Thérapie de conversion
Une thérapie de conversion, parfois appelée thérapie de réorientation sexuelle ou bien encore thérapie réparatrice par ses défenseurs, est un ensemble de traitements pseudo-scientifiques d'origines diverses utilisés dans le but controversé de tenter de changer l'orientation sexuelle d'une personne de l'homosexualité ou de la bisexualité à l'hétérosexualité. De telles thérapies sont aussi souvent proposées à des personnes transgenres.
Il n'existe aucune preuve fiable que l'orientation sexuelle peut être changée, et des études, organisations médicales et organisations internationales signalent que ces thérapies sont potentiellement dangereuses[1],[2],[3].
Histoire
L'homosexualité a longtemps été considérée par le corps médical comme une maladie mentale et afin de la traiter, des thérapies de conversion ont été mises en place un peu partout dans le monde, par exemple par les sexologues William Masters et Virginia Johnson. L’expression « thérapie de conversion » est apparue aux États‑Unis dans les années 1950[réf. à confirmer][4].
L'homosexualité n'est sortie des classifications psychiatriques qu'en 1973 à la suite d'importantes pressions de groupes homophiles[5],[6] mais pour réapparaître dans la révision du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM)[7] sous le terme de « désordre de l'orientation sexuelle ». Pour des raisons politiques[8] l'Association américaine de psychiatrie a alors proposé de substituer au diagnostic d'homosexualité celui de « perturbation de l'orientation sexuelle » (incluant les personnes perturbées par leur orientation sexuelle, en conflit avec celle-ci ou désirant la modifier) ; dans la prise de position initiale de son Conseil d'administration, l'Association précise[9] :
« Whereas homosexuality per se implies no impairment in judgment, stability, reliability, or general social or vocational capabilities, therefore, be it resolved that the American Psychiatric Association deplores all public and private discrimination against homosexuals in such areas as employment, housing, public accommodation, and licensing, and declares that no burden of proof shall be placed upon homosexuals greater than that imposed on any other persons. »
— p. 497
Puis une nouvelle classification apparaît (« homosexualité ego-dystonique ») avant de disparaître en 1984 du DSM, à la suite de nombreuses contestations. Un référendum est tenu sur cette question auprès des psychiatres membres, et la demande de suppression de cette mention l'emporte à 58%. Depuis cette classification n'est plus répertoriée parmi les pathologies du DSM. L'Organisation mondiale de la santé ne retire l’homosexualité de sa Classification internationale des maladies mentales qu'à la fin des années 1980, par la 10e révision de la classification adoptée par l'Assemblée mondiale de la santé le 17 mai 1990 et mise en œuvre à partir de 1993. La Chine, qui dépénalise l'homosexualité en 1997[10], la retire également des maladies mentales le [11].
En 1983, la théologienne Elizabeth Moberly déclare dans son ouvrage Homosexuality: A New Christian Ethic que l'homosexualité ne dépend pas d'une prédisposition génétique ou d'un déséquilibre hormonal, mais de difficultés dans la relation parent-enfant. Ces difficultés aplanies, il serait possible de réorienter sexuellement les personnes concernées - cela dans un cadre chrétien approprié. Moberly est la première à lier la thérapie de conversion et la religion chrétienne[12].
Les psychologues Ole Ivar Løvaas, qui utilisa l'ABA (Applied Behavior Analysis) dans la prise en charge de l'autisme, et George Alan Rekers (en), membre de la National Association for Research & Therapy of Homosexuality (en), ont également étudié la thérapie de conversion en cas de « brouillage de l'identité de genre pendant l'enfance » (childhood cross-gender identity)[13].
Principes de la thérapie de conversion
Jusqu'au milieu des années 1990, les techniques utilisées dans les thérapies de conversion ont suivi mimétiquement celles utilisées dans le traitement des paraphilies.
De rares thérapies « douces » ont été utilisées au XIXe et XXe siècles (telles que la mise au repos, la prière). Le plus souvent selon Haldemant (2002), bien que cette pratique soit peu décrite dans la littérature scientifique, car conduite par des non-médecins, un peu à la manière des alcooliques anonymes mais avec une connotation plus religieuse, des groupes de pratiquants religieux, éventuellement composés d' « ex-gays » recourent à « des interventions spirituelles visant à débarrasser d'autres personnes de leur orientation sexuelle par le biais de la prière, du soutien de groupes et de pressions »[14].
D'autres méthodes appliquées étaient fortement contraignantes et intrusives (ex : rencontre obligatoire de prostituées et/ou mariage imposé)[15].
Comme pour certains troubles psychiatriques, des techniques médicales agressives telles que la lobotomie et la sismothérapie auraient été expérimentées[16], durant la première partie du XXe siècle, pour tenter des changer l'orientation sexuelle de patients et de patientes avec sensiblement la même inefficacité. Du côté de la psychanalyse, qui a dominé la psychothérapie durant la même période, Sigmund Freud entretenait une ambivalence face à l'homosexualité car selon son analyse théorique, l'homosexualité constituait selon lui une composante normale de la sexualité humaine et l'attirance exclusive pour les personnes de même sexe n'apparaissait pas toujours cliniquement intriquée dans des conflits précoces. Cette ambivalence s'exprimait déjà en 1903 (voir Menahem 2003[17]), mais en 1935, Freud l'écrit de sa propre main dans une lettre, aujourd'hui célèbre[18], à la mère d'un jeune homosexuel où il dédramatise explicitement le diagnostic en invitant sa correspondante à ne pas considérer l'homosexualité de son fils comme une « maladie ».
Les modalités apparues dans les années 1960 reposent essentiellement sur les techniques aversives qui semblent inspirées des théories pavloviennes et d'expériences de laboratoires sur les animaux.
Il s'agit de coupler un stimulus négatif à tout contenu homosexuel (par exemple des images d'hommes nus). Les stimuli négatifs utilisés sont des sensations déplaisantes (douleur, nausée induite par un médicament[14], etc.). Après un certain nombre de répétitions, le stimulus sexuel à contenu homosexuel est supposé devenir un stimulus conditionnant déclenchant automatiquement une réponse d'anxiété et/ou de stress physique élevé chez le patient. Le stimulus aversif le plus souvent utilisé était l'électrochoc[19] (de faible intensité) administré sur la main[14], les organes génitaux[14] ou le mollet, mais des stimuli olfactifs (ammoniaque) leur sont préférés par certains expérimentateurs[20]. Des techniques aversives ont parfois été combinées à des techniques de rétroaction biologique consistant à équiper le sujet d'un instrument de mesure de son excitation sexuelle et à intercaler un signal lumineux pour avertir le patient que son niveau d'excitation était trop élevé avant de l'exposer au stimulus aversif. De façon concomitante, le procédé consiste, ensuite, à présenter des stimuli sexuels alternatifs (par exemple des images de femmes nues) et de les associer à des sensations plaisantes soit par simple disparition de la douleur, soit, le plus souvent, en invitant le patient à se masturber jusqu'à l'orgasme. D'autres variantes visant à augmenter l'excitation face à des stimuli hétérosexuels ont été expérimentées, notamment sur les « agresseurs sexuels »[21],[22].
Efficacité et risques
Au-delà des enjeux éthiques, bioéthiques et déontologiques[23], la mesure de l'efficacité de ces techniques a été elle-même très discutée.
En 1970, certains auteurs s'entendent pour reconnaître que ces techniques se sont montrées capables de réduire l'excitation sexuelle déclenchée par des stimuli à contenu homosexuel[24],[25],[26], mais d'autres études concluent ensuite qu'elles n'ont pas efficacement entraîné d'augmentation de la réponse à des stimuli hétérosexuels et certainement pas transformé des homosexuels exclusifs en hétérosexuels[27].
Les personnes qui promeuvent les thérapies de conversion s'appuient même sur ce qu'elles présentent comme un solide argument scientifique, issu de la psychanalyse qui considère les personnes homosexuelles comme bloquées à un stade infantile et qui n'aurait pas atteint la phase ultime de développement adulte mature que représenterait l'hétérosexualité[28].
Depuis les années 1990, de nombreux travaux de recherches ont classé ces pseudo-thérapies comme relevant des pseudosciences[29], comme inadéquates aux problèmes vécus par les personnes homosexuelles et transgenres[30] (d'autant que le consensus scientifique est maintenant que l'homosexualité n'est pas une maladie) et comme générant souvent des conséquences négatives et durables sur les personnes homosexuelles[31] (se traduisant notamment par un taux de suicide encore plus élevé) et que ces traitements, outre le fait qu'ils renforcent le sentiment de honte des personnes qui y sont exposées, renforcent aussi les préjugés d'intolérance homophobe prônant l’anormalité de l’homosexualité[32].
Risques avérés
Alors que les jeunes se définissant comme hétérosexuels mais ayant une attirance pour les personnes de même sexe ou des conduites sexuelles avec des personnes de même sexe ne font pas plus de tentatives de suicide que ceux qui sont exclusivement hétérosexuels[33], on sait que ce n'est pas le cas pour les jeunes se définissant comme gays : en 1989, Gibson a démontré que ces derniers présentent un risque de tentatives de suicide de 2 à 3 fois plus élevé que les jeunes hétérosexuels. D'autres études ont ensuite montré qu'il en va de même chez les lesbiennes et les personnes bisexuelles (2 à 7 fois plus de risques de réaliser une tentative de suicide que les hétérosexuels selon les auteurs[34],[35],[36],[37],[38]. Les causes de ces suicides les plus citées sont les stigmatisations, violences, préjudices et discriminations homophobes, à l'école, dans la rue, au travail ou dans la famille mais il apparaît que les thérapies de conversion peuvent fortement contribuer à ce risque.
Ceci est confirmé par une étude publiée en 2019, ayant porté sur les effets des traitements dit de conversion sur les personnes trans. C'est la première étude de ce type, et la plus vaste jamais réalisée (basée sur un panel de 28 000 personnes trans interrogés en 2015). Elle confirme que les thérapie de l'identité sexuelle présentent de graves risques pour la personne trans quand ces thérapies tentent de modifier son identité de genre en l'orientant vers une nouvelle identité supposée correspondre au sexe assigné ; un de leurs effets est de pousser une partie de ceux qui les subissent au suicide[39]. Les personnes ayant suivi ou subi une telle thérapie étaient plus de deux fois plus nombreuses à avoir déjà tenté de se suicider que leurs pairs ayant suivi ou subi un autre type de traitement[39].
Les patients qui avaient moins de 10 ans lorsque des praticiens ont tenté d'« aligner leur identité de genre sur le sexe attribué à la naissance » présentent un risque relatif de tentative de suicide quadruplé[39]. En outre, les personnes transgenres ayant dans le passé suivi ou subi une thérapie de conversion étaient 1,5 fois plus susceptibles que leurs pairs ayant subi une autre forme de thérapie d’avoir subi une « détresse psychologique grave » lors du mois précédant l’enquête[39]. Cette étude n'a pas pu identifier de différence significative de risque entre les personnes ayant été orientées vers un traitement de conversion par des conseillers religieux ou celles ayant été orientées par des thérapeutes séculiers[39].
En 2019 l'Association pour la prévention de la torture (en) publie un guide de monitoring concernant la sécurité des personnes LGBTIQ privées de liberté indiquant explicitement l'existence d'un consensus mondial reconnaissant la nocivité et l'inefficacité de ces traitements[40].
Débats nationaux et internationaux
Ces traitements sont une source de controverse dans de nombreux pays. Depuis 1999, un mouvement vise à interdire dans le monde les thérapies de conversion[41]. L'île de Malte[42],[43], le Brésil et la Chine l'interdisent déjà, de même que certaines provinces canadiennes[44] et certains états américains. Le Royaume-Uni[45], l'État fédéral américain[46] et Israël[47] débattent également de l'interdiction de ces thérapies. Elles sont illégales pour les mineurs en Allemagne[48].
Angleterre et Pays de Galles
A l'occasion de l'ouverture de la session parlementaire, le discours prononcé par la reine d’Angleterre le mardi , annonce l’interdiction prochaine des thérapies de conversion en Angleterre et aux Pays de Galles après consultation afin de prendre en considération la liberté religieuse et la protection des professionnels de santé y compris des thérapeutes[49].
Droit pénal
D'après Radio-Canada, « le gouvernement Trudeau a déposé un projet de loi, le projet de loi C-6, qui vise à modifier le Code criminel afin d'interdire les thérapies de conversion » [50].
Québec
Le , le ministre de la justice du Québec, Simon Jolin-Barrette, présente le projet de loi N°70 visant à protéger les personnes contre les thérapies de conversion dispensées pour changer leur orientation sexuelle, leur identité de genre ou leur expression de genre sous peine d’amende. D'aucuns demandent une définition précise de ces thérapies afin d'éviter que sous couvert d'autres appellations, elles soient mises en œuvre en prétendant ciblier uniquement les comportements et non pas l’identité ou l’orientation sexuelle[51],[52].
La loi modifie l'article 2926.1 du Code civil du Québec pour affirmer que la thérapie de conversion constitue une violence subie pendant l'enfance. Cela a comme effet de rendre imprescriptible une poursuite d'une personne LGBT qui a subi une thérapie de conversion[53]. D'autre part, puisque dans cette disposition, la thérapie de conversion est assimilable à un préjudice corporel, il n'est pas possible de limiter sa responsabilité pour le préjudice corporel par un avis de non-responsabilité, en vertu de l'art. 1474 al.2 C.c.Q.. [54]
La loi statutaire québécoise sur les thérapies de conversion contient des règles additionnelles qui entre autres limitent les moyens de défense d'un défendeur ayant mené une telle thérapie[55]. Toutes les thérapies de conversion sont réputées porter atteinte à la dignité de la personne qui la subit, ce qui signifie qu'il n'est pas possible d'affirmer qu'une thérapie de conversion est moins attentatoire qu'une autre. L'utilisation du mot « réputé » dans la loi crée une présomption irréfragable à cet effet, donc il est impossible d'apporter une preuve contraire à l'atteinte. En outre, la loi prévoit une amende de 5 000 à 50 000 $ pour la personne physique qui mène une thérapie de conversion. Il est interdit de faire de la publicité pour la thérapie de conversion et celle-ci ne peut pas être couverte pas l'assurance.
Cela dit, dans la définition de thérapie de conversion, la loi statutaire crée une exception pour «l’accompagnement d’une personne dans le cadre de sa démarche autonome d’acceptation, d’adaptation et d’affirmation à l’égard de son orientation sexuelle, de son identité de genre ou de son expression de genre ».
États-Unis
Aux États-Unis, les tentatives de « guérison » de l'homosexualité se situent souvent dans le cadre d'associations chrétiennes charismatiques, liées à l'évangélisme ou au catholicisme, ou encore interconfessionnelles[56]. Parmi ces dernières, Exodus International (1976-2013) était l'organisation la plus importante du pays en matière de thérapie de conversion[56]. Exodus International a fermé ses portes lorsque ses dirigeants ont reconnu les torts qu'ils avaient causés, allant de la honte et de la peur jusqu'au suicide des personnes qu'ils entendaient « sauver »[56].
L'Association américaine de psychiatrie a condamné le « traitement psychiatrique, tel que la thérapie de réparation ou de conversion, basé sur l'hypothèse que l'homosexualité en soi est une maladie mentale ou basé sur l'hypothèse que le patient doit changer son orientation sexuelle[57] ». Elle ajoute que « les psychanalystes éthiques n'essaient pas de changer l'orientation sexuelle d'un individu[58] ». La Californie vote solennellement en 2019 une résolution dénonçant les méfaits psychologiques de la thérapie de conversion en soulignant qu'elle « est inefficace sur des adolescents, contraire à l'éthique et nuisible ». L'État de Californie rappelle qu'il procède « d'un intérêt majeur de protéger le bien-être physique et psychologique des mineurs, y compris les jeunes LGBTQ, et de protéger ces mineurs contre l'exposition à de graves préjudices causés par le rejet de la famille et de porter atteinte au changement de l'orientation sexuelle ou l'identité de genre ». In fine, l'État en appelle aux « chefs religieux à conseiller sur les questions LGBTQ dans l'amour, la compassion et la connaissance des méfaits psychologiques et autres de la thérapie de conversion » et s'adresse aussi aux éducateurs, législateurs, universités, collèges et autres écoles, centres de conseil, groupes d'activistes et centres religieux pour s'attaquer à la stigmatisation des personnes LGBTQ en donnant l'exemple d'un traitement équitable à tous les habitants de l'État[59],[60],[61],[62].
Une étude menée par des chercheurs de Harvard démontre que tenter de changer l’identité de genre des jeunes trans augmenterait de près de trois fois leur risque suicidaire. Lorsque l’enfant est âgé de moins de 10 ans, il augmente de quatre fois. Le préjudice causé par les thérapies de conversion liées au genre est net sur la santé mentale à l'âge adulte, notamment par une détresse psychologique grave, des idées suicidaires et des tentatives de suicide à vie[63],[64]. (voir supra les conclusions similaires pour la France)
France
Ces pratiques ne sont pas condamnées en France, et leur implantation reste difficile à évaluer[43]. Décrites comme des dérives sectaires, elles incluent électrochocs, jeûnes sévères, injections d'hormones[65] ou pratiques d'exorcisme suivant les cas[66]. Un directeur de la Miviludes, Serge Blisko, a vainement tenté de faire réagir le gouvernement[56].
En , les journalistes Jean-Loup Adénor et Timothée de Rauglaudre révèlent dans le livre Dieu est amour : infiltrés parmi ceux qui veulent « guérir » les homosexuels (Flammarion), au terme de deux ans d'enquête et d'infiltrations, l'existence et la progression des « thérapies de guérison » sur le territoire français[67]. Importées des États-Unis depuis les années 1990, elles prospèrent à travers certaines associations comme « Torrents de vie » (protestante évangélique), qui propose une « restauration de l'identité » hétérosexuelle, ou « Courage » (catholique), qui s'inspire des Alcooliques anonymes et incite ses participants à vivre dans l'abstinence sexuelle[67].
Une pétition a été lancée par l'internaute Aurélien Heiligenstein en décembre 2016, qui dénote l'urgence de la situation, en exigeant l'interdiction des thérapies de conversion en France[68]. Il parvient à alerter, en 2018, une députée de La République en marche, Laurence Vanceunebrock du problème, qui s'engage à légiférer là-dessus[68]. Sa pétition franchit les 90 000 signatures en juillet 2019[69].
Laurence Vanceunebrock et Bastien Lachaud, député de La France Insoumise, rendent publics le leurs travaux dans le cadre d'une mission parlementaire de plusieurs mois[70] sur les pratiques prétendant modifier l’orientation sexuelle ou l’identité de genre d’une personne. Une mission d'information a notamment permis à une soixantaine d'auditions de victimes et d'associations LGBT d'être auditionnés entre octobre et novembre 2019 (Adénor et Rauglaudre ayant également été entendus[67]). Les rapporteurs ont notamment établi que ces pratiques ne permettent pas de modifier l’orientation sexuelle des participants, mais contribuent en revanche à accentuer leurs souffrances : dépression, troubles de la personnalité voire développer des idées suicidaires. Une centaine de faits concernant ces pratiques ont été recensés[71].
Conséquemment, Vanceunebrock dépose en la proposition de loi prévue par cette mission[66], définissant une nouvelle infraction : « les pratiques, les comportements ou les propos répétés visant à modifier ou à réprimer l'orientation sexuelle ou l'identité de genre vraie ou supposée d'une personne et ayant pour effet une altération de sa santé physique ou mentale ». Le projet de loi prévoit également, entre autres, d'introduire une circonstance aggravante sur des infractions existantes, de renforcer l'enseignement des identités de genre et leur respect dans les établissements scolaires, et de faire produire au gouvernement un état des lieux précis de ces pratiques sur le territoire français,[71]. Si aucune date n'a encore été avancée pour l'adoption de ce projet[72], Vanceunebrock souhaite un examen du texte « au début de l’année 2021 »[73].
Suisse
En Suisse, les autorités considèrent les thérapies de conversion illégales, mais aucune loi spécifique ne les interdit[74],[75]. Ces thérapies sont reconnues depuis 2016 par le parlement suisse comme contraire au droit de l'enfant et sont illégales pour les mineurs[76].
ONU
L'Organisation des Nations Unies s'est prononcée en 2015 contre les conversions de thérapies et les autres traitements indignes auxquels sont soumises les personnes LGBT[77].
Le dixième principe des principes de Yogiakarta sur l’application du droit international relatif aux droits de l’Homme en matière d’orientation sexuelle et d’identité de genre pour la protection et pour l'interdiction absolue de la discrimination contre les personnes LGBT et intersexuées selon la Déclaration universelle des droits de l'homme stipule que les États se doivent d'interdire toute thérapie de réparation ou de conversion non librement consenti par les personnes concernées[40].
Union européenne
Le rapport annuel sur les droits fondamentaux dans l'Union européenne adopté en 2018 « se félicite des initiatives interdisant les thérapies de conversion pour les personnes LGBTI »[78].
Liste de pays ou territoires interdisant les thérapies de conversion
Les États et territoires dans la liste suivante interdisent ce type de thérapie, mais certaines de ces lois/décrets ne s'appliquent qu'aux professionnels de la santé. D'autres, en revanche, s'étendent également aux groupes religieux. De plus, un grand nombre de villes et comtés américains et canadiens ont promulgué des ordonnances interdisant les thérapies de conversion (entre autres, New York, Miami, Philadelphie, Vancouver, Cincinnati, Pittsburgh, Rochester, le comté d'Érié, etc.).
État/Territoire | Date d'interdiction |
---|---|
Brésil | [80] |
Samoa | [81] |
Argentine | [82] |
Fidji | [83] |
New Jersey | [84] |
Californie | [85] |
Équateur | [86] |
Chine | [87] |
Washington D.C. | [88] |
Oregon | [89] |
Manitoba | [90] |
Ontario | [91] |
Illinois | [92] |
Murcie | [93] |
Vermont | [94],[95] |
Malte | [96] |
Communauté de Madrid | [97] |
Victoria | [98] |
Nouveau-Mexique | [99] |
Valence | [100] |
Connecticut | [101] |
Rhode Island | [102] |
Uruguay | [103] |
Nevada | [104] |
Andalousie | [105] |
Taïwan | [106] |
Washington | [107] |
Hawaï | [108] |
Delaware | [109] |
Maryland | [110] |
Nouvelle-Écosse | [111] |
New Hampshire | [112] |
New York | [113],[114] |
Massachusetts | [115] |
Maine | [116] |
Colorado | [117] |
Virginie | [118] |
Allemagne | [119] |
Albanie | [120] |
Inde | [121] |
Déontologie
La déontologie des psychologues veut que toute personne ait le droit à une aide psychologique sans discrimination liée à son identité raciale, religieuse ou sexuelle. Le thérapeute informe son patient du fait que l'homosexualité n'est pas une maladie, mais ce dernier dispose d'un droit à l'autodétermination. Le psychologue est donc parfois confronté à des individus qui, par exemple pour des raisons religieuses ou spirituelles souhaitent fortement un « traitement » de leur homosexualité ou de leur identité transgenre (le traitement qu'ils attentent peut être une thérapie de conversion)[14].
Pour de telles circonstances, les organisations de santé mentale ont adopté des politiques de conseil[122] en matière de thérapie de conversion. Ces politiques affirment le droit des clients LGB à un traitement impartial en psychothérapie et elles rejettent les traitements fondés sur le principe que l'homosexualité est un trouble mental traitable. « Cependant, ils n'interdisent pas totalement la pratique de la thérapie de conversion par souci de l'individu dont les préoccupations personnelles, spirituelles ou religieuses, peuvent primer son orientation sexuelle »[14].
Haldeman rappelle que toute personne ou organisation prônant la coercition des jeunes LGBT ou en questionnement à la thérapie de conversion, est non seulement en situation de probable violation éthique, mais est également susceptible de commettre des abus ou violences sur enfants[14].
Groupes partisans de la thérapie de conversion
Les plus fervents partisans de la thérapie de conversion sont principalement des groupes de fondamentalistes chrétiens et d'autres organisations religieuses d'extrême droite[123]. Lors d'un vote du 1er mars 2018 au Parlement européen, 29 eurodéputés français, majoritairement du Front national, n'ont pas voté en faveur de l'interdiction de ces méthodes (plusieurs eurodéputés Les Républicains se sont abstenus[124]).
Dans les œuvres de fiction
- Dans la première saison de la série Queer as Folk, un groupe prônant la thérapie de conversion est présenté dans les épisodes 11 à 13[125],[126],[127]. Ces épisodes donnent un exemple de situation pouvant conduire une personne homosexuelle à rejoindre un tel groupe, un aperçu des méthodes, et leurs résultats.
- Dans l’épisode 4 de la saison 2 d’American Horror Story (Asylum), Lana Winters, journaliste homosexuelle, subit une thérapie de conversion.
- Les films Come as You Are (2017) avec Chloé Moretz et Boy Erased (2019) avec Lucas Hedges centrent leur intrigue sur cette pratique.
- Dans la série Netflix Ratched une patiente subit une thérapie de conversion par " hydrothérapie ".
- Dans Candice Renoir, un épisode suit une " thérapeute " qui pratique de tels actes.
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Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
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- Timothée de Rauglaudre et Jean Loup Adénor, Dieu est amour, Flammarion, , 1re éd., 304 p. (ISBN 978-2-08-148157-2)
Filmographie
- Bernard Nicolas, Homothérapies, conversion forcée, Arte, 2019.
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