Pierre Larrouturou

Pierre Larrouturou, né le à Périgueux (Dordogne), est un homme politique français, fondateur du parti Nouvelle Donne. Spécialisé dans les questions d'économie, il est notamment connu comme un partisan du partage du temps de travail[1] et un défenseur de la lutte contre le réchauffement climatique[2].

Pour les articles homonymes, voir Larrouturou.

Pierre Larrouturou

Pierre Larrouturou en 2010.
Fonctions
Député européen
En fonction depuis le
(2 ans, 2 mois et 13 jours)
Élection 26 mai 2019
Circonscription France
Législature 9e
Groupe politique S&D
Porte-parole de Nouvelle Donne
En fonction depuis le
(4 ans, 7 mois et 24 jours)
Co-président de Nouvelle Donne

(2 ans, 8 mois et 30 jours)
Réélection
Conseiller régional d'Île-de-France

(5 ans, 8 mois et 22 jours)
Élection 21 mars 2010
Président Jean-Paul Huchon
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Périgueux
Nationalité Français
Parti politique PS (1988-1991, 2002-2009, 2012-2013)
EELV (2009-2011)
ND (depuis 2013)
Fratrie Bernard Larrouturou
Diplômé de Institut national agronomique
IEP de Paris
Profession Ingénieur agronome
Religion Catholicisme

Membre du Parti socialiste depuis 2002, il rejoint en 2009 Europe Écologie Les Verts et devient conseiller régional d'Île-de-France. Il reprend sa carte au PS en 2012 et crée le Collectif Roosevelt[3] avec, notamment, Michel Rocard, Stéphane Hessel, Cynthia Fleury et Edgar Morin. En 2013, il quitte à nouveau le PS et crée un nouveau parti politique[4], Nouvelle Donne, avec des personnalités issues du collectif Roosevelt, qu'il co-préside jusqu'en 2016. En , il lance un collectif en faveur de la lutte contre le réchauffement climatique à l'échelle européenne, le Pacte Finance Climat[5].

Il est élu aux élections européennes de 2019, figurant en cinquième sur la liste Envie d'Europe écologique et sociale (menée par Raphaël Glucksmann), une coalition entre Place publique, le Parti socialiste et Nouvelle Donne. Sa liste obtient 6,19 % des voix, soit six des 79 sièges français au Parlement européen[6],[7]. En octobre 2020, alors rapporteur général du budget 2021 au Parlement européen[8], il entame une grève de la faim[9] qui durera 18 jours[10] avec pour objectif d'obtenir plus de moyens de la part de l'Union européenne sur les questions de climat et de santé.

Biographie

Famille et études

Pierre Larrouturou est le cinquième fils d'une famille de six enfants dont le père était un scientifique d'EDF. Il est le frère du chercheur Bernard Larrouturou (né en 1958), le cousin du journaliste de Quotidien Paul Larrouturou[réf. nécessaire] et celui de l'homme politique Éric Piolle[11].

Il suit des études d'ingénieur agronome (Institut national agronomique) puis sort diplômé de l'Institut d'études politiques de Paris en 1988[12],[13],[14]. Il commence sa carrière en devenant, en 1989, ingénieur-conseil chez Andersen Consulting, dont il se met en retrait en 1993. Il y travaille alors à temps partiel[15],[16], deux jours par semaine[17]. Après les lois Aubry sur les 35 heures, il crée un cabinet de consultants, Nouvel équilibre, bénéficiant de financements prévus par la loi Aubry[18]. Son cabinet a un budget de 3 millions de francs[17]. Il quitte Andersen Consulting en 2000[15], pour se consacrer à ses engagements militants[19]. En 2008, Marianne le présentait comme « l'un des cinq économistes qui avaient annoncé la crise financière »[20].

Marié, il a deux enfants et est catholique pratiquant[15].

Parti socialiste — création de plusieurs mouvements

Il adhère au Parti socialiste en 1988[21]. Il crée en 1993 le Comité d'action pour le passage rapide aux 4 jours sur 5 (Cap4J/5)[22] et travaille avec le député UDF Gilles de Robien[21]. Il devient en 1995 membre du Club des Acteurs de la Nouvelle Époque (ou Club des ANE), dirigé par Thierry Consigny, et dans lequel il fréquente Hervé Gaymard et des grands patrons comme Guillaume Pépy[19],[23].

Il tente sans succès de se présenter à l'élection présidentielle de 1995[24]. Il mène la liste « Union pour la Semaine de Quatre Jours » aux élections législatives de 1997[22]. Il obtient 1,45% comme candidat dans la cinquième circonscription de Paris[25]. Ces législatives lui rapportent 200 000 euros de financement[26]. En 1998, il est proche d'adhérer au Parti radical de gauche[27]. Il est tête de liste aux élections européennes de 1999 pour le Cap4J/5. Sa liste obtient 1,01 % des suffrages exprimés[22]. Son compte de campagne est rejeté par la commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques[28]. Il porte plainte pour dénoncer l'insuffisante couverture médiatique des « petites listes », en 2000[29],[30], 2002[31],[32] et en [33], mais est à chaque fois débouté.

Pierre Larrouturou tente à nouveau de se présenter à l'élection présidentielle en 2002 mais n'obtient pas les 500 signatures nécessaires[34]. Alors même qu'il affirmait avoir 470 signatures en [21], seules 34 ont été déposées au Conseil constitutionnel[35]. Il est débouté de son recours au Conseil constitutionnel sur la liste des candidats à la présidentielle[36], où il contestait sa faible médiatisation.

Après le , avec la présence de l'extrême droite au deuxième tour de l'élection présidentielle, il retourne[37] au PS, dont il avait déjà été militant[38], et dont il devient délégué national Europe. Il crée le réseau Nouvelle Donne[22]. Candidat pour le réseau Nouvelle Donne, à nouveau dans la cinquième circonscription de Paris, il obtient 1,65 %[39].

En 2003 au Congrès de Dijon du PS, après avoir annoncé s'allier avec Marc Dolez, il fait défection la veille du dépôt des motions[40]. Il devient délégué national Europe. Au congrès du Mans (2005), il dépose la contribution Urgence sociale[22]. En 2006, il fonde une nouvelle association intitulée Urgence sociale[22].

En 2007, tout en soutenant Ségolène Royal, il tente pour la troisième fois d'être candidat à l'élection présidentielle[41]. Il concentre ses critiques sur « les dix ou les quinze qui squattent Solférino »[42]. Une nouvelle fois il affirme être très proche des 500 parrainages (438[43]). Toutefois, après avoir menacé de camper devant le siège du Parti socialiste[43], il n'arrive pas à ce seuil. Seules 15 signatures sont présentées en sa faveur au conseil constitutionnel[44].

La pétition (motion) de 2008 appelant à « remettre le PS au travail » ayant reçu 27 400 signatures dont celles de 18 parlementaires, Larrouturou n’est pourtant pas autorisé à la déposer au PS et est interdit de tribune par François Hollande, qui lui promet que la pétition pourrait être déposée plus tard et qu’elle serait débattue[45]. À partir de , il fonde puis dirige le mouvement « Nouvelle Gauche », qui a pour objectif de donner davantage la parole aux citoyens. À la veille du congrès de Reims en , il se rallie à la motion « C » de Benoît Hamon, intitulée « Un monde d’avance : reconstruire l’espoir à gauche ». Il est élu, à ce congrès, membre du Conseil national du PS.

Allers et retours PS - EELV - PS

À la mi-, « lassé de l'attitude des dirigeants socialistes », Pierre Larrouturou quitte le PS et rejoint Europe Écologie[46] dont il devient membre du bureau exécutif[47]. Il est choisi comme tête de liste dans les Hauts-de-Seine aux élections régionales de 2010. Europe Écologie fait liste commune avec celle du PS pour le second tour et il est élu conseiller régional d'Île-de-France. Au congrès de la Rochelle, après avoir présenté la motion EELV2, il décide au dernier moment de s'allier avec les soutiens de Daniel Cohn-Bendit[48].

Le , Larrouturou quitte Europe Écologie Les Verts « ne se retrouvant plus du tout dans la stratégie des dirigeants et dans le projet très complet et très décevant cosigné avec le PS. » Il critique notamment le fait que ce mouvement se soit « enfermé dans le rôle de satellite du PS[49] » et des « magouilles financières impliquant Jean-Vincent Placé » dont il aurait été témoin[19]. Au sein d'EELV, on tranche qu'il « voulait une circonscription » aux législatives 2012, mais n'avait pas « réussi à avoir son plat de lentilles[49] ! »

En , il crée le Collectif Roosevelt 2012 avec Stéphane Hessel, Edgar Morin, Michel Rocard et de nombreux intellectuels et personnalités publiques de la société civile et politique. Ce collectif présente 15 propositions pour éviter un effondrement économique, élaborer une nouvelle société, lutter contre le chômage endémique et créer une Europe démocratique[50].

Quelques mois après son départ d'EELV, il reprend une troisième fois sa carte du Parti socialiste et y dépose une contribution pour le congrès de Toulouse, qui devient la motion, avec Florence Augier et Stéphane Hessel, « Oser. Plus loin, Plus vite », qui arrive en troisième position en réunissant 11,78 % des voix[51].

Nouvelle Donne

Le , il annonce son départ, pour la troisième fois, du Parti socialiste et le lancement d'un nouveau parti, intitulé Nouvelle Donne – en référence au New Deal du président américain Franklin Roosevelt. Dans un entretien au journal Le Parisien, il explique cette initiative par le devoir de lutter contre le chômage, et affirme vouloir présenter des listes aux élections européennes de juin 2014, où il ambitionne de dépasser le PS[52]. Il est tête de liste aux européennes dans la circonscription Île-de-France.

Toutefois, Pierre Larrouturou continue à siéger au sein du groupe socialiste du conseil régional d'Île-de-France jusqu'en . Il siège ensuite comme non-inscrit.

Le , il annonce qu'il porte plainte contre le CSA et France Télévisions auprès de la Cour européenne des droits de l'homme[53], s'estimant discriminé et moins médiatisé que d'autres mouvements comme ceux de Nicolas Dupont-Aignan ou Philippe Poutou[53]. Cette plainte auprès de la Cour européenne se fait en l'absence d'épuisement des voies de recours internes, contrairement aux règles[54].

Alors que l'ambition était de dépasser le PS[52], la liste conduite par Pierre Larrouturou (épaulé par Anne Joubert) en Île-de-France pour les élections européennes n'obtient finalement que 3,06 % (93 857 voix[55]). Au niveau national, les listes de Nouvelle Donne recueillent 2,90 % des suffrages, soit 549 734 voix. Toutefois, son parti se voit privé, par la CNCCFP « du droit à réduction d’impôt au bénéfice des donateurs et cotisants du parti au titre de l’exercice 2016 pour n’avoir pas respecté ses obligations légales au titre de l’exercice 2015 »[56].

Le , Isabelle Attard publie, avec soixante autres membres de Nouvelle Donne, une lettre annonçant leur départ et regrettant l'isolement volontaire du parti[57]. Le , Pierre Larrouturou porte plainte contre Manuel Valls, Michel Sapin, Myriam El Khomri, Jean-Pierre Jouyet, Emmanuel Macron, Claude Bartolone, Bruno Le Roux et Jean-Pierre Bel pour non-assistance à personne en danger, en raison du taux de chômage et publie un livre intitulé Non-assistance à peuple en danger[58]. La presse note que la plainte a toutes les chances d’être déclarée irrecevable[58].

Le , il soutient l'appel lancé par Thomas Piketty et déclare au journal Libération : « On a besoin d’une primaire regroupant toutes les forces de gauche […]. Une primaire sans François Hollande et le Parti socialiste fracturerait toute la gauche[59]. »

Le , le bureau national du mouvement décide de l'exclure[60]. Il contestera les motifs de son exclusion en portant plainte en diffamation contre sa co-présidente. Toutefois, il sera débouté en première instance en et en appel en .

En , un vote des adhérents est organisé et 71 % des votants décident de sa réintégration en sa qualité d'adhérent[61], il ne réintègre toutefois pas le bureau national du parti. En , il est autorisé par les adhérents à représenter Nouvelle Donne à l'élection présidentielle de 2017[62],

Il annonce officiellement sa candidature à la primaire le [63]. Sa candidature devait initialement s'insérer dans la primaire citoyenne de 2017 mais le premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis la recale[64].

À la suite de la démission du bureau national, la liste conduite par Pierre Larrouturou est élue le [65]. Il est depuis cette date porte-parole du parti, qui est passé en deux ans de 12 000 à 2 500 adhérents[66].

En [67], à la suite de la publication d'un livre coécrit avec Jean Jouzel[68], il lance avec d'autres personnalités le collectif Pacte Finance Climat[5], destiné à trouver des financements à long terme de la transition énergétique et à lutter contre le réchauffement climatique, mais aussi à combattre la bulle financière et à redynamiser la construction européenne. Il en est officiellement le délégué général, et à ce titre il fait différentes interventions en France[69],[70], dans d'autres pays d'Europe[71] et devant des institutions européennes[72], afin de faire adopter avant la fin de l'année 2018 le principe d'un traité européen.

Il a été nommé au Haut Conseil pour le climat à sa création en [73], mais s'en est très vite retiré pour préserver la neutralité de l'instance, du fait de sa participation aux élections européennes de 2019.

Le il est élu député européen sur la liste de coalition Envie d'Europe. Il prend ses fonctions le . Il est membre de la commission des budgets.

Du au , alors qu'il est rapporteur du budget pour le Parlement européen, il fait une grève de la faim pour alerter sur les risques d'un refus par le Conseil européen d'une taxe sur les transactions financières dans l'Union européenne, votée par le Parlement à une large majorité[74].

Il se déclare candidat le à la primaire populaire portée par un collectif indépendant visant une candidature commune à gauche[75].

Chronologie

  • 1988 : adhère au Parti socialiste
  • 1991 : quitte le Parti socialiste
  • 1993 : crée le Comité d'action pour le passage rapide aux 4 jours sur 5 (Cap4J/5)
  • 1995 : tente de se présenter à l'élection présidentielle
  • 1997 : candidat aux élections législatives dans la cinquième circonscription de Paris (1,45 %)
  • 1999 : tête de liste aux européennes, toujours pour le Cap4J/5 (1,01 %)
  • 2002 : tente à nouveau de se présenter à l'élection présidentielle pour le Réseau Nouvelle Donne qu'il crée la même année. Candidat aux élections législatives dans la cinquième circonscription de Paris (1,65 %) pour le même mouvement. Ré-adhère au Parti socialiste (délégué national Europe)
  • 2006 : crée l'association Urgence sociale
  • 2007 : échoue à se présenter à l'élection présidentielle
  • 2008 : crée Nouvelle Gauche au sein du PS
  • 2009 : quitte le Parti socialiste et adhère à Europe Écologie Les Verts
  • 2010 : élu conseiller régional sur la liste EELV dans les Hauts-de-Seine
  • 2011 : quitte EELV
  • 2012 : fonde le Comité Roosevelt et réadhère au Parti socialiste avec Stéphane Hessel.
  • 2013 : quitte le Parti socialiste et fonde Nouvelle Donne
  • 2014 : tête de liste Nouvelle Donne aux élections européennes en Île-de-France (3,06 %)
  • 2016 : exclusion puis réintégration de Nouvelle Donne
  • 2017 : délégué général de l'association Agir pour le climat, porteuse du projet de plan Marshall européen « Pacte finance-climat »
  • 2019 : député européen élu sur la liste Envie d'Europe écologique et sociale (Place Publique-Parti Socialiste-Nouvelle Donne)
  • 2020 : rapporteur général du budget européen[76]
  • 2020 : grève de la faim « pour alerter les citoyens sur les coupes du budget de l’Union européenne dans les domaines du climat et de la santé et obtenir une taxe ambitieuse sur les transactions financières »[77]

Idées

Semaine de quatre jours

Pierre Larrouturou raconte qu'au retour d'une année sabbatique passée à militer à ATD Quart monde, lui est venue l'idée que le travail pouvait être partagé, en réduisant le temps hebdomadairement (moyenne sur un an), de 39 à 32 heures[15] (pour la majorité des salariés, des semaines de 32 heures ; pour les cadres, par exemple, ce sont d'autres formules). Le calcul fait, il estime à l'époque que jusqu'à deux millions d'emplois peuvent être créés[78],[79]. Il prône alors, en 1993, la semaine de quatre jours[80],[81]. Lorsque Martine Aubry avait pour projet de lancer les « 35 heures », Larrouturou, qui préférait le projet de « semaine de 4 jours » n'avait pu obtenir d'audience auprès d'elle, qui « refuse de me serrer la main »[82]. Il dénonce également la politique d'heures supplémentaires défiscalisées menée par Nicolas Sarkozy, allant à l'encontre de ses propositions[83]. Cette idée de semaine de 4 jours serait partagée par plusieurs personnalités comme Jacques Delors ou Gilles de Robien[84].

La mise en place par Martine Aubry de la réforme des 35 heures est loin de le satisfaire : votée sans concertation, il la juge inadéquate car uniforme, non basée sur le volontariat, et à long terme préjudiciable à tout débat sur le partage du temps de travail (« le double piège »). Les lois Aubry entraînent, de facto, la non-reconduction de la loi Robien sur l'aménagement du temps de travail (semaine de 4 jours) dont Pierre Larrouturou a été l'un des concepteurs[85].

Pierre Larrouturou affirme que ce projet est équilibré et réalisable et publie de nombreux ouvrages à ce sujet. Il fonde ses propositions sur des calculs liés à la productivité et préconise « l’adoption d'une loi-cadre par un référendum précédé d'un débat approfondi ». La mise en place des 35 heures suscitera la méfiance à l'égard de sa proposition[15]. Avec Stéphane Hessel et Michel Rocard, il propose alors en 2004 un Traité de l'Europe Sociale[86]. Quelques années après l'application des 35 heures, en , Pierre Larrouturou coécrit avec Michel Rocard un article dans Le Nouvel Observateur ré-affirmant qu'un passage rapide et sans étape intermédiaire aux 32 heures peut faire baisser le chômage.

1 000 milliards pour le climat

En 2016, avec le climatologue Jean Jouzel, il lance un appel pour un plan Marshall pour le climat intitulé « 1 000 milliards pour le climat ». Nouvelle Donne demande que ces 1 200 milliards soient intégralement utilisés pour financer des travaux d’isolation des bâtiments et pour développer les énergies renouvelables. Ils demandent que soit négocié au niveau européen un traité qui garantirait pendant vingt ans à chaque pays membre un financement de la lutte contre le dérèglement climatique, à hauteur de 2 % de son PIB[87].

Cette idée est ensuite développée, approfondie et précisée dans le cadre du collectif Pacte Finance Climat.

Pacte Finance-Climat

Dans leur livre, Pour éviter le chaos climatique et financier, Jean Jouzel et Pierre Larrouturou expliquent leur projet : l'organisation d'un référendum simultané dans tous les pays de l'Union européenne pour l'adoption d'un nouveau traité européen concernant le climat. Les deux auteurs proposent que l'engagement de l'Europe dans cette lutte pour le climat se concrétise par une allocation de 1 000 milliards d'euros chaque année. À ceux qui affirment que cela serait impossible, les auteurs répondent que pendant trois ans, en 2015, 2016 et 2017, la Banque centrale européenne a mis à disposition des banques privées européennes plus de 2 200 milliards d'euros[88]. Les auteurs estiment que 89 % de l'argent injecté par la BCE en direction des banques privées est allé vers la spéculation, et que leur projet de financement des énergies renouvelables et des économies d'énergie permet d'orienter la création monétaire vers l'économie réelle[89],[90] et pourrait déboucher sur la création de 5 millions d'emplois en Europe, dont 900 000 en France[90],[91],[92],[93],[94].

Selon Pierre Larrouturou, la cour des comptes européenne a estimé qu'il faudrait environ « 1 000 milliards d’euros par an, répartis entre des financements publics et privés, pour sauver le climat »[95]. Il propose de transformer la Banque européenne d'investissement (BEI) en une banque du développement durable, qui pourrait mettre à disposition des États membres de l'Union européenne des prêts à taux zéro intégralement utilisés pour la transition énergétique, à hauteur de 2 % de leur PIB annuel, pendant 30 ans. Ce dispositif permettrait, par exemple, à la France de disposer de 45 milliards d’euros de prêt à taux zéro chaque année. Les autres sources de financement de la transition énergétique seraient une taxe de 5 % sur les bénéfices des entreprises non réinvestis, une taxe sur les transactions financières, et une taxe sur le CO2[96],[97].

Le Pacte Finance-Climat est appuyé par 150 grandes signatures[98]. La liste des signataires est éclectique : le prince Albert de Monaco, le président de la Confédération européenne des syndicats Rudy De Leeuw, l'ancien président de la Commission européenne Romano Prodi, des économistes (James K. Galbraith, Tim Jackson, Alain Grandjean), des politiques (Anne Hidalgo, Jean-Marc Ayrault, Daniel Cohn-Bendit, Martine Aubry), les philosophes Edgar Morin et Michel Serres, le dessinateur Philippe Geluck, le photographe Yann Arthus-Bertrand, des représentants du monde du spectacle (Olivier Py, Jean-Michel Ribes), l'explorateur Jean-Louis Étienne, les écrivains Erik Orsenna et Fred Vargas, etc[96],[89].

En , Nicolas Hulot évoque dans L'Émission politique de France 2 le Pacte Finance-Climat de Jean Jouzel et Pierre Larrouturou, appelant à injecter « au niveau européen 1 000 milliards pour la transition énergétique (alors que) pour sauver les banques en 2008, en 3 ans, on a émis 2 500 milliards d’euros dont une partie a plutôt servi à la spéculation »[99].

Publications

  • Ça ne peut plus durer ! Seuil, 1994
  • Du temps pour vivre. Flammarion, 1996
  • 35 heures : le double piège. Belfond, 1998 Réédité sous le titre Pour la semaine de quatre jours : sortir du piège des 35 heures, La Découverte, 1999.
  • La Gauche est morte, vive la gauche ! Presses de la Renaissance, 2001
  • Urgence sociale, changer le pansement ou penser le changement ? Ramsay, 2006
  • Le Livre noir du libéralisme. Éditions du Rocher, 2007
  • Pour en finir avec Sarkozy. Éditions du Rocher, 2008
  • Crise : la solution interdite. Desclée de Brouwer, 2009
  • Pour éviter le krach ultime, préface de Stéphane Hessel, Nova Éditions, 2011[100]
  • C'est plus grave que ce qu'on vous dit… Mais on peut s'en sortir ! Nova Éditions, 2012
  • La gauche n’a plus droit à l’erreur. Avec Michel Rocard, Flammarion, 2013
  • La Grande trahison. Flammarion,
  • Non-assistance à peuple en danger. Fayard, (ISBN 978-2213693798)
  • À nous d'agir ! 2017, le chaos ou le sursaut ? Fayard, 2016
  • Einstein avait raison, il faut réduire le temps de travail. La semaine de quatre jours, c'est possible. Avec Dominique Méda, Ed. de l'Atelier, 2016 (ISBN 978-2-7082-4470-2)
  • Jean Jouzel et Pierre Larrouturou, Pour éviter le chaos climatique et financier : Une solution scandaleusement simple, Paris, Odile Jaco, (ISBN 978-2-7381-4116-3).
  • Jean Jouzel, Anne Hessel et Pierre Larrouturou, Finance, climat, Réveillez-vous ! Les solutions sont là, Éditions Indigène, 2018 (ISBN 978-2-3759-5070-8)
  • Aujourd'hui, l'esprit se révolte Crise sociale, crise climatique : 7 solutions pour éviter l'effondrement, Les Liens qui libèrent, 2020 (ISBN 979-102090846-9)

Notes et références

  1. « "Un objectif urgent" : 20 ans après les 35 heures, Pierre Larrouturou croit plus que jamais à la semaine de 4 jours », sur LCI (consulté le )
  2. Julien Lecot, « Pierre Larrouturou, en grève de la faim : «Macron ne veut pas que l’UE taxe les spéculations» », sur Libération (consulté le )
  3. « Les 15 mesures radicales de "Roosevelt 2012" pour sortir de la crise », sur La Tribune (consulté le )
  4. « Le socialiste Pierre Larrouturou lance son parti », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  5. https://climat-2020.eu/fr/
  6. « Résultats nationaux France | Résultats des élections 2019 | Résultats des élections européennes 2019 | Parlement européen », sur https://resultats-elections.eu/ (consulté le )
  7. Quentin Meunier et Mis à jour le 27/05/19 12:13, « EES : résultat aux européennes et liste des élus PS et Place publique », sur www.linternaute.com (consulté le )
  8. « Accueil | Pierre LARROUTUROU | Députés | Parlement européen », sur www.europarl.europa.eu (consulté le )
  9. « L’eurodéputé Pierre Larrouturou entame une grève de la faim », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  10. Julien Lecot, « Pierre Larrouturou, fin d'une grève et début d'un mouvement », sur Libération (consulté le )
  11. « Piolle et Larrouturou : les cousins secrets », sur Le Postillon.org, (consulté le ).
  12. LaProcure.com, « Auteur : Pierre Larrouturou , LaProcure.com », sur La Procure (consulté le )
  13. « Pierre Larrouturou, 33 ans, aussi volubile que mobile, prêche par tout le pays la semaine de quatre jours. Il se met en quatre. », Libération.fr, (lire en ligne, consulté le )
  14. « Presidentielles.net : A la Une - Larrouturou, un inconnu pour une "nouvelle donne" », sur 2002.presidentielles.net,
  15. Le guerrier du repos, Libération, 13 mars 2007
  16. « Semaine de quatre jours : Larrouturou continue sa croisade », Les Échos, 20 mai 1997.
  17. « Pierre Larrouturou se bat contre le temps », Le Point.
  18. « La manne des consultants », Le Point.
  19. Voir sur nouvelledonnesp.org.
  20. Voir sur 20minutes.fr.
  21. Presidentielles.net, 19 mars 2002
  22. France politique, site de Laurent de Boissieu
  23. Le Nouvel Économiste, 19 mai 1995.
  24. Le Monde, 14 mars 1995
  25. Résultats sur la base élection du Monde
  26. La bonne affaire des législatives, Le Point, 24 mai 2002].
  27. Le bonheur majoritaire du PRG, Libération, 26 janvier 1998.
  28. , lemonde.fr, 21 octobre 1999.
  29. Décision du conseil constitutionnel du 23 août 2000
  30. Décision du Conseil d'État
  31. Décision du 7 avril 2002 sur une réclamation formée de M. Pierre Larrouturou.
  32. Rajf.org | Conseil d'État, référé, 7 mars 2002, no 243833, M. Pierre Larrouturou.
  33. « Les mensonges de Fillon, Nous portons plainte contre le Premier ministre pour détournement de suffrages », Libération, 6 juin 2007.
  34. Ils ont abandonné la course, Le Monde, 4 avril 2002
  35. 500 signatures : l'adieu des recalés, 3 avril 2002
  36. Décision du 7 avril 2002 portant sur une réclamation de Monsieur Pierre Larrouturou, site du Conseil constitutionnel.
  37. Ivan Villa, « Pierre L. quitte le PS… », Mediapart, (consulté le ).
  38. Pierre Larrouturou, candidat à la présidentielle, lemonde.fr, 25 janvier 2002
  39. Résultats sur le site du ministère de l'Intérieur.
  40. Les secrétaires fédéraux aussi, Libération, 22 mai 2003.
  41. « Pierre Larrouturou revient avec sa boîte à idées », Libération, 27 février 2002.
  42. Voir sur liberation.fr..
  43. « Larrouturou prêt à camper devant le PS », Libération, 9 mars 2007.
  44. « Les parrainages à l'élection présidentielle », Les Nouveaux Cahiers du conseil constitutionnel, Jean-Claude Colliard, janvier 2012.
  45. « Rencontre avec Pierre Larrouturou », babordages.fr
  46. Sur le Site de Médiapart du 21 novembre 2009.
  47. Pierre Larrouturou, « Crise financière : comment éviter l'explosion ? (source au bas de l'article). », lemonde.fr, (consulté le )
  48. « Lettre de Larrouturou et de Cohn-Bendit » sur lefigaro.fr.
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Annexes

Articles connexes

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