Limagne

La Limagne (en occitan Limanha[1],[2]) est une grande plaine située au centre de l'Auvergne. Elle se situe autour de la vallée de l'Allier et de son affluent la Dore, à l'est de Clermont-Ferrand, essentiellement dans le département du Puy-de-Dôme.

Ne doit pas être confondu avec Lomagne.

Limagne

La Limagne vers Usson.

Pays France
Subdivision administrative Auvergne-Rhône-Alpes
Subdivision administrative Puy-de-Dôme,
Allier
Villes principales Clermont-Ferrand
Coordonnées 45° 57′ 33″ nord, 3° 35′ 38″ est
Production Blé
Maïs
Colza
Betterave à sucre
Tabac
Régions naturelles
voisines
Chaîne des Puys,
Monts Dore,
Bocage bourbonnais,
Sologne bourbonnaise,
Montagne Bourbonnaise,
Combrailles,
Livradois,
Cézallier,
Brivadois
Pays (div. territoriale) Grand Clermont
Pays d'Issoire - Val d'Allier Sud
Pays Vichy-Auvergne
Classement  Patrimoine mondial (2018, Haut lieu tectonique Chaîne des Puys - faille de Limagne)


Situation de la Limagne
sur la carte du Massif central

Haut lieu tectonique Chaîne des Puys - faille de Limagne *
Pays France
Subdivision Départements du Puy-de-dôme, Région Auvergne-Rhône-Alpes
Type Naturel
Critères (viii)
Superficie 24 223 ha
Numéro
d’identification
1434rev
Zone géographique Europe et Amérique du Nord **
Année d’inscription 2018 (42e session)
* Descriptif officiel UNESCO
** Classification UNESCO

Au sud, on distingue les Limagnes Langeac, de Brioude, d'Issoire, qui sont des bassins moins étendus et qui se développent aussi le long de l'Allier. Au nord se trouve la Limagne bourbonnaise. Le nom de Limagne peut donc désigner l’ensemble des quatre plaines ou seulement la grande plaine située à l’est de Clermont-Ferrand. Cette dernière est aussi appelée « Grande Limagne » pour la distinguer des petites Limagnes au sud.

Situation de la Limagne (en rose) dans la région Auvergne.

Associée à la chaîne des Puys, la faille de Limagne a été inscrite le sur la liste des sites naturels du patrimoine mondial de l'UNESCO par la 42e session du Comité du patrimoine mondial, en tant que « haut lieu tectonique »[3],[4].

Toponyme

Une étymologie populaire fait venir le nom de Limagne du latin lacus magnus, en référence au « grand lac qui recouvrait la région. Celui-ci s’est progressivement asséché, prenant la forme d’un immense marais (au XVIIIe siècle, on pouvait encore se noyer en Limagne) avant d’être la plaine fertile actuelle[5] ».

Il est plus probable que Limagne dérive du radical lim, « limon, boue » qui rappelle cette histoire lacustre[6].

Géographie

Situation de la Grande Limagne

Elle est bordée à l'ouest par le plateau granitique sur lequel repose la chaîne des Puys, et à l'est par les monts du Forez. Elle mesure environ 90 km de long et de 15 à 40 km de large. Au sud, elle est parsemée de très vieux pitons et plateaux d'origine volcanique.

Climat

L'influence du relief est très importante, à cause de la disposition des obstacles montagneux (nord/sud). Cette disposition, perpendiculaire à la circulation générale d'Ouest en Est de l'atmosphère qui caractérise les latitudes de France continentale, est à l'origine de la sécheresse relative des Limagnes.

Cette caractéristique climatique est la conséquence d'un effet dû au relief, c'est l'effet de foehn (redescente ⇒ compression ⇒ réchauffement ⇒ désaturation ⇒ arrêt des précipitations). Meilhaud, situé en Limagne, est l'un des sites les plus secs de France continentale, avec 530 mm de pluie par an[7].

La Limagne est en effet une des régions qui connaît un des taux de pluviométrie les plus faibles de France.

Contexte géologique

Les Limagnes sont des bassins sédimentaires français d'âge Éocène supérieur à Miocène inférieur[8]. Elles font partie du grand ensemble des bassins extensifs ouest-européens (rift ouest-européen) qui regroupent également la Bresse, le sillon rhodanien, le fossé rhénan et le graben de l'Eger. Ces bassins cénozoïques sont situés à l'avant et globalement parallèlement à l'Arc alpin et se sont formés pendant l'orogenèse de ce dernier[9]. La subsidence a été maximale dans le fossé de Limagne, où elle a atteint 2 000 mètres à l'ouest (l'affaissement atteint 2 700 m à la verticale de Riom), à l'aplomb de la faille, la limagne étant un demi-graben (une seule à faille à l'ouest et le socle remonte progressivement à l'est)[10]. Ce fossé est ainsi comblé de sédiments essentiellement d'origine continentale : le remblaiement est successivement détritique (sables, arkoses), lagunaire (marnes gypsifères), saumâtre (marnes à Cypris), puis lacustre (calcaires localement bitumineux)[11]. Ces dépôts correspondent au fonctionnement d'un bassin laguno-lacustre avec une incursion marine au Rupélien supérieur d'origine probablement méridionale[12].

Histoire

Le terme limagne désigne une petite plaine fertile dans un encadrement montagneux, mot probablement de même origine que limon, c'est-à-dire issu du latin limus (boue)[13].

À l'aube de l'agriculture, le grand lac originel est depuis longtemps comblé. La couche supérieure du sol est alors très riche en matières organiques et sables volcaniques descendus de la jeune chaine des Puys, qui se mélangent aux marnes et calcaires issus de la longue sédimentation.

Dès la Tène, les hommes constatent la très grande fertilité de ces terres noires et ils commencent à drainer cette région, alors parsemée de petits lacs et de marais, mais parcourue par deux rivières drainantes, l'Allier et la Dore. Au fil des siècles, les puissants Arvernes font du bord ouest de la Limagne (Clermont-Ferrand et ses alentours) le centre de leur territoire. Pendant ce quasi millénaire Gaulois, la forte extension de l'industrie (poterie, extraction minière, métallurgie), couplé à l'extension humaine et donc agricole, génère un déboisement massif qui accroît de manière significative le ruissellement et donc l'érosion[14].

À la fin de l'antiquité, dans une période à l'organisation sociale délitée, les drains colmatés provoquent le recouvrement des champs par des boues à chaque épisode pluvieux intense. Pendant près de 1500 ans, dans un contexte social difficile (guerres, instabilités politiques, épidémies, obscurantisme, etc.), les habitants tentent laborieusement de domestiquer leur habitat en asséchant leurs marais, les principaux datant du XVIIe, XVIIIe (desséchement du « marais commun) et XIXe siècle[15]. Il faut attendre le Plan Limagne de 1968 pour que l'assèchement soit complet et fonctionnel, faisant ainsi de cette plaine l'une des plus fertiles d'Europe[16].

Économie

L'élevage bovin et l'arboriculture ont aujourd'hui pratiquement disparu, remplacés par les plus rémunératrices cultures de céréales, tabac, ou betterave à sucre, avec des rendements comparables à ceux de la Beauce et de la Brie.

Sur les coteaux qui parsèment la plaine, il subsiste quelques rares et anecdotiques vestiges de ce qui était, avant la grande crise phylloxératique de la seconde moitié du XIXe siècle, l'une des grandes régions de production du vin de table français.

Le , Stéphane Le Foll alors ministre de l'Agriculture a annoncé au Salon de l'Agriculture 2017[17] soutenir un projet de « laboratoire vivant dédié à l’agro-écologie en grandes cultures en Limagne »[18], qui se veut être une « traduction opérationnelle de la vision de l’agro-écologie développée dans le rapport « Agriculture Innovation 2025 » »[19]. Ce laboratoire, appelé « Laboratoire d’innovation territorial pour les grandes cultures de Limagne-Val d’Allier » est créé en 2016 et devient le premier living lab agricole[20].

Principales curiosités

Voir aussi

Bibliographie

  • Jean-Pierre Chambon, « Archéologie et linguistique : aspects toponymiques de la romanisation de la Gaule à la lumière de travaux archéologiques récents concernant la Grande Limagne », Bulletin de la Société de linguistique de Paris, Louvain (Belgique), Peeters Publishers, vol. 97,
  • Mont-Oriol, un des six romans écrits par Guy de Maupassant, se déroule exclusivement dans cette région.
  • Frédéric Trément, « La Limagne des Marais : un système socio-environnemental », dans Frédéric Trément (dir.), Les Arvernes et leurs voisins du Massif Central à l'époque romaine : une archéologie du développement des territoires, vol. 1, Revue d'Auvergne, (ISSN 1269-8946, lire en ligne), p. 115-181
  • Frédéric Trément, « La Limagne des Marais : dynamique des paysages et du peuplement », dans Frédéric Trément (dir.), Les Arvernes et leurs voisins du Massif Central à l'époque romaine : une archéologie du développement des territoires, vol. 1, Revue d'Auvergne, (ISSN 1269-8946, lire en ligne), p. 215-296
  • Frédéric Zégierman, « La Grande Limagne », Le Guide des Pays de France, tome Sud, Fayard, 1999.

Liens externes

Références

  1. Jean Roux, L'auvergnat de poche, Chennevières-sur-Marne (Val-de-Marne), Assimil, coll. « Assimil évasion », , 246 p. (ISBN 978-2-7005-0319-7 et 2700503198)
  2. (oc) « Limanha / Limagne ; entrée du Diccionari deus noms pròpis (Dictionnaire des noms propores et toponymes en occitan) », sur http://dicesp.locongres.com/ ; Diccionari deus noms pròpis sur le site du Congrès permanent de la lenga occitana (Congrès permanent de la lenga occitana),
  3. « 42e réunion du Comité du patrimoine mondial », sur Unesco (consulté le ).
  4. V. P., « UNESCO. Puy-de-Dôme : la chaîne des Puys obtient enfin son inscription au patrimoine mondial », sur france3-regions.francetvinfo.fr, (consulté le ).
  5. Sylvoécorégion.G 90 Plaines alluviales et piémonts du Massif central
  6. Stéphane Gendron, Les noms des lieux en France: essai de toponymie, Errance, , p. 190
  7. « Climat du 63 », (forum), sur forums.infoclimat.fr
  8. George Gorin, Étude palynostratigraphique des sédiments paléogènes de la Grande Limagne (Massif Central), BRGM, , 147-181 p..
  9. Olivier Merle, L’extension oligocène sur la transversale septentrionale du rift du Massif central, Paris, Société Géologique de France, , 615 - 626 p.
  10. https://planet-terre.ens-lyon.fr/article/excursion-limagne.xml
  11. Géologie de la France. Les Grands Articles d'Universalis, Encyclopaedia Universalis, (lire en ligne), p. 17.
  12. M. Turland, P. Marteau, J. Jouval et C. Monciardini, « Découverte d'un épisode marin oligocène inférieur dans la série paléogène lacustre à fluiviatile du bassin du Puy-en-Velay (Haute-Loire) », Géologie de la France, no 4, , p. 63-66 (lire en ligne [sur geolfrance.brgm.fr]).
  13. « Vocabulaire de termes régionaux pour l’Auvergne », sur tresordesregions.mgm.fr, France, le trésor des régions.
  14. Camille Vigouroux, Revue archéologique du Centre : Le Saltus arverne, complexe économique, (lire en ligne), p. 211-220.
  15. Max Derruau, La grande Limagne, auvergnate et bourbonnaise, Delaunay, , p. 91
  16. Daniel Martin (dir.) et al., L'identité de l'Auvergne, mythe ou réalité historique : Essai sur une histoire de l'Auvergne des origines à nos jours, Nonette, Créer, (lire en ligne), p. 39-41.
  17. lors d'un colloque Agriculture – Innovation 2025 organisé par l’INRA et IRSTEA
  18. « Le Laboratoire d'Innovation Territorial pour les grandes cultures en Auvergne soutenu à l'occasion de l'annonce du plan Agriculture Innovation 2025 », Communiqué INRA, sur ara.inra.fr, (consulté le ).
  19. « Pour une agriculture innovante au cœur des enjeux de recherche : lancement du plan « Agriculture-Innovation 2025 », Communiqué de presse du Ministère de l'Agriculture, (consulté le ).
  20. « Le Laboratoire d’innovation territorial d'Auvergne sur les rails », sur terre-net.fr,
  • Portail de la géologie
  • Portail de la géographie
  • Portail du Massif central
  • Portail de l’Auvergne
  • Portail du patrimoine mondial
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.