Ordre Teutonique

La maison de l'hôpital des Allemands de Sainte-Marie-de-Jérusalem (en latin : Domus hospitalis Sancte Marie Theutonicorum Hierosolomitani) et, plus tard, l'ordre de la Maison de Sainte-Marie-des-Teutoniques (latin : Ordo Domus Sanctæ Mariæ Teutonicorum), plus connu sous le nom d’ordre des Chevaliers teutoniques ou de maison des chevaliers de l'hôpital de Sainte-Marie-des-Teutoniques à Jérusalem (en allemand Haus der Ritter des Hospitals Sankt Marien der Deutschen zu Jerusalem) ou, enfin, les Teutoniques, est un ordre militaire chrétien apparu au Moyen Âge.

Pour l’ordre sous le régime national-socialiste, voir Ordre allemand

Ordre Teutonique

Armoiries de l'ordre Teutonique.
Ordre de droit pontifical
Approbation pontificale
par Innocent III
Institut Ordre religieux
Type Militaire (jusqu'en 1929)
Règle Règle de saint Augustin
Structure et histoire
Fondation 1190
Saint-Jean-d'Acre
Fondateur Heinrich Walpot
Liste des ordres religieux

Les armes de l’ordre sont constituées d'une croix de sable, chargée d’une croix potencée au champ d’argent. Saint Louis permit d’y adjoindre quatre fleurs de lys d’or.

Histoire

La fondation en Terre sainte

L’ordre Teutonique fut initialement un hôpital de campagne fondé en Terre sainte, devant les murs de Saint-Jean-d'Acre, lors du siège de la ville au commencement de la troisième croisade en 1190[1], par des pèlerins germaniques originaires de Brême et de Lübeck pour soigner leurs compatriotes.

À l’instigation de l’évêque Wolfgar d'Erla, l'ordre est reconnu comme ordre hospitalier en 1191 par le pape Clément III. Cherchant à justifier une origine provenant de la sainte ville de Jérusalem[2], les chroniques de la règle de l'ordre font remonter ses racines à un hôpital allemand construit à Jérusalem vers 1128.

À l’origine simple communauté religieuse charitable venant en aide aux pèlerins chrétiens malades auprès de cet hôpital, il est réorganisé en ordre militaire entre et  c'est entre ces deux dates que l'hôpital des Allemands devint un ordre militaire »[3]) et obtient la reconnaissance officielle du pape Innocent III le par la bulle Sacrosancta Romana[4]. Il est composé pour l’essentiel de chevaliers allemands, teutons. Ce sont les dons des malades et des princes allemands, et notamment l'appui du duc Frédéric de Souabe, frère de l'empereur Frédéric Barberousse (mort sur la route de la croisade), qui permettent de financer la défense d'une section de mur par l'ordre, puis de deux tours et enfin de plusieurs villes en Terre sainte. Petit à petit, l'ordre se dote d'une force de frappe militaire importante et participe aux guerres contre les Turcs.

Le premier grand maître, Heinrich Walpot, est élu en Terre sainte, où il fait bâtir une église et un hôpital.

L'ordre Teutonique s'implante également sur le territoire de l'actuelle Suisse en 1199, en Thuringe en 1200, dans le sud du Tyrol en 1202, à Prague et en Bohême en 1202, et à Liège en 1259. L'Ordre compte en 1220, une douzaine de maisons en Terre sainte, en Grèce, en Italie méridionale et en Germanie.

L'expansion de l'ordre

L'État teutonique vers 1260.

Les chevaliers décident de se replier dans leurs possessions de Prusse et de Livonie, où ils luttent déjà contre les populations païennes d'Europe de l'Est. L'ordre de Dobrin, fondé en 1216 par Christian d'Oliva, premier évêque de Prusse, s'étant révélé impuissant à christianiser les Prussiens, Conrad de Mazovie propose, en 1226, à Hermann von Salza, quatrième grand maître de l’Ordre, les provinces de Culm et de Livonie en échange de son aide. Cette même année, par la Bulle d'or de Rimini, octroyée par Frédéric II du Saint-Empire, l'Ordre devient souverain sur les territoires qu'il conquiert.

Le pape Innocent III lance, au même moment, les croisades baltes. En un an, les chevaliers envahissent les provinces de Warmie, de Natangie et de Bartie. Ils fondent ainsi l'État monastique des chevaliers Teutoniques. Ils bâtissent de nouvelles villes telles que Thorn (1231), Königsberg (1255), ou Marienbourg (1280) qui deviendra leur nouvelle capitale en 1309.

Le , par le traité de Kruschwitz, le souverain polonais Conrad Ier de Mazovie ouvre le Chełmno à l'Ordre et lui reconnaît son autonomie ainsi que la souveraineté sur tous les territoires qui seraient conquis en Prusse. Hermann von Salza, le grand maître de l'ordre Teutonique, présente en 1234 un document falsifié au pape Grégoire IX pour revendiquer le territoire concédé par Conrad de Mazovie.

En 1235, l'ordre Teutonique absorbe l'ordre de Dobrin ; et en 1236 l'ordre de Saint-Thomas adopte la règle des chevaliers teutoniques.

En 1237 les chevaliers teutoniques fusionnent avec les chevaliers porte-glaive, ou ordre de Livonie, qui conservent néanmoins une certaine autonomie. Cela permet à l'État teutonique de renforcer et d'étendre ses possessions sur la Prusse, la Livonie, la Semigalia, et l'Estonie. Le prochain objectif est de convertir la Russie orthodoxe au catholicisme, mais ce plan est abandonné après la désastreuse défaite de la bataille du lac Peïpous, contre le prince Alexandre Nevski en 1242.

Le , par le traité de Christburg, les chevaliers accordent des privilèges à la noblesse prussienne qui, dans un premier temps, se soumet. Cependant, après les soulèvements prussiens de 1260 à 1283, une grande partie émigre ou est exilée. De nombreux Prussiens perdent leurs droits, ceux qui restent sont progressivement assimilés. Dans les régions frontalières telles que la Sambie, les paysans sont privilégiés par rapport à ceux de territoires plus peuplés comme la Pomésanie. Sur le modèle occidental, le christianisme se propage lentement à travers la culture prussienne.

La perte de Saint-Jean-d'Acre

Près d'un siècle après la fondation des chevaliers teutoniques, la prise de Saint-Jean-d'Acre par les mamelouks en 1291 oblige les chevaliers à quitter la Terre sainte et les contraint à déménager temporairement le siège de l'ordre à Venise, d'où ils prévoient la reconquête de l'Outremer.

À cette époque, l'ordre Teutonique possédait de nombreuses terres et fermages, moulins et scieries en Europe. L'ordre pouvait également s'appuyer sur une organisation étonnamment moderne et efficace, les grands maîtres étaient choisis pour leurs qualités d'organisateurs. C'est cette force qui convaincra les papes et les empereurs de miser sur eux pour conquérir les États baltes.

Christianisation de la Lituanie

La Lituanie n'étant toujours pas christianisée, beaucoup de chevaliers des pays de l'Ouest européen, comme l'Angleterre et la France, participent à des campagnes saisonnières en Prusse et contre le grand-duché de Lituanie. Certains pour obtenir le pardon de leurs péchés, d'autres pour acquérir de l'expérience militaire. Les chevaliers se joignent à eux et orientent progressivement leurs actions vers la Lituanie.

Le roi Conrad Ier de Mazovie fait appel à l'Ordre en 1226 pour contrer les incursions des Prussiens, Baltes et païens, contre ses territoires. La première implantation de l'Ordre est le fortin puis château en bois de Vogelsang, près de Toruń, avant 1230, déjà assiégé en 1231. La guerre est alors particulièrement brutale. Les païens étant considérés comme inférieurs aux chrétiens, leur esclavage est considéré comme acceptable. Les chevaliers n'hésitent pas à utiliser leurs captifs pour le travail forcé.

Conquêtes en Pologne

Par l'accord de Soldin, la Pomérélie est inféodée à l'État monastique des chevaliers teutoniques.

Après la mort de Venceslas, roi de Pologne en 1306, les nobles de Pomérélie demandent l'aide des margraves de Brandebourg pour contester à Ladislas Ier de Pologne la succession du duché de Poméranie. En 1308, toute la région est occupée à l'exception de la citadelle de Dantzig (Gdańsk). Incapable de résister, Ladislas demande à son tour l'aide des chevaliers teutoniques.

En , dirigés par Heinrich von Plötzke, le maître de la Prusse, les chevaliers expulsent les Brandebourgeois de Dantzig. Mais les Polonais tardant à verser l’indemnité promise en échange du service rendu, les chevaliers refusent de céder la ville. En 1309, par l'accord de Soldin passé avec Waldemar, margrave de Brandebourg, les chevaliers achètent les châteaux de Dantzig, Świecie et Tczew et leur arrière-pays contre la somme de 10 000 marks. L'empereur Henri VII confirme cette possession en 1311 et inféode la Pomérélie à l'ordre.

Le contrôle de la Pomérélie permet à l'ordre de relier ses possessions prussiennes avec les frontières du Saint-Empire romain germanique. Des renforts croisés et des fournitures peuvent désormais transiter entre la Poméranie occidentale et la Prusse via la Pomérélie. Alors qu'elle avait été jusque-là une alliée des chevaliers contre les Prussiens et les Lituaniens, la Pologne, qui n'a désormais plus accès à la mer Baltique, devient un ennemi déterminé.

La prise de Dantzig marque une nouvelle phase dans l'histoire des chevaliers teutoniques. La persécution des Templiers qui a commencé en France en 1307 inquiète les chevaliers teutoniques, mais le contrôle de la Pomérelie leur permet de transférer leur siège de Venise à Marienburg (Malbork), sur la rivière Nogat, hors de portée des pouvoirs séculiers. Le pape tente bien quelques investigations contre les chevaliers, mais l'ordre est bien défendu par des juristes capables.

Le 7 avril 1331 se déroule la bataille de Woplauken (en) (Woplawki) opposant l'Ordre Teutonique et les troupes de Vytenis, Grand-Duc de Lituanie. Elle est le plus sanglant épisode de la Croisade lituanienne (en) (1283-1422).

Le traité de Kalisz en 1343 met fin à la guerre ouverte entre la Pologne et l'État teutonique. Les chevaliers renoncent à la Cujavie et la terre de Dobrzyń, mais conservent le Culmerland et la Pomérélie avec Dantzig.

Apogée

En 1337 l'empereur Louis IV du Saint-Empire a accordé à l'Ordre le privilège impérial de la conquête de la Lituanie et de la Russie. Peu de temps après avoir été choisi comme grand-maître, Heinrich Dusemer attaque le grand-duché de Lituanie. La campagne se solde par la défaite totale de l'armée lituanienne à la bataille de la Strėva, le . Mais les chevaliers teutoniques ne profitent pas longtemps de leur victoire. La peste noire qui a atteint la Prusse les oblige à quitter le pays conquis.

En 1386, le grand-duc de Lituanie Jogaila se convertit au catholicisme et se fait baptiser sous le nom de Ladislas ((pl) Władysław). Par son mariage avec la reine Hedwige d'Anjou, il est couronné roi de Pologne. L'union personnelle des deux pays crée un adversaire potentiellement redoutable pour les chevaliers teutoniques. C'est d'ailleurs une des causes de la guerre civile lituanienne de 1389 à 1392 dans laquelle intervient l'Ordre.

En 1398, sous le commandement de Konrad von Jungingen les armées de l'ordre détruisent Visby et défont les Vitaliens en hivernage sur l'île de Gotland. À partir de ce moment, la mer Baltique n'est plus sillonnée par les raids des pirates. Le plus célèbre d'entre eux, que l'on surnomme le Corsaire rouge, Klaus Störtebeker lui-même, préfère dès lors se réfugier en mer du Nord. Marguerite Ire de Danemark et Albert de Suède cèdent l'île en fief aux chevaliers teutoniques.

Dans la même année, par le traité de Salynas, le grand-duc de Lituanie Vytautas le Grand cède le duché de Samogitie au grand maître de l’ordre Teutonique Konrad von Jungingen. En 1402, il achète la Nouvelle-Marche de Brandebourg pour 63 200 florins hongrois. En Prusse-Orientale, de nombreux villes et villages sont fondés ou se développent, comme Sensburg (aujourd'hui : Mrągowo) où depuis 1348, les chevaliers possédaient une forteresse en bois.

Le déclin de l'ordre

Bataille de Grunwald (ou de Tannenberg), le 15 juillet 1410.
L'État teutonique à son apogée vers 1410.

La consolidation et l'émergence au sud du royaume de Pologne, christianisé et uni depuis 1386 au grand-duché de Lituanie par mariage dynastique, menacent directement la suprématie des chevaliers dans la région.

Le tournant est atteint lorsque la crise larvée entre les deux ennemis héréditaires éclate en 1410. La bataille de Grunwald (ou de Tannenberg) voit une coalition lituano-polonaise dirigée par le roi Ladislas II Jagellon écraser l'armée des Teutoniques. La bataille se solde par plus de 13 000 morts dans les rangs de l’ordre, parmi lesquels le grand maître Ulrich von Jungingen.

La contre-offensive polonaise est arrêtée par le commandeur de Świecie, Heinrich von Plauen qui, en s’enfermant au château de Marienbourg, résiste pendant deux mois à toutes leurs attaques. Le Paix de Toruń restaure une situation proche du statu quo ante bellum, imposant seulement aux assiégés une amende et la cession de territoires peu étendus. Le Concile de Constance (1414-1418) traite en partie la question.

Une guerre civile se produit au début de la deuxième moitié du XVe siècle. Les adversaires des chevaliers se tournent vers le roi de Pologne Casimir IV Jagellon en 1454. Marienbourg est définitivement investie par les Polonais cette même année, lorsque le grand maître est obligé de vendre le château de cette ville pour éponger les dettes de l'ordre et de son administration. Le grand maître se réfugie alors à Königsberg qui devient ainsi la nouvelle capitale.

L'État teutonique en 1466.

À l’issue de la guerre de Treize Ans, le second traité de Thorn (1466) cède la Prusse royale (partie ouest) et la ville de Dantzig[5] à la Pologne, et fait de l’État teutonique un vassal de cette dernière. Les chevaliers ne disposent plus à ce moment que de la Prusse originelle (partie est), sur laquelle ils ne sont que partiellement souverains, puisque vassaux des Polonais. Ce dernier revers ne fait que confirmer l’inéluctable décadence de l'ordre.

En 1525, le grand maître de l'ordre, Albert de Brandebourg-Ansbach, adoptant les recommandations de Luther, quitta l'état religieux et transforma le patrimoine de sa communauté en une principauté qui devint le berceau de l'État prussien. Une partie des chevaliers, restés catholiques, décident d’élire leur propre grand maîtreWalter de Cronberg — et intentent un procès contre Albert de Brandebourg qui est mis au ban du Saint-Empire. Ils transfèrent leur siège à Mergentheim en Franconie et se réimplantent dans le Saint-Empire romain germanique.

En 1805, Napoléon Ier accorde le droit, par le traité de Presbourg, à l’empereur d’Autriche François Ier de nommer comme grand maître un prince de sa famille, à qui reviennent tous les revenus de l’organisation. Le , à Ratisbonne (Bavière), l’empereur des Français prononce sa dissolution. Désormais, seules subsistent quelques commanderies isolées en Autriche et à Utrecht. Un semblant d’ordre est rétabli en 1834, mais il reste exclusivement sous tutelle autrichienne.

L’ordre aujourd'hui

Armoiries du grand maître de l'ordre Teutonique.
Bannière du grand maître de l'ordre Teutonique.

L'ordre reçoit sa forme actuelle en 1929 : il devient un institut de vie consacrée, qui prend place parmi les chanoines réguliers[6].

Avant la Seconde Guerre mondiale, Adolf Hitler tente de récupérer l'image historique des chevaliers teutoniques pour exacerber le sentiment d'identité nationale. En effet, leur passé de « conquérant des peuples slaves » est utile dans une propagande anticommuniste et qui souligne la supposée supériorité des races germaniques sur les races slaves. Par la suite, il prend des mesures restrictives contre ce qui reste de l'ordre Teutonique, notamment par des saisies de biens, de terres, et en emprisonnant le grand maître[7]. Il les suppose alliés des juifs et des francs-maçons et cherche donc à les détruire.

Malgré les brimades, les chevaliers vont continuer pendant la guerre à soigner les blessés de tous les clans et de toutes les nations, ils cacheront aussi bien des enfants juifs que des partisans communistes et ils veilleront à ce que les soldats de la Wehrmacht aient droit à des procès équitables en 1945, évitant à beaucoup d'être exécutés sommairement[réf. nécessaire].

Les Teutoniques se décrivent aujourd'hui ainsi : « La véritable chevalerie n'est pas déterminée sous la forme d'une épée de combat qui est dépassée aujourd'hui, mais plutôt par l'engagement au Christ Roi, la protection et la défense des victimes, opprimées, méprisées et des nécessiteux. Cette attitude est la recherche des actuels frères, sœurs et familiers de l'ordre Teutonique, fidèle à la devise d’aider et de guérir ensemble. »[réf. nécessaire].

Les chevaliers teutoniques sont aujourd'hui environ un millier :

  • 100 frères (dont certains sont aussi prêtres), liés par les trois vœux de chasteté, de pauvreté et d'obéissance ;
  • 200 sœurs ;
  • 700 affiliés, ou « familiers », ou « marians », laïques ou d'état ecclésiastique, qui cherchent à entériner les efforts de l'ordre pour promouvoir son entreprise et à réaliser ses idéaux.

L'ordre a aussi le droit d'inclure dans les provinces des oblats ou oblates.

La communauté est divisée en provinces, bailliages et commanderies (pour les familiers).

En 1957, l'ordre a acheté une maison à Rome qui est le siège du procureur général de l'ordre, et qui sert aussi de maison d'hôtes.

Les frères et sœurs sont répartis à travers sept provinces : l'Autriche, le Tyrol du Sud, l'Italie, la Slovénie, l'Allemagne, la République tchèque et la Slovaquie.

Les familiers sont répartis dans les bailliages et commanderies suivants : Allemagne, Autriche, Tyrol du Sud, ad Tiberim à Rome, le bailliage de la République tchèque et de la Slovaquie, et dans la commanderie indépendante d'Alden Biesen en Belgique ; il y a aussi des familiers dispersés dans d'autres pays.

Le grand maître est aujourd'hui supérieur général et chef suprême de l'ordre. Il reçoit après son élection la bénédiction abbatiale et jouit de l'usage des pontificalia, privilège qui est accordé à l'ordre Teutonique depuis 1933. Depuis 1923, la grande maîtrise est exercée par des prêtres qui sont élus pour six ans par les frères et sœurs délégués au chapitre général.

Hiérarchie de l'ordre Teutonique

 
 
 
 
 
 
Chapitre général
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Ratsgebietiger
 
Grand maître
 
Chancellerie
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Grand commandeur
 
Grand maréchal
 
 
Grand hospitalier
 
Grand trésorier
 
Grand commissaire
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Maître
de Germanie
 
 
Maître
de Livonie
 
 
Maître
de Prusse
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Bailli
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Commandeur
 
 
Commandeur
 
 
Commandeur

Grand maître

Sceau du grand maître.

Le grand maître ((de) Hochmeister ou (la) magister generalis) est au sommet de la hiérarchie, mais son pouvoir est loin d'être absolu, car il doit gouverner en tenant compte des conclusions du grand conseil composé de cinq grands officiers. Il est élu, normalement jusqu'à sa mort, par un chapitre (capitulum) de treize électeurs. Celui-ci comprend huit frères chevaliers, choisis parmi les plus vertueux, quatre frères sergents (en général non nobles), et un frère prêtre.

Grand commandeur

Le grand commandeur ((de)Großkomtur ou (la) magnus commendator) prend toutes les décisions concernant les dépenses.

Grand maréchal

Le grand maréchal ((de)Ordensmarschall ou (la) summus marescalcus) est le commandant de toutes les forces armées de l'ordre et dirige les arsenaux. À partir de 1330 il est commandeur de Königsberg (aujourd'hui : Kaliningrad), où il demeure en temps de paix.

Grand commissaire

Hermann von Salza, quatrième grand maître de l’ordre.

Le grand commissaire ((de) Ordenstrappier ou (la) summus trapearius) est responsable de la vie quotidienne et matérielle. Il demeure en général à Christburg.

Grand trésorier

Le grand trésorier ((de) Ordenstressler ou (la) summus thesaurarius) est responsable des finances, et gère au XIVe siècle, le trésor de l'ordre, le fonds des dépenses personnelles du grand maître, et le trésor du chapitre de Marienbourg, où il demeure.

Grand hospitalier

Le grand hospitalier ((de) Großspittler ou (la) summus hospitalarius), qui veille au soin des malades dans les hospices de l'ordre, et à l'application de la règle par tous. Il demeure en général à la commanderie d'Elbląg.

Organisation de l'ordre

L'ordre Teutonique fut l'une des organisations militaires les plus puissantes d'Europe à la fin du Moyen Âge. Il se composait alors de :

  • Frères chevaliers : ils prononcent les vœux monastiques de chasteté, d'obéissance, de pauvreté et prêtent le serment en plus de combattre les ennemis du christianisme par les armes. Ce sont donc des guerriers de haut niveau, aussi bien entraînés pour la lutte à cheval que pour le combat à pied. Le chevalier a une armure complète, deux ou trois destriers et des chevaux pour le voyage et le chargement. Le chevalier commande une garnison ou un détachement de guerriers et organise la stratégie des campagnes militaires. Ils sont peu nombreux, ainsi à la bataille du lac Peïpous en 1242, ils ne sont que trente-cinq chevaliers sur les milliers de combattants.

Le frère chevalier est issu de la noblesse, mais pas toujours au début, lorsqu'il suffit d'être fils d'un riche citoyen (pour payer l'équipement). À partir du XIVe siècle, le chevalier doit être issu de la noblesse jusqu'à la quatrième génération, aussi bien en ligne paternelle qu'en ligne maternelle. Il peut être admis, comme aspirant, à partir de l'âge de quatorze ans. Il doit être issu des terres du Saint-Empire romain germanique (la majorité vient de Souabe et de Franconie). Sa tenue consiste en un surcot, un manteau blanc avec une croix noire sur la poitrine et une grande cape blanche avec une croix noire sur l'épaule gauche.

  • Autres frères ou frères sergents : ils font partie intégrante de l'ordre avec le rang de sergents et prononcent le même serment, ainsi que les vœux monastiques. Ce sont des guerriers professionnels qui combattent habituellement à cheval. Ils sont recrutés dans la population libre locale (Prussiens ou Polonais), n'ont pas de poste de commandement et assurent la garnison des châteaux forts en période de paix. Ils occupent aussi des fonctions administratives ou hospitalières. Leur tenue consiste en un surcot gris avec une croix noire tronquée.

En période de guerre, le grand maître de l'ordre peut donc immédiatement lever une armée, contrairement aux autres souverains européens qui doivent envoyer des messagers dans tout le pays pour réunir leurs barons et chevaliers avec leurs propres troupes, ce qui prend du temps. L'organisation sur place en maillage des chevaliers teutoniques offre de nombreux avantages, d'autant qu'ils sont disciplinés et unis par le même idéal. Ils sont 800 frères chevaliers à la fin du XIVe siècle, avec 6 500 « autres frères » (frères sergents).

  • Personnel non militaire : celui-ci ne joue qu'un rôle fonctionnel, ce sont généralement des domestiques, le personnel soignant, ou des prêtres.
    • Frères prêtres : ils ont une soutane noire avec une cape blanche avec la croix noire teutonique, et sont en petit nombre, même en comptant les clercs des ordres mineurs.
    • Servants domestiques ou demi-frères : ils sont recrutés dans la population locale, ne prononcent pas de vœux, mais doivent suivre la règle commune. Ils n'ont pas de costume particulier.
    • Sœurs : elles prononcent leurs vœux monastiques et ont avant tout une tâche hospitalière. Elles n'ont qu'une seule implantation en Prusse et sont présentes surtout en Germanie.
    • Demi-sœurs : celles-ci sont les domestiques des précédentes et ne prononcent pas de vœux.

Ces catégories concernent les membres permanents, à vie, de l'Ordre, mais il existe aussi des catégories de membres de l'Ordre qui le servent pendant une période donnée : ce sont les confrères.

  • Les confrères ne prononcent pas de vœux, mais sont soumis à la règle commune pendant leur service qui peut se dérouler pendant une campagne militaire, ou pendant plusieurs années. Ils peuvent se marier, mais doivent léguer la moitié de leurs biens à l'ordre à leur mort. Le fameux Tannhäuser était confrère de l'ordre. La cape blanche de l'ordre se porte sur un surcot habituel, en général bleu, mais la croix teutonique se porte à droite de la poitrine. Ils sont autorisés à porter leurs armoiries sur leur bouclier.
  • Les familiers sont des membres honoraires de l'ordre Teutonique, chargés de l'aider financièrement et de réunir des fonds. Tous leurs biens et leurs terres étaient légués à l'Ordre après leur mort.
  • Les chevaliers de toute l'Europe se font un point d'honneur de participer aux croisades prussiennes, après la fin des croisades en Terre sainte. Ils sont désignés par les chroniques, sous le nom d’invités. Ceux de l'Empire se réunissent sous la bannière de saint Georges, ceux des invités des autres pays sous la bannière de Notre Dame. Leurs dépenses étaient couvertes par l'Ordre, et les invités étaient organisés en divisions, correspondant à leurs territoires d'origine. Parmi les invités célèbres, on peut distinguer le Français Jean II de Boucicaut, futur maréchal de France, le comte de Derby, futur Henri IV d'Angleterre, Henri de Lancastre, les rois Louis de Hongrie, Valdemar Ier de Danemark, Jean Ier de Bohême, etc. Des familles nobles envoyaient régulièrement leurs rejetons combattre sous la croix teutonique, comme les Kniprode, les Alner (en Germanie), les Gistel (en Flandre), les Suffolk ou Worwick (en Angleterre), les La Trémoille (en France), les Berthout (en Brabant).
  • Les commandeurs de commanderies locales peuvent aussi lever des mercenaires qu'ils rémunèrent et organisent en lances de trois hommes. Ils combattent presque toujours à cheval. 3 712 mercenaires (sur les 5 751 mercenaires de l'Ordre) participent à la bataille de Grunwald en 1410.
Panorama de la forteresse teutonique de Marienbourg (aujourd'hui Malbork).

Organisation territoriale

Plan de la forteresse teutonique de Ragnit.
Possessions de l'ordre Teutonique en Europe vers 1300.
Bailliages teutoniques en Allemagne et Bohême au XIIIe siècle.

L'ordre est divisé en provinces qui sont les suivantes, après 1309 :

L'ordre dispose de plusieurs possessions en France[8] :

Spiritualité

Triptyque dans l'église de l'ordre Teutonique (en) à Vienne (Autriche). Divers maîtres anonymes pour les tableaux et les sculptures sur bois, et Jan van Wavere (en) pour la polychromie des sculptures sur bois, signé en 1520. À l'origine fait pour l'église Sainte-Marie (Gdańsk), arrivé à Vienne en 1864.
Intérieur de l'église de l'ordre Teutonique (en) à Vienne (Autriche).

Créé à partir de la croix du Rédempteur, qui est aussi la marque distinctive de l'ordre, sous la protection de la Vierge Marie, de sainte Élisabeth de Thuringe, et de saint Georges.

La fondation de l'ordre a été une réponse concrète à la situation du lieu et du temps. Depuis son origine, son idéal est de servir les pauvres pour l'amour du Christ, mais également de combattre les infidèles pour la protection de la foi chrétienne contre les ennemis du Christ. Le Saint-Siège a donné à l'ordre en reconnaissance de son travail, l'exemption, confirmée encore et encore, c'est-à-dire le privilège de subordination directe au Saint-Siège de Pierre.

L'ordre déploie aujourd'hui ses activités de bienfaisance dans le soin des malades, des personnes âgées, des pauvres et des nécessiteux dans les formes changeantes de l'action sociale, dans les œuvres d'éducation chrétienne et l'éducation des enfants, des jeunes et des adultes. Son engagement envers le royaume du Christ n'est plus lié à la lutte avec l'épée, mais, selon la tradition de l'ordre, de la lutte dans le débat intellectuel, à la pastorale des migrations.

Signes distinctifs de l'ordre

La croix

Chaque frère se lie dans le signe de la croix pour toujours à l'ordre.

La croix noire sur fond blanc est le symbole de la victoire du Christ sur les puissances des ténèbres et la mort.

Héraldique

Saint Louis, par lettres patentes du 20 août 1250, autorise l'Ordre à mettre dans son blason les quatre fleurs de lys aux extrémités de la croix d'or de Jérusalem dans la croix magistrale. Ainsi Louis IX témoigne sa reconnaissance à l'Ordre pour sa participation à la Croisade.

Armes de l'ordre Teutonique.

L’habit

Tannhäuser habillé du manteau blanc des Chevaliers teutoniques (Codex Manesse).

L’habit des chevaliers teutoniques était, comme pour les Templiers, un manteau blanc frappé d’une croix noire (et non rouge). Certaines unités de chevaliers portaient un casque orné pour terrifier leurs rivaux. Les « frères sergents », membres non-nobles de l’ordre, portaient un manteau gris.

Aujourd'hui, les frères prononçant des vœux perpétuels portent la croix sur un manteau blanc, les frères avec des vœux temporaires sur un habit noir.

Hermann von Salza, grand maître de l'ordre Teutonique (Malbork).

Les chevaliers teutoniques dans les arts et la littérature

Dans la littérature de fiction et la BD

  • Gustav Freytag, Die Brüder vom deutschen Hause. S. Hirzel, Leipzig, 1874. Roman historique allemand.
  • Rudolf Heinrich Genée, Marienburg. Deubner, Berlin 1884. Roman historique allemand.
  • Ernst Wichert, Heinrich von Plauen (1881). Roman historique allemand. Schild-Verlag, München 1959.
  • Ernst Wichert, Der Bürgermeister von Thorn (1886) Roman historique allemand. Verlag « Der Büchermarkt », Berlin, 1938.
  • Henryk Sienkiewicz, Krzyżacy (Les Chevaliers teutoniques) (1900). Roman historique et épique polonais qui a pour cadre la Pologne des années 1399 à 1410. Traduit dans vingt-cinq langues, il connut un succès public immédiat à l’époque. C’est le premier roman publié en Pologne après la Seconde Guerre mondiale. Première traduction française par Maurice R. Skalski sous le titre Les Chevaliers de la Croix, Paris, P. Lamm, 1901.
  • Vincent Brugeas, Block 109, Éd. Akileos, Bordeaux, 2010. Bande dessinée de fiction uchronique (dessins de Ronan Toulhoat) se situant après un assassinat d'Adolf Hitler en 1941, dans laquelle l'ordre Teutonique a été ressuscité par Himmler et livre une guerre politique à la SS. Les combattants du « nouvel Ordre teutonique » combattent masqués et casqués sous l'emblème de l'ordre et de la svastika.
  • Pat Mills, Requiem, chevalier vampire, Éditions Nickel, puis Glénat, 2000-2012. Série d’albums de bande dessinée (dessins de Olivier Ledroit). Le protagoniste est la réincarnation du grand maître de l'Ordre teutonique Heinrich Barbarossa (personnage fictif).
  • Patrick Schmoll, Là-bas sont les dragons, Éditions de l’Ill, Strasbourg, 2019. Roman historique français qui débute avec le récit de la bataille de Tannenberg, et a pour toile de fond les conflits entre Teutoniques et Polonais pendant la première moitié du XVe siècle.
  • Turk et De Groot, Robin Dubois (1974-2008). Série de bande dessinée humoristique dans laquelle apparaît une troupe de chevaliers teutoniques.

Au cinéma

Dans le jeu vidéo

  • Dans la saga du jeu Age of Empires II: The Age of Kings, on peut jouer à plusieurs reprises les chevaliers teutoniques qui sont présentés comme des guerriers très puissants.
  • L'extension Kingdom du jeu Medieval II Total War permet de prendre le contrôle de l'Ordre teutonique. Les armées de la faction sont composées de chevaliers à pied et montés, soutenus par des auxiliaires tels les arbalétriers Livoniens

Notes et références

Notes

    Références

    1. Danielle Buschinger et Mathieu Olivier, Les Chevaliers teutoniques, Paris, Ellipses, 2007 ; Sylvain Gouguenheim, Taillandier, 2007.
    2. Danielle Buschinger et Mathieu Olivier, Les Chevaliers teutoniques, Paris, Ellipses, 2007 ; Sylvain Gouguenheim, Taillandier, 2008.
    3. Kristjan Toomaspoeg, Histoire des chevaliers teutoniques, Paris, Flammarion, , 201 p. (ISBN 2-08-211808-8), p. 18.
    4. Danielle Buschinger, Mathieu Olivier, Ellipses, 2007, Sylvain Gouguenheim, Taillandier, Kristjan Toomaspoeg, Histoire des chevaliers teutoniques, Flammarion, 2001.
    5. Gdańsk en polonais.
    6. Annuaire pontifical 2014, Librairie éditrice vaticane, Città del Vaticano, p. 1411 (ISBN 9788820992934).
    7. Émission 2 000 ans d'histoire sur France Inter du 24 septembre 2007.
    8. Henri d'Arbois de Jubainville, « L'Ordre teutonique en France. », Bibliothèque de l'École des chartes, no 32, , p. 63-83 (lire en ligne)

    Annexes

    Bibliographie

    • Félix de Salles, Annales de l'Ordre Teutonique, rééd. Paris-Genève, Champion-Slatkine, 1986, IX-583 p.
    • Henry Bogdan, Les Chevaliers teutoniques, Perrin, 1995 (ISBN 978-2262018917), 2e édition 2002.
    • Danielle Buschinger et Mathieu Olivier, Les Chevaliers teutoniques, Paris, Ellipses, 2007, 557 p.
    • Érik Christiansen, Les Croisades nordiques. L'Occident médiéval à la conquête des peuples de l'Est. 1100-1525, Alérion, Lorient (1996) (ISBN 2910963047).
    • Alain Demurger, Chevaliers du Christ, les ordres religieux-militaires au Moyen Âge, Seuil, 2002 (ISBN 2-02-049888-X).
    • Kristjan Toomaspoeg, Histoire des Chevaliers teutoniques, Flammarion, 2001, 201 p. (ISBN 978-2080800619).
    • Sylvain Gouguenheim, Les Chevaliers teutoniques, Tallandier, 2007, 781 p. (ISBN 978-2847342208).
    • Encyclopédie méthodique, ou par ordre de matières, par une société de gens de lettres, de savants et d'artistes…, Panckoucke, Paris, Plomteux, Liège, 1782-1832 (OCLC 4173175).
    • Conrad Malte-Brun, Précis de la géographie universelle ou Description de toutes les parties du monde sur un plan nouveau, 1833, p. 79.
    • Étienne-Jean Delécluze, Roland ou La chevalerie, Jules Labitte, 1845, p. 98.
    • Les Chevaliers teutoniques sur France Inter, émission 2 000 ans d'histoire avec Danielle Buschinger, septembre 2007. Écouter.
    • Laurent Dailliez, Les Chevaliers teutoniques, Perrin, Paris, 1979, 209 p. (ISBN 2-262-00160-X).
    • Sylvain Gouguenheim, « Les chevaliers teutoniques, croisés de la baltique », Guerres & Histoire, , p. 66 (ISSN 2115-967X)

    Filmographie

    Articles connexes

    Liens externes

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