Lionel Stoléru

Lionel Stoléru, né le à Nantes et mort le à Paris, est un haut fonctionnaire et homme politique français.

Pour les articles homonymes, voir Stoléru.

Lionel Stoléru
Fonctions
Secrétaire d'État chargé de la Condition des travailleurs manuels

(2 ans, 2 mois et 24 jours)
Président Valéry Giscard d'Estaing
Gouvernement Chirac I
Barre I et II
Successeur lui-même
Secrétaire d'État chargé des travailleurs manuels et immigrés

(3 ans)
Président Valéry Giscard d'Estaing
Premier ministre Raymond Barre
Gouvernement Barre II et III
Secrétaire d'État chargé du Plan

(3 ans)
Président François Mitterrand
Premier ministre Michel Rocard
Gouvernement Rocard I et II
Député français
[1]
Circonscription 5e de l'Oise
Législature IXe (Cinquième République)
Groupe politique Apparenté socialiste
Successeur Michel Françaix
Biographie
Nom de naissance Lionel Guy Stoléru[2]
Date de naissance
Lieu de naissance Nantes, Loire-Atlantique, France
Date de décès
Lieu de décès Paris, France
Nature du décès Crise cardiaque
Nationalité Française
Parti politique RAD (1974-1977)
CSD (1977)
UDF-PRS (1977-1982)
(1993)
Enfants Emmanuelle Wargon

Biographie

Origines et formation

Lionel Stoléru est le fils de Ilie Stoléru, Juif originaire de Vaslui en Roumanie[3],[4], et de Fernande Blum, Juive originaire d'Autriche[5]. Sous le régime de Vichy, toute sa famille est fichée en tant qu'israélite par la préfecture de la Loire-Inférieure (aujourd'hui Loire-Atlantique) mais elle échappe à la déportation[6].

Son père est directeur technique des brasseries de la Meuse (situées sur le site de l'ancienne carrière de Miséry dans le quartier Chantenay à Nantes)[6].

Il est diplômé de l'École polytechnique[7],[2] (classé 2e à la sortie[8], promotion 1956) et ingénieur du Corps des mines[7]. Il obtient un doctorat en économie (Ph.D.) de l'université Stanford[9] à Palo Alto, Californie, sous la direction du Prix Nobel d'économie Kenneth Arrow[8].

Carrière professionnelle

Lionel Stoléru est ingénieur des mines à l'arrondissement de Douai de 1963 à 1965, puis chargé de mission au Commissariat au plan jusqu'en 1968. Il travaille brièvement à la direction des affaires financières du Crédit lyonnais puis devient conseiller de Valéry Giscard d'Estaing à partir de 1969. C'est à cette période qu'il développe l'idée de l'impôt négatif dans Vaincre la pauvreté dans les pays riches après un voyage aux États-Unis où le sujet était à l'époque très discuté au niveau politique, et même expérimenté dans certaines régions[10]. Après des révoltes dans différentes prisons en 1974 et 1975, il crée le Groupement étudiant national d’enseignement aux personnes incarcérées (Genepi), association menant les étudiants à intervenir en milieu carcéral pour aider à la réinsertion des détenus[9].

De 1969 à 1988 il est maître de conférences de mathématiques puis professeur de sciences économiques à l'École polytechnique[11], et ensuite professeur d'économie à l'École des mines de Paris.

De 1986 à 1988, il est président de la chambre de commerce France/Israël et occupe ce poste de nouveau depuis 1993. De 1990 à 1997, il est conseiller économique du Premier ministre roumain Petre Roman et du président ukrainien Leonid Kravtchouk.

En 2003, il est nommé président du Conseil d'analyse économique (CAE) par le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin[12],[13].

Parcours politique

Il fait partie de tous les gouvernements sous la présidence de Valéry Giscard d'Estaing à partir de 1974. Il est secrétaire d'État chargé de la condition des travailleurs manuels sous le premier gouvernement de Jacques Chirac puis reconduit sous les gouvernements Raymond Barre.

De 1977 à 1981, sous les gouvernements Barre 2 et 3, il sera secrétaire d'État chargé de la condition des travailleurs manuels et immigrés. Il instaure une « aide au retour » de 10 000 francs afin d'inciter les immigrés à rentrer définitivement dans leur pays d'origine[14].

En 1977, il fonde le Carrefour social-démocrate avec René Lenoir et Olivier Stirn[15].

Candidat à la députation dans la deuxième circonscription des Vosges lors des élections législatives de 1978, Lionel Stoléru est battu par le socialiste Christian Pierret. Il est à nouveau battu, dès le premier tour, dans la même circonscription, aux élections législatives de 1981. Élu conseiller général du canton de Provenchères-sur-Fave en 1979, il est battu en 1982 ce qui met un terme définitif à sa courte carrière élective dans le département des Vosges.

À l'hiver 1981, il cosigne dans Éléments une tribune intitulée « Pour une alternative au socialisme »[16].

En 1988, il est élu député dans l'Oise avec l'étiquette « Majorité présidentielle », soutenu par le Parti socialiste, dans le cadre de l'ouverture au centre ; il quitte son mandat au bout de deux semaines en raison de sa nomination au gouvernement de Michel Rocard. En 1993, il se représente sous la bannière de Génération écologie mais est éliminé au premier tour.

Aux municipales de 2001, il est présent sur une liste dans le 16e arrondissement de Paris menée par le socialiste Jean-Yves Mano. En 2006, il est président du Conseil de développement économique de Paris.

Lors de la campagne présidentielle de 2007, il soutient Nicolas Sarkozy[17]. Le , il est chargé d'une mission officielle sur le développement des petites et moyennes entreprises.

Carrière musicale

Lionel Stoléru est également chef d'orchestre. En parallèle de son doctorat à l'université Stanford, il y suit un cycle de formation comme chef d'orchestre[9]. Il a dirigé plusieurs orchestres en Europe, dont l'Orchestre d'Ukraine, avant de fonder[9] et diriger l'Orchestre romantique européen, sur une idée de Pierre Boulez, de 1996[18] à sa dissolution en 2013[9]. Il a composé une Symphonie juive pour orchestre utilisant notamment le chofar[8].

Vie familiale

Il épouse en 1966 Francine Wolff, énarque et administratrice de la ville de Paris (morte en 2009). Ils ont une fille, Emmanuelle Wargon, née en 1971, diplômée de HEC et de l'ENA[13], haute fonctionnaire nommée secrétaire d'État en 2018 dans le gouvernement Édouard Philippe.

Il meurt le à Paris, à l'âge de 79 ans[7],[19].

Décorations

  •  : Commandeur de la Légion d’honneur[20]

Publications

  • L'équilibre et la croissance économiques, 1968
  • L'impératif industriel, 1969
  • Vaincre la pauvreté dans les pays riches, 1974
  • La France à deux vitesses, 1982
  • L'Alternance tranquille, 1985
  • L'Ambition internationale, 1987
  • L'Économie, 1999
  • La vie, c'est quoi Monsieur le Ministre ?, 2003.
  • Rapport au premier ministre sur l'introduction d'un Small Business Act, 2008[21]
  • Les Iris jaunes, Éditions Anne Carrière, 2015 (roman)
  • L'homme initial, L'Harmattan, 2016 (roman)

Notes et références

  1. « M. Lionel Stoléru », Les députés de la Ve République, sur Assemblée nationale (consulté le ).
  2. Ouvrir la « Page d’accueil », sur le site de la bibliothèque de l’École polytechnique, Palaiseau (consulté le ), sélectionner l’onglet « Catalogues » puis cliquer sur « Famille polytechnicienne », effectuer la recherche sur « Lionel Stoléru », résultat obtenu : « Stoléru, Lionel Guy (X 1956) ».
  3. « Lionel Stoléru, père du RMI : un humaniste à l’action contre les maux de la société LES NOUVELLES DE ROUMANIE », sur www.lesnouvellesderoumanie.eu (consulté le )
  4. Henry Coston, Non, l'écologie n'est pas de gauche. 1995
  5. Philippe Cohen et Pierre Pean. Le Pen - une histoire française. 2012
  6. « Quand le Nantais Lionel Stoleru était fiché juif par la préfecture », Presse-Océan, (consulté le ).
  7. De la promotion X1956, cf. « Fiche de Lionel Stoléru », sur le site de l’association des anciens élèves et diplômés de l'École polytechnique (l’AX), Paris (consulté le ) ; y est notamment indiqué le grade de Lionel Stoléru dans la fonction publique et sa date de mort : « ingénieur des mines », « décédé le 30/11/2016 ».
  8. "Lionel Stoleru" sur le site des annales des Mines.
  9. Patrick Roger, « L’ancien ministre Lionel Stoléru est mort », sur Le Monde.fr, (consulté le ).
  10. « Wikiwix's cache », sur archive.wikiwix.com (consulté le )
  11. « Lionel Stoleru X56 » sur sabix.revues.org
  12. « Décès de Lionel Stoléru, ex-ministre de Giscard et Mitterrand », sur liberation.fr, (consulté le ).
  13. « Lionel Stoléru (1937-2016) », sur annales.org, Les annales des Mines (consulté le ).
  14. https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2016/12/01/lionel-stoleru-est-mort_5041643_3382.html
  15. « MM. Lenoir, Stirn et Stoléru lancent Carrefour social-démocrate », Le Monde, (lire en ligne).
  16. Philippe Lamy (sous la dir. de Claude Dargent), Le Club de l'horloge (1974-2002) : évolution et mutation d'un laboratoire idéologique (thèse de doctorat en sociologie), Paris, université Paris-VIII, , 701 p. (SUDOC 197696295, lire en ligne), p. 370.
  17. « Pourquoi je soutiens Nicolas Sarkozy », Le Figaro, .
  18. Site de l'orchestre romantique européen
  19. Yaël Scemama. Lionel Stoléru, la disparition d’un homme-orchestre. actuj.com. 13 décembre 2016.
  20. Décret du 31 décembre 2015
  21. Les propositions du rapport Stoléru pour l'accès des PME aux marchés publics

Voir aussi

Article connexe

  • Genepi, association dont Lionel Stoléru est le fondateur et qu'il a présidée.

Liens externes

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