Empire colonial portugais
L'Empire colonial portugais (en portugais : Império Colonial Português) désigne les territoires d'outre-mer occupés et administrés par le Portugal entre le début du XVe siècle et le XXe siècle. Officiellement, on lui a longtemps préféré celui d’« Outre-mer portugais » (Ultramar português) avant d'adopter temporairement le terme d’« Empire colonial portugais » entre 1930 et 1951.
(pt) Império Colonial Português
Statut |
Monarchie (1415-1910) République (1910-1999) |
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Capitale |
Lisbonne (1415-1807) Rio de Janeiro (1807-1821) Lisbonne (1821-1999) |
Langue(s) | Portugais |
Monnaie | Escudo (d) |
1415 | Fondation de l'empire par la conquête de Ceuta. |
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1419-1488 | Exploration de la côte occidentale de l'Afrique. |
1492 | Exploration de l'Amérique du Nord (Terre-Neuve et Labrador). |
1494 | Traité de Tordesillas. |
1498 | Découverte du chemin maritime de l'Inde. |
1500 | Découverte du Brésil. |
1511 | Conquête de Malacca. |
1543 | Arrivé des Portugais au Japon. |
1557 | Colonisation de Macao. |
1822 | Indépendance du Brésil. |
1961 | Invasion de l'État portugais de l'Inde par l'Union indienne. |
1961-1974 | Guerres coloniales portugaises |
1974 | Indépendance de la Guinée-Bissau. |
1975 | Indépendance de l'Angola, Mozambique, Cap-Vert, Sao Tomé-et-Principe et Timor Oriental. |
1999 | Restitution de Macao. |
Cet ensemble constitua, avec l'Empire espagnol, le premier empire colonial de l'histoire européenne moderne avec un ensemble de territoires répartis sur les cinq continents, sous souveraineté portugaise, résultat des explorations réalisées à l'époque des grandes découvertes. Il s'étendait sur un territoire représentant aujourd'hui soixante États souverains différents. Il fut aussi l'un des plus durable et se confronta à une décolonisation laborieuse et souvent tragique ; la présence portugaise hors d'Europe a duré presque six siècles.
Il est considéré comme l'un des dix plus grands empires de l'humanité depuis l'enregistrement des civilisations, et le premier pluricontinental . Au début du XVIe siècle, le Portugal avait des flottes et des armées sur 5 continents.[1]
L'Empire portugais est originellement administré par la maison d'Aviz durant près de cent-cinquante ans, ensuite par les Habsbourg espagnols durant soixante ans, puis par la maison de Bragance durant trois-cents ans avant d'être finalement gouverné par la République portugaise à partir de 1910.
Par convention, on positionne le début de l'empire en 1415, date de la conquête de Ceuta. Pour ce qui est de sa fin, la date varie selon les critères utilisés : 1975 qui voit la majeure partie des colonies accéder à l'indépendance ou 1999 qui voit la fin de l'administration portugaise de Macao, dernier territoire d'outre-mer officiellement sous souveraineté portugaise.
Aujourd'hui, les pays de cet ancien empire font partie de la Communauté des pays de langue portugaise.
Contexte
Les origines de l'empire portugais et du royaume du Portugal lui-même, s'inscrivent dans la reconquista, reconquête chrétienne de la péninsule Ibérique occupée alors par les Maures qui avaient bâti l'Al-Andalus. Après avoir formé un royaume indépendant en 1139, le Portugal termine sa reconquête en 1249 après avoir atteint l'Algarve. Son indépendance continua néanmoins à être menacée par le royaume de Castille voisin jusqu'à la bataille d'Aljubarrota, en 1385, et la signature du traité qui s'ensuivit. En 1373, Lisbonne signait avec Londres le premier d'une série de traités, formant l'alliance anglo-portugaise qui ne sera pas sans conséquence quant au devenir de ses conquêtes maritimes.
Libéré de cette menace et à l'écart des conflits qui occupent les autres puissances européennes, les souverains portugais portent leur attention de l'autre côté de la mer. Ils planifient une expédition militaire visant directement les terres musulmanes du nord de l'Afrique, aux mains des Mérinides.
La conquête de Ceuta en 1415 par Jean Ier de Portugal amorce le processus des dit des « grandes découvertes » et marque le début de l'expansion territoriale portugaise hors de la péninsule Ibérique.
Les raisons de cette première incursion sont multiples : volonté de poursuivre la croisade chrétienne contre l'islam ; promesse de gloire et de richesse pour la noblesse militaire qu'il faut occuper ; occasion de développer le commerce et l'économie portugaise en déclin.
Le choix de Ceuta est stratégique : la place, située au nord de l'Afrique, est un comptoir portuaire où aboutissent les caravanes du Sahara transportant de l'or, des épices et des esclaves.
Si le Portugal remporte ici un succès militaire, Ceuta devient difficile à protéger contre les contre-attaques mérinides. Elle se révèle impossible à utiliser comme base pour une exploration de l'intérieur des terres, tandis que les caravanes ne tardent pas à dévier leur route.
La conquête se poursuit un temps en terre africaine autour de Ceuta par Alphonse V dit « l'Africain » avec la prise d'Alcácer-Ceguer en 1458 et celles d'Arzila, de Tanger et de Larache en 1471.
Les grandes découvertes
Ces places africaines se révèlent décevantes et difficiles à protéger. La décision est prise de poursuivre l'exploration de la côte africaine. Le personnage-clé de cette période est le prince Henri le Navigateur, gouverneur de l'Ordre du Christ (héritier portugais de l'Ordre du Temple), ayant participé à la prise de Ceuta. Établi à Lagos en Algarve, Henri organise et finance l'exploration systématique de l'Atlantique proche et des côtes africaines.
À cette époque, on ne connaît pas ce qui se trouve au-delà du cap Bojador. Henri cherche ainsi à savoir jusqu'où s'étend le territoire musulman et imagine peut-être établir un contact avec le mythique royaume chrétien du Prêtre Jean afin de joindre leurs forces contre les Maures.
Il y a aussi une motivation plus lucrative à cette entreprise : il s'agit de trouver une autre route vers les Indes et le marché des épices. Très vite le commerce très lucratif de l'or, de l'ivoire et des esclaves se substitue à l'esprit de découverte et de croisade.
À l'initiative d'Henri, les marins portugais découvrent les îles Atlantiques et s'y établissent : João Gonçalves Zarco découvre Madère en 1419, Diogo de Silves et Diogo de Teive les Açores entre 1427 et 1452. On y produira du blé notamment qui sera exporté vers le continent.
Après une douzaine de tentatives portugaises, Gil Eanes double finalement le cap Bojador, point le plus méridional connu des Occidentaux, en 1434.
En 1443, Henri obtient le monopole de la navigation, de la guerre et du commerce sur les terres découvertes au-delà du cap Bojador ; monopole encore renforcé par les bulles papales, Dum Diversas (1452) et Romanus pontifex (1455)[2].
L'introduction de la caravelle au milieu du XVe siècle sera déterminante pour la suite des explorations. Grâce à cette nouvelle technologie, les marins progressent vers les latitudes sud à une moyenne d'un degré par année.
Dinis Dias atteint le Cap-Vert en 1444 et Álvaro Fernández le Sénégal en 1445[3].
La première factorerie d'outre-mer est fondée en 1445 sur l'île d'Arguin près de la côte de Mauritanie. Les Portugais cherchent à détourner les routes des caravanes d'Afrique du nord à leur profit.
En 1460, à la mort d'Henri, les Portugais ont atteint le golfe de Guinée.
La couronne et l'empire émergent (1460-1481)
La politique d'Alphonse V n'obéissait pas à un plan rigoureux de recherche d'une région spécifique, mais il est révélateur d'une volonté de progression systématique et cherchait à empêcher que les puissances rivales interviennent dans les régions découvertes. L'action d'Alphonse V dans le cadre des Grandes Découvertes peut être divisée en 4 phases. La première consiste en l'évaluation des potentialités de commerce et le respect des compromis établis entre la couronne et l'Infant Henri le Navigateur (1448 - 1460). La deuxième est consolidée par la domination de l'océan et le monopole de l'état en même que se consolidait l'appareil administratif outremer (1460-1468). Le Prince parfait doit beaucoup à la politique impériale de son père. Une large portion de la côte occidentale africaine fut exploré sous le règne d'Alphonse V. Son oncle Henri le Navigateur avait permis l'exploration jusqu'à l'actuelle Sierra Leone et il va pousser cela jusqu'au cap Sainte-Catherine. Ce vaste territoire est de plus contrôlé directement par la couronne et non plus par un seigneur privé. Jean II va également pouvoir s'appuyer sur bien plus de ressources étant donné qu'à la vingtaine de kilos d'or annuel provenant d'Arguin, s'ajoutent des centaines de kilos supplémentaires venant de la mine d'Elmina grâce à son père.
La fondation du Premier empire portugais (1415-1580)
Par le traité d’Alcáçovas (1479), ratifié l'année suivante par le traité de Tolède, qui conclut la guerre pour la succession de la Castille, le Portugal reçoit la possession des terres découvertes et contrôle la région côtière de l'Afrique occidentale (dite Guinée), Madère, les Açores et le Cap-Vert. Le Portugal conserve également l'exclusivité de la conquête du royaume de Fez.
Étape par étape, les Portugais contournent le continent africain pour atteindre les Indes, sous-continent aux richesses convoitées, avec lequel les contacts commerciaux terrestres ont été rompus depuis que les Turcs ottomans se sont emparés de Constantinople en 1453. En 1483, Diogo Cao atteint l'embouchure du Congo. En 1488, Bartolomeu Dias, premier Européen à pratiquer la navigation hauturière dans l'Atlantique sud, double le cap de Bonne-Espérance avec une flotte de trois caravelles et pénètre dans l'océan Indien. En 1499, Vasco de Gama revient de son périple vers les Indes avec une cargaison de poivre, marquant le début de la « Carreira da India », liaison maritime entre la métropole et Goa[3].
Entretemps, les Portugais se sont installés dans des archipels atlantiques vierges (Açores, Madère, Cap-Vert, Sao Tomé-et-Principe). En exploitant ces territoires, ils développent un système économique colonial moderne (avec des cultures exotiques comme la canne à sucre), et débutent la traite négrière européenne ; ainsi, la première cargaison d'esclaves, capturés près du cap Blanc, arrive à Lagos (Algarve) en 1444. C'est aussi le début d'investissements proto-capitalistes de montants très élevés pour l'époque dans des opérations maritimes souvent risquées. Des contacts commerciaux sont établis avec les populations côtières africaines, pour acquérir des ressources précieuses (esclaves, or ou ivoire), et des comptoirs sont alors établis, dont le plus important est celui d'Elmina (actuel Ghana), fondé en 1482. Les Portugais considèrent le commerce et la navigation dans ces zones comme leur monopole absolu et répriment violemment les incursions des navires des autres pays européens.
Entre 1495 et 1498, João Fernandes Lavrador et Pêro de Barcelos naviguent dans l'Atlantique septentrional et parviennent au Groenland.
Le traité de Tordesillas (1494) règle le partage des terres découvertes entre le Portugal et l'Espagne : un méridien positionné 370 lieues à l'ouest des îles du Cap-Vert est tracé, et les terres situées à l'est de ce méridien reviennent au Portugal, celles situées à l'ouest, à la Castille[3].
Dans la première moitié du XVIe siècle, les Portugais s’assurent le contrôle de l'océan Indien, après avoir vaincu les flottes des États musulmans (Empire ottoman, Sultanat mamelouk, sultanat du Gujarat). Entre 1505 et 1511, Francisco de Almeida, le premier vice-roi des Indes, fondateur de l'empire colonial portugais en Asie, établit une série de comptoirs fortifiés et impose ainsi la présence portugaise dans les circuits commerciaux de l'océan Indien, jusqu’alors dominés par divers sultanats musulmans. Son successeur, Afonso de Albuquerque, s'attache à faire de l'océan Indien occidental un mare clausum portugais, en s'emparant de trois points qui commandent le passage des marchandises : Ormuz (1507 et 1517) à l'entrée du golfe Persique, Goa (1510), capitale de l'« Estado da India », pour la côte de Malabar, Cochin, et Malacca (1511) qui commande l'entrée du détroit du même nom[3]. Les Portugais étendent leur domination jusqu'aux Moluques, îles riches en épices. Cette expansion est justement motivée par le commerce très lucratif de ces denrées. Le poivre, les clous de girofle, la noix de muscade, la cannelle, s'arrachent à prix d'or sur les marchés européens.
Au Brésil, découvert officiellement par Pedro Alvares Cabral en 1500, les premiers établissements permanents datent des années 1530. Plusieurs vagues pionnières successives liées à l'exploitation de ressources (canne à sucre, or, café, bétail, etc.) accompagnent jusqu'à nos jours l'expansion territoriale. La conquête de l'intérieur du pays est essentiellement le fait d'expéditions des habitants des établissements côtiers (bandeirantes), le plus souvent métis et relativement autonomes vis-à-vis de la métropole.
Jorge Álvares arrive en Chine en 1513 et la première ambassade européenne dans ce pays, conduite par Tomé Pires, parvient à Canton en 1517. Ce n'est qu'en 1557 que l'Empire Céleste accorde aux Portugais le droit d'établir un comptoir sur la péninsule de Macao, dans l'estuaire du Xi Jiang. Le Japon est atteint en 1543, à Nagasaki[3].
L'empire oriental connait son apogée sous le gouvernement de João de Castro (1545-1548), grâce aux conquêtes territoriales des années 1535 (Diu, Bassein), aux actions militaires contre les États indiens limitrophes (Bijâpur) et à la maîtrise du commerce des chevaux avec le puissant empire hindou du Sud de l'Inde, le Vijayanagar. Les Portugais parviennent aussi à éloigner les Turcs ottomans de l'Inde et à désamorcer, en 1521 et en 1572, les coalitions formées par les princes musulmans[3].
Le déclin du premier empire
Le déclin de l'empire colonial portugais se révèle inévitable, compte tenu des limites démographiques (un million d'habitants), géographiques et économiques de la métropole par rapport à l'étendue de son empire. Les richesses coloniales sont partiellement utilisées pour des constructions de prestige[Note 1] et non investies dans la modernisation des structures économiques du Portugal. La métropole accentue sa confortable dépendance envers les colonies, l'acquisition facile de richesses pervertit les mentalités.
Le 4 août 1578, le jeune roi Sébastien Ier, qui avait gagné le Maroc à la tête d'une armée de 17 000 hommes, disparaît au cours de la bataille des Trois Rois. Avec cette lourde défaite, le Portugal perd « sa noblesse, son armée, son indépendance et sa position mondiale[4] ».
De 1580 à 1640, le Portugal, gouverné par les Habsbourg d'Espagne, est réuni à la Monarchie catholique dans l'Union ibérique, et les Néerlandais, nouvellement indépendants de l'Espagne, ainsi que les Anglais, ennemis traditionnels des souverains espagnols, en profitent pour s'emparer de nombreux comptoirs et colonies portugais. Ceylan, Malacca, Ormuz et Cochin sont perdues en moins de cinquante ans. En 1602, les Néerlandais fondent la Vereenigde Oostindische Compagnie (Compagnie néerlandaise des Indes orientales) ou VOC. Celle-ci s'empare rapidement Ambon en 1605, qui devient son siège. Les Portugais sont définitivement expulsés des Moluques en 1636, et se rabattent sur Timor. En 1641, les Néerlandais de la VOC prennent Malacca et lancent une série d'attaques sur Macao.
À Ceylan, les Portugais, qui ont conquis presque toute l'île, se heurtent à la résistance du royaume de Kandy. De 1593 à 1638, ils tentent de faire tomber le royaume et brûlent et pillent cinq fois Kandy, mais leurs troupes finissent toujours par se faire massacrer. Le roi de Kandy s'allie aux Néerlandais pour rejeter les Portugais et, en 1659, Jaffna, la dernière place forte de ces derniers, tombe aux mains des Néerlandais. Comme les Portugais, ils s'installent sur l'île pour environ cent cinquante ans.
Deuxième empire (1580 - 1822)
Au moment de l'expulsion des Habsbourg d'Espagne et de l'accession au trône de Jean IV de Portugal en 1640, le Portugal possède encore en Inde les trois territoires de Goa, Diu et Daman, la richissime « Province du Nord » de l'État portugais des Indes[5], et les établissements vice-royaux du Coromandel (São Tomé de Meliapore, Pippli, Hugli, etc.)[Note 2]. Partout ailleurs dans l'océan Indien, le dispositif des Portugais doit être réorganisé. Dans le golfe persique, les Portugais expulsés d'Ormuz se rabattent sur Mascate et ses dépendances. En Afrique de l'Est, l'Estado da India, qui a reculé au Nord de la côte swahilie, sécurise définitivement ses positions du Mozambique. En Extrême-Orient, les activités autrefois dévolues à Malacca sont à présent déviées vers Timor et Macao. Mais surtout, les Portugais décident de concentrer leurs forces sur le Brésil, d'où ils expulsent les Néerlandais, et dont ils étendent le territoire largement au-delà des frontières fixées par le traité de Tordesillas, avec les expéditions des Bandeirantes. La position internationale du Portugal est alors stabilisée pour plus de cent cinquante ans, et l'Empire devient à nouveau une source de profits substantiels. Le Brésil colonial inaugure une nouvelle ère de l'or, tandis que le roi José Ier met en place de profondes réformes depuis Lisbonne.
Sous le règne de Napoléon Ier, les invasions françaises du Portugal ébranlent indirectement le vaste édifice impérial portugais. En 1807, le roi Jean VI décide de quitter sa capitale devant l'invasion des armées napoléoniennes pour s'établir à Rio. Une réforme institutionnelle élève alors le Brésil, colonie des Amériques portugaises, au rang de royaume, au sein du Royaume-Uni du Portugal, du Brésil et de l'Algarve, dont la capitale est à Rio de Janeiro. Cette mesure, considérée comme exceptionnelle et transitoire au Portugal, est maintenue après le congrès de Vienne de 1815, ce qui provoque un fort mécontentement en métropole. S'ensuit la Révolution portugaise de 1820, qui est à la fois libérale et conservatrice : libérale, parce qu'elle exige le retour du roi à Lisbonne pour lui imposer une constitution ; conservatrice, parce qu'elle souhaite que le Brésil soit ramené à son ancien statut de colonie, et que les Portugais du Brésil soient privés de leurs droits politiques. Lors de son retour au Portugal, le roi Jean VI laisse son fils Pierre comme régent, en lui conseillant de prendre la tête de tout mouvement séparatiste, afin que le Brésil reste dans le giron de la maison de Bragance. En 1822, face aux tensions extrêmes entre les Portugais du Brésil et ceux du Portugal, le jeune prince décide de proclamer l'indépendance du Brésil et en devient empereur constitutionnel sous de nom de Pierre Ier, alors même que son père règne au Portugal.
Troisième empire (1822 - 1999)
Par la suite, les possessions africaines (Angola, Mozambique, Guinée-Bissau) sont étendues. Dans les années 1920 et 1930, le régime colonial instaure un système racial séparant les Africains « assimilés », qui ont reçu les bases d'une éducation leur permettant éventuellement d'occuper une place dans l’administration coloniale, des autres indigènes, privés de droits et soumis au travail forcé (qui ne sera aboli qu'en 1962). Au lendemain de la Seconde guerre mondiale, les colonies sont encore très peu développées : à Sao Tomé-et-Principe aucun lycée n'a encore été ouvert, tandis qu'en Angola et au Mozambique les seules institutions ouvertes en annexes à l'université de Coimbra sont destinées aux fils de colons. En 1950, la population africaine de Guinée compte 99 % d’analphabètes, celle d'Angola 97 % et celle du Mozambique 98 %[6]. Dans les île du Cap-Vert, les sécheresses chroniques dues à la déforestation entrainent des famines régulières, accentuées par l'absence d'aide alimentaire. Entre 1941 et 1948, on compte ainsi 50 000 morts, soit le tiers de la population[7].
À partir de 1946 pour l'Inde[8] et 1951 pour le reste des colonies[9], celles-ci ne sont plus considérées comme tel par l'Estado Novo mais comme des régions à part entière, parties intégrantes d'un Portugal pluricontinental et rassemblé. Le terme « Empire colonial portugais » disparaît dans le même temps. La modification de l'Acte colonial inscrit dans la constitution la création de provinces ultramarines, subdivisions qui remplacent les colonies[10],[11].
Dans les années 1960, la dictature de Salazar tente vainement de les préserver malgré des guerres d'indépendance (guerre d'indépendance de l'Angola, guerre d'indépendance du Mozambique), qui s'achèvent en 1975, après la Révolution des œillets. Ces guerres coûtent la vie à 14 000 portugais (De plus, au moins 20 000 soldats reviendront handicapés ou mutilés, généralement du fait des mines, et plus de 140 000 resteront traumatisés). Coté africain, le bilan est encore plus considérable : 100 000 morts, majoritairement civils. La guerre s'accompagne de massacres perpétrés contre les civils par l’armée régulière et les commandos et de l'utilisation récurrente de napalm et de mines antipersonnel[12].
La République populaire d'Angola, la République populaire du Mozambique, la Guinée-Bissau, Sao Tomé-et-Principe et le Cap-Vert obtiennent tous leur indépendance. L'Inde annexe quant à elle Goa, Daman et Diu et des îles Anjidiv lors de l'opération Vijay en décembre 1961. Le Timor oriental déclare également son indépendance en 1975, mais est aussitôt envahi et annexé par l'Indonésie, il n'en deviendra pleinement indépendant qu'en 2002. Enfin Macao est rétrocédée à la République populaire de Chine en 1999.
Héritage
De son ancien empire, le Portugal retient la souveraineté de deux archipels dans l'océan Atlantique Nord : les régions autonomes de Madère et des Açores.
Plusieurs anciennes colonies portugaises sont aujourd'hui membre de la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP), une organisation intergouvernementale ayant pour but l'amitié et la coopération entre les nations lusophones. La population combinée des neuf membres est d'environ 270 millions d'individus. En plus des neuf membres permanents, la CPLP regroupe six observateurs : la Géorgie, le Japon, la République de Maurice, la Namibie, le Sénégal et la Turquie[réf. nécessaire].
Il existe un autre héritage lié à la présence portugaise dans les anciennes colonies comme le Brésil, l'Angola, le Mozambique, le Cap-Vert, Macao, la Guinée-Bissau et d'autres. Il s'agit de l'usage du portugais qui, du fait de sa pratique quotidienne durant plusieurs siècles, est devenu la langue officielle de ces pays.
Notes et références
Notes
- Par exemple l’Igreja de Santa Engrácia de Lisbonne qui devient plus tard le Panteão Nacional
- Goa, Daman et Diu comptoirs sont finalement annexés par l'Union indienne en 1961
Références
- (en) Brzezinski Zbigniew, « Strategic Vision America and the Crisis of Global Power »
- Alphonse Quenum, Les Églises chrétiennes et la traite atlantique du XVe au XIXe siècle, Karthala, (lire en ligne), p. 72-73.
- Guides Bleus - Portugal. Hachette tourisme, 2000
- Lucette Valensi, Fables de la mémoire : la glorieuse bataille des trois rois, 1578 : souvenirs d'une grande tuerie chez les chrétiens, les juifs & les musulmans, Editions Chandeigne, coll. « Péninsules », , 383 p. (ISBN 978-2-915540-59-8, lire en ligne), p. 24
- L'Empire portugais d'Asie, de Sanjay Subrahmanyam, Maisonneuve et Larose, 1999.
- Armelle Enders, Histoire de l'Afrique lusophone, Éditions Chandeigne, , p. 104
- Amzat Boukari-Yabara, Africa Unite, une histoire du panafricanisme, La Découverte, , p. 238-247
- (en) Ben Cahoon, « India », sur World Statesmen.org (consulté le ).
- (pt) « Lei n.º2048 », Diário da República, (lire en ligne [PDF]).
- « Le lusotropicalisme dans le colonialisme portugais tardif », sur Africultures, (consulté le ).
- Cláudia Castelo, traduit par Camille Diard, « Le luso-tropicalisme, ou le colonialisme portugais sur le tard », sur Buala, (consulté le ).
- « L’exposition "Refuser la guerre coloniale, une histoire portugaise" », sur Histoire coloniale,
Voir aussi
Bibliographie
- A. H. de Oliveira Marques, Histoire du Portugal et de son empire colonial (trad. du portugais par Marie-Hélène Baudrillart), Karthala, Paris, 1998 (2e éd.), 615 p. (ISBN 2-86537-844-6)
- Sanjay Subrahmanyam, Empire portugais d'Asie (1500-1700) : histoire politique et économique, Maisonneuve & Larose, 1999, 385 p. (ISBN 2706812524)
- (pt) João Paulo Guerra, Descolonização portuguesa : o regresso das caravelas, Oficina do livro, Lisbonne, 2009, 250 p. (ISBN 978-989-555-472-0)
- (pt) João Paulo Oliveira e Costa, Mare Nostrum - Em busca de Gloria e Riqueza, Temas e Debates, Lisbonne, 2013, 527 p. (ISBN 978-989-644-200-2)
Articles connexes
Liens externes
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