Lurais

Lurais est une commune française située dans le département de l'Indre, en région Centre-Val de Loire.

Pour l’article ayant un titre homophone, voir Luray.

Cet article possède des paronymes, voir Lure et Lureuil.

Lurais

La mairie en 2011.
Administration
Pays France
Région Centre-Val de Loire
Département Indre
Arrondissement Le Blanc
Intercommunalité Communauté de communes Brenne - Val de Creuse
Maire
Mandat
Alain Jacquet
2020-2026
Code postal 36220
Code commune 36104
Démographie
Gentilé Luraisiens
Population
municipale
241 hab. (2018 )
Densité 18 hab./km2
Géographie
Coordonnées 46° 42′ 19″ nord, 0° 57′ 05″ est
Altitude Min. 67 m
Max. 134 m
Superficie 13,61 km2
Type Commune rurale
Aire d'attraction Le Blanc
(commune de la couronne)
Élections
Départementales Canton du Blanc
Législatives Première circonscription
Localisation
Géolocalisation sur la carte : Centre-Val de Loire
Lurais
Géolocalisation sur la carte : Indre
Lurais
Géolocalisation sur la carte : France
Lurais
Géolocalisation sur la carte : France
Lurais
Liens
Site web communedelurais.com

    Géographie

    Localisation

    La commune est située dans l'ouest[1] du département, à la limite avec le département de la Vienne. Elle est située dans la région naturelle du Blancois, au sein du parc naturel régional de la Brenne.

    Les communes limitrophes[1] sont : Preuilly-la-Ville (km), Tournon-Saint-Martin (km), Fontgombault (km), Angles-sur-l'Anglin (km), Néons-sur-Creuse (km), Mérigny (km) et Saint-Pierre-de-Maillé (km).

    Les communes chefs-lieux[1] et préfectorales sont : Le Blanc (11 km), Châteauroux (58 km), La Châtre (80 km) et Issoudun (83 km).

    Hameaux et lieux-dits

    Les hameaux et lieux-dits de la commune sont : les Martinières, Fournioux et la Périnnerie[2].

    Géologie et hydrographie

    Lurais dispose de deux cavités souterraines naturelles nommé « Puits de Rives et Grotte de Montenault n° 1 ».

    La commune est classée en zone de sismicité 2, correspondant à une sismicité faible[3].

    Le territoire communal est arrosé par les rivières Creuse[2] et Anglin[2].

    Climat

    Normales et records pour la période 1981-2010 à la station météorologique de Châteauroux - Déols
    Mois jan. fév. mars avril mai juin jui. août sep. oct. nov. déc. année
    Température minimale moyenne (°C) 1,3 1,3 3,5 5,3 9,2 12,4 14,4 14,3 11,2 8,5 4,1 1,8 7,3
    Température moyenne (°C) 4,2 4,9 8 10,4 14,4 17,8 20,2 20 16,6 12,8 7,5 4,7 11,8
    Température maximale moyenne (°C) 7,1 8,6 12,6 15,5 19,6 23,1 26 25,6 21,9 17,1 11 7,6 16,3
    Record de froid (°C)
    date du record
    −22,8
    16-01-1985
    −22,8
    14-02-1929
    −10,8
    01-03-2005
    −4,2
    07-04-1929
    −1,4
    11-05-1928
    1,2
    01-06-1936
    4
    10-07-1948
    4,5
    06-08-1967
    0
    30-09-1936
    −5,2
    30-10-1997
    −8,7
    24-11-1998
    −17
    10-12-1967
    −22,8
    16-01-1985
    Température maximale la plus basse (°C)
    date du record
    −14,9
    16-01-1985
    −10,8
    02-03-1956
    −1,9
    05-04-1971
    1,5
    06-04-1911
    6,9
    04-05-1977
    11,1
    09-06-1956
    12,8
    19-07-1966
    13,9
    31-08-2007
    9,5
    29-09-1919
    2,8
    27-10-1931
    −2,9
    22-11-1993
    −10,2
    20-12-1938
    −14,9
    16-01-1985
    Température minimale la plus haute (°C)
    date du record
    12
    02-01-1916
    12,1
    27-02-1960
    14,9
    11-03-1981
    14,5
    28-04-1913
    18
    12-05-1912
    22,3
    28-06-2005
    23
    21-07-1995
    23,3
    06-08-2018
    20,5
    05-09-2017
    18,9
    01-10-2001
    15,1
    07-11-1954
    13,4
    04-12-1961
    23,3
    06-08-2018
    Record de chaleur (°C)
    date du record
    18,5
    05-01-1999
    24
    27-02-2019
    28
    25-03-1955
    31,5
    22-04-1893
    34,5
    29-05-1944
    37,7
    26-06-1947
    40,2
    28-07-1947
    40,5
    02-08-1906
    38
    01-09-1906
    30,3
    07-10-2009
    24,5
    02-11-1899
    20,5
    16-12-1989
    40,5
    02-08-1906
    Ensoleillement (h) 72,1 91,9 155,6 178,5 208,6 210,4 231,7 235,5 189,5 128,3 79,6 59 1 840,7
    ETp Penman (mm) 13,8 23,2 56,1 82,1 112,9 132,8 147,8 131,5 79,5 41,3 15,9 10,2 847,1
    Record de vent (km/h)
    date du record
    105,4
    NC
    132,1
    23-02-2009
    126
    NC
    104,4
    NC
    94,5
    NC
    109,8
    13-06-2002
    104,4
    NC
    115,2
    NC
    104,4
    NC
    97,2
    NC
    100,8
    NC
    126
    NC
    132,1
    NC
    Record de la pression la plus basse (hPa)
    date du record
    973,1
    NC
    965
    NC
    983,7
    NC
    981,8
    NC
    989,6
    NC
    991,6
    NC
    978,2
    NC
    996,9
    NC
    989,9
    NC
    980,1
    NC
    973
    NC
    967,9
    NC
    965
    NC
    Record de la pression la plus haute (hPa)
    date du record
    1 045,1
    NC
    1 043,4
    NC
    1 046,7
    NC
    1 035,7
    NC
    1 033,5
    NC
    1 047,5
    NC
    1 030,6
    NC
    1 030,6
    NC
    1 034,9
    NC
    1 035,6
    NC
    1 040,2
    NC
    1 045,6
    NC
    1 047,5
    NC
    Précipitations (mm) 59,2 48,8 52,1 65,8 73,3 54,9 56,6 56,1 64,3 73,8 64,9 67,3 737,1
    Record de pluie en 24 h (mm)
    date du record
    48,7
    20-01-1910
    29,7
    05-02-1955
    32,4
    29-03-1978
    42,6
    18-04-1964
    54,1
    12-05-1910
    67,6
    04-06-2002
    60,4
    08-07-1919
    66,1
    29-08-1945
    58,6
    17-09-1975
    43
    29-10-1981
    35,2
    05-11-1962
    51,6
    24-12-1995
    67,6
    04-06-2002
    dont nombre de jours avec précipitations ≥ 1 mm 4,9 5,3 5 5,8 6,2 7,5 7,4 7,2 8,3 6,4 5,7 5,9 6,3
    Source : Infoclimat.fr
    Diagramme climatique
    JFMAMJJASOND
     
     
     
    7,1
    1,3
    59,2
     
     
     
    8,6
    1,3
    48,8
     
     
     
    12,6
    3,5
    52,1
     
     
     
    15,5
    5,3
    65,8
     
     
     
    19,6
    9,2
    73,3
     
     
     
    23,1
    12,4
    54,9
     
     
     
    26
    14,4
    56,6
     
     
     
    25,6
    14,3
    56,1
     
     
     
    21,9
    11,2
    64,3
     
     
     
    17,1
    8,5
    73,8
     
     
     
    11
    4,1
    64,9
     
     
     
    7,6
    1,8
    67,3
    Moyennes : • Temp. maxi et mini °C • Précipitation mm

    Voies de communication et transports

    Le territoire communal est desservi par les routes départementales : 3, 50, 89 et 95[4].

    La gare ferroviaire la plus proche est la gare de Châtellerault[4], à 38 km.

    Lurais est desservie par la ligne P du Réseau de mobilité interurbaine[5].

    L'aéroport le plus proche est l'aéroport de Châteauroux-Centre[4], à 71 km.

    Le territoire communal est traversé par le sentier de grande randonnée de pays de la Brenne[2].

    Urbanisme

    Typologie

    Lurais est une commune rurale, car elle fait partie des communes peu ou très peu denses, au sens de la grille communale de densité de l'Insee[Note 1],[6],[7],[8].

    Par ailleurs la commune fait partie de l'aire d'attraction du Blanc, dont elle est une commune de la couronne[Note 2]. Cette aire, qui regroupe 23 communes, est catégorisée dans les aires de moins de 50 000 habitants[9],[10].

    Occupation des sols

    Carte des infrastructures et de l'occupation des sols de la commune en 2018 (CLC).

    L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de données européenne d’occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des territoires agricoles (64,6 % en 2018), une proportion identique à celle de 1990 (64,5 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante : terres arables (45,7 %), forêts (35,5 %), zones agricoles hétérogènes (15 %), cultures permanentes (3,3 %), prairies (0,6 %)[11].

    L'IGN met par ailleurs à disposition un outil en ligne permettant de comparer l’évolution dans le temps de l’occupation des sols de la commune (ou de territoires à des échelles différentes). Plusieurs époques sont accessibles sous forme de cartes ou photos aériennes : la carte de Cassini (XVIIIe siècle), la carte d'état-major (1820-1866) et la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[12].

    Logement

    Le tableau ci-dessous présente le détail du secteur des logements[13] de la commune :

    Date du relevé 2013
    Nombre total de logements 221
    Résidences principales 54 %
    Résidences secondaires 38,7 %
    Logements vacants 7,3 %
    Part des ménages propriétaires de leur résidence principale 77 %

    Toponymie

    La toponymie de Lurais et des environs indique une occupation fort ancienne. Tournon (Turnonum), Néons (Noviodunum), Le Blanc (Oblinco) sont celtiques ou pré-celtiques. Les villes doubles de Tournon-Saint-Martin (en Berry) et Tournon-Saint-Pierre (en Touraine) sont sans doute les héritières de deux localités frontalières, l’une consacrée à Lug (Saint Pierre) et l’autre à Cernunnos (Saint Martin). Dès l’Antiquité, la région semble avoir été située aux confins des territoires de trois grands peuples gaulois : les Turons (Tourangeaux), les Pictaves (Poitevins) et les Bituriges (Berrichons).

    Le nom de Lurais (Luriacum ou Ludriacum) appartient lui à l’époque gallo-romaine : comme d’autres noms de villages voisins, il évoque le nom d’un grand propriétaire nommé Lurius ou Ludrius, dont la villa ou une des villas a pu être située à l’emplacement du village actuel.

    Ses habitants sont appelés les Luraisiens[14].

    Histoire

    Antiquité

    Du passé lointain du village avant l’an mil, on ignore à peu près tout. Le choix du site par les premiers habitants tient sans doute moins à la proximité de la rivière qu’à la forte saillie de la falaise calcaire, qui ménage des anfractuosités propices à un habitat troglodyte ou semi-troglodyte : aujourd’hui encore, plusieurs maisons du village sont adossées à la falaise ou s’y prolongent par des caves ou par des granges. Des habitats troglodytes sont attestés dans la région – plus au sud, c’est l’origine de l’ermitage du moine Gombault, ancêtre éponyme de l’abbaye de Fontgombault, plus au nord on retrouve ces dispositions dans la région de La Roche-Posay ou dans celle de Beauval.

    Sur cette rive gauche de la Creuse, Lurais n’aurait pu être situé plus bas, car la falaise s’abaisse et le fond de vallée se fait plus étroit jusqu’à Tournon-Saint-Martin ; il n’aurait pu être situé plus haut, car tantôt, là aussi, la falaise s’abaisse exagérément, tantôt au contraire elle s’élève et surplombe directement la rivière sans laisser de place à un habitat humain. Dans cette portion de la vallée de la Creuse, le site de Lurais présentait seul la conjonction de plusieurs caractères favorables : un terroir assez étendu entre la rivière et le plateau, une falaise offrant des abris sinon pour les hommes du moins pour leurs biens, un passage guéable entre les deux rives de la Creuse.

    De ces hautes époques, il est resté peu de traces à Lurais, sinon des traditions et des superstitions issues du paganisme, qui ont subsisté jusqu’au XIXe siècle. Une légende locale prétend ainsi que les fées de la vallée de la Creuse – les fata des Gallo-Romains – ont quitté la vallée après que l’Évangile de saint Jean est apparu à Tournon-Saint-Martin et se sont réfugiées dans la Brenne, ultime refuge de l’ancienne religion.


    Moyen Age

    L’époque du Haut Moyen Âge n’est pas mieux connue. L’occupation humaine du terroir ne fait pas de doute : les falaises surplombant l’Anglin abritaient notamment des carrières servant à la fabrication des sarcophages.

    L’église de Lurais a longtemps été consacrée à sainte Fercinte, une vierge qui se serait fixée à Lurais au VIIIe siècle pour y mener une vie solitaire et qui par la suite fut confondue avec sainte Fercinte de Tolède. Sa fête était célébrée à Lurais le 13 novembre. Le pèlerinage en l’honneur de la sainte, qui recouvrait des pratiques profanes, fut interdit par l’évêque de Poitiers en 1780. Il est possible que sainte Fercinte soit le rhabillage chrétien, à haute époque, d’une déesse-mère du panthéon celtique.

    Lurais apparaît dans l’histoire en 936 quand Frottier, évêque de Poitiers, fit don aux moines de Saint-Cyprien de Poitiers d’un fief situé « in Pictavorum pago, in villa que dicitur Ludriacus et in villa qui ad illam pertinet (…) super fluvium Crosa » (en Poitou, dans la villa nommé Lurais et dans la villa voisine (…) sur la Creuse ». La ville la plus proche, Le Blanc, n’est citée dans les textes que trente ans plus tard, en 968, toujours pour une donation faite à Saint Cyprien, qui précise que la cité se trouve en Berry (in pago Bituricensi) et dans la viguerie du Blanc (in vicaria Obliacinse). Lurais se trouvait donc à la limite de deux provinces, à la rencontre des sphères d’influence de deux autorités spirituelles (celle de l’archevêque de Bourges et celle de l’évêque de Poitiers) et de deux autorités politiques (le seigneur de Châteauroux et le comte de Poitiers).

    Aux XIe et XIIe siècles, le fief luraisien de Saint Cyprien semble s’être accru grâce à de nouvelles donations, mais l’abbaye n’avait pas encore installé de prieuré dans le village. En 1100, un moine de Saint-Cyprien résidait à Lurais et desservait l’église. La première mention d’un prieuré apparaît un siècle plus tard, en 1217, à l’occasion d’un différend entre le prieur de Lurais et l’abbé de Fontgombault, différend arbitré par l’abbé de Sainte-Croix d’Angles-sur-l'Anglin. En 1248, il est fait mention d’un autre prieur de Lurais, Jean, également archiprêtre du Blanc. Au XIIIe siècle, le fief luraisien de Saint Cyprien relevait de la baronnie d’Angles-sur-l'Anglin, dont les évêques de Poitiers étaient titulaires depuis 1282. Une sentence de l’officialité de Poitiers datée de 1367 confirma le droit de haute justice à Lurais aux évêques de Poitiers, laissant le droit de basse justice aux abbés de Saint Cyprien.

    Durant les deux guerres de Cent Ans qui opposèrent le roi de France et le roi d’Angleterre au XIIe siècle puis aux XIVe siècle et XVe siècle, la région de Lurais se trouva en position frontalière entre un Poitou relevant du roi d’Angleterre et un Berry relevant du roi de France. C’est de la seconde guerre de Cent Ans que l’on peut dater les tours du prieuré de Lurais et le château voisin du Soudun, situé sur la commune de Néons-sur-Creuse. Le prieuré et le village semblent avoir connu une période de prospérité à la fin du Moyen Âge : c’est de cette époque que datent le double cloître superposé du prieuré, plusieurs agrandissements de l’église et notamment un beau portail surmonté des armes d’un abbé de Saint-Cyprien, Antoine de Champropin (1507).


    Epoque moderne

    Au XVIe siècle eurent lieu les dernières opérations militaires ayant eu la vallée de la Creuse pour théâtre : pendant les Guerres de religion, catholiques et protestants se disputèrent le Bas-Berry ; en 1569, l’armée royale campa autour du Blanc, l’armée protestante à Preuilly-la-Ville. Les réformés brûlèrent plusieurs églises et abbayes du voisinage, notamment Fontgombault. Les troubles durèrent jusqu’en 1593.

    Le prieuré de Lurais disparut au début du XVIIe siècle, mais l’abbaye de Saint-Cyprien conserva une partie de ses biens et de son influence sur le village jusqu’à la Révolution. Le prieuré devint une seigneurie affermée par l’abbé de Saint-Cyprien ; les bâtiments du prieuré proprement dits furent désormais désignés sous le nom de « château de Lurais », qui leur est resté jusqu’à présent, et servirent au stockage des récoltes ; jusqu’en 1789, le curé de Lurais fut nommé sur présentation de l’abbé de Saint-Cyprien. A la veille de la Révolution, l'abbaye de Saint-Cyprien possédait encore 25 hectares de la paroisse de Lurais (le château, le moulin, la métairie de la Grange Neuve et diverses terres)[15]. La puissance des seigneuries ecclésiastiques était cependant en recul : en 1715, Mathieu Pinsonneau, marquis du Blanc, déclarait posséder ainsi plusieurs rentes et droits sur le prieuré de Lurais.

    Les familles nobles de Lurais et de ses environs sont moins bien connues que les seigneuries ecclésiastiques qui y exerçaient leur influence. La noblesse locale avait des attaches en Berry, comme en Poitou, voire en Touraine et en Limousin. En 1736, un sieur de Landeterre, gentilhomme de Lurais, était accusé de faux-saunage aux environs d’Ingrandes. Les Le Picard de Phélypeaux, originaires de Blois mais appartenant à la noblesse du Poitou, possédaient des fiefs à Lurais. Jean-René Le Picard de Phélippeaux était propriétaire du château de la Comté et son domaine. Son cousin Louis Edmond Le Picard de Phélippeaux les métairies de la Brunetterie (16 hectares) et de la Périnerie (35 hectares)[15].

    À la veille de la Révolution, sur le plan administratif et fiscal, Lurais appartenait au gouvernement de Poitou, à la généralité de Bourges, à l’élection et à la subdélégation du Blanc. Sur le plan judiciaire, le village relevait de la coutume de Poitou, du présidial de Poitiers et du Parlement de Paris. Sur le plan ecclésiastique, la paroisse dépendait de l’archiprêtré d’Angles et du diocèse de Poitiers[15].

    Révolution et Empire

    En 1790, lors de la formation des départements, cinq paroisses de l’ancien diocèse de Bourges furent données au département de la Creuse. En compensation, l’Indre reçut sept paroisses de l’ancien diocèse de Poitiers : Lurais, Mérigny, Ingrandes, Saint-Hilaire-sur-Benaize, Jauvard, Tilly et Bonneuil. Lurais prit place dans le canton de Tournon-Saint-Martin et le district du Blanc[15]. Comme aujourd’hui, le canton de Tournon-Saint-Martin se composait alors des communes de Fontgombault, Lurais, Néons-sur-Creuse, Preuilly-la-Ville et Tournon-Saint-Martin[Note 3].

    Comme dans le reste de la France, la Révolution entraîna de fortes modifications de la structure sociale et foncière de Lurais, les propriétés ecclésiastiques et celles des émigrés étant vendues comme biens nationaux. Parmi les biens ecclésiastiques, on comptait quatre biens relevant de la cure de Notre-Dame de Lurais, le prieuré relevant de Saint-Cyprien de Poitiers et une autre propriété ayant appartenu à cette abbaye. Les biens nationaux « de seconde origine » consistaient en onze propriétés ayant appartenu à Jean-René Le Picard de Phélippeaux, émigré, et à Louis-Edmond Le Picard de Phélippeaux (1767-1799), capitaine émigré en 1791, qui servit dans l’armée des princes puis rentra en France, pour soulever le Berry. Les biens meubles de Jean-René furent vendus aux enchères le et son épouse, considérée comme suspecte, fut emprisonnée le mois suivant à Châteauroux.

    Le château de la Comté fut vendu à François Jallet, d'Angles, le domaine de la Brunetterie à François Turlin, de Tournon, le domaine de la Périnerie, à Fraçois Fillain, de Lurais, le presbytère à François Vézien Delassale, de Tournon. Le curé Etienne Mériot acquit le prieuré, mais le revendit en 1798 et quitta la commune. Les propriétaires laïcs évincés furent indemnisés en application de la loi de 1825, dite du "milliard des émigrés" : les héritiers de Jean-René Le Picard de Phélippeaux reçurent alors 16708 francs pour le domaine de la Comté et ceux de Louis-Edmond 9542 francs pour les domaines de la Périnerie et de la Brunetterie[16].

    Neuf soldats nés à Lurais décédèrent sous les drapeaux entre 1789 et 1815, tous de maladie sauf un, Louis Mériot, mort en combattant les Vendéens en 1794.

    En 1812, l’administration préfectorale de l’Indre, appuyée par le ministère des Finances, présenta un projet de réunion de la commune de Lurais à celle de Néons, pour former une seule commune sous le nom de Néons-sur-Creuse. Ce projet recueillit l’accord du conseil municipal de Néons, mais suscita l’opposition des représentants de Lurais. Au vu des plans dressés par le géomètre délimitateur, le ministre de l’Intérieur prit parti contre le ministre des Finances et proposa au contraire de réunir à Lurais, la partie méridionale du territoire de Néons, qui se trouvait séparée du chef-lieu de cette commune par les territoires d’Angles et de Lurais.

    En définitive, le , un décret impérial, donné à Trianon et pris sur le rapport du ministre de l’Intérieur, réunit à Lurais la section sud de la commune de Néons. La commune de Lurais s’étendit désormais jusqu’à la rive droite de l’Anglin, depuis le hameau de Rives jusqu’au château de Montenaut, et s’accrut du hameau de Fournioux et des fermes ou lieux-dits suivants : les Martinières, le Bas Coreil, la Brisetière, Baiseborde, les Gerbaudières, les Prunières et la Riguelière, soit 690 hectares. Du fait de cette réunion, le territoire de la commune était doublé et sa population augmentée d’un tiers.

    Période contemporaine

    La Restauration entraîna une épuration de la municipalité. Le , le préfet de l'Indre démit Jean Deslandes de ses fonctions de maire et le remplaça le suivant par Joseph Martin, de Jartraux, membre du conseil municipal de Tournon[17].

    Au XIXe siècle, Lurais connut un accroissement lent mais continu de sa prospérité. L’habitat se transforma : dans les maisons, des grands pavés de pierre remplacèrent la terre battue, des fenêtres plus larges percèrent les murs. Un pont fut établi sur la Creuse en conséquence d’un décret de 1846. Ouvert au public le , ce pont suspendu, dit "en fil de fer", ouvrage des frères Seguin, mesurait 87 mètres de long. Il remplaçait un bac existant au moins depuis le XVIIIe siècle et dont le l'emplacement était situé à 200 mètres en aval du pont actuel. Il céda la place à un nouvel ouvrage en 1893. Ayant sauté en 1944, ce dernier fut reconstruit après la guerre. Le chemin de fer arriva même à Lurais à la fin du siècle ; il fonctionna jusqu’aux années 1930.

    La commune fut rattachée de 1973 à 2015 au canton de Tournon-Saint-Martin.

    Politique et administration

    La commune dépend de l'arrondissement du Blanc, du canton du Blanc, de la première circonscription de l'Indre et de la communauté de communes Brenne - Val de Creuse[18].

    Elle dispose d'une agence postale communale[19].

    Liste des maires successifs
    Période Identité Étiquette Qualité
    avant 1981  ? Jean Verrières DVG  
    mars 1989[20],[21],[22] En cours Alain Jacquet DVG[23] Exploitant agricole

    Population et société

    Démographie

    L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. À partir de 2006, les populations légales des communes sont publiées annuellement par l'Insee. Le recensement repose désormais sur une collecte d'information annuelle, concernant successivement tous les territoires communaux au cours d'une période de cinq ans. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations légales des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[24]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2005[25].

    En 2018, la commune comptait 241 habitants[Note 4], en augmentation de 2,99 % par rapport à 2013 (Indre : −3,29 %, France hors Mayotte : +1,78 %).

    Évolution de la population  [modifier]
    1793 1800 1806 1821 1831 1836 1841 1846 1851
    422269272537558547557579569
    1856 1861 1866 1872 1876 1881 1886 1891 1896
    572575545506497530552514502
    1901 1906 1911 1921 1926 1931 1936 1946 1954
    507514518461427445439367350
    1962 1968 1975 1982 1990 1999 2005 2010 2015
    320303267250241237245231247
    2018 - - - - - - - -
    241--------
    De 1962 à 1999 : population sans doubles comptes ; pour les dates suivantes : population municipale.
    (Sources : Ldh/EHESS/Cassini jusqu'en 1999[26] puis Insee à partir de 2006[27].)
    Histogramme de l'évolution démographique

    Enseignement

    La commune dépend de la circonscription académique du Blanc.

    Manifestations culturelles et festivités

    Chaque année vers le 15 août a lieu sur la rivière Creuse, la « fête des Barques ».

    Sports

    Un site de baignade surveillé[30] est présent dans la commune.

    Médias

    La commune est couverte par les médias suivants : La Nouvelle République du Centre-Ouest, Le Berry républicain, L'Écho - La Marseillaise, La Bouinotte, Le Petit Berrichon, France 3 Centre-Val de Loire, Berry Issoudun Première, Vibration, Forum, France Bleu Berry et RCF en Berry.

    Économie

    La commune se situe dans la zone d’emploi du Blanc et dans le bassin de vie du Blanc[18].

    La commune se trouve dans l'aire géographique et dans la zone de production du lait, de fabrication et d'affinage des fromages Pouligny-saint-pierre[31] et Sainte-maure-de-touraine[32].

    La commune dispose d'un bar nommé « Le Totem ».

    Un camping est présent dans la commune. Il s'agit du camping du Moulin qui dispose de 25 emplacements[33].

    Culture locale et patrimoine

    Lurais est riche de morceaux d'architecture. Le plus célèbre est l’église Saint-Jean du XIIe siècle, classée monument historique depuis 1987, dont la nef et le clocher sont romans et les bas-côtés gothiques. À côté de l’église, l’ancien prieuré relevant de Saint-Cyprien de Poitiers possède des tours curieusement coiffées de toitures pentues, que l’on peut observer sous différents aspects depuis la place du village ou depuis la rivière. De l’autre côté du village, le château de la Comté et l’ancien moulin qui lui fait face.

    Dans le bourg proprement dit, depuis la rivière jusqu’au haut Bourg, on remarque des maisons de caractère : vieilles granges, vieux fours, maisons paysannes remontant au Moyen Âge et sans cesse transformées, agrandies et embellies depuis, maisons de maître ou de villégiature du XIXe siècle, pour finir avec l’ensemble mairie-école, construite entre 1934 et 1936, exemple de l’architecture publique de l’entre-deux-guerres.

    • Château de Montenault
    • Château du Soudun
    • Prieuré
    • Pont Métallique (XIXe siècle)
    • Monument aux morts
    • Moulin à eau
    • Cavités souterraines naturelles « Puits de Rives et Grotte de Montenault n° 1 »

    Héraldique, logotype et devise

    Logotype de la commune de Lurais :

    Voir aussi

    Bibliographie

    • Maxime Berry, Monographie de Mérigny, association des Amis de Mérigny et des environs, .
    • Ferdinand Chertier, Le Blanc sous la Révolution, .
    • Albert Dauzat et Charles Rostaing, Dictionnaire étymologique des noms de lieux en France, Paris, Larousse, .
    • André Finot, Un poitevin camarade de l’École militaire et ennemi intime de Bonaparte : Louis Edmond Le Picard de Phélypeaux, Bulletin de la Société des Antiquaires de l’Ouest, , p. 199.
    • Daniel Gricourt et Dominique Hollard, Les saints jumeaux héritiers des dioscures celtes : Lugle et Luglien et autres saints apparentés, Bruxelles, Société belge d’études celtiques, .
    • Eugène Hubert, Le Bas-Berry : Histoire et archéologie du département de l’Indre, Paris, .
    • Recherches sur les vigueries du Poitou, Paris / Poitiers, .
    • Chantal de La Véronne, Histoire du Blanc des origines à la Révolution de 1789, Poitiers, Société des antiquaires de l’Ouest, .
    • Chantal de La Véronne, La Brenne : histoire et traditions, Tours, Gibert-Clarey, .
    • Michel Plaux, Tournon : Parc naturel régional de la Brenne : Histoire du pays tournonnais, Association touristique de Néons-sur-Creuse, .
    • Thierry Sarmant, Lurais entre les deux vallées.
    • Louis Rédet, Archives historiques du Poitou : Cartulaire de l’abbaye de Saint-Cyprien de Poitiers, t. III, , p. 446 et 448.

    Articles connexes

    Liens externes

    Notes et références

    Notes

    1. Selon le zonage des communes rurales et urbaines publié en novembre 2020, en application de la nouvelle définition de la ruralité validée le en comité interministériel des ruralités.
    2. La notion d'aire d'attraction des villes a remplacé en octobre 2020 l'ancienne notion d'aire urbaine, pour permettre des comparaisons cohérentes avec les autres pays de l'Union européenne.
    3. Procès-verbal de la division du département en districts et cantons par les députés de l’Indre, .
    4. Population municipale légale en vigueur au 1er janvier 2021, millésimée 2018, définie dans les limites territoriales en vigueur au 1er janvier 2020, date de référence statistique : 1er janvier 2018.

    Références

    1. « Indre », sur le site de Lion 1906, consulté le 3 septembre 2018.
    2. « Lurais » sur Géoportail., consulté le 17 septembre 2018.
    3. « Didacticiel de la règlementation parasismique : Indre », sur le site de la Prévention du risque sismique, consulté le 3 septembre 2018.
    4. « Lurais », sur le site de ViaMichelin, consulté le 3 septembre 2018.
    5. « Indre (36) - Fiches horaires », sur le site du Réseau de mobilité interurbaine, consulté le 2 septembre 2018.
    6. « Typologie urbain / rural », sur www.observatoire-des-territoires.gouv.fr (consulté le ).
    7. « Commune rurale - définition », sur le site de l’Insee (consulté le ).
    8. « Comprendre la grille de densité », sur www.observatoire-des-territoires.gouv.fr (consulté le ).
    9. « Base des aires d'attraction des villes 2020. », sur insee.fr, (consulté le ).
    10. Marie-Pierre de Bellefon, Pascal Eusebio, Jocelyn Forest, Olivier Pégaz-Blanc et Raymond Warnod (Insee), « En France, neuf personnes sur dix vivent dans l’aire d’attraction d’une ville », sur insee.fr, (consulté le ).
    11. « CORINE Land Cover (CLC) - Répartition des superficies en 15 postes d'occupation des sols (métropole). », sur le site des données et études statistiques du ministère de la Transition écologique. (consulté le )
    12. IGN, « Évolution de l'occupation des sols de la commune sur cartes et photos aériennes anciennes. », sur remonterletemps.ign.fr (consulté le ). Pour comparer l'évolution entre deux dates, cliquer sur le bas de la ligne séparative verticale et la déplacer à droite ou à gauche. Pour comparer deux autres cartes, choisir les cartes dans les fenêtres en haut à gauche de l'écran.
    13. Site de l'Insee : Lurais, consulté le 6 septembre 2016.
    14. « Nom des habitants des communes françaises, Lurais », sur le site habitants.fr de la SARL Patagos (consulté le ).
    15. Michel Plaux, Histoire du pays tournonnais : 1789-1815, Rosnay, Parc naturel régional de la Brenne / Association touristique de Néons-sur-Creuse, , 256 p. (ISBN 978-2-9507155-6-2), p. 67 à 72.
    16. Michel Plaux, Histoire du pays tournonnais, Rosnay, , p. 108-113.
    17. Michel Plaux, Histoire du pays tournonnais, Rosnay, , p. 161.
    18. « Commune de Lurais (36104) », sur le site de l'Insee, consulté le 28 octobre 2018.
    19. Site de La Poste : Un bureau de poste, consulté le 22 août 2012.
    20. « Résultats des élections municipales 2001 », sur le site du Ministère de l'Intérieur, consulté le 16 avril 2018.
    21. « Résultats des élections municipales 2008 », sur le site du Ministère de l'Intérieur, consulté le 16 avril 2018.
    22. « Résultats des élections municipales et communautaires 2014 », sur le site du Ministère de l'Intérieur, consulté le 16 avril 2018.
    23. Site du Monde.fr : Lurais, consulté le 21 septembre 2016.
    24. L'organisation du recensement, sur insee.fr.
    25. Calendrier départemental des recensements, sur insee.fr.
    26. Des villages de Cassini aux communes d'aujourd'hui sur le site de l'École des hautes études en sciences sociales.
    27. Fiches Insee - Populations légales de la commune pour les années 2006, 2007, 2008, 2009, 2010, 2011, 2012, 2013, 2014, 2015, 2016, 2017 et 2018.
    28. « Liste des établissements scolaires de l'Indre - Année scolaire 2018/2019 » [PDF], sur le site de l'Académie d'Orléans-Tours (consulté le ).
    29. « Regroupements pédagogiques intercommunaux (R.P.I.) » [PDF], sur le site de l'Académie d'Orléans-Tours (consulté le ).
    30. « Le Mag 36 #1 », sur le site du Conseil départemental de l'Indre, p. 19, consulté le 3 juillet 2017.
    31. Site de l'Institut national de l'origine et de la qualité : Pouligny-Saint-Pierre, consulté le 15 août 2014.
    32. « Sainte-maure-de-touraine », sur le site de l'Institut national de l'origine et de la qualité, consulté le 19 février 2018.
    33. « Camping Le Moulin », sur le site de campingfrance.com (consulté le ).
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