Chorégies d'Orange
Les Chorégies d’Orange sont un festival d’opéra et de musique classique créé originellement en 1869 et sous sa forme actuelle en 1971. Il a lieu chaque été, en juillet et en août, au théâtre antique d’Orange.
Pour les articles homonymes, voir chorégie.
Chorégies d'Orange | |
Roberto Alagna dans Faust, en 2008. | |
Genre | Art lyrique |
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Lieu | Orange |
Coordonnées | 44° 08′ 09″ nord, 4° 48′ 32″ est |
Période | Annuelle, en juillet et en août |
Scènes | Théâtre antique d'Orange |
Date de création | 1869 |
Direction | Jean-Louis Grinda |
Site web | www.choregies.fr |
En régime normal sont donnés deux opéras populaires, deux fois chacun, devant un public de près de neuf mille personnes ; les représentations sont fréquemment retransmises par la télévision publique.
Dirigées de 1982 à 2016 par Raymond Duffaut et présidées jusqu'à la même date par Thierry Mariani, les Chorégies d'Orange sont l'un des hauts lieux de l'art lyrique international.
Historique
Des représentations estivales sont données à partir de 1860 au théâtre antique, dont la restauration avait commencé en 1825. En 1869 sont créées les Fêtes romaines, avec une production de Joseph, d’Étienne Nicolas Méhul. C'est le plus ancien festival de France[1] et le premier à avoir réhabilité les spectacles en plein air[réf. souhaitée]. C'est aussi, pour le XIXe siècle, l'un des rares exemples d'extension du principe du festival du domaine musical à celui du théâtre[2].
En 1902, le festival prend le nom de Chorégies (du grec choreos, « les chœurs »), qui renvoie à l'exceptionnelle acoustique que le lieu doit à son mur de scène.
Les Chorégies proposent pendant un siècle du théâtre, de l’opéra et des concerts et accueille de grands noms de la scène française, comme Sarah Bernhardt pour Phèdre en 1903 ; y sont montées notamment Œdipe roi de Jules Lacroix, d'après Sophocle, Andromaque de Jean Racine et Antigone[3]. Dionysos, tragédie lyrique en trois actes de Joachim Gasquet, est jouée au Théâtre antique, le . Les artistes de l'Opéra de Paris et de la Comédie-Française gardent le monopole de la scène jusqu'à la Seconde Guerre mondiale. Ensuite, le festival s'ouvre aux compagnies privées. Numance de Cervantes y est notamment interprétée par la compagnie Renaud-Barrault en 1965.
À partir de 1969, le théâtre abandonne les chorégies et investit le Festival d’Avignon.
En 1971 commencent les Nouvelles Chorégies qui donnent à l'art lyrique l'exclusivité du festival, sous l'impulsion du ministre de la Culture Jacques Duhamel. L’organisation est fixée à six soirées sur une durée d’un mois, généralement deux représentations de deux opéras, ainsi que deux concerts. Tous les grands opéras sont interprétés par les plus grands chanteurs et le festival prend alors une ampleur internationale.
Les chorégies se sont distinguées plus récemment lors d'un conflit politique dont elles étaient le centre. Jusqu'en 1995, le président de l'association qui organise le festival est le maire de la ville, reconduit tous les ans. À cette date et contrairement à la tradition, le nouveau maire Jacques Bompard, ancien membre du Front national, n'est pas élu à cette fonction. La situation menace l'existence même des chorégies qui sont prêtes à s'exiler. Toutefois une convention est signée en 1999 pour un financement pluriannuel et pérenne.
Le , afin de célébrer la 40e édition des Nouvelles Chorégies, la Comédie-Française donne une représentation particulière d'Andromaque selon l'ancienne tradition, dans la mise en scène de Muriel Mayette, retransmise en direct sur France 2.
Actuellement le pari des chorégies est, précise Raymond Duffaut, d'une part de créer un réseau sur les sites antiques du pourtour méditerranéen (coproduction en juin 2011 d'Aïda, grand opéra méditerranéen, au festival de l'opéra de la mer Morte de Massada ; projets envisagés au Liban et au Maroc), d'autre part, d'exporter des productions, par exemple à Abu Dhabi et au Qatar[4].
En 2016, Jean-Louis Grinda remplace Raymond Duffaut en tant que directeur des Chorégies d'Orange[5].
L'édition de 2020 est annulée en raison de la pandémie de Covid-19[6].
Lieu des représentations
Les spectacles et concerts sont donnés au théâtre antique, un théâtre romain construit au Ier siècle de notre ère. Il peut accueillir huit mille six cents spectateurs environ.
Son mur de scène, haut de trente-sept mètres, offre un environnement particulier que les décorateurs peuvent mettre à profit. Il garantit également la bonne acoustique des spectacles, qui ont lieu en plein air.
L’installation au théâtre antique rend cependant le festival dépendant du temps et des représentations ont parfois dû être reportées ou annulées à la dernière minute, en raison soit d’un orage, soit de répétitions insuffisantes.
- Chorégies 1920.
- Chorégies 2007.
- Chorégies 2009.
Autofinancement
Le festival se caractérise par son haut degré d'autonomie financière[4] : seuls 15 % de subventions publiques y sont nécessaires alors que les festivals d'Aix et d'Avignon, quant à eux, ont besoin de 45 %. En 1987, la Mairie d'Orange finance de 2 millions d'euros l'amélioration de la communication de l'événement. Ainsi réussit-il à éviter la présence d'espaces VIP dans le théâtre. Sur un budget de l'ordre de 4,7 millions d'euros, en 2011, la billetterie apporte 3,5 millions, grâce à une capacité de 8 500 places. Un spectacle complet assure 1 million d'euros de recettes. Toutefois, les pièces doivent être soigneusement choisies car il faut réunir au minimum deux fois 8 500 personnes. Afin de présenter, en prenant un risque, Elektra (1991) ou Mireille (1970/2010), surtout connus des spécialistes, l'autofinancement est assuré à condition que soit associés Tosca, Aïda ou Carmen, qui attirent un large public. En termes de coûts, Aïda par exemple représente 1,4 million d'euros, Rigoletto 1,22 million.
Les collectivités territoriales et l'État apportent pour leur part 890 000 euros. Les partenariats impliquent France Télévisions ainsi qu'Air France, la SNCF et quelques entreprises locales, notamment viticoles. En situation financière difficile, la Région PACA organise pour sauver la saison 2018 un regroupement des financeurs et partenaires historiques au sein d'une société publique locale (SPL), Jean-Louis Grinda restant le directeur et responsable artistique du Festival[7].
Opéras programmés
Depuis 1968
L'édition 2020 a dû être annulée en raison de la pandémie de Covid-19, mais l'émission « Musiques en fête » qui ouvre habituellement le programme a pu s'y dérouler[9].
Notes et références
- « Histoire du lieu » sur le site officiel du festival ; Puaux, Puaux et Mossé 1996, p. 49.
- Benito 2001, p. 45.
- « La Comédie-Française à Orange », programme d'Andromaque, 17 juin 2011, p. 5.
- « Orange, la magie des voix et d'un lieu », Le Figaro, 8 juillet 2011, p. 30 ; « À quarante ans, les Chorégies d'Orange s'installent à la télévision », Les Échos, 8 juillet 2011, p. 26.
- le nouveau patron des Chorégies d'Orange, Jean-Louis Grinda, "tourne la page", tv5monde.com, 7 juillet 2016
- « Les Chorégies d’Orange 2020 sont annulées », France Musique, 15 avril 2020.
- Gilles Rof, La Région PACA reprend en main les Chorégies d'Orange dans Le Monde du 19 mars 2018 p. 19.
- « DIRECT. "Aida" de Verdi aux Chorégies d'Orange 2017 », Culturebox, (lire en ligne, consulté le ).
- Cyril Féraud : « Proposer Musiques en fête en direct est un petit miracle ».
Voir aussi
Bibliographie
- Luc Benito, Les Festivals en France : Marchés, enjeux et alchimie, L'Harmattan, , 196 p. (ISBN 978-2-7475-1156-8, lire en ligne)
- Melly Puaux, Paul Puaux et Claude Mossé, L'aventure du théâtre populaire : D'Épidaure à Avignon, Éditions du Rocher, , 299 p. (ISBN 978-2-268-02367-0, lire en ligne)
- Philippe Chabro, Chorégies d’Orange (1971–1994), Arles, Actes Sud, , 142 p. (ISBN 978-2-7427-0633-4)
Articles connexes
Liens externes
- Site officiel
- Théâtre antique et musée d’Orange, site officiel
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