Jacques Laffitte
Jacques Laffitte est un banquier et homme d'État français né à Bayonne (Pyrénées-Atlantiques) le et mort à Paris le .
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Jacques Laffitte | ||
Portrait de Jacques Laffitte. | ||
Fonctions | ||
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Président du Conseil des ministres français et Ministre des Finances | ||
– (4 mois et 11 jours) |
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Monarque | Louis-Philippe Ier | |
Gouvernement | Laffitte | |
Législature | Ire législature | |
Prédécesseur | Louis Philippe d'Orléans, Gouvernement Louis-Philippe Ier | |
Successeur | Casimir Perier Joseph-Dominique Louis |
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Président de la Chambre des députés | ||
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Prédécesseur | Casimir Perier | |
Successeur | Casimir Perier | |
Ministre sans portefeuille | ||
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Monarque | Louis-Philippe Ier | |
Gouvernement | Gouvernement Louis-Philippe Ier | |
Gouverneur de la Banque de France | ||
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Prédécesseur | François Jaubert | |
Successeur | Martin Michel Charles Gaudin | |
Biographie | ||
Date de naissance | ||
Lieu de naissance | Bayonne, France | |
Date de décès | ||
Lieu de décès | Paris, France | |
Nature du décès | Affection pulmonaire | |
Nationalité | Française | |
Parti politique | Libéral (sous la Restauration) Parti du Mouvement (sous la Monarchie de Juillet) |
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Profession | Banquier | |
Religion | catholique | |
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Présidents du Conseil des ministres français | ||
Jacques Laffitte connut une ascension rapide dans le monde de la banque qui le conduisit jusqu'au poste de gouverneur de la Banque de France. Député libéral, il participa à la révolution de Juillet en 1830 et devint président du Conseil de Louis-Philippe Ier.
Biographie
Jacques Laffitte naquit à Bayonne dans les Pyrénées-Atlantiques le , l'un des dix enfants (quatre fils et six filles) d'une famille modeste et nombreuse. Son père, Pierre Laffitte († 1789) était maître charpentier.
Après de courtes études, il devint d'abord, à douze ans, apprenti charpentier auprès de son père, puis, pendant deux ans, troisième clerc chez un notaire de Bayonne, puis, à quatorze ans, commis chez un négociant de cette ville, M. Formalaguès.
Une carrière de banquier
En 1788, à l'âge de vingt-et-un ans, il vint à Paris, muni d'une lettre de recommandation de son patron, pour solliciter un modeste emploi de commis dans les bureaux du banquier Jean-Frédéric Perregaux (1744–1808). La Banque Perregaux devait devenir, en raison de ses relations avec l'étranger, la banque du Comité de salut public, et Perregaux, qui avait su se placer convenablement après le 18-Brumaire, l'un des conseillers financiers de Napoléon Bonaparte.
Laffitte venait d'être éconduit lorsque, d'après la légende, il se baissa en traversant la cour pour ramasser une épingle tombée à terre ; frappé par ce geste, le banquier, qui l'observait, le rappela et l'embaucha pour tenir les livres de comptes. Jacques Laffitte fit preuve de remarquables qualités et manifesta de réelles aptitudes pour le métier de la banque. D'un caractère liant, vif et gai, doué d'une grande capacité de travail et d'un esprit clair et net, il connut une ascension rapide. Perregaux lui permit de progresser et lui confia des responsabilités de plus en plus importantes. En 1790, ses appointements furent portés à 3 000 francs[Note 1] et, en l'an II, il était intéressé aux bénéfices et nommé assesseur du juge de paix de la section du Mont-Blanc[Note 2] (frimaire an II).
Pourtant, en nivôse an VI, il se plaignait à Perregaux « d'avoir perdu, semble-t-il, la confiance de [son] patron, qui [le] laisse dans un emploi secondaire, ce qui va [l]'obliger à [le] séparer de lui et à accepter l'offre qu'on [lui] fait de [l]'associer dans une maison de banque »[1]. Cette lettre eut son effet puisque Perregaux fit de Laffitte, le , son associé dans la Sté Perregaux et Cie, avec un quart du capital. Mais en raison de la mauvaise santé de Perregaux, une nouvelle société fut constituée le pour une durée de dix ans : Perregaux, Laffitte et Cie. Laffitte, désigné par Perregaux comme son exécuteur testamentaire, détenait 50 % du capital social et devint directeur-gérant, tandis que 25 % allaient à Perregaux fils, commanditaire et 25 % à la fille de Perregaux, commanditaire[Note 3]. Pendant dix ans, Laffitte géra seul cette maison qui devint très vite la première banque de Paris et l'une des plus puissantes banques européennes.
En mai 1801, Laffitte avait épousé Marine-Françoise Laeut (v. 1783–1849), fille d'un négociant[Note 4]. De cette union naquit une fille unique, Albine Étiennette Marguerite Laffitte († 1881) qui deviendra princesse Ney de la Moskowa. Le , Laffitte devint régent de la Banque de France prenant la place de Perregaux après le décès de celui-ci. Il conserva cette fonction jusqu'en 1831. Il fut en même temps juge au tribunal de commerce de la Seine (1809) et devint président de la chambre de commerce ( au ). Le , après la chute de l'Empire, il fut appelé par le gouvernement provisoire aux fonctions de gouverneur « provisoire » de la Banque de France, qu'il occupa jusqu'en 1820, date à laquelle il fut remplacé par Gaudin, duc de Gaète. Il eut l'élégance de refuser le traitement attaché à ce poste.
Napoléon Ier lui aurait dit : « Je vous connais Monsieur Laffitte, je sais que vous n'aimez pas mon gouvernement, mais je vous tiens pour un honnête homme ».
Laffitte eut l'occasion de le démontrer en rendant service à tous les gouvernements successifs. Sous la Première Restauration, il souscrivit de ses propres deniers une somme considérable pour couvrir les frais de la contribution de guerre exigée par les Alliés et, lorsque Napoléon débarqua de l'île d'Elbe, il procura des fonds importants à Louis XVIII. Ce fut pourtant dans sa maison de banque que Napoléon, en prenant le chemin de l'exil, déposa une somme de 6 millions[Note 5]. Après Waterloo, lorsque le gouvernement provisoire demanda à la Banque de France de prêter l'argent nécessaire au paiement des arriérés de solde de l'armée impériale, Laffitte s'y opposa et avança la somme de 2 millions nécessaire sur ses propres fonds. Quelques jours plus tard, il avança et garantit presque entièrement la nouvelle contribution de guerre exigée par la Prusse. En 1818, il sauva une fois de plus la place de Paris d'une crise financière, alors que la bourse était impuissante à faire sa liquidation : il acheta pour 400 000 francs de rentes et les paya, mettant un terme à la panique.
Laffitte était alors à la tête d'une fortune très importante, évaluée à 20 à 25 millions de francs, qui lui permit de racheter, en 1818, le château de Maisons à la duchesse de Montebello. Il possédait également un château à Meudon[Note 6] et un autre à Breteuil-sur-Iton dans l'Eure[Note 7], ainsi qu'un hôtel particulier à Paris.
Il a également créé la Caisse générale du commerce et de l'industrie où il fait nommer son frère Martin Laffitte.
Une carrière politique
Le , Jacques Laffitte fut élu représentant du commerce à la Chambre des Cent-Jours par le département de la Seine[Note 8]. Il s'abstint de prendre la parole à la tribune et vota avec le parti constitutionnel libéral.
Un opposant actif et respecté à la Restauration
Réélu comme député de la Seine par le collège de département le , Laffitte prit dès lors place à gauche et se spécialisa dans les matières financières, prononçant de remarquables discours dont le gouvernement faisait le plus grand cas, quoique l'orateur siégeât sur les bancs de l'opposition. Ainsi, lorsque le duc de Richelieu créa une commission de finances pour parer à la pénurie du trésor, Louis XVIII désigna Laffitte pour en faire partie. Il se prononça alors contre le système des emprunts forcés, contre les cédules hypothécaires et repoussa, de manière générale, tout système de prélèvements obligatoires susceptible de porter atteinte à la confiance publique.
Réélu député le [Note 9], il reprit place dans l'opposition et se signala par son ardeur à défendre la liberté de la presse. Défenseur inlassable des libertés publiques, il blâma à la tribune la répression sanglante des émeutes, dont celle qui coûta la vie à un jeune étudiant, Nicolas Lallemand, assassiné par un garde royal, lors des manifestations du contre la loi du double-vote. Le député Laffitte lut à la tribune de la Chambre une lettre du père de la victime, un marchand grainetier de la rue du Petit Carreau qui réfutait la version donnée par les journaux officiels sur les circonstances de la mort de son fils[2].
Jacques Laffitte vota contre le nouveau système électoral, et réclama vainement l'expression d'un vœu formel, dans une adresse au roi, pour le maintien de la législation en vigueur.
Suite aux agitations violentes du mois de juin, une conspiration fut déjouée le par la police royale. L'histoire retiendra le nom de Complot du Bazar français, du fait que les conjurés se réunissaient dans une galerie marchande, rue Cadet, à Paris, portant ce nom et appartenant à un colonel en non-activité, Antoine Louis Sauset, vétéran impérial. Des dizaines de militaires et d'officiers à la demi-solde furent arrêtées. Accusés de haute trahison, la Cour des pairs fut chargé de juger les prévenus. Si le général Lafayette fut soupçonné d'être l'un des chefs politiques du projet insurrectionnel, le nom du banquier Laffitte fut cité comme celui de financier du complot avec les industriels de l'Est, Jacques Koechlin ou Marc-René Voyer d'Argenson. Touchant les hautes sphères de l'opposition libérale, l'affaire fut étouffée et seuls, les contumax furent condamnés à mort, comme l'avocat grenoblois Joseph Rey[3].
En 1825, Jacques Laffitte inaugura la souscription pour les enfants du général Foy par un don de 50 000 francs.
Son mandat de député lui fut renouvelé par les électeurs du 2e arrondissement de Paris le [Note 10]. Il développa alors à la tribune un remarquable exposé de la situation politique et financière du pays, se prononça avec force contre l'expédition d'Espagne (1823), mais soutint le ministère Villèle dans son opération de réduction des rentes. Il justifia son adhésion à cette mesure, qui fut vivement blâmée par ses amis politiques, par son souci d'alléger les charges du peuple. Aux élections du , il échoua de peu dans le 2e arrondissement de Paris[Note 11]. En , il devient actionnaire du journal saint-simonien Le Producteur[4]. Il fut renvoyé à la Chambre, le , par le 3e arrondissement des Basses-Pyrénées (Bayonne)[Note 12]. Il fut réélu aux élections générales du suivant, à la fois dans le 2e arrondissement de Paris[Note 13] et dans le collège de département des Basses-Pyrénées[Note 14].
Après la dissolution de la garde nationale de Paris, Laffitte se fit l'interprète de la fraction la plus avancée de l'opposition parlementaire en réclamant la mise en accusation des ministres. Le , il donna sa fille Albine en mariage à Napoléon Joseph Ney (1803–1857), prince de la Moskowa, fils du maréchal Ney, et cette alliance flatta le sentiment populaire et contribua à lui concilier la bourgeoisie.
Il fut encore réélu le dans le 3e arrondissement des Basses-Pyrénées[Note 15] après avoir combattu de toutes ses forces le ministère Polignac.
Un rôle décisif durant la révolution de 1830
Sans se montrer ouvertement hostile à la branche aînée de la maison de Bourbon, Laffitte fut l'un des premiers à songer à placer, le cas échéant, la couronne sur la tête du duc d'Orléans. Pendant plusieurs années, il caressa ce projet et s'efforça de le faire avancer, notamment en recrutant des partisans au prince. Il était ainsi parfaitement préparé à jouer un rôle décisif au moment des « Trois Glorieuses » en prenant la tête de la résistance parlementaire. Son influence à ce moment-là le fit surnommer le « Warwick français » et honorer, comme le personnage historique anglais, comme « faiseur de roi ».
Le , à peine rentré de sa propriété de Breteuil-sur-Iton, il fut le premier à engager des démarches auprès du duc d’Orléans. Au Palais-Royal, il prit contact avec le secrétaire des commandements du duc, Oudard, qui transmit à Louis-Philippe, à Neuilly, un message promettant au prince que Laffitte travaillerait pour lui sans le compromettre, mais lui recommandant de « ne pas se compromettre lui-même en se faisant prendre dans les filets de Saint-Cloud ». Il fut l'un des signataires de la protestation des députés, adoptée la veille, contre les Ordonnances de Juillet, au moment où arrivait de Saint-Cloud l'ordre de l'arrêter.
À midi, il fut au nombre des députés qui se retrouvèrent chez Pierre-François Audry de Puyraveau, et, avec les généraux Mouton et Gérard, les députés Mauguin et Casimir Perier, il se rendit en début d'après-midi au palais des Tuileries pour demander au maréchal Marmont, duc de Raguse[Note 16], d'arrêter l'effusion de sang. Devant le refus de Marmont, Laffitte se rangea sans réserve du côté des émeutiers et fit de son hôtel le quartier général de l'insurrection, sans rien négliger pour en assurer le succès.
Dans la matinée du 29 juillet, Laffitte envoya Oudard à Neuilly pour dire au duc d’Orléans qu’il était urgent qu’il prît position et réunit chez lui députés et journalistes. C'est lors de cette réunion que fut décidée la création d'une commission municipale provisoire plutôt que d'un véritable gouvernement provisoire. Il refusa d'en faire partie, préférant se réserver pour un rôle national.
Le 30 juillet, ce fut lui qui prit l'initiative de faire proposer au duc d'Orléans la lieutenance générale du royaume : ce titre fut officiellement conféré au prince le soir même, dans une réunion des députés tenue au palais Bourbon. Dès l’aube, avec l'aide de Thiers[Note 17] et la bienveillante complicité de Talleyrand qui, depuis quelque temps mise sur le duc d’Orléans pour sauver la monarchie constitutionnelle, Laffitte dirigea la manœuvre en faveur de Louis-Philippe. Il reçut chez lui les trois rédacteurs du National : Thiers, Mignet, Carrel. Il ne craignait pas la menace bonapartiste, car le duc de Reichstadt est en Autriche et la quasi-totalité des dignitaires de l’Empire s'étaient ralliés à la monarchie, mais il redoutait qu’avec l’arrivée incessante du duc de Mortemart, que Charles X venait de nommer président du Conseil en remplacement du prince de Polignac, les députés ne se laissent séduire par une régence assortie de la proclamation du petit-fils de Charles X, le duc de Bordeaux, sous le nom de Henri V. Pour prendre cette solution de vitesse, ils décidèrent de proclamer sans attendre le duc d’Orléans : rédigé par Thiers et Mignet, le texte fut imprimé sous forme d’affiche dans les ateliers du National et placardé partout dans Paris pour que les Parisiens le découvrent à leur réveil.
Le 31 juillet, Laffitte présida une nouvelle réunion parlementaire, et obtint la rédaction d'une adresse que la Chambre en corps alla porter au Palais-Royal. Fort loin de se rallier à la république, que l'entourage de La Fayette avait encore l'espoir de voir proclamer avec le concours du général, Laffitte sut parer habilement à ce risque en conseillant à Louis-Philippe de se rendre à l'hôtel de ville pour y recevoir l'onction du « héros des deux mondes ». Blessé à la jambe, il accompagna le cortège du duc d'Orléans porté dans une chaise par deux Savoyards, et les passants purent remarquer l'affectation de familiarité et de bienveillance avec laquelle Louis-Philippe s'entretenait avec lui en cheminant.
Le 3 août, la Chambre des députés élit comme président le banquier Casimir Perier, mais celui-ci laissa Laffitte, arrivé en deuxième position et élu vice-président, exercer cette fonction à sa place. Ce fut donc sous sa présidence que le trône fut déclaré vacant, que la Charte fut modifiée et la royauté décernée à Louis-Philippe. Le 7 août, Laffitte lut au nouveau roi la déclaration de la Chambre et l'acte constitutionnel et, le 9 août, il présida à la séance au cours de laquelle le roi des Français prêta serment.
En 1830, Laffite finança également le journal Le National et fonda la loge « Les trois jours » à l'Orient de Paris, dont il fut le vénérable[5].
Les responsabilités gouvernementales
Le , Jacques Laffitte entra comme ministre sans portefeuille dans le premier ministère du règne de Louis-Philippe Ier. En raison de cette nomination, il dut se représenter devant ses électeurs qui lui renouvelèrent leur confiance le . Cette équipe hétéroclite, dépourvue de président du Conseil, ne tarda pas à se disloquer sous l'effet des tiraillements interne entre parti de l'ordre et parti du mouvement (V. Partis politiques sous la monarchie de Juillet). Laffite s'offrit alors pour coordonner les ministres avec la qualité de président du Conseil, ce qui entraîna la démission immédiate des doctrinaires Guizot et de Broglie.
Louis-Philippe prit Laffitte au mot en le chargeant de former le nouveau ministère : « Si le chef doit être M. Laffitte, dit-il au duc de Broglie, j'y consens pourvu qu'il soit chargé lui-même de choisir ses collègues, et je préviens d'avance que, ne partageant pas son opinion, je ne saurais lui promettre de lui prêter secours. » Alors que s'approchait l'échéance du procès des ministres de Charles X, réclamé par la gauche, le roi entendait lever l'hypothèque républicaine et libérale. Il confia à l'ambassadeur d'Angleterre, Lord Stuart de Rothesay, « qu'il a encore deux médecines à prendre », c'est-à-dire Jacques Laffitte (libéral) et Odilon Barrot (républicain).
Laffitte, de son côté, avec une naïveté certaine, crut Louis-Philippe sincèrement partisan du mouvement alors que, beaucoup plus proche des doctrinaires et de leur théorie de la « quasi-légitimité » de la nouvelle royauté, il se défiait de l'esprit démocratique et de l'agitation qu'il l'accusait d'entretenir. Intime du roi des Français, Laffitte s'imagina en outre que celui-ci nourrissait pour lui une véritable sympathie parce qu'il l'accablait de marques publiques d'amitié[Note 18].
Le ministère fut constitué le 2 novembre après de longues tractations et d'interminables conseils des ministres (V. Gouvernement de Jacques Laffitte). Laffitte était président du Conseil et ministre des Finances[Note 19].
Figure emblématique du parti du mouvement, Laffitte voulait voir évoluer le régime issu des Trois Glorieuses vers le parlementarisme, et en définitive vers la démocratie. Pour cela, il n'entendait pas contrarier les forces révolutionnaires qui continuaient d'agiter le pays. Cette politique s'accordait à son tempérament : obsédé par sa propre popularité, Laffitte se garde de la compromettre par des mesures répressives. Mais elle ne convenait pas du tout au roi, qui, tout en affichant avec le président du Conseil une amitié de façade, travaillait en sous-main à le discréditer.
La tâche de Laffitte fut d'autant plus difficile car le procès des ministres de Charles X (15–), qu'il organisa avec le ministre de l'Intérieur le comte de Montalivet, où les accusés furent condamnés à la détention perpétuelle, provoqua une émeute. Le cabinet fut contraint de prendre des mesures répressives et conservatrices qui lui aliénèrent bientôt la gauche, sans lui concilier pour autant la droite : loi conférant au roi la nomination directe des municipalités, loi sur la presse, maintien du cens électoral à 300 francs, loi sur la liste civile, démission de La Fayette de la garde nationale, troubles du , qui entraînèrent le départ du préfet de police, Jean-Jacques Baude, et du préfet de la Seine, Odilon Barrot… Autant d'événements qui rendirent la position de Laffitte impossible tant vis-à-vis de l'opinion que vis-à-vis du roi.
Le , Joseph Mérilhou démissionna du ministère, le jugeant insuffisamment favorable au mouvement. Le Gouvernement était confronté à une agitation permanente et à une situation quasi-insurrectionnelle dans Paris, et ne faisait presque rien pour tenter de rétablir l'ordre[Note 20]. Louis-Philippe réfléchissait à la constitution d'un nouveau ministère et prévoyait d'appeler un éminent représentant du parti de l'ordre en la personne de Casimir Perier. Mais au préalable, le roi devait précipiter la chute de Laffitte. Celui-ci ne se doutait de rien, aveuglé par les protestations d'amitié de Louis-Philippe, qui n'hésitait pas à lui déclarer : « Il n'y a qu'une chose impossible entre nous, c'est que nous ne soyons pas toujours ensemble. »[6]
Les affaires italiennes furent le prétexte de la séparation. Le maréchal Maison, de son ambassade de Vienne, avait envoyé une note, parvenue à Paris le 4 mars, dans laquelle il indiquait que l'Autriche s'apprêtait à intervenir militairement pour réprimer l'insurrection italienne. Cette perspective ne déplaisait pas à Louis-Philippe, qui ne voyait pas sans inquiétude deux fils de Louis Bonaparte — Napoléon-Louis Bonaparte et Louis-Napoléon Bonaparte — combattre dans les rangs des insurgés italiens. Lorsque le ministre des Affaires étrangères, le général Sébastiani, lui transmit la note du maréchal Maison, Louis-Philippe lui interdit de la communiquer à Laffitte (naturellement favorable aux insurgés italiens) qui en apprit l'existence dans Le National du 8 mars. Laffitte, indigné, demanda des explications à Sébastiani qui dut avouer qu'il avait agi sur ordre du roi. Le président du Conseil se précipita alors chez celui-ci, à qui il exposa ses projets d'intervention militaire en Italie. Louis-Philippe, feignant de se retrancher derrière ses prérogatives de monarque constitutionnel, l'invita à faire délibérer sur cette question le Conseil des ministres, qui se réunit le lendemain 9 mars. Laffitte y développa son programme, mais il fut unanimement désavoué par ses collègues, dont la plupart avaient déjà négocié leurs places dans le futur cabinet. Il ne restait plus qu'à lui arracher sa démission, qu'il mit d'ailleurs de la mauvaise grâce à donner. Le , il céda la place au gouvernement Casimir Perier.
Une opposition constante à Louis-Philippe
La démission de Laffitte le réconcilia avec l'opposition, dans les rangs de laquelle il revint siéger à la Chambre. Il fut réélu député à Bayonne le [Note 21] et, le même jour, dans le 2e arrondissement de Paris[Note 22]. Il opta pour Bayonne et fut remplacé à Paris par M. Lefebvre. Il ne s'en fallut que d'une voix pour qu'il succédât à Casimir Perier à la présidence de la Chambre, où il fut battu par Amédée Girod de l'Ain le . Siégeant à gauche, il combattit tous les ministères qui se succédèrent au pouvoir. Il signa le compte rendu de 1832 et fit partie, le 6 juin, avec François Arago et Odilon Barrot, de la délégation qui se rendit au palais des Tuileries pour engager le roi à donner à son gouvernement une direction plus populaire. Le , il fut battu à Bayonne[Note 23] et dans le 2e arrondissement de Paris[Note 24], mais il fut élu dans la Loire-Inférieure (Pont-Rousseau)[Note 25], dans la Seine-Inférieure (Rouen)[Note 26] et en Vendée (Bourbon-Vendée)[Note 27]. Il fut de nouveau battu dans le 2e arrondissement de Paris le [Note 28], mais élu le dans le 6e[Note 29], où un siège avait été libéré par François Arago, qui avait opté pour Perpignan. Il fut ensuite successivement réélu le dans le 3e collège de la Seine-Inférieure (Rouen)[Note 30], le dans la même circonscription[Note 31].
Au long de ces législatures successives, Laffitte ne cessa de voter avec l'opposition dynastique et se montra très préoccupé de se faire pardonner le concours qu'il avait prêté, naguère, à l'établissement de la monarchie de Juillet. Il déclara : « Je demande pardon à Dieu et aux hommes d'avoir concouru à la révolution de Juillet. » Dans un banquet politique à Rouen, il dit aussi : « Si je fus le partisan le plus vrai de la royauté nouvelle, je ne suis pas cependant créancier de son élévation ; car dans une circonstance aussi grave, je ne vis que l'intérêt général »[1]. En 1844, président comme doyen d'âge à l'ouverture de la session parlementaire, il prononça un discours, troublé par les interruptions hostiles des centres, dans lequel il insistait sur la nécessité de tenir les « promesses » de la Révolution de Juillet.
De sérieux revers de fortune
Paradoxalement, l'arrivée au pouvoir de Louis-Philippe, que Laffitte avait tant désirée et tant contribué à préparer, marqua pour ce dernier le début d'une série de revers politiques et personnels.
La politique l'avait entraîné à des dépenses importantes. De plus, sa banque avait prêté à des industriels ou à des sociétés immobilières qui avaient fait faillite et n'avaient pu le rembourser. Pour tenter de rétablir ses affaires, il dut vendre au roi, pour dix millions (Alexandre Dumas parle de 8 millions dans ses Mémoires), sa forêt de Breteuil, l'un des joyaux de son patrimoine, mais malgré cela[Note 32], lorsqu'il quitta le gouvernement, il était quasiment ruiné et ses adversaires politiques raillaient « Jacques La Faillite », voulant voir dans son incapacité à gérer sa fortune celle de conduire le pays. Il se trouva dans l'obligation de liquider sa banque le . Il n'échappa à la faillite que grâce à une avance consentie par la Banque de France et garantie sur ses biens propres. Son épouse fut même amenée à vendre ses diamants.
L'avance dont il bénéficia lui donna un délai qui lui permit d'organiser la vente de son hôtel particulier parisien (1833), ainsi que d'une partie du parc de son domaine de Maisons[Note 33]. Son hôtel particulier lui fut conservé par une souscription nationale.
En 1833, il procéda au morcellement du grand parc du château de Maisons sur le modèle des lotissements paysagers anglais. Il fit de Maisons une ville composée de maisons de campagne acquises le plus souvent par des parisiens fortunés appartenant aux milieux des affaires et du spectacle et attirés par une importante campagne publicitaire. Laffitte fit démolir les écuries du château afin d'en récupérer les pierres pour la construction des villas du parc. Encouragé par son gendre le prince de la Moskowa et son neveu Charles Laffitte, il organisa à Maisons les premières courses de chevaux. La ville, appelée Maisons-sur-Seine jusqu'en 1882, prit d'ailleurs son déterminant complémentaire -Lafitte (substitué à -sur-Seine) officiellement après l'urbanisation du parc du château.
En 1836, sa liquidation terminée, il réussit à créer une nouvelle banque d'affaires au capital de 55 millions grâce au système de la commandite, la Caisse générale du commerce et de l'industrie[7] J. Laffitte et Cie, avec son frère Martin et Adolphe Lebaudy à ses côtés comme associés gérants. L'entreprise, destinée à financer le développement des entreprises industrielles, prototype des banques d'affaires qui prirent leur essor dans la seconde moitié du XIXe siècle, n'eut qu'un médiocre succès, et elle tomba tout à fait après la mort de Laffitte[Note 34]. Sa fortune, divisée par cinq à six, était alors estimée à 4 millions.
Jacques Laffitte mourut à Paris le , d'une affection pulmonaire, à l'âge de 77 ans. Plus de 20 000 personnes se pressèrent à ses obsèques. Des discours furent prononcés sur sa tombe par Pierre Laffitte, Arago, Garnier Pagès, Auguste-Théodore Visinet, Philippe Dupin et par un étudiant. Il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise (30e division)[8].
Résidences
- 1810 : 27, rue de Gramont, Paris (2e arrondissement)[9]
- 1815 : 9, puis 11, rue du Montblanc (redevenue en 1816 rue de la Chaussée-d'Antin), Paris (9e arrondissement)
- 1822 : hôtel de Laborde : 19 (aujourd'hui 27), rue d'Artois (devenue en 1830, de son vivant, la rue Laffitte), à l'angle de la rue de Provence, Paris (9e arrondissement)
Jugements
- « Il n'avait pas de grandes manières, mais des manières agréables, le ton posé et railleur d'un raisonneur de comédie, de la facilité en tout, plus de facilité que de bonté, une vanité que le moindre dépit rendait impertinente, et l'optimisme insouciant d'un homme gâté par la fortune. Il désarmait les juges les plus sévères par une bonhomie assez gracieuse ; mais il irritait les plus patients par sa fatuité et son étourderie. » (Charles de Rémusat)
- « S'il rappelle Necker par sa formation, son optimisme inébranlable et son ivresse de la popularité, Laffitte n'en a pas le recul et l'intelligence. » (Benoît Yvert, Op. cit., p. 97)
Œuvres
- Mémoires de Laffitte (1767-1844), publiés par Paul Duchon, Paris, Firmin-Didot, 1932.
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Notices d'autorité :
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- Ressource relative à la vie publique :
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- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Marc Allégret, « Jacques Laffitte », Revue du Souvenir Napoléonien, no 438, 2002, sur www.napoleon.org.
- Jacques Marec, « Jacques Laffitte, Banquier et homme politique (1767-1844) », Site de la Société des Amis du Château de Maisons.
- Notice biographique de Jacques Laffitte, extrait de l'ouvrage Les ministres des Finances de la Révolution française au Second Empire, Comité pour l'histoire économique et financière de la France, 2007, 624 p, (ISBN 978-2-11-094807-6).
Sources
- « Jacques Laffitte », dans Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891 [détail de l’édition].
- Benoît Yvert (dir.), Premiers ministres et présidents du Conseil depuis 1815. Histoire et dictionnaire raisonné, Paris, Perrin, 2002 - (ISBN 2-262-01354-3).
Bibliographie
- M. Brun, Le banquier Laffitte, Abbeville, F. Paillart, 1997.
- Benoît Yvert (s/dir.), Premiers ministres et présidents du Conseil. Histoire et dictionnaire raisonné des chefs du gouvernement en France (1815-2007), Paris, Perrin, 2007.
- Jacques Marec (s/dir.), Le Banquier Jacques Laffitte. 1767-1844, Actes du Colloque du à Maisons-Laffitte, Bulletin de la Société des amis du Château de Maisons, 2008, no 3.
Notes et références
Notes
- « Ce jour-là, dira-t-il, je crus posséder le Pérou. Mes petites dépenses bien ordonnées et toutes payées, il me restait 125 francs d'économies, 23 ans d'âge et le roi n'était pas mon cousin. ».
- Il s'agit alors d'un quartier de Paris.
- Les bases de la société seront modifiées en 1817, 1823 et 1827-1828, sous la même raison sociale Jacques Laffitte et Cie, le fils Perregaux reste dans la société.
- Fille de Jean-Baptiste Laeut, alors dit « ancien négociant et auparavant capitaine de navire » et de Madeleine Angélique Chambrelan, demeurant au Havre.
- Napoléon fit venir Laffitte à Malmaison le et lui fit compter cette somme par son caissier, Peyrusse. L'Empereur montra une telle confiance qu'il refusa la reconnaissance de dette que le banquier voulait lui signer. L'origine de cette somme n'est pas totalement éclaircie. D'après les Mémoires de Marchand : « Son désintéressement l’aurait laissé après Waterloo sans un centime, si des amis tels que les ducs de Vicence, de Bassano et le comte de Lavalette ne s’étaient occupés de réunir pour lui chez M. Laffitte quelques millions qui, six ans plus tard, servirent à établir les legs de son testament. » (Mémoires de Marchand, premier valet de chambre et exécuteur testamentaire de l’Empereur, Paris, Librairie Plon, 1952-1955, tome II, p. 16). La comtesse de Montholon indique qu’au départ de la Malmaison : « ce n’est qu’au dernier moment que l’Empereur, ou plutôt ceux qui l’entouraient, pensèrent à ce que l’on emporterait d’argent, d’argenterie, et qu’alors il ne se trouva déjà plus de disponible que les 6 millions qui étaient entre les mains de M. de la Bouillerie. Ils furent remis à M. Laffitte. On ne prit qu’un seul service d’argenterie, celui qui se trouvait sous la main. » (Souvenirs de Sainte-Hélène par la comtesse de Montholon 1815-1816, Paris, Émile Paul, 1901, pp. 20-21).
- 23, route des Gardes.
- Au coin de la place et de la rue Laffitte.
- 83 voix sur 113 votants et 216 inscrits.
- 3 866 voix sur 6 625 votants et 9 677 inscrits.
- 819 voix sur 1 299 votants et 1 477 inscrits contre 254 voix à M. de Bray.
- 698 voix contre 704 à M. Sanlot-Baguenault, élu.
- 85 voix sur 135 votants.
- 1 012 voix sur 1 152 votants contre 88 à Louis Perrée.
- 184 voix sur 303 votants et 366 inscrits.
- 88 voix sur 125 votants.
- À noter que Marmont était le gendre du banquier Perregaux, avec qui Laffitte avait fait ses débuts.
- Rentré à Paris la veille.
- Il évoque dans ses Mémoires « le roi, toujours assis à côté de moi, son bras passé sous mon bras, sa joue frisant ma joue pour maints secrets qu'il avait toujours à me dire à l'oreille » ; « mon avis avant tout et sur tout, on le prenait, et toujours, toujours il était suivi. Étais-je présente ? Qu'en dit M. Laffitte ? Étais-je absent ? Il faudra voir ce qu'en pense M. Laffitte ». Faisant allusion à la fête chrétienne des « saints Philippe et Jacques, apôtres et martyrs », traditionnellement célébrée le 1er mai, Louis-Philippe disait également que Philippe et Jacques étaient aussi unis sur la terre que dans le ciel.
- Dès le 4 novembre, il fait nommer Adolphe Thiers comme sous-secrétaire d'État aux Finances afin de l'assister dans la gestion quotidienne de son département ministériel. « Beaucoup y voient un aveu de faiblesse et une preuve de son incompétence, sanction de sa vanité. » (Benoît Yvert, Op. cit., p. 97.
- Armand Carrel disait que : « M. Laffitte a fait l'essai non pas d'un système, mais de l'absence de tout système, du gouvernement par abandon. » (cité par le Dictionnaire des parlementaires français).
- 137 voix sur 166 votants et 230 inscrits contre 13 à M. Faurie.
- 1 496 voix sur 1 839 votants.
- 57 voix contre 101 à M. Duséré, élu.
- 702 voix contre 920 au député sortant réélu, J. Lefebvre.
- 134 voix sur 210 votants et 363 inscrits contre 74 à M. Hennequin.
- 233 voix sur 465 votants et 537 inscrits contre 225 à M. Rondeaux.
- 118 voix sur 153 votants et 221 inscrits contre 27 au général Gourgaud.
- 1 095 voix contre 1 106 à J. Lefebvre, député sortant.
- 1 031 voix sur 1 322 votants et 1 577 inscrits contre 250 à M. Massé.
- 419 voix sur 710 votants.
- 425 voix sur 705 votants.
- Pour ne pas révéler au public l'embarras des affaires de Laffitte, il avait été convenu que la vente serait conclue sous seing privé, afin d'éviter la formalité de l'enregistrement. Mais Louis-Philippe, méfiant, a quand même fait enregistrer l'acte, ce qui a fait accourir les créanciers.
- C'est à partir de cette époque que l'appellation « Maisons-Laffitte » commence à être utilisée. Elle fut officialisée plus tard, en 1882.
- Alexandre Goüin la reprit et dut la liquider après les événements de 1848.
Références
- Dictionnaire des parlementaires français.
- Frédéric Preney-Declercq, Le complot du Bazar français : roman historique, Nantes, Normant Editions, , 444 p. (ISBN 2-915685-17-7), Page 48.
- Cour des pairs, Acte d'Accusation, Imprimerie de P. Didot, L'Ainé - Imprimeur du Roi et de la Chambre des pairs, .
- Olivier Pétré-Grenouilleau, Saint-Simon, L'utopie ou la raison en actes, Payot, p. 394.
- Michel Gaudart de Soulages, dictionnaire des francs-maçons français, Alabtros, p. 322
- Benoît Yvert, Op. cit., p. 97.
- « http://economix.u-paris10.fr/docs/9/schalck_RE.pdf »(Archive • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?).
- Jules Moiroux, Le cimetière du Père Lachaise, Paris, S. Mercadier, (lire en ligne), p. 210.
- Almanach impérial, 1810, p. 616.
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