Jacques Kosciusko-Morizet

Jacques Koscziusko[1] puis Kosciusko-Morizet, est un résistant, professeur d'université, diplomate et homme politique français, né le à Paris et mort le dans la même ville.

Pour les autres membres de la famille, voir Famille Kosciusko-Morizet.

Ne doit pas être confondu avec Jacques-Antoine Kosciusko-Morizet, son fils.

Biographie

Issu d'une famille d'origine juive polonaise dont l'ancêtre est arrivé en France sous Louis-Philippe[2], Jacques Kosciusko-Morizet est le fils d'un conducteur de travaux de la ville de Paris et d'une professeur de piano[3]. Il est normalien (promotion 1934 Lettres) et agrégé des lettres (1937)[4], professeur au lycée de Grenoble en 1941, au lycée Marcelin-Berthelot de Saint-Maur-des-Fossés en 1942 puis au lycée Buffon à Paris en 1943. Résistant au FN-FTP sous le pseudonyme de « capitaine Devillers », il commande en second l'insurrection de l'Hôtel de ville lors de la libération de Paris en sous les ordres de Roger Stéphane[5].

Il devient chef de cabinet du secrétaire général de la Préfecture de police et assistant à la faculté des lettres de Paris en 1944, puis professeur à l'université Columbia à New York en 1946.

Dans la Résistance, il avait utilisé le nom de son épouse, Marianne Morizet (fille d'André Morizet), et obtint, en 1965, l'autorisation légale de porter le patronyme de Kosciusko-Morizet[6].

Haut fonctionnaire

Il est directeur adjoint du cabinet de Léon Blum, président du gouvernement provisoire en 1946-1947, puis directeur du cabinet civil de Vincent Auriol, président de la République de 1947 à 1954[7].

Maître des requêtes au Conseil d'État en 1948, il est directeur de cabinet de Félix Houphouët-Boigny en 1956-1957.

Diplomate

À partir de 1957, il poursuit une carrière diplomatique au cours de laquelle il est délégué permanent de la France au Conseil de tutelle des Nations unies de 1957 à 1962, puis ambassadeur au Congo-Léopoldville entre 1963 et 1968[8]. Il tient à ce titre un rôle important dans les débuts de la « Françafrique », intervenant pour empêcher toute élection libre au Cameroun et permettre l'implantation d'un régime étroitement lié au gouvernement français[9]. Nommé ministre plénipotentiaire hors classe en 1968, il est directeur des affaires techniques et culturelles au secrétariat d'État à la Coopération entre février et décembre 1968[10], représentant permanent de la France au Conseil de l'Atlantique nord de 1968 à 1970, représentant permanent de la France aux Nations unies à New York entre 1970 et 1972[11], enfin ambassadeur de France aux États-Unis de 1972 à 1977[12]. Élevé à la dignité d'ambassadeur de France en 1977[13], il est admis à la retraite du corps diplomatique l'année suivante.

Carrière politique

Dans les années 1950 il est membre de l'UDSR de François Mitterrand[14],[15], c'est à ce titre qu'il devient directeur de cabinet de Félix Houphouët-Boigny (RDA-UDSR) en 1956[16] après avoir été, sans succès, tête de liste de l'UDSR dans la première circonscription de la Seine aux élections législatives de janvier 1956[17], en lice notamment contre les listes communiste (menée par Roger Garaudy), CNIP (Édouard Frédéric-Dupont), poujadiste (Jean-Marie Le Pen), radicale (Vincent de Moro-Giafferri, soutenu par Pierre Mendès-France malgré la demande de Mitterrand pour un soutien mendésiste à Kosciusko-Morizet), SFIO et MRP.

Il est élu conseiller municipal en 1959, puis maire de Saint-Nom-la-Bretèche à partir de 1977.

Entre 1983 et 1988 il a été secrétaire national du RPR pour les relations extérieures, puis entre 1988 et 1990 conseiller international auprès du président et du secrétaire général.

Autres activités

Il est président de l'Association France États-Unis en 1994, de la confédération européenne des anciens combattants entre 1981 et 1989, administrateur de Christian Dior entre 1981 et 1993 et président du conseil de surveillance de Louis Vuitton entre 1989 et 1992.

Il compte avec Jean Lecanuet, Georges Vedel et Jean-Paul Carteron parmi les fondateurs en 1989 du Forum de Crans-Montana[18].

Décorations

Famille

Il est le père de François Kosciusko-Morizet, ancien maire de Sèvres, et ainsi le grand-père de Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre des gouvernements Fillon, et de Pierre Kosciusko-Morizet, cofondateur de Priceminister.

Il est en outre le père de Jacques-Antoine Kosciusko-Morizet[N 1] qui a été directeur au Crédit lyonnais[21], auteur d'un essai en 1973, La Mafia polytechnicienne[22], et d’un ouvrage écrit en collaboration avec Jean Peyrelevade en 1975, La Mort du dollar[23].

C'est par décret en date du 26 janvier 1965 que les membres de la famille Kosciusko furent autorisés à s'appeler Kosciusko-Morizet[24].

Notes et références

Notes

  1. Jacques-Antoine Kosciusko-Morizet est polytechnicien[19],[20]. Il ne doit pas être confondu avec son père dont il porte le même prénom.

Références

  1. Selon l'état-civil de son fils déclaré à l'entrée de celui-ci à l'École polytechnique en 1960 ; pour effectuer ce constat, ouvrir la « Page d’accueil », sur le site de la bibliothèque de l’École polytechnique, Palaiseau (consulté le ), sélectionner l’onglet « Catalogues de la BCX → Famille polytechnicienne », effectuer la recherche sur « Koscziusko », résultat obtenu : « Koscziusko, François (X 1960) ».
  2. Jean-Louis Beaucarnot, Le Tout politique, ed. L'Archipel, 2011 (ISBN 978-2-8098-0566-6), p. 157 : « La tradition familiale veut aujourd’hui que les Kosciusko établis en France descendent [du] frère aîné [de Tadeusz Kościuszko (1746-1817)], prénommé Józef et qui avait hérité du manoir familial. Ils sont en réalité arrivés en France sous Louis-Philippe, avec Abraham Salomon Kościuszko, né en 1821 à Suwałki, en Pologne (alors annexée par la Russie), tout près de la frontière lituanienne. Cet ancêtre avéré n’était qu’un très modeste marchand juif, et sa femme, Janette Marx — juive de Lorraine, sans parenté avec Karl — était « marchande à la toilette », autrement dit revendeuse de vêtements d’occasion. »
  3. Marion Mourgue, Nathalie Kosciusko-Morizet, l'Affranchie, Pygmalion, 2014, p. 116.
  4. « Jacques Kosciusko-Morizet, Envoy, 81 », sur nytimes.com, The New York Times, (consulté le ).
  5. Olivier Philipponnat et Patrick Lienhardt, Roger Stéphane – Biographie, Paris, Grasset, coll. « Documents français », , 896 p. (ISBN 978-2-246-52909-5, lire en ligne).
  6. Marion Mourgue, Nathalie Kosciusko-Morizet – L'affranchie, Paris, Éditions Flammarion, coll. « Histoire secrète », , 320 p. (ISBN 978-2-7564-0802-6, lire en ligne).
  7. Noëlline Castagnez, « L’entourage de Vincent Auriol : au service d’une stratégie présidentialiste », Histoire@Politique. Politique, culture, société, no 8, mai-août 2009 [PDF].
  8. « Décret du M. Tanguy de Courson de la Villeneuve (en remplacement de M. Kosciusko-Moriset) en Congo-Kinshasa », Légifrance.
  9. Thomas Deltombe, Manuel Domergue et Jacob Tatsita, KAMERUN !, La Découverte,
  10. « Décret du 20 février 1968 portant nomination de M. Kosciusko-Morizet (Jacques) comme directeur des affaires techniques et culturelles au secrétariat d’État aux Affaires étrangères chargé de la coopération », Légifrance.
  11. « Décret du portant nomination de M. Jacques Kosciusko-Morizet représentant permanent de la France au Conseil de sécurité et chef de la mission permanente française près les Nations unies », Légifrance.
  12. « Liste chronologique des ambassadeurs - France in the United States / Embassy of France in Washington, D.C. », sur France in the United States / Embassy of France in Washington, D.C. (consulté le )
  13. « Décret du M. Kosciusko-Morizet est élevé à la dignité d'ambassadeur de France », Légifrance
  14. Pierre Brana, Joëlle Dusseau, Robert Lacoste (1898-1989) – De la Dordogne à l'Algérie, un socialiste devant l'histoire, L'Harmattan, 2010 (ISBN 978-2296120778), p. 172.
  15. Catherine Nay, Le Noir et le rouge - ou l'histoire d'une ambition, Paris, Grasset, 1984, 382 p. (ISBN 978-2-246-28191-7), p. 198 [lire en ligne sur l'édition au format Amazon Kindle].
  16. Éric Duhamel, L'UDSR ou La genèse de François Mitterrand, CNRS éditions, 2007 (ISBN 978-2271065032), p. 280.
  17. Éric Duhamel, François Mitterrand : l'unité d'un homme, Flammarion, 1998 (ISBN 978-2080672940), p. 142
  18. Présentation du Forum de Crans-Montana sur son site.
  19. De la promotion X1963, cf. « Fiche de Jacques Kosciusko-Morizet », sur le site de l’association des anciens élèves et diplômés de l'École polytechnique (l’AX), Paris (consulté le ) ; y est notamment indiqué le grade de Jacques Kosciusko-Morizet dans la fonction publique : « ingénieur en chef des ponts et chaussées retraité ».
  20. Ouvrir la « Page d’accueil », sur le site de la bibliothèque de l’École polytechnique, Palaiseau (consulté le ), sélectionner l’onglet « Catalogues » puis cliquer sur « Famille polytechnicienne », effectuer la recherche sur « Koscziusko » (bien noter que l’orthographe de son nom a été ultérieurement modifiée et qu'elle est toujours stockée sous son ancienne forme dans la base de la BCX), résultat obtenu : « Koscziusko, Jacques Antoine (X 1963) ».
  21. « Crédit lyonnais : Jacques Kosciusko-Morizet », sur www.lesechos.fr, Paris, Les Échos, (consulté le ).
  22. Jacques-Antoine Kosciusko-Morizet, La Mafia polytechnicienne, Paris, Seuil, coll. « Essais », , 192 p. (ISBN 978-2-02-002196-8 et 202002196X).
  23. Jacques-Antoine Kosciusko-Morizet et Jean Peyrelevade, La Mort du dollar, Paris, Seuil, , 237 p. (ASIN B0014MJQU8).
  24. Encyclopédie des changements de noms, période 1963-1982, par Emmanuel Ratier, Faits & Documents, 1995, page 187. Ce décret concerne : Jacques Achille Kosciusko (né en 1913), François Kosciusko (né en 1940), Marie Catherine Kosciusko (née en 1942) Jacques Antoine Kosciusko (né en 1943) et Martine Kosciusko (née en 1949)

Annexes

Archives

Les papiers personnels de Jacques Kosciusko-Morizet sont conservés aux Archives nationales sous la cote 582AP[A 1].

Liens externes

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