Giacomo Puccini
Giacomo Antonio Domenico Michele Secondo Maria Puccini, né le à Lucques dans le grand-duché de Toscane et mort le à Bruxelles, est un compositeur italien. Il est considéré comme l'un des plus grands compositeurs de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle.
Pour les articles homonymes, voir Puccini (homonymie) et Giacomo Puccini (homonymie).
Nom de naissance | Giacomo Antonio Domenico Michele Secondo Maria Puccini |
---|---|
Naissance |
Lucques, Grand-duché de Toscane |
Décès |
(à 65 ans) Bruxelles, Belgique |
Activité principale | Compositeur de musique romantique |
Style | Opéra |
Maîtres |
Amilcare Ponchielli Antonio Bazzini |
Ascendants |
Michele Puccini (père) Domenico Puccini (grand-père) Antonio Puccini (arrière-grand-père) Giacomo Puccini (arrière-arrière grand-père) |
Œuvres principales
Issu d'une famille de longue tradition musicale dans laquelle cinq générations de musiciens se sont succédé, il porte le même prénom que son arrière-arrière-grand-père Giacomo Puccini (1712-1781), organiste et compositeur de musique sacrée du XVIIIe siècle. Il est le fils de Michele Puccini (1813-1864), le petit-fils de Domenico Puccini (1772-1815) et l'arrière-petit-fils d'Antonio Puccini (1747-1832).
Biographie
Giacomo Antonio Domenico Michele Secondo Maria Puccini, est né via di Poggio, dans le centre de Lucques, dans une famille aisée, mais non fortunée. Il est le premier garçon d’une famille de sept enfants, cinq sœurs aînées et un frère, de cinq ans son cadet, né trois mois après la mort de son père. Son père Michele Puccini[1] est un compositeur de musique sacrée, organiste et maître de chœur à la cathédrale Saint-Martin de Lucques. Sa mère Albina Magi[2] a épousé Michele en 1848 ou 1849[3].
Il poursuit à une ou deux exceptions près les mêmes études musicales que ses illustres aïeux, tous musiciens d'église et connus par les nombreuses compositions des Tasches[Quoi ?]. On compte trente-deux œuvres à leur actif[4].
Après la mort de son père en , il est envoyé auprès de son oncle maternel Fortunato Magi pour étudier ; celui-ci l'initie au clavier et au chant choral mais le considère comme un élève peu doué et indiscipliné. Fortunato a succédé à Michele Puccini au poste de maître de chapelle et organiste. Toutefois, la place ayant été occupée depuis plusieurs générations par les Puccini, il est précisé que Fortunato céderait sa place au jeune Giacomo lorsque celui-ci serait en âge d'assumer cette charge[5].
Il a dix ans lorsqu'il entre dans le chœur de la cathédrale de Lucques et commence à toucher l’orgue. L'inspiration pour l'art lyrique et la musique profane lui vient seulement lors d'une représentation de l'Aïda de Verdi que Carlo Angeloni, un de ses professeurs au conservatoire, lui fait découvrir à Pise le . De 1880 à 1883, il étudie au conservatoire de Milan, où il est l'élève d'Amilcare Ponchielli et d'Antonio Bazzini.
En 1882, Puccini participe à un concours d'écriture lancé par la maison d'édition de musique Sonzogno en 1883, pour un opéra en un acte. Bien qu'il ne remporte pas le prix avec Le Villi, son premier opéra est représenté en 1884 au Teatro Dal Verme de Milan, grâce à Ponchielli et Ferdinando Fontana, et contribue à attirer l'attention de Ricordi, l'éditeur de Verdi, qui lui commande un nouvel opéra, Edgar. C'est à cette époque que Puccini rencontre Elvira Gemignani (née Bonturi, 1860-1930) qui deviendra sa femme et lui donnera un fils, Antonio (1886-1946). Elle est mariée à un autre, ce qui n'empêche pas Puccini de tenter sa chance. Le mari, peu soupçonneux et souvent absent, ne se méfie pas du jeune homme qui accepte avec joie de donner des cours de piano à l'épouse quand elle le lui demande (Puccini, après le succès des Villi, commence à se faire une excellente réputation). Les deux « tourtereaux » dissimulent mal leur liaison, de sorte que tout Lucques est au courant du scandale, sauf le mari trompé. Le climat devenant lourd cependant, Puccini achète une villa à Torre del Lago (bien appartenant aujourd'hui à la petite-fille du compositeur), où il résidera la plus grande partie de sa vie, accompagné d'Elvira. Aussi, la critique sera-t-elle assez ironique lorsque Edgar, son deuxième opéra, sera représenté (avec succès), puisque l'intrigue présente beaucoup de points communs avec cette aventure vaudevillesque.
Son troisième opéra, Manon Lescaut, fut non seulement un succès, mais également le point de départ d'une collaboration fructueuse avec les librettistes Luigi Illica et Giuseppe Giacosa, qui travaillèrent avec lui sur les trois opéras suivants.
En 1896, il crée un opéra, La Bohème, adapté des Scènes de la vie de bohème de Henri Murger. Bien qu’il contienne certains des airs les plus populaires de son répertoire, ses audaces harmoniques et dramatiques, tranchant avec le sentimentalisme de Manon Lescaut, ne parvinrent pas à séduire le public de la première, le 1er février (malgré la direction irréprochable d'Arturo Toscanini). Les représentations suivantes assurèrent cependant au compositeur un succès mondial (sauf auprès des critiques qui préférèrent l'année suivante la version, au demeurant fort bonne, de Leoncavallo aujourd'hui supplantée par celle de Puccini), qui ne fut pas démenti : La Bohème est considéré comme l'un des meilleurs opéras romantiques.
En 1900, Tosca représente pour Puccini la première approche du vérisme ; l'œuvre est marquée par la ferveur patriotique, mais elle relate un drame amoureux sans s’engager sur le terrain idéologique comme les opéras de Verdi. Le contraste entre La Bohème et Tosca est tel que Puccini essuie un cinglant revers. Heureusement, lorsque Toscanini reprend l'ouvrage, le succès est au rendez-vous.
L'activité du compositeur ralentit et, en 1903, il est blessé à la suite d'un accident de voiture qui le rendra boiteux.
En 1904, Madame Butterfly (sur une pièce de théâtre de David Belasco) fut accueillie par un fiasco cinglant lors de la première à la Scala de Milan, bien qu'il fût remarquablement orchestré et dirigé par Cleofonte Campanini (en) et mis en scène par Adolfo Hohenstein. En particulier, lors de la scène où l'on entend des chants d'oiseaux, le public s'esclaffa et fit entendre des cris de basse-cour de toutes sortes. Cela ne l'empêchera pas de devenir, trois mois après, un autre de ses grands succès, après une révision drastique.
En 1906, un de ses librettistes, Giacosa, meurt.
En 1909, éclate un scandale : sa domestique se suicide par empoisonnement après avoir été accusée par Elvira Gemignani d'avoir eu une relation avec lui. Il semblerait que ce soit la sœur de la domestique qui avait une relation avec Giacomo Puccini. La domestique servait de médiatrice, elle se suicida afin de ne pas trahir le secret. Similaire à l'acte III de Turandot où Liù se suicide afin de ne pas dévoiler le secret.
En 1910, il compose La fanciulla del West, premier opéra créé au Metropolitan Opera de New York. L'œuvre, considérée comme le premier western spaghetti[7], est dirigée par Toscanini ; elle présente une richesse orchestrale et harmonique sans égale dans l'œuvre de Puccini. Le succès immédiat auprès du public (et, fait rare, également des critiques) ne se confirme pas : le thème du Far West, l'audace de son écriture et, étrangement, son « happy end », déroutent le public et les critiques. Il faudra toute la volonté d'artistes comme Dimitri Mitropoulos, Plácido Domingo, et de musicologues désireux de dépasser les clichés, pour faire sortir cette œuvre remarquable de l'oubli.
Il trittico est créé en 1918. Ce triptyque est composé de trois opéras réunis par le style Grand Guignol parisien : un épisode d'horreur Il Tabarro, une tragédie sentimentale Suor Angelica et une farce ou comédie Gianni Schicchi. Des trois, Gianni Schicchi devient le plus populaire.
Son dernier opéra Turandot, écrit en 1924, reste inachevé ; les deux dernières scènes en seront complétées par Franco Alfano. Ce final est très contesté de nos jours car Puccini avait rêvé pour le duo final de quelque chose d'inédit et fantastique, comparable à une grande scène wagnérienne (on mesure, quand on entend Nessun dorma ou le dernier air de Liù Tanto amore, segreto, l'étendue de la perte qu'a causée la maladie du compositeur). Alfano, bon compositeur pourtant, n'a pas le génie de son maître, il est donc compréhensible que l'on ne dirige aujourd'hui qu'une version écourtée du final. En 2001, un nouveau final est écrit par Luciano Berio.
Puccini meurt à Bruxelles le , des suites cardiaques dues à son cancer de la gorge. Après des obsèques à l'église royale Sainte-Marie de Schaerbeek, son corps est transporté à Milan où, le , ses funérailles sont célébrées dans la cathédrale par l'archevêque Eugenio Tosi. À l'issue de celles-ci, sa dépouille est inhumée provisoirement au cimetière monumental de Milan, dans le caveau de famille d'Arturo Toscanini[8]. Le , à l'occasion du deuxième anniversaire de sa mort, Giacomo Puccini est réinhumé dans la chapelle de sa villa de Torre del Lago[9].
Sa villa est aujourd'hui un musée dédié à sa mémoire.
Analyse
Manon Lescaut, La Bohème, Tosca, Madame Butterfly et Turandot sont tous de grands succès. Ils illustrent une maîtrise de l’orchestration exceptionnelle, aux multiples innovations harmoniques, et un langage théâtral profondément original. Ce langage qui contribua au succès de Puccini se rattachait au courant littéraire du vérisme italien, représenté par des compositeurs de la fin du XIXe siècle, comme Mascagni, Leoncavallo ou Franchetti. Puccini échappe pourtant au réalisme tragique du vérisme, grâce à sa passion pour les romantiques comme Alfred de Musset ou Heinrich Heine, mais aussi en raison de sa modernité théâtrale et musicale, illustrée par les chromatismes de Tosca ou les accords impressionnistes de la Houppelande (Il Tabarro) influencés par les audaces de Debussy et de Ravel, et la marque profonde laissée dans son œuvre par Wagner.
Œuvre
Giacomo Puccini laisse 38 œuvres musicales.
Opéras
Date de la première, théâtre, ville
- Le Villi (Les Willis) (, Teatro Dal Verme, Milan)
- [rev. 1] (, Teatro Regio, Turin)
- [rev. 2] (, Teatro alla Scala, Milan)
- [rev. 3] (, Teatro Dal Verme, Milan)
- Edgar (, Teatro alla Scala, Milan)
- [rev. 1] (, Teatro del Giglio, Lucques)
- [rev. 2] (, Teatro Comunale, Ferrare)
- [rev. 3] (, Teatro de la Ópera, Buenos Aires)
- Manon Lescaut (, Teatro Regio, Turin)
- [rev.] (, Teatro Coccia, Novare)
- La Bohème (, Teatro Regio, Turin)
- Tosca (, Teatro Costanzi, Rome)
- Madame Butterfly (, Teatro alla Scala, Milan)
- [rev. 1] (, Teatro Grande, Brescia)
- [rev. 2] (, Covent Garden, Londres)
- [rev. 3] (, Opéra-Comique, Paris)
- [rev. 4] (, Teatro Carcano, Milan)
- La fanciulla del West (La Fille du Far West) (, Metropolitan Opera, New York)
- [rev.] (, Teatro alla Scala, Milan)
- La rondine (, Opéra, Monte-Carlo)
- [rev. 1] (, Teatro Massimo Vittorio Emanuele, Palerme)
- [rev. 2] (, Teatro Verdi, Rijeka)
- Il trittico (Le triptyque) (, Metropolitan Opera, New York) :
- Il tabarro (La Houppelande)
- Suor Angelica (Sœur Angelica)
- Gianni Schicchi
- Turandot (, Teatro alla Scala, Milan)
Orchestre
Musique de chambre
- Scherzo in A minor (Quatuor à cordes) (1881)
- Crisantemi (Quatuor à cordes, 1890, « Alla memoria di Amadeo di Savoia Duca d'Aosta »)
- Minuetto n.1 (Quatuor à cordes, « A.S.A.R. Vittoria Augusta di Borbone, Principessa di Capua »)
- Minuetto n.2 (Quatuor à cordes, « All'esimio violinista prof. Augusto Michelangeli »)
- Minuetto n.3 (Quatuor à cordes, « All'amico maestro Carlo Carignani »)
Piano
Piano et voix
- A Te (1875)
- Melanconia (1881/1883) (perdu)
- Ah! se postesse (fragments) (1882) (perdu)
- Ad una morta! (1882/1883)
- Mentìa l’avviso (1882)
- Storiella d’amore (1883)
- Sole ed amore (1888)
- Avanti Urania! (1896)
- Inno a Diana (1897)
- E l'uccellino (1899)
- Terra e mare (1902)
- Canto d’anime (1904)
- Casa mia, casa mia (1908)
- Sogno d'or (1913)
- Morire? (1917)
- Inno a Roma (, Rome)
Piano et violon
- La Sconsolata (1883)
Messes, cantates et musique sacrée
Œuvres chorales
Notes et références
- 27 novembre 1813 - 23 janvier 1864.
- 2 novembre 1830 - 17 juillet 1884.
- (it) Remo Giazotto, Puccini in casa Puccini, LIM, , p. 174.
- (en) Timothy Ramsden, Puccini, Omnibus Press, , p. 12.
- Dominique Amy, Giacomo Puccini, Seghers, , p. 15.
- Huile sur toile, collection privée.
- (en)Anthony Tommasini, « The First Spaghetti Western », sur New York Times, .
- « La mort et les obsèques de Puccini », sur Gallica, Comœdia, Paris, (consulté le ), p. 2.
- « La dépouille de Puccini transférée à Torre del Lago », sur Gallica, Comœdia, Paris, (consulté le ), p. 3.
Annexes
Bibliographie
- (it) (en) Michele Girardi, Giacomo Puccini. L'arte internazionale di un musicista italiano, 1995 (également traduit en anglais)
- (en) Julian Budden, Puccini. His Life and Works, Oxford University Press, Inc., Oxford, 2002 (ISBN 0-19-517974-9)
- Sylvain Fort, Puccini, Actes-Sud, 2010
- Marcel Marnat, Giacomo Puccini, Fayard, 2005
Filmographie
- 2008 : Puccini e la fanciulla, la vie de Puccini, son travail, sa passion dans un film de Paolo Benvenuti et Paola Baroni Voir la présentation du film sur Eurochannel.
Articles connexes
- Catégorie:Œuvre de Giacomo Puccini
Liens externes
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- Festival Puccini e la sua Lucca
- (it) Dieter Schickling, « PUCCINI, Giacomo », dans Enciclopedia Treccani, Dizionario Biografico degli Italiani, Rome, Istituto dell'Enciclopedia Italiana, (lire en ligne)
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