Le Charivari
Le Charivari est un journal français et le premier quotidien illustré satirique du monde[2], qui parut de 1832 à 1937. Fondé le par Charles Philipon comme un journal d'opposition républicaine à la monarchie de Juillet, le journal satirique à vocation distractive s'affirma au cours de son histoire tantôt radical, conservateur, républicain ou encore anti-clérical. Ses auteurs les plus notables furent notamment Taxile Delord ou encore Agénor Altaroche et ses caricaturistes les plus marquants furent entre autres Philipon, Nadar, Gustave Doré, Henri Rochefort, Cham et Honoré Daumier. En baisse d'audience, le journal disparaît en 1937, peu de temps après avoir été l'un des périodiques ayant participé à une campagne de calomnie contre Roger Salengro.
Pour les articles homonymes, voir Charivari.
Le Charivari | |
Pays | France |
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Langue | français |
Périodicité | quotidien puis hebdomadaire[1] |
Format | in-fol. et in-4o[1] |
Genre | presse satirique |
Fondateur | Charles Philipon |
Date de fondation | [1] |
Date du dernier numéro | [1] |
Ville d’édition | Paris[1] |
Directeur de publication | Charles Philipon Louis Huart Pierre Véron |
ISSN | 1140-5740 |
ISSN (version électronique) | 2420-4404 |
Historique
Fondé en 1832, sous le règne de Louis-Philippe, par le journaliste républicain Charles Philipon, il devient rapidement un moyen de communication de l’opposition, dans le même mouvement railleur que l’hebdomadaire La Caricature créé en 1830. Il ridiculise avec entrain la monarchie de Juillet et la bourgeoisie et fut souvent condamné par les tribunaux.
Les lois de , faisant suite aux grèves et aux émeutes de 1833 et 1834, condamneront plusieurs journaux dont La Gazette, La Quotidienne, La Tribune, Le Réformateur et Le Charivari, qui est astreint à un cautionnement de 100 000 francs et doit soumettre ses dessins à l’examen de la censure. Armand Dutacq, directeur-fondateur du journal Le Siècle, rachète Le Droit et Le Charivari. Ces lois entraînent de lourdes peines d’emprisonnement et de fortes amendes pour les gérants des journaux, ainsi Massy[précision nécessaire] subit-il les conséquences de ces lois, alors que la direction du journal revient à Agénor Altaroche, qui fait appel à Eugène Guinot, H. Lucas, Albéric Second, Alphonse Esquiros, Émile de La Bédollière, et les poètes Hegesippe Moreau et Louis-Agathe Berthaud. En 1838 de nouvelles modifications sont apportées à la direction du journal, Altaroche reste rédacteur en chef et s’adjoint comme collaborateurs Albert Cler, Taxile Delord, Clément Caraguel, Laurent-Jan, Félix Pyat, Philibert Audebrand et Moléri.
Sous le règne de Louis-Philippe Le Charivari subit vingt procès, en le gouvernement de Guizot saisit plusieurs journaux, avec parmi eux Le Charivari, La Réforme et La Gazette de France. La loi du abroge le 1er paragraphe de l’article 32 du décret du , qui supprimait tout journal ayant eu dans un délai de deux ans deux condamnations ou contraventions, tandis que le senatus-consulte du interdit toute remise en cause de la constitution ainsi que la publication de pétitions ayant pour objet sa modification. En mai, Le Charivari comme bien d’autres journaux est averti, subissant ainsi les sanctions du gouvernement, l’Empereur ne voulant entendre parler d’une possible liberté de la presse.
L'affaire Salengro
En 1936, Le Charivari participe, au côté notamment de Gringoire, à la campagne de calomnies à l'encontre de Roger Salengro, alors ministre de l'Intérieur du Front Populaire. Roger Salengro était accusé à tort d'avoir déserté en 1916 et la campagne calomnieuse menée à son encontre le fragilisa et le conduisit au suicide en .
Tirage
En 1846, le tirage moyen du Charivari est de 2 740 exemplaires, contre les 32 885 du journal Le Siècle, et son nombre présumé d’abonnés en province est de 1 985, tandis que le Siècle en compte 21 500.
En , Le Charivari tire à 2 090, et en , il se place dans la majorité d’opposition aux côtés de l’Opinion nationale, de la Presse, de la Revue nationale et de le Siècle, avec 2 250 exemplaires sur un total de 91 292 pour l’opposition progressiste, alors que la presse officielle impérialiste tire à 52 832 exemplaires.
Son tirage, loin d’égaler celui du Siècle, ne dépasse pas les 3 000 exemplaires. En 1866, il est en effet de 2 875 exemplaires, le quotidien est donc mineur dans le paysage de la presse parisienne.
Collaborateurs
Les auteurs Taxile Delord, Old Nick ; Agenor Altaroche, Albert Cler, Louis-Agathe Berthaud, Louis Huart, Clément Caraguel, qui passera aux Débats, y écrivent sous la direction de Louis Desnoyers, alors le rédacteur en chef, ainsi que vers la fin du Second Empire, Henry Maret, Philibert Audebrand et Charles Bataille. Mais dans l’optique du journal, les caricaturistes tels que Valère Morland, Alcide-Joseph Lorentz avec ses « miroirs drolatiques », Gaspard-Félix Tournachon dit « Nadar », célèbre photographe qui y fut aussi caricaturiste, Grandville, avec ses animaux anthropomorphes, Eugène Forest, Charles Vernier, Gustave Doré, Alexandre-Gabriel Decamps, Achille Devéria, André Gill, Alfred Le Petit, Alfred Grévin, Henri Monnier, Pruche, Travies, Maurice Loutreuil, Louis Touchagues, Henri Maigrot dit Henriot, Jules Renard dit Draner, Trimolet, Paul Gavarni, qui caricature la vie parisienne, Cham, qui railla, entre autres, les impressionnistes, et Honoré Daumier, qui y représente son personnage de Robert Macaire, font la part belle aux journalistes.
Cham et Daumier sont qualifiés de « Michel-Ange de la caricature » par Théodore de Banville dans La Revue de Paris en ; néanmoins, la présence d’Amédée de Noé, fils du marquis de Noé, dit Cham, aristocrate paraissait insolite, au côté de Daumier dans ce journal d’extrême gauche.
En 1858, le changement de format du quotidien amène de nouveaux journalistes et illustrateurs à y collaborer, tels Pierre Véron, Henri Rochefort, Albert Wolff, Louis Leroy, Louis Adrien Huart, G. Naquet, P. Gigard, J. Denizet, Salvator Zabban, Pilotell, ainsi que des caricaturistes issus du Journal amusant, Vernier, Darjou, Paul Hadol, Manuel Luque et Pelcoq.
Ligne politique
Le Charivari apparaît à première vue comme un journal républicain dans la même veine que Le Siècle, donc un journal politique ; or de par sa présentation, largement illustrée et son ton léger, il s’apparente plus à la presse à vocation purement distractive. Les débuts du journal sont marqués par le raillant du fondateur Philippon qui s’estompe avec le changement entraîné par le rachat du journal par Dutacq. Le , Le Charivari s’engage dans une nouvelle voie d’attaque contre les révolutionnaires, les chefs de club, et tournant en dérision les excentricités de l’époque, dans un dessein « Conservateur, mais sincèrement libéral ».
L’élection de Louis-Napoléon Bonaparte met un frein, pendant un court moment, au mordant du journal, qui reparaît sous la rédaction nouvelle de Louis Huart, Delord, Caraguel et Arnaud Fremy ; le Second Empire marqua une période moins politique pour le journal, dans une veine plus distractive. À la fin du Second Empire, Le Charivari s’illustre dans ses positions anticléricales et républicaines, dirigé par Henry Haret, Leroy, Philibert Audebrand, Charles Bataille, avec comme principaux caricaturistes Cham, Daumier, Darjour, Paul Hadol et Valère Morland. Veron s’attaquera à Haussmann dans Le Charivari du , comparant son projet de translation des cimetières parisiens à une « expropriation de la mort », et le le journal publie une caricature de Stop représentant des ecclésiastiques armés de fouets menaçants afin de dénoncer les sévices perpétrés par les Frères de la Doctrine Chrétienne à Lyon.
Léon Bienvenu, journaliste au Charivari, définira le concile du Vatican comme une « réunion de hauts ecclésiastiques convoqués en toutes les parties du monde par le pape pour essayer de remettre en vigueur quelques vieilles rengaines bien vermoulues. »
Ainsi, la fin du Second Empire marque un tournant dans la ligne d’édition du Charivari qui délaisse la presse anodine et distrayante, pour une ligne plus politique marquée par la caricature de Daumier du qui représente la rentrée au pensionnat international, où la Paix attend les élèves et ne voit revenir que l’Allemand et l’Italien :
« C’est drôle, dit-elle, je ne vois pas revenir la petite Confiance. »
La postérité
Pendant l’occupation de Paris par les Allemands en 1870, certains journaux tels que Le Charivari, La Gazette de France, Le Mot d’ordre et La Mercuriale des Halles et Marchés cessent de paraître en raison de leur patriotisme. Et lors de la Commune de Paris, Le Charivari s’illustre dans le mouvement de réprobation du Comité central, ainsi l’ensemble de la presse condamne les élections que le Comité central organise et enjoint à ses lecteurs d'obéir aux décrets de l’Assemblée nationale.
Bien que le journal perdît lentement son audience, il survécut jusqu’en 1937. Il apporta à Jean Sennep sa renommée de caricaturiste, et le journal anglais Punch subit son influence avec pour sous-titre « The London Charivari ».
Le journal reparut dans les années 1950 sous la direction de Noël Jacquemart. Le dessin y tint une grande place, notamment avec le caricaturiste Pinatel qui y publia, entre autres, trois numéros spéciaux en forme d'album.
Notes et références
- Le Charivari (Paris. 1832) (notice BnF no FRBNF34452332) [consulté le 10 novembre 2016].
- Jean-Pierre Béchu, Michel Mélot, La Belle Époque et son envers : quand la caricature écrit l'histoire pages, A. Sauret, , p. 8.
- BNF 2006 Plantu, « je ne dois pas dessiner Mahomet ».
Voir aussi
Bibliographie
- Claude Bellanger, Jacques Godechot, Pierre Guiral et Fernand Terrou, Histoire générale de la presse française, Paris, Presses universitaires de France, 1972
- Pierre Larousse, Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle, Paris, Administration du Grand Dictionnaire universel, 1900
Articles connexes
- Barbanchu
- Jean d'Aurian, illustrateur
- Punch
- George Edward, dessinateur
Liens externes
- Le Charivari dans Gallica, la bibliothèque numérique de la BnF
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