Roméo et Juliette (Gounod)
Roméo et Juliette est un opéra en cinq actes de Charles Gounod, livret de Jules Barbier et Michel Carré[1] d'après le drame homonyme de Shakespeare, créé à Paris au Théâtre-Lyrique le [1].
Pour les articles homonymes, voir Roméo et Juliette (homonymie).
Genre | Opéra |
---|---|
Nbre d'actes | 5 |
Musique | Charles Gounod |
Livret |
Jules Barbier Michel Carré |
Langue originale |
Français |
Sources littéraires |
Roméo et Juliette de Shakespeare |
Dates de composition |
avril-juillet 1865 ; juillet 1866 |
Partition autographe |
Bibliothèque nationale de France, Paris |
Création |
Théâtre-Lyrique, Paris |
Versions successives
- 1867 : Création à Paris
- 1867 : Création de la version italienne à Londres
- 1873 : Version remaniée pour l'Opéra-Comique
- 1888 : Version remaniée pour l'Opéra de Paris
Personnages
- Roméo Montaigu (ténor lyrique léger)
- Mercutio, son ami (baryton)
- Stéphano, page de Roméo (mezzo-soprano)
- Frère Laurent (basse)
- Juliette Capulet (soprano lyrique léger)
- Le comte Capulet, son père (baryton-basse)
- Tybalt, cousin de Juliette (ténor)
- Gertrude, nourrice de Juliette (mezzo-soprano)
Airs
- Ballade de la reine Mab - Mercutio
- Ariette « Je veux vivre » (dite « Valse de Juliette ») - Juliette
- Cavatine « Ah ! Lève-toi soleil » - Roméo
- Chanson « Que fais-tu, blanche tourterelle » - Stéphano
Argument
Un prologue permet au chœur d’introduire le drame à venir. Roméo Montaigu est amoureux de Juliette Capulet mais leurs familles, rivales, leur interdisent tout contact.
Acte I
Roméo, Mercutio et quelques amis participent incognito au bal masqué qui se tient chez les Capulet. Mercutio chante la Ballade de la reine Mab. Vient la première réunion des amants qui sont instantanément épris l’un de l’autre, Roméo chante « Ange adorable » et s’ensuit un duo passionné. Tybalt reconnait Roméo, ennemi de sa famille, mais ne peut s’en prendre à lui à cause des règles de l’hospitalité.
Acte II
L'acte deux reprend la fameuse scène du balcon. On y notera particulièrement l’air de Roméo (« Ah ! Lève-toi soleil »), le duo (« Ah ! Ne fuis pas encore ! ») et les adieux (« Va ! Repose en paix ! Sommeille ! »).
Acte III
Le troisième acte est divisé en deux tableaux. Le premier se déroule dans la cellule de Frère Laurent où Roméo et Juliette sont mariés secrètement (« Ô pur bonheur »). S’ensuit, à l’extérieur de la demeure des Capulet, le duel où Tybalt trouve la mort des mains de Roméo qui venge ainsi son ami Mercutio. Pour terminer, Roméo est banni.
Acte IV
Roméo vient faire ses adieux à Juliette. S’ensuit le duo « Nuit d’hyménée, Ô douce nuit d’amour ». Les amants tardent à se séparer « Non, non, ce n’est pas l’alouette », « Ah ! Reste ! Reste encore dans mes bras » et finalement « Il faut partir, hélas ». Le père de Juliette veut la marier à Pâris. Elle n’ose dire à son père qu’elle a secrètement épousé Roméo et boit un philtre (« Buvez donc ce breuvage ») fourni par le moine, boisson la faisant tomber en catalepsie afin d'échapper à cette seconde union.
Acte V
Roméo pense que son épouse est morte et a regagné Vérone pour la rejoindre dans la mort. Une fois dans le tombeau (« Salut, tombeau / Ô ma femme, ô ma bien-aimée »), il s’empoisonne mais alors qu’il agonise, Juliette se réveille. Comprenant la situation, elle se poignarde. Avec leurs dernières forces, ils chantent « Viens, fuyons au bout du monde ». L'opéra se termine, comme le drame shakespearien, par la mort des amants.
Distribution
Rôle | Tessiture | Créateurs Théâtre-Lyrique (1867) |
---|---|---|
Juliette Capulet | soprano | Marie-Caroline Miolan-Carvalho |
Roméo Montaigu | ténor | Pierre-Jules Michot |
Frère Laurent, ermite | basse | Jean Cazaux |
Mercutio, ami de Roméo | baryton | Auguste-Armand Barré |
Benvolio, ami de Roméo | ténor | Pierre-Marie Laurent |
Stéphano, page de Roméo | mezzo-soprano | Joséphine Daram |
Le comte Capulet, père de Juliette | basse | Étienne Troy |
Gertrude, nourrice de Juliette | mezzo-soprano | Eléonore Ragaine-Duclos |
Tybalt, cousin de Juliette | ténor | Jules-Henri Puget |
Le comte Pâris, fiancé de Juliette | baryton | Laveissière |
Grégorio, valet des Capulet | baryton | Étienne Troy |
Le duc de Vérone | basse | Émile Wartel |
Frère Jean | basse | Neveu |
Chef d'orchestre | Adolphe Deloffre |
Numéros musicaux
L'air de Juliette « Amour ranime mon courage », à l'acte IV, a connu une histoire tourmenté. Gounod compose initialement pour le personnage cet air selon une structure binaire lent / vif destiné à faire briller l'artiste chargée du rôle, aussi bien dans le cantabile que dans une expression plus héroïque. Dépassée par les exigences de cette page, Mme Carvalho le fait supprimer et exige la composition, à l'acte I, d'un air d'entrée virtuose. Ce sera l'Ariette en forme de valse, écrit d'abord en sol majeur puis transposé en fa majeur lorsque des voix plus lyriques seront chargées du rôles dès la fin du XIXe siècle. L'air « du poison » ne sera interprété que furtivement dans les années 1880, tronqué de sa partie lente (« Viens ! ô liqueur mystérieuse »), avant d'être plus régulièrement chanté au XXe siècle (toujours dans sa version abrégée). Les nombreuses éditions du piano-chant de l'opéra témoignent de l'histoire mouvementée de ce numéro[2].
Principales représentations dans le monde
- : Création au Théâtre-Lyrique à Paris (avec dialogues parlés)
- : Création de la version italienne à Londres (traduction de Zaffira)
- : Version remaniée pour l'Opéra-Comique par Georges Bizet (avec récitatifs)
- : Version remaniée pour l'Opéra de Paris (ajout du ballet, nouveau final du troisième acte et quelques modifications du livret)
Adaptations
Il existe une parodie Rhum et eau en juillet de Joseph Eugène Dejazet datant de 1867.
Dans la culture
- 2004 : L'aria Je veux vivre fait partie de la bande originale du film Les Sœurs fâchées (source : générique).
- 2011 : L'aria Je veux vivre est également interprétée par la Castafiore dans le dessin animé de Steven Spielberg "Les aventures de Tintin: Le secret de la Licorne"
Discographie sélective
- 1953 : Janine Micheau, Raoul Jobin, Heinz Rehfuss, chœurs et orchestre de l'Opéra de Paris, Alberto Erede (dir.) - Decca
- 1968 : Mirella Freni, Franco Corelli, Xavier Depraz, chœurs et orchestre de l'Opéra de Paris, Alain Lombard (dir.) - EMI
- 1984 : Catherine Malfitano, Alfredo Kraus, José Van Dam, chœur et orchestre du Capitole de Toulouse, Michel Plasson (dir.) - EMI
- 1998 : Angela Gheorghiu, Roberto Alagna, José Van Dam, chœur et orchestre du Capitole de Toulouse, Michel Plasson (dir.) - EMI
- 2007 : Anna Netrebko, Roberto Alagna, Robert Lloyd, chœur et orchestre du Metropolitan Opera House, Placido Domingo (dir.) - (live)
- 2008 : Nino Machaidze, Rolando Villazón, Mikhail Petrenko, Mozarteumorchester Salzburg, Yannick Nézet-Séguin (dir.) - (en direct)
Bibliographie
- « Roméo et Juliette », L'Avant-scène opéra n°41, éd. Premières Loges, Paris, 1982
- Gustave Kobbé, Tout l'opéra, Paris, Robert Laffont, 2000
- Harold Rosenthal, John Warrack, Roland Mancini et Jean-Jacques Rouveroux, Guide de l'opéra, coll. « Les Indispensables de la musique », éd. Fayard, Paris
Liens externes
- Ressources relatives à la musique :
- (en) International Music Score Library Project
- (en) Carnegie Hall
- (en) MusicBrainz (œuvres)
- (de) Operone
- Livret en français
- Roméo et Juliette (Barbier & Carré / Gounod), Bru Zane Mediabase (notice, iconographie, articles...)
Notes et références
- François-René Tranchefort, L'Opéra, Paris, Éditions du Seuil, , 634 p. (ISBN 2-02-006574-6), p. 249
- Alexandre Dratwicki, « Juliette sans Roméo : enquête autour d'un monologue apatride », Bru Zane mediabase, Palazzetto Bru Zane - Centre de musique romantique française, .
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