Faust

Faust est le héros d'un conte populaire allemand ayant rencontré du succès au XVIe siècle, à l'origine de nombreuses réinterprétations.

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Faust dans son cabinet d'étude par Georg Friedrich Kersting, 1829.

Cette histoire raconte le destin de Faust, un savant déçu par l'aporie à laquelle le condamne son art, qui contracte un pacte avec le Diable. Ce dernier met au service de Faust un de ses Esprits  dit Méphistophélès, afin de lui procurer un serviteur humain, l'étudiant Wagner. Wagner devient son famulus  et lui offre une seconde vie, tournée cette fois vers les plaisirs sensibles, au prix de son âme. Dans la plupart des versions populaires du récit fantastique, l’âme de Faust est damnée après sa mort, qui suit une longue période (24 ans précisent certains textes) durant laquelle le Diable a exaucé la plupart de ses vœux.

Origine

Le musée de Faust à Knittlingen, la ville natale de Johann Georg Faust.

La légende de Faust serait inspirée du miracle de Théophile, rapporté par le trouvère français Rutebeuf (XIIIe s.), lui-même inspiré par le recueil narratif des Miracles de Notre Dame du clerc Gautier de Coincy (XIIe-XIIIe s.). Le mythe plonge ses racines dans l'histoire. Il semble que l'état le plus récent repose sur la vie d'un célèbre alchimiste et astrologue de la Renaissance, Georgius Sabellicus Faustus Junior[1] (ca 1480-1540). Un ami de Luther dit que Faust a étudié la magie surnaturelle à l'université de Cracovie en Pologne. Il fut accusé de pratiquer la magie noire et d'écrire des libelles sur les miracles de Jésus-Christ, dans lesquels il affirme qu'il peut, s’il le veut, en faire autant. Dénoncé par Martin Luther et Philippe Melanchthon qui affirmaient que le diable hantait Faust, ses adeptes l'auraient incité à enseigner. Accusé de molester ses étudiants, il dut quitter l'université pour échapper aux poursuites judiciaires. D'après son personnage a paru, en Pologne, une légende sur un magicien nommé Pan Twardowski. D'autres témoignages prouvent qu'il était en activité à l’université d’Erfurt. Quand il enseignait Homère, il faisait apparaître devant ses étudiants, sans doute en ombres chinoises, les héros de Troie et les monstres de la mythologie, notamment le cyclope Polyphème. On raconte que certaines de ces figures d'ombre tentaient de dévorer quelques étudiants épouvantés, avant de disparaître. C'est à Erfurt que Faust aurait déclaré, en présence d’un moine franciscain nommé Konrad Klinge : « Je suis allé plus loin que vous ne le pensez et j’ai fait une promesse au démon avec mon propre sang, d’être sien dans l'éternité, corps et âme ». Cette œuvre s'apparente au livre d'Adelbert von Chamisso, L'Étrange Histoire de Peter Schlemilh. On retrouve Faust à l'auberge Auerbach à Leipzig sur un baril en . En 1534, l'aventurier allemand Philipp von Hutten lui demanda de prédire son avenir avant d'explorer une région du Venezuela. Six ans plus tard, il écrivit à son frère que tout s'était produit exactement comme Faust l’avait prédit. La mort de Faust se situe en 1537 ou 1538[2]. On pense qu'il a été tué par une explosion lors de l'une de ses expériences chimiques dans la chambre qu'il louait dans une auberge de Staufen.

Historique

Page de garde d'Historia von Johann Fausten, 1587.

En 1587 paraît un écrit anonyme Historia von Johann Fausten, publié par l'éditeur Johann Spies. Il est traduit en anglais en 1593, et tombe dans les mains de Christopher Marlowe, qui situe l'action de sa pièce à Wittemberg. Le Docteur Faustus de Marlowe est, à son tour, étudié par Goethe, et la tragédie de Faust est venue éclipser le Faust historique, dont on connaît peu de choses.

La Vie de J. Faust a été écrite plusieurs fois, notamment par Georg Wiedmann (Hambourg, 1593), et traduite en français sous le titre Histoire prodigieuse et lamentable de J. Faust, grand magicien et enchanteur, par Palma Cayet (Paris, 14 éditions de 1598 à 1674). Heumann a composé une curieuse dissertation sur Faust (Wittemberg, 1683).

Quelques-uns ont pensé que Faust n'est autre que Johann Fust de Mayence, un des inventeurs de l'imprimerie, dont la vie aurait été défigurée par les contes populaires.

Le Faust de Nikolaus Lenau « nous dévoile une quête de la Vérité. Construit comme un drame poétique, les scènes de la vie du héros expriment le tragique de la destinée. Composition baroque et morcelée, cette œuvre de contrastes tente d’exprimer les contradictions des êtres. L’œuvre s’articule sur les thèmes faustiens : la nature ne livre pas ses secrets, la science est vaine, la religion ne répond à rien, la sensualité est éphémère, la vie familiale est insipide, l’art n’apporte qu’un semblant de satisfaction… Refusant tout compromis, sceptique et désabusé, Faust rompt avec l’ordre établi pour échapper au doute et se laisse convaincre par un Méphistophélès brutal, ironique et condescendant, qu’il atteindra son but en lui livrant son âme. Son errance et ses visions ne sont pourtant que la fuite en avant d’un rêve cynique qui le mène d’échec en échec. C’est George – L’Homme –, conscience de Faust, qui lui apporte la clé en lui faisant découvrir que la liberté désirée est en chacun de nous et qu’il est vain de la chercher ailleurs. Cette révélation de l’homme libre entraîne le rebelle vers sa destruction. Ses aventures douloureuses n’ont été que l’histoire d’un sursis » (commentaire du compositeur Philippe Fénelon).

Le Faust de Goethe

Représentation du Faust de Goethe en 1945.

Faust est un alchimiste qui depuis son plus jeune âge, rêve de posséder la connaissance universelle, le rêve de tous les hommes qui est celui de percer le secret des questions existentielles et les secrets de l'Univers. Il met tout en œuvre pour atteindre ses ambitions, mais n'y parvient pas. Il est au bord du suicide, car il pense avoir perdu son temps et sa vie. Il utilise en dernier recours l'aide de Méphistophélès qui lui propose un pacte : il réalisera tous ses désirs en échange de son âme dès que Faust se dira satisfait et heureux dans un délai de 24 ans. L'alchimiste accepte.

Faust est toujours insatisfait alors Méphistophélès lui fait rencontrer une jeune fille : Marguerite (Margarete ou Gretchen, son diminutif allemand). Faust tombe sincèrement amoureux de Marguerite, elle-même follement amoureuse de Faust (Marguerite au rouet/ le roi de Thulé). Au cours d'un après-midi, Faust demande à Marguerite de lui ouvrir la porte de sa chambre le soir. Pour cela, elle devra déposer un somnifère dans le potage de sa mère pour qu'elle n'entende rien

Gretchenfrage

Contrairement à Faust, Marguerite (Gretchen) est croyante, et elle n'acceptera de se marier qu'à la condition que Faust ait la foi. Elle lui pose la question, restée célèbre au sein de l'élite allemande : « Nun sag, wie hast du's mit der Religion ? », qui signifie, littéralement, « Eh bien, dis moi, comment fais-tu avec la religion ? ». Faust évite de répondre à la question, car cela le gêne. Une Gretchenfrage[3] est donc une question à laquelle on est gêné de répondre.

La mère de Marguerite meurt à cause du somnifère. Le frère de Marguerite rencontre Faust au moment où il saute par la fenêtre de la chambre de sa sœur. Il affronte Faust en duel pour laver l'honneur de la famille mais est tué par Faust avec l'aide de Méphistophélès. Faust doit donc fuir la ville et laisse Marguerite seule au monde, enceinte et cible des ragots de la ville. Elle aura un enfant qu'elle ira noyer. Elle est emprisonnée et condamnée à mort pour infanticide. Faust l'apprend, s'indigne et voudrait la sauver mais elle ne veut plus le suivre. Méphistophélès emmène Faust hors de la prison de Marguerite en disant « elle est jugée » (« sie ist gerichtet ») mais une voix du ciel dit « elle est sauvée » (« sie ist gerettet »). C'est la fin de la première partie du Faust de Goethe.

Second Faust de Goethe

Dans le second Faust celui-ci rencontre le souverain, puis épouse Hélène de Troie. Ensemble, ils ont Euphorion et Faust fait fructifier un lambeau de terre « arrachée à la mer ». À la fin, Méphistophélès veut prendre l'âme de Faust. Mais celui-ci n'est pas damné mais sauvé de l'enfer grâce aux prières de Marguerite. Le dernier vers de cette seconde partie de Faust conclut « l'éternel féminin nous élève » (« das Ewig-Weibliche zieht uns hinan »).

Dans la culture

En musique

Fédor Chaliapine en costume de Méphistophélès, 1915.

Opéras et musique symphonique

La légende de Faust a inspiré plusieurs opéras et d'autres ouvrages musicaux majeurs :

Autre

  • Le groupe de heavy metal Kamelot s'est inspiré de cette histoire pour leurs albums Epica et The Black Halo.
  • Le groupe de Metal Emigrate a sorti une chanson du nom de Faust dans son deuxième album Silent So Long.
  • Le groupe de rock allemand Faust.
  • Dans le manga Black Butler de Yana Toboso, un jeune noble dont la famille a été assassinée conclut un pacte avec un diable. Ce diable sera son serviteur jusqu'à ce que son maître soit vengé, et ce en échange de son âme. L'un de ces diables se nomme par ailleurs Claude Faustus.
  • Faust est le titre d’une chanson d’Alain Souchon dans l’album C'est comme vous voulez (1985).
  • La chanson The Small Print (album Absolution en 2003) de Muse, à l'origine intitulée "Action Faust". Elle traite du pacte entre Faust et Le diable du point de vue de ce dernier.

En littérature

Page de garde pour le Faust de Heinrich Heine.

Au cinéma

Beaux-Arts


Notes et références

  1. (en) Leo Ruickbie, Faustus : The Life and Times of a Renaissance Magician, The History Press, , p. 18.
  2. Ruickbie 2009, p. 224.
  3. Franz Liszt, Faust, Mephisto-Valses
  4. « Faust: info e acquisto », sur Bru Zane (consulté le )
  5. « Faust (Barbier & Carré / Gounod) / Œuvres / Accueil - Bru Zane Media Base », sur www.bruzanemediabase.com (consulté le )
  6. « Valfeu / Faust / Symphonie électronique », sur www.valfeu.com/faust (consulté le )
  7. (en) Nick Holdsworth, « Faust finishes Russian 'trilogy' », Variety, (lire en ligne)
  8. Delacroix, Wallace Collection

Annexes

Bibliographie

  • Goethe (trad. de l'allemand par Jean Malaplate, préf. Bernard Lortholary, ill. Virginie Berthemet), Faust : I et II, Paris, Éditions Flammarion, coll. « GF », (1re éd. 1984), 572 p. (ISBN 978-2-08-135868-3). 
  • André Dabezies, Le mythe de Faust, Paris, Armand Colin, 2e éd., 1991, 400 p. (ISBN 2-200-32194-5)
  • La revue Sous le signe de Faust (1997), éditée par la bibliothèque publique et universitaire de Neuchâtel (Suisse) contient une importante bibliographie sur Faust.
  • Aminta Dupuis, L'Initiation de Faust et de Parzival, La quête du Graal, Une voie moderne de connaissance et d'amour (préface de Martin Gray), L'Harmattan, 2005, 183 pages (ISBN 2-7475-8330-9)
  • Ernest Faligan, Histoire de la Légende de Faust, Paris, 1887 (thèse - Faculté des Lettres de Paris) fait le point sur les textes allemands de la légende et donne une traduction du premier texte allemand.
  • P. Saintyves, La Légende du Docteur Faust, Paris, 1926, réunit tous les épisodes légendaires allemands antérieurs à Goethe.
  • Florian Balduc, De Faust au Golem : histoire et mensonges derrière la légende, La Fresnaie-Fayel, Editions Otrante, , 334 p. (ISBN 979-10-97279-05-9).

Articles connexes

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