Gaston Eyskens

Le vicomte Gaston François Marie Eyskens est un homme politique belge né le à Lierre et décédé à Louvain le [1],[2],[3],[4].

Pour les articles homonymes, voir Eyskens.

Gaston Eyskens

Gaston Eyskens (1969)
Fonctions
Premier ministre de Belgique

(4 ans, 6 mois et 9 jours)
Monarque Baudouin
Gouvernement Eyskens IV et V
Coalition PSC - CVP - PSB
Prédécesseur Paul Vanden Boeynants
Successeur Edmond Leburton

(2 ans, 9 mois et 30 jours)
Monarque Baudouin
Gouvernement Eyskens II, III et III
Coalition PSC-CVP (1958)
PSC-CVP – Libéral (1958-1961)
Prédécesseur Achille van Acker
Successeur Théo Lefèvre

(9 mois et 28 jours)
Monarque Charles de Belgique (régent)
Léopold III (roi)
Gouvernement Eyskens I
Coalition PSC-CVP – Libéral
Prédécesseur Paul-Henri Spaak
Successeur Jean Duvieusart
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Lierre (Belgique)
Date de décès
Lieu de décès Louvain (Belgique)
Nationalité belge
Parti politique PSC-CVP
CVP
Conjoint Gilberte De Petter
Enfants Mark Eyskens
Erik Eyskens
Diplômé de Université catholique de Louvain
Profession Professeur d'université
Religion Catholicisme

Premiers ministres belges

Professeur à l'Université catholique de Louvain (1931), il commence sa carrière politique en tant que député du Parti catholique pour l'arrondissement de Louvain en 1939. Plusieurs fois ministre des Finances en 1945 puis en 1947 et une fois encore en 1965 (dans les gouvernements de Messieurs Achille van Acker, Paul-Henri Spaak et Pierre Harmel), il est nommé ministre d'État en 1963.

En 1949, pendant la Question royale, il forme son premier gouvernement en coalition avec les libéraux qui ne tient que jusqu'en 1950. Revenu à la tête d'un gouvernement en juin 1958, d'abord avec uniquement des membres du PSC-CVP puis à partir de novembre en coalition avec le Parti Libéral. Avec le Pacte scolaire, son gouvernement a jeté les bases de la paix en matière d'enseignement. Autres moments importants de sa carrière politique : les lois d'expansion de 1959 et l'indépendance du Congo le ., il remanie son gouvernement en septembre 1960 et à la suite des réactions négatives (notamment les grèves) contre la «Loi unique» qui font tomber son gouvernement en mars 1961. Entre 1968 et 1972, il est à nouveau Premier ministre, dans une coalition entre Sociaux-Chrétiens et Socialistes. Là, Il mena à bien le grand projet de révision de la Constitution. Tombé fin de l'année 1971 et après les élections législatives du 7 novembre 1971, il préside une dernière fois le gouvernement à partir entre le 21 janvier 1972 jusqu'au 22 novembre de la même année. Ce gouvernement a été contraint de s'incliner devant la polémique entourant l'article 3 (ancien article 107quater) de la Constitution (issu de la réforme de 1969-1971) et le problème de Fourons.

Le roi Baudouin lui a conféré le titre de vicomte (transmissible par ordre de primogéniture) le .

Biographie

Famille

Gaston Eyskens est le fils d’Antonius Frans Eyskens (1875-1948), représentant des ventes dans une entreprise familiale pour l’industrie textile, et de  Maria Voeten (1872-1960). En 1931, il se marie avec Gilberte De Petter (1902-1981) avec qui il aura deux enfants : Mark Eyskens, qui fut Premier ministre de Belgique du au et Erik Eyskens né à Louvain le et décédé en 2008[5].

Études et engagement politique

Il fit ses études secondaires à la Koninklijk Atheneum de Louvain,  où il ne suivait pas le cours de religion[6]. À dix-huit ans, à la fin de ses études secondaires, il se convertit au catholicisme[6], religion à laquelle il fut fidèle tout au long de sa vie[7]

En 1923 il passa le concours pour entreprendre des études de sciences commerciales et consulaires à la Katholieke Universiteit Leuven. Il suivit également des cours à la faculté de Sciences politiques et sociales[8].

Déjà étudiant, Gaston Eyskens vouait un grand intérêt pour la politique et en particulier, le mouvement flamand. Il était notamment membre de la Katholiek Vlaams Hoogstudentenverbond (KVHV). Il entra en tension avec l’épiscopat, qui était très peu porté sur la cause flamande, et aussi avec les organisations étudiants belgicisistes. Bien qu’il participait aux activités du KVHV, il n’était pas pour autant attiré par le nationalisme flamand. Il trouvait le volksnationalisme, le nationalisme populaire trop étroit et trop limité. Les questions qui intéressaient le plus Gaston quand il était étudiant étaient les problèmes internationaux et la coopération entre les peuples[9]

Gaston plaidait pour une paix universelle et soutenait l’idée d’une coopération européenne. Il y voyait un moyen pour l’Europe de devenir plus forte tant politiquement qu’économiquement. En 1926, vit le jour un mouvement paneuropéen dont Richard Coudenhove-Kalergi en était le fondateur. Eyskens devint l’un de ses adeptes. À la suite de ses préoccupations internationales, lors de ses études, il entra en contact avec l’Union Belge pour la Société des Nations. Il y rencontra par exemple Paul Struye et Henri Rolin[10].

C’est sur les instances d’Albert-Edouard Janssen (l’un de ses professeurs à la faculté, qui l’entrainera plus tard à Genève pour des négociations monétaires[6]) que Gaston fonda, à l’Université de Louvain, durant l’année académique de 1929, l’Association des étudiants flamands de la Société des Nations, dans laquelle il organisait principalement des conférences sur divers problèmes internationaux[10]. Au vu de son engagement considérable auprès de l’Union belge pour la Société des Nations, Albert-Edouard Janssen, en sa qualité de président de l’Union a fait de Gaston son secrétaire. À la suite de cela, Gaston eut l’occasion d’assister aux assemblées générales de la Société des Nations depuis la tribune, d’où il pouvait entendre les discours des ministres des Affaires étrangères[10]

En 1926, Gaston Eyskens fut sélectionné pour poursuivre ses études aux États-Unis, où il obtint le titre de Master of Science à la Colombia University de New York. De retour à Louvain, il poursuit ses études en sciences économiques et obtient le titre de doctorat en sciences commerciales en 1930. Un an après, il obtient également le titre de doctorat en sciences politiques et sociales. La même année, il devient assistant à l’Institut pour Sciences économiques et termine comme professeur à la Katholieke Universiteit Leuven en 1934 où il enseignera jusqu’en 1975[11].

Eyskens était également préoccupé par les problèmes sociaux. Il était membre du Cercles d’études sociales des étudiants flamands[10]. Dans le cadre de ce groupe d’étude, il prit connaissance de la « Vaarstraat », le quartier général du Mouvement ouvrier chrétien à Louvain[10]

En 1930, il fut d’autant plus engagé dans le mouvement ouvrier chrétien du fait de son activité parallèle d’enseignant à l’École sociale des travailleurs chrétiens. En apprenant à connaitre des élèves de conditions sociales différentes dans les villages flamands, il prit conscience de la nécessité d’établir un système social qui garantit de bonnes conditions de vie à un grand nombre d’individus. Gaston garda cette volonté tout au long de sa vie politique[10]

Il se ralliera au Christene Volkspartij – Parti Social-chrétien (C.V.P. - P.S.C.).

Débuts en politique

À la suite des élections législatives du , il entra dans le Mouvement ouvrier chrétien grâce à ses contacts. La même année, il se voit proposer la fonction de député suppléant de Louvain[12]. Gaston accepta la proposition malgré le fait que le recteur de l’UCLouvain lui avait demandé de choisir entre son investissement dans l’université et son entrée dans le Mouvement ouvrier[13]. Il devint ensuite président de l’Algemeen Christelijk Werknemersverbond (ACW) pour l’arrondissement de Louvain, membre du Conseil central national et du Comité national de l’ACW. Grâce à ses contacts dans ce mouvement, il put participer aux rencontres de l’Union internationale des chrétiens démocrates[13].

Eyskens fut d’abord nommé en chef de cabinet du ministre Philip Van Isacker au Travail et à la Prévoyance sociale[13]. Cependant, il ne resta que quelques mois au sein du cabinet de Van Isacker car le gouvernement de Brocqueville démissionna le [13].

Dans le gouvernement Theunis, Eyskens reste au Travail et à la Prévoyance sociale et il devint le chef de cabinet du ministre Edmond Rubbens[14].

En 1939, Eyskens devient représentant de la ville de Louvain, poste qu'il conservera jusqu'en 1965.

Seconde guerre mondiale[15]

Pendant l’entre-deux-guerres, il faisait déjà partie du monde politique. Il avait été nommé chef de cabinet du ministre du Travail, membre du Conseil supérieur des Finances et était professeur à l’UCLouvain[16]. Durant les élections législatives du , Eyskens avait été élu en tant que député pour l’arrondissement de Leuven. Il est également devenu secrétaire du « Katholieke Vlaamse Kamergroep ». 

Sous l’occupation allemande, Gaston Eyskens est resté en Belgique. Mais 15 jours avant l’invasion, il prit la route pour la France accompagné de sa famille[17]. À Limoges, il prit part à des réunions parlementaires[18]. Le , comme la plupart des membres du gouvernement, il vote la motion « flétrissant la capitulation dont Léopold III a pris l’initiative et dont il porte la responsabilité devant l’histoire »[18]. Plus tard, Eyskens regrettera ce choix. Il dira qu’il a été impressionné par les propos tenus à Wynendaele et que son choix s’explique également par la grande confiance qu’il avait en Pierlot. Après la guerre, Eyskens présentera ses excuses au Roi[19]. Il rentre en Belgique au mois de . Gaston Eyskens voudra reprendre son activité d’enseignant mais il en sera empêché. Il avait été interdit d’enseignement par les Allemands pendant deux ans[20]. Cependant, il ne fut suspendu que pour quelques mois[21]

Durant la Deuxième guerre mondiale, il a, entre autres, régulièrement pris part à des réunions clandestines avec des gens de confiance de l’ACW et a également participé discrètement à la Résistance. Il a eu notamment une longue discussion avec le Cardinal van Roey. Celui-ci confia à Eyskens la charge d’exercer son influence sur ses étudiants flamands afin d’éviter que ceux-ci penchent vers la collaboration[22]. A la fin de la guerre, il a, en outre, participé à de nombreuses réunions, toujours clandestines, ayant conduit à la fondation du Parti social chrétien (CVP-PSC)[22] et a collaboré à la préparation de réformes financières d’après-guerre comme « l’opération Gutt »[23].

Durant toute la Seconde Guerre mondiale, il a l’image d’un patriote irréductible[23]. Cette position peut s’expliquer par le fait que son père avait combattu, de son propre gré, durant la Première Guerre mondiale. Cet engagement, et la guerre en général, lui avait laissé une impression considérable. À la suite de cela, il garda une véritable haine du militarisme allemand[24]

En 1949, à la libération de la Belgique, il participera directement au pouvoir politique restauré[23]. Sa compétence en matière monétaire lui permettra d’obtenir le poste de Ministre des Finances durant le gouvernement Van Acker 1 ( 12.02.1945-02.08.1945)[25].

Ministre

Le , Gaston Eyskens est nommé Ministre des Finances au sein du Gouvernement Van Acker I, poste qu'il occupera jusqu'au . Il retrouve ce poste du au au sein des Gouvernements Spaak III & IV.

Il forme le le Gouvernement Gaston Eyskens I, coalition sociale-chrétienne/libérale qui durera jusqu'au . Il doit alors gérer la question du retour du roi Léopold III sur le trône.

À l'issue de son mandat de premier ministre, Eyskens devient Ministre des Affaires économiques au sein du Gouvernement Duvieusart (). L'alternance politique le fait alors entrer dans l'opposition.

Rappelé au poste de premier ministre, il compose le gouvernement Eyskens II le , gouvernement social-chrétien qui dure jusqu'au et qui sera suivi par le gouvernement Eyskens III, coalition sociale-chrétienne/libérale qui aura à gérer l'indépendance du Congo belge.

Ce gouvernement dure jusqu'au  ; à cette date, le gouvernement est remanié (gouvernement Eyskens III) et dure jusqu'au .

Eyskens devient ensuite Ministre des Finances du au au sein du Gouvernement Harmel.

Il forme ensuite les Gouvernements Gaston Eyskens IV (du au ) et Gouvernement Gaston Eyskens V (du au ). Ce dernier gouvernement signa la fin de sa carrière politique, il remit sa démission le .

Sénateur

Il est sénateur de Louvain de 1965 à 1973[26].

Blason de la famille Eyskens

Hommage

Gaston Eyskens fut un homme politique important en Belgique. Il traversa de grandes périodes de troubles: la Seconde Guerre mondiale, la Question royale, les grandes grèves d'hiver, l'indépendance du Congo belge, la fédéralisation de l'état belge, etc.

Après sa mort, de nombreuses personnes et institutions commencèrent à manifester un certain intérêt pour ses archives et sa documentation. Gaston Eyskens avait laissé une lettre à son fils lui demandant que ses écrits soient regroupés. C’est ainsi que virent le jour ses Mémoires[27]

Leo Tindemans, Herman Van der Wee, Robert Vandeputte et Pierre Harmel rendirent hommage à Eyskens en parcourant tout le long de sa vie politique, ses cinquante ans d’histoire économique et l’assainissement monétaire d’après-guerre[28], lors d’un colloque d’hommage organisé le à Bruxelles[29]

Pour son efficacité politique le roi Baudouin lui a conféré le titre de vicomte.

En 1963 il fut nommé ministre d'état[30].

Mandats gouvernementaux

Ministères 

Gaston Eyskens a été quatre fois ministre[31] :

  • Ministre des Finances : - au sein du Gouvernement Van Acker I
  • Ministre des Finances : - au sein des Gouvernements Spaak III & IV
  • Ministre des Affaires économiques : au sein du Gouvernement Duvieusart
  • Ministre des Finances : au sein du Gouvernement Harmel

Premier ministre

Gaston Eyskens a été cinq fois premier ministre de Belgique, à la tête de six gouvernements.

Gouvernement Gaston Eyskens I du au , coalition sociale-chrétienne/libérale;
La grande problématique de cette période fut celle de la Question royale. Quand les Américains délivrèrent le roi Léopold III, la question se posa de savoir si oui ou non il pourrait revenir sur le trône. Les socialistes étaient contre, les libéraux divisés et les catholiques étaient pour[32]. Gaston Eyskens, quant à lui, avait pris du recul et avait émis des réserves face à cette question. Il ne participa pas aux débats ayant lieu au parlement et se fit remarquer pour ses absences aux manifestations[33]. Même s’il n’était pas vraiment impliqué dans cette question, en tant que Premier ministre, il dû présider la consultation populaire sur la Question royale[34]. Pour Eyskens, la consultation serait favorable au retour du roi si celle-ci entrainerait un pourcentage raisonnable de votes positifs pour tout le pays. Au contraire, les libéraux exigeaient une majorité dans les trois régions du pays[35]. C’est en qualité de Premier ministre qu’Eyskens entreprit une consultation populaire. Le , 57,68% de la population se prononça pour le retour du roi[5]. Cependant ceci mit le conflit communautaire en exergue car la Flandre, étant majoritaire, était pour le retour du roi, alors que la Wallonie, minoritaire, était contre son retour. Ce conflit engendra la dissolution du parlement, ce qui donna lieu à des élections anticipées[36]
Gouvernement Gaston Eyskens II du au , social-chrétien;
Après quatre ans dans l’opposition, Eyskens revint au sein du gouvernement. Il est nommé formateur et appelé à former une nouvelle coalition. Majorité absolue au sein de la Chambre mais pas au Sénat. Sa tentative de former une coalition avec les socialistes et les libéraux se solde par un échec. Le , Eyskens décide donc de former un gouvernement PSC-CVP homogène[37]. La problématique centrale de ce gouvernement fut celle du Pacte scolaire. La Commission permanente du Pacte scolaire avait reçu l’ordre de transposer le contenu de ce pacte dans une loi. Cependant, un accord devait d’abord être conclu entre les trois grands partis. Des négociations aboutiront à cet accord le [38]. Le même jour, le gouvernement Eyskens II, annonce sa future démission. Le , Gaston Eyskens se retira pour laisser la place au ministre de l’instruction publique, Maurice Van Hemelrijck qui réussira à faire adopter le Pacte scolaire[39]. Simultanément, se forme un gouvernement PSC-Libéral. Le gouvernement Eyskens II ne durera donc que quelques mois[40]
Le Pacte scolaire fut approuvé par la Chambre le et par le Sénat le , date à laquelle il fut promulgué. Ce texte mentionna l’obligation pour l’état de créer des écoles neutres là où elles n’existaient pas encore. Pour que la population ait le choix entre l’enseignement catholique et celui de l’état[41]
Gouvernement Gaston Eyskens III du au , coalition sociale-chrétienne/libérale;
Création d’un gouvernement composé d’une coalition CVP-PSC/LP-PL: Eyskens-Lilar. Pendant son mandat, la politique fut d’abord axée sur l’économie du pays. Les crises wallonnes du charbon et les fermetures des mines furent la cause de grandes crises dans le Borinage en 1959. En Flandre également les ouvriers firent la grève pour protester contre la fermeture des entreprises de textile. En 1960 le climat s’apaisa avec le pacte social conclu le .
La question du Congo était une problématique majeure pour le gouvernement Eyskens[42]. Lors de son troisième mandat en tant que Premier ministre, il doit affronter cette problématique qu’il savait inévitable[43]. Eyskens avait souligné l’impératif de s’attarder sur l’avenir politique du Congo. Il décida alors d’entreprendre des changements radicaux concernant la politique coloniale. Le but final de ces réformes était d’atteindre l’indépendance totale vis-à-vis de la Belgique[44]. Plus tard, son gouvernement annonça qu’il prononcera, le , une déclaration primordiale pour l’avenir politique du Congo. S’en sont suivis des troubles sanglants à Léopoldville[44]. Les partis politiques belges exigèrent que la déclaration se fasse immédiatement pour mettre fin aux émeutes. Gaston Eyskens accepta cette requête[44]. La déclaration gouvernementale du acquit un poids conséquent à la suite des incidents de Léopoldville[44]. Gaston présenta la déclaration devant la Chambre. Son plus grand souhait était de mettre en place une démocratie qui mènerait vers l’indépendance[44]. Faisant partie du cabinet, Gaston Eyskens fut l’un des premiers à être informé du discours royal du et à en prendre la responsabilité politique[44]. Gaston Eyskens envisageait trois possibilités pour le gouvernement. La première solution consistait à installer une assemblée constituante. Selon lui, cette solution donnerait l’image d’une Belgique lâchant le Congo. La deuxième, était d’établir immédiatement un gouvernement congolais provisoire. La troisième possibilité était de respecter la déclaration du . Il opta pour cette dernière. Selon lui, l’indépendance devait être progressive[45].  Lors de la Table ronde du , Eyskens prononcera lui-même le discours d’ouverture[46]. On y fixa la date d’indépendance. Le lendemain, le roi convoqua le Conseil de la Couronne[46]. Eyskens prit la parole après le roi. Dans son discours, il mit l’accent sur le futur du Congo. Il rappela la nécessité de concrétiser les relations entre la Belgique et le Congo dans un traité[46]. Eyskens fut satisfait des résultats de la Table ronde[46]. Enfin, il précisa que le temps du colonialisme était définitivement passé[46]
Le Premier ministre congolais Patrice Lumumba signe la déclaration d'indépendance du Congo aux côtés du Premier ministre belge Gaston Eyskens
Il quitta la Belgique pour Léopoldville le afin d’assister aux cérémonies de l’indépendance[47]. Le jour suivant, il signe le Pacte d’amitié, d’assistance et de coopération entre la Belgique et le Congo. Puis il signe la déclaration d’indépendance du Congo, le 30 juin 1960. Il rentre en Belgique le jour même[47].
Les 6 et , des difficultés apparaissent au sein de la Force publique. Il dit « ce sont là de petites convulsions inévitables dans un jeune état »[47]. Plus tard, quand la situation s’envenimera, on lui reprochera vivement cette déclaration. Le , des incidents graves eurent lieu. Quand les violences éclatèrent, le gouvernement décida d’envoyer des renforts militaires. Il affirme que l’objectif de la Belgique n’était aucunement politique mais uniquement dans le but de sauver les ressortissants belges[48]. Cette décision fut fortement critiquée par les Nations Unies à tel point que le gouvernement Eyskens envisagea la démission. Sa position était considérablement affaiblie. Il opta finalement pour le maintien du gouvernement[49]
Gouvernement Gaston Eyskens III (remanié) du au , coalition sociale-chrétienne/libérale;
La loi d’expansion économique, de progrès social et de redressement financier, dite « loi unique », fit partie du plan d’assainissement budgétaire conduit par Gaston Eyskens dans les années 1960[50]. Cette loi fut le fruit de conversations entre Eyskens et  Vanaudenhove, van Houtte Van der Schueren, Vanden Boeynants[51]. Elle amena Gaston à lutter sur plusieurs fronts : contre les libéraux et les catholiques qui étaient contre le précompte sur les revenus mobiliers à l’impôt[51] et contre les socialistes qui ont provoqué les grandes grèves d’hiver de 1960-1961[52]. La loi unique fut votée malgré une période de grèves qui dura plus d’un mois[53]. Le gouvernement Eyskens III (remanié) tint bon. Lors des élections du le CVP connu une grave défaite[54], ce qui sonna la fin du gouvernement Eyskens.
Gouvernement Gaston Eyskens IV du au , coalition sociale-chrétienne/socialiste;
Le gouvernement social-chrétien-socialiste de Gaston Eyskens jugea qu’il était temps de mettre fin aux affrontements communautaires par des réformes institutionnelles[55]. Déjà à la fin des années 1970, Eyskens réussit à faire voter une réforme constitutionnelle en obtenant l’appui de l’opposition libérale. Cette réforme créa quatre régions linguistiques en Belgique[55], mais il voulait aller plus loin. Celui-ci voulait mettre fin à l'État unitaire en créant trois régions[34]. À cette occasion, il créa le « groupe des 28 ». Le « groupe des 28 » n’étant rien d’autre que les partis politiques rassemblés, se réunissant au sein d’un groupe de travail sur la demande de Gaston Eyskens. On y aboutit à d'amples arrangements, mais la question du statut de Bruxelles et des communes de la périphérie posait toujours problème[56]. Le projet de la révision pouvait se résumer dans cette formule attribuée à Gaston Eyskens :  « La Belgique de papa a vécu »[56].  Le 14 février 1970, le Premier ministre Gaston Eyskens put tenir son célèbre discours à la Chambre des représentants : « l’État unitaire, tel que les lois le régissent encore dans ses structures et dans son fonctionnement est dépassé par les faits. Les Communautés et les Régions doivent prendre leur place dans les structures rénovées de l’État, mieux adaptées aux situations spécifiques du pays »[57]
Durant cette période il réussit tant bien que mal à mener à bien la révision de la constitution de 1970 qui créa trois régions en Belgique[58] : la Région flamande, la Région wallonne et la Région de Bruxelles-Capitale[2].A la demande du Gouvernement, le Parlement fut dissous huit mois avant la date des élections. Eyskens attribua cette dissolution anticipée à la crise monétaire, au chômage qui ne cessait d’augmenter et aux problèmes des Fourons[59].
Gouvernement Gaston Eyskens V du au , coalition sociale-chrétienne/socialiste
La difficulté résida ici en l’application de l’article 3 de la Constitution. La difficulté était l’attribution des compétences à ces Régions, surtout en ce qui concerne Bruxelles. L’éparpillement des forces politiques rendit cette problématique encore plus difficile à résoudre[55]. Les socialistes ne voulaient pas travailler avec les libéraux. Mais la véritable source du problème était encore une fois, les problèmes communautaires[60]. Eyskens ne parvint pas à un compromis. Ces difficultés prirent une telle ampleur que Gaston Eyskens prit la décision de présenter la démission de son gouvernement au Roi. Le 22 novembre 1972[61], il annonça qu’il quittait définitivement la vie politique[62]

Galerie

Références

  1. Gaston Eyskens, Mémoires, Bruxelles, CRISP, , 1267 p., p. 21
  2. Thierry Denoël et Jacques Laruelle, Le nouveau dictionnaire des Belges, Bruxelles, Le Cri/Legrain/RTBF, , 802 p., p. 285
  3. (nl-BE) Rik Decan, Wie is wie in Vlaanderen? 1985-1999, Bruxelles, Uitgeverij BRD, , p. 505
  4. (nl-BE) Paul Van Molle, Het Belgisch Parlement 1894-1969, Ledeberg, Erasmus, , p. 142
  5. H. Gaus, Politiek biografisch lexicon: Belgische ministers en staatssecretarissen 1960-1980, Antwerpen, Standaard Uitgeverij, 1989, p.422
  6. Jacques Hislaire, Gaston Eyskens, le scepticisme qui soulève les montagnes, Bruxelles, Labor, , 157 p., p. 24-25
  7. Gaston Eyskens, Mémoires, Bruxelles, CRISP, , 1267 p., p. 8
  8. G. Eyskens, Mémoires, Bruxelles, CRISP, 2012, p.26.
  9. Gaston Eyskens, Mémoires, Bruxelles, CRISP, , 1267 p., p. 32
  10. Gaston Eyskens, Mémoires, Bruxelles, CRISP, , 1267 p., p. 34-36
  11. H. Gaus, Politiek biografisch lexicon: Belgische ministers en staatssecretarissen 1960-1980, Antwerpen, Standaard Uitgeverij, 1989, p.425
  12. Jacques Hislaire, Gaston Eyskens, le scepticisme qui soulève les montagnes, Bruxelles, Labor, , 157 p., p. 27
  13. Gaston Eyskens, Mémoires, Bruxelles, CRISP, , 1267 p., p. 38-40
  14. H. Gaus, Politiek biografisch lexicon: Belgische ministers en staatssecretarissen 1960-1980, op. cit., p. 419.
  15. (nl-BE) Helmut Gaus, Politiek biografisch lexicon, Anvers, Standaard Uitgeverij,
  16. Jacques Hislaire, Gaston Eyskens, le scepticisme qui soulève les montagnes, Bruxelles, Labor, , 157 p., p. 15
  17. « Les archives de l'État en Belgique, Eyskens, Gaston », sur search.arch.be (consulté le )
  18. Jacques Hislaire, Gaston Eyskens, le scepticisme qui soulève les montagnes, Bruxelles, Labor, , 157 p., p. 34
  19. Vincent Dujardin et Pierre Harmel, Belgique 1949-1950 : entre Régence et Royauté, Bruxelles, Racine, , 207 p., p. 33
  20. Jacques Hislaire, Gaston Eyskens, le scepticisme qui soulève les montagnes, Bruxelles, Labor, , 157 p., p. 35
  21. Gaston Eyskens, Mémoires, Bruxelles, CRISP, , 1267 p., p. 129
  22. Vincent Dujardin et Pierre Harmel, Belgique 1949-1950 : entre Régence et Royauté, Bruxelles, Racine, , 207 p., p. 34
  23. Jacques Hislaire, Gaston Eyskens, le scepticisme qui soulève les montagnes, Bruxelles, Labor, , 157 p., p. 37
  24. Gaston Eyskens, Mémoires, Bruxelles, CRISP, , 1267 p., p. 131
  25. Noel de Winter, Elections et gouvernements : éléments de l'histoire politique de la Belgique, Bruxelles, Créadif, , 239 p., p. 124
  26. https://www.vlaamsparlement.be/vlaamse-volksvertegenwoordigers/2374 ; T. Denoël, J. Laruelle, Le nouveau dictionnaire des Belges, op cit., p. 285.
  27. Gaston Eyskens, Mémoires, Bruxelles, CRISP, , 1267 p., p. 12
  28. Robert Vandeputte, Leo Tindemans, Herman Van der Wee, Gaston Eyskens, Albert Coppé, Gaston Eyskens 80, actes du colloque organisé le 22 juin 1985 à Bruxelles, Tielt, Lannoo, , 187 p., p. 16
  29. Robert Vandeputte, Leo Tindemans,Herman Van der Wee,Gaston Eyskens, Albert Coppé, Gaston Eyskens 80, actes du colloque organisé le 22 juin 1985 à Bruxelles, Tielt, Lannoo, , 187 p., p. 7
  30. « Premier ministre de Belgique », sur Premier.be (consulté le )
  31. https://www.vlaamsparlement.be/vlaamse-volksvertegenwoordigers/2374 ; Liste des gouvernements de la Belgique ; T. Denoël, J. Laruelle, Le nouveau dictionnaire des Belges, op cit., p. 285.
  32. M. Van den Wijngaert, Ontstaan en stichting van de CVP-PSC : de lange weg naar het kerstprogramma, Antwerpen, De Nederlandsche Boekhandel, 1976, p. 37.
  33. Gaston Eyskens, Mémoires, Bruxelles, CRISP, , 1267 p., p. 1240
  34. Georges-Henri Dumont, Chronologie de la Belgique de 1830 à nos jours, Bruxelles, Le Cri, , 334 p., p. 246
  35. Pascal Delwit, La vie politique en Belgique de 1830 à nos jours, Bruxelles, Editions de l'Université de Bruxelles, , 360 p., p. 140
  36. Robert Gillet, 150 ans de vie politique, Bruxelles, Paul Legrain, , 103 p., p. 62
  37. Noel de Winter, Elections et gouvernements : éléments de l'histoire politique de la Belgique, Bruxelles, Créadif, , 239 p., p. 142
  38. Noel de Winter, Elections et gouvernements : éléments de l'histoire politique de la Belgique, Bruxelles, Créadif, , 239 p., p. 143
  39. Georges-Henri Dumont, Chronologie de la Belgique de 1830 à nos jours, Bruxelles, Le Cri, , 334 p., p. 259
  40. « Gaston Eyskens. Exercices du pouvoir et traversées du désert », sur cairn.info, (consulté le )
  41. (nl-BE) Helmut Gaus, Politiek biografisch lexicon : Belgische ministers en staatssecretarissen 1960-1980, Anvers, Standaard Uitgeverij, , p. 425
  42. Robert Vandeputte, Leo Tindemans, Herman Van der Wee, Gaston Eyskens, Albert Coppé, Gaston Eyskens 80, actes du colloque organisé le 22 juin 1985 à Bruxelles, Tielt, Lannoo, , 187 p., p. 39
  43. Gaston Eyskens, Mémoires, Bruxelles, CRISP, , 1267 p., p. 647
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  50. Pascal Delwit, La vie politique en Belgique de 1830 à nos jours, Bruxelles, Editions de l'Université de Bruxelles, , 360 p., p. 148
  51. Jacques Hislaire, Gaston Eyskens, le scepticisme qui soulève les montagnes, Bruxelles, Labor, , 157 p., p. 88-89
  52. H. Gaus, Politiek biografisch lexicon: Belgische ministers en staatssecretarissen 1960-1980, op cit., p. 426-427.
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  55. Georges-Henri Dumont, Chronologie de la Belgique de 1830 à nos jours, Bruxelles, Le Cri, , 334 p., p. 271-273
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  58. Const., art. 3.
  59. Henri Lemaitre, Les gouvernements belges de 1968 à 1980 : processus de crise, Stavelot, Chauveheid, , 391 p., p. 102
  60. Noel de Winter, Elections et gouvernements : éléments de l'histoire politique de la Belgique, Bruxelles, Créadif, , 239 p., p. 168
  61. (nl-BE) Helmut Gaus, Politiek biografisch lexicon : Belgische ministers en staatssecretarissen 1960-1980, Anvers, Standaard Uitgeverij, , p. 434
  62. Henri Lemaitre, Les gouvernements belges de 1968 à 1980 : processus de crise, Stavelot, Chauveheid, , 391 p., p. 98

Bibliographie

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  • Pascal Delwit, La vie politique en Belgique de 1830 à nos jours, Bruxelles, Éditions de l'Université de Bruxelles, 2009.
  • Denoël (T.) et Laruelle (J.), Le nouveau dictionnaire des Belges, Bruxelles, Le Cri / Legrain / RTBF, 1992.
  • De Winter (N.), Élections et gouvernements : éléments de l'histoire politique de la Belgique, Bruxelles, Créadif, 1991.
  • Dujardin (V.) et Harmel (P.), Belgique 1949-1950 : entre Régence et Royauté, Bruxelles, Racine, 1995.
  • Dumont (G.-H.), Chronologie de la Belgique de 1830 à nos jours, Bruxelles, Le Cri, 2005.
  • Eyskens (G.), Mémoires, Bruxelles, CRISP, 2012.
  • Gaus (H.), Politiek biografisch lexicon: Belgische ministers en staatssecretarissen 1960-1980, Antwerpen, Standaard Uitgeverij, 1989.
  • Gillet (R.), 150 ans de vie politique, Bruxelles, Paul Legrain, 1979.
  • Hislaire (J.), Gaston Eyskens, le scepticisme qui soulève les montagnes, Bruxelles, Labor, 1971.
  • Lemaitre (H.), Les gouvernements belges de 1968 à 1980 : processus de crise, Stavelot, Chauveheid, 1982.
  • Vandeputte (R.), Tindemans (L.), Van der Wee (H.), Eyskens (G.), Coppé (A.), Gaston Eyskens 80, actes du colloque organisé le à Bruxelles, Tielt, Lannoo, 1985.
  • Van den Wijngaert (M.), Ontstaan en stichting van de CVP-PSC : de lange weg naar het kerstprogramma, Antwerpen, De Nederlandsche Boekhandel, 1976.
  • Van Molle (P.), Het belgisch parlement 1894-1969, Ledeberg, Erasmus, 1969.

Liens externes

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