille manqua également de se briser et cela poussa les Allemands à renforcer cette portion de tous leurs navires[126]. Ballard ne nota aucune déformation pouvant indiquer que le Bismarck avait sombré avec des compartiments remplis d'air et rapporta que la coque était en relativement bon état[127]. Cela suggère que les compartiments furent inondés alors que le navire coulait et renforce la théorie du sabordage défendue par les survivants[128]. Ballard refusa de divulguer l'emplacement exact de l'épave pour empêcher d'autres plongeurs de récupérer des objets ou des éléments du navire[121].

En , l'entreprise Deep Ocean Expeditions associée à l'Institut océanographique de Woods Hole organisa une nouvelle étude de l'épave. William N. Lange, un expert de Woods Hole, rapporta : « on voit un grand nombre de trous d'obus sur la superstructure et le pont mais beaucoup moins sur la coque et aucun sous la ligne de flottaison[129] ». Les chercheurs n'observèrent aucune pénétration de la principale ceinture blindée tandis que les longues déchirures visibles sur la coque furent attribuées à l'impact avec le fond marin[129]. Le mois suivant, une équipe anglo-américaine financée par la chaine de télévision britannique Channel 4 explora à son tour l'épave et conclut que le naufrage était lié aux combats. Le chef de l'expédition David Mearns déclara que les déchirures avaient été agrandies par la glissade sur le flanc du volcan mais qu'elles avaient été initiées par des torpilles[129]. En mai-, le réalisateur canadien James Cameron utilisa les petits sous-marins russes Mir dans le cadre de son documentaire Expedition: Bismarck. Avec des véhicules téléguidés, il réalisa les premiers clichés de l'intérieur du cuirassé et rapporta qu'aucune torpille ou obus n'avait traversé la seconde coque[129].

Malgré leurs avis parfois divergents, les experts soulignent que le Bismarck aurait coulé même si les Allemands ne l'avaient pas sabordé en premier. Ballard estime que le navire serait resté à flot pendant encore au moins une journée quand les navires britanniques cessèrent de tirer et qu'il aurait pu être récupéré par la Royal Navy. Une position partagée par Ludovic Kennedy qui nota qu'il « fait peu de doute qu'il ait finalement coulé, mais le sabordage permit de s'assurer que ce serait plus tôt que tard[126] ». À la question de savoir si le Bismarck aurait coulé si les Allemands ne l'avaient pas sabordé, Cameron répondit « bien sûr mais cela aurait pu prendre une demi-journée[129] ». Dans son livre, Mearns concéda que le sabordage « a pu hâter l'inévitable mais seulement de quelques minutes[129] », tandis que Ballard conclut qu'en ce qui le concernait, « les Britanniques avaient coulé le navire indépendamment de qui asséna le coup de grâce[130] ».

Notes et références

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Filmographie

Dans la culture populaire

Documentaires télévisés

Annexes

Articles connexes

Liens externes


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