Prinz Eugen (1938)

Le Prinz Eugen est un croiseur lourd de l'Allemagne, de la classe Admiral Hipper, ayant combattu dans la Kriegsmarine durant la Seconde Guerre mondiale. Il porte le nom du prince Eugène de Savoie-Carignan (1663-1736), célèbre général des armées impériales germaniques.

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KMS Prinz Eugen
Autres noms USS Prinz Eugen
Type Croiseur lourd
Classe Admiral Hipper
Histoire
A servi dans  Kriegsmarine  United States Navy
Commanditaire  Reich allemand
Chantier naval Friedrich Krupp Germaniawerft - Kiel  Reich allemand
Quille posée
Lancement
Armé
Statut Coulé le
Équipage
Équipage 1 600 (officiers, officiers mariniers, quartiers maîtres et matelots)
Caractéristiques techniques
Longueur 212,5 mètres
Maître-bau 21,8 mètres
Tirant d'eau 7,2 mètres maxi
Déplacement 16 970 tonnes (18 750 pleine charge)
Propulsion 3 turbines à vapeur Blohm & Voss
Puissance 132 000 ch
Vitesse 32,2 nœuds
Caractéristiques militaires
Blindage ceinture =80 mm
pont= 30 mm
tourelle = 70 à 160 mm
kiosque = 150 mm
Armement 8 × 203 mm
12 × 105 mm
6 × 2 canons anti-aérien de 37 mm (SK C/30)
28 × 20 mm
12 tubes lance-torpilles (533 mm)
Rayon d'action 7 200 miles à 20 nœuds (tonnes de charbon et tonnes de mazout)
Aéronefs 3 x Arado Ar 196
Localisation
Coordonnées 8° 45′ 10″ nord, 167° 40′ 59″ est
Géolocalisation sur la carte : océan Pacifique
KMS Prinz Eugen

Prise de guerre, le croiseur a été mis à la disposition de l'Us Navy sans reprendre de service avec le numéro de coque IX-300.

Conception

Lancement du Prinz Eugen 1938
Profil du croiseur Admiral Hipper

Le Prinz Eugen est, avec l’Admiral Hipper et le Blücher, l'un des trois croiseurs lourds de la classe Admiral Hipper[1],[2]. Sa construction débute en 1936, il est lancé le et entre en service le .

Caractéristiques techniques

Le Prinz Eugen était long de 212,5 m et large de 21,7 m avec un tirant d'eau maximal de 7,2 m. Le bâtiment avait un déplacement normal de 16 970 tonnes et un déplacement à pleine charge de 18 750 tonnes[2]. Il était propulsé par trois ensembles de turbines à vapeur alimentées par douze chaudières au mazout à haute-pression. La vitesse de maximum atteignait 32 nœuds (59 km/h), à la puissance de 132 000 chevaux-vapeur (98 000 kW).

À son lancement, son équipage consistait au départ en 42 officiers et 1 340 marins.

Blindages

La ceinture blindée du Prinz Eugen était épaisse de 70 à 80 mm ; son pont supérieur était épais de 12 à 30 mm tandis que le pont blindé principal était épais de 20 à 50 mm. La face avant des tourelles principales avait une épaisseur de 105 mm et 70 mm d'épaisseur sur les côtés.

Artillerie

L'artillerie principale du Prinz Eugen était huit canons de 203 mm SK C/34 en quatre tourelles doubles, superposées par paires, deux à l'avant et deux à l'arrière. Son artillerie secondaire et anti-aérienne consistait en douze canons de 105 mm en six tourelles doubles[2].

À la construction, l'artillerie légère se composait de douze canons de 37 mm en six affuts doubles, et huit 20 mm en affut simple. Plus tard furent rajoutés cinq affuts quadruples de 20 mm, portant ainsi leur nombre total à 28.

Le navire était aussi doté de quatre plateformes lance-torpilles triples de 533 mm, deux sur chaque bord.

Il était équipé d'une catapulte et pouvait mettre en œuvre trois hydravions Arado Ar 196.

Service actif

Bataille du détroit de Danemark et opération Rheinübung

Le navire a subi des dommages répétés durant le conflit et n'a participé qu'à deux actions majeures en mer, dont la célèbre odyssée du cuirassé Bismarck qu'il accompagna au début de son périple[2]. Le 2 juillet 1940, il est touché par une bombe de la Royal Air Force et le 23 avril 1941, il heurte une mine magnétique dans le détroit de Fehmarn.

Le 18 mai, après avoir subi des réparations, dans le cadre de l'opération Rheinübung, il quitte Gotenhafen et se dirige vers l'Atlantique en compagnie du Bismarck. Le , les deux navires ravitaillent dans le Korsfjord (no), au sud de Bergen. Repéré par l'aviation britannique, ils lèvent l'ancre en soirée. Le à 8 h 22, le Prinz Eugen et le Bismarck sont aperçus au Nord-Ouest de l'Islande dans la partie nord du détroit de Danemark par les croiseurs lourds britanniques Suffolk et Norfolk. Une canonnade, sans effet, entre les navires s'ensuivit. Le à 3 h 47, le Suffolk établit un nouveau contact radar avec les navires allemands. De 6 h 53 à 7 h 13, les deux navires allemands ouvrent le feu sur le Hood et le Prince of Wales. A 7 h le Hood explose et coule. Le feu des navires allemands se concentre alors sur le Prince of Wales, qui reçoit 4 coups du Bismarck et 3 coups du Prinz Eugen. Touché, le Prince of Wales rompt l'engagement, mais il maintient, avec le Norfolk et le Suffolk le contact avec les navires allemands.

Ayant reçu l'ordre de l'amiral Lütjens de prendre une route indépendante par rapport au Bismarck, il finit le 1er juin par atteindre seul le port français de Brest[2].

Opération Cerberus

Du 11 au , avec les croiseurs de bataille Scharnhorst et Gneisenau, escorté par plusieurs destroyers, torpilleurs et vedettes lance-torpilles, il quitte le port de Brest pour un repli en mer du Nord, en passant par la Manche et cela au plus près des côtes anglaises. Pour ce faire, la Luftwaffe étendra un véritable « parapluie » de protection au-dessus d'eux à l'aide des escadres de chasse (JagdGeschwader) du Front Ouest[2].

Le au matin, alors qu'il navigue en compagnie de l'Admiral Scheer (escortés par les destroyers Z 7 Hermann Schoemann et Z 25), il est localisé par le sous-marin britannique HMS Trident au large de la Norvège. Sept torpilles sont tirées dont une touche le Prinz Eugen à l'arrière, bloquant son gouvernail et endommageant sa propulsion. L'Admiral Scheer parvient quant à lui à s'échapper[3].

Le , l'équipage se rend aux forces Alliés dans le port de Copenhague au Danemark.

Opération Crossroads

Le Prinz Eugen à l'ancre lors de l'Operation Crossroads, Bikini, .

À la fin de la guerre, le 27 mai 1945, le Prinz Eugen et le croiseur léger Nürnberg — les seuls gros navires allemands survivants — sont escortés par les croiseurs de la Royal Navy, les HMS Dido et HMS Devonshire au port de Wilhelmshaven.

Le , le Prinz Eugen est affecté comme prise de guerre aux États-Unis, qui envoient le navire à Wesermünde. Les États-Unis ne souhaitaient pas particulièrement avoir le navire, mais plutôt empêcher celui-ci d'être acquis par l'Union soviétique. Le croiseur fut donc intégré à l'US Navy dans une classe « navire divers » comme USS Prinz Eugen avec le numéro de coque IX-300.

Il est présent lors de deux essais nucléaires de l'opération Crossroads – les tirs Able de 21 kT par bombe larguée le et Baker de 23 kT par explosion sous-marine le –, à l'atoll de Bikini aux îles Marshall, en 1946 où il sert de navire cible parmi 90 autres bâtiments. Légèrement endommagé par les deux explosions nucléaires (il est situé à environ km du point 0), il est transféré vers l'atoll Kwajalein, où les avaries ne furent pas réparées à cause de la contamination nucléaire. Le , l'US Navy réforme le Prinz Eugen[2].

Fin

Son hélice au Marineehrenmal à Laboe

Fin , le navire est dans un très mauvais état. Le , il commence à giter sévèrement. Une équipe de réparation n'a pas le temps d'arriver, et l'US Navy décide de faire échouer le navire pour prévenir un naufrage. Mais le , le Prinz Eugen chavire et coule avec ses cuves contenant environ 3 000 tonnes de combustible[2].

Outre l'épave qui est devenue un site d'attraction pour la plongée sous-marine[2], plusieurs éléments du navire ont pu être conservés. Une de ses hélices est aujourd'hui visible au Mémorial naval de Laboe près de Kiel en Allemagne. Sa cloche est, quant à elle, visible au National Museum of the United States Navy. Enfin, deux Arado Ar 196A-5 qui se trouvaient sur le croiseur à la fin de la guerre sont conservés dans des collections américaines. Le 623167 fait partie de la Paul Garber Collection et le 623183 de la Willow Grove Collection.

Pompage du carburant de l'épave en septembre 2018.

En , des opérations de pompage des hydrocarbures toujours présents dans les cuves du navire après 72 ans, et désormais de plus en plus corrodées, sont entreprises afin de prévenir une éventuelle pollution de l'atoll en cas de typhon[2].

Liste des commandants successifs

Voir aussi

Article connexe

Liens externes

Notes et références

  1. Cette classe devait comprendre deux autres navires, le Seydlitz et le Lützow, qui n'ont pas servi dans la Kriegsmarine.
  2. Vincent Groizeleau, « Iles Marshall : L’épave du croiseur allemand Prinz Eugen vidée de son combustible », Mer et Marine, .
  3. « HMS Trident (N 52) of the Royal Navy - British Submarine of the T class - Allied Warships of WWII - uboat.net », sur uboat.net (consulté le )
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