Fourons

Fourons ou les Fourons (en néerlandais Voeren, en allemand Fuhren, en limbourgeois Voere, en wallon Foron) est une commune néerlandophone à facilités de Belgique située en Région flamande dans la province de Limbourg.

Fourons
(nl) Voeren

Une rue de Teuven

Héraldique

Drapeau
Administration
Pays Belgique
Région  Région flamande
Communauté  Communauté flamande
Province  Province de Limbourg
Arrondissement Tongres
Bourgmestre Joris Gaens (Voerbelangen) N-VA
(2020-24)
Majorité Voerbelangen (2001-24)
Sièges
Voerbelangen
Retour à Liège
15 (2013-24)
10
5
Section Code postal
Fouron-le-Comte
Fouron-Saint-Martin
Fouron-Saint-Pierre
Mouland
Rémersdael
Teuven
3798
3790
3792
3790
3791
3793
Code INS 73109
Zone téléphonique 04
Démographie
Gentilé Fouronnais(e)[1]
Population
– Hommes
– Femmes
Densité
4 160 ()
50,55 %
49,45 %
82 hab./km2
Pyramide des âges
– 0–17 ans
– 18–64 ans
– 65 ans et +
()
19,97 %
62,13 %
17,90 %
Étrangers 25,65 % ()
Taux de chômage 5,36 % (octobre 2013)
Revenu annuel moyen 12 099 €/hab. (2011)
Géographie
Coordonnées 50° 45′ nord, 5° 45′ est
Superficie
– Surface agricole
– Bois
– Terrains bâtis
– Divers
50,63 km2 (2005)
73,74 %
17,60 %
7,89 %
0,77 %
Localisation

Situation de la commune dans l’arrondissement de Tongres et la province de Limbourg
Géolocalisation sur la carte : Belgique
Fourons
Géolocalisation sur la carte : Belgique
Fourons
Liens
Site officiel fourons.be

    Elle dispose du statut de commune à facilités pour sa population francophone, comme c'est le cas pour une vingtaine d'autres communes belges[2].

    Il y a environ 4 000 habitants dans la commune, dont environ 39 % de francophones (c'est une estimation, car il n'y a pas eu de recensement linguistique depuis des décennies).[réf. nécessaire]

    Sa superficie est de 50 km2.

    Bien que faisant partie de la province de Limbourg, en qualité d'exclave limitrophe (le long de sa frontière nord) des Pays-Bas et enclavée en Région wallonne (frontalière du sud de la commune), elle est donc territorialement séparée du reste du Limbourg flamand par son homologue néerlandais et, nationalement, la pointe septentrionale de la province de Liège.

    Elle est la seule partie de la province du Limbourg flamand se trouvant sur la rive droite de la Meuse, « Outre Meuse ».

    Histoire

    Du point de vue historique, tout le long du Moyen Âge et jusqu'à la fin de la Trêve de douze ans en 1661, Mouland, Fouron-le-Comte et Fouron-Saint-Martin faisaient partie du Comté de Dalhem avant d'être intégrés au Provinces-Unies. Fouron-Saint-Pierre était une terre libre d'Empire appartenant à l'ordre Teutonique, et ce jusqu'en 1795 et son intégration par la France révolutionnaire au département de l'Ourthe. Teuven et Rémersdael étaient terre du Duché de Limbourg avant d'être aussi intégrés en 1795 au département de l'Ourthe. Pour rappel, le territoire de ce duché n'est pas celui de la province belge actuelle du Limbourg qui elle, excepté une partie des Fourons, faisait partie alors de la Principauté de Liège.

    Voir aussi Voerstreek (historisch-politieke achtergronden) (néerlandais).

    Problèmes linguistiques

    Historiquement, les habitants parlaient la langue locale, un dialecte limbourgeois connu localement sous le nom de Platdütsch. Ce dialecte, qui est également parlé dans les communes wallonnes voisines (de) (Baelen, Plombière et Welkenraedt), a été reconnu en 1990 par la Communauté Française[3].

    La langue administrative en vigueur depuis l'instauration de l'État belge en 1830 fut le français[4].

    Au cours du XXe siècle, les habitants adoptèrent progressivement soit le néerlandais, soit le français.

    En 1962, les travaux de la commission ont abouti à la loi sur la fixation de la frontière linguistique proposée par le ministre de l'Intérieur, Arthur Gilson, selon laquelle les Fourons seraient officiellement néerlandophone avec facilités linguistiques pour la communauté francophone, mais resterait une partie de la province francophone de Liège. La même solution a été proposée pour les communes de Mouscron et Comines-Warneton où les municipalités resteraient une partie de la province néerlandophone de Flandre-Occidentale mais deviendraient des municipalités francophones avec des facilités pour les néerlandophones[5],[6].

    Après un débat acharné au Parlement, cette proposition de loi a été approuvée, mais sous réserve de l'amendement selon lequel Mouscron et Comines-Warneton ferait partie de la province francophone du Hainaut et Fourons ferait partie de la province néerlandophone du Limbourg. Cet amendement a été introduit par l'homme politique socialiste Wallon et ancien bourgmestre de Liège Paul Gruselin qui voulait transférer les villes flamandes à majorité francophone Comines-Warneton et Mouscron à la province wallonne du Hainaut et a proposé de transférer la région des Fourons à la province néerlandophone du Limbourg à titre de compensation[7],[8],[6].

    Pour comprendre cette réaction spontanée des socialistes liégeois et mouscronnois, il faut tenir compte du fait que tout le monde ou presque, à l'époque, considérait que l'on parlait un patois néerlandophone dans les Fourons et que, par conséquent, leurs habitants accepteraient volontiers ce changement. Si donc, il y a eu échange, ce n'est qu'au niveau des principes, puisque les 75 000 habitants de Mouscron-Comines apportaient un siège de député tandis que les 4 000 habitants des Fourons étaient loin d'en valoir autant[6].

    Ce passage de Liège au Limbourg a été mal accueilli par de nombreux habitants en raison de la dépendance de la région vis-à-vis de Liège. Les francophones, en particulier, font campagne pour que la région revienne à la province de Liège[9]. Tout comme à Comines-Warneton et Mouscron où une grande majorité souhaite rester avec la Province de Flandre-Occidentale [10] ou à tout le moins devenir une nouvelle province francophone avec la ville de Tournai , le Tournaisis, parce qu'ils s'identifient comme des Flamands francisés, ayant partagé une histoire avec les autres régions de l'ancien Comté de Flandre et se sentant culturellement plus proches de la Flandre française que la Province de Hainaut[11].

    En 1963 la commune des Fourons a été rattachée à la province flamande du Limbourg [6] à la suite de la fixation définitive de la frontière linguistique en Belgique cette même année.

    Bien que les recensements ne soient plus organisés en Belgique depuis 1947, on peut réaliser une estimation via les élections communales et du CPAS.

    Évolution des résultats des élections communales dans les Fourons[12],[13],[14]
    Année Voerbelangen (VB)  % Sièges Retour à Liège  % Sièges Électeurs présents Nuls ou blancs
    1976 998 36,99 5 1699 63,01 10 2750 53
    1982 1034 36,37 5 1739 61,17 10 2843 70
    1988 1083 39,07 6 1610 58,08 9 2772 79
    1988 (CPAS) 1080 38,96 3 1523 54,94 6 2772 79
    1994 1129 42,96 7 1398 53,20 8 2628 101
    1994 (CPAS) 1147 43,64 4 1295 49,27 5 2628 186
    2000 1604 51,25 8 1433 45,78 7 3130 93
    2000 (CPAS) 1140 44,25 4 1328 51,55 5 2576 108
    2006 1898 59,52 9 1226 38,44 6 3189 65
    2006 (CPAS) 1233 49,67 5 1164 46,90 4 2482 85
    2012 1866 63 10 1095 37 5
    2012 (CPAS) 1184 52,9 5 1053 47,1 4
    2018 1838 63,1 10 1075 36,9 5 3024 111
    2018 (CPAS) 1182 53,4 5 1033 46,6 4 2340 125

    Aux élections communales, la majorité francophone avait coutume de l'emporter, ce qui provoquait des tensions régulières avec le pouvoir provincial néerlandophone de tutelle (la commune dépend de la province de Limbourg depuis le ) et la minorité néerlandophone ; les querelles remontaient parfois au sommet puisque c’est le problème de José Happart qui a causé la chute du sixième gouvernement Martens le .[réf. souhaitée] Il avait gagné les élections communales et avait été proposé comme bourgmestre. Mais ne connaissant pas le néerlandais, sa nomination dans une commune flamande a été annulée par le Conseil d'Etat qui, au travers d'une interprétation juridiquement douteuse de l'article 4 de la constitution belge, proclamant l'existence de régions linguistiques et malgré l'avis de la population des Fourons, considérait la connaissance du néerlandais comme essentielle. C’est Nico Droeven, membre du même parti que Happart mais qui connaissait le néerlandais, qui a obtenu le poste. José Smeets lui succéda en 1994.[réf. souhaitée]

    Panneau indicateur dont les mentions en néerlandais sont vandalisées

    Lors des élections communales du 8 octobre 2000, c’est le parti flamand qui a gagné d’un siège sur le parti wallon « Retour à Liège » grâce aux voix des Fouronnais de la communauté néerlandaise. Cependant, aux élections pour le Centre public d'action sociale (CPAS/OCMW) de la même année, « Retour à Liège » a conservé la majorité du fait que pour ce vote les Néerlandais ne pouvaient participer alors que, pour les municipales, le droit de vote actif et passif avait été accordé pour la première fois aux citoyens des autres États membres de l’UE habitant dans la commune. Dans le cas des Fourons il s’agissait surtout de Néerlandais qui, en raison de leurs affinités linguistiques ont voté pour le parti flamand. Il a fallu cependant plus de six mois avant que Huub Broers pût devenir le premier bourgmestre flamand des Fourons. Les membres du parti Retour à Liège voulaient faire reconnaître l’invalidité des élections du fait que le Marnixring (association d’activistes flamingants) avait cherché à influencer les élections en distribuant des petits cadeaux aux Néerlandais parmi lesquels un abonnement gratuit au quotidien Het Belang van Limburg. C’est une interview avec Bep Mergelsberg dans le quotidien néerlandais De Limburger qui l’a révélé.

    Aux élections communales de 2006 les néerlandophones ont fortifié leur majorité récente avec 60,8 % des voix contre 39,2 % pour les francophones. Ces chiffres semblent montrer que la liste Voerbelangen attire une partie des voix francophones. Le nombre des Néerlandais a aussi augmenté jusque 26 % et les jeunes francophones se cherchent de plus en plus des maisons dans les villages voisins.

    En 2006 la représentation des Belges francophones dans les Fourons à un peu plus de 46 % des habitants belges fouronnais (voir tableau ci-dessous, élections du CPAS 2006) et un peu moins de 39 % des habitants en totalité (voir tableau ci-dessous, élections communales 2006). Comme avant la détermination officielle de la frontière linguistique (1963), le territoire appartenait à la province de Liège, la population locale parlait le dialecte limbourgeois mais avait coutume d’employer le français en parlant avec des francophones et le néerlandais en parlant avec des néerlandophones.[réf. nécessaire] En 1963, les Fouronnais maniaient généralement quatre langues (limbourgeois-néerlandais-français-allemand).[réf. nécessaire] En 2007, on parle néerlandais, français ou limbourgeois. Du côté des francophones, seules les personnes de plus de 45 ans parlent encore en limbourgeois.[réf. nécessaire] Le limbourgeois ne se transmet plus aux jeunes « francophones » malgré le fait que la majorité de cette jeunesse francophone est de souche pure limbourgeoise et porte des noms limbourgeois. Du côté des néerlandophones, une partie de la jeunesse se parle encore en limbourgeois, au vu de la migration de Flamands d'autres provinces et de Néerlandais.[réf. nécessaire]

    En 2018, Carles Puigdemont donne son soutien aux francophones des Fourons[15]. Aux élections de 2018 pour la première fois, il n'y a pas de baisse de résultats de la liste francophones[16] qui obtient environ 37% au conseil communal[14] et 47% au conseil du CPAS[13].

    Localités

    La commune comprend les six anciennes communes suivantes, dites « des » Fourons :

    Géographie

    Le territoire se confond avec la vallée de la Voer, qui se jette en rive droite de la Meuse à Eijsden (Maastricht, Pays-Bas).

    La commune est entourée de communes de la province de Liège (Visé au sud et à l'ouest, Dalhem et Aubel au sud, et Plombières à l'est), sauf au nord où passe la frontière néerlandaise.

    Communes limitrophes des Fourons
    Eijsden-Margraten (NL) Gulpen-Wittem (NL)
    Visé Plombières
    Visé

    Héraldique

    La commune possède des armoiries qui lui ont été octroyées le 9 décembre 1988. Ce sont celles du Brabant-Limbourg, déjà utilisées par Fouron-le-Comte mais dans le bon ordre et avec le lion à deux queues du Limbourg. La majeure partie de la commune actuelle faisait historiquement partie des duchés de Brabant et du Limbourg.
    Blasonnement : Écartelé au premier et quatrième d'argent, au lion de gueules, armé et couronné d'or,qui est de Limbourg; au deuxième et au troisième de sable, au lion d'or, armé et lampassé de gueules qui est de Brabant.
    Source du blasonnement : Heraldy of the World[17].

    Démographie

    La commune comptait, au , 4 136 habitants (2 074 hommes et 2 062 femmes)[18], soit une densité de 81,69 habitants/km² pour une superficie de 50,63 km2.

    Les chiffres des années 1846, 1900 et 1947 tiennent compte des chiffres des anciennes communes fusionnées.

    Personnalités

    Personnalités nées aux Fourons

    Personnalités liées aux Fourons

    Notes

    1. Jean Germain, Guide des gentilés : les noms des habitants en Communauté française de Belgique, Bruxelles, Ministère de la Communauté française, (lire en ligne), p. 96.
    2. « Communes à facilités », sur www.axl.cefan.ulaval.ca (consulté le )
    3. « Langues régionales endogènes », sur www.languesregionales.cfwb.be, (consulté le )
    4. « Flamands et Wallons - Le mouvement flamand », sur www.histoire-des-belges.be (consulté le )
    5. « Facilités: Gilson aux côtés des maïeurs rebelles En 1962-63, les Flamands ne parlaient pas de facilités temporaires Les Fourons, c'était pas moi! André Cools l'a reconnu... », sur Le Soir (consulté le )
    6. « Communautaire - Il y a quarante ans, la Belgique se réveillait divisée en deux par un « mur de betteraves » L'unique frontière sans douane La victoire du droit du sol La légende de la trahison socialiste », sur lesoir.be, (consulté le )
    7. « Chambre des représentants de Belgique - Session du 1er juillet 1987 - plenum.be », sur sites.google.com (consulté le )
    8. Documents parlementaires, Chambre des représentants de Belgique 1961-1962, nr. 194/7 (PDF) p 25 (FR et NL)
    9. « 18e Fête de la Jeunesse Jurassienne », conférence de Jean-Louis Xhonneux, secrétaire général de l'Action fouronnaise, Porrentruy, 12 juin 1982 : « Si l'on additionne les abstentions aux votes exprimés en faveur du Limbourg, on obtient la proportion : 64, 5 % pour le régime français avec facilités pour le néerlandais, 35,5 % pour le régime inverse. »
    10. Documents parlementaires, Chambre des représentants de Belgique 1961-1962, nr. 194/7 (PDF) p 5 (FR et NL)
    11. Documents parlementaires, Chambre des représentants de Belgique 1961-1962, nr. 194/7 (PDF) p 23 (FR et NL)
    12. Jean-Louis XHONNEUX, « FOURONS RETOUR A LIEGE, FOURONS, commune contestée à la frontière de la francité. », Retour à Liège, (consulté le )
    13. « Carles Puigdemont, l’ami de la N-VA, aux côtés des Fouronnais... francophones », L'Avenir, (lire en ligne)
    14. « Fourons: l’hémorragie francophone stoppée, Huub Broers en chute libre », L'Avenir, (lire en ligne)
    15. https://www.heraldry-wiki.com/heraldrywiki/index.php?title=Voeren
    16. http://www.ibz.rrn.fgov.be/fileadmin/user_upload/fr/pop/statistiques/stat-1-1_f.pdf
    17. http://www.ibz.rrn.fgov.be/fileadmin/user_upload/fr/pop/statistiques/population-bevolking-20190101.pdf

    Voir aussi

    Articles connexes

    Histoire

    Géographie

    Liens externes

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