Poire (caricature)

La caricature de Louis-Philippe en poire, créée par Charles Philipon en 1831, a connu un immense succès sous la monarchie de Juillet et reste associée à ce roi.

Pour les articles homonymes, voir Poire (homonymie).
Transformation de Louis-Philippe en poire d'après les « croquades » de Charles Philipon.

Une caricature célèbre

C'est sous la forme d' une poire que l'image de Louis-Philippe se fixera dans la conscience populaire[1]. Le caractère exceptionnel de cette association a été relevé par plusieurs auteurs.Selon Sandy Petrey, « la caricature en poire du roi Louis-Philippe est différente de tout autre dessin comique d'un homme au pouvoir [...] À l'opposé d'autres chefs d'état, Louis-Philippe a été si étroitement associé à cette forme graphique particulière, la poire, que tout autre figuration comique de lui en devint erronée [...] La poire est unique. Elle fut soudée à son sujet ; l'homme et le fruit devinrent inséparables »[2]. Selon Petra Ten-Doesschate et Gabriel Weisberg, la poire est « l'image mentale qui vient immédiatement à l'esprit à l'évocation de la monarchie de juillet, une image née comme un schéma caricatural du visage à la mâchoire épaisse du roi Louis-Philippe, qui devint l'emblème de la période, en acquérant des connotations aussi douteuses que le conservatisme, la médiocrité, l'étroitesse d'esprit et le manque de fermeté ou de principe »[3]. Fabrice Erre souligne également le destin unique de l'assimilation de Louis-Philippe à une poire : « Elle a connu en son temps un succès prodigieux dont nous percevons encore l'écho : pour une bonne partie des Français, elle demeure pratiquement la seule image associée à la monarchie de Juillet »[4]. Il note également que cet écho est doublement distordu :

« Beaucoup de gens y voient l’œuvre de Daumier, une moquerie destinée à faire passer le roi pour une « poire », un imbécile. En réalité, il a été créé par Charles Philipon, dans le but de défendre sa liberté d'expression, en dissociant la personne du roi de sa « ressemblance », à une époque où le terme de « poire » ne désigne pas encore un imbécile[4]. »

Contexte

La Poire avant Philipon

Selon Edwin DeTurck Bechtel, la Poire était déjà porteuse, avant que Philipon ne s'en empare, d'un sens argotique et dénotait « une tête ou un visage, un imbécile ou un idiot »[5]. Selon Fabrice Erre au contraire, la Poire n'était, avant Philipon, « chargée d'aucun sens particulier »[6]. Cet auteur note en particulier que « les dictionnaires du temps, de langage soutenu ou populaire, ne soulignent pas de rapprochement explicite entre la Poire et les organes sexuels »[7],[N 1].

Nonobstant l'absence d'attestation d'un sens argotique de la Poire avant son utilisation en 1831 par Philipon, le Dictionnaire historique de la langue française considère que la référence à cette utilisation pour justifier son emploi postérieur est « inutile, car la métaphore du fruit pour « tête » est banale [...] (cf. pomme, citron, fraise etc.) »[8]. D'autres linguistes font la même analyse, en considérant qu'il existe une sorte de « matrice métaphorique », à l’œuvre dans le développement des termes argotiques, mettant en équivalence la tête et un fruit rond[9],[10]. Nicola Cotton considère dans le même sens que less caricatures de Philipon sont venues « renforcer une connexion préexistante » et que leur succès ne saurait s'expliquer si cette connexion n'avait pas été immédiatement comprise[11].

Sur le plan graphique, avant que Charles Philipon n'utilise en 1831 le signe de la poire et que ce signe ne connaisse un prodigieux succès, rien ne semble le prédestiner à son usage caricatural[12]. La poire est un attribut récurrent de la Madone dans l'iconographie chrétienne, souvent associé à la thématique de la Vierge du lait, soit qu'elle soit associée à la douceur de la vertu[13],[14], soit qu'il s'agisse d'une variation par rapport au symbolisme de la pomme[15], suggérant une rédemption du péché originel, la poire étant préférée à la pomme interprétée dès le haut Moyen Âge comme un « fruit fatal »[16],[17] en raison de l'homonymie entre les mots latins mālum (pommier, avec un a long) et mălum (mal, avec un a court)[18].

Tableau de Joos van Cleve vers 1515
Tableau de Joos van Cleve vers 1515 
Tableau de Bernard van Orley vers 1515.
Tableau de Bernard van Orley vers 1515. 

Création par Philipon...

Planche lithographiée de Charles Philipon publiée par Aubert en février 1831.

En février 1831, Charles Philipon publie une planche lithographique sans titre, figurant Louis-Philippe qui souffle des bulles de « mousse de juillet », des promesses telles que « liberté de la presse » ou « La Charte sera une vérité ». Cette planche est saisie chez l'éditeur, ainsi que la pierre chez l'imprimeur[19]. C'est la première caricature à subir un tel sort sous la monarchie de Juillet, qui s'était pourtant constitutionnellement engagée à respecter la liberté de presse[20]. Philipon est accusé d'outrage à la personne du roi. Son avocat fait valoir que la caricature ne représente pas celui-ci, mais « le pouvoir personnifié », le dessinateur n'ayant que « respect et vénération » pour la personne royale[21]. L'affaire n'est pas jugée sur le fond, Philipon étant acquitté pour un vice de forme. Jusqu'au mois de novembre 1831, La Caricature, l'hebdomadaire satirique illustré dirigé par Philipon et publié par Aubert, est poursuivi douze fois pour atteinte à la personne du roi[22]. Selon Fabrice Erre, « cet acharnement pousse les satiristes à envisager des procédés détournés pour anticiper une interdiction ferme de représenter le roi »[23].

Le Replâtrage, publié anonymement dans La Caricature le ,[N 2].

En particulier, le , La Caricature publie une caricature anonyme représentant Louis-Philippe en maçon replâtrant un mur pour effacer les traces des Trois Glorieuses. En tant que directeur de la publication, Charles Philipon est poursuivi pour offense à la personne du roi. Au procès devant la cour d'assises, le , l'avocat de Philipon plaide à nouveau que l'exercice de la liberté de la presse, garanti par la Charte de 1830, implique la possibilité de représenter le pouvoir dans une caricature politique, ce pourquoi, affirme-t-il, il n'existe qu'un seul moyen : « prendre la ressemblance, et non la personne, de celui qui en est l'âme, le chef »[25]. Intervenant après lui, Philipon fait valoir que, Si l'on voulait trouver à un quelconque portrait caricatural une ressemblance avec le visage du roi, on pourrait la trouver dès qu'on le voudrait, aussi différente que soit la caricature, de sorte qu'en fin de compte personne ne serait à l'abri d'une accusation de lèse-majesté[24]. Il affirme que cette caricature n'attaque pas la personne du roi, qui n'est désignée ni par un nom, ni par un titre, ni par des insignes, mais « le pouvoir, [qu'il] représente par un signe, par une ressemblance qui peut appartenir aussi bien à un maçon qu'au roi, mais [qui] n'est pas le roi »[25]. Cette argumentation par prétérition[26] a été rapprochée par plusieurs auteurs des analyses d'Ernst Kantorowicz sur le double corps du roi, physique et symbolique[27],[28],[29],[N 3]. À l'appui de celle-ci, il dessine quatre croquis où la tête de Louis-Philippe se transforme graduellement en poire :

« Ce croquis ressemble à Louis-Philippe, vous condamnerez donc ? Alors il faudra condamner celui-ci qui ressemble au premier. Puis condamner pour cet autre qui ressemble au second... Et enfin, si vous êtes conséquents, vous ne sauriez absoudre cette poire qui ressemble aux croquis précédents [...] Avouez, Messieurs, que c'est là une singulière liberté de la presse[25] ! »

Aussi spirituel que Philipon ait été trouvé et en dépit de son précédent acquittement[N 4], il est condamné à six mois de prison et deux mille francs d'amende[25]. Dans un supplément à la livraison du de La Caricature, où une souscription est lancée pour payer l'amende, Philipon publie ses « croquades » faites au procès[35].

Il existe trois versions de cette série de quatre croquis :

  • Un feuillet à la plume et à l'encre, donné pour l'original des croquis ;
  • Un fac-similé lithographique autographié par Philipon, publié le , sous forme de supplément tiré à part, au verso d'un catalogue des publications d'Aubert, et joint à la livraison du jour de La Caricature ;
  • Une version gravée sur bois debout, non signée, publié dans Le Charivari, le puis le au motif de récolter des fonds destinés à payer les amendes du journal[36], également tirée à part et vendue deux sous[37].
Manuscrit donné pour original.
Manuscrit donné pour original. 
Version lithographiée du .
Version lithographiée du . 
Version gravée sur bois du .
Version gravée sur bois du . 

Les trois portraits de la version manuscrite sont plus détaillés que dans la version publiée en 1831, tandis que le tracé de la poire est plus cursif, ce qui renforce le contraste. Il ne porte en outre aucun commentaire et l'annotation « Philipon » n'y est pas autographe[38]. On ignore s'il s'agit du feuillet composé pendant le procès, d'une copie, ou d'un feuillet préparatoire à la reproduction en fac-similé[38]. Dans la version publiée en 1834, les légendes des quatre images sont transcrites typographiquement. Ségolène Le Men relève que cette transcription accompagne un changement de destination des images : « L'idée n'était plus de faire entrer le spectateur, par le biais du manuscrit et du croquis, mais d'afficher un acte de provocation avec un titre en très gros caractères, « les poires », qui remplaçait le calembour sur les « croquades »[39]. » La version gravée sur bois accuse ainsi le durcissement du conflit entre Philipon et le gouvernement, qu'exprime celui des traits du roi[39],[N 2]. Certains auteurs supposent que Daumier a redessiné la version de 1834[40],[36], d'autres se bornant à relever une proximité entre le traitement graphique de Louis-Philippe dans cette dernière version et certaines œuvres de Daumier[N 5].

Faut avouer que l'gouvernement a une bein drôle de tête, .

La planche lithographiée, tirée à part et vendue sous le titre de La Poire[24] pour contribuer au paiement de l'amende infligée à Philipon[41], est affichée aux vitres du magasin d'Aubert, situé dans le passage Véro-Dodat, où elle suscite des attroupements.

En décembre 1831, la planche est saisie et Philipon proteste en arguant que ces croquis constituent un compte-rendu des débats de son procès[42] et obtient l'abandon de la procédure, comme l'annonce le numéro du 22 décembre de La Caricature, où est publiée, à la suite de cette nouvelle[43], une lithographie de Traviès intitulée Faut avouer que l’gouvernement à une bein drôle de tête, elle aussi saisie[44], montrant un attroupement de badauds devant une caricature de poire à la vitrine de la Maison Aubert qui édite La Caricature. Le , la planche des croquades est à nouveau jointe à la livraison de la Caricature, « pour faciliter l'intelligence [du] procès à ceux qui ne la connaissaient pas »[45].

Dans une lettre de 1846, Philipon précise à quelle intention répondait cette démonstration :

« J'étais certain à l'avance d'être condamné, non parce que notre image était vraiment coupable, mais parce que le hasard aidé par le tirage légal des jurés m'avait composé un jury impitoyable [...] Dans la prévision d'une condamnation certaine je voulus me venger de cette rigueur en vulgarisant par la publicité des débats [...] une image plus vive que celle pour laquelle j'allais être condamné. Je préparais donc ma fameuse poire ; j'en fis le croquis et la description aux débats, et je publiai le lendemain de ma condamnation et mon croquis et son explications[46]. »

... ou projet de groupe ?

Comme l'admet Philipon en 1846, la série de croquis n'a pas été une improvisation à la barre. Pierre Larousse observe qu'on ne sait pas « qui le premier trouva entre une poire et la face large par la base, étroite et arrondie par le haut du roi-citoyen une ressemblance séditieuse »[47]. Selon Ségolène Le Men, « tout se passe comme si l'éditeur avait préparé une campagne publicitaire, en laissant ses dessinateurs introduire le motif, très discrètement, dans les planches dès le début du mois de septembre »[48], ce qui ferait de la poire un « projet artistique de groupe »[N 6] sous l'égide « entrepreneuriale »[N 7] de Philipon.

Charivari qui pend à l’oreille, Grandville et Forest, .
La forme de la poire se retrouve dans la tête du roi, dans le bras de son fauteuil, dans la cloche, dans le visage d'un gnome siffleur et dans le soufflet[48].
La forme de la poire se retrouve dans la tête du roi, dans le bras de son fauteuil, dans la cloche, dans le visage d'un gnome siffleur et dans le soufflet[48]. 
Basse cour politique, Grandville, .
Partie de planche.
Partie de planche. 
Détail.
Détail. 
Proclamations ministérielles, De Rudder, .
Planche.
Planche. 
Détail
Détail 
Procession à l'Autel de la Paix, Grandville, .
Partie de planche[N 8].
Partie de planche[N 9]. 
Détail.
Détail. 

Au total, David Kerr estime que le brassage d'idées était monnaie courante entre les collaborateurs de La Caricature, dans le cadre de ce que Philipon appelle une « émulation [...] qui fait naître la faveur du public »[53] ; le thème de la poire n'est ainsi que « le plus connu des emblèmes que les collaborateurs des journaux de Philipon lui ont emprunté ou s'empruntaient entre eux »[54]. Plus généralement, Kerr inscrit cette fertilisation croisée dans un jeu de répons auquel se livraient les artistes regroupés autour de Philipon et dont il donne l'exemple suivant[55] :

Louis-Philippe distillant la Liberté, .
Louis-Philippe distillant la Liberté, . 
La Liberté distillant la poire, Casati, .
La Liberté distillant la poire, Casati, . 

Gargantua

Daumier exploite le thème de la poire dans plusieurs caricature publiées par Aubert en décembre 1831.

Départ pour Lyon, qui fait référence à la révolte des canuts et à l'envoi du fils de Louis-Philippe à Lyon pour négocier avec eux, montre un roi à tête piriforme qui tend à son fils une tartine recouverte d'une substance brune, tirée d'un pot étiqueté « beurre », mais dont la forme de pot de chambre suggère qu'il ne contient pas un produit destiné à graisser les rouages des négociations[56]. La planche est saisie[44], après quoi Daumier produit un deuxième état, soumis au dépôt légal le , où le pot de « beurre » a disparu.

Départ pour Lyon, 1er état, décembre 1831.
Départ pour Lyon, 1er état, décembre 1831. 
Départ pour Lyon, 2e état, décembre 1831.
Départ pour Lyon, 2e état, décembre 1831. 
Gargantua, 2e état[N 10], décembre 1831.

Dans Gargantua, une lithographie évoquant la distribution de légions d'honneur, soumise par Aubert au dépôt légal le [57],[N 11], un mois après les croquades de Philipon, et également saisie[44], Daumier représente le roi assis sur un trône-pot de chambre, ingurgitant des paniers d'argent dont la défécation produit des médailles[59].

Comme le note Elizabeth Childs, « la forme indéniablement pyramidale de la tête de Gargantua, définie par ses amples favoris et sa coiffure en pointe, rappelle emphatiquement la poire [...] et la forme de pyramide arrondie de son corps tout entier fait écho à la forme bulbeuse du fruit »[60].

Bien que la taille et le titrage du premier état[N 10] de cette lithographie donnent à penser que sa publication était initialement prévue dans la Caricature, elle fut en fait publiée séparément et brièvement exposée aux vitres du magasin d'Aubert[61] où elle « réjouissa fort les amateurs »[62]. Philipon justifie ce choix par « la faiblesse d'exécution de la planche »[62], il s'agit plus vraisemblablement d'une mesure de précaution au regard des suites judiciaires prévisibles[57]. Nonobstant, Philipon feint de ne pas comprendre le motif de la saisie :

« Gargantua ne ressemble pas à Louis-Philippe : il a bien la tête étroite du haut et large du bas, il a bien le nez bourbonien, il a bien de gros favoris ; mais loin de présenter cet ait de franchise, de libéralité et de noblesse qui distingue si éminemment Louis-Philippe de tous les autres rois vivants [...] M. Gargantua a une face repoussante et un air de voracité qui fait tressaillir les écus dans la poche[62]. »

Au procès, tenu en février 1832[63], Daumier soutient qu'il n'a pas voulu représenter la personne du roi mais, de manière symbolique, le budget gonflé du gouvernement. Il en donne pour argument le fait les petits personnages regroupés autour du personnage principal ont le même vêtement, la même silhouette et la même physionomie que lui, mais il est condamné à une amende de 500 francs et à six mois de prison[64],[N 12].

Le lien entre la poire et le budget sera repris, sous une forme plus abstraite, en janvier 1832 par Auguste Bouquet dans une caricature représentant Casimir Perier adjugeant la liste civile de Louis-Philippe, tandis que la représentation stercoraire du budget fera l'objet, en avril 1832, d'une lithographie de Grandville et Forest, Digestion du budget, où le roi est prudemment représenté de dos.

À quatorze millions !, Bouquet, janvier 1832.
À quatorze millions !, Bouquet, janvier 1832. 
Digestion du budget, Grandville et Forest, avril 1832.
Digestion du budget, Grandville et Forest, avril 1832. 

Sémiotique

Nonobstant l'argumentation de Philipon selon laquelle la ressemblance entre le visage de Louis-Philippe et une poire ne signifiait rien, la poire ne disant rien de Louis-Philippe, elles ont eu pour conséquence que la poire et le roi sont devenus rapidement des équivalents visuels[66]. Comme l'analyse Ernst Gombrich, il ne s'agit pas que d'une ressemblance, mais d'une mise en équivalence : le spectateur, tout en restant conscient de la différence entre les caractéristiques particulières de la poire et celles du roi est frappé par une similitude de l'ensemble ; il perçoit « non pas [des] similarités, mais [des] équivalences qui [lui] permettent de voir la réalité comme s’il s’agissait d’une image, et une image comme une réalité »[67]. Au demeurant, le même Philipon qui protestait à la barre du caractère arbitraire du rapprochement qu'il avait opéré s'autorisait, quelques mois plus tard, un « légitime sentiment de vanité paternelle »[68] en constatant la prolifération du signe de la poire, affirmant au surplus, dans une lettre de 1846, qu'il avait « prévu »[46] cette dernière.

Fabrice Erre souligne le caractère paradoxal de ce succès, eu égard à « l'incongruité » du rapprochement entre le roi et le fruit :

« ce fruit ne porte aucune signification première : il ne désigne ni un imbécile ni un visage qui pourrait se « fendre », deux associations d'idées postérieures au dessin de Philipon. De plus, Louis-Philippe ne ressemble pas particulièrement à une poire, quoi qu'en dise certains observateurs[69]. »

Comme l'observe Sandy Petrey, « la séquence temporelle fut association → ressemblance et non ressemblance → association ; la ressemblance à une poire de Louis-Philippe fut le résultat et non la cause de l'identification [faite par Philipon] »[70]. Elle estime que l'association de Louis-Philippe et de la poire est en même temps « injustifiée et indissoluble, arbitraire et faisant autorité » et qu'elle ne procède pas « de la nature du monde, mais d'une opération de sémiose »[71] dont elle souligne trois traits caractéristiques :

  • L'origine du lien sémiotique est précisément situé dans le temps ; il s'agit dès l'origine d'un acte sociopolitique et sémantique.
  • Ce lien procède de la négation de son existence même. La poire et le roi sont devenus indistinguables à partir d'une insistance à les distinguer.
  • En dépit d'une origine dénégative, ce signe a suscité un effort particulièrement intense pour « nier la négation » et donner à la poire une réalité physique, l'artificiel étant constamment présenté comme naturel[72].

Frances Trollope, décrivant en 1835 la prolifération sur les murs de Paris de poires « de toutes les grandeurs et de toutes les formes », y voit « l'emblème du mépris des jeunes étudiants pour le monarque régnant »[73]. De son côté, Baudelaire voit dans la « pyramidale et processive Poire de processive mémoire » un symbole « trouvé par une analogie complaisante », une « espèce d'argot plastique » permettant de « faire comprendre au peuple tout ce qu'on voulait »[74]. Si la notion « d'argot plastique » recouvre un processus de « condensation jusqu’à l’ablation, [d]’exagération jusqu’à la difformité, [d]e déplacement jusqu’à l’inversion »[75] qui sert à Baudelaire de modèle pour comprendre le travail poétique[76], le succès de ce « dessin symbolique » n'en demeure pas moins « une énigme, parce qu'il « parle » instinctivement à l'esprit sans que l'on en sache vraiment les raisons »[77]. Cette « énigme » peut être analysée à plusieurs niveaux.

Plan socio-politique

Selon Fabrice Erre, la genèse et le succès de l'analogie de la poire s'analysent à partir de « la convergence graphique des trois éléments constituant la monarchie de Juillet : sa base sociale, son idéologie et son souverain »[77].

La forme de la poire correspond à une synthèse graphique de la représentation du bourgeois, qui est censé être le soutien du régime dirigé par Louis Philippe[78], représenté dans la première lithographie du premier numéro de la Caricature : « la synthèse d'un épicier étroit de la tête et d'un ventru gras du bas, le bourgeois se dessine [...] tout naturellement selon une silhouette piriforme »[79]. La Victime de l'ancien système (et profiteuse du nouveau) que représente cette lithographie évoque tant à une chanson célèbre de Béranger, Le Ventru (1818)[80], qu'à la caractérisation de la royauté bourgeoise comme « système pansu »[81]. Comme le note Philippe Régnier, « l'affectation ultérieure à Louis-Philippe de semblable rondeur indique, s'il en était besoin, la perception sociale qu'avait et que voulait diffuser du roi-citoyen la revue fondée par Philipon »[82].

Une victime de l'ancien système, Monnier, 1830.
Une victime de l'ancien système, Monnier, 1830. 
Le Ventre législatif, Daumier, 1834.
Le Ventre législatif, Daumier, 1834. 

Les collaborateurs de la Caricature reviennent fréquemment sur les liens privilégiés entre Louis-Philippe et son électorat, représenté par la figure de l'épicier, par exemple dans Obélisque élevé à la gloire d'un prince juif, et découvert en 1830, au juste milieu de l'Arabie heureuse par une caravane d'épiciers doctrinaires de Decamps ou dans Récompense honnête aux électeurs obéissans de Daumier qui représente « la Pensée immuable » distribuant des croix d’honneur et des croquis de poire aux épiciers qui ont bien voté pendant les élections[83].

Obélisque etc. Decamps, 1832.
Obélisque etc. Decamps, 1832. 
Récompense honnête etc., Daumier, 1834.
Récompense honnête etc., Daumier, 1834. 

Au plan idéologique, la poire est associée à la ligne politique du juste-milieu, formulée par Louis-Philippe en janvier 1831 :

« Sans doute la révolution de juillet doit porter ses fruits ; mais cette expression n'est que trop souvent employée dans un sens qui ne correspond ni à l'esprit national, ni aux besoins du siècle, ni au maintien de l'ordre public [...] Nous chercherons à nous tenir dans un juste milieu, également éloigné des excès du pouvoir populaire et des abus du pouvoir royal[84],[85]. »

Cette expression, censée synthétiser une politique de pacifisme pragmatique à l'international et de modération prudente à l'intérieur[86], est décriée par le parti du mouvement que par le parti de la résistance[87].

Les dessinateurs de la Caricature font différentes tentatives pour trouver un traitement graphique du « caractère insaisissable »[88] du juste-milieu. Philipon reprend à son compte une solution en forme de poire trouvée par le dessinateur Vattier en avril 1831 et inspirée de la « victime de l'ancien système », la « convergence thématique du bourgeois et du juste-milieu, de l'homme et de l'idée » facilitant « la convergence de leur représentation » et ouvrant la voie à ce que Louis-Philippe succombe à son tour, « comme le bourgeois et le juste-milieu, à une dégradation piriforme »[89].

La Charge sera désormais une vérité, Vattier, avril 1831.
La Charge sera désormais une vérité, Vattier, avril 1831. 
Le Juste Milieu, Philipon, 1831.
Le Juste Milieu, Philipon, 1831. 

Traitement de Louis-Philippe en poire

Bien que, durant le procès de novembre 1831, Philipon ait mis l'accent sur la ressemblance entre le visage du roi et une poire, l'assimilation ne s'est pas limitée au seul visage, mais s'est étendue au corps royal tout entier. Si dans Qué drôles de têtes de Traviès, où Ferdinand-Philippe d'Orléans a une tête de poire tout comme son père, ou dans Oh c’te tête de Casati l'utilisation de la poire est limitée à la tête, L'œuvre d'un petit pépin conçue par l'opération d'une grosse poire ou Mr Chose premier saltimbanque d'Europe montrent une application de la métaphore à tout le corps[90].

Qué drôles de têtes, Traviès 1832
Qué drôles de têtes, Traviès 1832 
Oh c'te tête, Casati, 1833.
Oh c'te tête, Casati, 1833. 
Mr Chose etc., Daumier, 1833[N 13].
Mr Chose etc., Daumier, 1833[N 14]. 
L'oeuvre d'un petit pépin etc., Roubaud, 1833
L'oeuvre d'un petit pépin etc., Roubaud, 1833 

Deux lithographies de Bouquet témoignent de ce glissement : si la première assimile la poire au seul visage du roi, en jouant sur le double sens du mot « favoris »[N 15], la seconde renvoie au corps royal tout entier, pris dans sa dimension symbolique, pour représenter un système dont profitent les pépins[94].

Les Favoris de la poire, Bouquet, 1833.
Les Favoris de la poire, Bouquet, 1833. 
La Poire et ses pépins, Bouquet, 1833[N 16].
La Poire et ses pépins, Bouquet, 1833[N 17]. 

D'autres lithographies publiées dans La Caricature montrent que l'application de l'analogie de la poire à l'entièreté du corps du roi, telle Mauvaise charge[N 18] et Statue antique de Traviès : la première montre une sorte de redoublement de la métaphore, une poire représentant le visage étant posée sur un corps en forme de poire, tandis que dans la seconde, la tête inclinée fait office de tige feuillue, le ventre et les hanches suggérant la base du fruit[102]. Tournant ainsi en ridicule le corps physique du roi, elles visent son corps symbolique, c'est-à-dire le fondement de sa légitimité[30].

Mauvaise charge, Traviès, 1832.
Mauvaise charge, Traviès, 1832. 
Statue antique, Traviès, 1834.
Statue antique, Traviès, 1834. 

Selon James Cuno, les deux métaphores visuelles, poire/visage et poire/corps ne sont pas indépendantes l'une de l'autre : « elles n'existent pas l'une à côté de l'autre comme des métaphores indépendantes et interchangeables, mais leur sens sont lus comme un ensemble »[94] : la poire met en rapport « la caractéristique faciale proéminente du roi, ses larges mâchoires, avec son ventre et ses hanches épais ou, plus spécifiquement, son visage avec ses fesses »[103]. La mise en équivalence du roi et de ses fesses par le truchement de la métaphore de la poire, déjà présente dans Gargantua de Daumier[59], est également à l'œuvre dans Monsieur Budget et Mademoiselle Cassette de Pierre Numa, où la forme de la poire est discrètement évoquée[59],[104] et dans Je vous porte tous dans mon cœur d'Alexandre Casati, où les rideaux entrebâillés forment une poire[105].

Monsieur Budget etc., Numa, 1832.
Monsieur Budget etc., Numa, 1832. 
Je vous porte tous dans mon coeur, Casati, juillet 1833.
Je vous porte tous dans mon coeur, Casati, juillet 1833. 

Cette identification du visage aux fesses, à travers la métaphore de la poire, a une connotation scatologique qui renvoie à de nombreux précédents dans la caricature du XVIIIe siècle et du début du XIXe siècle[94],[106],[N 19]. La dimension scatologique de la poire sera notamment exploitée par Traviès dans deux caricatures de 1832. Dans Le juste milieu se crotte puis dans Le Pot de mélasse, portrait du Juste-Milieu, Traviès assimile la poire royale à une tinette, tout en jouant sur le sens de l'expression pour suggérer en même temps la gloutonnerie symbolique de Louis-Philippe et le fait qu'il est « dans la merde », par manque de soutien populaire[109],[110]. Afin d'échapper à la censure, l'accent est mis, tant dans le titre de la caricature sur une prétendue dépersonnalisation de son sujet, censé être la politique du juste milieu et non la personne du roi.

Le Juste Milieu se crotte, Traviès,1832[N 20].
Le Juste Milieu se crotte, Traviès,1832[N 21]. 
Le Pot de mélasse, portrait du Juste-Milieu, Traviès, 1832[N 22].
Le Pot de mélasse, portrait du Juste-Milieu, Traviès, 1832[N 23]. 

Cette dimension scurrile de la poire est également présente, de manière plus directe, dans deux caricatures anonymes publiées en 1834 dans Le Charivari, Le Bœuf Gras de 1834[115] et Ménagerie royale[116].

Le Bœuf Gras de 1834, février 1834.
Le Bœuf Gras de 1834, février 1834. 
Ménagerie royale, juin 1834
Ménagerie royale, juin 1834 

Cette assimilation aux fesses n'épuise ni les « connotations anatomiques, [ni les] allusions grivoises ou obscènes »[117],[N 24] que comporte l'assimilation de Louis-Philippe à une poire. Dans des analyses souvent citées[122],[123], James Cuno a souligné la dimension phallique de la métaphore de la poire et en a analysé les significations en partie évolutives[124],[125].

Il rapproche en particulier les connotations de la poire de l'usage du clystère dans de nombreuses caricatures. En mai 1831, Lobau, commandant de la Garde nationale, fait disperser avec des lances à incendieune manifestation de bonapartistes célébrant, place Vendôme, le dixième anniversaire de sa mort[126]. Les caricaturistes lui confèrent alors comme attribut visuel un clystère, auquel Cuno confère une signification de sodomisation du peuple, en rapprochant cette connotation de l'utilisation du même symbole chez Fragonard et Hogarth[127],[128].

Les Jets d'eau d'après Fragonard, 1778.
Les Jets d'eau d'après Fragonard, 1778. 
The Political Clyster, Hogarth, 1726.
The Political Clyster, Hogarth, 1726. 
L’artillerie de siège etc.,
Desperet, 1831.
L’artillerie de siège etc.,
Desperet, 1831. 

En juin 1831, Philipon publie Un cauchemar, une lithographie de Daumier d'après Le Cauchemar de Füssli[N 25]. La caricature représente un jeune bonapartiste hanté par la perspective d'une loi martiale figurée par le clystère[131],[132]. Dans une seconde version, intitulée Le Cauchemar et publiée le dans La Caricature, le jeune homme est remplacé par La Fayette et le clystère, par la poire, dont la forme et le placement suggèrent, selon Cuno, une signification phallique et, par conséquent, le transfert des connotations scatologiques et érotiques associées au clystère, cette fois-ci associées au propos apocryphe[133] de La Fayette en 1830 sur la « meilleure des républiques »[134], rappelé par l'estampe au mur et le programme de juillet au pied du lit[135],[132] : en termes érotiques et politiques, La Fayette s'est fait « avoir »[136]

Un cauchemar, Daumier, 1831.
Un cauchemar, Daumier, 1831. 
Le cauchemar, Daumier, 1832.
Le cauchemar, Daumier, 1832. 

Le Cauchemar de Daumier fait au demeurant l'objet d'un remploi[N 26] par Alexandre Casati dans une caricature publiée dans Le Charivari du , où le cauchemar devient celui du roi-poire hanté par le danger républicain[N 27] et qui joue sur les connotations phalliques du bonnet phrygien[139], notamment exploitées dans une gravure de Piat Sauvage en 1793, le Cauchemar de l'aristocratie[140].

Le Cauchemar de l'aristocratie, Sauvage, 1793.
Le Cauchemar de l'aristocratie, Sauvage, 1793. 
Le Cauchemar de la poire, Casati, 1833.
Le Cauchemar de la poire, Casati, 1833. 

La poire se trouve associée au clystère dans de nombreuses autres caricatures, ce qui conforte, selon Cuno, son interprétation en tant que symbole phallique[136]. En particulier, :Ah ! docteur, ce maudit siège m’a fait bien du mal, une lithographie de Traviès publiée le dans La Caricature, peu après l'insurrection républicaine à Paris en juin 1832 ayant conduit le gouvernement à décréter l'état de siège[N 28], montre un roi affaibli et constipé, qu'un clystère ne suffit pas à soulager[142]. Ce dernier instrument, qui avait été l'arme du gouvernement y est ainsi retourné contre le roi[143],[N 29].

Ah docteur !, Traviès, 1832.
Ah docteur !, Traviès, 1832. 
Buffet du bal des Tuileries, Bouquet, 1835
Buffet du bal des Tuileries, Bouquet, 1835 
Le Jugement après la mort, Daumier, 1835
Le Jugement après la mort, Daumier, 1835 

Les connotations phalliques associées à la poire apparaissent dans d'autres caricatures de Daumier et Traviès où elles sont associées à des sous-entendus agressifs. Une caricature sans titre de Daumier publiée le dans La Caricature où elle est décrite comme ayant un « angage baroque, trivial, et pourtant clair et expressif »[101], montre la pendaison d'une poire qui a, selon Cuno, une « qualité phallique » évidente[136]. Ah ! scélérate de poire pourquoi n’es tu pas une vérité ! de Traviès, publiée le dans La Caricature et qui fait référence au propos de Louis-Philippe en 1830, « La Charte sera désormais une vérité », montre un Mayeux « poiricide »[145]. La poire y a une forme « priapique » qui donne à la caricature le sens d'une castration[144],[146]. Le sujet de cette dernière caricature est repris le dans une caricature de Michel Delaporte publiée par La Charge, un journal satirique pro-gouvernemental se voulant l'antithèse de la Caricature[147], sous le même titre de Poiricide; et qui s'analyse comme une dénonciation des outrances de Traviès : elle représente Mayeux poignardant le roi par derrière. Le chapeau à terre, dont émerge une feuille de papier sur laquelle un bonnet phrygien est dessiné, suggère l'attribution du régicide à venir aux républicains, tandis que de l'autre côté, un chien urine sur une affiche représentant un homme poignardant une poire[147].

Sans titre, Daumier, 1832.
Sans titre, Daumier, 1832. 
Ah ! scélérate de poire etc., Traviès, 1832.
Ah ! scélérate de poire etc., Traviès, 1832. 
Le Poiricide, Delaporte, 1832
Le Poiricide, Delaporte, 1832 

Au total, comme le souligne Cuno, l'association du roi et de la poire met tantôt l'accent sur une dimension masculine et émasculée, sans qu'il y ait là pour autant une contradiction : c'est précisément le comportement agressif et « phallique » du roi (la répression des mouvements populaires, les tentatives de censure) qui, selon ce qu'espèrent Philipon et les dessinateurs de La Caricature, vont se retourner contre lui et entraîner sa perte de pouvoir, sa « castration »[148].

Iconographie additionnelle

Iconographie de la poire 1831-1835
AuteurTitreSupportDateDescriptionImageDétail
DaumierMasques de 1831La CaricatureSérie de masques caricaturant les visages des ministres de Louis-Philippe, représenté au centre par une poire.
DesperetÉnigme. Plusieurs têtes de fous dans un bonnet de coton blanc formant la poire... devinez ! c’est le juste-milieuLa Caricature« L'aspect général de ce croquis présente la forme d'une énorme poire. En s'approchant, on reconnaît un bonnet de coton, et sous ce bonnet d'épicier, on retrouve le glorieux ministère du 13 mars[149]. »
TravièsJe suis le poiricide Mayeux, t... de D...! vends moi ton éventaire que je le f... à l’eau !!!Aubert
TravièsJe n'veux pas qu'on m'appelle poulot, moi !La CaricatureCaricature « de mœurs enfantines »[150] du prince Ferdinand-Philippe, fils aîné de Louis-Philippe. Au mur, un graffiti de poire.
PhiliponProjet d’un monument Expia-poire à élever sur la place de la révolution, précisément à la place où fut guillotiné Louis XVILa CaricatureProjet décrit par Philipon comme celui d'une « statue au Juste-Milieu » : « Une poire colossale sur un piédestal bien simple, bien bourgeois ; et sur ce piédestal l'addition suivante gravée en lettres de sang 27 [+] 28 [+] 29 [(soit les Trois Glorieuses)] [=] 00 [...] Ce monument sera érigé sur la place de la Révolution, non pour établir le moindre rapprochement, mais pour rappeler à tout le monde que les journées populaires ont quelquefois un autre résultat que zéro, et qu'il y aurait de l'imprudence à recommencer un calcul comme celui du piédestal »[150].
GrandvilleLe Bouquet de PersilLa CaricaturePersil, le ministre de la justice, offre à une poire la tête du journaliste républicain Armand Carrel emballé dans le journal Le National[151]. Le titre fait référence à un propos de Persil sur « le bouquet » dans une plaidoirie.
GrandvilleLes faux dieux de l'OlympeLa CaricaturePersonnages et concepts du gouvernement figurés en dieux de l'Olympe. Parmi eux, le duc d'Orléans en Hercule « aux formes athlétiques », tenant une poire rabougrie qui symbolise son sexe[152] et à côté de lui, la Discorde tenant une poire au lieu d'une pomme[153].
GrandvilleSur mon honneur et sur ma conscienceAssociation pour la liberté de la presseProcès de la Liberté. « Avez-vous fait attention à l'ornement de la tenture ? C'est un Juste-Milieu entre la poire et la fleur de lys, c'est une poire fleurdelisée[154]. »
GrandvilleIls ne savent plus à quel saint se vouerLa CaricatureTandis que les ministres tendent de sauver le gouvernement, la poire éclipse le soleil[155].
GrandvilleLa Chasse à la libertéLa CaricatureFiguration des attaques contre la liberté d'écrire. Un boulet de canon tiré par la cour et portant la mention arrêt-saisie percute au passage une poire. Dans son commentaire, Philipon ajoute : « l'historien manquerait un des traits caractéristiques de ce temps, qui oublierait qu'en 1832 la tête d'un artiste faillit tomber sur l'échafaud pour une caricature représentant un monument surmonté d'une poire »[156]!
GrandvilleRéception par les deux poirivoresLa Caricature« Cette réception, c'est un rêve, un cauchemar poiréiforme [...] Figurez-vous la poire suprême recevant toutes les variétés de l'espèce. À sa droite, je vois [...] la poire à gober se dandiner gauchement à côté du gros martin sec. À la gauche du fruit principal, je vois [...] la poire de Naples. Autrefois je voyais la poire d'amour, elle n'y est plus[157]. »
GrandvilleExercices calligraphiquesLa CaricatureCaricature calligraphique des membres du gouvernement où le visage de Louis-Philippe apparaît trois fois : de profil, comme « crocheteur », de face et en poire comme « chérubin couronné » et, toujours en poire, comme « quelqu'un »[157].
GrandvillePoulaupair gargotier restaurateur successeur de CharlotLa Caricature« — Pourquoi les journaux brûlent-ils ? — Parce que vous avez été assez fous pour y mettre le feu. — Et cette ombre projetée sur le mur par le cuisinier qui se chauffe ? — C'est une simple poire[158]. »
GrandvilleÀ la sources des douceursLa CaricaturePseudo catalogue de joujoux politiques de la Maison Philipon et Cie, « à l'enseigne du Bon Coing, aujourd'hui la source des douceurs »[159].
GrandvilleÉtrennes au peupleLa CaricatureDifférents symboles de répression s'abattent sur le peuple, parmi lesquels des poires.
BouquetVoulez vous aller faire vos ordures plus loin, polissons !La CaricatureLa Caricature, qui a déjà fait état à plusieurs reprises de la prolifération des graffitis de poire sur les murs de Paris[160],[161], représente cette dernière.
GrandvilleÀ la poire d'or, et à la source des douceurs politiquesLa CaricaturePseudo-catalogue d'étrennes de la maison Philipon sur lequel figurent plusieurs poires[162].
DaumierMr Montaugibet en pâtissier gâte-sauceLe Charivari
GrandvilleCérémonie des cendres politiquesLa CaricatureProcession carnavalesques des membres du gouvernement et de ses soutiens. La poire apparaît sur la hache du bourreau Persil, dans les taches et sur le carapaçon de la girafe chevauchée par Madier de Montjau, ainsi que sur l'orgue de barbarie dont joue Viennet[163],[164].
GrandvilleL'AfficheurLa CaricatureLouis-Philippe en colleur d'affiches consacrées au mariage de la duchesse de Berry. Au mur, des graffitis de poire. À l'arrière-plan, « l'épicier philippiste se frotte les mains et rit de son rire malin »[165].
GrandvilleRègne animalLa CaricatureLa poire apparaît trois fois sur cette image : en tant que motif de la robe de chambre de Philipon, transpercée de flèches ; en tant qu'étiquette sur le serpent figurant le Journal des débats ; enfin, les œufs du duc d'Orléans (Fanfaronus Poulotus) sont piriformes.
TravièsLe Diable emporte les fruits !!Le CharivariMayeux affirmant : « Adam nous a perdu par la pomme et La Fayette par la poire ».
TravièsLa poire est devenue populaire !Le CharivariLégende : « Le voyoux  [sic] [...] la croque sur les murailles pendant ses nombreux loisirs, c'est ainsi que Paris s'embellit tous les jours. »
DesperetVoici le pistolet qui a si longtemps amusé le public. Voici la poire à poudre, la poupée du tir et les drôles de balles dont on s’est servi.La CaricatureCette caricature, présentée comme « la meilleure qui ait été publiée en France »[166], fait référence à l’attentat du 19 novembre 1832 contre Louis-Philippe. À gauche la poire à poudre dont la forme dessine le visage du roi et les balles qui sont les têtes de ministre ; au centre le pistolet, dont la crosse est constituée du corps de Louis-Philippe et le canon, de celui de Persil ; à droite une statue équestre de poire. la caricature met en cause la responsabilité de Louis-Philippe dans l'attentat[167].
GrandvilleÉlévation de la poireAssociation pour la liberté de la presse« Le culte adoripoire remonte à l'an 1830 de l'ère chrétienne, il prit naissance sous le règne de Louis-Philippe, premier et dernier du nom, dit le Presque-Téméraire, et fils de Philippe-Égalité le régicide [...] Son dieu fut un veau d'or représenté par une poire d'argent [...] Le pape officie, il est assisté de deux ministres de sa religion, nommés Thi... et Guiz... ; l'autel est orné de chandelles hydrauliques, propres à rappeler un des miracles du dogme, la transformation d'un maréchal d'armée en apothicaire ; la messe est servie par les notabilités adoripoires[168]. »
GrandvilleÉcritoire monarchiqueLa CaricatureLes thuriféraires du gouvernement trempent leur plume dans un encrier en forme de poire.
TravièsDécidément l'arbre est pourriLa CaricatureDeux bûcherons républicains coupent un arbre où sont représentées deux branches, celle de la monarchie absolue et celle de la monarchie de Juillet, portant des macarons à motifs de poire, symbolisant les Orléans[169].
PhiliponQuatre ans de règneLa Caricature« C'est l'histoire au crayon des principales douceurs dont la France a joui jusqu'à présent sous l’œil vraiment paternel du Juste-Milieu[170]. » La légende fait référence à un propos prêté à La Fayette, qualifiant la monarchie constitutionnelle de « meilleure des républiques » et décrit l'auteur de l'illustration comme un « pépin de la poire pourrie ».
GrandvilleVoyage de la pensée immuable à travers les populations empresséesLa CaricatureSatire des complaisances de la presse pro-gouvernementale. Le motif de la poire apparaît dans la décoration du carrosse gouvernemental, comme ornement du bicorne porté par la personnification du Journal des débats, comme chapeau du Moniteur et sur le guidon de son vélocipède, ainsi que sur le chapeau du Journal de Paris[171],[172].
BouquetÀ quelle sauce la voulez-vous ?La Caricature« La cuisine de la Caricature, au moment de la préparation, triture et cuisson de la poire. « À quelle sauce voulez-vous que je la mette ? » s'écrie le grand cuisinier en chef, Philipon. Et tous nos joyeux confrères [...] crayonnant, dessinant, estampant, pétrissant, lavant et découpant la poire, semblent répondre à leur marmiton en chef : « À toutes sauces, Pon-pon [173]! »
RoubaudLa France traîne son bouletLa Caricature« La France traîne son boulet sous la surveillance des argousins Soult et Lobau[174]. »
GrandvilleÉnigmeLa CaricaturePortrait-devinette constitué, dans la tradition d'Arcimboldo, d'un assemblage des attributs de Louis-Philippe[175] : « C'est un résumé composé de tous les attributs du 9 août, lesquels réunis forment une personnification se mouvant sur un double clysoir, et surmontée par la presse qui fait voltiger sur sa tête des journaux en formes d'abeille[176]. »
KorffAh ! je te connais paillasse !La CaricaturePhilipon, déguisé en fou, face à Louis-Philippe, dans le dos duquel Desnoyers dessine une poire. On reconnaît « le Système moins à la poire que le Charivari lui dessine dans le dos qu'à sa tournure jobarde et à sa démarche pataude »[177].
TravièsVoici Messieurs, ce que nous avons l’honneur d’exposer journellement.La Caricature« La Caricature a [...] son exposition de peinture [...] qui fait stationner [...] une si grande foule de curieux devant le magasin d'Aubert [...] Ce ne sont pourtant que des rochers, des volcans, des sacs de blé, des armoiries, des buffets, des maisons, des brioches, des raisins, des poires, des tonneaux, etc[178]. »
GrandvilleImitation libre d’un tableau de Mr. Horace Vernet, représentant le massacre des JanissairesLa CaricatureParodie d'un tableau d'Horace Vernet exposé au Salon de 1819, comparant les violences à l'égard des Français à celles faites aux mamelouks. À la place d’Ali Pacha se trouve Louis-Philippe, portant un bonnet à pompon et reposant sur la « CHARTE ». Le brûle-parfum a une forme de poire couronnée[179].
AnonymeLa Poire commence à mûrirLe Charivari
AnonymeUn trône miné par de mauvaises loisLe Charivari
TravièsQuel rêve !La CaricatureRéférence au procès de Guillaume-François Gervais au cours duquel celui-ci fait référence à « l'arbre de la discorde ». Ce dernier est figuré au centre de l'image et ses fruits sont des poires.
DaumierHeureux peuple ! Comme on t'amuse !Le Charivari
DaumierPot de vin, arrestations arbitraires, mitraillades, transnoninades, elle couvre tout de son manteau.Le Charivari
DaumierLa Tête branlanteLa CaricatureEmpereur en plâtre promené dans la rue pour aviver la popularité du souverain, dont la « tête branlante a toujours l’air de saluer quand on le porte dans la rue, et ce mouvement ajoute encore à sa ressemblance »[180], flanqué d'une poire.
AnonymeL'EnferLe Charivari« La prison du Neuf-août est comme l'enfer de Dante : lorsqu'on y entre il faut laisser toute espérance[181]. » Au mur, graffitis de poire.
TravièsAtelier de la Caricature et du CharivariLa Caricature« À gauche, un Monsieur que vous connaissez bien, gras, gros, etc., et qui est un des ornements obligés de tout atelier de ce genre »[182].

Notes et références

Notes

  1. Fabrice Erre évoque à cet égard l'absence d'occurrence de « poire » dans le Dictionnaire grammatical du mauvais langage ou Recueil des expressions et des phrases vicieuses usitées en France et notamment à Lyon d'Étienne Platt (1805) ; le Dictionnaire critique et raisonné du langage vicieux ou réputé vicieux de L. Platt (1835) ; et le Dictionnaire érotique moderne d'Alfred Delvau (1853)[7]. Il en va de même du Dictionnaire du bas-langage ou des Manières de parler usitées parmi le peuple (1809) ; du Dictionnaire d'argot, ou Guide des gens du monde (1827) ; et du Nouveau dictionnaire d’argot de Bras-de-fer (1829). En revanche, des dictionnaires d'argot de la fin du XIXe siècle donnent à « poire » le sens de « tête ». Tel est le cas du Dictionnaire d'argot moderne de Lucien Rigaud (1881) ; du Dictionnaire d'argot fin-de-siècle de Charles Virmaître (1894) ; ou du Dictionnaire d'argot de Gustave-Armand Rossignol (1901).
  2. Tout comme les Bulles de savon, le Replâtrage donne une expression d'insouciance au visage du roi. Dans sa première correspondance de Paris pour la Gazette d'Augsbourg, en décembre 1831, Heinrich Heine estime que cette expression lui inspire une « horreur » quand il songe au caractère frauduleux (schwindelnde) de sa position, tout en supposant que sa nature (Gemüt) n'est pas aussi insouciante que son visage[24].
  3. Tout en estimant, de manière générale, que « Ce qui se joue avec la blague politique et qu'illustre la poire, c'est la perte des « deux corps du roi », de tout au-delà du pouvoir, de toute symbolique »[27], Nathalie Preiss considère que, à l'inverse de ce que Philipon prétend vouloir démontrer, le sens même de cette caricature est d'anéantir la distinction entre le corps symbolique et le corps physique, le roi perdant ainsi le « fondement sacré » de son pouvoir[30].
  4. Fenimore Cooper et William Makepeace Thackeray, présentant le procès de Philipon à des lecteurs anglo-saxons, ajoutent quelques détails de leur cru, le premier affirmant que le caricaturiste avait sculpté une poire au couteau pour les jurés[31] et le second inversant la séquence de passage du fruit au visage du roi[32], et veulent pour conséquence du caractère inspiré[33] de la démonstration de Philipon, qu'ils soulignent, un acquittement auquel il n'eut cependant pas droit. En France, Philibert Audebrand rapporte également qu'un « acquittement à l'unanimité » suivit la scène « drôlatique » des croquades[34].
  5. Voir par exemple 1830 et 1833 (août 1833) et Passé, présent, avenir (janvier 1834)[39]. Le traitement graphique du roi en poire dans la quatrième image est en outre repris sous la signature de Daumier dans une gravure sur bois publiée dans le Charivari en juillet 1834, Machine législatifère de la monarchie representative, ornée de ses trois pièces principales et de tous ses menus accessoires.
  6. L'expression est employée par Elizabeth Menon à propos du développement graphique du personnage de Mayeux, qui partage avec la poire une thématique physiognomoniste où des considérations morales sont tirées de caractéristiques physiques et pour laquelle Philipon avait en particulier montré son intérêt à l'occasion de la publication en 1829 du Lavater des Dames[49].
  7. James Cuno considère Philipon comme « un artiste qui, s'il manque d'un talent artistique original, fait preuve d'ambitions entrepreneuriales et se montre désireux et capable d'exploiter le marché prometteur des images lithographiques »[50].
  8. La lithographie a été publiée en trois parties, avant et après les « croquades » de Philipon à son procès. Le commentaire de cette dernière partie de la lithographie précise : « en examinant bien le personnage de Saint Henry nous paraît ressembler plus à une des poires séditieuses de Philipon qu'à une nécessité de pélerin[51]. »
  9. La lithographie a été publiée en trois parties, avant et après les « croquades » de Philipon à son procès. Le commentaire de cette dernière partie de la lithographie précise : « en examinant bien le personnage de Saint Henry nous paraît ressembler plus à une des poires séditieuses de Philipon qu'à une nécessité de pélerin[52]. »
  10. Loÿs Delteil relève que le premier état de Gargantua porte, en haut, au dessus du titre, « La Caricature (Journal » et en bas, à droite, « On s'abonne chez Aubert », alors que dans le deuxième état ces mentions ont disparu[58]
  11. Selon Loÿs Delteil, la date de dépôt légal est le [58].
  12. Dans un mémoire adressé au roi pour faire appel de sa condamnation, Daumier présente Gargantua comme un « dessin inoffensif » et se présente obséquieusement comme le « très humble, très fidèle et très obéissant sujet » de Louis-Philippe[65], alors qu'il vient de publier dans La Caricature, en février 1832, la planche intitulée Très humbles, très soumis, très obéissants ... et surtout très voraces Sujets.
  13. La description de la planche précise : « Cet acrobate aux doigts crochus, que vous voyez chanceler sur la corde du pouvoir, n'est qu'une simple allégorie, une idée morale rendue matérielle, une innocente personnification du juste-milieu[91]. »
  14. La description de la planche précise : « Cet acrobate aux doigts crochus, que vous voyez chanceler sur la corde du pouvoir, n'est qu'une simple allégorie, une idée morale rendue matérielle, une innocente personnification du juste-milieu[92]. »
  15. La caricature joue sur la polysémie du terme « favoris » qui désigne aussi bien les côtelettes royales que deux de ses ministres, d'Argout et Barthe, dont la posture peut indiquer aussi bien qu'ils cajolent le roi ou qu'ils recherchent sa protection[93].
  16. Cette caricature, présentée comme « assez claire pour qu'il soit inutile de l'expliquer »[95], représente « une poire géante en train de pourrir, coupée en tranches pour révéler la famille royale blottie autour d’un trésor là où auraient dû se trouver les pépins »[96], à moins qu'il ne s'agisse des membres du gouvernement, considérés comme des profiteurs[97].
  17. Cette caricature, présentée comme « assez claire pour qu'il soit inutile de l'expliquer »[98], représente « une poire géante en train de pourrir, coupée en tranches pour révéler la famille royale blottie autour d’un trésor là où auraient dû se trouver les pépins »[99], à moins qu'il ne s'agisse des membres du gouvernement, considérés comme des profiteurs[100].
  18. Dans l'explication de cette planche, Philipon joue sur le sens du mot charge qui signifie le fardeau (que porte le peuple), mais aussi la caricature : « Voici un autre croquis au bas duquel nous n'avions pas besoin d'écrire un titre. Certes ! tout le monde, en le voyant, dira bien : Quelle mauvaise charge nous donne aujourd'hui la Caricature [101]! »
  19. Elle se retrouve notamment dans Le Ci devant Grand Couvert de Gargantua Moderne en Famille, une caricature anonyme de Louis XVI en Gargantua (1791)[107], Le Règne de vingt ans, une caricature anonyme de Louis XVIII en 1815, qui associe les thèmes de la gloutonnerie et de la défécation[108], ainsi que dans Origine de l'ordre de lys, une caricature anomyme en 1815 du comte d'Artois, le futur Charles X, qui exploite également l'idée de la création de médailles, ici l'ordre du Lys, par défécation[59].
  20. Le commentaire de la planche précise que les deux paillasses portent « une masse informe comme une vessie, une brioche, une poire, ou tout autre objet de pyramidale apparence », dont le public, « ayant remarqué la boue qui le couvrait, [...] pensa que ce devait être le Juste-Milieu »[111].
  21. Le commentaire de la planche précise que les deux paillasses portent « une masse informe comme une vessie, une brioche, une poire, ou tout autre objet de pyramidale apparence », dont le public, « ayant remarqué la boue qui le couvrait, [...] pensa que ce devait être le Juste-Milieu »[112].
  22. Le commentaire de la planche invite les épiciers, censés être le soutien par excellence du régime, à se prosterner devant la tinette surmontée d'une poire[113].
  23. Le commentaire de la planche invite les épiciers, censés être le soutien par excellence du régime, à se prosterner devant la tinette surmontée d'une poire[114].
  24. James Cuno choisit le terme de pornographie, qu'il justifie en considération des « connotations violentes et sexuelles » que comporte la métaphore graphique de la poire, telle qu'employée par les collaborateurs de La Caricature, qui, estime-t-il, « dérive de deux impulsions fondamentales et fondamentalement liées — sexuelle et agressive, obscène et tendancieuse »[118]. Alain Vaillant, en revanche, préfère parler, à propos de cette période, d'obscénité pour caractériser « (la représentation ouvertement provocatrice, à des fins artistiques, agressives ou contestataires, de la sexualité », réservant le terme de pornographie à « l’exploitation commerciale de la sexualité, sous d’autres formes que la prostitution elle-même »[119]. Dans son intervention du à la chambre des députés pour justifier le rétablissement de la censure, Jean-Charles Persil évoque la prolifération de « gravures obscènes, d'images qui font la honte des dessinateurs »[120],[121].
  25. La représentation d'un cauchemar politique à la manière de Füssli était à l'époque un trope de la caricature anglaise[129],[130]. Voir par exemple The Night Mare de George Cruikshank (1816) ou John Bull's Night Mare de Robert Seymour (c. 1828).
  26. De son côté, Daumier reprend le thème du cauchemar dans Chimère de l'imagination, une lithographie publiée dans La Caricature le , montrant, selon son commentaire, comment « la lecture de La Caricature fait naître chez la future mère la crainte d'enfanter un monstre tel ceux caricaturés, tel Louis-Philippe représenté avec un corps en forme de poire coiffée d’un chapeau décoré de la cocarde tricolore et s’appuyant sur un parapluie »[137].
  27. Le commentaire de la caricature précise : « Ceci soit dit une fois pour toutes, la POIRE c'est l'ordre de choses, c'est le juste-milieu, c'est le système auquel nous devons la liberté, le bonheur [...] Autant vaut cette image-là qu'aucune autre ; car enfin il faut bien une image quelconque pour rendre visible une idée morale. Va donc pour la POIRE ! [...] Ce pauvre système, cette pauvre poire est bien malade ; la voilà sur le flanc à force d'excès, se mourant d'une indigestion budgétaire. Ses derniers moments sont terribles. Le fantôme de cette république imaginaire qu'elle a tant poursuivi de son vivant est venu s'asseoir sur sa poitrine, pour assister à son agonie[138]. »
  28. La poire est également associée au siège de Paris dans Attaque des forts détachés de Grandville, une lithographie publiée le dans La Caricature et qui, se référant aux « commencements de forteresses que [...] la royauté mitoyenne fait élever tout autour de Paris » [...] caricature représente un fort en forme de poire où les journaux gouvernementaux sont assaillis par la presse d'opposition[141].
  29. La privation de masculinité et la suggestion de sodomie, présente selon Cuno dans la caricature de Traviès, sont encote plus manifestes dans Ecce Homo !, une lithographie d'Auguste Bouquet publiée dans La Caricature le [144].

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